Autisme et créativité : Envisager l'Autisme de manière Différente

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Autisme et créativité : Envisager l’Autisme de manière
Différente
Compétences and Potentiels à côté de handicaps

Paul TREHIN

Introduction :
La plupart des publications et même des conférences en matière d’autisme se
focalisent sur les difficultés, les aspects handicapants de l’autisme ou encore ses
fondements médicaux et psychologiques, ainsi que sur ses conséquences négatives
sur la vie des personnes, de leurs familles et de leurs entourages. Toutefois, les
caractéristiques de l’autisme n’ont pas toutes des effets néfastes sur les personnes
atteintes d’autisme. Quelques spécificités de l’autisme peuvent en effet s’avérer
positives, à condition qu’elles soient identifiées comme telles, intégrées à un
programme éducatif et utilisées dans le but d’élargir le champ des intérêts des
personnes.

Parmi ces aspects positifs, il faut faire la distinction entre les talents exceptionnels
souvent observés chez les personnes autistes et les fonctionnements plus
« classiques » de l’autisme qui, dans certains cas peuvent avoir des conséquences
positives pour la personne. Certains de ces traits caractéristiques de l’autisme
devraient être considérés comme des potentialités plus que comme des freins. Elles
devraient en particulier servir de levier pour développer les compétences sociales,
sans lesquelles les aspects moins positifs de l’autisme masquent tous les bénéfices
de ceux qui sont positifs.

Nous traiterons dans un premier temps des talents exceptionnels dans les domaines,
du dessin, de la peinture, de la musique, du langage ou du calcul et des
mathématiques. Ces talents sont présents chez certaines personnes atteintes
d’autisme de tous niveaux. Nous analyserons ensuite également comment certains
aspects généralement perçus comme étant négatifs, tels que les difficultés dans le
domaine des compétences sociales, les troubles de la théorie de l’esprit, le déficit de
cohérence centrale, les comportements répétitifs et l’écholalie, peuvent également
être perçus de façon plus positive. Nous verrons ensuite de quelles façons ces
aspects peuvent être utilisés comme forces dans les stratégies éducatives et pour
développer la qualité de vie. Pour finir, nous développerons quelques possibilités
d’utilisation ces aspects « positifs » de l’autisme, même lorsqu’il n’y a apparemment
pas de talents exceptionnels.

   1. Autisme et incapacités
Ce n’est toutefois pas sans raison que la plupart des publications, des interventions
lors de conférences et des discussions sur les forums internet mettent l’accent sur
les aspects incapacitants et handicapants de l’autisme ou encore sur les bases
médicales, psychologiques et les conséquences de l’autisme entrainant une
médiocre qualité de vie.

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En effet, vivre avec l’autisme est souvent un défi, pour la personne elle-même, sa
famille et son entourage. Cela est tout à fait perçu de manière évidente dans les cas
d’autisme sévère mais également même dans les cas d’autisme de haut niveau ou
du syndrome d’Asperger. Les personnes issues de ce dernier groupe, qui savent
exprimer leurs propres difficultés, se plaignent entre autre du fait que les personnes
de leur entourage s’attendent à ce qu’ils fonctionnent à haut niveau dans tous les
domaines alors qu’ils ont des difficultés dans un grand nombre d’autres domaines.
Ces difficultés ressenties par les personnes autistes elles mêmes, leur familles et
leurs amis sont la raison pour laquelle la grande majorité des articles sur la
recherche, les services et le soutien s’orientent vers ces aspects déficitaires.

Toutefois, quelques caractéristiques de l’autisme, envisagées d’une manière
différente, moins négative, voir positive, pourraient être utilisées au bénéfice des
individus, de leurs familles et plus généralement de leur entourage. Ces
caractéristiques de l’autisme incluent, mais ne se limitent pas aux talents
exceptionnels. Quelques particularités de l’autisme, habituellement perçues comme
« négatives », pourraient et devraient être utilisées à des fins positives.

   2. Les aspects positifs de l’autisme
Les caractéristiques de l’autisme n’ont pas toutes des impacts négatifs. Francesca
Happé pose la question dans un article intitulé : « Autisme : Déficit cognitif ou style
cognitif? » (1999), et étudie certaines aptitudes liées spécifiquement aux
caractéristiques cognitives de l’autisme. Elle les présente moins comme des déficits
que comme des processus cognitifs différents. Au-delà de l’aspect « politiquement
correct » de parler de différence plutôt que de déficience, prendre en compte ce
fonctionnement cognitif différent dans l’autisme conduit à reconsidérer les stratégies
éducatives pour y inclure des outils pédagogiques qui tiennent compte de ces
différences cognitives.

Ces différences cognitives sont à la base de quelques particularités de l’autisme
dans le domaine de l’art ou du calcul ou même des langues qui peuvent réellement
avoir des effets positifs sur les personnes autistes, à condition que ces capacités
soient identifiées et reconnues comme telles le plus tôt possible (bien qu’il ne soit
jamais trop tard) et entretenues à travers un programme éducatif individuel bien
adapté et un soutien pertinent de l’entourage.

Toutefois, si quelques personnes atteintes d’autisme ont des talents clairement
identifiables par les proches ou par les professionnels, ils ne sont le plus souvent pas
faciles à détecter tant ils sont masqués par des stéréotypies ou par des troubles
graves du comportement.

Certaines de ces compétences pourraient sembler bien inutiles voir néfastes à
première vue. Mais en fait, même ces dernières peuvent être utilisées, grâce à
l’astuce et la créativité des parents ou des éducateurs et servir à élargir les domaines
d’intérêts pour la plupart des individus atteint d’autisme. Nous verrons par la suite
quelques exemples des différentes formes que peuvent prendre les aspects positifs
dans l’autisme et de quelles façons ils peuvent aider à élaborer des stratégies pour
améliorer la qualité de vie des personnes, autant que celle de leurs familles.

