Call for Paper Special Issue "Libya(s) in the Making" for Année du Maghreb 28 |2022-II

 
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Call for Paper Special Issue "Libya(s) in the Making" for
Année du Maghreb 28 |2022-II
Announcement published by Chiara Loschi on Monday, November 29, 2021
Type:
Call for Papers
Date:
December 15, 2021
Subject Fields:
Anthropology, Arabic History / Studies, Colonial and Post-Colonial History / Studies, Middle East
History / Studies, Social Sciences

Argumentaire (English below)

Le 17 février 2021 a marqué le dixième anniversaire du soulèvement de 2011 qui a conduit au
renversement du régime de Mu’ammar Kadhafi en Libye. Un tel anniversaire pourrait facilement
suggérer des évaluations rétrospectives des événements qui ont suivi la disparition de la Jamahiriya.
Toutefois, il nous semble plus utile de le considérer comme une occasion de réfléchir sur le travail
que la communauté académique a pu faire sur le pays au cours de la dernière décennie, et d’en
pointer les angles morts afin de mettre davantage en résonnance des travaux récents et originaux qui
s’intéressent aux dynamiques plurielles de la société libyenne de l’après-Kadhafi.

Jusqu’à présent, les enjeux et conséquences de la transition politique ont le plus souvent été évalués
au prisme des intérêts des pays européens et occidentaux – flux migratoires vers l’Europe, sécurité et
intérêts géopolitiques en jeu (Colombo and Varvelli, 2020 ; Galen Carpenter, 2018 ; Martinez, 2007 ;
Pack, 2013 ; Randall, 2015 ; St John, 2011 ; Vandewalle, 2018).

Une autre approche a privilégié l’analyse des processus institutionnels au niveau macro, en se
concentrant sur des problématiques telles que la construction et/ou le maintien de l’État ou de
contre-pouvoirs, la sécurité nationale et/ou internationale, le contrôle des frontières et du territoire,
les ressources économiques, les interférences extérieures et/ou les forces centrifuges internes
(Eaton, 2018 ; Lacher et al Idrissi, 2018 ; Pack, 2019 ; Wehrey, 2018). Ces travaux, attestant des
limites de l’État ou de sa concurrence par d’autres modes de régulation, ont conduit à opposer des
notions telles que l’ethnicité et l’État-nation, le tribalisme et les partis politiques et/ou les
mobilisations de la société civile, les milices et l’armée centralisée, etc., mettant en relief différentes
configurations institutionnelles selon les échelles nationales et municipales (baladiyet) ou selon les
acteurs étatiques et non étatiques.

Si toutes ces dimensions sont d’un intérêt central pour comprendre les enjeux en cours, les analyses
privilégiant des variations d’échelles (du macro ou micro) et de temps ont été assez peu explorées. Or
la prise en compte des interactions et des reconfigurations politiques au carrefour des espaces
institutionnels et non-institutionnels laissent entrevoir la multiplicité des « Libyes » en devenir dans
les plis de la transition. Les travaux sur l’histoire de la Libye contemporaine ont en effet souligné la
multiplicité de certains facteurs sur le temps long (depuis la fin de la domination ottomane et la
colonisation italienne), tels les structures familiales, le poids de certains groupes (ethniques,

Citation: Chiara Loschi. Call for Paper Special Issue "Libya(s) in the Making" for Année du Maghreb 28 |2022-II. H-Announce.
11-29-2021.
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religieux, linguistiques, d’intérêts, etc.) et les dynamiques socio-politiques municipales, provinciales,
régionales mais aussi impériales et trans-impériales, interrogeant la relation entre division
administrative et réseaux de solidarité ou d’obédience (Simon, 1987 ; Anderson, 1984, 1986 ;
Baldinetti, 2010 ; Al-Barbar, 1986, 1992 ; Berhe, 2013, 2015 ; al-Būsayrī, 1998 ; Dumasy, 2008,
2017 ; Lafi, 2001, 2002, 2013 ; Morone, 2017). Ces travaux incitent à proposer une analyse du
présent qui rendrait aussi compte du développement historique de la complexité. L’étude des
institutions de la Libye indépendante a par ailleurs été abordée dans une perspective critique, sans
pour autant nier ou refuser les catégories traditionnellement proches du paradigme de l’État
néolibéral d’origine occidentale (Abusedra, 2020 ; Capasso, 2020 ; Badi, 2021). Ces approches
« combinées » sont encore minoritaires et il nous semble aujourd’hui important de les encourager
pour dépasser les études critiques en cours, majoritairement consacrées aux frontières et aux
migrations – qui ont l’intérêt de porter l’analyse sur la coopération entre les pays européens et les
autorités libyennes (Bialasiewicz, 2012 ; Cuttitta, 2018 ; Tazzioli, 2016), notamment l’« hypocrisie
organisée » (Cusumano, 2019) sur laquelle repose la politique européenne d’externalisation de la
gestion des frontières.

