CAUSES COMMUNES - NON AU PARKING CLÉ-DE-RIVE 56 - PS Ville de Genève
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CAUSES COMMUNES TRIMESTRIEL DES SOCIALISTES VILLE DE GENÈVE NON AU PARKING CLÉ-DE-RIVE 7 MARS 2021 56
2 ÉDITORIAL ÉDITORIAL DES RUES PIÉTONNES OUI, MAIS SANS PARKING ! JOËLLE BERTOSSA COPRÉSIDENTE DU PSVG CONSEILLÈRE MUNICIPALE VILLE DE GENÈVE HABITANTE DES EAUX-VIVES En marge des problèmes et De l’air ! Non à l’enfumage des drames provoqués par la Pour atteindre la neutralité carbone d'ici Le projet vante des rues piétonnes et arbo- pandémie de COVID-19, une 2050, le plan climat du Canton de Genève rées et des panneaux d’affichag de cette conséquence du semi-confi- indique qu’il faudrait une réduction d’envi- ville fantasmée ont fait leur apparition ce ron 90% de nos émissions de gaz à effet de printemps à Rive. En réalité, si le projet nement a donné un peu de serre. Les transports individuels motorisés prévoit bien la seule piétonnisation de la baume au coeur des genevois- sont un des premiers émetteurs directs de rue Pierre-Fatio, toutes les autres rues du ces fameux gaz responsables du réchauff - projet resteront utilisées par de nombreux es: le calme et le silence qui ment climatique. Déjà en 2016, la popula- véhicules (TPG, ayant-droits). régnaient au centre-ville. En tion votait largement pour une loi pour une effet, pendant quelques se- mobilité cohérente et équilibrée (LMCE). Si nous ne remettons pas en question le Le Grand Conseil ainsi que le Conseil muni- besoin de zones piétonnes, il est possible de maines, plus de bouchons, plus cipal lui emboitaient le pas et votaient l’ur- réaménager la zone sans avoir à construire de klaxons, moins de pollution gence climatique comme priorité en 2019. un parking dessous de 498 places voitures Il est temps d’en prendre acte ! et 388 emplacements pour deux-roues et au final de nouvelles voies motorisés sur 6 niveaux ! pour les vélos et une nature Pas de nouveau parking qui reprend, un peu, ses droits. Nous devons dès aujourd’hui trouver Construire un nouveau parking dans d’autres moyens de circuler au centre des l’hyper centre est totalement contradic- villes et cesser d’attirer les voitures indivi- toire avec ces décisions et ne prend pas en duelles en proposant des alternatives ac- Cette parenthèse fut comme un avant- cessibles, performantes et non polluantes. compte les sept parkings alentours qui to- goût, une possibilité concrète d’une mobi- talisent plus de 4’100 places, jamais pleins. lité différente et douce pour notre ville, et Pour toutes ces raisons nous vous appe- Selon la Fondation des Parkings, une baisse il faut s’en souvenir. lons à voter NON au projet de parking Clé- de fréquentation générale est constatée depuis quelques années et la population de-Rive le 7 mars 2021 ! a voté le 27 septembre 2020 pour la sup- pression de 4'000 places de stationnement. CAUSES Coordination rédactionnelle : Sylvain Thévoz. Comité rédactionnel : Olivia Bessat, Ülkü Dagli, Dalya Mitri, Salma Selle, Léa Winter. COMMUNES Ont collaboré à ce numéro : Joëlle Bertossa, Denis Chiaradonna, Timothée Fontolliet, Olivier Gurtner, Vincent Kaufmann, Matthias Lecoq, Andrienne Soutter, Andrea von Mal- TRIMESTRIEL ÉDITÉ PAR LE PARTI SOCIALISTE DE LA VILLE DE GENÈVE titz, Caroline Marti, Guillaume Mathelier, Jean-Marie Mellana, Luca Pattaroni, Thibault 15, rue des Voisins Schneeberger, Thomas Wenger, Marco Ziegler. 1205 Genève Illustrations : Tom Tirabosco. www.ps-geneve.ch Maquette et mise en page : Atelier supercocotte. Un journal 100% pensé, conçu et réalisé à Genève ! Impression : Imprimerie Nationale, Genève. Envie de soutenir Causes Communes : abonnez-vous ! Tirage : 3000 exemplaires sur papier recyclé. Envoyez vos coordonnées à psvg@ps-geneve.ch Finance d’inscription : 20.-/année CCP : 12-12713-8
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4 IL ÉTAIT UNE FOIS CLÉ-DE-RIVE TIMOTHÉE FONTOLLIET CONSEILLER MUNICIPAL « Il était une fois » … l’adage tion de la loi en matière de compensation années par la population est claire ! Cou- des places de stationnement (LMCE). Pour pable d’une part importante des rejets de est coutumier des plus beaux rappel, cette dernière oblige la compensa- gaz à effet de serre, bloquant les artères récits, qui souvent narrent des tion souterraine de toute suppression de de la ville, occupant une part démesurée place de stationnement en surface. Mené de l’espace public, les voitures n’ont plus histoires d’un autre temps. par l’ancien Conseiller administratif Rémy leur place dans le centre de nos villes. Il en L’histoire du projet Clé-de- Pagani, le projet Clé-de-Rive trace son che- va de la santé de la population, de la santé Rive pourrait bel et bien débu- min au sein de l’exécutif. C’est en 2018 de notre planète. Ces différentes décisions qu’il est présenté au délibératif de la Ville. modifient le contexte dans lequel s’inscrit ter de la même manière. Si elle Le projet suscite de longs débats. Il est, le parking Clé-de-Rive et le relègue littéra- peut difficilement être revêtu pour la plupart des personnes, clairement lement à un projet du siècle passé. Les par- imparfait, jugé même catastrophique par tis de gauche et les principales associations d’une beauté narrative, elle certain-e-s. Malgré cela, le Conseil muni- actives dans le champ de la mobilité l’ont peut, cependant, pleinement se cipal et sa majorité de droite de l’époque bien compris et ont lancé un référendum définir d’une autre époque valident le projet en commission. Le tout qui, ayant abouti, nous amène à nous expri- pour une seule petite voix ! mer le 7 mars prochain sur le sujet. Chronologiquement Conceptuellement ensuite Voyons plus loin qu’une stratégie et politiquement d’abord de communication fallacieuse Dans tous les récits, il y a des revirements Les aventures du parking Clé-de-Rive de situation, des changements de para- Les promoteurs immobiliers, initiateurs (comprenant 498 places automobiles digme que l’on ne peut ignorer. Notre his- du projet de parking, ont eux aussi senti et 388 places deux roues motorisés sur toire ne déroge pas à la règle. Il y a d’abord le vent tourner et ont bien compris que la 6 étages) et de la zone piétonne le recou- une loi, celle pour une mobilité cohérente population genevoise ne veut plus de pro- vrant débutent il y a plus de 20 ans déjà. et équilibrée (LMCE), votée en 2016 à 68% jet favorisant l’utilisation de la voiture au À l’époque, le Conseil administratif de la et donnant la priorité aux transports en centre-ville. Preuve en est leur stratégie Ville de Genève initie une réflexion en vue commun et à la mobilité douce au centre- de communication digitale tout ce qu’il y de définir une stratégie de piétonnisation ville. Il y a aussi et surtout l’urgence cli- a de plus trompeuse. Cette dernière met du centre-ville. Nous sommes en 2007. matique. La question du bouleversement en avant la piétonnisation verdoyante du Concrétisée dans le Plan directeur com- de notre climat devient majeure dans le quartier à grand renfort d’images 3D gran- munal approuvé en 2009, cette réflexion débat public. Cette urgence climatique, dioses et minimise son important parking aboutit à la création d’une première zone dont on ne peut plus se détourner, est derrière le terme aussi fallacieux que co- piétonne, strictement conditionnée à la officiellemen décrétée par la Ville de Ge- mique de « hub de mobilité souterrain » ! réalisation d’un parking souterrain par la nève en mai 2019. Enfin, arrive le vote en société Clé-de-Rive SA. septembre 2020 pour la suppression de Ne reculant devant rien, ils créent un soi- 4'000 places de stationnement, favorable à disant « collectif piéton » qui se voudrait Le projet est alors adapté à la modific - 59%. Même si encore parfois hésitante, la être la voix des défenseur-e-s de la marche prise de conscience réalisée ces dernières urbaine et des zones piétonnes. Après avoir
5 planifié de supprimer des places de station- en place une piétonnisation intelligente nement jusqu’au bout des quartiers des Même si une petite minorité d’utilisateurs et ambitieuse, sans s’encombrer pour les Eaux-Vives et des Bastions (ceci afin d’ob- et d’utilisatrices, tels que certain-e-s pro- décennies à venir d’une structure de six tenir un parking suffisammen grand et fessionnel-le-s ou personnes à mobilité ré- étages d’un autre âge ! donc rentable), ils répètent à qui veut bien duite, ne peuvent faire autrement qu’uti- l’entendre qu’aucune piétonnisation n’est liser un véhicule motorisé individuel, les Il ne tient donc maintenant qu’à vous pour possible sans « hub de mobilité ». Ce men- Genevoises et Genevois ne sont pas dupes. que l’histoire du parking Clé-de-Rive ne songe ne tient pas la route lorsque l’on sait L’avenir de la mobilité urbaine ne peut se reste qu’un vieux conte maladroit et hors que la seule création de la zone piétonne réaliser au travers de la voiture et de ses de son temps. Il ne tient qu’à vous de trans- supprimerait uniquement une centaine de infrastructures dédiées. Nous éviterons le former ce « Il était une fois… » en un « Il n’y places. La construction et l’inauguration piège des beaux discours verdissants des a jamais eu… ». du parking de la gare des Eaux-Vives a déjà promoteurs immobiliers et nous refuse- créée un nombre conséquent de places. rons ce projet anachronique, incohérent, Le 7 mars, votez NON au projet Clé-de-Rive. Sans compter la votation du 27 septembre mal ficelé et inutile 2020 mentionnée précédemment, qui per- met la suppression de milliers de places de La piétonnisation arrive, stationnement sans compensation. sans ce projet mal ficelé ! À ce constat, peuvent encore être ajoutés Mais alors, quelles sont les possibilités de les nombreux arguments énumérés dans piétonnisation pour la Ville de Genève ? La ce numéro de Causes Communes. Je lais- question est pertinente. Il est évidemment serai le soin aux lecteurs et lectrices de les primordial d’y répondre en végétalisant découvrir au fil des pages mais je m’attar- et en piétonnisant rapidement et effi - derai quelques instants sur l’un des plus cement les rues de notre cité. C’est dans probants : l’inutilité mathématique d’un ce sens-là, et en guise de contre-projet, parking supplémentaire. En effet, les 7 qu’une initiative communale pour la pié- parkings les plus proches du rond-point tonnisation du centre-ville a abouti et a été de Rive sont complets au mieux quelques déposée en septembre 2020. Sans parking heures par année. Ils totalisent plus de et ses plus de quatre années de travaux, 4’100 places. Plus important encore, la avec une zone piétonne plus grande et F ondation des Parkings est formelle : la plus ambitieuse, elle reflète la volonté d’un fréquentation de ses structures au centre- Conseil municipal maintenant majoritaire- ville n’augmente pas avec les années. Au ment à gauche et sensible à un développe- contraire, elle a tendance à diminuer. La ment urbain durable permettant de sim- nouvelle colonne vertébrale des Transports plement mieux circuler et respirer dans Publics Genevois qu’est le Léman Express notre ville. Avec un exécutif et un délibé- diminuera encore très certainement cette ratif du même bord politique, il est évident fréquentation dans les années à venir. qu’il sera beaucoup plus rapide de mettre
