ACTION CLIMATIQUE - Le Devoir
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ACTION CLIMATIQUE I CAHIER SPÉCIAL D I LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 , & ' ' . $* $ $ &% , & $ ! , & % ' & & % * ' . ,* # #/ & ! , %& ! , & #0 , & !% & *1/ %& ' . %', , *"#& ! #!, 234 , '5 * 0 , % &, # ,#! $#&,! , & , ! % # *$ #& ! "#! $ '! ! & ,# $ -6$ / %! !! #& ! ! ' 6 $ % '7' % ,&# ,& $! 7 % '67 8,! , $ # ,! , 7+ ,, '!' '7 & , &! $ , % !%6 7 $ ! % ! ! # $, * ! "#! $ % mation de masse », signale Pierre- & '($ )*+ &,! %$,& Olivier Pineau, professeur au Dépar- Si la plupart des pays signataires de tement de sciences de la gestion de l’Accord de Paris sur le climat en $ ! ! $ ,# - HEC Montréal, titulaire de la Chaire sont à l’étape de se demander com- ' $ $, $ * de gestion du secteur de l’énergie et ment décarboner leur production coauteur de l’État de l’énergie au électrique, ce n’est pas le cas au Québec 2021. « Le paradoxe, c’est Québec. Hormis l’industrie et le Contrairement à ce que l’on pen- que notre économie dépend de transport, les autres pans de l’éco- se, le principal pilier énergétique au moins en moins des hydrocarbures nomie de la province profitent de Québec demeure toujours le pétrole. pour croître, enchaîne-t-il. La pro- son électricité renouvelable — la Les Québécois ont besoin chaque portion de notre produit intérieur quasi-totalité de notre production ransition vers une année de 834 pétajoules (PJ) d’or brut qui leur est attribuable a sans est d’origine hydraulique ou éolien- économie verte. Ré- noir pour satisfaire leurs besoins, se- cesse diminué ces dernières décen- ne. Une position enviable, certes, duction de notre em- lon des chiffres tirés de l’État de nies avec l’émergence d’industries du mais qui pose d’autres défis. « Cer- preinte écologique. l’énergie au Québec 2021, un bilan an- secteur tertiaire. » tains secteurs ne pourront tout sim- Sobriété, voire neu- nuel qui rassemble les données les Ainsi, il semble que réduction des plement pas être électrifiés tant la tralité carbone. Der- plus récentes sur le sujet. L’hydro- émissions de GES et croissance éco- tâche est démesurée. Je pense no- rière ces nobles desseins se cache un électricité, cette source de fierté nomique soient compatibles, du tamment à notre parc de véhicules seul et unique enjeu : celui de notre pour les Québécois, arrive quant à moins à court et à moyen terme. C’est automobiles, dont la taille augmente consommation énergétique qui, en elle au second rang, à 796 PJ. Com- notamment le tour de force réalisé continuellement », illustre Pierre- ce sens, est au cœur de la crise cli- me quoi il n’y a pas que les Améri- par l’Allemagne et le Danemark de- Olivier Pineau. Près de 6,7 millions matique. « Au Québec, l’énergie est cains qui sont dépendants des hy- puis 30 ans. La consommation éner- de véhicules parcouraient les routes ultimement responsable d’environ drocarbures, comme le soulignait gétique et les émissions de GES y sont du Québec en 2019, selon des chiffres 70 % de nos émissions de gaz à effet déjà l’ancien président des États- en baisse constante alors même que de la Société de l’assurance automo- de serre (GES). Cela en fait un dos- Unis George W. Bush il y a près de leur population ne cesse de croître, bile du Québec. Du lot, seulement sier prioritaire, incontournable », af- 15 ans. Nous le sommes aussi. tout comme leurs économies, qui sont 66 000 étaient électriques. firme Normand Mousseau, profes- « Nos modes de vie dépendent en parmi les plus vigoureuses de l’Union Le défi des Québécois sera davan- seur de physique à l’Université de grande partie des hydrocarbures à européenne. « La “bonne nouvelle”, tage de réduire leur consommation Montréal, directeur scientifique de bon marché. Ils rendent possibles si l’on veut, c’est que le gaspillage énergétique par habitant, qui est as- l’Institut de l’énergie Trottier et au- bien des phénomènes qui contribuent énergétique est effarant au Québec. Il tronomique. À l’échelle mondiale, teur de plusieurs livres sur la ques- aux changements climatiques, com- y a fort à faire pour s’améliorer », ex- 9:; tion énergétique. me l’étalement urbain et la consom- plique Normand Mousseau.
