ANALYSER LE COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS DE SERVICES EN LIGNE
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ANALYSER LE COMPORTEMENT DES CONSOMMATEURS DE SERVICES EN LIGNE TEAM PLUTON -MsC Data Management 2019-2021 • Joel TANKEU, Data Engineer, Société Générale • Philippe ADIABA, Data Scientist, TalHenT • Steve ELANGA, Data Scientist, Société Générale • Nadia TOUATI, Consultante BI, Gfi World
Introduction Selon l’OMS, on parle de pandémie en cas de propagation mondiale d’une nouvelle maladie. Ce caractère mondial, qui entraine la population humaine dans une période de crise et d’incertitude, induit par instinct de survie, une réponse systémique dans le but de s’adapter à la situation. Ainsi le choléra, la grippe Espagnole ou le SIDA ont chacun à leur manière impacté le destin de l’humanité. La pandémie du Covid 19 qui frappe le monde depuis décembre 2019 s’est révélée être quant à elle un accélérateur du monde digital. Telle une plante placée dans des conditions de croissance idyllique, les réunions ZOOM se sont révélées du jour au lendemain indispensables pour communiquer, le télétravail qui était jusque-là un mot tabou dans beaucoup de secteur s’est démocratisé comme impératif pour assurer la continuité des activités, et même la guerre contre les plateformes de streaming a perdu tout son sens face à la fermeture des salles de cinémas. Autant d’exemples que nous pouvons citer à foison et qui démontre de manière indéniable un changement drastique du mode de vie. Pour les agents économiques, c’est un défi de taille qu’il faut affronter. La pandémie a fortement accéléré la digitalisation du parcours client, prenant ainsi de court de nombreux acteurs encore à la traine sur les évolutions technologiques, notamment sur le territoire français. La survie économique étant en jeu, il est plus que jamais crucial de mettre en place une véritable stratégie digitale en s’appuyant sur des indicateurs quantifiables pour rester au plus près des clients et de leurs attentes. Afin d’apporter des éléments de réponses concrets à cette problématique notre démarche s’appuiera sur une exploitation de diverses sources de données pour démontrer comment l’exploitation des marketplaces par des commerces du secteur alimentaire se révèle être un indicateur stratégique significatif. . Revue de littérature Dans un contexte où le moyen le plus efficace pour lutter contre la pandémie du covid-19 reste la limitation des contacts humains, l’économie est logiquement devenue plus propice aux services en ligne. Le pic de cette tendance a été accentué lorsque l’ensemble du territoire français s’est retrouvé en confinement. Ainsi selon une étude menée par la société américaine de recherche et de conseil Forrester entre le 10 et le 15 avril 2020 auprès de 1 115 internautes français âgés de 18 ans ou plus, 19% des personnes sondées ont acheté des produits alimentaires sur Internet pour la première fois. De manière plus globale l’éditeur Adobe a mis en exergue dans son étude Online Shopping Trends qu’environ 43% des répondants affirment que la fermeture des magasins liée à la crise sanitaire les a poussés à dépenser plus en ligne. Cette étude réalisée entre le 10 juillet et le 16 juillet 2020 auprès de 1 001 répondants français nous apprend également que 88% des répondants ont acheté au
moins une fois en ligne, et près de la moitié (49%) ont eu régulièrement recours à l’e- commerce. Plus qu’une tendance, des changements tendent à perdurer même après la période du confinement et à modifier les comportements des consommateurs de manière durable. En effet selon une étude de Mood Media, spécialiste mondial de l'expérience client en point de vente, 36% des français consomment moins qu’avant le confinement et 63% passent moins de temps en magasin. Les avis clients en ligne n’ont jamais été autant consultés par les français. La crise sanitaire a encore accentué cette tendance avec +45% de consultation pendant le confinement et +55% post-confinement. Dans le même sens, 69% des français envisagent de consommer plus responsable une fois la fin des restrictions, c’est-à-dire privilégier le « made in France » , le bio et les produits éco-responsables. Ils sont également 29% à déclarer vouloir soutenir les commerces de proximités (Forrester 2020). Mais ce flux vers le commerce en ligne a également mis en lumière le manque de maturité digitale de plusieurs acteurs de l’écosystème économique français. Selon une étude menée par le cabinet de conseil Pwc, 17% des consommateurs qui ont tenté de se faire livrer ou ont sollicité le service de drive pendant le confinement n’ont pas pu le faire, et ne le feront plus à la levée du confinement. Ce qui démontre une expérience en partie déceptive. De manière générale 42% des répondant de l’étude d’Adobe (Online Shopping Trends 2020) affirment avoir eu une expérience d’achat neutre ou négative durant ou après le confinement. Les principales raisons citées sont la lenteur et le dysfonctionnement des pages produits (44%) ou des pages de paiement (37%). "On ne peut pas tout justifier par le Covid-19. La crise a été un