6 UN PROJET CONTRAIRE À L’ESPRIT DE LA LMCE ? ENTRETIEN DALYA MITRI CONSEILLÈRE MUNICIPALE THOMAS WENGER Dalya Mitri : Suppression de places dans dans l’hyper centre, en allant dans des l’hyper centre, compensation de places en centres commerciaux en périphérie. Ces ET CAROLINE MARTI sous-sol : quelle est la place de ce projet de personnes privilégient d’avoir un centre- DÉPUTÉ-E PS AU GRAND parking dans le cadre de la LMCE? ville plus convivial, agréable, avec des zones piétonnes comme, par exemple, à Bordeaux CONSEIL Thomas Wenger : Je voudrais rappeler que ou à Vienne. Construire un nouveau parking la LMCE est une loi issue d’un compromis au souterrain, alors qu'il en existe déjà plu- niveau politique entre les partis de gauche sieurs dans cette zone, ne fera qu’accroître et les partis de droite qui a été votée à une la possibilité d'accueillir encore plus de tra- très large majorité du Grand Conseil. Par la fic automobile, ce qui est contraire à l’esprit suite, cette loi a été votée en 2016 par 68% de la LMCE, qui veut restreindre le trafi de la population, et dispose donc d’un véri- motorisé dans l’hyper centre. table ancrage populaire. Caroline Marti : Le premier problème d'un Elle prévoit, dans les zones 1 et 2 de l’hyper point de vue de la mobilité, c'est les risques centre, de favoriser et de donner la priorité d'avoir une très forte augmentation du tra- aux transports publics et à la mobilité douce, fic et des nuisances dans les quartiers aux et de restreindre le transport individuel alentours et notamment dans le quartier La Loi pour une mobilité cohé- motorisé, donc le trafic automobile. Pour des Eaux-Vives, dont les habitant-e-s su- ce faire, l’un des axes cruciaux est la gestion bissent déjà une très forte pollution atmos- rente et équilibrée (LMCE) du stationnement dans ces zones. Dans cet phérique. Avoir un grand parking à proxi- prévoit une organisation du hyper centre nous avons aujourd'hui beau- mité va générer énormément de trafic de territoire cantonal en zones et coup de parkings déjà construits qui ont transit dans ce quartier qui est certes très un taux de fréquentation en baisse. Il faut urbain mais également très résidentiel. une hiérarchisation du réseau savoir qu'une place de parking en ouvrage routier. Ces zones bénéficient en sous-sol coûte entre 50’000 et 80’000 Les initiant-e-s présentent le parking francs. Les propriétaires et les dirigeant-e- comme une condition sine qua non à la pié- d’une offre de stationnement s de parking privés, comme le parking du tonnisation, ce qui n'est rien de moins que adaptée. À l’intérieur de ces Mont-Blanc par exemple, disent qu’il est du chantage. Nous devons sortir de la lo- zones, certains modes de de plus en plus difficil de rentabiliser un gique de la compensation systématique de parking privé dans le centre parce que les la suppression des places en surface par de transport font l’objet d’une gens changent leurs habitudes, s’y rendent nouvelles places en ouvrage, surtout qu’on priorisation. davantage en transports publics et mobi- trouve déjà des parkings qui sont aux alen- lité douce, font moins souvent leurs achats tours qui permettent une compensation
7 des places supprimées. F inalement, dans Deuxième chose, l’initiative lancée par l’Al- Caroline Marti : J’ajouterai encore une plus- l'optique d'avoir un centre-ville pacifié en ternative et les associations pour mettre en value au point de vue de la mobilité : la ques- matière de mobilité et de réappropriation place une zone piétonne est beaucoup plus tion du tourisme. Il est évidemment beau- des espaces publics, ce parking semble ab- ambitieuse que celle prévue par le projet coup plus agréable de visiter un centre-ville surde. ficelé Clé-de-Rive. La zone de piétonnisation piétonnisé pacifié du trafi prévue dans le projet et somme toute d'une Comment contourner le problème de la ampleur modeste, alors que celle de l'Alter- Thomas Wenger : Pour finir, je rappelle que compensation ? Et comment décondition- native, sans parking souterrain, permet de Genève deviendra bientôt une des dernières ner la piétonnisation de la construction du pacifier un espace beaucoup plus vaste en villes d'Europe à ne pas avoir une vraie zone parking ? centre-ville. piétonne. Ce retard abyssal est à combler en urgence. Ce projet de parking est éga- Thomas Wenger : La LMCE qui a été accep- Thomas Wenger : Dans plusieurs villes lement une aberration économique. Pour tée à 68% et les assouplissements à l’obli- comme Bordeaux, Vienne, Milan ou Turin rentabiliser ce type de projet, les proprié- gation légale de compensation des places ont été créées des zones piétonnes, ou des taires chercheront à inciter les gens à venir de parking supprimées, également adop- ZTL (zones à trafic limité), permettant aux en voiture au centre. Nous savons que tout tés à 59% par la population en septembre habitant-e-s d’y rentrer ou de se rendre parking, comme toute nouvelle infrastruc- dernier, prévoient des dérogations aux chez son médecin. On voit dans les études ture routière, crée du trafic motorisé sup- compensations de stationnement. Cela publiées après cette piétonnisation, notam- plémentaire. C’est une absurdité totale en montre l’inutilité d’un nouvel ouvrage dans ment à Vienne, que les commerces qui crai- termes de changement de comportement une zone où des parkings sous-fréquentés gnaient une baisse de leur chiffre d’affair de mobilité et, je le répète, contraire à l’es- existent déjà, comme l’illustre la carte réa- se déclarent satisfaits, et ont constaté que prit et aux buts de la LMCE. lisée par l’ATE. les personnes qui venaient faire leurs achats recherchaient également de la convivialité, Caroline Marti : Première chose, la ques- des rues accueillantes où on peut flâner tion de la compensation du stationnement où il peut y avoir de la verdure et surtout a été sensiblement allégée en votation le pas du trafic automobile et des entrées et 27 septembre dernier. On peut dire qu’on sorties de parking. Il s’agit également, étant a fait sauter le verrou strict qui demande donné que les commerçant-e-s subissent à compenser en souterrain les places sup- la concurrence du commerce en ligne et primées en surface. Cela permet de créer du tourisme d’achat en F rance voisine, de des zones piétonnes et des aménagements revoir nos conceptions de ce que doit être sur la voirie sans devoir systématiquement une zone commerciale aujourd'hui. compenser les places supprimées.
