Bienvenue au pays de Mobility - DOSSIER AUTOPARTAGE
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DOSSIER Autopartage Texte et photos: Jérôme Faivre «La Suisse, patrie de l’autopartage», «Les Suisses adeptes du carsharing». A en croire les coupures de presse étrangères, notre pays est la référence en la matière. Qu’en est-il vraiment? N ous nous savions friands de chocolat, grands voyageurs et même champions du recyclage. De là à nous considérer comme incondition- nels du partage de voitures, il y a de la marge. Une telle affirmation surprend d’autant plus quand on sait qu’un helvète sur deux est propriétaire d’une auto- mobile. Mais d’où provient cette réputation qui nous colle à la peau ? Inutile de chercher bien loin, elle porte un nom anglicisé et habille nos routes de rouge depuis 1997 : Mobility. Un modèle du genre Car Mobility est à l’autopartage ce que Migros et Coop sont – ou plutôt étaient – à la grande distribution. La coopérative lucernoise porte à elle seule le marché du carsharing en Suisse. Par conséquent, elle en est aussi la figure de proue. Et ce n’est pas Viviana Buchmann, directrice de Mobility, qui prétendra le contraire. Suite à l’obtention en 2013 du Prix de marketing Gfm – qui, soit dit en passant, récompense «une entreprise sa- chant comme nulle autre combiner succès durable, esprit d’innovation et performances marketing ex- ceptionnelles» – elle déclarait 1 : «Mobility a su gran- dir depuis un marché de niche. Elle a gagné en noto- riété et est reconnue en tant que marque. Qui pense aujourd’hui à la mobilité pense aussi à Mobility.» La preuve par les chiffres. Un adulte suisse sur 60 est client de Mobility. La flotte de véhicules sur le terri- toire s’élève à 2650, répartis pour la plupart dans les villes et les agglomérations. A Zurich, par exemple, une voiture est disponible tous les 250 mètres. De plus, chaque localité d’au moins 5000 habitants abrite un emplacement Mobility. «En termes de densité, la Suisse est championne du monde!» affirme Viviana Buchmann. Seule en son royaume Grâce à une coopération de longue date avec les CFF et à la stratégie de la mobilité combinée, Mobility a su Lire la suite en page 16 Omniprésente sur nos routes, la flotte de véhicules rouges est l’emblème de l’autopartage en Suisse. ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 13
DOSSIER Autopartage Voiture privée ou Mobility? Mobility annonce que la combinaison de ses services avec les transports publics permet d’économiser en moyenne 4000 francs par an comparativement à l’utilisation d’une voiture privée. Evaluez vous-aussi votre économie avec notre exemple à l’appui. 1. Calculez le coût annuel de votre voiture privée Amortissement du véhicule 2000 Divisez le prix d’achat par 10. 20 000 : 10 Dépréciation du véhicule 400 Divisez le prix d’achat par 50. 20 000 : 50 Assurance 1000 Reportez votre prime annuelle. Impôts 400 Reportez votre taxe annuelle. Essence 997 Multipliez la consommation moyenne par 5,6 x 1,78 = 9,97 le prix de l’essence (1,78). Divisez par 100. 9,97 : 100 = 0,0997 Multipliez par votre kilométrage annuel. 0,0997 x 10 000 Service, antipollution, réparations 800 Selon votre kilométrage annuel, comptez 2 x 400 400 francs par tranche de 5000 km. Pneus d’hiver et été 120 Selon votre kilométrage annuel, divisez le 720 : 6 prix d’achat des huit pneus par leur durée de vie (environ 30000 km) en semestres. Parking 1200 Multipliez les frais mensuels de parking par 12. 100 x 12 Vignette autoroutière 40 40 francs Divers (nettoyage, amendes) 160 Estimez le coût annuel. TOTAL 1 7117 francs 2. Calculez le coût annuel de vos déplacements en transports publics Prix de l’abonnement 3550 Reportez le prix de votre abonnement AG pour le trajet domicile–travail ou évaluez la somme de tous vos billets. Neuchâtel–Berne Si s’applique, additionnez les abonnements de tous les membres de votre ménage. TOTAL 2 3550 francs 14 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014