   3. Les compétences spéciales

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Les compétences spéciales ont trop souvent été négligées dans l’édification de
stratégies éducatives. Il arrive même parfois que ces compétences
« extraordinaires » soient considérées comme non propice au développement de
l’enfant, en particulier de sa socialisation. Certains intervenants pensent qu’il ne faut
pas laisser l’enfant s’enfermer dans son monde. Or, ces intérêts, même étroits, sont
au moins déjà une source de motivation à l’acquisition de compétences.

Dans beaucoup de cas, l’aspect « extraordinaire » des compétences a été mis en
avant, plutôt que leur potentiel à améliorer les processus d’apprentissage, ainsi que
leurs capacités à l’intégration dans le tissu social. Cela a été en partie amplifié à
travers un film comme « Rainman ».

La plupart des personnes atteinte d’autisme de haut niveau ou du syndrome
d’Asperger n’apprécient pas ce type d’attention envers l’exceptionnalité… Jim
Sinclair, personne autiste fort connue pour ses positions dans la défense des droits
des personnes autistes, évoquait souvent les conférences sur l’autisme où « On
s’attend à ce que nous ne nous exprimions que lorsque les personnes neurotypiques
nous adressent la parole et à seule fin de fournir des informations au bénéfice des
autres, un peu comme des créatures d’un parc zoologique parlant d’elles mêmes »
(Sinclair 1994).

Toutefois, certains auteurs ont traité le sujet des « éclats de compétences »
(Hermelin 2000) et des talents exceptionnels de manière scientifique, plutôt que
sensationnelle.

Afin d’être précis dans les concepts, il est habituel de faire la distinction entre « éclats
de compétences » et « talents exceptionnels, » bien qu’il y ait un continuum, en
réalité entre ces deux catégories.

Au delà des « éclats de compétences » et « talents exceptionnels, » certaines
caractéristiques de l’autisme, habituellement perçues comme négatives peuvent être
utilisées de façon positive pour aider au développement d’une meilleure qualité de
vie pour les personnes autistes.

    Eclats de compétences
L’autisme appartient à la catégorie des troubles envahissants du développement
(TED) Une des particularités des TED est un profil développemental irrégulier dans
les différents domaines cognitifs. On peut constater que les compétences se
développent de façon hétérogène chez un même individu, avec des pics de
compétences et des zones de compétences très faibles.

En général, les compétences visuelles ont tendance à être meilleures que les
compétences verbales, mais ce n’est pas toujours le cas. Plusieurs outils
d’évaluation ont été crées pour mesurer cette disparité dans les compétences chez
un même individu, comme par exemple le PEP (Schopler 1990).

Les « éclats de compétences » (Splinter skills en anglais) sont des capacités qui
émergent nettement au dessus des autres compétences plus ou moins déficientes
qu’on observe fréquemment chez une personne autiste. Ces compétences plus
avancées que les autres ne sont pas pour autant réellement remarquables par

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rapport aux compétences usuellement observées dans la moyenne de la population.
Elles vont toutefois au delà des habituelles irrégularités dans le profil
développemental. Ces capacités ont parfois été appelées « Ilots de compétences »
(Shah, Frith 1993)

Quoiqu’il en soit, elles peuvent être utilisées pour construire des stratégies
éducatives individualisées et devraient l’être plus systématiquement. De telles
capacités permettent à la personne en position d’enseignement (parent ou
professionnel), de maximiser l’impact des séquences éducatives car elles valorisent
les potentiels de la personne au lieu de toujours orienter les efforts vers la lutte
contre les déficiences.

    Les talents exceptionnels
Parmi ces « éclats de compétences » certains sont réellement hors norme. On peut
alors parler de « Talents exceptionnels ».

Les talents exceptionnels sont observés essentiellement, mais pas exclusivement
chez les personnes atteintes d’autisme (Heaton & Wallace 2004). Il s’agit de
compétences qui seraient considérés comme remarquables, même dans la
population en général. Bien qu’il n’y ait pas d’études épidémiologiques scientifiques,
on peut estimer qu’environ 10% de la population des personnes autistes possèdent
de tels talents (Edelson 1999). Les estimations de certains spécialistes sont plus
basses : 1% (Donna Williams)

Il est important de noter que ces talents ne sont pas en lien avec les autres capacités
cognitives de ces individus. En particulier, elles ne sont pas liées au quotient
intellectuel des personnes, les personnes qui avaient de tels talents étaient même
souvent appelées « Idiots savants », expression heureusement abandonnée de nos
jours au profit de celle de « Syndrome savant ». Des personnes autistes lourdement
handicapées par ailleurs peuvent donc avoir des compétences extraordinaires dans
un ou plusieurs domaines. Certaines sont brillantes dans de nombreux domaines,
alors que d’autres ne le sont que dans un domaine très étroit.

3.2.1 Dessin/Sculpture
Les talents exprimés au niveau des arts plastiques sont bien évidemment les plus
visibles et usuellement les plus identifiables. Ils s’expriment souvent chez de très
jeunes enfants atteints d’autisme. Le cas de Nadia est assez connu (Selfe 1977). A 3
ans et demi, Nadia dessinait, en trois dimensions, de magnifiques vues de chevaux
de carrousel.

Quelques auteurs ont émis des hypothèses concernant l’origine des capacités en
matière de dessin, aucune d’elles n’est réellement de portée générale. Darold
Treffert, Hermelin et O’Connors faisaient partie des premiers chercheurs à proposer
une approche scientifique de la question (Treffert 1987, Hermelin 2000). Julia
Kelman s’est penchée spécifiquement sur les compétences en dessin, émettant
l’hypothèse que le dessin était une façon alternative d’exprimer ses expériences
(Gradle 2002). Cela est cohérent avec la description que fait Temple Grandin de sa
façon de penser en images (Grandin 1995).