8 DE LA POUDRE AUX YEUX ANDRIENNE SOUTTER ANCIENNE CONSEILLÈRE MUNICIPALE PS HABITANTE DU CENTRE-VILLE Le Parti Socialiste a été, dans il faut laisser les voitures hors de la ville, et même qu’on pouvait vivre mieux avec dans des parkings d’échange, circuler en moins. Aujourd’hui, c’est une occasion de les années 1970, le premier transports collectifs, ou à vélo, ou à pied. transformer les paroles en acte et de refu- parti à réfléchir et se mobiliser Aujourd’hui encore plus qu’à l’époque il y ser ce parking Clé-de-Rive souterrain de 6 a urgence. On ne peut plus tergiverser. Il étages qui est typique et signé du monde sur les questions d’environ- faut agir. d’avant. nement ou de qualité de la vie comme on disait alors. Bien Vivre autrement Attention à l’enfumage avant que naisse le parti des Pendant la pandémie, de tous les côtés, on Mais ATTENTION : pour vous faire ava- Vert-e-s dans les années 80. a entendu ou lu sur la nécessité de pen- ler ce parking, ils vont vous appâter avec ser le monde d’après, le monde d’avant la zone piétonne et vous éblouir avec de n’étant plus acceptable, plus vivable. Il belles images. Étudiez bien le projet. À mon Le PS s’est battu contre les parkings au semblait que la pandémie avait réveillé avis d’habitante du quartier, il est nul. Il centre-ville, ou la petite ceinture, donc les consciences de la nécessité de vivre est de la poudre aux yeux. De plus, on peut contre les parkings de Cornavin, de autrement, d’agir autrement. Beaucoup très bien réaliser la zone piétonne sans le Plainpalais, de l’Observatoire, de l’Alham- avaient pris conscience pendant le confi- confi parking. D’ailleurs, une initiative pour un bra, de Saint-Antoine, de la place de Neuve nement qu’on pouvait vivre avec moins, et centre-ville vivant, piéton et végétalisé va toujours avec des arguments constants : qu’on pouvait vivre très bien avec moins, bientôt être soumise à votation. Piétonnisons sans parking Parti socialiste Ville de Genève
9 CINQ RAISONS DE VOTER NON JEAN-MARIE MELLANA MEMBRE DU COMITÉ PSVG HABITANT DES RUES-BASSES Je reviendrai ici brièvement Le problème de l’aménagement proposition de la Société Parking Clé-de- en surface Rive SA d’instaurer un tarif spécial pour sur certains arguments et les habitant-e-s est un appât pour les faire contre-arguments, utiles à Tel qu’il est présenté, le projet est défor- voter oui et leur faire oublier l’arnaque ta- rifaire dont ils, elles, sont victimes sur les avoir à l’esprit lorsque nous mé par des images trompeuses. Celles-ci montrent une espèce d’oasis de paix avec autres sites. Cet argent peut être utilisé à devons expliquer quelles des arbres partout, mais ces arbres, plan- meilleur escient, par exemple pour les per- sont nos motivations à voter tés au-dessus d’une dalle de parking, sont sonnes en situation de précarité et pour condamnés à survivre péniblement ou à relancer l’économie locale. Ce ne sont pas contre un projet inutile, voire disparaître, du fait de l’espace minéral peu six ans de chantier qui vont dynamiser le absurde. profond sur lequel ils seront plantés et de commerce local, au contraire. Pourtant, ce- la pollution environnante. Ils ne pourront lui-ci aurait bien besoin d’un coup de main. Les nuisances d’un énorme chantier jamais offrir une végétation telle que pré- sentée dans la promotion. Aucun arbre ma- Le parking sera géré par des promoteurs Le chantier va durer environ six ans, les jeur ne peut se développer sur un parking privés, mais le ruissellement des rentrées nuisances pour le voisinage vont être souterrain. Sans être scientifique, je trou- financières vers le bas par le biais d’hypo- énormes, même si les promoteurs ont déjà verais étonnant que des arbres de la taille thétiques rentrées fiscales n’est absolu- averti que les travaux ne seraient faits que de ceux présentés dans le film de promo- ment pas avéré, comme toutes les théories de jour (!). Les commerçant-e-s doivent tion puissent survivre à cet endroit. du ruissellement d’ailleurs. s’attendre à une baisse de leur chiffre d’affaire. Personne ne va faire ses achats En surface toujours, signalons que les La tendance générale de dans un quartier de centre-ville qui abrite habitant-e-s des Eaux-Vives perdront 100 l’aménagement des centres-villes un chantier pareil. Les travaux créeront places de stationnement, sans qu’aucun pendant des années des encombrements aménagement ne soit prévu dans le cadre Ce projet va à l’encontre des aspirations routiers jamais vus dans la zone concernée. du projet. Les utilisateurs/trices de ces de la plupart des habitant-es, qui ne sou- De plus ce sont les loyers exorbitants qui places devront aller se parquer ailleurs à haitent plus avoir davantage de véhicules grèvent les charges des commerçant-e-s, des tarifs supérieurs. motorisés en centre-ville. Il ne prend pas et non une improbable baisse de chiffre en compte leur bien-être et leur sécurité, d’affaires due à l’absence d’un parking sou- Le contexte financier ainsi que celle des enfants et des per- terrain supplémentaire. Tout ceci, sans sonnes âgées. Je pense que l’une des er- compter l’enfer que les habitant-e-s qui Coût pour la Ville : 34 millions. Le reste : reurs historiques les plus flagrantes dans sont chez eux/elles pendant la journée vont 65 millions à charge de la Société Parking les politiques d’aménagement urbain fut vivre. Il s’avère que, sur ce point, le projet Clé-de-Rive SA, qui se remboursera sur les d’autoriser les voitures à entrer partout n’a jamais tenu compte de leur bien-être. tarifs. Est-ce vraiment raisonnable d’envi- dans les villes. À l’époque, cependant, les sager une telle dépense pour un projet responsables ne pouvaient pas savoir que La sécurité routière dans un dépassé ? L’argent peut circuler quand les les villes et le nombre d’automobiles al- périmètre comportant des écoles circonstances le réclament, mais la crise