Il faut reconnaître enfin que si la recherche sur la Libye, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, a
été toujours difficile, après 2011 la situation a empiré. Ce n’est qu’au début des années 2000, avec la
fin des sanctions internationales contre le pays, que l’accès au terrain pour les chercheur.e.s
internationaux a été rendu possible, mais de façon limitée, permettant aussi une reprise des
échanges avec les collègues libyens. L’interruption de ces échanges après 2011, et plus encore
depuis 2014, a eu pour conséquence de bloquer en grande partie les informations provenant du
terrain et des expériences civiles, civiques et politiques de la Libye de l’après-2011 – des expériences
qui sont donc largement ignorées et, de fait, peu relayées ou analysées dans les ouvrages
académiques récents.

Axes thématiques

Cet appel à contributions pour un numéro spécial de L’Année du Maghreb vise donc aussi bien à
questionner les changements les plus récents que les catégories d’analyse sur le temps long,
interrogeant notamment la pertinence des césures traditionnellement retenues, articulées le plus
souvent sur les changements de régime et scandées par la colonisation, la monarchie, le coup d’État
de 1969 ou la révolution de 2011. Ainsi, L’Année du Maghreb sollicite des contributions originales qui
puissent rendre compte de ces évolutions, notamment les nombreux processus qui s’inscrivent au-
delà des distinctions binaires entre acteurs étatiques et non étatiques, dimensions politiques et
sociales, sécurité et insécurité (axe 1). Il s’agit par ailleurs d’analyser l’interaction entre l’usage de la
violence et la segmentation du pays en milices d’une part et la diversité des mobilisations politiques
et sociales d’autre part (axe 2). Enfin, cet appel invite à porter la réflexion sur la façon dont les
difficultés d’accès au terrain imposent de repenser la question des sources et des stratégies de
recherche pour l’étude de la société libyenne ainsi que dans d’autres pays du Maghreb et Moyen
Orient (axe 3).

Axe I : Interroger les formes de pouvoir en Libye au-delà du paradigme de l’État-nation

Une partie de la littérature sur la révolution libyenne a cherché à expliquer la chute du régime de
Kadhafi par l’épuisement d’un système de gouvernance reposant à la fois sur des alliances avec des

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élites familiales et tribales et sur l’incertitude générée par la personnalisation du pouvoir et la
question de la succession de Kadhafi. Ces éléments auraient conduit à alimenter des divisions portant
en germe la fragmentation actuelle du pouvoir, la faiblesse des institutions, la montée des milices et
la persistance des conflits (Eaton, 2018). Par conséquent, certaines études se sont concentrées sur
les alliances politiques locales libyennes pour comprendre les processus au niveau national (Lacher,
2016). Parallèlement, le rôle joué par des acteurs extérieurs (depuis les interventions occidentales
jusqu’à l’engagement de la Turquie, des Émirats arabes, du Qatar, de la Russie et des pays voisins de
la Libye, de la Ligue arabe et de l’Union africaine) a fait l’objet d’analyses géopolitiques interrogeant
la permanence ou la transformation des logiques de sécurité régionales depuis la guerre froide
(Megerisi, 2017). Ces approches ont été complétées par la prise en compte de la façon dont les
questions de sécurités sont appréhendées au niveau national (Bigo, 2000 ; Bilgin, 2004). Certain.e.s
auteur.e.s ont ainsi souligné la nécessité de mesurer la façon dont les intérêts migratoires et
sécuritaires d’acteurs extérieurs (notamment les États et l’Europe) influent sur les processus
d’engagement des institutions locales, au risque de les limiter (Loschi et Russo, 2020 ; Loschi, 2021).

Souvent invoqué pour expliquer une segmentation politique et sociale vue comme traditionnelle, le
poids du tribalisme a de même été remis en cause par des travaux qui questionnent la validité de
cette catégorie et ses articulations comme support à une réflexion sur l’État en montrant qu’il
correspond davantage à une forme de mobilisation intermittente qu’à une réalité sociale intangible
(Lahmar, 2016). Tabib (2016) a ainsi souligné la pertinence d’analyses situées dans des conjonctures
physiques et politiques spécifiques pour mettre en relief la diversité des processus économiques et
sociaux. Certains groupes locaux ont ainsi pu mobiliser de façon stratégique la notion d’ethnicité
après la chute de Kadhafi, afin de légitimer des demandes spécifiques et obtenir un soutien interne et
international (Guichaoua, 2015 ; Morone, Pagano, 2016 ; Pagano, 2018, 2019). Dans la même veine,
Bensaâd (2019) a réabordé la question de l’État libyen à partir des conflits transnationaux dans le
Sahel, relisant les conflits dans le Fezzan à l’aune d’une histoire longue des liens familiaux et sociaux
et de l’instrumentalisation des forces politico-militaires locales. Ces recherches montrent comment
les changements d’équilibre du pouvoir doivent être ancrés dans des processus sociaux et politiques
informés localement.