D2 I LEDEVOIR I LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 | ACTION CLIMATIQUE | ! en 1974 dans le but de fournir de la vapeur à une papetière. Encore au- jourd’hui, elle fournit 222 gigawat- theures de vapeur à Papiers White ! ! Birch et 42 gigawattheures à Glassine Canada. » Et ce n’est pas tout. Toujours à partir de son incinéra- teur, la Ville de Québec pourrait bien chauffer, climatiser et alimenter en électricité l’hôpital de l’Enfant-Jésus. Le projet, estimé à 40 millions de dollars, est en attente de finance- " ! # ment pour créer une synergie unique $ # ! % !% & au Québec : relier deux infrastruc- ! tures par une canalisation de 2,2 km pour donner naissance à une centrale ' ! de trigénération. Grâce à cette con- nexion, l’hôpital de l’Enfant-Jésus (CHU), grand consommateur d’éner- serricole qui pourrait voir le jour à Actuellement, Boralex dépense de gie, pourrait atteindre la carboneu- Senneterre. Selon le rapport publié l’énergie pour refroidir l’eau chaude tralité. La centrale qui serait cons- par la Chaire de gestion du secteur utilisée pour faire tourner ses tur- truite sur son site comblerait en effet de l’énergie de HEC Montréal, 52 % bines à vapeur. « C’est cette eau-là 100 % de ses besoins en vapeur, Senneterre, en Abitibi, cela de l’énergie consommée au Québec qu’on veut utiliser pour chauffer les 98 % de son chauffage, 95 % de la fait plus de 20 ans qu’un en 2018 a été perdue et n’a apporté serres. On va la refroidir pour eux et climatisation et 18 % de sa consom- projet de récupération de aucune valeur ajoutée à l’économie. ils auront besoin de moins d’énergie mation d’électricité. l’eau chaude de la centrale Or, les serres ont un grand potentiel pour la refaire circuler dans leur sys- thermique de Boralex existe… sur pour valoriser les rejets thermiques, tème », explique l’élu. papier. L’idée est née en 1999, à la indique Stéphan Gagnon, ingénieur En décembre 2019, Transition éner- suite d’une recommandation du rap- spécialiste en grands bâtiments et gétique Québec a lancé un appel de port du Bureau d’audiences publiques valorisation des rejets thermiques propositions pour financer spécifi- sur l’environnement (BAPE) sur le pour Transition énergétique Québec. quement des projets de valorisation Centre énergétique Indeck — aujour- « On parle beaucoup d’autonomie de rejets thermiques. Une somme de d’hui Boralex —, un projet de pro- alimentaire ces temps-ci et les serres 200 millions de dollars est disponi- duction privée d’électricité à partir sont au cœur de cette solution dans ! ble d’ici 2025 ou jusqu’à épuisement de biomasse forestière. Mise ensuite un climat froid comme le Québec », " des fonds. Un premier financement sur tablette, notamment à cause de note-t-il dans le webinaire « Trans- # $ devrait être annoncé sous peu, con- la crise forestière, voilà que l’idée former les rejets de chaleur en Klon- % $ firme le ministère de l’Énergie et des de produire des légumes sous serre, dike énergétique ». "# Ressources naturelles (MERN). Le grâce à l’eau chaude de la centrale, La formule est déjà appliquée à $" " programme ÉcoPerformance, géré par renaît de ses cendres en mars 2020. quelques endroits dans la province. le même ministère, soutient lui aussi Deux événements marquants ont À Drummondville, les Serres Demers $ $ des projets qui valorisent les rejets ramené le projet sur la table, relate récupèrent de la chaleur provenant # #& '($ thermiques. Jean-Maurice Matte, maire de la mu- de la centrale électrique au biogaz Après six ans de travail acharné nicipalité depuis 2002. « Lors des de Waste Management depuis 2011 ; sur le dossier, la Ville de Québec et blocus ferroviaires de février 2020, à Saguenay, les Serres Sagami bé- le CHU attendent justement une con- on a senti nos chaînes d’approvision- néficient de l’eau chaude produite firmation de financement du MERN. nement fragilisées, et en mars 2020, par l’usine Elkem Métal ; et à Saint- Les deux organisations prévoient en- avec la pandémie, on a réalisé l’im- Félicien, les Serres Toundra, connues suite quatre années de travaux avant portance d’avoir une agriculture et pour leur production de concombres, Les rejets thermiques ont aussi le la mise en service des nouvelles in- une économie de proximité. Avec ces se gardent à bonne température grâce potentiel de chauffer des bâtiments frastructures. Une fois opérationnelle, deux grands événements-là, notre à l’eau chaude générée par sa voisine et de les alimenter en électricité. la centrale de trigénération réduirait dossier reprenait beaucoup de sens. » et partenaire d’affaires, l’entreprise « Le pionnier en la matière au Qué- chaque année les émissions de gaz à Produits forestiers Résolu. bec, note Stéphan Gagnon, c’est le effet de serre (GES) de l’hôpital de « On s’est beaucoup inspiré de ce centre de valorisation thermique des 10 000 tonnes d’équivalent CO2, ce L’État de l’énergie au Québec 2021 qui se fait à Saint-Félicien », signale déchets de la ville de Québec. Cet qui correspond aux émissions an- corrobore la pertinence du complexe d’ailleurs le maire de Senneterre. équipement-là a été conçu et localisé nuelles de GES de 1050 Québécois, et de 60 millions de litres