Bank - Perspectives 2018 de Swissquote
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Perspectives 2018 de Swissquote ◚⯎ ◚⯎Bank Peter Rosenstreich Arnaud Masset Vincent-Frédéric Mivelaz Head of Market Strategy Market Analyst Market Analyst +41 58 226 29 06 +41 58 226 26 36 +41 58 721 96 94 peter.rosenstreich@swissquote.ch arnaud.masset@swissquote.ch vincent-frederic.mivelaz@swissquote.ch www.swissquote.com www.swissquote.eu
◚⯎ Sommaire Panorama général 3 Croissance généralisée (enfin !) 3 La reflation est là 3 Les politiques monétaires expansionnistes restent en place 4 Motifs d’insomnie 5 Les Bourses mondiales peuvent encore monter 6 Les matières premières souffrent toujours d’une offre excédentaire 7 Les thèmes à surveiller en 2018 8 La Fed sur la brèche face à l’inflation 8 Une Europe unifiée émergera de la crise catalane 8 La Chine comble le vide politique 9 Les cryptomonnaies ou le vrai vote “populiste” 9 Les marchés émergents en chefs de file de la croissance 10 États-Unis 11 Croissance / Inflation / Politique monétaire / Le facteur X 11 Zone Euro 14 Croissance / Inflation / Politique monétaire / Le facteur X 14 Royaume-Uni : décélération due aux incertitudes entourant le Brexit 16 Croissance / Inflation / Politique monétaire / Le facteur X 16 Suisse 18 Croissance / Inflation / Politique monétaire / Le facteur X 18 Bref point sur le marché des changes 20 Prévisions macroéconomiques 24 Prévisions sur les devises mondiales 27 2
Prix (USD) % 120 USDJPY 0.7 TIPS US 10 ans 0.6 118 Panorama général 0.5 116 0.4 114 0.3 112 0.2 Croissance généralisée (enfin !) 110 0.1 108 0 Les perspectives de l’économie mondiale n’ont pas été aussi souriantes depuis 01.2017 02.17 03.17 04.17 05.17 06.17 07.17 08.17 09.17 10.17 11.17 12.17 près de 10 ans. La reprise devrait non seulement se poursuivre en 2018, mais aussi s’étendre au monde entier. La croissance s’annonce positive dans tous les pays du G20, ce qui n’était pas arrivé depuis longtemps. La plus grande surprise est venue de l’Europe. De son côté, la Chine a déjoué les craintes entourant son rééquilibrage. Quant aux États-Unis, ils ont connu une accé- Le cycle économique est lération au deuxième semestre. Si dans certains pays (tels les Prix États-Unis), de l'immobilier neuf (£)le à ses débuts ou à mi-parcours 4500 12 cycle économique est proche de la maturité, il est encore à ses débuts ou à dans la plupart des pays 4000 mi-parcours.dans d’autres régions (comme l’Europe). 10 3500 La dispersion laisse penser que le ralentissement dans Croissance du PIB réel (%) 3000 États-Unis 8 PÉRIODE DE PRÉVISION une zone sera sans doute compensé ailleurs. De même, 15 2500 Zone euro Chine 6 en dépit du recul du chômage et du rétrécissement de 2000 Japon 10 Monde l’écart de production, le risque de surchauffe d’une seule 1500 4 économie paraît moins probable. Compte tenu de la 1000 5 2 stabilité des marchés développés, de la croissance des 500 Commandes de logements neufs RU Prix de l'immobilier national RU 00 0 PIB et de l’accélération des marchés émergents, nous 2012 2013 2014 2015 2016 2017 nous attendons à voir l’économie mondiale afficher -5 une progression saine de 3,4 % (contre 3,2 % en 2017), soit son rythme le plus rapide depuis 2011. 2002 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 16 18 19 Source: Swissquote Bank, Bloomberg La reflation est là Points de base 400 Les perspectives mondiales d’inflation se sont largement améliorées Si la croissance devrait connaître une amélioration ré- 300 Inflation des prix à la consommation (%) gulière, la pression sur les prix s’avèrera limitée. Mue 3.5 200 par la hausse de la consommation intérieure et du com- 2016 2017 2018* 2019* 3 100 merce extérieur, l’inflation reste modérée, malgré une * PÉRIODE DE PRÉVISION 2.5 croissance robuste et des marchés du travail tendus. 0 2 Des thématiques de long terme – vieillissement de la -100 Spreads rendements 30-2 ans population, affaiblissement de la croissance de la pro- 1.5 -200 ductivité et mondialisation — sont appelées à persister. 1 1978 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 Il est cependant encore trop tôt pour annoncer la mort 0.5 de la courbe de Phillips. Nous verrons sans doute une 0 accélération des salaires marginaux en 2018, parallèle- -0.5 États-Unis Zone euro Chine Japon Monde ment au resserrement de l’emploi. L’inflation mondiale Source: Swissquote Bank, Bloomberg est attendue en progression, mais à une cadence peu susceptible d’alarmer les banques centrales. Les marchés développés devraient Barils (BBL) USD pointer à la hausse pendant la majeure partie de 2018, sur fond 3000de reprise de la 70 dynamique générale d’inflation. Dans ces économies, la plupart des banques WTI Bassin permien Bassin de Bakken 60 2500 centrales, dont la Réserve fédérale et la BCE, peineront toutefois à atteindre leur Bassin d'Eagle Ford 50 2000 objectif d’inflation sous-jacente de 2 %. Les perspectives sont plus différenciées 40 sur les marchés émergents. Malgré le repli actuel, l’inflation en Asie, 1500 hors Japon, 30 est prévue en nette augmentation, tirée par la Chine et l’Inde. L’Amérique 1000 latine 20 souffre, quant à elle, de la baisse des prix des matières premières 500 et subira un 10 nouveau ralentissement avec le Mexique et le Chili. 3 0 0 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 2015 2016 2017
