BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF

 
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BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
Été 2017 • N° 221 • Mensuel édité par l’AdCF - www.adcf.org • 5,50 E

                                                                                                     DOSSIER P.7

                                             Biodiversité :
                              l’indispensable action locale

                              DANS L’ACTU P.2
                                         • CONFÉRENCE NATIONALE DES TERRITOIRES

                              FOCUS P.3
                                         • LES FILIÈRES REP EN ÉVOLUTION

                              DROIT P.16
                                         • LA RÉFORME DES RYTHMES SCOLAIRES

                              FINANCES P.17
                                         • EN DIRECT DES CLECT : RETOUR SUR
                                           LES PRATIQUES

                              URBANISME P.18
© McKeeMedia / Shutterstock

                                         • LA PLANIFICATION DES SOLS EN ALLEMAGNE

                              TERRITOIRES P.19
                                         • LE SCHÉMA DE MUTUALISATION
                                           DE LA MÉTROPOLE LILLOISE
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
DANS L’ACTU

                                                                                                                                                                                                                    © AdCF
© Yannick Brossard

                      ÉDITORIAL
                      Charles-Éric Lemaignen
                      Président de l’AdCF                                           Conférence nationale des territoires
                      Un « pacte girondin » aux figures imposées
                      Installée de manière très médiatique au Sénat
                                                                                    Entre concertation et contraintes
                      le 17 juillet dernier, la Conférence nationale des
                      territoires (CNT) promet de nouvelles modalités           Si les associations nationales de collectivités ont, dans l’ensemble, souscrit à la nouvelle
                      de travail entre l’État et les collectivités.             méthode de concertation proposée par le gouvernement à travers la Conférence nationale
                      Nous nous sommes collectivement donnés
                      six mois pour aboutir à un « pacte de confiance
                                                                                des territoires, les réévaluations à la hausse des efforts budgétaires qui leur seront
                      girondin ». Si la méthode est ouverte et nous             demandés comme l’accélération du calendrier de dégrèvement/suppression de la taxe
                      convient pleinement, elle ne saurait pour                 d’habitation ont suscité des réactions critiques. Le « pacte de confiance » à établir d’ici la fin
                      autant faire oublier les contraintes sous                 de l’année entre l’État et les collectivités va appeler beaucoup de créativité.
                      lesquelles est placé l’exercice.

                                                                                R
                      La première est évidemment liée aux efforts                      éunie le 17 juillet au Sénat, la Conférence nationale       a vocation à se traduire par des efforts supplémentaires
                      budgétaires demandés aux collectivités durant                    des territoires a été marquée par deux séquences            demandés à toutes les administrations publiques, dont
                      le quinquennat. Les 10 milliards d’euros                         distinctes. La matinée était organisée dans un              les collectivités. Initialement fixé à 10 milliards sur la
                      d’économies initialement annoncés se sont                 format resserré autour du Premier ministre et de plusieurs         durée du quinquennat, l’effort demandé au secteur
                      transformés en 13 en l’espace de quelques jours.          membres du gouvernement, avec les présidents des asso-             public local est réévalué en conséquence à 13 milliards,
                      Avec de nombreuses questions sous-jacentes ;              ciations de collectivités (ARF, ADF, AdCF, AMF, France             a expliqué le ministre. À la différence de la période
                      sur quel périmètre de dépenses devra-t-on                 urbaine, Villes de France, APVF, AMRF), le président du            précédente, le gouvernement ne souhaite pas procé-
                      agir ? Par rapport à quel scénario d’évolution            Sénat et plusieurs parlementaires, les présidents du Comité        der a priori par une nouvelle baisse des dotations. Il
                      seront calculés ces montants ? Tiendra-t-on               des finances locales, du Conseil national d’évaluation des         attend des collectivités des initiatives pour modérer
                      compte des efforts importants déjà accomplis              normes et du Conseil supérieur de la fonction publique             leurs dépenses, réduire la partie fonctionnement, et
                      depuis 2013 ? Va-t-on entrer dans une logique             territoriale. Cette première séquence visait à définir une         se dit ouvert à un réexamen des décisions de l’État qui
                                                                                méthode de travail commune pour parvenir à un pacte                suscitent des hausses de coûts sur les services publics
                     « La méthode ouverte ne                                    entre l’État et les collectivités à la fin de l’année 2017. Cinq   locaux. Une mission sera installée à la rentrée pour aider
                     saurait faire oublier les                                  thèmes étaient abordés : les structures, les compétences,
                                                                                les sujets financiers, les questions de cohésion territoriale,
                                                                                                                                                   à la réalisation d’un diagnostic partagé. Des groupes de
                                                                                                                                                   travail thématiques seront également constitués pour
                     contraintes de l’exercice »                                les transitions écologiques et numériques.                         examiner les solutions de compensation des exoné-
                                                                                                                                                   rations (dégrèvements) de la taxe d’habitation. Une
                      d’individualisation des objectifs ou continuer            Stabilité institutionnelle                                         réflexion s’engagera jusqu’à l’été 2018 pour revisiter plus
                      à raisonner de manière forfaitaire et collective ?        L’occasion pour le Premier ministre Édouard Philippe               largement la fiscalité locale sans exclure de nouvelles
                      À ce stade, aucune réponse précise n’a été                de tracer la feuille de route du gouvernement, avec                répartitions d’impôts entre niveaux.
                      apportée. La concertation de l’automne sera               une volonté manifeste d’établir une nouvelle relation
                      décisive et risque d’être lourde de tensions.             de confiance avec les associations de collectivités. Il a          Des ateliers thématiques
                      L’autre contrainte proviendra de la suppression           proposé que la nouvelle Conférence nationale des terri-            La séquence de l’après-midi était conçue dans un format
                      progressive de la taxe d’habitation. Car c’est            toires demeure une instance informelle mais régulière-             beaucoup plus large, en présence de nombreux parlemen-
                      bien d’une extinction de cet impôt dont il
                                                                                ment réunie (deux fois par an au moins) et adossée à un            taires et acteurs territoriaux. Le président de la République
                      faut désormais parler. La proposition initiale
                                                                                vrai programme de travail. Dans ses propos, le Premier             a confirmé les orientations du gouvernement exposées le
                      d’exonérer quatre contribuables sur cinq n’a
                                                                                ministre a mis l’accent sur la volonté du gouvernement             matin et la méthode de travail retenue. Parmi les éléments
                      pas tenu longtemps. On pouvait s’y attendre.
                                                                                de stabiliser les organisations territoriales et de ne pas         nouveaux, Emmanuel Macron a évoqué l’accélération
                      L’engagement de compenser intégralement
                                                                                engager un nouveau « big bang ». Il a laissé ouvertes les          du plan de déploiement du haut et très haut débit pour
                      les collectivités et de ne pas dégrader leur
                                                                                possibilités d’expérimentations volontaires et les initia-         une couverture intégrale à l’horizon 2020 (et non 2022),
                      autonomie financière relèvera de la gageure.
                                                                                tives locales (communes nouvelles, fusions volontaires             mais avec des solutions qui ne seront pas que THD. Il a
                      La taxe d’habitation représente une recette
                      de plus de 22 milliards d’euros. Retrouver de             de départements…). Il a en revanche considéré que des              apporté davantage d’informations sur le remplacement
                      tels montants sur une nouvelle assiette fiscale           simplifications institutionnelles devaient être apportées          de la taxe d’habitation par d’autres recettes (piste d’une
                      territorialisée ne sera pas simple, pas plus que          dans les plus grandes métropoles, et notamment au                  fraction de CSG pour le bloc communal), en semblant
                      d’abandonner le principe d’un impôt résidentiel           sein du Grand Paris. Sur la question des compétences,              condamner à terme l’intégralité de l’impôt. Emmanuel
                      pour financer les services publics locaux.                Édouard Philippe a souhaité que ne soient pas rouverts             Macron a enfin évoqué son projet de créer une Agence
                      Le caractère injuste de la taxe d’habitation              les débats de la loi NOTRe. Il attend en revanche des col-         nationale de la cohésion des territoires, qui fasse pendant
                      n’était aucunement lié à son principe mais à              lectivités des propositions pour expérimenter et innover.          à l’Anru dans les territoires de plus faible densité.
                      la vétusté de son assiette. Alors que la révision                                                                            Ces discours étaient suivis de cinq ateliers de travail consa-
                      des valeurs locatives est engagée sur les locaux          Les sujets qui fâchent…                                            crés aux questions de services publics, de complémentarité
                      professionnels, il serait plus que dommageable            Le ministre de l’Action et des Comptes publics,                    entre les territoires, d’expérimentations et d’innovations,
                      que la suppression de la taxe d’habitation                Gérald Darmanin, a introduit la deuxième partie des                de transition écologique, de transition numérique. Près
                      dissimule l’abandon pur et simple de ce                   débats du matin. Tout en reconnaissant les efforts accom-          de 300 personnes ont pris part à ces différents ateliers qui
                      chantier. Auquel cas cette dernière aurait surtout        plis par les collectivités, il a rappelé les engagements           devaient déterminer une feuille de route et des méthodes
                      l’apparence d’un nouveau bricolage pour masquer           européens de la France et la trajectoire fixée par le chef         de travail. Les temps impartis n’ont guère permis d’aller
                      notre incapacité collective à réformer notre fiscalité.   de l’État en matière de dépenses publiques.                        au fond des choses à ce stade, mais des pistes de travail
                      Les assujettis aux taxes foncières et à la TEOM ne        Le plan de réduction des dépenses publiques, passé                 ont été tracées pour les prochains mois.
                      manqueront pas de se manifester rapidement.               quelques jours auparavant de 60 à 80 milliards d’euros,                                                           La rédaction
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FOCUS                              3