En s’inspirant de ces contributions, notre premier axe vise à mettre l’accent sur les perspectives des
acteurs locaux au-delà du seul cadre étatique. Il s’agira de voir comment les groupes informels et les
organisations politiques, mais aussi les individus, expérimentent, changent, redéfinissent les
équilibres de pouvoir au-delà des catégories étatiques et non étatiques, de l’apatridie, des
configurations institutionnelles et des dichotomies entre institutions traditionnelles et la supposée
« modernité » du paradigme de l’État-nation.

Les contributions pourront répondre à des questions telles que :

        Comment analyser la transition libyenne du point de vue des acteurs locaux, en tenant compte
        de la diversité des enjeux et des configurations ?

        Comment aborder les relations sociales et politiques au niveau local, et comment articuler les
        niveaux locaux, nationaux et internationaux pour comprendre les équilibres de pouvoir et les

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        formes de mobilisation et de régulation ?

        Comment sont définies les menaces sécuritaires, l’(in)sécurité et comment ces définitions ont-
        elles évolué au cours des dix dernières années ? Quels sont les enjeux à la base de ces
        définitions par les acteurs locaux ?

        Comment intégrer ces différents (re)définitions dans une élaboration théorique pour l’analyse
        de reconfigurations des institutions libyennes ?

Axe II : Penser la société libyenne au-delà de la violence et de la contrainte

L’expérience de Goodhand (2000), à propos des recherches sur des conflits et des crises, a conduit à
nous avertir du risque de « fétichisme du conflit ». Sans nécessairement tomber dans ce travers,
l’importance de la Libye comme théâtre de luttes armées locales et internationales a conduit à une
importante production scientifique sur les aspects militaires et sécuritaires, au détriment de l’analyse
d’autres aspects de la société libyenne. Or « les personnes touchées par le conflit rappellent
fréquemment aux chercheurs et aux travailleurs humanitaires que leur vie comporte d’autres aspects,
que la guerre n’est pas le seul point de référence » (Goodhand, 2005, p. 15). Leyla Taieb a ainsi
exploré la production et la circulation de la musique amazighe dans la Libye post-Kadhafi en
soulignant comment « la formation d’un public intime autour de la musique amazighe en Libye a
offert des aperçus d’un avenir inachevé dans lequel les pratiques populaires de reconnaissance
pouvaient encore être construites » (2018, p. 834). S’ajoutant au militantisme culturel de certains
groupes amazighs, toubous et touaregs, la Libye a vu émerger des mobilisations de jeunes et/ou de
femmes sur des thèmes spécifiques tels que le changement climatique, le féminisme et les droits des
femmes (Tayeb, 2021 ; Langhi, 2014), mais aussi les droits de l’Homme en général, les droits
économiques ou la préservation du patrimoine culturel et historique du pays (Qutait, 2020 ; Gana,
2020). Ces formes de militantisme s’expriment également à travers l’art (Tayeb, 2017, 2019, 2020) et
s’appuient tant sur internet que sur des lieux d’exposition (Ghouma, 2015). Inversement, la fin du
régime de Kadhafi a aussi vu l’affirmation de logiques identitaires exclusives reposant sur des
catégories ethniques, culturelles ou religieuses revendiquées, dont la genèse avant 2011 reste encore
mal connue. Ces mobilisations permettent de ré-aborder par les faits la construction de la sphère
publique et du droit. Elles invitent à évaluer l’importance des mécanismes sociaux et économiques
d’exclusion et de subalternité, notamment envers l’importante population de migrants ou d’origine
subsaharienne. À travers l’analyse de situations concrètes, il s’agit donc de mettre en lumière la
diversité des formes de mobilisation, d’ostracisme et d’expression en prenant en compte la pluralité
des contextes et la multiplicité des appartenances d’une part, et en mesurant la part de violence et de
contrainte dans ces processus d’autre part.