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Alan Snyder, du « Center for the Mind » à Sydney, a émis l’hypothèse que la
perception des enfants autistes n’est pas filtrée par la cognition (BBC 2001). En
d’autres mots, elle n’est pas influencée par connaissance conceptuelle que les
autres enfants feront de la scène qu’ils représentent. Lorsqu’on lui demande à de
dessiner une maison, l’enfant autiste dessinera une maison en particulier qu’il a en
mémoire, alors que l’enfant neurotypique dessinera une maison générique, tel qu’il
la conceptualise dans son esprit.

Les connaissances sur le fonctionnement cognitif des personnes autistes, avec
toutes ses variations interindividuelles, apporte toutefois des éléments qui permettent
de comprendre, au moins en partie, les compétences en dessin et sculpture. La
perception « en détails », associée à une mémoire exceptionnelle est une des
explications logique des compétences en dessin dans l’autisme.

Nicholas Humphrey a écrit un article dans lequel il émet l’hypothèse que de tels
talents innés pourraient être à l’origine de l’art paléolithique (Humphrey 1998) J’ai
également développé cette hypothèse, quoique dans une perspective différente de
celle du Pr. Humphrey, me penchant sur l’ensemble des aspects créatifs de ces
artistes (Tréhin 2003) en insistant sur les similitudes cognitives plus que sur les
ressemblances de style entre l’art pariétal du paléolithique et les dessins des
personnes autistes.

3.2.2 La musique
Les capacités musicales, quoique plus difficiles à détecter, sont également
relativement fréquentes chez les personnes atteintes d’autisme. Elles sont souvent la
conséquence de facteurs innés, tel que l’oreille absolue (Heaton 2001), qui est la
capacité à reconnaître n’importe quelle note sur une gamme, sans avoir besoin d’une
note de référence telle que celle fournie par un diapason. Il est possible que l’oreille
absolue soit également une des capacités développementales qui disparaissent
relativement tôt chez les enfants « normaux ». Les nourrissons semblent l’avoir dans
leurs premiers mois de vie et la perdre lorsqu’ils grandissent (Saffran et Griepentrog
2001).

Ces individus musicalement doués ont aussi en commun une mémoire
exceptionnelle des airs de musique. Certains en connaissent plusieurs milliers. Et ils
ne se rappellent pas seulement de la mélodie, mais des harmonies complexes et de
la structure musicale. Mon fils, Gilles a appris à jouer de la basse électrique, puis est
passé à la contrebasse, qu’il a apprise seul. Il a un sens inné de l’harmonie,
accompagnant des œuvres de jazz fort riches de ce point de vue.

Quelques observations nous amènent à penser qu’ils ont une perception et
construction différentes de la musique, comme une expérience globale, mais avec
tous les détails de sa structure. Mary Newport, qui a reçu un diagnostic tardif du
syndrome d’Asperger, peut écrire de la musique à l’envers, en commençant par la
dernière page ou au milieu de la partition. Elle explique que c’est parce que la
musique est déjà écrite dans son cerveau (Stahl 2004).

Au delà de leur perception innée de la musique, on peut noter la remarquable
fonction exécutive de la plupart des savant musicaux. Ils semblent apprendre les
compétences pour jouer à une vitesse qui dépasse l’imagination. Toutefois, et nous y

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reviendrons plus tard, leur capacité à travailler de manière répétitive, leur permet de
pratiquer des exercices nécessaires à acquérir cette dextérité.

Quelques artistes exceptionnels :
Je n’en ai retenu pour cet article que quelques uns mais un grand nombre d’autres
peuvent être trouvés sur le site web du Dr Darold Treffert de l’université du
Wisconsin (http://www.wisconsinmedicalsociety.org/savant/default.cfm ).

Le premier « savant » à propos duquel on trouve des observations écrites était
« Blind Tom » (1849 – 1908) fils d’un esclave, pianiste autodidacte dont le maître
avait tout de même reconnu le talent. Plus récemment on peut citer Leslie Lemke,
pianiste et chanteur. Derek Paravicini est né prématurément est également un
«savant» aveugle. La thérapie à haute doses d’oxygène, nécessaire pour sauver sa
vie lui a fait perdre la vue. Il avait de lourds troubles d’apprentissages. Toutefois, il a
très rapidement acquit une fascination pour la musique et le son. A l’age de quatre
ans, il avait apprit seul à jouer du piano (y compris des airs aux harmonies
complexes, tel que « Smoke gets in your eyes ». Tony Deblios est un musicien lui
aussi aveugle et autiste. Il joue très bien d’un nombre impresionnant d’instruments
mais excelle au piano et en improvisation musicale. Enfin, Matt Savage qui est un
pianiste et compositeur de jazz professionnel de quinze ans, se produisant avec son
propre trio.

Il y a quelques autres musiciens exceptionnels parmi les personnes autistes, même
si elles n’atteignent pas le niveau suffisant pour jouer en public. Noel Patterson, qui
peut reproduire n’importe quel morceau au piano juste en l’ayant entendu une seule
fois, est apparu dans le programme de la BBC «The foolish wise ones». Pendant une
séquence, il joue une mélodie avec sa main droite au piano, tout en tapant les
accords sur le manche d’une guitare posée sur ses genoux.

3.2.3 Le Calcul et les mathématiques
Parents et professionnels rapportent fréquemment qu’ils observent une aisance
surprenante de leurs enfants autistes avec les nombres et une mémoire incroyable
des dates. Mais pour certains individus, cela va bien plus loin et ils peuvent calculer
de tête, des opérations arithmétiques complexes, telles que des multiplications à
plusieurs chiffres ou donner le jour de la semaine pour le 21 juillet 1873, capacité
appelée «Don du calendrier».