accélérateur, mais il faut admettre que certains sites proposaient jusqu’à récemment une expérience en ligne moyenne en considérant que leurs chiffres étaient suffisants" explique Christophe Marée, responsable Marketing Digital Europe de l’Ouest et du Sud chez Adobe. Le défi pour les entreprises est donc clair, il est important de mettre en place des axes d’améliorations et d’adaptations pour répondre aux nouvelles attentes des clients. En ce sens une statistique intéressante a retenu notre attention à savoir que 50% des répondants (Online Shopping Trends 2020) indiquent qu’ils préfèrent effectuer leurs achats en ligne via le site ou l’application d’une marketplace plutôt que de passer directement par le site ou l’application d’une marque (8%).Une marketplace étant une application web commerciale fournissant, via des tiers, des biens ou services. Afin de vérifier la pertinence de cette hypothèse nous avons mené une étude de fond sur les comportements des clients par rapport aux marketplaces de restauration depuis le début de la pandémie. Données brutes Afin d’étayer nos recommandations, nous avons exploité diverses sources de données avec pour objectif de mesurer tout d’abord en amont les intentions clients et ensuite d’obtenir les données effectives de consommations afin de confirmer cette tendance comportementale.
En ce qui concerne les données d’intentions, nous avons principalement exploité comme source les tendances Google Trends. Le moteur de recherche Google représentant plus de 91% des requêtes en France, la fréquence de recherche de certains mots clés est généralement représentative des intentions des clients en termes de centre d’intérêt, d’achat, et de besoin. Afin d’analyser le changement des comportement client notamment en ce qui concerne les marketplaces et les courses alimentaires en ligne, nous avons construit notre premier jeu de données autour des mots clés « Auchan drive », « Uber Eats », « Carrefour livraison », « Deliveroo », « Just Eats » pour mettre en comparaison la tendance pour les courses en ligne et les courses sur les marketplaces de livraison de repas. Afin de simplifier notre démarche nous nous sommes finalement focalisés uniquement sur les données de « Auchan drive » et « Uber eats » dans la suite de notre analyse. Pour les données de contrôle le caractère récent du phénomène étudié limite quelque peu les données économiques disponibles en open data surtout en ce qui concerne le territoire français. Les quelques données disponibles restent très peu pertinentes pour mettre en évidence de manière claire nos hypothèses. Nous avons donc fait le choix de constituer nos propres sources de données. Pour cela nous avons utilisé 2 méthodes : ➢ Un sondage d’opinion : Nous avons eu à effectuer une étude sur un panel de 166 personnes de plus de 18 ans (62,7% de femmes et 32,3% d’hommes) résidents en France. Via un formulaire Google Forms nous les avons interrogés sur leur fréquence de consommation en ligne, leur utilisation des services de course en ligne (Carrefour drive, Auchan drive,etc), leur utilisation des marketplace de livraison de repas (Uber Eats, Deliveroo,etc) et plus globalement sur la manière dont le confinement a affecté leur comportement en ligne. ➢ Un scrapping de donnée du site Truspilot :Ne disposant pas directement des données d’achat et de commandes pour les secteurs étudiés, nous avons eu l’idée de passer par l’étude des avis laissés en ligne pour les différents services. En partant de l’hypothèse qu’un avis correspond forcément à une commande passée, nous avons effectué un scrapping de données sur le site Truspilot qui agrège des avis clients pour une multitudes d’entreprise de secteurs différents. Les données obtenues ne sont pas équilibrées car pour Uber Eats par exemple, on compte un total de 95% d’avis négatifs recueillis. Nous avons cependant conservé ces commentaires car d’une part, le contenu des avis n’affecte pas la validité de notre hypothèse et d’autre part, ils vont nous permettre de faire ressortir les causes les plus récurrentes de ces avis négatifs. La méthodologie permettant d’effectuer le scrapping est assez simple : • Récupérer le contenu de la page web à scraper grâce à son url à l’aide de la librairie Python requests • Déterminer les balises HTML contenant les informations à extraire • Utiliser librairie BeautifulSoup pour extraire les informations des balises ciblées
Nous avons ainsi pu recueillir des informations relatives aux avis laissés par les consommateurs (localisation du client, notation, commentaire lié à l’avis, date de publication et le titre du commentaire) pour les entreprises Auchan et Uber Eats entre Janvier 2019 et Décembre 2020. (Script python scraptool.py laissé en annexe) Tableau de bord et analyse En exploitant les données recueillis, nous avons analysé les tendances et les statistiques d’achat alimentaire en utilisant les services de drive des grandes surfaces de distribution et les marketplaces. Notre analyse s’articule plus précisément autour d’une étude comparative entre le service Auchan drive et le service Uber Eats. L’objectif étant de dégager un indicateur de performance pour aiguiller les commerçants et les restaurants vers le service partenaire qui pourrait leur permettre de toucher plus facilement leur clientèle. Les résultats de cette analyse nous ont permis d’obtenir le tableau de bord suivant :