Les politiques monétaires expansionnistes restent en place L’optimisme généralisé des marchés tient à ce que la politique monétaire entre- tiendra des conditions financières favorables à l’aide d’une nouvelle expansion du bilan. Il est difficile de prétendre que l’accommodement monétaire n’a pas alimenté l’appétit pour le risque, permettant aux investisseurs de négliger les problèmes de court terme. L’économie mondiale devrait croître, quoique plus lentement par rapport à son rythme récent. L’inflation américaine augmentera par suite de la tension du marché du travail et de l’intensification de la pres- sion salariale, ce qui soutiendra une hausse des rendements. Néanmoins, du fait de facteurs propres aux pays, le découplage des politiques monétaires se poursuivra au début de l’année 2018. Parmi les trois grandes banques centrales, seule la Fed devrait s’orienter peu à peu vers la normalisation en 2018, avec un relèvement des taux d’intérêt et une réduction du bilan. La Banque du Japon (BoJ) et la Banque centrale européenne (BCE) procèderont sans doute à des ajustements, notamment sur les programmes d’assouplissement quantitatif, qui auront cependant un effet limité sur les marchés, puisque la planche à billets continuera de tourner et qu’aucune hausse des taux n’est prévue en 2018. La Banque populaire de Chine (PBoC) devrait remonter ses taux de seulement Les mesures extrêmes de 25 points de base au quatrième trimestre 2018. Dans cette optique, les taux politique monétaire ont porté d’intérêt demeureront profondément enfoncés en ter- les valorisations boursières ritoire négatif sur les marchés développés, tandis que % s-Unis les investisseurs resteront guidés par la quête de rende- 2500 40 PÉRIODE DE PRÉVISION e euro ne ments. Le risque principal dans ce cadre vient peut-être 35 2000 on nde du Japon, où un changement de politique monétaire 30 semble se profiler. La BoJ a en effet réduit le montant de 1500 25 ses rachats de JGB, en laissant entendre que l’objectif de 20 rendement des emprunts d’État à 10 ans pourrait passer 1000 15 à 25 pb d’ici mi-2018. Indice MSCI World 10 500 Au vu des perspectives positives, il ne paraît guère né- 5 Actifs Banques centrales G4 cessaire de recourir à des politiques monétaires telles 0 % PIB 0 16 16 18 19 celles mises en place dans le sillage de la crise financière 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2007–2008. Les banques centrales disposent toutefois Source: Swissquote Bank, Bloomberg de peu d’outils pour gérer une crise ou une récession économique classique. Les marchés s’en trouvent dangereusement % exposés et selon nous, les craintes en la matière sont l’élément moteur de la tendance à 16 la normalisation. Nous pouvons en retirer deux conclusions. Premièrement, 14 les Rendements bénéficiaires S&P 500 Rendements US 10 ans banques centrales devraient privilégier la prudence pour établir leur politique. 12 Deuxièmement, le seuil d’injection d’une dose de soutien monétaire10 est élevé. 8 6 ndements 30-2 ans 4 2 10 12 14 16 0 1980 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 4 USD Croissance du PIB réel (%) 70 8 Croissance du PIB a/a (%) Croissance du PIB 2018 60 6
Motifs d’insomnie Croissance du PIB réel (%) États-Unis PÉRIODE DE PRÉVISION 15 Zone euro Chine Japon Monde La croissance n’est pas seulement bénéfique pour l’économie, elle10l’est aussi sur le plan social. L’environnement général reste menaçant : tensions persistantes 5 au Moyen-Orient (flou quant au jeune prince héritier d’Arabie Saoudite, transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem annoncée par les États-Unis), 0 Brexit et incertitudes autour de Donald Trump (bras de fer verbal avec la Corée du Nord, -5 protectionnisme et interrogations sur la politique intérieure, pour n’en citer que quelques-unes). Cela étant, traditionnellement, quand les économies vont 2002 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 16 18 19 bien, le risque de cristallisation des conflits s’éloigne. Si cette théorie n’est pas infaillible, le fait est que les menaces s’amenuisent. Par conséquent, nous nous L’aplatissement des rendements laisse entrevoir un risque de récession proposons de continuer à ignorer les effets d’annonce et Points de base de nous fonder sur l’issue la moins extrême pour guider 400 nos décisions d’investissement. Cette stratégie a très 300 bien fonctionné en 2017. Si nous parvenons à survivre 200 aux poussées de volatilité causées par Donald Trump, 2018 devrait couler comme un long fleuve tranquille 100 (je plaisante !). 0 Spreads rendements 30-2 ans Pour autant, les valorisations élevées et la stabilité so- -100 ciale dépendent de l’amélioration régulière des pers- -200 pectives de croissance. Il serait difficile de justifier les 1978 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 cours actuels en cas d’accélération ou de décélération. Source: Swissquote Bank, Bloomberg La courbe des rendements américains ne signale plus de récession, ce qui ne signifie pas que les risques ont disparu. Un choc commercial, par suite de la politique protectionniste de Donald Trump (“Rendre sa grandeur à l’Amérique”) par exemple, ferait très vite dérailler les prévisions. Le deuxième grand risque est un faux pas monétaire, par exemple une réaction Barils (BBL) USD 3000 70 asymétrique des banques centrales à la hausse des perspectives d’inflation. WTI Bassin permien Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale (bientôt remplacée 2500 par Je- Bassin de Bakken Bassin d'Eagle Ford 60 rome Powell) a admis ne pas savoir pourquoi l’inflation ne s’était2000 pas redressée. 50 Il ne doit pas être simple d’établir une politique monétaire sur 1500 la base d’une 40 dynamique inexpliquée et les résultats peuvent laisser à désirer. Une soudaine 30 1000 accélération de l’inflation ouvrirait la porte à une réévaluation brutale de la 20 500 trajectoire monétaire américaine. La stratégie de réduction du bilan de la Fed 10 présente aussi un risque. Après dix ans d’intervention de la banque 0 centrale, 0 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 une diminution des rachats de la dette américaine pourrait avoir2015 des consé-2016 2017 quences imprévisibles. Taux de chômage (%) 12 10 Confiance des consommateurs UE Taux de chômage UE 10 0 8 -10 6 -20 4 -30 2 -40 0 2001 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 5