Nous souhaiterions dans cet axe accueillir des résultats de recherche fournissant un aperçu des
expériences dans la Libye de transition en abordant des questions telles que :

        Quelles dynamiques sociales sous-tendent les niveaux élevés de violence visibles en Libye ?
        Commet l’étude de ces dynamiques contribue à la compréhension de la vie quotidienne en

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        Libye ?

        Quelles mobilisations politiques, sociales ou culturelles ont pu émerger depuis 2011 hors de la
        violence ? Dans quelle mesure ces mobilisations permettent de réinterroger la césure politique
        de la révolution puis de la guerre et de questionner la notion de « société civile » ?

        Quels sont les moyens d’expression utilisés dans ces processus de mobilisation et de
        sensibilisation ? Comment permettent-ils de distinguer plusieurs arènes de débats et influent-
        ils sur les possibilités de prise de parole ? Comment ont pu émerger des entrepreneurs de
        cause pour des groupes exclus de possibilité d’expression directe ?

        Quel rôle ont joué dans ces processus les différentes formes d’expression artistique (musique,
        photographie, théâtre, littérature, etc.) ?

        Quel a été le rôle des diasporas dans le développement de ces phénomènes ?

        Comment la propagation du conflit, le développement de milices, l’activité criminelle et la
        situation sanitaire récente ont modifié ces formes d’expression et leurs sujets ?

Axe III : Faire de la recherche entre conflits et pandémie : la Libye comme cas représentatif
du scenario au Maghreb et Moyen Orient

À partir de la révolution de février 2011, et plus encore après l’escalade du conflit en 2014, faire de
la recherche en Libye signifie faire de la recherche dans une zone de conflit et de surveillance, dont
l’accès est devenu extrêmement restreint. L’aspect sécuritaire fait écho aux contextes de révolution
et de transition (Catusse, Signoles et Siino, 2015), aux situations de surveillance et de restrictions des
libertés publiques. Tant le/la chercheur.e que les enquêté.e.s sont exposés à des modes de
surveillance et à des rétorsions dès lors qu’ils brisent la représentation que des autorités veulent
donner d’elles-mêmes. Échapper aux risques sécuritaires de ces recherches surveillées se révèle
parfois difficile, et pose des questions autour de la protection des enquêteur.e.s et des enquêté.e.s
contre les usages malveillants des informations données. La première conséquence a été la baisse des
investissements de la recherche universitaire portant sur la Libye. De plus, depuis 2020 s’est ajoutée
la crise sanitaire. Dès lors, nous proposons d’interroger la possibilité de continuer à mener des
recherches dans ce contexte, en questionnant aussi les limites que cela implique.

Le recours aux plateformes et applications disponibles en ligne pour pallier ces obstacles a, en effet,
fait apparaître les limites techniques (instabilité des connexions internet, risque de mauvaise
communication) et éthiques (manque potentiel de motivation des participants, conséquences
psychologiques de ces périodes d’incertitude sur les informateurs.trices potentiels, difficultés à
établir des relations de confiance) de l’usage d’internet pour la récolte de données (Ayimpam, Bouju,
2015). Par ailleurs, le recours à des données disponibles en ligne a pu conduire à des effets de loupe

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survalorisant certaines sources et acteurs, ce qui invite à interroger de façon critique leur
représentativité.

Ces difficultés ont fait écho aux questions discutées depuis près de deux décennies par les
chercheur.e.s en sciences sociales qui se sont aventurés dans ce qu’on appelle la « Netnography »
(Latkovilkj et Popovska, 2020), une nouvelle technique de recherche qualitative « pour étudier les
cultures et les communautés qui émergent grâce aux communications en ligne, médiatisées par
ordinateur ou basées sur internet » (Kozinets, 1998, p. 366). Toutefois, interroger ces outils et ces
méthodologies de recherche qui ont été expérimentés par les chercheur.e.s ces dernières années
nous semble essentiel pour comprendre les dynamiques de la recherche. La Libye offre ainsi un
exemple pertinent pour interroger les dynamiques de la recherche non seulement sur ce pays, mais
aussi dans le contexte plus large du Maghreb et Moyen Orient.

Au-delà des difficultés d’enquête orale ou en ligne, la situation actuelle a rendu d’importants dépôts
d’archives inaccessibles, alors même que la Libye s’était engagée, juste avant la révolution de 2011,
dans une réorganisation et publicisation partielles de ses sources – non sans accentuer des
concurrences entre diverses institutions dans la prétention à détenir une parole légitime sur l’histoire
de la Libye et l’idéologie du régime d’une part, et l’obtention d’une reconnaissance internationale
d’autre part (Dumasy et Di Pasquale, 2012). D’autres dépôts d’archives restent inexplorés, voire
encore non localisés de façon certaine, comme celui de la Sanussyia. On peut ainsi s’interroger sur la
façon dont les conflits ont pu modifier pour les acteurs locaux le rapport à cette documentation et
comment universitaires, chercheur.e.s ou conservateurs.trices libyens ont pu, ou non, s’adapter.
L’inaccessibilité du terrain libyen invite par ailleurs à repenser la Libye dans une perspective
régionale et internationale plus globale, en identifiant les sources orales ou écrites sur ce pays
localisées ailleurs (au nord de l’Afrique, en Turquie, Europe ou États-Unis principalement).