d’eau po- table par année, soit l’équivalent de 2000 piscines hors terre de 18 pieds. Bien avancée dans sa démarche, la MRC de La Vallée-de-l’Or est elle aussi sur le point de déposer des de- mandes de financement au MERN pour le projet de complexe serricole de Senneterre. Pendant ce temps, des chercheurs de Polytechnique Montréal, de l’École d’urbanisme de l’Université de Mont- réal, du Centre international de réfé- rence sur le cycle de vue des produits, procédés et services (CIRAIG) et du Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) re- cueillent, depuis juillet 2020, des don- nées qui faciliteront et stimuleront la valorisation des rejets thermiques du Québec. Inspirés par une carte eu- ropéenne des rejets thermiques, ils comptent cartographier, entre autres, les sources de rejets thermiques et les consommateurs potentiels au Québec. Ces données devraient être accessi- bles en juin. !"#$% &'()" ""'!* $+ !")!) !",%-')")"'%&'().!!"! /0 "" )%1*2+3 & ( ) *% plan pour éviter que ces États ne pro- continuent à consommer de l’élec- duisent de l’énergie à partir de gaz tricité. Même lorsqu’il n’est pas en naturel, de pétrole ou de charbon, ré- train de réchauffer votre lunch, vo- duisant ainsi leur bilan carbone », ex- tre micro-ondes a en effet besoin plique Lynn St-Laurent, porte-parole de courant pour faire fonctionner le chez Hydro-Québec. voyant lumineux indiquant l’heure. Ces fuites électriques peuvent pa- raître minimes, mais, cumulées, elles Des ententes d’approvisionnement à sont très loin d’être anecdotiques. La long terme se développent avec nos charge fantôme gruge jusqu’à 10 % voisins. À l’aide de lignes de transport de votre facture d’électricité. Au Ca- « gros volume », Hydro-Québec ex- nada, le mode veille correspond à une porte déjà en Ontario, au Vermont et consommation d’environ 5,4 TWh, au Nouveau-Brunswick. Ce n’est pas ce qui équivaut aux besoins annuels tout : les surplus québécois ont la cote en électricité de 300 000 ménages. ur le plan énergétique, au sud de la frontière. Un contrat sur La meilleure solution pour limiter le Québec est unique au 20 ans vient d’être conclu avec le les pertes : « tirer la plogue ». Débran- monde. Nous sommes les Massachusetts et des pourparlers sont chez les appareils que vous utilisez seuls à avoir de l’énergie en cours avec la Ville de New York. peu (comme l’imprimante), privilé- renouvelable en trop ; autrement dit, De plus, la transition énergétique giez les multiprises avec interrupteur nous produisons de l’énergie ayant serait accélérée en établissant une pour y brancher plusieurs appareils, une faible empreinte carbone et nous concertation plus étroite entre les qui s’éteindront tous simultanément, en produisons plus que ce que les ci- territoires, note Yvan Cliche, fellow activez le mode veille des appareils toyens et les entreprises d’ici en con- au Centre d’études et de recher- électroniques et n’oubliez pas de dé- somment. Cet excédent est loin d’être che internationale de l’Université de brancher vos appareils avant de par- négligeable : en 2019, Hydro-Québec Montréal (CERIUM) et ex-délégué tir en vacances. estimait ses surplus à 32 térawattheu- commercial pour Hydro-Québec in- res (TWh), de quoi alimenter en élec- ternational. « Plutôt que de travailler ) tricité une métropole aussi populeuse en vase clos, travailler davantage en " que Montréal pendant une année. coopération nous bénéficierait col- Parallèlement, les Québécois fi- lectivement, autant financièrement !$ gurent parmi les plus grands con- que climatiquement », estime-t-il. $$ sommateurs d’électricité au monde. " Après tout, pourquoi être économe * alors qu’on a de l’électricité à reven- On peut, grâce à de petits gestes + dre ? « Ces surplus représentent un faits au quotidien, aider à réduire le atout climatique important à l’échelle gaspillage énergétique. Plus précisé- nord-américaine. En les exportant ment en s’attaquant à la charge fan- vers les États du nord-est des États- tôme de nos appareils électriques et Unis, ils jouent un rôle de premier électroniques. Ceux-ci, même éteints,
| ACTION CLIMATIQUE | LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 I LEDEVOIR I D3 SUITE DE LA PAGE D 1 énergétique. Depuis 2013, le Québec fait partie d’un système de plafonne- ment et d’échange de droits d’émis- sion, mieux connu sous le nom de marché du carbone. Grosso modo, le nous sommes parmi les plus gour- gouvernement impose des plafonds mands en énergie, loin devant des d’émissions de GES décroissants aux pays avec qui on aime se comparer, entreprises. Pour ne pas les dépas- comme la France, le Royaume-Uni ser, celles qui polluent trop achètent et même les États-Unis ; seuls cer- des « droits de polluer » à celles qui tains pays, comme le Qatar et l’Is- polluent moins, dans un modèle de lande, nous surpassent. L’absence mise aux enchères. Au fil du temps, d’enjeux géopolitiques quant à nos ces droits coûtent de plus en plus approvisionnements en énergie expli- cher, ce qui incite les pollueurs à que en partie cet état de fait. « Plu- réduire leurs émissions de GES… et sieurs industries énergivores ont aussi bien souvent à refiler la facture aux sciemment choisi de s’installer ici consommateurs. pour profiter de notre énergie abon- « À l’heure actuelle, le plafond ne dante et relativement peu dispen- nous fait pas mal ; il y a encore beau- dieuse, ce qui pèse dans la balance, coup de droits d’émission de GES ajoute l’expert. Cela dit, force est de inutilisés du passé qui sont disponi- constater que notre nonchalance vis- bles. C’est entre 2024 et 2027 que )0 7 % $8 à-vis des questions énergétiques est nous allons nous y cogner la tête », à peu près totale. » prévient Pierre-Olivier Pineau. C’est 9$ $ Dans son État d’avancement 2020 à la pompe que le choc va se faire $ $4( du Plan d’approvisionnement 2020- sentir, lorsque les automobilistes qué- $ " 2029, Hydro-Québec prévoit que ses bécois devront payer leur litre d’es- ! 