                                Les filières REP
                                en évolution
                                Les filières à responsabilité élargie des producteurs (ou « filières
                                REP ») et leurs éco-organismes constituent des partenaires financiers
                                et opérationnels clés pour la collecte et le traitement des déchets.
                                Des acteurs d’autant plus importants que la compétence « déchets » est
                                l’une des plus coûteuses pour les communautés et métropoles.
                                Nouveaux entrants, cahiers des charges redessinés, contrats‑types
© Chlorophylle / Fotolia

                                négociés entre éco-organismes et associations de collectivités…
                                le paysage des filières REP change au bénéfice, souhaitons-le, d’un
                                service public plus efficient. Des améliorations restent en effet
                                nécessaires afin d’atteindre l’objectif de 75 % de taux de recyclage des
                                déchets ménagers d’ici 2022.

                           Comprendre les filières à responsabilité élargie
                           des producteurs
                           Le service public de gestion des déchets représente l’un des principaux postes de dépenses dans les budgets des communautés.
                           Le financement de la collecte et du traitement des déchets est en partie assuré grâce aux éco-contributions versées par les entreprises
                           et collectées par des éco‑organismes. Zoom sur le fonctionnement de ces filières à responsabilité élargie des producteurs.

                           L
                                 ongtemps inscrite dans des préoc-         morales de droit privé, à but non lucratif, les   sont à l’interface entre les producteurs et       les déchets conformément à des standards
                                 cupations sanitaires, la gestion des      éco-organismes peuvent être de deux types,        les intercommunalités (auxquelles la loi          précisés dans le cahier des charges de la
                                 déchets est de plus en plus imbriquée     en fonction de la responsabilité finan-           NOTRe a confié la compétence exclusive            filière. Le montant des soutiens versés
                           dans des enjeux économiques. Le déchet          cière ou opérationnelle qu’ils assument.          de gestion des déchets ménagers), ou les          est calculé à partir d’un barème aval qui
                           valorisé devient une ressource, qui peut        Les éco-organismes financiers (filières           syndicats à qui les communau-
                           être réintégrée dans la chaîne de création      papiers, emballages ménagers) collectent          tés peuvent transférer la com-
                           de valeur dans une logique d’économie           les éco-contributions auprès des metteurs         pétence de traitement ou de                      Les éco-organismes sont
                           circulaire. Le principe de responsabilité       sur le marché et redistribuent les soutiens       collecte et traitement.
                           élargie du producteur (REP), d’origine com-     aux collectivités qui gèrent la collecte et       En amont, les éco-contributions à l’interface entre les producteurs
                           munautaire (directive 75/442/CEE de 1975),      le traitement. Les éco-organismes opéra-          versées par les metteurs sur le et les communautés
                           a été transposé en droit français par la loi    tionnels, les plus nombreux (filières du          marché sont modulées selon un
                           du 15 juillet 1975 relative à l’élimination des meuble ou textiles par exemple), collectent       barème qui intègre notamment des cri-             distingue des soutiens au titre des tonnes
                           déchets et à la récupération des matériaux.     les éco-contributions avec lesquelles ils         tères environnementaux (éco-conception            reprises, de la performance du recyclage,
                           Dans ce cadre, les producteurs peuvent          financent l’organisation de la collecte et        des produits, recyclabilité, perturbation         de la valorisation énergétique des embal-
                           être rendus totalement ou partiellement         du tri. Ils lancent des appels d’offres pour      du geste de tri…). Répondant au principe          lages dans les refus issus des centres de
                           responsables des déchets provenant des          contractualiser avec des opérateurs afin          « pollueur-payeur », le barème amont joue le      tri, etc. Dans tous les cas, l’éco-organisme
                           produits qu’ils ont mis sur le marché. Pour     d’assurer le transport, le tri, la valorisation   rôle de signal-prix et vise à inciter les entre-  garantit la reprise des produits usagés
                           remplir leurs obligations, ils peuvent ins-     et le traitement.                                 prises à limiter la production de déchets         indépendamment des conditions du
                           taurer un système indi-                                                                           (suremballages, etc.) et à concevoir des          marché.
                           viduel de collecte et de                                                                          produits plus respecteux de l’environne-          Des appels à projets sont également
                           traitement, approuvé                     On dénombre une vingtaine                                ment en anticipant leur fin de vie.               lancés par les éco-organismes auprès
                           par l’État, ou adhérer                                                                                                                              des entreprises adhérentes pour accom-
                           à un éco-organisme
                                                         de filières REP au sein desquelles                                  Encourager les comportements                      pagner l’éco-conception et le développe-
                           auquel ils transfèrent se répartissent 27 éco-organismes                                          vertueux                                          ment des techniques de recyclage et de
                           leur responsabilité juri-                                                                         En aval, dans la plupart des filières, les        valorisation, et auprès des collectivités
                           dique dans le cadre d’une filière REP.          Dans les filières réglementaires, les             communautés et syndicats qui le sou-              locales, par exemple, pour expérimenter
                           Certaines filières sont d’ordre réglemen-       éco-organismes doivent, pour exercer              haitent peuvent signer un contrat avec            de nouveaux gestes de tri, densifier les
                           taire, et donc obligatoires. Leur mise          leurs activités, être agréés par l’État en        l’éco-organisme. Ils reçoivent alors des          bornes d’apport volontaire, optimiser des
                           en place découle d’une réglementation           répondant aux exigences d’un cahier des           soutiens financiers en contrepartie de leur       tournées de collecte, encourager la collecte
                           européenne (piles, automobiles…), d’une         charges publié par arrêté ministériel pour        engagement à communiquer auprès des               sélective auprès des professionnels, etc.
                           réponse nationale à une directive ou à un       une période fixée. Ce cahier des charges          habitants, à collecter, trier ou regrouper                                         Camille Allé
                           règlement européen (emballages ménagers,        détermine les missions des titulaires de
                           médicaments non utilisés…) ou encore            l’agrément, ses obligations, les modalités
                           d’une réglementation nationale (pneuma-         de contrôle par l’État, les critères devant                       Recettes et dépenses des éco-organismes
                           tiques, papiers, ameublement, textiles…).       figurer dans les barèmes amont et aval,
                           Quelques‑unes sont fondées sur un accord        certaines obligations des collectivités,
                                                                                                                                          Recettes                                      Dépenses
                           volontaire (cartouches d’encre…).               parfois des objectifs de collecte, recyclage
                                                                                                                                                                                                                         Source : Ademe, 2016