Notre tableau de bord laisse clairement ressortir nos trois sources de données, et apporte ainsi 3 informations clés : Les données des intentions Google trends pour le mot clé « Auchan drive » révèle un pic important au mois de mars suscité par la période de confinement. Mais ce pic s’est très vite estompé pour revenir à des tendances assez basses. On peut donc émettre comme hypothèse d’intention que les consommateurs se sont intéressés de manière massive au service de drive pour leur course alimentaire pendant la période de confinement. Mais c’est une tendance plutôt passagère qui tend à ne pas se pérenniser une fois le retour à la normale. Cela est d’autant plus justifié par le fait qu’on ne remarque plus aucun pic durant la deuxième période de confinement en novembre 2020. En revanche, les données Google Trends pour le mot clé « Uber Eats » montrent une légère évolution durant le mois de mars pour le premier confinement et un pic important en novembre pour le deuxième confinement. De manière générale, on remarque que les tendances sont en évolution constante même durant les périodes post-confinement. Nous pouvons donc émettre comme hypothèse d’intention que les consommateurs sont intéressés de manière durable au service Uber Eats et c’est une tendance qui est emmenée à se pérenniser. Afin de confirmer ces hypothèses d’intentions par des données factuelles, nous avons tout d’abord exploité les données du formulaire. Plus précisément, nous avons analysé les réponses de 2 questions à savoir : • « Avez-vous effectué des courses alimentaires en ligne durant le confinement (Carrefour Drive...) ?» • « Avez-vous utilisé une application de commande de repas en ligne durant le confinement (Uber eat, Deliveroo...)? Les réponses possibles pour les 2 questions étant « oui, pour la première fois », «Oui ,mais ce n'était pas la première fois » et « Non ».L’analyse des résultats nous montre que les services de drive de grande surface ont connu une progression plus importante(12% de répondant ayant utilisé pour la première fois) que les service de livraison de repas(7%).Mais en terme d’utilisation globale ce sont les marketplaces de livraison qui ont l’ascendant avec 71,2% des répondants, contre 24,7% pour les service de drive des grandes surface. On peut donc conclure au vu des résultats que l’usage des marketplaces de livraison de repas est plus encré dans les habitudes de consommation des consommateurs. Les données issues du scrapping du site confirment globalement les hypothèses d’intentions. Pour l’entreprise Auchan, on remarque comme sur les données de recherche Google, un pic des avis (et donc des commandes) autour de la période du premier confinement et ensuite une baisse drastique. Tandis que pour l’entreprise Uber on observe une évolution constante et un pic des avis durant le deuxième confinement. Cette tendance est d’autant plus positive car elle montre que l’activité des consommateurs sur Uber Eats reste croissante au fil du temps malgré le fait qu’ils trouvent que la qualité globale du service proposée est un problème (moyenne des avis égale à 1.15 pour une note minimale de 1). On peut donc valider notre hypothèse d’intention et conclure que les consommateurs utilisent
de manière croissante et pérenne les marketplaces de livraison alors que les services de drive sont certes en évolution mais pas encore suffisamment rentrés dans les habitudes de consommation. De plus, nous avons effectué une analyse du contenu des commentaires négatifs recueillis afin de déterminer les facteurs de mécontentements des utilisateurs. Nous avons ainsi pu établir une segmentation en 3 catégories des sources d’insatisfactions. Dans le cas de Uber Eats, ces problèmes relèvent de trois ordres à savoir: • Les problèmes provenant de l’application mobile et son service client (51.87% des avis négatifs -cercle 1), • Les problèmes provenant des actions du livreur avec l’utilisateur qui commande ou sur la commande à livrer (43.59% -cercle 2) • Des problèmes liés à la qualité du produit lui-même (4.54% -cercle 3). La figure ci-dessous permet d’une part de visualiser la répartition de ces 3 problèmes pour l’ensemble des commentaires négatifs d’Uber Eats et d’autre part, elle permet de retrouver les mots clés qui caractérisent le troisième groupe de commentaires négatifs identifiés. L’analyse du troisième groupe laissant apparaitre des mots clés tel que « immangeable », « hygiène », « renversé » ou « mouillé », montre que les restaurateurs ont leur part de responsabilité dans l’insatisfaction des clients sur les marketplaces. Ainsi les restaurateurs décidant de s’inscrire sur ces marketplaces doivent œuvrer à l’amélioration de la satisfaction de leurs clients. En portant une attention particulière au packaging des commandes qu’ils préparent pour qu’elles puissent résister durant la livraison et être acheminé en bon état.