% 2500 40 s-Unis PÉRIODE DE PRÉVISION e euro 35 ne on 2000 30 nde Les Bourses mondiales peuvent encore monter 1500 25 20 Les actions mondiales ont connu une ascension spectaculaire, marquée par un1000 15 rebond généralisé en 2017 et un indice MSCI World en progression de 20 %. Un Indice MSCI World 10 500 nombre croissant d’analystes anticipent une correction due à la survalorisation. 5 Actifs Banques centrales G4 Nous restons sceptiques, compte tenu du contexte actuel : le simple0 fait que % PIB 0 16 16 18 19 les marchés grimpent n’est pas nécessairement synonyme de repli imminent. 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Les actions restent La complexité vient de ce que l’on ne sait pas exactement où le monde se plus attractives situe dans le cycle économique et quelles seront les que les obligations prochaines interventions des banques centrales. En règle % générale, quand le cycle économique est dans une phase 16 de plateau, la croissance des bénéfices décélère en rai- 14 Rendements bénéficiaires S&P 500 Rendements US 10 ans son de la faible augmentation du niveau d’endettement 12 des entreprises, ce qui pèse sur les cours boursiers. En 10 l’occurrence, nous pensons cependant en être encore 8 ndements 30-2 ans au début de la période d’expansion. Un rythme de crois- 6 sance sain et des conditions financières généreuses 4 2 continueront de soutenir les bénéfices des entreprises, 10 12 14 16 0 malgré des facteurs négatifs, dont le ralentissement de 1980 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 la dynamique commerciale (qui reste toutefois supé- Source: Swissquote Bank, Bloomberg rieure à la tendance historique dans certaines régions). En outre, les alternatives ne semblent pas attractives. Les premiers stades du resserrement monétaire témoignent d’une dynamique de croissance, avec des taux américains toujours très en deçà de leur norme historique. Les banques USD centrales mondiales relevant graduellement leurs taux, le principal moteur de Croissance du PIB réel (%) 70 l’appréciation des actifs reste en place. La courbe des rendements 8 américains Croissance du PIB a/a (%) Croissance du PIB 2018 60 est plate, mais une inversion totale de la courbe est nécessaire 6avant que la 50 probabilité d’une correction se manifeste. 4 40 2 30 0 20 -2 10 Balance globale des paiements -4 (% du PIB) 0 07 08 09 10 11 -6 Chine Hong Kong Inde Indonésie Malaisie Philippines Singapour Thaïlande Vietnam % Taux de chômage (%) 3.5 12 3 2.5 IPC 10 IPC sous-jacent 2 8 1.5 1 6 0.5 0 4 -0.5 2 -1 -1.5 0 -2 15 16 17 2002 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 6 % % 0.7 3.5 États-Unis Royaume-Uni 0.6 3 Suède
PÉ 5 0 -5 Les matières premières souffrent toujours 2002 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 16 18 19 d’une offre excédentaire La croissance mondiale demeure solide et généralisée, emmenée par l’activité industrielle et l’investissement, ce qui soutient les perspectives des matières Points de base Les prix du pétrole premières. 400 Notre position est haussière, car les efforts visant à limiter la sur- stimulent la production feront face à l’augmentation de la demande. Dans le secteur de production de gaz 300 l’énergie, nous nous attendons à voir le Brent et le WTI atteindre en moyenne de schistes 65 $200et 60 $ le baril respectivement. L’inclusion du Nigeria et de la Libye, et la prolongation de la réduction de la production de l’OPEP (qui devait expirer au 100 premier trimestre 2018, mais sera étendue) favoriseront l’équilibre du marché. La production 0 américaine de gaz de schistes continuera toutefois de réagir aux prix pétroliers, ce qui freinera le potentiel de hausse. La confiance dans Spreads rendements 30-2 ans l’expansion -100 mondiale, l’optimisme à contre-consensus en Chine et les attentes restreintes -200 de relèvement des taux de la Fed alimenteront les longs sur les métaux1978 de80base. Nous sommes moins haussiers sur les métaux précieux. Les 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 banques centrales s’engageant dans la normalisation, la demande d’une “réserve de valeur” à des fins de protection contre un excès monétaire diminuera. De plus, la montée des cryptomonnaies offre d’autres options aux investisseurs. Les produits agricoles se sont récemment extraits de leurs plus bas pour entrer dans un environnement positif. Les prix du pétrole stimulent la production de gaz de schistes Barils (BBL) USD 3000 70 WTI Bassin permien 2500 Bassin de Bakken 60 Bassin d'Eagle Ford 50 2000 40 1500 30 1000 20 500 10 0 0 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 2015 2016 2017 Source: Swissquote Bank, Bloomberg Taux de chômage (%) 12 10 Confiance des consommateurs UE Taux de chômage UE 10 0 8 -10 6 -20 4 -30 2 7 -40 0 2001 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17
Les thèmes à surveiller en 2018 La Fed sur la brèche face à l’inflation Pour reprendre les termes des critiques lors de la sortie du premier album éponyme de The Clash, la “seule chose qui compte” à présent est la politique L’évolution des monétaire des banques centrales, avec la Réserve fédérale américaine en tête cours boursiers d’affiche. L’évolution des cours boursiers mondiaux sera directement liée aux décisions de la Fed et d’autres banques centrales. Selon nous, l’expansion- mondiaux sera nisme monétaire est la raison principale des valorisations tendues actuelles. directement liée Cependant, tant qu’un groupe de banques centrales n’entreprendra pas un aux décisions de effort concerté de normalisation, l’appétit pour le risque restera aveuglément la Fed et d’autres soutenu. Si de nombreuses banques centrales de pays développés demandent banques centrales. de la patience aux marchés, la Fed se tient prête à passer à l’action en cas de reprise de l’inflation. Nous anticipons une croissance du PIB américain de 2,2 % en 2018, tandis que le marché du travail tendu devrait pousser le PCE sous- jacent annuel à 1,8 %. Curieusement, en dépit d’une économie et d’un emploi