DOSSIER Autopartage 3. Evaluez le coût annuel de Mobility Tarifs Mobility Utilisation de Mobility 3827 (pour un véhicule Evaluez vos besoins hebdomadaires en Mobility*. Trajet de 20 km, réservation de 3 heures Economy 5 places, Trajet de 60 km, réservation de 5 heures essence et assurance Calculez les coûts de chaque trajet (20 x 0,64) + (3 x 2,80) + (60 x 0,64) + incluses) (km × tarif kilométrique + heures × tarif horaire). (5 x 2,80) = 73,60 Tarif horaire de jour Multipliez le résultat par 52 semaines. 73,60 x 52 (7h à 23h): 2,80 Abonnement annuel Mobility 190 Tarif horaire de nuit Reportez le prix de l’abo: 190 francs pour les membres de l’ATE au lieu de 290. (23h à 7h): 0,80 TOTAL 3 4017 francs Tarif kilométrique (de 1 à 100 km): 0,64 * L’utilisation de Mobility suppose de prendre les transports publics et de se déplacer à pied ou à Tarif kilométrique vélo aussi souvent que possible. La location d’un véhicule Mobility fait sens quand les TP ne peuvent (à partir de 101 km): 0,32 pas se substituer à une voiture, par exemple pour des raisons d’accessibilité ou de temps de trajet. Tous les tarifs sur: www.mobility.ch 4. Calculez à nouveau le coût annuel de vos déplacements en transports publics Prix de l’abonnement 3550 Reportez le prix de votre abonnement Pas de changement : AG pour le trajet ou évaluez la somme de tous vos billets.** domicile–travail Neuchâtel–Berne Si s’applique, additionnez les abonnements de tous les membres de votre ménage. TOTAL 4 3550 francs ** La renonciation à une voiture privée au profit de Mobility engendre-t-elle pour vous des frais de transports publics supplémentaires? 5. Comparez les coûts annuels Avec une voiture privée 10667 Additionnez le TOTAL 1 et le TOTAL 2. 7117 + 3550 Avec Mobility 7567 Additionnez le TOTAL 3 et le TOTAL 4. 4017 + 3550 DIFFÉRENCE – 3100 francs Conclusion J’économise annuellement 3100 francs en optant pour Mobility au lieu d’une voiture privée, sans contraintes supplémentaires dans ma vie quotidienne. Et vous? ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 15
DOSSIER Autopartage plus de souplesse. Il permet de localiser les voitures en temps réel, par smartphone ou site web, d’en prendre le volant sans réser- vation et de les abandonner sur des places de parc publiques au centre-ville. Pour cette solution de stationnement, «Catch a car» paie un forfait à la ville. Interrogée sur sa vision à long terme, Viviana Buchmann ne cache pas ses projets: «Notre objectif est de faire de «Catch a car» un élément à part entière de la mobilité urbaine.» Alors que Mobi- lity se destine aux trajets plus ou moins longs, «Catch a car» s’attaque aux petites distances, à l’intérieur des villes et agglo- mérations. Plutôt que d’entrer en concur- rence, les deux systèmes se complètent. Aujourd’hui encore, près de la moitié des citadins suisses utilisent leur propre voi- ture pour des distances inférieures à cinq kilomètres. Dans cette optique, «Catch a car» répond à une demande, et assène un nouveau coup à la possession d’une voi- ture privée. Une automobile, différents utilisateurs: le système Mobility suppose de prendre les transports publics Avec les villes pour cible, où la moi- et de se déplacer à pied et à vélo autant que possible. tié des ménages vivent déjà sans voiture privée, il reste néanmoins à déterminer Suite de l’article en page 13 Mobility, avec aujourd’hui quelque si le concept n’empiétera pas sur d’autres 112 000 membres et 52 000 sociétaires, a formes de mobilité, moins nuisibles que se hisser au rang de «ceux qui comptent» encore un long chemin devant elle. l’automobile. En effet, le milieu urbain dans le domaine des transports en Suisse. constitue un espace privilégié pour les L’entreprise peut aussi s’appuyer sur une La voiture «spontanée» transports publics et les déplacements à croissance régulière de sa