                                                                           et valorisation…                                                                      743 M€ de soutiens financiers aux collectivités
                           Quelle organisation pour                                                                           1 294 M€ d’éco‑contributions
                           quelles missions ?                               Barème d’éco-contributions                        perçues par les éco-organismes     427 M€ de coûts opérationnels
                                                                                                                                                                 (collecte, traitement)
                           On dénombre aujourd’hui une vingtaine            Assurant la collecte des éco-contributions
                           de filières REP au sein desquelles se répar-     auprès de leurs entreprises adhérentes,           97 M€ de recettes matières         223 M€ de frais de fonctionnement,
                                                                                                                              et financières                     études R&D, communication, impôts, provisions
                           tissent 27 éco-organismes. Personnes             également actionnaires, les éco-organismes
                                                                                                                                                                                          www.adcf.org • N° 221 • ÉTÉ 2017
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
4                       FOCUS              DÉCHETS

                                      Jean Révereault
                             view Vice-président de GrandAngoulême en charge de la transition écologique et énergétique, vice-président de l’AdCF
                                      chargé de la gestion des déchets

                          « Gouvernance et objectifs des REP :
© Lionel Pagès / AdCF

                          des progrès restent à faire »
Comment les filières REP sont-elles gouvernées, avec quels objectifs et dans quelles mesures financent-elles les politiques des déchets ?
Regard de Jean Révereault, vice-président de l’AdCF chargé de la gestion des déchets.

L’intercommunalité est désormais                La couverture des coûts du service
seule compétente pour gérer le                  public par les soutiens est‑elle
service public des déchets. Quelle              suffisante ?
place prend-elle dans la gouvernance            En 2015, la gestion des emballages ménagers
des filières REP ?                              coûtait plus d’1,4 milliard d’euros, financés
La gouvernance nationale des filières REP       à hauteur de 0,6 milliard d’euros par la
s’organise autour d’une commission trans-       REP. On est loin de l’objectif de couverture
versale et d’une commission spécialisée         des coûts fixé à 80 % par la loi Grenelle I.
par filière.                                    Pour la filière papiers, le taux est encore
La commission transversale contribue            plus faible : moins de 20 %. Augmenter le
notamment à la médiation entre les acteurs      niveau de couverture des coûts par la REP
des filières. Fin 2015, un décret a formalisé   reviendrait à privilégier un financement par
les règles de fonctionnement des commis-        le consommateur, qui paye les éco-contri-
sions et modifié leur composition. Les élus     butions, plutôt que par le contribuable local.
                                                             Pour les emballages, l’enveloppe
                                                             des soutiens pour 2018-2022
            Augmenter la couverture                          est fondée sur un gisement
des coûts par les éco‑contributions qui paraît sous-estimé selon
                                                             les données de l’Ademe. Le
allégerait la fiscalité locale sur                           ministère n’intègre pas les coûts
les déchets                                                  des emballages restant dans les
                                                             ordures ménagères sous pré-
locaux sont plus nombreux, huit titulaires      texte que, grâce à l’extension des consignes
contre quatre auparavant, dans une commis-      de tri, ceux-ci seront triés. Or, l’objectif de
sion transversale plus large. Ceci ne reflète   recyclage reste fixé par la loi Grenelle I
hélas pas les responsabilités des collectivités à 75 % pour 2012. Il faudra bien financer
dans la gestion des déchets.                    la gestion des 25 % non recyclés ! Ce coût
Les commissions spécifiques rendent un          restera à la charge du contribuable, à             L’un des enjeux est l’extension des consignes de tri
                                                                                                   dans toute la France d’ici à 2022. / © Grandpa / Shutterstock
avis consultatif sur les projets de cahier des  contre-courant des orientations nationales
charges et sur les demandes d’agrément. Pour    visant à responsabiliser les producteurs
la filière emballages, le cahier des charges    dans une logique d’économie circulaire.           moderniser les centres de tri, estimés à                 conjuguent avec proximité de collecte, évi-
2018-2022 a été massivement rejeté à l’au-                                                        1,5 milliard d’euros par l’Ademe et loin                 tement de CO2 et développement d’emplois
tomne 2016. Ce vote témoignait du désaccord     Quels sont les principaux enjeux                  d’être couverts par les soutiens à l’inves-              locaux. Le fléchage exclusif des soutiens des
profond des élus et des metteurs sur le marché  pour la deuxième partie de mandat ?               tissement prévus par le cahier des charges               éco-organismes vers le soutien à la tonne
vis-à-vis des exigences de ce document sans     Parmi les enjeux figure l’extension des           emballages. Les plans régionaux doivent                  triée garantira le libre choix des collectivités
empêcher la publication de l’arrêté dédié.      consignes de tri à tous les emballages            concourir à ce nouveau maillage. La transi-              entre gestion directe des équipements et
L’AdCF, avec d’autres associations, plaidait    plastiques sur tout le territoire d’ici 2022.     tion écologique sera un succès si les perfor-            recours aux prestataires.
pour une concertation collégiale en amont.      Elle implique des investissements pour            mances de tri des nouveaux équipements se                                  Propos recueillis par CA

Les REP en Europe : zoom sur les emballages et les DEEE
Les règles européennes qui définissent les orientations de la REP sont déclinées à la fois dans une directive‑cadre déchets de 2008
et dans des directives spécifiques à certains matériaux. Fixant les grands objectifs, elles laissent à chaque pays le soin de s’organiser.