robustes, l’inflation ne s’est pas manifestée. Les problèmes susceptibles d’im- pacter l’inflation et d’inquiéter la Fed sont les risques liés aux politiques bud- gétaire et commerciale, qui sont soumises à la gestion imprévisible de Donald Trump. Après le relèvement des taux largement attendu en décembre, nous prévoyons trois tours de vis supplémentaires en 2018. La Fed est demeurée sur le qui-vive, s’attendant à ce que le marché du travail ultra-tendu donne un coup d’accélérateur soudain à la croissance des salaires et aux prix à la consommation. Plutôt de rester les bras croisés, elle procèdera à un resserrement graduel via les taux d’intérêt et la réduction du bilan. À sa hantise d’une flambée de l’inflation, s’ajoute, dans une moindre mesure, sa volonté de reprendre le contrôle des outils de politique monétaire qui ont été épuisés dans la lutte contre la crise financière mondiale et la stagnation qui en est résultée. Une Europe unifiée émergera de la crise catalane L’”américanisation” de l’Europe va bon train. La crise catalane constitue un tour- nant décisif pour l’Union européenne. Malgré les appels de la Catalogne et de la communauté internationale à condamner les violences policières survenues lors du référendum sur l’indépendance, Bruxelles et la plupart des États membres sont restés muets. Il y a eu un choix ferme d’intégration, les voix minoritaires étant structurellement étouffées par la majorité. Ces événements déconcertants interviennent dans le sillage des victoires électorales remportées dans deux pays fondateurs de l’Europe, par Emmanuel Macron en France et Angela Mer- kel en Allemagne, qui plaident tous deux en faveur d’une intégration accrue et plus rapide de l’UE. Le début de l’année 2017 a été marqué par la menace d’un effondrement de l’Union, la montée du populisme laissant craindre la fin du fédéralisme européen. Un an plus tard, l’UE est unifiée et progresse sur le plan économique. Des décisions cruciales pour l’avenir de la zone euro et de l’UE 8
se profilent en 2018. L’Europe a de tout temps été préoccupée par le risque de fragmentation, craignant que des questions mineures finissent par avoir raison de son unité. Les incertitudes soulevées par l’indépendance de la Catalogne, les élections en Italie et l’austérité en Grèce perdureront, mais elles sont moins susceptibles de peser sur une Europe unifiée ou de générer un “choc”, grâce au puissant trio Macron-Merkel-Draghi. Cette théorie aura un effet profond sur les anticipations d’événements tels que le Brexit et les élections italiennes. La Chine comble le vide politique La focalisation de Donald Trump sur la militarisation en Asie a offert à la Chine l’occasion de prendre le rang de puissance régionale incontestée. L’économie À en juger par le du pays est attendue en léger recul, sous 6,6 %, en 2018. La Chine procède à Forum économique un resserrement monétaire prudemment géré et destiné à freiner les emprunts mondial 2017 par le biais du système financier parallèle du pays. Elle continue de mettre en place des réformes qui pénalisent la croissance et expliquent son ralentisse- de Davos et le ment soutenu. Pourtant, sa domination économique de la région reste indis- congrès du parti cutée et est en passe d’occuper l’espace politique. Face à l’imprévisibilité de communiste Donald Trump, Pékin a revêtu le manteau de leader régional et mondial. Dans chinois, Xi Jinping les années 1980, Deng Xiaoping avait déclaré que la Chine devait “attendre et la Chine sont son heure et cacher ses talents” pendant sa phase d’émergence. À en juger par prêts à sortir de le Forum économique mondial 2017 de Davos et le congrès du parti commu- l’ombre. niste chinois, Xi Jinping et la Chine sont prêts à sortir de l’ombre. À l’orée de 2018, le monde doit travailler avec un Empire du Milieu affichant une pleine confiance et une formidable puissance économique. La Chine déploiera une diplomatie tout en douceur dans l’ancien TPP rebaptisé CPTPP (Comprehensive Progressive Trans-Pacific Partnership, Accord global et évolutif de partenariat transpacifique) et le projet de nouvelle route de la soie de 900 milliards de dollars. La ceinture économique de la route de la soie chinoise et la route de la soie maritime du 21e siècle pourraient bien encercler une large partie de la planète. Nous pensons que la direction et la cadence des réformes de marché seront moins fondées sur l’orientation des autres pays et des organisations supranationales, que sur les efforts internes visant à ancrer le modèle hybride chinois, qui intègre politique et économie. De plus, le dernier congrès du parti a laissé présager un rôle grandissant d’une planification centralisée afin d’éviter les ralentissements cycliques, ce qui pourrait saper le pouvoir du parti communiste. Les cryptomonnaies ou le vrai vote “populiste” Les cryptomonnaies sont devenues la “Gray Matter Technologies” des inves- tisseurs, sans la méthamphétamine. Le crypto-univers est un espace innovant qui offrira de nombreuses possibilités, dont l’explosion du bitcoin n’est qu’un exemple. L’élection surprise de Donald Trump à la présidence des États-Unis a été attribuée à un mouvement de réaction. Autrement dit, la vox populi n’a pas élu un homme, mais a rendu son verdict sur un système défaillant. L’essor des cryptomonnaies nous paraît être le moteur de l’utilisation des devises alterna- 9