clientèle, avec Bâle, le 23 juin 2014. Des journalistes de pied et à vélo. En misant sur des voitures 28000 nouveaux membres sur les cinq tout le pays et une poignée de badauds peu polluantes et relativement adaptées à dernières années. Selon sa directrice, Mo- sont venus assister au lancement de la ville – en l’occurrence les petites cylin- bility profite de nouvelles tendances de so- «Catch a car», premier service de Suisse drées VW Up – «Catch a car» revêt certes ciété: «Pour toujours plus de personnes, en « free-float », c’est-à-dire où les voitures un côté écolo. Mais il serait regrettable il importe d’avoir une chaîne de mobili- sont disséminées aléatoirement dans un que le dernier né des systèmes d’autopar- té sans maillon manquant, de pouvoir se espace. Un nouveau coup de Mobility tage finisse par subtiliser au bus, au tram rendre facilement d’un point A à un point qui, pour l’occasion, s’est entourée de so- et à la mobilité douce une partie de leurs B en combinant train, bus, vélo et même lides partenaires : un assureur et un im- utilisateurs. voiture Mobility. Aujourd’hui, les nom- portateur d’envergure nationale, ainsi breuses liaisons de transports publics et les que Suisse Energie et les CFF. Produits de niche horaires cadencés permettent une mobili- «Catch a car» est un projet pilote d’une Dans nos pays voisins, les acteurs de l’au- té combinée et rendent superflue la posses- durée de deux ans, encadré par l’Ecole po- topartage poussent comme des champi- sion d’une voiture.» lytechnique fédérale de Zurich et appelé à gnons. A leur tête, des entreprises de trans- Une situation de rêve pour l’autopar- s’étendre à de nouvelles villes – à condition ports publics, mais aussi des constructeurs tage, qui soulève cependant une inter- que le succès bâlois soit au rendez-vous. automobiles. En Allemagne, par exemple, rogation : qu’attend la concurrence ? Il se distingue du système Mobility par le les trois «magnats» du carsharing se nom- L’emprise de Mobility empêche-t-elle la fait que les voitures répondent à un besoin ment Flinkster, Drivenow et Car2go. Le cohabitation avec d’autres services sem- « spontané » et pour un « aller simple ». premier cité est détenu par les chemins de blables? Mobility étouffe-t-elle le mar- Concrètement, Mobility requiert une ré- fer allemands. Les deux autres systèmes ché? Un élément de réponse: avant d’at- servation préalable et contraint de remettre sont des initiatives de l’industrie automo- teindre le potentiel théorique qu’on lui le véhicule à son emplacement initial après bile, respectivement BMW et Daimler. prête, à savoir un demi-million de clients, utilisation. «Catch a car» met l’accent sur L’intérêt marqué des constructeurs pour 16 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014
DOSSIER Autopartage cette nouvelle forme de mobilité n’a rien de surprenant. Car, en fin de compte, si l’autopartage doit conduire à une baisse Ma voiture, notre voiture des ventes de véhicules – ce qui est à pré- voir – le milieu automobile sera le premier à en subir les conséquences. En Suisse, rien de tel pour l’instant. Les constructeurs ne semblent pas prêts à En parallèle à Mobility, l’autopartage entre particuliers se venir défier Mobility sur ses terres. Pour retrouver un deuxième service de carsha- développe en Suisse. Les voitures se louent par internet ou dans ring, c’est d’une loupe dont il faut se mu- une communauté. Mais quelles sont les chances de succès? nir. Plus précisément, il faut se rendre à Delémont, auprès de Pascal Bourquard Jr., fondateur d’Electriceasy. Pour lui, l’avenir de l’autopartage réside dans l’électro- mobilité : «Notre flotte de voitures est A la question « Les Suisses sont-ils prêts à partager leur voiture ? », la réponse est: plus ou moins. C’est ce qui ressort de parce qu’ils désirent faire des rencontres et pour une question de style de vie.» La pression économique