4+ « approvisionnements disponibles et sence de plus en plus cher. C’est le à venir […] sont suffisants pour répon- principe même de cet outil de fisca- dre aux besoins en énergie [du Qué- lité verte : forcer le pollueur à payer bec] jusqu’en 2026, et en puissance davantage pour se prévaloir du pri- jusqu’en 2025 ». Au-delà de ces hori- vilège d’émettre des GES, ce qui re- zons, la demande excédera l’offre, présente par la bande un incitatif à ce qui ouvre la voie à de nouveaux réduire sa consommation d’essence. approvisionnements — la signature Ou à manifester dans les rues, comme d’un contrat en électricité pour le l’ont fait les gilets jaunes en France projet éolien Apuiat entre la société en réaction à une mesure d’écofisca- d’État, l’entreprise québécoise Bo- lité similaire. ralex et les Innus de la Côte-Nord « Le gouvernement ne nous pré- s’inscrit dans cette logique-là. Or, il pare absolument pas à ce moment existe d’autres stratégies pour équi- critique. Il le devrait, pourtant : il y librer cette situation. Parmi elles : aura certainement un coût politique améliorer l’efficacité énergétique, qui élevé quand les prix du carbone ex- ne consiste pas qu’à rendre les mai- ploseront aux enchères », prévoit sons plus « intelligentes » à l’aide de Pierre-Olivier Pineau. D’autant plus thermostats nouveaux cris. qu’au Québec, l’argent issu du mar- « On peut par exemple se chauffer ché du carbone va directement dans à l’aide d’une thermopompe plutôt le Fonds d’électrification et de chan- que de plinthes électriques, ce qui gements climatiques, anciennement revient à doubler, tripler, voire qua- le Fonds vert. Ces sommes sont en- drupler l’utilisation de la même quan- suite réinvesties dans des program- tité d’énergie », indique Normand mes censés réduire les émissions de Mousseau. Autre exemple : dans le GES, comme Rénoclimat et Roulez secteur industriel, on peut aussi opter vert, mais qui ne concernent pas né- pour des moteurs plus petits, donc cessairement les ménages à faibles moins énergivores, mieux encadrer revenus. « C’est un angle mort dont leur utilisation, les faire tourner avec il faudrait se préoccuper afin de ga- des sources d’énergie autres que rantir une transition énergétique juste fossiles, et ainsi de suite. « Malheu- et équitable », conclut le spécialiste reusement, c’est rare qu’on utilise la des politiques énergétiques. meilleure technologie disponible pour livrer le service énergétique dont on a besoin au Québec », constate-t-il. ), 5 6" « Si nous étions sérieux en efficacité # "# énergétique, nous pourrions retarder les nouveaux projets d’approvision- ! !$!$ nement de beaucoup », estime de son % $4 côté Pierre-Olivier Pineau. 3 # $ 4+ & Sans qu’on s’en rende compte, c’est peut-être par la contrainte que les Québécois vont améliorer leur bilan ./01234563 réal, l’Université de Montréal, Hydro- profondeur suffisent. Cette particulari- Québec, le centre de recherche Can- té, en plus d’abaisser de façon sub- " metÉNERGIE de Ressources natu- stantielle les coûts de construction, relles Canada, Marmott Énergies et réduit grandement l’échéancier des plusieurs autres partenaires ont formé chantiers. « On peut réaliser l’entiè- le projet Alliance, qui vise à accélé- reté des travaux de forage pendant rer le déploiement de ces PCP dans les vacances estivales sans perturber les écoles du Québec. la rentrée scolaire », indique Guil- Trois projets de démonstration ser- laume Marchand. viront au développement des connais- En ce moment, environ 15 % des + ! % , ! sances. « Plus de 34 étudiants, du écoles du CSSSMI sont chauffées par ) baccalauréat au doctorat, sont impli- des systèmes de géothermie à boucle - qués », indique Philippe Pasquier. La fermée. La majorité a recours au gaz recherche vise à prouver l’innocuité naturel et quelques-unes au mazout. de ces échangeurs de chaleur sur la « La participation à ce projet va nous qualité des eaux souterraines, à dé- donner les outils afin d’accélérer le 455 montrer leur pertinence en sol québé- processus de conversion des écoles à cois et à le faire savoir afin de lever la géothermie », continue-t-il. les freins à leur adoption. Pour Hydro-Québec, les avantages de cette technologie vont au-delà de aviez-vous que le secteur la lutte au changement climatique, des bâtiments se classe au troisième rang des plus -./ une des priorités de la société d’État. « L’intérêt des PCP, c’est qu’en plus grands émetteurs de gaz à d’être énergétiquement efficaces, ils effet de serre (GES) au Canada ? La 0# ! conservent leur efficacité par temps raison en est toute simple : la majo- $ 011123 très froid. Leur implantation à grande rité des édifices du pays, Québec y $ échelle ne risque donc pas de surchar- compris, sont chauffés par des éner- * !