e euro PÉRIODE DE PRÉVISI 35 e n 2000 30 de 25 1500 20 1000 15 Indice MSCI World 10 500 tives et de leur trajectoire haussière. Les actions des banques centrales mon- 5 diales au cours des 40 dernières années, et leur multiplication ces 0dix dernières Actifs Banques centrales G4 % PIB 0 6 16 18 19 années, ont miné la confiance du public dans le monopole monétaire 2006 des États. 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 La Fed a sorti 4 000 milliards de dollars de son chapeau, dans le cadre d’une création mondiale de liquidités de 20 000 milliards de dollars. Le gouvernement n’est plus limité par l’offre de marché – on connaît les abus de confiance fondés % sur les matières premières, tels que l’or ou l’argent. Nous sommes 16 conscients que l’appréciation des monnaies alternatives tient en partie à la spéculation et 14 Rendements bénéficiaires S&P 500 Rendements US 10 ans à des technologies révolutionnaires, mais la plupart des utilisateurs 12 sont des citoyens moyens qui n’ont plus confiance dans la capacité de l’État à protéger 10 leur patrimoine. La décentralisation des monnaies alternatives8 permet aux Vénézuéliens et aux Zimbabwéens d’échapper à des régimes oppresseurs 6 et ndements 30-2 ans économiquement hasardeux. Certes, des corrections sont inévitables, mais les 4 monnaies alternatives n’en sont pas moins promises à un bel avenir. 2 10 12 14 16 0 1980 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 Les marchés émergents en chefs de file de la croissance Les marchés émergents d’Asie bien positionnés pour une appréciation des actifs Le resserrement monétaire graduel de la Fed et les pers- USD Croissance du PIB réel (%) 70 pectives d’une croissance mondiale équilibrée incite- 8 Croissance du PIB a/a (%) Croissance du PIB 2018 60 ront les cambistes à acheter des devises émergentes 6 50 à rendement élevé. Les attentes d’un dollar fort sont 4 40 basses, car le billet vert est cher du point de vue des 2 30 rendements réels et les opérateurs optent pour des carry 0 20 trades en phase de faible volatilité. Les marchés utilise- -2 10 ront le dollar pour financer des opérations de portage Balance globale des paiements (% du PIB) 0 sur des émergentes à haut bêta, créant une pression -4 7 08 09 10 11 constante sur l’USD. À l’attrait des rendements, s’ajoute -6 Chine Hong Kong Inde Indonésie Malaisie Philippines Singapour Thaïlande Vietnam la dynamique de la croissance réelle, gage de durabilité Source: Swissquote Bank, Bloomberg de la reprise des marchés émergents. Ces derniers ont continué de progresser plus rapidement que leurs homologues développés, Taux de chômage (%) avec des gains plus élevés, en 2017. Ils devraient rester sur la même % lancée en 3.5 12 2018. En 2017, la croissance des PIB des pays émergents est anticipée 3 à 4,5 %, 10 un niveau inédit depuis 2015, contre 2,10 % pour les marchés développés. Le 2.5 IPC IPC sous-jacent 2 8 protectionnisme a fait les gros titres début 2017, après le retrait du TPP et la 1.5 remise en cause de l’ALENA par Donald Trump. Les remous se sont 1 rapidement 6 apaisés et le commerce mondial a accéléré. L’indice Baltic Dry a rebondi 0.5 sur ses 0 4 plus bas pour inscrire un pic de deux ans, surfant sur la vague de la demande. -0.5 2 Les prévisions de croissance mondiale ont été revues en hausse-1à 3,6 % pour 2018, les perspectives des marchés développés s’étant améliorées. -1.5 Pour les 0 -2 15 16 17 marchés émergents, la thématique phare 2018 sera l’intensification 2002 du 03 com- 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 merce international. La Chine a conclu 15 accords de libre-échange avec 23 pays et régions. Le protectionnisme continuera de faire couler de l’encre, mais les actions concrètes resteront limitées, même sous l’administration Trump. Le commerce entre pays émergents offrira une certaine protection contre une % décélération de la croissance, un renforcement du dollar et les% incertitudes 0.7 politiques aux États-Unis, en Europe et au Japon. 3.5 États-Unis Royaume-Uni 0.6 3 Suède Allemagne 2.5 Suisse 0.5 2 10 0.4 1.5 0.3 1 0.2
0 4 -0.5 2 -1 -1.5 0 -2 15 16 17 2002 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 États-Unis % % 0.7 3.5 États-Unis Royaume-Uni 0.6 L’année 2017 a renforcé la notion de fonctionnement séparé de la 3 politique et Suède Allemagne 0.5 de l’économie aux États-Unis. Malgré les incertitudes et les risques 2.5 suscités par Suisse 0.4 le président Trump, l’économie a poursuivi son embellie, pour afficher 2 près de 0.3 10 ans d’expansion. Au vu de la faible inflation et de l’augmentation de la pro- 1.5 0.2 ductivité, 2018 connaîtra une nouvelle accélération de la croissance.1 Le marché 0.5 du travail tendu stimulera la croissance des salaires, poussant les rendements, 0.1 0 mais à un rythme qui n’effraiera pas les investisseurs. Nous conseillons comme 0 -0.5 toujours aux investisseurs d’ignorer les tweets de Donald Trump -1 pour rester 11.17 12.17 centrés sur le solide contexte économique. 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Croissance La confiance est élevée, mais les dépenses sont peu fiables À l’approche de 2018, les données de l’économie in- % Indice de confiance des consommateurs 12 térieure se sont redressées, notamment au quatrième 120 de l'Université du Michigan 1.2 10 trimestre, portant les attentes à 2,4 % en glissement 100 % Dépenses de consommation mensuelles US 1 annuel. La dynamique plus forte que prévu, tirée par 0.8 8 80 un écart de production positif et un taux de chômage 0.6 6 bas, fait présager la poursuite de l’amélioration en 2018. 60 0.4 4 Le chômage devrait passer sous 4 %, ce qui mettra les 0.2 40 coûts du travail sous pression et incitera les chefs d’en- 0 2 treprise à investir davantage dans les dépenses d’équi- 20 -0.2 0 pement que dans l’emploi. Cette réorientation contri- 0 -0.4 2017 buera à doper la productivité. L’adoption de la réforme 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 fiscale pourrait être suivie d’une autre victoire législative. Source: Swissquote Bank, Bloomberg D’après les estimations, ce programme légèrement expansionniste se traduira par une relance de 1 000 milliards de dollars sur les 10 prochaines années. Dans un contexte économique déjà vigoureux, les effets seront modérés, à savoir une poussée du PIB de 0,2 % lors de la première année d’entrée en vigueur. On anticipe toutefois un impact asymétrique, soit une augmentation de 0,5 % du déficit. L’attention va désormais se tourner vers le plan d’infrastructures IPC annuel de Donald Trump, qui aurait des conséquences directes importantes sur l’éco- 3 nomie américaine. Eu égard à la mainmise des républicains sur la Chambre 2.5 USD des représentants et le Sénat, et à leur récent succès législatif, une stimulation EUR 2 JPY budgétaire généreuse paraît probable. GBP 1.5 CHF AUD 1 NZD NOK Inflation 0.5 SEK CAD 0 Compte courant % PIB Les investisseurs sont à présent confrontés à une question cruciale -6 : où -4 est-2 0 2 4 6 8 10 12 Monde passée l’inflation et quand reviendra-t-elle ? Son absence interpelle la Réserve fédérale. En 2018, elle est censée renouer avec ses moteurs traditionnels, hy- pothèse qui nous laisse sceptiques. La Fed a suggéré que la dynamique des prix avait été entravée par une combinaison de facteurs temporaires, dont les 11