n’est pas assez élevée entièrement électrique. L’autonomie de l’étude «Sharity », réalisée en 2012 par pour que de nouvelles tendances naissent. ces véhicules zéro émission est largement l’institut GDI. Ainsi, nous serions plus «Cela se passe plutôt parce que c’est bon suffisante pour les déplacements entre disposés à prêter nos livres, nos outils ou pour l’environnement ou parce qu’on pré- deux communes ou à l’intérieur d’une un logement de vacances que notre « bo- fère faire des choses ensemble plutôt que agglomération » explique-t-il. « Notre lide». Néanmoins, une automobile se seuls. On a plaisir à participer à l’autopar- système d’autopartage est technologique- partagerait plus volontiers qu’un ordina- tage, même si on a les moyens de s’offrir sa ment très avancé, tant du point de vue de teur et, fort heureusement, qu’une brosse propre voiture.» la chaîne énergétique que des systèmes à dents ou des sous-vêtements (cf. gra- Ces derniers mois, plusieurs plate- d’information. Il est possible de s’inscrire phique). Ces résultats viennent nuancer formes d’autopartage entre particuliers et d’utiliser un véhicule en cinq minutes, les propos de ceux qui annoncent l’avène- ont vu le jour. Avec un argument fort : soit sur la borne de réservation, soit par ment d’un nouveau modèle économique, en moyenne, une voiture est inutilisée 23 internet, avec la certitude d’avoir toujours celui de la consommation collaborative. heures sur 24. En d’autres termes, l’auto- une voiture à pleine charge en début de La nouvelle devise « rien ne se perd, rien mobile ne remplit sa fonction de moyen location. » Après avoir séduit les villes du ne se crée, tout se partage » ne semble pas de transport qu’une heure par jour. Le Jura et du Jura bernois, Electriceasy est être tout-à-fait entrée dans les mœurs. reste du temps, elle représente un encom- disponible, depuis 2013, sur les campus brement qui occupe de l’espace et enlai- de l’Ecole polytechnique fédérale de Lau- Une heure par jour dit nos quartiers résidentiels. Dans cette sanne et de l’Ecole hôtelière Lausanne. Co-auteure de l’étude, l’économiste Karin perspective, partager une voiture signi- Ces institutions se sont en effet laissées Frick explique 2 : «En Suisse, beaucoup de fie rationnaliser son utilité et, à grande convaincre par le système. Philippe Volli- gens participent à ces systèmes de partage échelle, désencombrer l’espace public. chard, responsable et coordinateur du dé- → veloppement durable à l’EPFL, témoigne: « Notre école, très engagée dans les ques- tions de durabilité, multiplie les actions Ce que nous (ne) partageons (pas)... de promotion des mobilités alternatives envers ses étudiants et ses collaborateurs. 2,9 3,9 L’implantation de six stations de deux 1,4 voitures électriques sur le campus répon- dait à cette stratégie, avec un système 2,7 innovant mais robuste, qui fonctionne 4,2 3,1 à satisfaction depuis plus d’un an. Nous 1,4 avons, par exemple, décidé d’implanter 2,6 cet automne une nouvelle station de deux © Source: GDI / Link Institut 2012. voitures électriques sur notre campus Microcity à Neuchâtel.» Prochaine étape pour Electriceasy: d’autres régions de Sans problème C’est ok S’il le faut bien A contrecœur Suisse romande et Bâle. 5 4 3 2 1 1 Matthias Ackeret, « Mobility auf der Überholspur », persönlich, 1= je ne partage avec personne, 5 = je partage avec tous 11 novembre 2013 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 17