Calcul mental pur
Tout le monde se souvient de la scène du film « Rainman » ou Raymond calcule une
opération arithmétique complexe lors d’un examen médical. Gerry Newport, de nos
jours un célèbre porte parole de l’autisme, regardait le film. Lorsqu’il s’est mis à
donner à voix haute les résultats des opérations avant que Raymond ne le fasse à
l’écran. Il a progressivement fait le lien avec lui même et son propre autisme, jusque
là non diagnostiqué.

Ce type de capacités arithmétiques est, rappelons le, très rare, néanmoins bien plus
fréquent dans les cas d’autisme que dans la population générale. Oliver Sacks a
étudié plusieurs cas de ce type (Sacks 1986). Ces capacités de calcul peuvent aller
jusqu’à des opérations bien plus complexes, telles que les racines carrées et la
recherche de nombres premiers. Dans la plupart des cas qui ont été publiés, les

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calculateurs prodiges font des calculs arithmétiques purs, sans but spécifique et les
personnes qui les font n’ont pas d’autres compétences mathématiques.

Le don du calendrier
Liée de façon plutôt obscure aux capacités mathématiques, du moins aussi loin que
ce que nous dit la recherche, est la capacité à dire quel jour de la semaine tombe
une date, passée ou future. Cette capacité est observée chez quelques individus
atteints d’autisme.

Même si ce n’est pas le cas de tous, un grand nombre de personnes autistes ont une
formidable mémoire des dates. C’est souvent eux qui se souviennent de toutes les
dates d’anniversaire de la famille, une compétence plutôt utile…

Les capacités mathématiques abstraites
Certaines personnes dans le continuum autistique ont des dons mathématiques
exceptionnels, autres que le calcul de multiplications de nombres importants. Alex
était «un des sept élèves de CM1 des Etats Unis à avoir été primé aux Olympiades
Mathématiques Nationales» (Mont 2002). Il y a quelques personnes parmi ces
personnes autistes douées en mathématiques qui ont obtenu un doctorat en
mathématique. Plusieurs personnes atteintes d’autisme de haut niveau ou du
syndrome d’Asperger on pu devenir docteurs en mathématiques.

3.2.4 Le Langage et les langues
Le fait que l’autisme puisse être associé à des capacités exceptionnelles dans le
domaine du langage peut sembler surprenant. Pourtant, il y a quelques personnes
atteintes d’autisme qui ont un talent naturel pour le langage. Mais avoir un tel talent
ne signifie pas qu’ils n’aient pas pour autant des difficultés de communication. Gunilla
Gerland décrit très bien comment elle avait toujours eu des facilités pour le langage,
tout en ayant toujours d’énormes difficultés à communiquer avec ce langage
(Gerland 1997). Certaines personnes autistes apprennent les langues étrangères
avec une apparente facilité. Daniel Tammet a appris en une semaine l’Islandais avec
suffisamment de compétences pour participer à une interview à la télévision
Islandaise.

Il est plutôt fréquent de voir des enfants autistes inventer des néologismes. Leur
envie de précision les pousse à chercher des mots différents lorsque l’objet ou
l’action sont différents. Cette fascination peut expliquer en partie leur intérêt à
nommer les choses et à utiliser des verbes pour exprimer des actions dans plusieurs
langues différentes. Quelques uns ont réussi à apprendre un nombre impressionnant
de langues et même inventer leur propre langue, comme l’a fait Daniel Tammet
(Johnson 2005, Tammet 2007)

3.2.5 Autres arts visuels
Bien qu’il n’y ait eu que très peu de publications à propos d’artistes autistes de la
photo et la vidéo, Philippe Noyes a présenté, durant le premier congrès de
l’Organisation Mondiale de l’Autisme en 2002, l’expérience qu’il a vécu en donnant à
son fils Dave, un logiciel simplifié, néanmoins complet de fabrication d’images et de
vidéos informatiques. Les résultats étaient plutôt intéressants, à la fois d’un point de
vue esthétique et dans le développement de la qualité de vie de Dave et de sa

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famille (WAO 2002). Par ailleurs, Temple Grandin recommande la photo et la vidéo
comme étant « de très bons jobs pour des penseurs visuels » (Grandin 1999).

3.3 La mémoire exceptionnelle
La mémoire exceptionnelle semble être le dénominateur commun aux talents
exceptionnels (Treffert 1987)

La mémoire à court terme peut être observée dans certains exemples d’écholalie
immédiate ou la séquence mémorisée est très longue. Toutefois, la mémoire à court
terme n’est en général pas plus développée que chez les personnes neurotypiques,
à l’exception du cas de la mémorisation de séries non structurées (Hermelin,
O’Connor 1970).

La mémoire à long terme peut parfois être stupéfiante. Elle peut concerner des
trivialités, tel que les scores de football ou des listes de l’annuaire, mais également
des sujets plus pragmatiques, comme des horaires de train ou d’avion, ou encore
des connaissances en histoire ou géographie : capitales des pays, altitudes des
montagnes, dates historiques, etc.

Capacité à reproduire de mémoire :
Les capacités de mémorisation vont souvent de pair avec d’exceptionnelles
capacités à reproduire l’information stockée. C’est le cas de l’écholalie différée ou
des phrases sont répétées avec la même intonation que celles d’origine. C’est
également le cas des musiciens, qui non seulement retiennent les mélodies, mais
sont aussi capables de les reproduire avec un instrument ou en les chantant.

J’ai rencontré un jeune homme atteint d’autisme, vivant aux Etats-Unis, qui pouvait
chanter un grand nombre de chansons de Georges Brassens avec toutes les
paroles, alors qu’il ne parlait pas le français couramment.