conditions météorologiques, la hausse du dollar et la décélération des contrats de location et de télécommunication. La courbe de Phillips et les intrants sen- sibles réagiront au recul du chômage. Une plus grande sécurité de l’emploi et une diminution des impôts sont à même de favoriser la consommation. L’inflation “core PCE” (hors énergie et alimentation) ne devrait cependant pas dépasser 1,8 % en glissement annuel, pour s’établir légèrement au-dessus de son niveau de 2017 de 1,5 %. De notre point de vue, ce phénomène ne tient pas à l’absence de croissance des salaires, mais aux changements structurels clés en cours aux États-Unis (et dans le monde entier). Le premier est l’inflation des actifs intervenue à la place de l’inflation des prix à la consommation. Le second porte sur les adaptations technologiques, allant des sites de comparaison des prix en ligne aux applications facilitant la flexibilité du travail, qui continuent d’exercer une pression baissière. Un New-Yorkais peut ainsi trouver la brique de lait la moins chère en quelques secondes et se la faire livrer en une heure. L’échec de la Fed (et des banquiers centraux) à s’adapter à cette nouvelle réalité accentuera les distorsions des projections d’inflation. Politique monétaire L’entrée en fonction de Jerome Powell à la tête de la Réserve fédérale ne devrait pas modifier la stratégie de normalisation graduelle conduite par Janet Yellen. Après le relèvement effectué en décembre, les “points bleus” de la Fed pointent vers trois hausses supplémentaires de 25 pb en 2018 (mars, juin et septembre). Puis viendrait une longue pause, pour laisser le temps à la banque centrale d’évaluer l’effet du resserrement sur l’économie. Concernant le bilan, nous ne nous attendons pas à un changement d’orientation notable. La réduction se poursuivra comme prévu, sauf si l’économie subit une forte détérioration. Compte tenu de notre prévision d’une inflation faible, soulignée par l’appré- ciation rapide du dollar dans le sillage des hausses de taux, nous pensons que la Fed pourrait privilégier la prudence et annuler le tour de vis de juin. Le facteur X Sur le court terme, la principale incertitude vient du président Trump. En 2017, il a montré sa capacité à dominer le cycle médiatique, à bouleverser les orien- Sur le court terme, tations politiques et à interpeller le monde entier en 140 petits caractères. Les la principale efforts déployés par le secrétaire général de la Maison Blanche, John Kelly, pour incertitude vient lui faire endosser une stature présidentielle et épargner les nerfs de la planète du président Trump. ont eu un succès limité. Trump reste droit dans ses bottes. L’incertitude persis- tera, mais les marchés se sont désormais habitués à ignorer ses tweets et les accès de volatilité en résultant. Dans le domaine du commerce, toutefois, sa tendance à édicter des politiques de manière unilatérale va malheureusement se répercuter sur les prix des actifs. Il n’existe pas de doctrine claire. “Rendre sa grandeur à l’Amérique” et “L’Amérique d’abord” ne sont que des slogans dépourvus de lignes directrices fondamentales. Les actions du président dans 12
les négociations de l’ALENA ne nous permettront sans doute pas de tirer des enseignements applicables à d’autres accords commerciaux. Eu égard à la mainmise des républicains sur la Chambre des représentants et le Sénat, et à leur récent succès législatif, une stimulation budgétaire généreuse en faveur des infrastructures paraît probable. Enfin, Donald Trump continuera de couper le pays en deux, 50 % des Américains s’efforçant de limiter la portée de ses mesures politiques et sociales. À plus long terme, les prévisions d’inflation de la Réserve fédérale joueront un rôle clé. Nous pensons que les hausses de taux effectuées en 2017 visaient tout autant à se rapprocher de la normalisation qu’à maîtriser les pressions in- flationnistes. La modeste augmentation des prix, depuis un niveau certes bas, n’a pas stimulé d’autres prix d’actifs, ce qui suggère un potentiel haussier et un soutien du marché limités (nous avions prévu un effet plus large). Mais avec une fourchette de taux des fonds fédéraux à 1,25 % - 1,50 %, les relèvements supplémentaires prendront plus d’importance. L’inflation s’est systématique- ment maintenue sous les projections pendant la majeure partie de la reprise économique. Selon nous, ce sont les attentes d’un recouplage “à terme” de la courbe de Phillips qui ont conduit la politique monétaire, et non les données concrètes. Ne pas comprendre pleinement la dynamique de l’inflation moderne accroît le risque d’un faux pas monétaire, soit un resserrement prématuré, soit une réaction trop lente. Plusieurs sièges étant toujours vacants au Conseil de la Réserve fédérale, il est devenu plus difficile de se prononcer sur l’avenir de la politique monétaire. 13
