CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève

 
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CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
CAUSES
COMMUNES
TRIMESTRIEL DES SOCIALISTES
VILLE DE GENÈVE

                              LGBTIQ+
                              OCTOBRE 2019     52
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
2                                                                    ÉDITORIAL
                                                                     ÉDITORIAL

RENVERSONS
LA MAJORITÉ
SYLVAIN THÉVOZ,
CO-PRÉSIDENT PSVG

Le renforcement de la visibilité                        sécutant les homosexuel-le-s, ne tombent             dement entaché de sexisme et d’homopho-
                                                        pas dans l’oubli. Nous aussi, à notre échelle,       bie. Notre mission est de renouveler ces
des personnes et expressions                            nous devons continuer à faire l’histoire.            champs de fond en comble.
lesbiennes, gays, bisexuelles,
trans*, intersexes, queer et                            Nous avons désiré prolonger ce moment de             Rendez-vous le 20 octobre
                                                        la Pride dans Causes communes. Notre par-
non binaires (LGBTIQ+), ainsi                           ti est un soutien fondamental et historique          Nous avons une occasion en or de le faire
que la défense des droits de                            de la défense des droits LGBTIQ+. Mais               cet automne à l’occasion des élections
                                                        nous avons encore un immense travail à               fédérales. Notre slogan : Renverse la majo-
toute personne subissant des                            faire, à l’intérieur comme à l’extérieur de          rité est une évidence, et il inclut celui de
discriminations en raison de                            notre parti. Rien n’est acquis. Tout comme           la Pride : Make history, tant la majorité ré-
                                                        la société, nous devons continuer à évoluer
son orientation sexuelle et                                                                                  trograde présente depuis trop longtemps
                                                        politiquement, et renforcer les actions              à Berne empêche la Suisse d’avancer et
affective, son identité de genre                        pour la défense des droits de toutes les             l’isole dans des combats médiévaux. C’est
ou expression de genre passe                            minorités, ainsi que nos interactions quoti-         une lutte de 50 ans et plus que nous de-
                                                        diennes avec les associations luttant pour           vons remporter cet automne.
par un important changement                             ces droits, afin d’en être le prolongement
sociétal et politique.                                  et les relais parlementaires.                        Ce numéro est l’occasion de rendre hom-
                                                                                                             mage à celles et ceux qui mènent ces com-
La semaine de la Pride et la Marche des                 Changement d’époque et de majorité                   bats pour les droits LGBTIQ+ depuis tou-
fiertés au mois de juillet ont marqué Ge-                                                                    jours. Mention spéciale à Liliane Maury
nève. Cette semaine fut un événement                    Au final, sans votes gagnants, sans droits           Pasquier et Manuel Tornare qui, arrivés au
historique pour les droits LGBTIQ+, une                 inscrits dans la loi, sans budgets progres-          bout de leurs mandats, quitteront la Berne
caisse de résonance fondamentale pour                   sistes, nous resterons soumis aux injus-             fédérale cet automne, en ayant ouvert des
ses revendications. Nous sommes fier-e-s                tices des majorités rétrogrades. L’initiative        brèches dans l’intolérance ; mention aussi
d’avoir milité, marché, échangé ensemble à              parlementaire de Mathias Reynard visant              à Sandrine Salerno, pionnière en Suisse
cette occasion.                                         à pénaliser les propos homophobes en                 d’une politique publique de défense des
                                                        est un bon exemple. Le référendum lancé              LGBTIQ+.
Faisons l’histoire                                      par l’Union Démocratique Fédérale (UDF)
                                                        contre celui-ci, une illustration que rien           Les élections fédérales de cet automne
« Make History » était le slogan de la Pride.           n’est encore gagné.                                  seront cruciales pour le renforcement
Il s’agit bien de continuer à écrire l’histoire,                                                             des droits LGBTIQ+. Nous serons au ren-
à valoriser et à transmettre les mémoires               Nos structures sont encore largement                 dez-vous pour renverser la majorité et les
LGBTIQ+, afin que des événements tels que               binaires, notre compréhension sociale                homophobes et rétrogrades du Parlement.
les émeutes de Stonewall, il y a 50 ans, pre-           toujours marquée par la domination mas-              Au plaisir de pouvoir compter également
mier exemple de luttes LGBTIQ+ contre un                culine et notre langage insuffisamment               sur toi pour y parvenir. Rendez-vous le
système soutenu par les autorités et per-               inclusif. Notre univers politique reste lour-        20 octobre !

CAUSES                                                                Coordination rédactionnelle : Sylvain Thévoz.
                                                                      Comité rédactionnel : Olivia Bessat, Jorge Gajardo, Ulrich Jotterand.