L’exemple le plus remarquable de mémoire à long terme est celui de Stephen
Wiltshire qui peut dessiner des vues aériennes très précises de villes après avoir
juste fait un tour d’hélicoptère au dessus des monuments, des parcs et immeubles
(on peut voir des extraits vidéo sur le site de la « Wisconsin Medical Society » à
propos du « syndrome savant ») Il faut remarquer dans sons cas outre la
mémorisation exceptionnelle, la capacité à réorganiser sous un seul angle de vue
des images perçues sous des milliers d’angles de vue différents rapidement
observés à partir d’un hélicoptère tournoyant dans le ciel de Rome…

L’aspect le plus étonnant de ces capacités de mémorisation est qu’elles sont souvent
le résultat d’une seule exposition à une pièce de musique ou à une scène visuelle…

   4. Les caractéristiques de l’autisme habituellement perçues
       comme négatives
Bien que non intrinsèques à l’autisme, certains types de comportements y sont
souvent associés. Ceux que l’on observe le plus fréquemment sont l’écholalie, les
comportements répétitifs et stéréotypés, qui sont en général perçus comme négatifs
et devant être progressivement éliminées. Le déficit de théorie de l’esprit est

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également perçu uniquement à travers l’impact négatif qu’il a sur les relations
sociales.

Toutefois, avec un peu de créativité de la part des enseignants et des parents, ces
aspects « négatifs » pourraient être transformés comme leviers dans le processus
éducatif et le développement de l’estime de soi.

    L’écholalie
L’écholalie est un comportement verbal que l’on rencontre très fréquemment chez les
personnes atteintes d’autisme et qui les conduit à reproduire avec une précision
souvent surprenante les sons entendus et les paroles prononcées par leur entourage
et à les répéter sans cesse.

Comme peuvent en attester de nombreux parents et professionnels, cela peut
vraiment taper sur les nerfs des personnes vivant avec la présence d’enfants
autistes… C’est toutefois une phase normale du développement dans l’enfance. Les
jeunes enfants commencent avec l’écholalie, mais évoluent vite vers un langage
construit.

L’écholalie peut être perçue comme un trait positif, comme l’explique Barry Prizant
«autrefois, les thérapeutes du comportement voyaient principalement l’écholalie une
caractéristique «déviante» ou socialement indésirable de l’autisme et tentaient de la
faire disparaître au moyen de procédures de punition. A travers un certain nombre
d’études, nous avons été capables de démontrer que l’écholalie avait d’importantes
fonctions communicatives pour les enfants ayant des troubles dans le continuum
autistique et qu’elle reflétait leur stratégie particulière pour acquérir le langage, qui
résultait de leur style d’apprentissage ; de ce fait, est maintenant perçue comme un
facteur positif dans le pronostic du développement du langage et de la parole.»

Notez que nous utilisons fréquemment l’écholalie en tant qu’adultes neurotypiques,
toutefois, nous intériorisons les mots et ne les disons pas tout haut. Cette écholalie
interne est peut être liée à l’activation de neurones miroir qui nous fait ressentir les
actions des autres lorsque nous les voyons ou les entendons sans avoir à entrer
nous-mêmes en action (Lacoboni 2005). L’écholalie peut également être utilisée
comme levier pour développer l’empathie.

   Les comportements répétitifs
Les comportements répétitifs et stéréotypés, comme l’écholalie, ont tendance à être
considérés parmi les comportements autistiques les plus négatifs. Il est vrai que des
comportements répétitifs pouvant durer des journées entières finissent par devenir
insupportables, en particulier s’ils sont bruyants ou repoussants.

Pourtant, les comportements répétitifs peuvent être utilisés de façon positive de
plusieurs façons.
• Indirectement : par exemple, en en faisant une récompense motivante pour avoir
   accompli une tâche ou avoir correctement répondu à une question.
• De façon directe : En orientant le comportement répétitif vers une utilisation plus
   pragmatique.

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Il est également possible de progressivement étendre le domaine d’intérêt lié aux
comportements répétitifs et de les orienter vers des comportements plus acceptables
socialement. Par exemple, transformer un « alignement » d’objets en une collection
ayant du sens, comme le feraient beaucoup de collectionneurs… Cela peut être un
excellent moyen de socialiser avec d’autres personnes ayant un intérêt exclusif…

A l’heure actuelle, beaucoup d’artistes autistes utilisent cet aspect dans leurs
dessins. Ils ne seront pas embêtés par le fait de devoir exécuter un motif répétitif de
façon interminable, comme par exemple, les milliers de minuscules fenêtres
dessinées sur chaque façade de gratte-ciel (Wiltshire 1987, Tréhin 2004/2006) ou
encore, faire des exercices fastidieux en répétition musicale.

     Le déficit de théorie de l’esprit
Le déficit de théorie de l’esprit à été évoqué pour la première fois par Uta Frith,
Simon Baron Cohen et Alan Lesley (Baron Cohen et al 1985). Dans la plupart des
situations, les personnes non autistes peuvent deviner de façon assez pertinente
l’état d’esprit des autres personnes. Les individus atteints d’autisme ont des
difficultés à faire une estimation de ce que les autres pensent. Cette difficulté avec
les codes sociaux est également appelée « cécité mentale » (Baron Cohen 1997).
Cela entraîne souvent des problèmes pour comprendre les relations sociales.

« Je n’avais jamais compris pourquoi le contact visuel était si important. Je ne l’ai
compris qu’il y a sept ou huit ans, à la cinquantaine, après avoir lu le livre de Baron
Cohen sur la cécité mentale. Je ne savait même pas que tous ces minuscules
signaux des yeux existaient » interview de Temple Grandin (valentine & Hamilton
2006)

Un article récent a montré une capacité de lecture de l’esprit chez des enfants de 15
mois (Onishi, Baillargeon 2005), mais globalement, l’évidence expérimentale tend à
montrer que la compétence de théorie de l’esprit ne se développe chez les non
autistes que vers trois ans. Elle se développe également dans des cas d’autisme,
mais seulement plus tard et avec des variations dans le niveau de son
développement. Certains deviennent plutôt bons avec alors que d’autres ont de
grandes difficultés toute leur vie.