200 100 0 Spreads rendements 30-2 ans -100 -200 1978 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 Zone euro Nous n’avions pas été aussi optimistes pour les perspectives européennes depuis bien longtemps. L’année 2017 a ouvert la voie à une union économique robuste et unifiée, en mesure de résister à la plupart des chocs. La fragilité Barils (BBL) USD 3000 de l’expérience européenne tenait à la crainte de voir le maillon le plus faible WTI Bassin permien 70 fragmenter le bloc. L’issue des élections en France et en Allemagne, 2500 ainsi que la Bassin de Bakken Bassin d'Eagle Ford 60 gestion du référendum sur l’indépendance en Catalogne, ont toutefois 2000 témoi- 50 gné de la solidité du cœur de l’Europe. 2018 mettra en lumière1500une formidable 40 entité en marche vers une intégration approfondie. La diminution des risques 30 1000 sociaux et politiques permettra à l’économie de progresser et réduira les risques 20 500 d’événements extrêmes. 10 0 0 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 2015 2016 2017 L’amélioration du pouvoir d’achat Croissance des ménages continue de soutenir la reprise La zone euro est la région qui bénéficie le plus de la poli- Taux de chômage (%) tique monétaire ultra-accommodante, de la détente des 10 Confiance des consommateurs UE 12 conditions financières et de la confiance des ménages. Taux de chômage UE 10 L’économie intérieure des pays de l’UME n’a cessé de 0 8 s’améliorer, laissant augurer une croissance du PIB de 2,2 -10 % en 2018, après 2 % en 2017. La forte hausse du PIB 6 prévue au troisième et quatrième trimestre, sur fond de -20 4 conditions financières accommodantes, de reprise de -30 2 l’emploi et de vigueur de la demande extérieure, plaide -40 en faveur d’une dynamique solide tout au long de l’an- 0 2001 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 née 2018. La croissance des grandes économies, telles Source: Swissquote Bank, Bloomberg l’Allemagne et l’Italie, a accéléré, tandis que les pays à la traîne, comme la Lettonie et le Portugal, rattrapent leur retard. À en croire les données, les petits pays aux économies dynamiques, à l’image de la Lettonie, de Malte et du Luxembourg, piloteront l’accélération de la croissance en 2018. Prix (USD) % L’un des facteurs clés a été la résorption des capacités inutilisées, 120 le chômage USDJPY 0.7 TIPS US 10 ans approchant les 8,5 %. Cela a permis aux ménages d’ouvrir les cordons 118 de leur 0.6 bourse après quasiment dix ans de compression des dépenses. La plupart des 0.5 116 grandes nations appliquant une politique budgétaire expansionniste, assortie 0.4 de réductions fiscales et/ou d’augmentation des dépenses, les ralentissements 114 0.3 de court terme seront absorbés. 112 0.2 110 0.1 108 0 Inflation 01.2017 02.17 03.17 04.17 05.17 06.17 07.17 08.17 09.17 10.17 11.17 12.17 L’Union européenne est à la traîne des États-Unis sur le plan du cycle conjonc- turel et de la croissance, et elle souffre d’une même absence d’inflation. Alors que l’économie a connu son rythme d’accélération le plus rapide en une dé- cennie et que les marchés du travail se sont tendus, le redressement durable des prix continue de déjouer les estimations. Dans nos perspectives d’inflation Prix de l'immobilier neuf (£) 4500 12 4000 10 3500 14 3000 8 2500 6 2000
2018, nous voyons encore un manque de pressions inflationnistes soutenues. La tension du marché de l’emploi devrait favoriser la croissance des salaires, ce qui soutiendra l’inflation. Dans ce contexte favorable, nous anticipons une accélération de l’IPC sous-jacent à 1,4 % en 2018, un niveau supérieur à sa moyenne historique, mais encore loin de l’objectif de 2 % de la BCE. Politique monétaire La Banque centrale européenne a revu ses prévisions de croissance et d’inflation en nette hausse lors de sa réunion de décembre. Elle table sur un IPC proche Nous pensons que de son objectif de 2 % d’ici 2020. Toutefois, elle prône toujours la nécessité de la BCE réduira le l’accommodement monétaire. Malgré une légère remontée de l’inflation et une rythme des rachats reprise économique généralisée, la BCE devrait rester accommodante sur les taux d’intérêt. En 2018, elle conduira son programme de rachat d’obligations à d’actifs pour clore son terme. Le premier relèvement du taux de dépôt n’est pas prévu avant mars le programme en 2019. Au fil du renforcement de l’économie, Mario Draghi devra supprimer les septembre 2018. politiques d’urgence et éviter de perturber le marché, de provoquer une flambée des rendements ou de faire grimper l’euro. Nous pensons que la BCE réduira le rythme des rachats d’actifs pour clore le programme en septembre 2018. Le réinvestissement des actifs du QE demeurera inchangé sur cette période. Les taux longs de la zone euro augmenteront peu à peu et les spreads intra-UME évolueront dans une fourchette étroite. Le facteur X Le premier est une réaction excessive de la BCE à, ou une anticipation d’une remontée des perspectives d’inflation. En cas de recouplage de la dynamique d’inflation ou de modification des prévisions, les attentes d’un relèvement des taux directeurs auront de profondes répercussions sur l’euro. La reprise écono- mique de l’Europe est due en grande partie à l’affaiblissement de la monnaie unique et à la compression de la demande des consommateurs, ce qu’un euro fort pourrait aisément faire dérailler. Les conditions financières accommodantes profitent aux pays périphériques de l’UE lourdement endettés. Une hausse des coûts d’emprunt pourrait donc provoquer un choc économique. Le second concerne les élections italiennes convoquées le 4 mars. D’après les sondages, l’Italie est le seul pays où les citoyens estiment qu’ils seraient mieux lotis sans Bruxelles. Le scrutin s’annonce serré, aussi la volatilité devrait-elle s’amplifier. Mais quand la situation s’éclaircira, la difficile formation d’une coalition em- pêchera la mise en œuvre de changements d’envergure. Sa dette élevée et la fragilité de son secteur bancaire rendent l’Italie vulnérable aux chocs internes et externes. De notre point de vue, une UE forte fera taire les velléités nationalistes ou indépendantistes et étouffera les craintes d’éclatement. 15