DOSSIER Autopartage Qui partage sa voiture? 2em, Cartribe ne met pas en relation retrouve un réseau de partenaires emme- Le réseau 2em est un des pionniers en offre et demande, mais facilite la plani- né par la Migros et sa filiale pour la mo- Suisse de l’autopartage entre particu- fication et le partage d’un véhicule, par bilité électrique M-way, un assureur ain- liers. La communauté met en contact exemple au sein d’une famille ou d’un si que Mobility. A l’image de 2em, Sharoo les propriétaires de voitures et les loca- cercle d’amis. Ainsi, cet outil gratuit rend relie les propriétaires de véhicules avec les taires. Pour son fondateur, Youness Fe- simple ce qui peut devenir un casse-tête : personnes qui aimeraient en louer. L’ori- louati, le service s’adresse aujourd’hui à la gestion des plages de disponibilité, la ginalité du système est que le partage se un public sensible aux projets collabora- réservation de la voiture, le lieu de par- fait sans remise des clés. Un « kit d’ac- tifs et adepte de solutions de consomma- king ou encore la disponibilité des clés. cès », qui repose sur une application pour tion alternative : « Il s’agit de personnes Aujourd’hui, Cartribe compte un peu smartphones, permet à lui seul de réser- mobiles et sensibilisées à la probléma- plus de 1000 utilisateurs réguliers. Pour ver la voiture, de la localiser et même tique du développement durable. » 2em le directeur de Mobilidée, Giorgio Gio- d’ouvrir ses portes. De plus, Sharoo a annonce 10 % d’utilisateurs prestataires vannini, le pouvoir d’achat constitue un réussi à résoudre le problème de l’assu- et 90 % de demandeurs. frein au développement de l’autopartage, rance en proposant, avec son partenaire Aujourd’hui, un obstacle au dévelop- « car il permet à une grande majorité de assureur, une protection tous risques. pement de l’autopartage privé est la ques- personnes de s’équiper en véhicules indi- Pour un développement étape par tion de l’assurance. Le détenteur et non le viduels motorisés. » A ses yeux, un travail étape, Eva Lüthi, directrice de Sharoo, conducteur d’un véhicule doit en assumer de communication est nécessaire, afin de indique travailler par régions : « Depuis l’entière responsabilité. Youness Felouati, montrer les gains potentiels de l’autopar- mai, nous avons reçu quelque 3000 ins- qui recherche activement une solution à ce tage pour un ménage : « Il faut insister sur criptions. Nous avons débuté avec les problème, se veut optimiste: «Avec la mul- le fait que la somme économisée pourrait villes de Zurich, Berne et Lucerne, suivies tiplication des initiatives de l’économie servir à d’autres besoins, comme la for- de Bâle, Winterthour et Saint-Gall en collaborative, il est certain que le législa- mation, le logement ou la culture. » juillet. Actuellement, nous faisons notre teur finira par prendre des mesures afin de entrée autour de Coire, Olten-Aarau-Ba- mieux encadrer les solutions existantes.» L’entrée d’un «grand» den ainsi que de Bienne-Soleure-Langen- La sensibilisation à l’autopartage pourrait thal. Dans ces régions, nous recrutons Trop de pouvoir d’achat connaître cet élan nécessaire avec la plate- des propriétaires de voitures ‹ pionniers›, En 2012, la société Mobilidée lançait la forme Sharoo, lancée début mai. Derrière qui reçoivent le kit d’accès Sharoo gratui- plateforme Cartribe. Contrairement à le slogan « Ma voiture est ta voiture », on tement (au lieu de 399 francs). » Pour Eva Lüthi, l’autopartage en Qui a les clefs de la voiture? Où est-elle garée? Depuis quelle heure est-elle disponible ? Suisse a beaucoup de potentiel, même si Grâce à de nouveaux outils, l’autopartage «prise de tête» semble appartenir au passé. on reste encore prudent quand il s’agit de prêter son automobile : « Nous sommes convaincus que notre service n’entre pas en concurrence avec Mobility. Il y a de la place pour les deux modèles. Afin que les Suisses puissent proposer leur voiture en toute sécurité sur la plate-forme, nous avons investi beaucoup de temps dans le but de réduire les barrières à l’entrée et de maximiser la confiance. Au final, c’est toujours le propriétaire de la voiture qui garde le contrôle. Il décide quand, com- ment et avec qui il souhaite partager son véhicule.» Liens utiles www.2em.ch www.cartribe.ch www.sharoo.com 2 Veronica DeVore, «Chambre, voiture, parking: tout se partage sur le web», swissinfo.ch, 12 février 2014. 18 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014