laient croître pareillement. Mais au vu de financière et sociale colossale qui nous at- l’urgence climatique et des attaques que Il est préoccupant d’imaginer un « hub » de tend n’offre pas un contexte propice pour subit aujourd’hui la biodiversité, il serait transports publics ainsi qu’une intense cir- cette dépense. irresponsable de persister dans cette voie. culation dans un secteur contenant trois écoles, l’école primaire F erdinand-Hodler, Il existe déjà au moins sept grands par- le collège Calvin et l’ECG Ella-Maillart, ainsi kings dans le secteur, Rive-Centre, Mont- que pas moins de cinq espaces de vie en- Blanc, Saint-Antoine, Eaux-Vives 2000, fantine. Les dangers sont évidents pour les Villereuse et deux parkings à la gare des plus de mille enfants et jeunes touché-e-s, Eaux-Vives. La plupart est sous-utilisée. dans un secteur qui deviendrait alors un Pourquoi ? Des tarifs trop élevés, n’en dé- nœud plus important que ceux de Corna- plaise à la F ondation des Parkings et à sa vin ou de Bel-Air. nouvelle politique tarifaire 2020-2021. La
10 PARKING CLÉ-DE-RIVE : REFUSER UNE MOBILITÉ À L’ANCIENNE GUILLAUME MATHELIER MAIRE D’AMBILLY POLITOLOGUE Il est des projets du passé qui existants peinent à pérenniser leur modèle ce moment-là l’occasion d’accompagner économique dans le temps. Les chiffres volontairement une politique ambitieuse ont la dent dure. C’est le cas de de la F ondation des Parkings témoignent de mobilité transfrontalière. Et celles et ce projet de nouveau parking d’une baisse de fréquentation générale ces ceux qui s’y opposaient formellement à dernières années et l’on peut et doit s’en l’époque ne devraient-ils, elles, pas être projeté au centre-ville sous la réjouir bien évidemment. Ces chiffres à la naturellement les mêmes à s’opposer à ce rue Pierre-Fatio : le parking baisse résonnent avec les alternatives cré- type de projets aujourd’hui (si l’objectif Clé-de-Rive. Si l’objectif de dibles apportées aux automobiles. étaient bien d’éviter le trafic pendulaire) ? Au-delà de la rhétorique, ce sont toujours conjuguer cette construction Apaiser la ville les paradoxes qui guettent dans ces sujets souterraine à une nouvelle de stationnement. Les personnes qui se Les efforts publics qui consistent à œuvrer plaignent des bouchons sont celles qui zone piétonne peut apparaitre pour un transport en commun de qualité sont en voiture. Les personnes qui veulent noble au départ, elle est final - comme le Léman Express et de nouvelles mieux circuler sont celles qui seraient ment l’arbre qui cache la forêt. lignes de tram, ou les efforts individuels prêtes à empêcher les autres de le faire. avec le développement spectaculaire des Elle met sûrement en péril outils et réseaux de mobilités douces ne Cœur des villes : sans voitures ! le pouvoir des autorités poli- devraient pas pouvoir compter sur une tiques de limiter l’emprise de concurrence nouvelle de nouveaux par- Ainsi, la véritable urgence posée aux déci- kings de centre-ville. Ou sinon, c’est ce que deurs et décideuses politiques, d’un côté la voiture pendant de longues l’on appelle se tirer une balle dans le pied comme de l’autre de la frontière, réside années en matière d’aménage- quand on est décideur ou décideuse public. dans la création de nouveaux espaces Les intentions d’apaisement de la ville publics piétons (et non pas sur une seule ment. doivent s’incarner dans l’action politique et rue mais sur un plan ambitieux). Des villes les efforts de chacun-e. D’ailleurs, peut-on françaises comme Bordeaux, Montpellier vraiment parler d’efforts quand, en défin - ou Grenoble, souvent opposées au départ à Stop aux travaux inutiles tive, cela devient un véritable confort pour la piétonnisation (une question d’habitude les usagères et usagers de faire des courts notamment pour les commerces) ne re- Ces réalisations sont très coûteuses et de- parcours sans le stress généré par le sta- viendraient pour rien au monde en arrière. mandent des travaux titanesques. Genève tionnement ni par son coût (forcément Leurs lignes de tram sont souvent bien a-t-elle besoin de cela en cette période et cher sinon voué à peser sur toutes les habi- plus rapides que les lignes genevoises de après avoir connu des travaux longs pour le tantes et habitants via les impôts) ? centre-ville empêtrées dans la lenteur du Léman Express ? Elles ne sont clairement fait de la place trop importante consacrée pas dans l’air du temps des politiques pu- La ville change. Elle retrouve, peut-être de à la voiture. bliques modernes en matière de mobilité manière inédite et non volontaire avec la urbaine. L’objectif n’est donc sûrement pas crise du Covid-19, une chance de se réin- Un nouvel art de vivre la cité de promouvoir de nouveaux aspirateurs à venter. Moins de circulation, un temps de voiture dans le centre mais de chercher des travail mieux réparti entre télétravail et Avoir une volonté politique commune de solutions alternatives pour une ville sûre travail sur le lieu d’emploi, le courage de mobilité durable transfrontalière, comme et respirable pour les piéton-ne-s, dans la donner plus de place aux pistes cyclables, l’a été la création de la voie verte du Grand droite ligne des intentions politiques pour- une prise de conscience écologique. Qu’en Genève ou du tram 17 qui traverse, côté tant largement exprimées sur l’urgence restera-t-il et qu’en reste-t-il si, encore en français ma commune d’Ambilly, est une climatique. crise, nous continuons à copier le passé ? exigence d’un futur désirable et le début d’un nouvel art de vivre la cité. La déambu- Usage des parkings en baisse Parkings : hors des villes ! lation en toute quiétude dans les cœurs de ville ou d’agglomération représente l’ob- Si les parkings publics sont toutefois né- Les lobbys, les promoteurs privés et jectif qui pourrait et devrait devenir une cessaires dans des zones en tension, ou leurs affidé auront toujours de la force cause commune. quand la stratégie consiste à rationaliser mais étaient-ils bien présents et actifs le stationnement en permettant le foison- lors de la votation du 18 mai 2014, quand Je ne doute pas que les habitant-e-s de nement et la mutualisation comme dans le les parkings-relais censés empêcher au la ville de Genève feront le bon choix le 7 nouveau quartier en zone d’aménagement maximum la voiture d’entrer en ville de mars prochain et sauront refuser cette concertée (ZAC Étoile proche de la gare Genève étaient rejetés par le peuple ? De proposition de mobilité à l’ancienne. d’Annemasse), la création de nouveaux par- la mollesse de certains, de la trop grande kings devient absurde quand les parkings confiance d’autres, Genève manquait à