$ ger le réseau en période de pointe », gies fossiles qui contribuent allégre- $4 explique Marc-André Richard, cher- ment au réchauffement climatique. cheur à l’Institut de recherche de la Pour sortir les hydrocarbures des société d’État. bâtiments institutionnels et commer- La participation d’Hydro-Québec ciaux, des solutions existent, comme vise également à pousser l’adoption la technologie de la géothermie à bou- Un premier projet est en cours de de nouvelles technologies efficaces cle fermée. Elle consiste à puiser la réalisation à l’école primaire la Clé- au Québec. « Notre implication nous chaleur de la terre afin de chauffer des-Champs, située à Mirabel, dont permet de rester à l’affût des plus les bâtiments ou de les climatiser en les espaces sont chauffés au mazout. récentes technologies qui pourraient été. L’installation d’un tel système « Beaucoup de recherches existent servir dans d’autres projets, comme coûte toutefois assez cher et exige sur les PCP, mais on doit maintenant les quartiers à consommation nette un terrain de taille conséquente afin de chaleur utilise l’eau souterraine, écueils au Canada : incertitude quant passer de la théorie à la pratique », zéro », signale M. Richard. de pouvoir creuser des dizaines de puisée jusqu’à 500 m de profon- à sa faisabilité en pays nordique, man- illustre Guillaume Marchand, ingé- Nathalie H. Tremblay, présidente puits de 150 m de profondeur, ce qui deur, afin de chauffer et climatiser que de données probantes, manque nieur et coordonnateur à la Direction de Marmott Énergies, une entreprise se révèle un obstacle sérieux en zone les bâtiments. De quoi réduire la d’expertise en la matière et absence du service des ressources matérielles spécialisée depuis une dizaine d’an- urbaine. Résultat : la géothermie se facture énergétique de près d’un tiers de projets de démonstration », note au Centre de services scolaire de la nées dans la géothermie, vante elle fait damer le pion par le gaz naturel. par rapport à un système mécanique Philippe Pasquier, professeur à Poly- Seigneurie-des-Mille-Îles (CSSSMI), aussi les mérites du projet Alliance. Il existe toutefois un système de conventionnel. technique Montréal et titulaire de la qui trouve cette initiative stimulante. « Si on veut réduire notre dépendance géothermie moins coûteux, de deux Chaire industrielle de recherche en Les avantages sont multiples pour aux énergies fossiles, il faut des pro- à cinq fois moins cher que la techno- ,$ géothermie sur l’intégration des PCP ce partenaire du milieu de l’éducation, jets de démonstration qui prouveront logie conventionnelle (90 % des ins- « Le problème, c’est que l’adoption dans les bâtiments institutionnels. car l’implantation d’un système de l’efficacité des PCP. C’est ainsi que tallations au Canada), tout en étant de cette technologie, qui est implan- Qu’à cela ne tienne ! Afin de lever géothermie classique exige le forage nous pourrons convaincre les clients aussi performant : les puits à colonne tée aux États-Unis depuis une tren- ces freins et d’accélérer la transition de dizaines de puits alors que pour de prendre le virage de la géother- permanente (PCP). Cet échangeur taine d’années, rencontre plusieurs énergétique, Polytechnique Mont- les PCP, quelques puits de grande mie », conclut-elle.
D4 I LEDEVOIR I LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 | ACTION CLIMATIQUE | l’énergie afin de pallier la production intermittente des énergies renouve- lables, comme le solaire et l’éolien. Bref, l’hydrogène peut faire tout ce que le pétrole fait — et encore plus — en émettant seulement de la vapeur d’eau. « Il y a un consensus mondial sur le fait que l’hydrogène jouera un grand rôle dans la transition énergé- tique vers un monde décarboné, car l’électricité ne peut servir dans tous les usages », explique Mathieu John- son, directeur stratégies d’entreprise et développement des affaires et res- ponsable du dossier de l’hydrogène à Hydro-Québec. La société d’État n’a pas l’intention de rester spectatrice devant l’essor de cette filière. « Nous voulons jouer un rôle actif en mettant à profit no- !" tre expertise dans le développement # de grands projets et en appuyant la $ % recherche et le développement avec & ' notre capital intellectuel. Car le dé- veloppement de la filière hydrogène ne peut se faire par un seul acteur. Il s’agit d’un travail d’équipe », dit-il. Il existe deux façons principales de hydrogène, l’élément chimique le produire de l’hydrogène. La première, plus abondant dans l’univers, fait rê- la plus répandue actuellement dans ver depuis longtemps. Dans les an- le monde et la plus économique, uti- nées 1960 déjà, l’armée américaine lise un procédé de raffinage du gaz avait construit des avions à hydro- naturel, ce qui émet des gaz à effet gène, mais les bas prix du pétrole ont de serre. C’est de l’hydrogène gris. toujours nui à son adoption à grande L’autre méthode, c’est par l’électro- échelle. Or, les astres sont mainte- lyse de l’eau. En utilisant de l’éner- !"