Recommandations Au vu des indicateurs obtenus grâce au tableau de bord, la principale recommandation que nous pouvons faire aux commerçants et aux restaurateurs en proie aux difficultés de la crise sanitaire serait d’exploiter les avantages des marketplaces pour toucher leur clientèle de manière efficace. La plupart des multinationales de fast Food l’ont compris et ne proposent plus de service de livraison propre, externalisant complètement cette prestation vers les différentes plateformes dédiées. Les restaurateurs locaux gagneraient également à suivre cette tendance pour offrir un service hybride, aussi bien sur place que pour les consommateurs à domicile. Cela permet de rester constamment au plus près du consommateur et de le fidéliser en se focalisant sur la qualité de son produit. Ces recommandations pourraient d’ailleurs être étendues de manière ingénieuse pour aider les commerçants de tous secteurs. Imaginez-vous l’espace d’un instant un acteur français qui créée une marketplace de livraison où vous pourriez vous faire livrer en quelques minutes un livre de votre librairie préférée ou même une commande chez le fleuriste du coin. C’est une opportunité intéressante de laquelle pourrait déboucher un marché énorme. Discussion Bien que l’analyse menée repose sur une démarche objective et un raisonnement logique, elle pêche néanmoins par la taille limitée des échantillons de données. Aussi bien au niveau du formulaire que des avis clients, les données à disposition n’apportent pas une profondeur suffisante pour garantir une généralisation indiscutable des résultats. En ce qui concerne les avis clients, la contrainte de temps est l’un des principaux facteurs. Ainsi pour une étude plus étendue, il serait possible d’exploiter l’API du Google store pour faire un scrapping des avis au niveau des applications. On pourrait ainsi avoir un jeu de données de taille plus importante et avec un contenu plus équilibré pour une meilleure analyse. Pour les données de consommation client, la contrainte est surtout liée au caractère récent des événements, ce qui entraine une faible disponibilité des données en open data. Il serait intéressant de reprendre l’étude une fois qu’un jeu de donnée de consommation client significatif et représentatif de la population française sera mise à disposion de manière libre. Ou sinon de reprendre le sondage sur un panel beaucoup plus large.
Conclusion En définitive, nous avons mis en évidence à travers l’exploitation de diverses sources de données, que les consommateurs français avaient une propension forte à l’utilisation des marketplaces et la crise sanitaire du Covid19 vient encore plus accentuer cette tendance comportementale, qui tend à se pérenniser. C’est pourquoi il est important d’exploiter cette opportunité pour maintenir le contact avec les clients quel que soit la situation et même étendre la solution à d’autres secteurs que l’alimentaire. Référence bibliographique • Les conséquences de la crise du Covid-19 sur le bien-être financier des consommateurs français, Forrester,2020 • Online Shopping Trends ,Adobe,2020 • Points de vente :l’expérience client en période de covid ,Mood Media,2020 • Etude consommateur de biens alimentaires « Confinement / Post confinement COVID-19 », Pwc,2019 Annexe • Formulaire Google Forms • Jeux de données scrapping et données issues d’un clustering utilisant la technique de topic modeling via l’algorithme non supervisé LDA (Latent Dirichet Allocation) • Google trends des mot clés Auchan drive et Uber Eat • Rapport Power BI : la première page présente le dashboard de la figure 1 dans ce rapport, le reste des pages apporte plus de précisions sur l’ensemble de notre travail ainsi que les étapes de réflexion par lesquelles nous sommes passés
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