C
      omparer les performances de col­           Une variété de modèles                           pour les bouteilles en verre ou en plas-                 obligations à des organismes spécialisés
      lecte et de rec yclage des pays            Pour atteindre les objectifs fixés par           tique, voire pour les canettes.                          qui acquièrent des certificats pour le
      reste compliqué tant les modes             la directive européenne relative aux                                                                      compte de leurs adhérents.
d’organisation, les périmètres retenus           emballages, les pays européens ont               Royaume-Uni : une
pour organiser les filières à responsa-          adopté des organisations diverses avec           responsabilité morcelée                                  La filière opérationnelle
bilité élargie des producteurs (REP),            une filière opérationnelle (Allemagne,           Le Royaume-Uni a mis en place un système                 majoritaire pour les DEEE
les schémas de collecte ou encore les            Suède) ou financière (France, Belgique,          de REP original. La responsabilité est                   Pour les déchets d’équipements élec-
mesures des taux de collecte et de recy-         Portugal). Selon les États, les périmètres       répartie entre les différentes entreprises               triques et électroniques (DEEE), les dif-
clage sont hétérogènes.                          intègrent les emballages industriels et          de la chaîne de l’emballage (du producteur               férences d’organisation sont également
Sur ce dernier aspect, le projet de révi-        commerciaux (Portugal, Suède) ou uni-            du matériau au vendeur puis au consom-                   notables malgré des obligations précises
sion de la d i rec t ive‑cad re 20 0 8/0 8,      quement les emballages ménagers et               mateur final). Chacune individuellement                  fixées par la directive européenne. Si la
qu i ent re en pha se de « t r i log ue »        assimilés (France, Belgique, Espagne,            doit atteindre un objectif fixé en fonction              plupart des pays ont mis en place une
ent re le Con sei l, la Com m i ssion et         Allemagne). Les schémas de collecte              du pourcentage de responsabilité attribué                filière opérationnelle, le nombre d’éco-
le Parlement européens, marque un                sont aussi très variables. La Belgique,          au secteur auquel elle appartient et des                 organismes varie de 1 (Belgique) à 38
prog rès not able en i n st it ua nt des         par exemple, collecte quatre flux en dis-        quantités d’emballages manipulés l’année                 (Royaume-Uni, filière financière). La col-
moda lités de ca lcu l du tau x de col-          tinguant verre coloré et blanc, papiers/         précédente. Pour remplir ses obligations,                lecte se fait massivement en cinq f lux
lecte. Une étude réalisée par l ’asso-           cartons et emballages légers, tandis que         une entreprise acquiert des certificats                  et par l’intermédiaire des collectivités
ciation A MORCE avec le soutien de               l ’Espagne distingue trois f lux (verre,         (packaging recovery notes) auprès des opé-               (à hauteur de 60 % et plus, à l’exception
l ’Ademe, a i n si que des rappor t s de         fibreux, emballages légers). Certains            rateurs de valorisation ou de recyclage.                 de l’Allemagne et de l’Espagne), le reste
l’Ademe et de l’OCDE offrent quelques            pays, comme l’Allemagne, le Royaume-             Leur prix varie en fonction de l’offre, de               passant par les distributeurs et les entre-
éclairages sur le fonctionnement des             Uni, la Suède ou le Danemark, fonc-              la demande et du type d’emballage. La                    prises sociales et solidaires.
REP chez nos voisins européens.                  tionnent avec un système de consigne             majorité des entreprises transfèrent leurs                                                       CA
ÉTÉ 2017 • N° 221 • www.adcf.org
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
FOCUS                            5

Ouverture à la concurrence :
quelles conséquences ?
Les filières REP financières (emballages et papiers) connaissent un grand bouleversement avec la possibilité que plusieurs
éco‑organismes soient agréés par l’État et ainsi mis en concurrence. Quelles conséquences pour les collectivités ?

E
      ntre 2015 et 2017, les cahiers des        potentielles, environ 20 % du marché              le barème amont est en grande partie                  les filières opérationnelles où plusieurs
      charges encadrant l’organisation          « amont ». Par ailleurs, chaque année en          déterminé par le barème aval, la marge                éco-organismes interviennent. Ce méca-
      de plusieurs filières pour les pro-       théorie, un nouveau candidat a la possibi-        de manœuvre de l’éco-organisme dans                   nisme devrait garantir l’adéquation entre
chaines périodes d’agrément ont été mis en      lité de déposer une demande d’agrément            la fixation du niveau des contributions               les soutiens collectés en amont par
concertation par la Direction générale de       auprès des ministères.                            versées par les metteurs sur le marché est            l’éco‑organisme auprès des entreprises
la prévention des risques (DGPR, ministère                                                        très limitée ».                                       et les soutiens versés en aval aux collec-
de l’Environnement). Les années 2017            Où jouera la concurrence ?                                                                              tivités avec lesquelles il a contractualisé.
et 2018 marquent l’entrée en application        Les aspects sur lesquels les éco-orga-            Une complexité supplémentaire ?                       En pratique, la mise en place de ce méca-
de deux nouveaux cahiers des charges, l’un      nismes des filières REP financières peuvent       L’arrivée d’un second éco‑organisme dans              nisme, qui devrait jouer dès 2018, s’avère
pour la filière REP emballages ménagers         entrer en concurrence sont peu nombreux,          une filière REP financière implique la créa-          complexe et n’est pas entièrement arrêtée
(2018‑2022) et l’autre pour les papiers         tant le dispositif est encadré en amont           tion d’un système d’équilibrage financier             par les services de l’État.
graphiques (2017‑2022). Pour les papiers,       comme en aval par les textes législatifs et       semblable à celui qui peut exister dans                                              Camille Allé
Ecofolio a vu son agrément renouvelé pour       les cahiers des charges. Pour les collecti-
2017‑2022 et reste le seul éco-organisme        vités, le barème aval étant unique afin de
                                                          garantir une égalité de traitement,
                                                          la différenciation pourra jouer sur
       Pour les collectivités,                            l’offre de services : simplification
                                                          des procédures déclaratives,
la concurrence se jouera                                  accompagnement sur la commu-
sur la qualité relationnelle                              nication, qualité de la relation avec
                                                          l’éco-organisme au niveau local...
sur le marché à l’heure actuelle. Pour les      La collectivité pourra choisir de rompre
emballages, Eco-Emballages, leader his-         le contrat-type signé avec l’un des éco-
torique créé en 1992, et Adelphe (filiale       organismes agréés pour contractualiser
d’Eco‑Emballages) étaient déjà présents         avec l’autre l’année suivante.
sur le marché. Un nouvel éco‑organisme,         Côté metteurs sur le marché, la concur-
Léko, a obtenu un agrément délivré par          rence se fera sur les services proposés et,
le ministère de l’Environnement pour            à la marge, sur les montants financiers
la période 2018‑2022. Léko estime à             qui leur seront demandés par les éco-
plus de 650 le nombre d ’entreprises            organismes. Comme le relève l’Auto-
qui le soutiennent, soit l’équivalent de        rité de la concurrence dans son avis de
                                                                                                    La filière emballages compte désormais deux organismes agréés. / © Pack-Shot / Shutterstock
135 millions d’euros d’éco-contributions        décembre 2016, « dans la mesure où