COMMUNES                                                              Ont collaboré à ce numéro : Olga Baranova, Christian Dandrès, Ricardo Do Rego, Matthias
TRIMESTRIEL ÉDITÉ PAR LE PARTI SOCIALISTE DE LA VILLE DE GENÈVE       Erhardt, Diego Esteban, Laurence Fehlmann Rielle, Aurélie Friedli, Olivier Gurtner, Sap-
15, rue des Voisins                                                   phire Jerel, Matthieu Jotterand, Sami Kanaan, Christina Kitsos, Lisa Mazzone, Mathias
1205 Genève                                                           Reynard, Romain de Sainte Marie, Sandrine Salerno, Lydia Schneider Hausser, Carlo
www.ps-geneve.ch                                                      Sommaruga, Manuel Tornare, Thomas Wenger.
lea.winter@ps-geneve.ch
                                                                      Photographies : Eric Roset.
Un journal 100% pensé, conçu et réalisé à Genève !
Envie de soutenir le Causes Communes : abonnez-vous !                 Graphisme, maquette et mise en page : Atelier supercocotte.
Envoyez vos coordonnées à psvg@ps-geneve.ch                           Impression : Imprimerie Nationale, Genève.
Finance d’inscription : 20.-/année
CCP : 12-12713-8                                                      Tirage : 3000 exemplaires sur papier recyclé.
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LA (RE-)DÉCOUVERTE DE
L’ARC-EN-CIEL
               SAMI KANAAN,
               CONSEILLER ADMINISTRATIF

La Marche des fiertés à Ge-                         Le sport organisé est en effet tourné prin-       besoins et des revendications bien légi-
                                                    cipalement vers la compétition et le culte        times, que la Ville tente (longtemps seule
nève a été pour moi l’occasion                      du corps selon des définitions classiques et      face aux autorités supérieures) de soute-
d’appréhender plus concrè-                          rigides, ce qui rend difficile la compréhen-      nir depuis de nombreuses années. Mais
                                                    sion d’une société ouverte et fluide, basée       me retrouver au sein de cette mobilisa-
tement toutes les facettes
                                                    sur une multiplicité et une porosité des          tion, d’être au cœur d’une mosaïque illus-
très riches et variées d’une                        identités.                                        trant à elle seule cette diversité, de sentir
mobilisation populaire qui                                                                            la force qui permet à tou-te-s d’oser sortir
                                                    Début juillet, en amont de la Marche des          et s’affirmer m’a profondément touché, et
veut dépasser les frontières                        fiertés du 7 juillet, a eu lieu une belle se-     m’a rappelé combien le fait d’agir ensemble
des différentes causes qu’elle                      maine de mobilisation, de réflexion et de         permet de faire bouger les choses.
                                                    partage sur ces questions, qui ne sont en
représente.
                                                    rien définitives et arrêtées. Comme évo-          C’est la philosophe Hannah Arendt qui défi-
                                                    qué, je tenais à participer à la Marche des       nissait la politique non pas comme quelque
Bien entendu, je connaissais déjà les pro-
                                                    fiertés, aussi bien comme citoyen et habi-        chose d’exclusif, comme la lutte contre
blématiques – très diversifiées, car ce sont
                                                    tant de cette ville qu’en tant que Conseil-       d’autres, mais au contraire comme la capa-
autant de situations différentes et à des
                                                    ler administratif. Il me semblait naturel et      cité à agir ensemble, à se réunir, à se fédé-
stades différents de reconnaissance – aux-
                                                    indispensable de montrer l’adhésion pleine        rer pour parvenir à une action concrète
quelles font face les personnes LGBTIQ+.
                                                    et entière de la Ville de Genève, de rappe-       et durable. La Marche des fiertés est un
Dans mon action à la tête du Département
                                                    ler le signal d’ouverture et de soutien de        magnifique exemple d’action politique et
de la culture et du sport, j’ai d’ailleurs initié
                                                    la deuxième ville de Suisse, en compagnie         je suis convaincu qu’elle changera dura-
plusieurs actions de sensibilisation, dont
                                                    de ma collègue Maire, Sandrine Salerno,           blement le monde, ici à Genève, et ailleurs.
deux campagnes contre les discriminations
                                                    qui chapeaute le Service Agenda 21 Ville          Un très grand merci aux organisateurs et
dans le sport. Un milieu qui, par sa struc-
                                                    durable, directement engagé au quotidien          organisatrices !
turation, ses traditions et ses objectifs, ne
                                                    dans cette cause, aux côtés des nombreux
constitue pas le terreau le plus bienveil-
                                                    partenaires associatifs.
lant à l’accueil de ces situations. On l’a vu
récemment avec le traitement inhumain
                                                    Cette Marche a été la démonstration étin-
du « cas » de la sprinteuse sud-africaine
                                                    celante qu’il ne faut rien lâcher quand on
Caster Semenya notamment, sans oublier
                                                    défend une cause juste. Les « minorités »
les nombreuses expressions de discrimi-
                                                    LGBTIQ+ se sont tout à coup retrouvées
nations homo et transphobes, comme la
                                                    à réunir une majorité bigarrée, festive et
situation tragique de Thierry Essamba
                                                    néanmoins radicalement engagée, donnant
exclu par la fédération d’athlétisme came-
                                                    une visibilité inédite et offrant à chacune et
rounaise sur la base d’une suspicion de son
                                                    chacun, la possibilité de s’affirmer comme
orientation sexuelle. Un athlète défendu
                                                    il / elle / ielle le souhaite dans son identité
par Maître Saskia Ditisheim, dans le cadre
                                                    de genre et son orientation.
d’Avocats sans frontières, grâce à qui il a
néanmoins pu venir et participer au mee-
                                                    J’avais déjà auparavant bien conscience
ting AtletiCAGenève en juin, et ainsi porter
                                                    des luttes existantes dans le domaine, des
un message fort dans le milieu sportif.
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
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L’ENGAGEMENT DE
LA VILLE
             SANDRINE SALERNO,
             CONSEILLÈRE ADMINISTRATIVE