Nous invitons donc les chercheur.e.s sur la Libye et, plus généralement, les spécialistes du Moyen-
Orient et du nord de l’Afrique à partager leurs expériences de recherche des dix dernières années,
afin d’initier une réflexion collective sur les méthodologies possibles, ainsi que sur les lieux de
recherche alternatifs utilisés ou à considérer, les opportunités et les contraintes des communications
basées sur internet, et/ou les stratégies et les responsabilités de la recherche sur les zones de conflit
à distance et de l’intérieur en période de pandémie.

Les contributions à cet axe pourront aborder des questions telles que :

        Quelles méthodologies de recherche peuvent atténuer les effets de l’accessibilité limitée au
        pays ? Quels réseaux locaux et contacts ont pu être mobilisés afin de parvenir à une
        compréhension fiable du conflit ?

        Quelles stratégies de contournement ou d’aménagements spécifiques peuvent être
        expérimentés ? Avec quelles répercussions sur le sujet de l’enquête ainsi que le
        positionnement des chercheur.e.s dans leur domaine ?

        Comment gérer les potentiels risques liés au recours d’outils comme le téléphone ou internet,

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        qu’il s’agisse par exemple d’écoutes téléphoniques, de cyber-attaques et de traçage ?

        Dans quelles mesures les risques éventuels pour les informateurs.trices comme pour les
        chercheur.e.s peuvent conduire à des formes d’autocensure et de limitation des objets de
        recherche ?

Conditions de soumission / Calendrier

Les propositions de contribution (résumés entre 800 et 1000 mots) sont à envoyer sur le formulaire
en ligne (en cliquant sur le lien).

        Date de publication de l’appel en français et anglais : 8 octobre 2021

        Date limite de retour des propositions d’articles : 15 novembre 2021

        Confirmation de la sélection des propositions par le comité de rédaction et les coordinatrices :
        19 novembre 2021

        Date limite de réception des articles : 1er avril 2022

        Retour d’évaluation des textes : 1er juin 2022

        Parution : décembre 2022

Les articles de 40 000 signes maximum seront acceptés en français et en anglais

•••

English

Argument

Chiara Loschi and Chiara Pagano

17th February 2021 marked the tenth anniversary of the 2011 uprising that led to the overthrow of
the Muʿammar Gaddafi regime in Libya. Such an anniversary could easily prompt retrospective
assessments of the events that followed the demise of the Jamahiriya. However, we think it can more
usefully be intended as an opportunity to reflect on the scholarly work that has been conducted on

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the country over the past decade, and to point out to its blind spots while also bringing into greater
resonance recent and original accounts that have focused on the plural dynamics characterizing post-
Gaddafi’s Libyan society.

In fact, the stakes and consequences of Libya’s political transition have most often been assessed so
far through the prism of the interests of European and Western countries: i.e., migration flows to
Europe, security, and geopolitical interests at stake (Colombo and Varvelli 2020; Galen Carpenter
2018; Martinez 2007; Pack 2013; Randall 2015; St John 2011; Vandewalle 2018).

Another approach has privileged analyzing institutional processes at the macro level, focusing on
issues such as state building and/or its preservation, as well as the emergence and structuring of
counter-powers, national and/or international security, border and territorial control, economic
resources, external interference and/or internal centrifugal forces (Eaton 2018; Lacher et al Idrissi
2018; Pack 2019; Wehrey 2018). Attesting for the drawbacks of the state apparatus or its competition
with other forms of power regulation, these works ultimately resulted in opposing notions such as
ethnicity to the nation-state, tribalism to political parties and/or civil society mobilization, militias to
the centralized army, etc. Such interpretations assumed essentially different institutional
configurations depending on either national or municipal scales (baladiyet), state or non-state actors.