Eco-Emballages et Léko sont positionnés en tant qu’éco-organismes dans le fonctionnement de la filière REP emballages
ménagers. Comment envisagent-ils la période d’agrément qui s’ouvre ? Réponse de leurs dirigeants.

                                     Jean Hornain                                                                                          Steve Lawson
                            view Directeur général d’Eco-Emballages                                                               view Président de Léko

                         « Notre projet se fonde sur la                                                                       « Être plus efficace et viser
© Eco-Emballages

                         performance et l’innovation »                                                                        l’excellence pour la filière »
                                                                                                  © DR

Eco-Emballages travaille depuis longtemps avec les collectivités.                                 Léko vient d’obtenir son premier agrément en tant
Quels sont les axes forts sur lesquels vous les accompagnerez pour                                qu’éco‑organisme. Comment comptez-vous agir auprès
ce nouvel agrément 2018-2022 ?                                                                    des collectivités ?

L                                                                                                 C
      e partenariat avec les collectivités      dans le cadre des nouvelles régions mul-                 e premier agrément est pour nous               partenariats étroits et constructifs
      est profondément inscrit dans l’ADN       tiplieront les actions d’échange de bonnes               une étape cruciale et le début                 dans le respect des compétences et des
      d’Eco-Emballages. Il est la clé de        pratiques et les ateliers techniques dédiés              d’une longue histoire. Léko est le             territoires. Les enjeux sont nombreux,
toutes nos réussites passées et futures.        à la performance de tri et à la maîtrise des      fruit d’une volonté collective avec tous              notamment atteindre 75 % de taux de
Pour les cinq prochaines années, notre projet   coûts. Eco-Emballages renforcera aussi son        les acteurs du cycle de vie de l’embal-               recyclage, déployer l ’extension des
se fonde sur la performance et l’innovation     appui aux collectivités désireuses de passer      lage pour redynamiser son recyclage.                  consignes de tri à tous les emballages,
pour réduire l’impact environnemental           à la tarification incitative. Cet accompa-        La gouvernance de Léko rassemble des                  accompagner la modernisation des
des emballages et ancrer la consommation        gnement sans précédent se fera aussi au           entreprises et des organisations pro-                 centres de tri…
durable, l’éco-conception et le recyclage       plan financier avec près de 150 millions          fessionnelles au ser vice de l ’ intérêt              En un mot, nous faisons le choix, pour
dans les habitudes des entreprises et des       d’euros d’aides à l’investissement dans le        général. Ce nouvel élan prend forme                   les collectivités comme pour les entre-
Français. Nous avons deux priorités : la        cadre d’appels à projets dédiés notamment         autour d’une collaboration efficace entre             prises d’ailleurs, de l’éco-organisme
relance du tri, particulièrement dans les       à l’innovation dans les centres de tri et         tous les intervenants afin d’atteindre les            transparent, agile, partenarial, pour
grandes agglomérations ; et le recyclage        les activités de collecte.                        objectifs fixés pour le prochain agrément             écrire ensemble cette nouvelle page de
et la valorisation de tous les emballages       Enfin, je voudrais souligner que pour mieux       2018-2022.                                            l’économie circulaire et de la REP embal-
ménagers, avec en ligne de mire l’objectif      appréhender les enjeux de la transition vers      Notre démarche repose sur des valeurs de              lages en France. Être plus efficace et viser
de 75 % de taux de recyclage en 2022.           l’économie circulaire, nous nous emploie-         simplicité, de transparence et de partena-            l’excellence pour la filière française du
Nous mettrons à disposition des collecti-       rons à mener un dialogue plus dynamique           riat, pour donner un second souffle à ce              recyclage des emballages ménagers, c’est
vités un accompagnement sans précédent.         et prospectif avec les collectivités et l’en-     dispositif, 25 ans après sa mise en place.            le pari que nous espérons relever avec
Au plan technique, nos huit directions          semble de nos parties prenantes.                  Concernant les collectivités, nous                    l’ensemble des acteurs concernés.
régionales renforcées et réorganisées                            Propos recueillis par CA         avons pour ambition d ’instaurer des                                  Propos recueillis par CA
                                                                                                                                                                    www.adcf.org • N° 221 • ÉTÉ 2017
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
6                      FOCUS                   DÉCHETS

                      COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU BASSIN DE POMPEY (MEURTHE-ET-MOSELLE)

                      Les filières REP vues du terrain
                      La communauté de communes du Bassin de Pompey assure la compétence « collecte et traitement des déchets ménagers ».
                      Comment se concrétise le travail avec les filières REP sur le terrain ? Retour d’expérience.