La Ville de Genève s’engage                  pionnière en créant le premier poste dédié       tissé avec le monde associatif, qui permet
                                             aux questions LGBTIQ+ au sein d’une              à la Ville de Genève d’être au plus près des
contre les discriminations                   administration communale. Ce poste a             besoins du terrain.
liées à l’orientation sexuelle               permis de renforcer et de systématiser
et à l’identité de genre. Au-                l’action municipale, qui se déploie désor-       Employeuse exemplaire
                                             mais sur plusieurs fronts simultanément.
jourd’hui encore, être homo-                                                                  En parallèle, la Ville a pris ses responsabili-
sexuel-le ou transgenre en                   Sensibilisation citoyenne                        tés d’employeuse en formant son person-
                                                                                              nel aux questions LGBTIQ+ et en faisant
Suisse reste difficile. Dans le              Depuis 2013, la Ville de Genève propose          évoluer ses pratiques RH pour les rendre
cadre scolaire, professionnel                chaque année une campagne à l’occa-              plus inclusives. Cette année, pour la pre-
ou familial, lors d’activités                sion de la Journée internationale de lutte       mière fois, le groupe du personnel LGB-
                                             contre l’homophobie et la transphobie du         TIQ+ et allié-e-s de l’administration muni-
sportives et de loisirs, dans                17 mai, afin de sensibiliser le grand public     cipale a défilé à la Marche des fiertés sous
la rue ou sur Internet, les                  aux questions d’homophobie et de trans-          les couleurs municipales. C’était une belle
                                             phobie, de susciter le débat et de mettre        occasion pour la Ville de rappeler qu’elle
personnes lesbiennes, gays,                  en lumière le travail et les ressources asso-    soutient et accompagne, au quotidien, son
bisexuelles, transgenres, inter-             ciatives. Ces dernières années, des ques-        personnel LGBTIQ+.
sexes et queer doivent faire                 tions aussi importantes que la violence à
                                             l’encontre des personnes LGBTIQ+, les in-        Participation aux réseaux internatio-
face aux violences verbales et               sultes et les discriminations qui touchent       naux
physiques, aux mises à l’écart               les jeunes LGBTIQ+ ou encore les difficul-
                                             tés rencontrées par les personnes LGB-           Enfin, pour échanger des bonnes pra-
et au mépris. Les préjugés                   TIQ+ sur leur lieu de travail ont été abor-      tiques, mettre en commun des réflexions
ont la peau dure et les dé-                  dées. D’autres actions ont également lieu        ainsi que des pistes d’action, la Ville de
construire demande non seule-                en parallèle, comme des soirées théma-           Genève participe à des réseaux de villes eu-
                                             tiques dans le cadre de CinéTransat ou du        ropéennes (elle est membre du réseau des
ment de l’énergie, mais égale-               Festival international de film et Forum sur      Rainbow Cities depuis 2015), collabore avec
ment de la persévérance. C’est               les droits humains ( FIFDH ).                    des villes suisses ( notamment Zürich qui a
consciente de cette réalité que                                                               intégré en 2013 les questions LGBTIQ+ aux
                                             Soutien aux associations                         missions de son Bureau de l’égalité ), avec le
la Ville de Genève s’engage                                                                   canton de Genève, ainsi qu’avec la Genève
avec conviction depuis 2007                  Genève bénéficie d’un très riche tissu as-       internationale ( ILGA et OHCHR ).1
                                             sociatif en matière de défense des droits
contre les discriminations                   LGBTIQ+. La Ville soutient ces associa-          Toutes ces actions visent un objectif clair :
liées à l’orientation sexuelle et            tions au niveau financier et logistique, ainsi   faire de Genève une ville plus ouverte, plus
                                             qu’en matière de suivi de projets. Depuis        juste, et, de fait, plus durable. Nous y tra-
à l’identité de genre, et pour
                                             2012, plus de 30 projets ont ainsi été ac-       vaillons au quotidien, avec détermination.
un meilleur accueil des per-                 compagnés, tels que les Assises de la diver-
sonnes LGBTIQ+.                              sité au travail, la Conférence nationale des
                                             Familles Arc-en-ciel à Genève ou encore le       1. ILGA : Association internationale des personnes les-
                                             lancement du centre d’accueil d’urgence          biennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes. OHCHR :
En septembre 2012, sous mon impulsion                                                         Haut Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations
et en réponse aux demandes des associa-      pour jeunes LGBTIQ+ Le Refuge Genève.            Unies.
tions, la Ville de Genève a fait figure de   Au fil des ans, un véritable partenariat s’est
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
5