While all these dimensions are of central interest for understanding the issues at stake, analyses that
focus on variations in scale (from macro to micro) and time have been relatively little explored. And
yet, considering the interactions and political reconfigurations at the crossroads of institutional and
non-institutional spaces could give us a glimpse of the multiplicity of “Libyas” that are currently in
the making in the folds of the transition. Scholarly works on the history of contemporary Libya, for
instance, have already underlined the variety of roles that certain factors such as family structures
and the weight of group belongings (ethnic, religious, linguistic, interest groups, etc.) played over
time (since the end of Ottoman domination and Italian colonization), together with complex socio-
political dynamics at the municipal, provincial, and regional levels, as well as imperial and trans-
imperial ones (Simon 1987; Anderson, 1984, 1986; Baldinetti 2010; al-Barbar 1986, 1992; Berhe 2013
and 2015; al-Būsayrī 1998; Dumasy 2008 and 2017; Lafi 2001, 2002, 2013; Morone, 2017). Such
contributions have led to questioning the relationship between administrative boundaries and
solidarity networks and thus prompt an analysis of the present that also account for the historical
development of nowadays Libya in all its complexity. Indeed, without denying or rejecting the
categories traditionally close to the paradigm of the neoliberal state of Western origin, few
researchers have recently addressed independent Libya’s institutions from a critical perspective
(Abusedra 2020; Capasso, 2020; Badi, 2021). These “combined” approaches are still minoritarian, but
it seems important to us to encourage them so to widen the scope of nowadays critical studies on
Libya. The latter, indeed, are mostly devoted to borders and migration issues, and essentially focus
on the cooperation between European countries and Libyan authorities (Bialasiewicz 2012; Cuttitta
2018; Tazzioli 2016), denouncing the “organized hypocrisy” (Cusumano 2019) on which the European
policy of outsourcing border management is based.

Lastly, it must be recognized that, albeit research on Libya has always been difficult - both inside and
outside the country - the situation has worsened in the aftermath of 2011. It was not until the early
2000s that the end of international sanctions against the country made access to the field possible for
international researchers, despite in a limited way. As a result, exchanges with Libyan colleagues

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11-29-2021.
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resumed. After 2011, and even more so since 2014, the interruption of these extremely productive
exchanges has meant that information from the field, describing its civic and political experiences,
has largely been blocked. These experiences have been therefore largely ignored and, indeed, little
analyzed in recent academic literature.

This call for papers for a special issue of L’Année du Maghreb aims to interrogate both the changes
most recently occurred in the country and the categories that have been used to analyze them from a
long-term perspective, by questioning the relevance of most applied caesuras, traditionally
articulated according to regime changes (i.e., the colonial period, the monarchy, the 1969 coup
d’état, and the 2011 revolution). We call for original contributions accounting for these contentious
aspects, as well as the multiplicity of processes transcending binary distinctions between state and
non-state actors, political and social dimensions, but also security and insecurity (axis 1). This special
issue is also intended to analyze the interaction between the use of violence and the segmentation of
the country into militias on the one hand, and the multiplicity of political and social mobilizations
currently undergoing on the other (axis 2). Lastly, this call solicits contributions reflecting on how the
difficulties in accessing the field have imposed a rethinking of potential sources to be used, as well as
of new research strategies for internally informed research on the Libyan context, and the Middle
East and North African countries at large (axis 3).

Axis I: Interrogating power configurations in Libya beyond the Nation-State paradigm

Few academic contributions on the Libyan revolution have sought to explain the fall of the Gaddafi
regime by the exhaustion of a system of governance based on alliances with family and tribal elites,
the uncertainty generated by the personalization of power, and the question of Gaddafi’s succession.
These elements are said to have led to divisions that bear the seeds of the current fragmentation of
power, weak institutions, the rise of militias, and persistent conflict (Eaton 2018). As a result, some
studies have focused on local Libyan political alliances to understand national-level processes (Lacher
2016). At the same time, the role played by external actors (from Western interventions to the
involvement of Turkey, the Arab Emirates, Qatar, Russia, and Libya's neighbors, the Arab League,
and the African Union) has been the subject of geopolitical analyses questioning the permanence or
transformations of regional security logics since the Cold War (Megerisi 2017). These approaches
have been complemented by others assessing the way in which security issues are approached at the
national level (Bigo 2000; Bilgin 2004). Some authors have thus emphasized the need to measure how
the migration and security interests of external actors (notably states and Europe) influence the
engagement processes of local institutions, at times risking limiting them (Loschi, Russo 2020; Loschi
2021).