Taux de chômage (%) 12 10 Confiance des consommateurs UE Taux de chômage UE 10 0 8 -10 Royaume-Uni : 6 -20 4 décélération due aux incertitudes -30 2 entourant le Brexit -40 0 2001 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17 2018 s’annonce cruciale pour les négociations du Brexit, la date butoir de mars 2019 s’approchant à grands pas. Il est difficile d’établir des prévisions pour le Royaume-Uni sans prendre le Brexit en compte, mais la tâche est compliquée Prix (USD) % tant la situation est fluide. Il a été possible de se distancier légèrement 120 des USDJPY 0.7 TIPS US 10 ans pourparlers en 2017, puisque l’issue était encore lointaine. Mais à 118 l’approche de 0.6 la conclusion du divorce, les incertitudes vont profondément affecter l’écono- 0.5 116 mie, la politique et les marchés. Nous avons changé de point de vue : nous nous 0.4 attendions à une sortie en douceur, mais il semble qu’un Brexit 114dur se profile 0.3 pour le Royaume-Uni, du fait du sentiment d’unité accru de l’UE. 112 La Première 0.2 ministre Theresa May n’a pas su bien protéger son pays et a fait beaucoup de 110 0.1 concessions. Si nous restons ouverts à des changements d’orientation au fil des 108 0 négociations, nous abordons l’année 2018 en tablant sur un résultat défavorable 01.2017 02.17 03.17 04.17 05.17 06.17 07.17 08.17 09.17 10.17 11.17 12.17 aux Britanniques. Croissance Divergence entre les stocks et la demande Après une solide reprise en 2017, qui a pris les Cassandre Prix de l'immobilier neuf (£) du Brexit par surprise, les données se sont dégradées. 4500 12 Les investissements ont ralenti sous l’effet des craintes 4000 10 liées aux suites de la séparation entre le Royaume-Uni 3500 3000 8 et les Vingt-Sept, tandis que les dépenses de consom- 2500 mation ont diminué. La hausse des prix se répercute 6 2000 sur les salaires (chute des salaires réels) et l’endette- 1500 4 ment des ménages grimpe, créant une boucle négative 1000 2 sur les dépenses. Le marché immobilier paraît vulné- 500 Commandes de logements neufs RU Prix de l'immobilier national RU rable. Les investisseurs s’en détournent en raison des 0 0 incertitudes liées au Brexit et aux taux d’intérêt, et les 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Source: Swissquote Bank, Bloomberg nouvelles constructions viennent gonfler le stock de logements. La dynamique de croissance du PIB est attendue en recul à 1,5 % en glissement annuel en 2017, soit le rythme le plus bas du G10, ce qui n’est pas de bon augure pour 2018. La croissance devrait poursuivre sa décélération pour tomber à 1 % en 2018, dans un climat d’incertitude croissante sur l’issue du Brexit qui pousse les entreprises et les ménages à réduire leurs dépenses. L’avantage de change, qui a stimulé l’activité manufacturière et la demande des consommateurs internationaux, s’estompera avec le renforcement Inflation de des prixla à lalivre consommation (%) 3.5 face à l’euro et au dollar. Confronté au fléchissement de la croissance sous le 2016 2017 2018* 2019* poids du Brexit, le gouvernement conservateur devrait assouplir3 les mesures * PÉRIODE DE PRÉVISION d’austérité pour soutenir l’économie. Le Royaume-Uni bénéficiera 2.5 de la solide économie mondiale et de la croissance européenne saine. 2 1.5 1 0.5 16 0 États-Unis Zone euro Chine Japon Monde -0.5
Inflation L’inflation a été poussée à un sommet inédit depuis 2012 par l’affaiblissement de la livre résultant du vote pro-Brexit. Le bond des prix à l’importation a propulsé L’inflation a été l’IPC brut à 3,1 % en glissement annuel, tandis que le sous-jacent s’est établi à poussée à un 2,7 %, son rythme le plus rapide en six ans. Nous pensons que la pression sur sommet inédit les prix a atteint un pic, dans la mesure où l’impulsion due à l’effet de change s’atténue et que l’incertitude du Brexit pèse sur la confiance des consomma- depuis 2012 par teurs. Le marché du travail tendu ne s’étant pas encore traduit par une hausse l’affaiblissement des salaires, l’affaiblissement de la croissance diminuera les pressions en 2018. de la livre résultant La baisse des prix immobiliers a déjà commencé, tendance qui se poursuivra du vote pro-Brexit. probablement en 2018 dans un contexte de stagnation des revenus. Politique monétaire La décélération de la croissance, conjuguée aux attentes d’une inflation à un point culminant, devrait permettre au Comité de politique monétaire (MPC) de maintenir le statu quo sur les taux jusqu’en mai 2018. Toutefois, compte tenu d’un taux de chômage inférieur à son estimation du plein emploi et de la légère reprise de la croissance des salaires, la Banque d’Angleterre (BoE) devra agir. Le programme d’assouplissement quantitatif restera en place jusqu’en 2019. À l’approche de la conclusion des négociations du Brexit, le MPC ne voudra pas compliquer les choses en procédant à de nouveaux relèvements des taux et optera sans doute pour une position attentiste, le temps d’évaluer la réaction de l’économie. En 2018, la stratégie de la Vieille Dame consistera à attendre en retenant son souffle. Le facteur X S’il est un sujet qui fâche, c’est bien le déficit courant et budgétaire. Le risque principal pour notre scénario de base est qu’un accord de Brexit intervienne plus tôt ou s’avère plus “soft” qu’attendu. Il pourrait même ne pas y avoir de di- vorce, au vu de la probabilité croissante d’un deuxième référendum. Le concept d’”alignement réglementaire” donne à penser que le Royaume-Uni et l’Union européenne resteront très proches, ce qui éliminerait les incertitudes freinant l’investissement et la consommation. Le MPC serait probablement amené à adopter un cycle de taux agressif. Cependant, en cas de choc causé par un Brexit dur, la boîte à outils de la banque centrale étant vide, la BoE de Mark Carney serait pratiquement sans défense. 17
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