11 TRANSPORTS PUBLICS ET MOBILITÉS D’AVENIR DENIS CHIARADONNA PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITÉ DU PSG VICE-PRÉSIDENT EN CHARGE DES COMMISSIONS DU PSG Rive est un pôle d’échange 2000, les deux nouveaux de la gare des voiture, moins de places de stationnement Eaux-Vives), pour un total de 4199 places, sont nécessaires et la mobilité urbaine est important pour les TPG. Le est un non-sens du point de vue de la cohé- améliorée. Le concept de mobilité car-sha- projet de réaménagement de rence de la mobilité. De plus, les chiffres ring a un succès grandissant, en particu- témoignent d’une baisse de fréquentation lier auprès des plus jeunes, qui adoptent ce lieu en vaste zone piétonne générale ces dernières années. un changement de comportement de est une excellente idée, quand consommation. Dans la Sharing Economy, on voit le capharnaüm que ce Un projet d’un autre siècle ce n’est plus la propriété, mais la presta- et à contre-courant tion de services qui est au premier plan. La carrefour connait en heure de mobilité est plus importante que d’avoir pointe et lorsqu’il y a le mar- F aire venir les voitures pendulaires dans sa propre voiture. Cette envie de mobilité peut avoir un impact positif sur les routes ché au boulevard Helvétique. l’hyper centre est contre-productif alors qu’on essaie de maintenir le trafic des pen- surchargées et diminuer les places de sta- Malheureusement, ce projet dulaires à l’extérieur de la ville. Le projet de tionnement requises en ville. Différentes est lié à un projet de parking parking est totalement incohérent par rap- études affirmen qu’une seule voiture en port à la loi pour une mobilité cohérente et car-sharing peut remplacer entre 8 et 20 de 498 places. Un aspirateur à voitures privées. Cette tendance pour la équilibrée (LMCE), qui prévoit justement voitures au centre-ville, alors que, dans l’hyper centre, la priorité soit mobility-on-demand fonctionne grâce aux possibilités de digitalisation. Sur les plate- que l’on devrait privilégier les donnée aux mobilités douces et aux trans- ports publics. formes en ligne, l’utilisateur/trice peut, à transports publics et la mobi- travers l’application, déterminer la dispo- lité douce. D’ailleurs, c’est ce principe qui est retenu nibilité et la localisation des voitures, ainsi dans la plupart des métropoles euro- que les réserver ou même les ouvrir. péennes qui construisent des parkings Le réaménagement de Rive s’accompagne- à l’extérieur des agglomérations et favo- ra du déplacement des arrêts TPG – lignes risent des transports publics comme des 33, A, E et G – actuellement situés à la rue trams, métros, trains ou bus à haut niveau Pierre-F atio vers la rue d’Italie, qui sera de service pour se rendre au centre-ville. alors fermée à la circulation des véhicules privés. Mobility-on-demand Si l’on ne peut que saluer la création des Rappelons que la mobilité du futur est au zones piétonnes que nous attendons car-sharing et à la mobility-on-demand. toutes et tous, la construction d’un par- La crise sanitaire actuelle va accélérer ce king de plus au centre-ville, alors qu’il en processus. Ce sont les constructeurs auto- existe déjà 7 aux alentours (Saint-Antoine, mobiles eux-mêmes qui le disent. Quand Mont-Blanc, Rive, Villereuse, Eaux-Vives davantage de personnes partagent une
12 VOULONS-NOUS VRAIMENT ALLER DANS LE MUR ? ENTRETIEN DALYA MITRI CONSEILLÈRE MUNICIPALE LUCA PATTARONI Dalya Mitri : Que représente le projet du frappé par le fait que les visions des sept parking Clé-de-Rive en termes de mobilité finalistes, des équipes d’envergure interna- SOCIOLOGUE, LABORATOIRE et d’urbanisme ? tionale, allaient toutes dans la même direc- DE SOCIOLOGIE URBAINE tion, dessinant un nouveau paradigme de Luca Pattaroni : Pour mettre en perspective production territoriale basé sur la proximi- DE L’EPFL et réfléchir à ce que représente ce parking, il té, et une remise en question des anciennes ne faut pas penser seulement en termes de divisions qui accompagnaient le système mobilité mais de lien entre la mobilité voi- basé sur l’automobile : la séparation entre le ture et la transition écologique. Face à cet privé et le public, la séparation entre la ville enjeu, il existe deux attitudes contrastées : la et la campagne, la séparation entre l’habitat première consiste grossièrement à dire : on individuel et le logement collectif. On pour- ne change rien, mais on le fait en plus clean. rait dire la disjonction entre la nature et la C’est le modèle de la smart city, des voitures culture, qui a accompagné non seulement le propres ou électriques. On reste là dans un système automobile mais aussi le système système d’habitat individuel, en périphérie, de la propriété privée et la mise en place du avec l’utilisation de la voiture pour aller en capitalisme moderne. ville, mais en version plus « durable ». Au final, on ne remet pas en cause le système D’un point de vue théorique, l’urbanisme de société venu de l'automobile, basé sur la contemporain a désormais embrassé un consommation de pétrole, qui s’est accom- nouveau paradigme. Ses