Often invoked to explain a political and social segmentation portrayed as traditional, the weight of
tribalism has instead been critically addressed by scholarly works that question the authority of this
category and its articulations as a tool to develop an investigation on the State. These works show
indeed that ‘tribalism’ and ‘tribe’ correspond more to rather intermittent forms of socio-political
mobilization than to a stable and tangible social reality (Lahmar 2016). Tabib (2016) has thus
emphasized the relevance of situating each analysis within specific physical and political
conjunctures, so as to highlight the diversity of economic and social processes. Indeed, few recent
contributions have shown how, after the fall of Gaddafi, some local groups were able to strategically
mobilize the notion of ethnicity for legitimizing their specific demands and gain domestic and

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international support (Guichaoua 2015; Morone, Pagano 2016; Pagano 2018 and 2019). In the same
vein, Bensaâd (2019) has reapproached the question of Libya’s statehood from the perspective of
transnational conflicts in the Sahel, re-reading conflicts in Fezzan through a long history of familial
and social ties, coupled with the more contemporary instrumentalization of local political-military
forces. This research shows how shifts in the balance of power are rooted in locally informed social
and political processes.

Drawing on these contributions, our first axis intends to emphasize the perspectives of local actors
beyond the state framework alone. It will look at how informal groups and political organizations, as
well as individuals, experiment with, change, and redefine power balances beyond state and non-state
categories, statelessness, institutional configurations, and the dichotomy between traditional
institutions and the supposedly "modern" paradigm of the nation-state.

Contributions to this axis shall answer questions such as:

        How to analyze the Libyan transition from the perspective of local actors, considering the
        diversity of issues and configurations?
        How to approach social and political relations at the local level, and how to (re)articulate the
        local, national, and international levels to understand the balance of power and forms of social
        mobilization and regulation?
        How are security threats and (in)security defined, and how have these definitions evolved over
        the last ten years?
        How can we integrate these different (re)definitions into new theoretical elaborations for an
        analysis of Libyan institutions’ reconfigurations?

Axis II: Thinking Libyan society beyond violence and coercion

Goodhand's (2000) experience with research on conflicts and crises led him to warn the scholarly
community of the risk of "conflict fetishism". Without necessarily falling into this trap, the importance
of Libya as a theatre of local and international armed struggles has indeed engendered an important
scientific production on military and security aspects, to the detriment of the analysis of other
aspects of Libyan society. Yet “those affected by conflict frequently remind researchers and aid
workers that there are other aspects to their lives, that war is not the only point of reference”
(Goodhand 2005, 15). Leyla Taieb, for instance, has explored the production and circulation of
Amazigh music in post-Gaddafi Libya, noting how “the intimate public created through Amazigh
music during the Libyan revolution helped to suggest foundational structures on which longer-term
political projects might (still) be built” (2018, 834). Adding to the cultural activism of certain
Amazigh, Tebu and Tuareg groups, Libya has seen the emergence of youth and/or women's
mobilizations around specific themes such as climate change, feminism, and women's rights (Tayeb
2021; Langhi 2014), but also citizens mobilizations on human rights more broadly, economic rights,
and the preservation of the country's cultural and historical heritage (Qutait 2020; Gana 2020). These
forms of activism are also expressed through art (Tayeb 2017; 2019; 2020) and rely on both the
internet and exhibition spaces (Ghouma 2015). Conversely, the end of Gaddafi’s regime has also
witnessed the emergence of exclusive identity logics based on claimed ethnic, cultural, or religious
categories, whose genesis prior to 2011 remains poorly understood. These mobilizations allow us to
re-examine the (re)construction of the public sphere and the struggles for the right to take part in it.

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They invite us to evaluate the importance of social and economic mechanisms of exclusion and
subalternity, particularly with regard to the large population of migrants of sub-Saharan origins.

We invite contributions that, through the analysis of concrete situations, can highlight the diversity of
forms of mobilization, ostracism, and expression also considering the plurality of contexts and the
multiplicity of affiliations on the one hand, while measuring the role violence and constraint play in
these processes on the other.

This axis aims to host research on transitional Libya addressing questions such as:

        What social dynamics underlie the high levels of violence visible in Libya? How does the study
        of these dynamics contribute to our understanding of everyday life in Libya?
        What political, social, or cultural mobilizations have emerged since 2011 beyond the violence?
        To what extent do these mobilizations allow us to re-examine the political divide between the
        revolution and the war, and to question the notion of “civil society”?
        What are the means of expression used in these processes of mobilization and awareness
        raising? How do they allow for the emergence of several arenas of debate? And do they
        influence the possibilities of speaking out? How did groups excluded from the possibility of
        direct expression saw the emergence of gatekeepers and issue entrepreneurs?
        What role did the various forms of artistic expression (music, photography, theatre, literature,
        etc.) play in these processes?
        What was the role of diasporas in the development of these phenomena?
        How have the spread of conflict, the development of militias, criminal activity and the recent
        health situation modified these forms of expression and their subjects?