# $%" nant alignés pour un changement de gie renouvelable, on obtient ainsi de paradigme, car la décarbonation de l’hydrogène vert, bas carbone. D’où !"# " &" '" $ notre planète n’est plus un objectif le buzz actuel. lointain, mais une nécessité urgente. Puisque notre hydroélectricité est Soudainement, le monde rêve d’hy- propre, abondante et peu coûteuse, drogène vert. Dans les derniers mois, le directeur général de Polytechnique la France a annoncé un plan de 7 mil- Montréal et expert de l’hydrogène, ché secondaire, car les véhicules à ! liards d’euros et l’Allemagne, de Philippe Tanguy, est catégorique : le batterie font très bien le travail ac- " 9 milliards dans le développement Québec a le potentiel pour devenir tuellement », souligne Mathieu John- # ! de cette filière énergétique. De ce une superpuissance de l’hydrogène son, d’Hydro-Québec. L’avenir de côté-ci de l’Atlantique, Ottawa a dé- vert. « En plus de valoriser nos sur- l’hydrogène se trouve plutôt dans voilé, en décembre, sa Stratégie ca- plus énergétiques, il est possible d’en- la propulsion des véhicules lourds, " nadienne pour l’hydrogène, un plan visager de développer des champs des trains, des bateaux et des avions, " $ de 1,5 milliard de dollars, tandis que éoliens qui serviront uniquement à la grâce notamment, mais pas seule- le Québec injecte 15 millions de dol- production d’hydrogène vert. Notre ment, à la technologie de la pile à % & lars dans ce secteur prometteur. hydrogène sans carbone pourrait en- combustible. Pourquoi cet engouement si grand suite ravitailler le monde », dit avec pour l’hydrogène ? Le premier élément enthousiasme cet ingénieur qui a % ' du tableau périodique de Mendeleïev travaillé sur la filière hydrogène pen- Une pile à combustible produit de est capable de propulser autos, ca- dant des années en Europe. l’électricité lors du contact de l’hy- mions, avions, trains et bateaux, en Auprès du grand public, l’hydro- drogène avec l’air. Cette énergie re- plus de pouvoir remplacer les com- gène est surtout connu comme solu- charge les batteries, permettant aux bustibles fossiles dans les procédés tion de remplacement au pétrole dans camions et aux trains de parcourir de gent en quelques minutes. « Plusieurs industriels, très gourmands en éner- le secteur automobile. « Or, si l’hy- plus longues distances. Ainsi, les vé- personnes croient qu’il y a une guerre gie, ainsi que dans la production de drogène peut jouer un rôle dans les hicules à hydrogène sont en fait des entre l’hydrogène et les batteries. En fertilisants. Il peut aussi stocker de véhicules légers, il s’agit d’un débou- véhicules électriques qui se rechar- réalité, ce sont des alliés dans l’élec- La production de béton vert Forgée par des esprits créatifs La fabrication du ciment, matériau clé du béton, génère 8 % de la quantité totale de CO2 émise par l’humain à l’échelle mondiale. Et si au lieu de produire du CO2, on l’emprisonnait dans le béton? C’est exactement ce que propose la compagnie montréalaise CarbiCrete avec un béton plus vert et moins cher mis au point à McGill. À gauche : Chris Stern (B. Ing., 1994), cofondateur et PDG, CarbiCrete Mehrdad Mahoutian (Ph. D., 2014), cofondateur et directeur technique, CarbiCrete Forgé par McGill
| ACTION CLIMATIQUE | LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 I LEDEVOIR I D5 ()*+,-./0 1 ' Commercialiser une technologie de stockage Responsable du dossier hydrogène à Hydro-Québec, Mathieu Johnson est formel : si on veut propulser l’hydro- gène à un autre niveau, il faut tra- vailler en équipe. La société d’État est passée de la parole aux actes en nouant un partenariat avec l’Univer- sité du pays de Galles du Sud, une annonce faite en mars dernier. Selon cette entente, l’université du ( !)!" * "+ Royaume-Uni transférera sa techno- # + logie novatrice de stockage de l’hy- !"# *$ drogène à Hydro-Québec. En con- trepartie, le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie (CEETSE) de la société d’État travaillera au cours des peu de défis techniques. Dans une carbone par les océans tout en pro- deux prochaines années à améliorer boucle en circuit fermé, on peut récu- duisant de l’hydrogène vert. Com- cette technologie jusqu’à la phase de pérer le CO2 du méthane consommé ment ? Tout simplement en ajoutant commercialisation. afin de le réutiliser », explique Vin- un sel minéral dans le processus de Cette nouvelle façon d’emmagasi- cent Regnault, directeur approvision- l’électrolyse, qui dissocie l’hydrogène ner l’hydrogène présente de nombreux nements gaziers et développement et l’oxygène dans la molécule d’eau. avantages, comme l’accroissement de gaz renouvelable chez Énergir. Il en résulte une solution de bicarbo- la capacité de stockage, la réduction L’autre option, c’est d’injecter di- nate de soude (oui, comme la « pe- du poids pour une même quantité, rectement de l’hydrogène dans les tite vache »). En additionnant cette l’amélioration de la sécurité en raison gazoducs, jusqu’à une proportion de solution à l’eau, on permet aux océans