A
        u Bassin de Pompey, la contractua-            avant de changer pour Eco‑systèmes en                Une pré-collecte parfois                                 et son repreneur). Le Bassin de Pompey est
        lisation avec des éco-organismes est          raison des problèmes que rencontrait ERP             très minutieuse                                          passé en option fédération il y a quelques
        ancienne. Avant la création de cer-           sur le taux de couverture national des sou-          La typologie des différentes sortes de                   années, plus avantageuse financièrement
taines filières REP, des contrats avaient été         tiens. Progressivement, d’autres filières se         déchets peut s’avérer complexe, comme                    pour le territoire. Depuis, les prix moyens
signés avec des repreneurs pour assurer la            sont établies au sein de la déchetterie : pneu-      c’est le cas des déchets diffus spécifiques
collecte et le traitement, comme par exemple          matiques, piles, déchets diffus spécifiques,         (DDS). Les particuliers apportent en
pour les déchets d’équipements électriques
et électroniques (DEEE). Cela permettait
                                                      et plus récemment, en 2014, ameublement.
                                                      Papiers et emballages sont collectés en porte
                                                                                                           déchetterie des DDS qui, selon leurs
                                                                                                           caractéristiques, seront classés comme
                                                                                                                                                                      Les soutiens couvrent
d’éviter leur enfouissement tout en travail-          à porte, ainsi que les biodéchets. Des bornes        relevant de produits à usage des par-                environ 12 % des dépenses
lant avec une entreprise d’insertion. La filière      d’apport volontaire complètent ce schéma             ticuliers ou des professionnels, indé-               de gestion des déchets
REP DEEE s’est ensuite montée en 2005. La             pour le verre et le textile. Le total des soutiens   pendamment de leur utilisateur réel.
communauté a signé avec l’éco‑organisme               couvre environ 12 % des dépenses du service          Si les déchets précollectés ne sont pas
ERP, qui travaillait avec son repreneur initial,      public de gestion des déchets.                       conformes aux standards établis, la com-                 proposés par les filières et les fédérations
                                                                                                           munauté paye le refus de tri. Un autre col-              sont comparés régulièrement pour s’assu-
                                                                                                           lecteur reprend les DDS qui ne relèvent                  rer que ce choix reste pertinent.
                                                                                                           pas du périmètre de la filière REP. Cela
                                                                                                           implique de disposer d’un espace de stoc-                Une volonté politique forte
                                                                                                           kage distinct, pas toujours disponible dans              La communauté de communes et son
                                                                                                           les petites déchetteries.                                centre de tri n’ont pas été retenus lors du
                                                                                                                                                                    dernier appel à projets d’Eco-Emballages
                                                                                                           Option filière ou option                                 pour l’extension des consignes de tri des
                                                                                                           fédération ?                                             emballages plastiques. Malgré un manque
                                                                                                           Dans la filière emballages, les collectivités            à gagner estimé à 90 000 euros par an, les
                                                                                                           ont le choix entre l’option filière (proposée            élus ont fait le choix ambitieux de se lancer.
                                                                                                           par Eco-Emballages et les filières de maté-              Il s’agissait pour eux d’apporter un service
                                                                                                           riaux avec un prix de reprise identique pour             supplémentaire aux usagers, allant de pair
                                                                                                           tous les territoires) et l’option fédération             avec le passage à une taxe d’enlèvement des
                                                                                                           (portée par les fédérations Fnade, Federec               ordures ménagères incitative, qui entrera
                                                                                                           et par leurs entreprises labellisées, avec un            en vigueur en 2018.
 La communauté a monté une filière DEEE dès 2005. / © Arthur Mustafa / Shutterstock
                                                                                                           prix de reprise négocié entre la collectivité                                           Camille Allé

Les nouveaux contrats-types
emballages ménagers et papiers
Les cahiers des charges pour les filières REP emballages ménagers et papiers prévoient qu’un contrat-type organise les
relations entre la collectivité et l’éco-organisme de son choix. Ils définissent une partie des rubriques et des règles qui devront
figurer dans ces contrats-types. Éclairage.

C
       haque éco-organisme rédige un                  collectivité peut dénoncer le contrat,
       contrat-type qu’il propose aux col-            notamment si elle souhaite contractua-
       lectivités à compétence « collecte »           liser avec un éco-organisme concurrent
et/ou « traitement » qui souhaiteront                 au 1er janvier de l’année suivante.
contractualiser avec lui pour la gestion de
leurs déchets. Le contrat fixe les modalités          Parmi les nouveautés, le contrat
du soutien technique et financier que                 d’objectifs
l’éco-organisme apporte à la collectivité et  Le contrat-type offre la possibilité aux col-
précise les engagements des deux parties.     lectivités de signer un contrat d’objectifs,
Y figurent notamment les modalités de         indépendant du contrat-type. En signant ce
versement des soutiens financiers par         contrat d’objectifs, sur une base volontaire,
l’éco-organisme et les obligations décla-     la collectivité s’engage à : maintenir ses per-
ratives de la collectivité, les éléments de   formances de recyclage au moins au niveau
déclaration, transmission et utilisation      de celles de 2016 ; rechercher les moyens
des données de la collectivité, les enga-     d’améliorer les performances environne-                       Le contrat-type servira de base aux échanges entre
                                                                                                            collectivité et éco-organisme. / © dcwcreations / Shutterstock
gements de cette dernière concernant          mentales et technico-économiques de la
la reprise des matériaux, les conditions      collecte et du tri, avec une qualité de service
                                                             au moins comparable et un                     Des contrats élaborés                                    les réunions se sont déroulées séparément.
                                                             coût maîtrisé ; fournir, au plus              en concertation                                          Les associations de collectivités ont veillé
                                                             tard avant fin 2019, un échéan-               Autre nouveauté, les cahiers des charges                 à ce que les contrats-types proposés par
           Les collectivités peuvent                         cier prévisionnel de mise en                  des deux filières prévoient que le contrat-              ces deux éco‑organismes suivent une
signer un contrat d’objectifs,                               œuvre de moyens permettant                    type soit élaboré par l’éco-organisme agréé              forme et des calendriers similaires (ordre
indépendant du contrat-type                                  l’extension des consignes de                  « en concertation avec les représentants                 et nombre d’articles, intitulés, échéances…).
                                                             tri avant fin 2022.                           des collectivités territoriales ». Plusieurs             Cette convergence devrait faciliter la com-
                                                             Ce contrat d’objectifs est une                réunions se sont tenues entre chaque éco-                paraison des contrats. Ces derniers seront
de contrôle des données déclarées par la      nouveauté par rapport à la précédente                        organisme et les responsables techniques                 disponibles à la rentrée, ce qui laissera
collectivité et/ou ses repreneurs, les spéci- période. Il permet à la collectivité d’obte-                 de l’AdCF, de l’AMF, d’AMORCE et du                      quelques semaines aux collectivités pour
ficités pour l’Outre-mer. Le contrat prend    nir un « soutien de transition », c’est-à-dire               Cercle national du recyclage.                            choisir l’éco-organisme avec lequel elles sou-
effet au 1er janvier de l’année de signature  un niveau de soutiens financiers au moins                    Pour la filière emballages ménagers, Eco-                haitent s’engager en matière d’emballages.
jusqu’à la fin de l’agrément en 2022. La      égal à celui de 2016.                                        Emballages et Léko étant en concurrence,                                                            CA
ÉTÉ 2017 • N° 221 • www.adcf.org
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
DOSSIER                              7

                                 Biodiversité :
                                 l’indispensable action locale
© McKeeMedia / Shutterstock

                              Une responsabilité partagée
                              La biodiversité ne constitue pas une compétence en tant que telle qui serait attribuée à un acteur identifié ; bien au contraire,
                              elle se caractérise par la multiplicité des échelles d’intervention et un foisonnement d’initiatives locales… au service d’enjeux
                              fondamentaux pour l’avenir de nos territoires.