De façon assez intéressante, ce soi disant déficit peut s’avérer être un aspect utile de
l’autisme, du moins dans certaines circonstances. Un certain degré d’ignorance de
ce que les autres pensent peut être d’une grande aide pour libérer la créativité,
explorer de nouveaux domaines et briser des barrières sociales (Suddendorf,
Fletcher-Flinn 1997)

   Penser en détails
Penser en détails est un des processus de traitement de l’information plus communs
dans l’autisme. C’est souvent associé aux résultats des recherches sur la cohérence
centrale (Frith, Happe 1994) mais il se trouve que beaucoup d’individus atteints
d’autisme de haut niveau ou du syndrome d’Asperger ont une très bonne perception
globale des choses et des situations, même s’ils ont commencé leur analyse par une
observation en détails.

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La perception visuelle fine résultant de ce mode de pensée peut très bien induire une
capacité à observer les choses de façon plus complète et détaillée que ne le font les
personnes neurotypiques. Les personnes atteintes d’autisme se débrouillent
extrêmement bien avec des tests visuels qui demandent une vision détaillée, comme
par exemple les cubes de Kohs (Block Design tasks) (Shah, Frith 1993) ou ont moins
tendance à succomber aux illusions d’optique (Happé 1996). Certains utilisent cette
capacité lorsqu’ils dessinent. Ils construisent des dessins complets de scènes
complexes en commençant par de minuscules détails, sans dessiner au préalable les
lignes générales.

Cette habileté à penser en détail est également illustré par les excellent scores dans
le test de la « figure imbriquée », meilleurs chez les autistes que chez les autres
(Baron Cohen 1998, Ring et al. 1999). Dans une figure complexe, une autre, plus
simple est imbriquée et on demande aux enfants de la trouver. Les enfants autistes
sont meilleurs étant donné qu’ils sont habitués à penser en détails.

De telles compétences pourraient être très utiles dans une variété de tâches
impliquant la reconnaissance de formes. J’ai émis l’hypothèse que cela aurait été le
cas, pour certains artistes du paléolithique qui utilisaient des formes et des
particularités préexistantes des murs des cavernes pour commencer ou compléter un
dessin d’animal (Trehin 2003).

   Les intérêts spéciaux et restreints
Encore une fois, les parents et professionnels rapportent souvent le fait que les
enfants autistes dont ils s’occupent ont des intérêts étroits, mais intenses pour
certains domaines de la connaissance. Parmi ceux-ci, quelques uns semblent
communs : les volcans, les dinosaures, les planètes, les avions, les trains, les
horaires d’avions ou de trains, les grattes ciel, la météorologie…

La plupart de ces intérêts sont souvent, au mieux ignorés et font parfois l’objet
d’efforts pour tenter de les éliminer car les parents ou les intervenants craignent
qu’ils ne deviennent obsessionnels et en tous cas ne gênent les apprentissages de
base.

Je pense, qu’au contraire ceux-ci devraient être utilisés au bénéfice de l’enfant ou
l’adulte. La force de l’intérêt particulier peut être utilisée comme une motivation
immense pour encourager l’apprentissage d’autres compétences. Ils peuvent être
développés et enrichis pour amener à de potentielles activités lucratives ou de loisir.
Avec finesse le parent ou l’éducateur peut intégrer de manière incidente
l’apprentissage de connaissances générales et pratiques.

Les stéréotypies peuvent bien sur énormément interférer dans les apprentissages
nécessaires et sont souvent une entrave à l’intégration sociale. Ils ont donc souvent
tendance à être perçus comme des caractéristiques négatives de l’autisme.

Comme d’autres aspects semblables, ils peuvent être utilisés à des fins positives,
que ce soit simplement comme récompense pour des comportements appropriés :
« quand tu auras terminé ton exercice, tu pourras jouer avec ton morceau de
ficelle ». Mais au delà de ça, certaines stéréotypies montrent des capacités
exceptionnelles qui pourraient être utilisés à d’autres fins. Je reconnais que voir de

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telles capacités nécessitera un regard entraîné et une grande ouverture d’esprit. En
effet certaines de ces stéréotypies montrent parfois des capacités motrices
surprenantes mais souvent utilisées à des fins ne pouvant pas facilement passionner
un esprit NT… Je pense par exemple à la capacité de faire tourner sur un axe de
symétrie les objets les plus improbables, Un jeune homme autiste arrivait à faire
tourner une boite de boisson gazeuse aussi bien qu’une toupie… Il faut effectivement
une certaine imagination pour déceler dans ce comportement des compétences
motrices utilisables, mais au moins on pourra savoir qu’elles existent et les utiliser
éventuellement dans une autre activité.

     4.6 Les difficultés d’imitation
Alors que l’imitation sous forme d’écholalie ou d’échopraxie semble plutôt bien
développée dans l’autisme, l’imitation pragmatique est souvent limitée (Williams et al.
2001). L’imitation pragmatique implique que la combinaison d’attitudes imitées mène
à un comportement ayant du sens. Là où la plupart des personnes intègrent assez
facilement un ensemble de mouvements, les personnes autistes ont beaucoup de
mal à le faire. C’est un souci pour certain domaines de la vie, en particulier parce que
ça rend l’apprentissage incident plutôt difficile. Pourtant, dans certains cas, de telles
difficultés à imiter peuvent amener à la créativité, même de manière involontaire.