Axis III: Doing research between conflicts and the pandemic: Libya as representative case of
Middle Eastern and North African scenario

After the February 2011 revolution, and even more so after the escalation of the conflict in 2014,
doing research in Libya means doing research in an area of conflict and surveillance, which has
become more and more inaccessible throughout time. The security aspect echoes the contexts of
revolution and transition (Catusse, Signoles, & Siino, 2015), as well as situations of surveillance and
restrictions on civil liberties. Both the researcher and the respondent are indeed exposed to modes of
surveillance and retaliation as soon as they break the representation that the authorities want to give
of themselves. Escaping the security risks arising from doing research “under surveillance” is
sometimes difficult and raises serious concerns on the protection of both investigators and
respondents from the malicious use of the information they share. The first consequence has been a
decline in funding academic research on Libya. Since 2020, the health crisis added to this already
troubled scenario.

We propose to investigate whether it is still possible to conduct field research within such contexts,
while also questioning the restrictions this implies.

The use of online platforms and mobile apps to collect data and overcome these obstacles has indeed
revealed the drawbacks of Internet at the technical level (instability of Internet connections, risk of
miscommunication) as well as the ethical concerns raised by its usa (potential participants’ lack of

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motivation, psychological consequences of these unsafe and uncertain periods on potential
informants, difficulties in establishing trusting relationships) (Ayimpam, Bouju 2015). Furthermore,
the use of data available online may have led to magnifying glass effects of overvaluing certain
sources and actors, which invites critical questioning of their representativeness.

These difficulties have echoed issues like those discussed for nearly two decades by social scientists
who have ventured into what is called “Netnography” (Latkovilkj and Popovska 2020), a new
qualitative research method for “studying the cultures and communities that emerge from on-line,
computer mediated, or Internet-based communications” (Kozinets 1998, 366). Against this scenario,
it seems essential to interrogate the research tools and methodologies that scholars have been
experimenting in recent years in order to critically address the actual dynamics of internet-mediated
research. Libya offers a relevant example for reflecting on these research dynamics well beyond its
boundaries, and into the broader context of the Maghreb and the Middle East.

Other than posing extremely serious challenges to scholars willing to conduct oral and/or online
research in Libya, the subsequent conflicts that have troubled the country in the last decade have
also made key archival repositories inaccessible, notwithstanding Libya’s engagement in a
reorganization and partial publicization of its archival sources just prior to the 2011 revolution –
which, to be sure, had also accentuated the competition between various institutions claiming to hold
a legitimate word on Libyan history and regime ideology on the one hand, and the attainment of
international credit on the other (Dumasy and Di Pasquale 2012). Other archival repositories remain
either unexplored or not even located with certainty, as it is the case of the Sanussyia archives. This
raises the question of how the country’s conflicts may have changed the relationship of local actors to
this documentation and compels the scholar community to interrogate whether and how Libyan
scholars, researchers, librarians and curators have or have not managed to navigate the challenges
arising from these very conflicts. The inaccessibility of the Libyan terrain also invites us to rethink
Libya in a more global, regional, and international perspective, for instance by identifying oral or
written sources on this country located elsewhere (mainly in North Africa, Turkey, Europe, or the
United States).

We therefore invite researchers on Libya and, more generally, specialists on the Middle East and
North Africa to share the research experiences they developed over the last ten years, so to initiate a
collective debate on available methodologies, potential alternative research venues to be considered,
the opportunities and constraints of Internet-based communications, and/or the strategies for
conducting research on conflict zones as well as hardly accessible ones in times of pandemic, and the
responsibilities arising from it.

Contributions to this axis may address questions such as:

        What research methodologies can mitigate the effects of limited in-country accessibility? What
        local networks and contacts could be mobilized to achieve a reliable understanding of the
        conflict?
        What strategies of circumvention or specific arrangements can be experimented? How could
        these strategies and arrangements impact on the objects under investigation and the
        researcher’s position in his or her field?
        How can we manage the potential risks linked to the use of tools such as the telephone or the

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        Internet (e.g., wiretapping, cyber-attacks and tracing)?
        To what extent can the potential risks for informants as well as for researchers lead to forms of
        self-censorship and limitation of research objects?

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Morone A. M., 2017, « Idrīs’ Libya and the Role of Islam : International Confrontation and Social
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Citation: Chiara Loschi. Call for Paper Special Issue "Libya(s) in the Making" for Année du Maghreb 28 |2022-II. H-Announce.
11-29-2021.
https://networks.h-net.org/node/73374/announcements/9134007/call-paper-special-issue-libyas-making-ann%C3%A9e-du-maghreb-28-2
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