                              L
                                    a biodiversité, c’est comme le paysage. responsabilités de premier plan pour elles,       la loi pour la reconquête de la biodiversité, qui précisent des orientations d’aménage-
                                    Elle engage la responsabilité de tous   bien affirmées par les codes de l’urbanisme       de la nature et des paysages (août 2016)      ment et des règlements davantage tournés
                                    ou… de personne. Comme le paysage,      et de l’environnement, si l’on considère          inscrit dans le Code de l’environnement       vers la biodiversité, des compensations
                              la « sauvegarde de la biodiversité » n’est    leur rôle d’aménageur et de gestionnaire          une définition de la biodiversité :
                              pas en tant que telle une compétence,         de territoire. Les documents d’urbanisme          « On entend par biodiversité, ou
                                                                                                                              diversité biologique, la variabilité
                              elle n’est pas attribuée spécifiquement à
                              une collectivité, même si une notion de
                                                                            ont en outre à prendre en compte les pré-
                                                                            conisations des schémas régionaux, qui            des organismes vivants de toute
                                                                                                                                                                            La connaissance du
                              « chef de file » est mentionnée par le Code   eux-mêmes doivent contribuer à la mise            origine, y compris les écosystèmes patrimoine naturel s’affine et les
                              général des collectivités territoriales.      en œuvre de la stratégie nationale pour la        terrestres, marins et autres éco- méthodologies progressent
                                                                                   biodiversité. Une fusée à trois étages     systèmes aquatiques, ainsi que
                                                                                   bien connue : État-région-bloc local.      les complexes écologiques dont
                                                                                                                              ils font partie. Elle comprend la diversité
                                        L’appropriation politique Àtégie              quatre étages en comptant la stra-
                                                                                          de l’Union européenne pour          au sein des espèces et entre espèces, la
                                                                                                                                                                            qui s’opèrent dans des dynamiques plus
                                                                                                                                                                            positives, une connaissance qui s’affine et
                              du sujet gagne du terrain, elle la biodiversité, adoptée en 2011, ses                           diversité des écosystèmes ainsi que les       une méthodologie qui progresse, des ini-
                              se traduit notamment dans les multiples directives en la matière                                interactions entre les organismes vivants. »  tiatives de mobilisation et de concertation
                                                                                   (dont les plus connues, les direc-         Cette loi vient par ailleurs préciser des     des populations qui se multiplient. Tant
                              documents d’urbanisme                                tives « Oiseaux » et « Habitats »), et     règles de gouvernance et d’organisa-          d’actions que se propose de faire partager
                                                                                   plus récemment son « plan d’actions        tion des administrations intervenant en       ce nouveau dossier d’Intercommunalités.
                              C’est aux régions que celui-ci réserve ses    pour le milieu naturel, la population et          matière de politiques de la biodiversité,     Le Monde consacrait un récent éditorial1
                              quelques références, à qui il accorde cette   l’économie », publié en avril dernier. À ce       et également de l’eau.                        à une nouvelle étude américaine et mexi-
                              responsabilité de chef de file en matière     paysage s’ajoute l’action des départements                                                      caine évoquant la menace d’un « anéan-
                              de « protection de la biodiversité » et à qui (actifs sur leurs espaces naturels sensibles      Des initiatives locales                       tissement biologique ». Un enjeu mondial
                              il assigne des objectifs de « protection et   notamment), de multiples acteurs publics          Si elles demeurent par endroits encore très   auquel les actions locales constituent
                              de restauration de la biodiversité » dans     (récente Agence française pour la biodi-          timides, les initiatives se multiplient dans  autant d’éléments de réponse majeurs.
                              leur schéma régional d’aménagement, de        versité), parapublics, privés, associations       les territoires. L’appropriation politique    Tout comme le paysage renvoie à la fois
                              développement durable et d’égalité des        locales ou nationales…                            du sujet gagne du terrain. On observe         au paysage quotidien et au paysage excep-
                              territoires (Sraddet).                                                                          la création de délégations relatives à la     tionnel, la restauration de la biodiversité
                                                                              Un engagement collectif                         biodiversité accordées à des vice-prési-      renvoie à la fois à la proximité et à l’ap-
                              Des acteurs multiples                           Depuis 2004, la stratégie nationale pour la     dents ou maires adjoints, des schémas         proche globale.
                              Aucune interpellation spécifique des com-       biodiversité donne un signal politique fort     ou stratégies qui s’élaborent, des docu-                                  Philippe Schmit
                              munautés ne figure dans le Code général         et traduit l’engagement national et collectif   ments d’urbanisme qui désignent plus
                              des collectivités territoriales, mais des       en faveur de la biodiversité. Plus récente,     spécifiquement des parcelles à enjeux ou      1- Édition du 11 juillet 2017.

                                                                                                                                                                                      www.adcf.org • N° 221 • ÉTÉ 2017
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
8                                    DOSSIER                      BIODIVERSITÉ

                                                       Nicolas Hulot
                                             view Ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire
© Arnaud Bouissou - TERRA