N’étant pas capable d’imiter, la personne autiste va de fait « inventer » une stratégie
pour faire face à un problème. Dans la plupart des cas, cette stratégie ne sera pas
aussi efficace que la stratégie plus communément employée. Toutefois, à certains
moments une nouvelle stratégie, plus efficace peut émerger de ce processus.

Dans la plupart des cas, cette action novatrice ne sera pas remarquée, mais si un
tiers attentif, à l’esprit ouvert et compétent observe ce que la personne est entrain de
faire, cela peut résulter en un innovation qui change radicalement la précédente
approche du problème. C’est ce que Margaret Boden appelle « la créativité forte »
(« hard creativity) [La créativité forte, c'est quand] “le monde a évolué de manière
différente non seulement de la manière dont nous pensions qu’il le ferait, mais même
de la manière dont nous pensions qu’il le pourrait.” (Boden 1992)

     4.7 Les particularités sensorielles
Les meilleures descriptions des particularités sensorielle ont été fournies par les
personnes autistes elles mêmes (Grandin 1990, Gerland 1997). Ils racontent souvent
des situations très difficiles, pouvant provoquer une douleur intense. Il est souvent
difficile de reconnaître une surcharge sensorielle, car le signal qui la cause peut être
ressenti comme totalement anodin par une personne neurotypique. Temple Grandin
décrit la douleur horrible qu’elle a ressentie à la vue d’une bicyclette jaune qu’elle
avait reçu pour Noël.

Les anormalités sensorielles peuvent s’exprimer sous la forme d’hypersensibilité ou
d’hypo sensibilité. Quelques sons très faibles peuvent être ressentis comme une
véritable torture, alors que des stimulations de haut degré peuvent ne pas être
perçues. Gunilla Gerland décrit de façon assez spectaculaire, son insensibilité à la
douleur. Quelques enfants sont presque totalement insensibles aux températures
extrêmes. Certains peuvent se brûler fortement sans pleurer, certains peuvent rester
dans l’eau froide sans ressentir le froid. Cependant, les dégâts physiologiques sur
leur corps sont toujours là. les parents et les professionnels doivent donc rester très

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attentif aux conditions physiques de l’environnement qui peuvent déclencher des
situations dramatiques suite à une telle insensibilité.

Toutefois, de telles hypo ou hypersensibilités peuvent être utilisées au bénéfice de
l’enfant ou l’adulte atteint d’autisme. Il existe des activités qui exigent des sensibilités
extrêmes à certains stimuli. Par exemple, Rita Jordan me disais qu’elle avait
rencontré une personne dans les grandes plaines du Mid West américain qui pouvait
entendre le train arriver cinq minutes avant tout que les autres ne l’entendent. J’ai
utilisé cet exemple dans une recherche que j’ai faite sur la potentielle contribution
que les personnes autistes auraient pu faire, très tôt dans la civilisation humaine, en
étant capable d’entendre l’arrivée d’un troupeau de bisons bien avant les autres
« chasseurs » (Tréhin 2003) Il existe certainement des exemples plus actuels que les
parents et les professionnels pourront imaginer en fonction des enfants et adultes
avec lesquels ils vivent ou travaillent.

    5. … peuvent êtres tournés à l’avantage de la personne
Nous avons déjà évoqué quelques unes de ces utilisations positifs de facteurs
généralement perçus comme de faiblesses dans l’autisme. Quelques auteurs ont
déjà développé l’idée que tous les facteurs de l’autisme n’ont pas nécessairement un
impact négatif sur les futures vies d’autistes.

Les arguments pour percevoir le Syndrome d’Asperger et l’autisme de haut niveau comme
                            une différence, plutôt qu’une déficience
 1 L’enfant s’implique plus de temps avec les objets et les systèmes physiques qu’avec les
    personnes (Swettenham et al., 1998)
 2 L’enfant communiqué moins que le font les autres enfants
 3 L’enfant a tendance à suivre ses propres désirs et croyances, plutôt que d’être attentif à ou
    être facilement influencé par, les désirs et croyances des autres (Baron- Cohen, Leslie &
    Frith, 1985)
 4 L’enfant est relativement peu intéressé par ce que fait le groupe social, ou par le fait d’en
    faire partie (Bowler, 1992; Lord, 1984)
 5 L’enfant a des interêts forts et persistants
 6 L’enfant perçois les détails des informations de façon très précise (Plaisted, O'Riordan &
    Baron-Cohen, 1998a; Plaisted, O'Riordan & Baron-Cohen, 1998b)
 7 L’enfant remarque et se souvient de choses que d’autres ne remarquent pas (Frith, 1989)
 8 La vision qu’a l’enfant de ce qui est pertinent e important dans une situation peut ne pas
    coïncider avec celle des autres (Frith, 1989)
 9 L’enfant peut être fascine par les choses « à motifs », qu’elles soient visuelles (formes),
    numériques (horaires), alphanumériques (plaques d’immatriculation), les listes (de voitures,
    de chansons…
10 L’enfant peut être fascine par les systèmes, qu’ils soient simples (interrupteurs, robinets….),
    un peu plus complexes (les fronts météorologiques), ou abstraits (mathématiques)
11 L’enfant peut avoir une forte propension à collectionner des catégories d’objets (ex :
    capsules de bouteilles, cartes de réseaux ferroviaires) ou des catégories d’informations
    (types de lézards, types de roches, types de tissus…)
12 L’enfant a une forte préférence pour les expériences contrôlables plutôt qu’imprévisibles
1er tableau: "Is Asperger’s syndrome/High-Functioning Autism necessarily a disability?"(Baron Cohen 2000)

Si dans l’ensemble et de façon compréhensible, ceux ci concernent principalement
l’autisme de haut niveau ou le syndrome d’Asperger (1er tableau), ces aspects

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positifs pourraient être exploités au bénéfice des autistes plus lourdement
handicapés. Par exemple, l’écholalie peut servir de base pour développer la
communication (Schuler, Prizant 1987)

   6. Les compétences et les aptitudes sociales
Sans aptitudes sociales, les caractéristiques les moins positives de l’autisme vont
masquer tous les bénéfices des aspects positifs. Pour commencer, l’apprentissage
de comportements sociaux de base permettra la découvertes de compétences par
ailleurs masquées pas les attitudes asociales et des troubles du comportement
envahissants. Même les artistes et les créateurs les plus talentueux se font rejeter
s’ils ne se comportent pas socialement avec un minimum de correction.