projets se déve- pagné d'une transformation radicale du ter- loppent dans le cadre d’une pensée de ritoire, et qui suppose qu'on puisse, pour les l’intrication, entre habitat et agriculture, plus riches, avoir des places de parking chez espaces privés et publics, travail et loisir, soi, au travail, au supermarché et donc avoir mobilité et immobilité. On assiste à la réin- un système d’« automobilité » cohérent qui vention des systèmes de mise en commun a demandé beaucoup d'investissements. et de collectivisation des espaces et des res- Clé-de-Rive s’inscrit dans la droite ligne de sources. On privilégie la réversibilité et, plus ce système et ne ferait que le renforcer au largement, un urbanisme qui prend soin des final, avec ses effets de congestion, d’épui- milieux et des formes de vie. On peut appe- sement des ressources, etc. ler ceci une « réforme radicale », invitant la mise en place à partir d’ici et maintenant Face à ces impasses, une autre vision de la d’un système qui devrait à terme profon- transition écologique exige d’opérer une re- dément changer notre manière d'être dans configuration en profondeur de nos modes le territoire. Par exemple, par la réorganisa- de vie, de nos modes de production et de tion de la distribution des espaces de travail nos formes de production territoriale. De (télétravail, tiers, lieux, etc.) ou encore la fait, on voit que ces nouvelles formes de distribution inédite des espaces agricoles. production territoriale sont déjà à l’œuvre, C'est une manière de repenser l'étalement, mais de manière un peu balbutiante. cet épouvantail du système automobile : cela veut dire qu'on pourrait distribuer– et On les retrouve de manière claire dans les non étaler – l’habitat et les systèmes de pro- métiers de l’urbanisme. Il y a eu récemment duction agricole et économique de manière un concours pour le futur du Grand Genève, à vivre sans voiture partout sur le territoire. organisé par la Fondation Braillard. J’ai été On constate que la voiture individuelle perd
13 du terrain. Les jeunes passent leur per- Le deuxième problème concerne la question de la nature, de l’urbanité, de l'agriculture, mis tardivement. On a créé des systèmes de la réversibilité, c'est-à-dire que ce projet, du travail ou encore du pouvoir. Cette poli- de collectivisation des automobiles et, dans ouvrage massif qui demande un investisse- tique forte, ce changement de paradigme, une autre direction, l’idée de voiture auto- ment financier important, ne répond pas à aboutit in fin à la remise en question des nome va elle aussi vers une diminution des un besoin de places de parking sur le long grands projets tabula rasa comme nous le places de parking, si ce n’est des déplace- terme. A vrai dire, il est complètement fou, voyons dans les votations récentes contre ments. Cette remise en question d’un mo- de nos jours, de creuser massivement et les déclassements ou encore des critiques dèle du transport automobile individuel, qui d’imperméabiliser des sols en faisant un face à la Caserne des Vernets. Ce n’est pas demande massivement des places de par- parking souterrain ! On se retrouvera dans un refus d’urbanisation, ni un sentimenta- king, montre qu’une infrastructure comme quelques années avec une infrastructure lisme écologique, mais un moment, assez celle de Clé-de-Rive est bien problématique. qui aura pris beaucoup d'espace en sous-sol similaires somme toute, à ce qu’on a vécu et qui sera très difficilemen reconvertible. dans les années 1970, de remise en ques- Quels sont les problèmes spécifiques posé A la limite, il faudrait ériger une tour de par- tion des modèles de densification et d’or- par ce projet ? king, plus facilement reconvertible. Dans un ganisation territoriale, et cela même si les mouvement de renouvèlement des formes projets en soi sont bons. Le problème est Tout d’abord, ce projet renforce une vision de coexistence humaine et non-humaine, structurel. Pour sortir de cet imaginaire des asymétrique du territoire : devoir toutes et au travers duquel on essaie de climatiser grands projets hérité du 20e siècle, on doit tous venir en centre-ville pour consommer les villes, arboriser davantage, faire vivre penser et promouvoir des formes plus radi- de l’urbanité et de la centralité. Même si les des écosystèmes mais aussi rapporter une cales. Elles sont déjà en train de se dessiner avantages de la centralité demeurent, et ils partie de l'agriculture en ville (potagers et et s’expérimenter, mais elles rencontrent sont précieux dans le cas de biens communs surtout fermes urbaines, de manière à véri- l’inertie du système de production de l’es- comme les rives du lac, il y a désormais une tablement produire de l’alimentation), la pace et des modes de vie. multipolarité claire. Les flux de mobilité de question de la pleine terre en ville devient travail et de loisirs sont en plein change- un enjeu essentiel. Le sol n’est pas que du En termes de mobilité, pour revenir à la ment. On peut donc difficilemen mesurer foncier ou de la réserve à parking ; il est question de Clé-de-Rive, Genève se re- les besoins de déplacements dans 20 ans. essentiel pour les arbres, l'absorption des trouve, par inertie des investissements in- Tout porte à croire qu’ils seront en tout cas eaux de pluie et, plus fondamentalement, la frastructurels et des débats politiques, dans moins effec ués en voiture individuelle. préservation de la biodiversité. Imperméa- la catégorie des mauvais élèves par rapport biliser les sols de manière quasi irréversible aux autres villes européennes. Il est fabu- Dans le canton de Berne, on peut constater est absurde et financièrement douteux ! leux de constater qu’il n’existe quasiment qu’on trouve beaucoup plus de ménages pas de véritable zone piétonne. Quand on qui vivent sans voiture. Ils sont distribués Pour résumer, ce parking est profondé- ferme un quai sur une centaine