                                         « Partout en France, nous pouvons partir
                                         à la conquête de la biodiversité »
Activement engagé pour la prise de conscience des enjeux de transition écologique, Nicolas Hulot a été nommé ministre de la Transition
écologique et solidaire en mai dernier. Il précise pour Intercommunalités sa perception de la biodiversité, les grands axes qu’il souhaite
proposer et la place centrale qu’y jouent les territoires.
En quoi diriez-vous que la                                           dans les entreprises et les collectivités,     communication et de sensibilisation sera         Je ne donnerai pas de leçon d’étymolo-
biodiversité est un enjeu national ?                                 nous pouvons partir à la conquête de la        lancé avant la fin de l’année par l’Agence       gie, mais des peuples premiers, qui nous
La biodiversité n’est pas qu’un enjeu natio-                         biodiversité.                                  française pour la biodiversité (AFB).            rappellent ce que l’on doit à la terre nour-
nal, c’est un enjeu planétaire, comme la                                                                            Au niveau des territoires, un dispositif         ricière, jusqu’aux élus qui labourent le
lutte contre le réchauffement clima-                                 Quels sont les grands axes                     en faveur de « territoires engagés pour la       terrain, nous partageons cet attachement
tique. Récemment, des scientifiques ont                              de la mandature en la matière ?                nature » va être créé. Les intercommunalités     aux territoires.
de nouveau tiré la sonnette d’alarme                                 La France est l’un des premiers pays au        y auront toute leur place et nous serons vigi-   Je sais que je peux compter sur les terri-
en publiant une étude démontrant que                                 monde à s’être doté d’une grande loi de        lants à ce que ce dispositif tienne compte       toires pour engager cette reconquête de
nous risquions une « sixième extinction »,                           reconquête de la biodiversité, votée en        des travaux existants, tels que les plans        la biodiversité. Ils mènent déjà de nom-
c’est‑à‑dire la disparition massive des                              août 2016, et dont les derniers décrets        d’actions des schémas régionaux de cohé-         breuses actions. Mais il faut aller plus loin.
espèces qui peuplent notre planète. Les                              d’application sont en cours de finalisation.   rence écologique.                                C’est l’idée « des territoires engagés pour la
conséquences de cette extinction qui puise                           Nous pouvons en être fiers, car c’est un       Ne l’oublions pas, 80 % de la diversité des      nature », et c’est aussi pour cela que l’AFB
ses racines dans la destruction des milieux,                         texte de mobilisation et d’action qui pose     espèces se trouve dans les Outre‑mer.            sera un interlocuteur des collectivités et de
la surexploitation des ressources, les pol-                          des bases fondamentales pour notre pays.       La nécessité d’agir sur ces territoires          leur tête de réseau. L’AFB vient d’ailleurs
lutions et le changement climatique – en                             Cette loi énonce plusieurs principes : la      est donc une évidence. Je sais
                                                                                                                    qu’Annick Girardin, ministre des
                                                                                                                    Outre‑mer, est très attachée à ce sujet             Tous ceux qui font la
                                                                                                                    et au rôle d’avant-garde que peuvent
                                                                                                                    jouer ces territoires dans le déve- richesse d’un territoire ont déjà
                                                                                                                    loppement durable. Les Assises des compris que la biodiversité est
                                                                                                                    Outre-mer seront l’opportunité de
                                                                                                                    faire émerger des projets en ce sens. la vraie modernité
                                                                                                                    La mer ne sera pas en reste avec un
                                                                                                                    grand chantier de planification sur chaque       de lancer un appel à projets sur les atlas de
                                                                                                                    façade maritime pour réduire les pollutions      la biodiversité communale et intercom-
                                                                                                                    qui viennent de terre. Là encore, les ter-       munale. J’invite les intercommunalités à
                                                                                                                    ritoires du littoral, déjà mobilisés, seront     se lancer dans ce type d’initiatives pour
                                                                                                                    indispensables pour réussir.                     mieux connaître leur patrimoine et mieux
                                                                                                                    Je porte aussi une grande ambition inter-        le gérer tout en impliquant les habitants.
                                                                                                                    nationale sur ce sujet, car nous devons          J’accorde aussi beaucoup d’importance à la
                                                                                                                    apprendre à collaborer avec le vivant à          mise en place des trames vertes et bleues.
                                                                                                                    l’échelle de la planète. Brune Poirson, qui      Ce grand réseau écologique qui connecte
                                                                                                                    est à mes côtés, va engager cette mobi-          les écosystèmes permettra l’adaptation de
                                                                                                                    lisation sur les océans mais aussi sur la        notre pays au changement climatique. Via
                                                                                                                    biodiversité, pour faire de 2020 une grande      les documents de planification, les élus ont
                                                                                                                    année de la biodiversité, à l’image de la        en responsabilité un levier pour préserver
                                                                                                                    mobilisation de 2015 pour le climat.             et restaurer les continuités écologiques de
                                                                                                                                                                     nos territoires.
                                                                                                                    La biodiversité est souvent perçue
                                                                                                                    comme une contrainte incompatible                Comment voyez-vous l’emboîtement
                                                                                                                    avec le développement local. Quelle              des responsabilités entre les
                                                                                                                    analyse en faites-vous ?                         différents échelons de collectivités ?
             La mer et les océans sont de hauts lieux de biodiversité ;                                             C’est absurde, nous ne sommes plus au XXe        La loi ouvre en ce domaine des perspec-
             ils doivent être protégés. / © Gustavo Frazao / Shutterstock
                                                                                                                    siècle et je sais que les élus, les entreprises, tives intéressantes. Les agences régionales
                                                                                                                    les associations, les agriculteurs et tous       pour la biodiversité (ARB) offrent la pos-
bref, dans les activités humaines – sont     solidarité écologique entre les territoires,                           ceux qui font la richesse d’un territoire        sibilité de nouveaux partenariats entre
absolument terribles. Pour paraphraser le    la non-régression du droit de l’environne-                             ont déjà compris que la biodiversité est la      collectivités et État. Si l’initiative revient
grand naturaliste américain David Bower,     ment, un objectif d’absence de perte nette                             vraie modernité.                                 aux régions avec l’AFB, l’esprit des ARB
« il n’y a pas d’économie possible sur une   de biodiversité dans le cadre des opérations                           Il y a un concept important que je veux          est d’associer tous les niveaux de collec-
                                                    d’aménagement, une réparation                                   développer, et j’ai demandé à Sébastien          tivités. Par la mise en synergie de tous,
                                                    du préjudice écologique quand il                                Lecornu de s’y atteler. C’est ce qu’on appelle   les ARB peuvent faciliter la coordination
           Ne l’oublions pas, 80 % aliéslieu,à l’utilisationet le partage des avantages
                                                                          des ressources
                                                                                                                    « les solutions fondées sur la nature ». On
                                                                                                                    fait souvent le constat que rien ne protège
                                                                                                                                                                     des responsabilités de chacun.
                                                                                                                                                                     En parallèle, les régions se doteront d’une
  de la diversité des espèces se génétiques.                                                                        mieux de l’érosion côtière que la nature et      stratégie régionale pour la biodiversité, en
  trouve dans les Outre-mer                         Ma feuille de route pour la biodi-                              les zones humides. Que rien ne prévient          associant tous les acteurs et en cohérence
                                                    versité : arriver à une égalité de trai-                        mieux les inondations que la lutte contre        avec la stratégie nationale. Les comités
                                                    tement avec les enjeux climatiques.                             l’artificialisation des sols. Que rien ne pré-   régionaux de la biodiversité accompagne-
planète morte ». La biodiversité est le      Pour cela, je veux m’appuyer sur la loi, et                            serve mieux la qualité de l’eau que l’agri-      ront d’ailleurs cette démarche de dialogue
substrat de notre existence, de la qualité   associer tous les acteurs et les territoires                           culture biologique. Ces solutions simples        et de construction de l’avenir.
de l’eau, de l’air que nous respirons, de    à la mise en œuvre. Nous sommes main-                                  nous rappellent que la nature nous protège.      Les intercommunalités, par leur proximité
l’agriculture et de toute l’économie.        tenant dans le temps du « déploiement                                  Il faut donc les développer.                     avec les citoyens et leur capacité à innover,
La biodiversité est donc un enjeu global,    de l’action ».                                                                                                          ont un rôle clé dans la transition écolo-
mais dont les réponses se construisent       Nous allons relancer la stratégie natio-                               Quel rôle pour les territoires                   gique et solidaire que doit engager notre
avant tout dans les territoires. Partout     nale pour la biodiversité, y compris son                               dans cette préservation ?                        société. Je compte sur elles pour faire leur
en France, dans les villes et les cam-       volet sur les aires protégées et son dis-                              Pour reconquérir la biodiversité, nous           part et encourager les initiatives positives
pagnes, dans les jardins et les cours        positif d’engagement des acteurs. Pour                                 devons partir de la terre, du terrain, des       qui fleurissent sur leurs territoires !
d’école, dans les rivières et les montagnes, toucher tout un chacun, un grand plan de                               territoires.                                          Propos recueillis par la rédaction
ÉTÉ 2017 • N° 221 • www.adcf.org
BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF BIODIVERSITÉ : L'INDISPENSABLE ACTION LOCALE - ADCF
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