DOSSIER Autopartage Perspectives réjouissantes : Ruedi Ursenbacher de l’association d’autopartage entre particuliers « Regenbogen» (arc-en-ciel). l’invité de l’émission Kassensturz (« A bon entendeur » de la TV alémanique) et conseille l’ATE dans le domaine – n’a eu aucune peine à choisir la bonne cou- verture d’assurance. « Bien évidemment nous avons besoin d’une casco complète. De même, nous avons opté pour une pro- tection bonus supplémentaire. Cepen- dant, les sinistres sont rares et il s’agit généralement de petits dégâts de parcage. Mais comme les finances de l’associa- tion sont bonnes, nous pouvons même les payer avec notre propre caisse.» Qu’en est-il des coûts, comparés à ceux d’une voiture particulière et de Mobility ? « Ils sont avantageux », constate Ruedi Ursenbacher. « Nous payons 60 cts/km, essence comprise. En cas de solde posi- tif en fin d’année, nous le restituons à nos membres. L’année dernière, le tarif était, en fin de compte, de 50 cts/km. » Ce remarquable rapport prix/prestation est, notamment, dû au fait qu’il n’y a ni La voiture du quartier frais administratifs ni frais de nettoyage. « Nous en sommes à notre troisième voi- ture d’occasion et nous comptons sur une durée d’utilisation moyenne de sept à huit ans.» Depuis plus de 20 ans, à Mühlethurnen dans le canton de Compte tenu de ce bilan positif, on Berne, une vingtaine d’habitants se partagent une seule et même peut regretter qu’il n’y ait pas davan- tage d’autopartage entre particuliers. voiture. Une initiative économique qui a valeur d’exemple. « Je ne connais pas d’autres associations comparables à la nôtre » s’étonne Ruedi Texte et photo: Stefanie Stäuble Ursenbacher. « Pour les consommateurs, Mobility est la solution idéale. Mais au- E n 1993, cinq habitants de Mühlethur- nen se sont décidés à partager une seule et même voiture. A cette époque, vivre dans une communauté où on par- tage les biens et les aventures. Il n’est pas nécessaire qu’une voiture m’appartienne jourd’hui cette entreprise d’autopartage est en situation de monopole. Elle a ab- sorbé bon nombre de petites entreprises Mobility en était à ses balbutiements et à moi tout seul. » Dans la coopérative de la branche qui, malgré de bonnes ne proposait pas ses prestations dans ce d’habitation, l’autopartage fonctionne idées, ne sont pas parvenues à se mainte- village à mi-distance entre Thoune et impeccablement. Comme le lotissement nir sur le marché suisse. » Berne. Aujourd’hui la situation est dif- se trouve tout près de la gare, le véhicule férente, puisque la place de la gare abrite n’est pas sollicité à outrance et personne désormais un emplacement Mobility. Dès n’exagère. Ceci est dû, notamment, à la lors, pourquoi la coopérative d’habitation forme de l’association. « Nous avons fixé Fondez votre autopartage privé «Regenbogen » (arc-en-ciel) maintient- des règles claires dans les statuts. Ainsi, « Un système d’autopartage entre particuliers n’est ni elle son système privé d’autopartage? chaque mois, un tirage au sort désigne compliqué, ni source de conflits », affirme Ruedi Ursenbacher « C’est bien plus commode quand la la personne chargée des nettoyages et un après 21 ans d’expérience. « Il faut simplement des règles voiture est stationnée devant la porte», membre du comité a la responsabilité de claires et un effectif de membres suffisant. Et, au départ, explique Ruedi Ursenbacher, co-instiga- conduire la voiture au garage pour les il s’agit de définir les besoins effectifs. » teur de l’autopartage. Mais pour lui, la services, etc.» Envisagez-vous de créer un système d’autopartage entre principale motivation de l’autopartage particuliers ? Sur son site www.autopartage.ch, l’ATE vous entre particuliers était et reste l’approche Une solution économique propose un contrat type, ainsi que des modèles de calcul des communautaire. «La vie anonyme ne Ruedi Ursenbacher, en sa qualité de pro- coûts d’exploitation et des conseils en matière d’assurances. m’intéresse pas. Je préfère au contraire fessionnel des assurances – il est souvent ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014 19