d’une pression moindre, la réduction 20 %. C’est ce qu’on appelle la techno- de capturer davantage de CO2, sans des coûts de fabrication et la sim- logie « power to gas », une façon de augmenter leur acidité. plification de l’étape de liquéfaction, valoriser les excédents d’électricité. Cette jeune pousse compte déjà sur trification des transports », explique perts s’accordent pour dire que le ce qui conduit à des économies sur « Cette méthode représente cepen- un client d’importance, le géant cana- Michel Archambault, président d’Hy- coût de production chutera dans les le transport à grande échelle. dant des défis techniques. L’hydro- dien du commerce en ligne Shopify, drogène Québec, une coalition qui années à venir grâce aux progrès gène est une molécule très petite qui qui s’engage à acheter le retrait de promeut cette source énergétique. technologiques. « L’écart de prix Verdir le bleu peut fragiliser les conduites d’acier », CO2 que produira le projet-pilote de L’hydrogène sert aussi à la pro- avec les énergies fossiles se réduira Énergir présente de grandes ambi- signale Vincent Regnault. Planetary Hydrogen, en développe- duction de carburant : en le mélan- également avec l’augmentation pro- tions climatiques. D’ici 2030, le dis- Pour y voir plus clair, l’ancien Gaz ment en Nouvelle-Écosse. geant avec de l’azote, on obtient par gressive de la taxe carbone, dont le tributeur gazier, qui dessert plus Metro travaille sur deux projets-pilotes Si beaucoup d’étapes restent à exemple de l’ammoniac pur. « Ce prix reflète les externalités négatives de 200 000 clients au Québec et d’injection d’hydrogène, dont l’un franchir avant l’exploitation à grande carburant peut alimenter les centra- des combustibles fossiles », souligne 50 000 au Vermont, veut réduire ses dans un circuit en boucle fermé im- échelle de cette technologie, le p.-d.g. les thermiques sans émettre de pol- Mathieu Johnson, d’Hydro-Québec. émissions de gaz à effet de serre planté dans son quartier de l’énergie, de la jeune pousse, Mike Kelland, a lution. On peut aussi produire du Des trains, des camions et des au- de 37,5 % par rapport à 1990. Pour y à Boucherville. « Nous allons appren- bon espoir d’être capable de retirer méthanol, en combinant l’hydrogène tobus roulent déjà à l’hydrogène en parvenir, il planche sur des projets dre comment ce gaz se comporte et une gigatonne de CO2 par année à avec du C02 capté à partir d’une che- Europe. Selon nos experts, ces véhi- de production de gaz naturel renou- comment les équipements vont réa- partir de 2035. minée, ou encore du kérosène vert cules devraient faire leur apparition velable et se penche, depuis peu, sur gir », indique Vincent Regnault. Concrètement, cela équivaudrait à pour les avions », dit Philippe Tan- sur nos routes d’ici 2025, au fur et l’hydrogène. presque 13 fois les émissions totales guy, qui pourrait continuer longtemps à mesure que les infrastructures de Énergir a deux options. La pre- Faire coup double de gaz à effet de serre annuelles du d’énumérer toutes les facultés de recharge se développeront. mière : produire du méthane renou- avec l’hydrogène Québec ! Le financement des opé- cette molécule. Si le XX siècle a été l’ère du pé- velable en combinant de l’hydrogène Fondée en 2019 à Gatineau, Plane- rations se fera à la fois par la vente Produire de l’hydrogène vert coûte trole, le XXIe sera probablement celle avec du CO2 récupéré chez des clients tary Hydrogen veut accélérer le pro- d’hydrogène vert et par les crédits cher actuellement. Or, tous les ex- de l’hydrogène. industriels. « Cette solution présente cessus naturel de séquestration du carbone.
D6 I LEDEVOIR I LES SAMEDI 24 ET DIMANCHE 25 AVRIL 2021 | ACTION CLIMATIQUE | Gabriel Durany, directeur général de En considérant le taux de retour éner- l’Association québécoise de la produc- gétique (TRE) — le rapport entre la tion d’énergie renouvelable. quantité d’énergie finale produite et Si l’hydroélectricité a de nombreu- la quantité d’énergie dépensée pour ses vertus, elle demande toutefois l’obtenir —, on peut déterminer quel- plusieurs années de planification et les sources d’énergie sont les plus ren- des besoins en puissance à combler d’installation avant d’en arriver à la tables. Ainsi, plus un TRE est élevé, dans quelques années. « Avec l’élec- mise en service. « Étant donné nos plus le rendement est bon. trification du chauffage des bâti- besoins énergétiques à venir, nous Les grandes éoliennes ont un TRE ments, l’accroissement du nombre !"!