Mais à l’inverse, les compétences exceptionnelles pourraient être utilisées comme
levier pour développer les aptitudes sociales. Elles pourraient aider à développer
chez les personnes autistes l’estime de soi et la socialisation

Les compétences mènent au succès : Etre constamment en situation d’échec
entraîne du désespoir chez l’enfant et plus généralement génère l’angoisse de
prochains échecs. Exploiter les potentiels de l’enfant lui donnera l’opportunité de
réussir.
Le succès entraîne l’estime de soi : « Je ne suis pas le plus mauvais. Pour ça, je
suis meilleur que certains enfants de ma classe »
Les compétences attirent la participation : Reconnaître une compétence
particulière chez un enfant attirera d’autres enfants vers lui.
La participation est un pas pour se faire des amis : Rencontrer d’autres enfants
ouvre la voie vers les contacts sociaux et potentiellement à se faire des amis
Utilisation positive dans les temps de loisir : Tous les talents et aptitudes
spéciales peuvent mener à des activités extrêmement variées qui peuvent rendre les
temps de loisirs bien plus structurés et moins problématiques.

Quelques un parmi les individus les plus talentueux ont fait l’expérience d’évolutions
remarquables au niveau de leur intégration sociale comme membres à part entière
de groupes sociaux. Ils sont reconnus comme de grands contributeurs de la société.
Mais même ceux qui ont des talents moins exceptionnels peuvent grandement
bénéficier de l’exploitation de leurs compétences. Cependant, dans tous les cas, cela
requiert beaucoup de soutien autour de la personne.

   7. Les Eclats de compétences chez les individus sans talents
      apparents
Comme nous l’avons dit précédemment, nous devrions toujours chercher les aspects
« positifs » de l’autisme, même lorsqu’il n’y a pas de talents exceptionnels
apparents. Ceux ci doivent faire l’objet de recherches parfois proches d’une enquête
scientifique, étant donné qu’ils sont souvent cachés derrière les stéréotypies et les
troubles du comportement.

Il est aussi parfois difficile d’identifier les talents spéciaux chez les individus autistes
plus lourdement handicapés. Cela vient du fait qu’ils peuvent être exprimés à travers
des comportements ou des actes auxquels nous ne n’attribuons pas de valeur en

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tant que neurotypiques. Exploiter de telles compétences peut exiger que nous ayons
l’esprit très ouvert et alerte. Une fois découvertes, de telles capacités peuvent
s’avérer réellement exceptionnelles et un parent ou professionnel compétent peut se
débrouiller pour les tourner à l’avantage de l’enfant.

Résumé
Nous devrions tous être convaincus qu’il y a toujours des compétences exploitables
dans l’autisme pour aider les individus à développer une meilleure qualité de vie. Ces
compétences peuvent être plus ou moins exceptionnelles et plus ou moins visibles,
mais elles sont là. Voici quelques recommandations qui pourraient être utiles pour
travailler dans ce domaine :
Cherchez les compétences (talents ou eclats de compétences) Gardez votre
esprit ouvert, observez attentivement les compétences émergentes, même si elles ne
semblent pas importantes à vos yeux. Elles pourraient s’avérer utiles dans une
stratégie éducative plus généralisée.
Entretenez ces compétences : En ce sens, les enfants atteints d’autisme ne sont
pas différents des autres. Les compétences doivent êtres entretenues, même si elles
semblent naturelles et aisément acquises chez certains des individus les plus
talentueux. Cela exigera peut être des approches différentes d’enseignement,
appropriées aux style cognitif des personnes autistes. Toutefois, on peut compter sur
la motivation, la concentration sur certains intérêts, l’absence d’ennui que provoquent
les exercices répétitifs et quelques uns des aspects dont nous avons parlé.
Réexaminez les particularités dans l’autisme « Pensez positif », essayez
d’envisager quelques uns des traits de l’autisme comme un différent mode de
pensée, plutôt que comme une incapacité.
Utilisez les comme levier pour les apprentissages Utilisez les domaines les plus
hauts de compétences pour aider dans l’acquisition de compétences dans les
domaines ou l’enfant a plus de difficultés
Utilisez les pour motiver l’individu Nous avons vu que la motivation est un facteur
décisif qui peut être issu des compétences spéciales dans l’autisme, que ce soit une
motivation directe (intérêt pour la tâche) ou indirecte (récompense pour un
comportement approprié)
Utilisez les pour développer l’estime de soi Cela fera prendre à l’enfant une
attitude plus positive envers son propre potentiel
Encouragez le partage social La plupart des personnes autistes les plus
talentueuses ont tendance à garder leur travail pour eux. Beaucoup n’ont pas
conscience que ce qu’ils ont fait est magnifique et que ça pourrait être partagé avec
d’autres. Il peut s’avérer nécessaire de mettre en place une stratégie pour éduquer
un tel partage du succès.
Un excellent moyen pour éviter les soucis durant les temps de loisir En fin de
compte, comme nous le savons tous, les temps de loisir peuvent être les plus
difficiles à gérer avec les personnes autistes. Exploiter les intérêts particuliers et les
talents peut se révéler être un très bon moyen pour réduire considérablement ces
problèmes.

Conclusion

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