DOSSIER Autopartage En route pour le covoiturage 2.0 Autre forme de mobilité collaborative, le covoiturage reste marginal en Suisse. Mais il pourrait prendre un virage à 180 degrés grâce à de nouveaux outils, reposant sur les technologies mobiles. tooxme.com trafic. » Tooxme compte 21 000 utilisa- comme la France, parce que les pouvoirs Cette application pour smartphones re- teurs en Suisse romande, principalement publics ne s’impliquent pas suffisamment lie en temps réel passagers et conduc- à Lausanne et Genève. Objectif à terme : à en faire la promotion. » teurs dans le but de partager un trajet. l’ensemble de la Suisse. Tooxme se distingue du covoiturage par carpooling.com le fait qu’il répond à un besoin immédiat, e-covoiturage.ch Basé à Munich, voici le premier portail non-planifié et sur de courtes distances La plate-forme gratuite de covoiturage de covoiturage en Europe, avec six mil- (7 km en moyenne). Les frais de trajet à la venue de Suisse romande se destine aux lions de membres annoncés et 900 000 charge du passager s’élèvent à 1 franc par personnes recherchant ou proposant des trajets quotidiens. En Suisse, il est prin- km. Entre 50 et 70% de cette somme sont trajets réguliers, tels que les pendulaires. cipalement utilisé outre-Sarine. Simon octroyés au conducteur, le solde est pré- Elle est aussi très prisée lors de mani- Baumann, responsable presse, estime levé par Tooxme. Olivier Perrotey, direc- festations, comme les festivals, grâce à que le covoiturage dans notre pays de- teur: «Notre service redéfinit la manière son système de remplissage automatisé vrait connaître une forte croissance : « La de nous déplacer en utilisant la capacité des voitures. Président de l’association, plupart des Suisses ont un smartphone et excédentaire que représentent les sièges Jean-François Wahlen annonce 19 000 je suis sûr qu’ils sont aussi prêts à ouvrir à vide dans chaque voiture. Tooxme vise membres en Suisse, dont plus de 3000 les portes de leur voiture et à partager un à optimiser l’utilisation du parc automo- utilisateurs réguliers. A ses yeux, en ma- bout de trajet. » A l’image des autres plate- bile pour des gains écologiques et écono- tière de covoiturage, « la Suisse compte formes, carpooling.com s’investit dans le miques ainsi que pour une réduction du dix ans de retard par rapport à un pays développement d’applications mobiles: « C’est simplement très pratique de pou- Alors que l’autopartage consiste à se prêter une voiture, le covoiturage est l’utilisation voir offrir ou réserver un trajet quand on simultanée d’un véhicule par plusieurs personnes qui effectuent ensemble le même trajet. est en déplacement. » karzoo.ch Karzoo est une plateforme de covoitu- rage gratuite, développée au Luxembourg et visant toute l’Europe, dont la Suisse. Elle s’adresse aux particuliers pour leurs déplacements domicile-travail et de loi- sirs, et aux entreprises souhaitant inté- grer le covoiturage à leur plan de mobili- té. Baptiste Hugon, directeur associé, est persuadé que la Suisse est propice au co- voiturage : « A l’instar du Luxembourg, c’est un pays attirant de nombreux tra- vailleurs frontaliers. D’où l’existence de problématiques de mobilité similaires, comme l’engorgement des axes routiers. Il est donc important d’offrir une solu- tion de covoiturage aux automobilistes, afin qu’ils profitent d’un mode de trans- port plus économique, convivial et éco- © Jérôme Faivre logique. » Karzoo annonce 50 000 utilisa- teurs en Europe. 20 ATE MAGAZINE / SEPTEMBRE 2014
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