de mètres, sur tout le canton, et beaucoup plus loin du ment obsolète, à la fois au regard des poli- on n’arrive même pas à enlever les places de centre-ville, grâce aux infrastructures de tiques étroites de la mobilité et, plus fon- parking, dans une ville de 200'000 habitant- transports publics existantes et au main- damentalement, des enjeux de la transition e-s ! Si l’on est en train de débattre du besoin tien des aménités de proximité. On réduit écologique. Dans le cadre de ce qu’on peut de places de parking à l'heure actuelle, dans donc ainsi la dépendance à la voiture, qu’il appeler un nouveau paradigme de la pro- les traces du système actuel, sans prendre ne s’agit pas de supprimer mais de rendre duction territoriale, basé sur l’intrication, en compte les signaux d'une transforma- moins utile pour aller au travail, pour faire la symétrisation des qualités du territoire, tion, sans équiper le monde à venir, on va des courses ou pour les loisirs. Ce parking la réversibilité et une pensée des processus droit dans le mur… du parking. maintient au contraire l’idée asymétrique de transformation pas à pas, nous allons d’une périphérie « tout voiture » et d’un vers une métropole « horizontale », pour centre « piéton ». reprendre le terme de Paola Vigano, qui tend au redéploiement, et à la redéfinitio
14 LES CLÉS D’UNE NOUVELLE POLITIQUE DES TRANSPORTS VINCENT KAUFMANN Sortir définitivement de la guerre fond de clivage politique gauche /droite des changements sans précédent, soit en des transports caricatural. particulier des transitions rapides et de grande envergure dans tous les domaines Genève a été pionnière dans le domaine La guerre des transports a eu pour consé- de la société et de l’économie. Pour la mobi- des transports publics urbains et de l’amé- quence, parfois, l’adoption de textes de lois lité, cela implique une diminution de 80% nagement du territoire. L’épopée du tram- à la teneur pour le moins douteuse, pour à 90% des émissions à l’horizon 2050. At- way dès 1861 et la tradition des Plans direc- ne pas dire davantage, comme le principe teindre un tel objectif nécessite le passage teurs d’aménagement cantonaux en sont du « libre choix du moyen de transport » ! à la mobilité électrique, mais également sans doute les meilleures preuves. Mal- Selon ce principe, tout usager, toute usa- une politique très volontariste de report heureusement, dès les années 1960, ces gère, devrait pouvoir se déplacer à Genève, modal. Inutile de dire que le parking Clé- élans innovateurs se sont progressivement quelle que soit son origine et sa destina- de-Rive est totalement anachronique par grippés et les politiques publiques ont sui- tion, par n’importe quel mode de trans- rapport à ces considérations. vi la doxa de l’époque, sans grande créati- port, sans réflexion sur l’accessibilité par vité. Et c’est ainsi qu’en 1969, il ne restait nature différente qu’offrent les moyens de Atteindre les objectifs fixés par l’urgence plus qu’une ligne de tramway, la ligne 12, transport. Le bilan de la « guerre des trans- climatique nécessite de changer radicale- et que, dans les décennies suivantes, Ge- ports » est pour le moins mitigé. Faute de ment de vision concernant la mobilité. Il nève s’est enfoncée dans une « guerre des priorités politiques claires, nous héritons est en particulier important de cesser de transports » contre-productive, dont on d’un système de mobilité urbaine inachevé, considérer la mobilité dans une vision mo- paie aujourd’hui le prix fort. Il y a certes eu dont les réalisations sont le résultat de dale. La mobilité peut être définie comme des réalisations importantes, comme la re- compromis parfois improbables. Le par- « l’intention, puis la réalisation d’un fran- construction d’un réseau de tramways et la king Clé-de-Rive en est le dernier avatar. Le chissement de l’espace géographique im- mise en chantier du Léman Express, mais refuser en votation populaire est un signal pliquant un changement social ». A bien ces décisions ont été prises dans un climat indispensable pour permettre de réaliser des égards, elle est désormais indispen- souvent délétère, à coup d’oppositions et une politique de mobilité ambitieuse. sable à l’insertion sociale et profession- de recours, parfois jusqu’au Conseil Fédé- nelle, et constitue un bien commun, et à ral. Les rebondissements et soubresauts Urgence climatique et parking ce titre un enjeu central des politiques pu- de cette errance sont nombreux et portent de Rive : cherchez l’erreur bliques. Les différents modes de transport invariablement les mêmes stigmates : la sont autant de moyens d’accéder à ce bien mobilité est réduite à une question de A l’automne 2019, le Grand Conseil a voté qu’est la mobilité. Il n’y a en ce sens aucune modes de transport et les usagères et usa- l’état d’urgence climatique pour le Canton raison de continuer à favoriser l’accessibi- gers de ces différents modes sont supposé- de Genève. Pour limiter la hausse des tem- lité automobile en Ville de Genève et dans e-s avoir des intérêts spécifiques associés pératures à 1,5°C, conformément à l’Accord les communes limitrophes, car la mobilité à l’utilisation desdits modes. Dans cette de Paris adopté en 2015, les expert-e - s peut y être assurée par d’autres moyens perspective, les moyens de transport col- préconisent une réduction des émissions de transport. Les chiffres des enquêtes de lectif sont opposés aux moyens de trans- nettes de CO2 de 45% d’ici 2030 et la réa- mobilité montrent d’ailleurs que les habi- port individuel et les modes de transport lisation d’une neutralité carbone en 2050. tant-e-s l’ont compris à Genève. Si, dans les motorisé aux non-motorisé, le tout sur un Réaliser cette neutralité carbone nécessite années 1990, l’utilisation des moyens de transports était majoritairement « mono-
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