#$ n’avons pas le temps de construire un qui oscille de 35 à 70, alors que celui u Québec, électricité rime presque de véhicules électriques, le dévelop- autre grand barrage hydroélectrique, des énergies fossiles varie de 3 à 30 systématiquement avec hydroélectri- pement des marchés des serres et % souligne M. Durany. D’autres formes avant la combustion. Sans compter cité : 95 % de notre énergie provient des centres de données, on sent poin- & d’énergies renouvelables, comme le que le TRE des énergies fossiles di- en effet des barrages. Si notre source dre des besoins en énergie dès 2026, solaire et l’éolien, sont des options minue avec le temps puisque celles- d’énergie principale n’émet que 17 indique Cendrix Bouchard, porte- ' intéressantes : elles sont bien plus ci sont de plus en plus difficiles à grammes d’équivalent CO2 par kilo- parole d’Hydro-Québec en matière rapides à construire et à mettre en extraire et qu’il faut donc davantage wattheure et répond à nos besoins, d’approvisionnement énergétique. On ( place. » d’énergie pour les exploiter. quel est l’intérêt de développer les a donc besoin de sources d’énergie « Une éolienne construite suivant énergies renouvelables ? supplémentaires. » & #) les normes actuelles aux Îles-de-la- « Le Québec s’est fixé des objec- Madeleine compenserait en quelques tifs ambitieux de diminution de gaz Les filières éoliennes et solaires sont mois tous les besoins énergétiques à effet de serre (GES) d’ici 2030. Pour avantageuses sur le plan climatique : requis par sa fabrication et son ins- Nos réserves d’énergie ne sont pas in- les atteindre, nous avons besoin d’un elles émettent peu de GES lors de la tallation. Sur 20 ans de production, finies. Dans son plan d’approvision- cocktail de solutions énergétiques phase d’installation et on considère elle produira, en énergie renouvela- nement 2020, Hydro-Québec évoquait diversifiées », précise de son côté que leurs émissions sont nulles du- ble, 70 fois plus que la quantité né- rant la phase d’exploitation. Elles sont cessaire à sa compensation », note donc une avenue intéressante pour Bruno Detuncq, professeur à la re- bonifier la production hydroélectri- traite de Polytechnique Montréal. que de la société d’État. « De plus, Aujourd’hui, 80 % des Québécois ce sont deux secteurs où le coût de se chauffent à l’électricité. Au plus production devient de plus en plus froid de l’hiver, la demande électri- concurrentiel », souligne le porte- que grimpe donc en flèche. Si bien parole d’Hydro-Québec, en citant le que le réseau d’Hydro-Québec peine centre éolien Apuiat, sur la Côte-Nord, à y répondre. C’est à ce moment-là qui produira de l’énergie à 6,3 ¢ le que les énergies renouvelables — so- MAÎTRISE EN kilowattheure. laire, éolien, biomasse — prennent Les éoliennes sont également per- tout leur sens pour répondre à ces tinentes en matière de rendement. périodes de pointe hivernales. ENVIRONNEMENT désormais le développement éolien de tout l’Est-du-Québec. « Au lieu de se faire concurrence entre régies, on a décidé de mettre euplé d’à peine 200 âmes, nos compétences en commun et de Saint-Médard tient à son demander aux promoteurs privés in- dépanneur, qui rend de fiers téressés de faire affaire avec nous », services à une population indique le président de la Régie in- vieillissante. Géré par un comité de termunicipale de l’énergie du Bas- citoyens bénévoles, ce commerce sans Saint-Laurent, Michel Lagacé. but lucratif a la chance d’avoir le vent Concrètement, les entreprises pri- avec lui : les redevances éoliennes vées mènent des études partout sur que touche cette municipalité de la le territoire et font des propositions MRC des Basques — environ 55 000 $ de nouveaux parcs éoliens à l’Alliance par année, soit près de 10 % de son de l’Est, qui les achemine ensuite à budget — permettent parfois de rem- Hydro-Québec. Lorsque des projets placer un réfrigérateur vieillissant, sont retenus, l’Alliance en devient parfois d’augmenter l’inventaire… Pro- actionnaire à 50 %. Pour l’instant, SÉANCE D’INFORMATION chainement, une pompe à essence de- il y en a deux qui ont vu le jour : vrait aussi apparaître dans le patelin, Roncevaux et Nicolas-Riou. Avec ses À DISTANCE toujours grâce à cet argent. 65 éoliennes, ce dernier est même le Un peu plus à l’est, à Saint-Eugène- plus grand parc éolien à partenariat Pour ceux qui étudient, notamment Mardi 27 avril ▶ 12 h 15 de-Ladrière, la manne éolienne est égalitaire (50 % public, 50 % privé) mise à contribution pour financer un au Canada. en politique, administration, génie, projet de six logements sociaux, qui biologie, géographie, chimie, écologie, permettront à des aînés de continuer *& à vivre dans cette localité de 900 ha- géomatique, droit, éducation, bitants. D’autres villages font d’au- En 2020, le Bas-Saint-Laurent a re- communication. tres choix, et il serait long d’en faire tiré 9 millions de dollars de ces deux la liste ici : en effet, dans le Bas-Saint- parcs et la Gaspésie, 4,5 millions. Ces Laurent et en Gaspésie, toutes les mu- sommes sont allées aux MRC (ainsi nicipalités touchent des revenus des qu’à la Première Nation malécite de moulins à vent. Viger), qui les ont ensuite redistri- Ces deux régions ont mis en place buées à des organismes locaux de un système original : chacune a sa développement et aux municipalités. Régie intermunicipale de l’énergie, Avec ce modèle, « les promoteurs dont le but est d’investir dans de nou- privés sont en concurrence pour pré- USherbrooke.ca/environnement/maitrise veaux parcs éoliens afin d’en maxi- senter les meilleurs projets possibles miser les retombées. En 2014, ces à Hydro-Québec », assure Michel deux entités se sont réunies dans l’Al- Lagacé. Dans le passé, ce n’était pas liance éolienne de l’Est, par qui passe toujours le cas : c’était surtout les
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