GENÈVE, AU CŒUR DES
DROITS LGBTIQ+
              CHRISTINA KITSOS,
              CANDIDATE AU CONSEIL ADMINISTRATIF

Le Parlement fédéral a décidé,                   Nous devons dès aujourd’hui nous unir           mosexualité comme une maladie. Quant au
                                                 pour combattre ce référendum et soute-          mariage pour toutes et tous, la Suisse a du
lors de sa session d’hiver 2018,                 nir la révision de la norme pénale antira-      chemin à faire pour parvenir à la hauteur
d’étendre la norme antiraciste                   ciste dans le but d’y intégrer l’orientation    de la plupart des décisions de ses voisins.
                                                 sexuelle. Nous voterons à ce sujet en fé-
du Code pénal à la discrimina-
                                                 vrier 2020. Sous le prétexte fallacieux de      Ville et canton ensemble
tion fondée sur l’orientation                    combattre une soi-disant censure, les op-
sexuelle au même titre que le                    posant-e-s à cette révision font croire que     Notre canton a entrepris plusieurs cam-
                                                 l’homophobie serait une simple opinion          pagnes de prévention sur les thématiques
racisme ou l’antisémitisme.                      à considérer, voire un obstacle à la liberté    LGBTIQ+ dans les écoles et dans les rues
C’est un socialiste valaisan                     d’expression. Soutenu dans sa récolte de        grâce à l’engagement très fort de la Ville de
                                                 paraphes par les Jeunes UDC et le groupe        Genève. La Pride de juillet 2019 a rencon-
qui a porté ce juste combat
                                                 de travail Jeunesse et famille, l’Union dé-     tré un succès considérable à Genève. Un
en faveur des citoyennes et                      mocratique fédérale ( UDF ) met dangereu-       symbole réjouissant. Je souhaite que notre
citoyens LGBTIQ+: le Conseil-                    sement en cause les droits fondamentaux         ville continue d’apporter sa pierre à cet
                                                 de citoyennes et citoyens de notre pays.        édifice du progrès des droits humains. Ge-
ler national Mathias Reynard.                                                                    nève, ville internationale, se doit de mon-
L’enjeu de ce combat est cru-                    Voter sur cet objet constitue déjà un gros      trer l’exemple, de donner de la voix dans
                                                 problème, une forme de déni de notre            ce combat humaniste crucial. Je m’inscris
cial et concerne notre canton.
                                                 propre Constitution fédérale. L’ONU, lors       résolument dans ce sillage en faveur d’une
                                                 de son examen périodique, et la Commis-         véritable égalité des droits entre toutes et
Violences contre les LGBTIQ+
                                                 sion européenne contre le racisme et l’in-      tous sans aucune discrimination. La pro-
                                                 tolérance ( ECRI ) avaient déjà interpellé la   tection de l’intégrité de la population LGB-
Chaque jour dans la rue ou au travail, dans
                                                 Suisse au sujet de cette omission persis-       TIQ+ est l’affaire de chaque citoyenne et
les salles de sport, les stades, le mépris des
                                                 tante d’une égalité de traitement au niveau     de chaque citoyen. La défense de la dignité
populations LGBTIQ+ s’exprime sous des
                                                 de la justice de notre pays et qui semblait     humaine est une et indivisible. Ville de paix,
formes multiples et inquiétantes. Genève
                                                 enfin surmontée. Hélas, cette votation          ville des droits humains, Genève doit être à
a connu des épisodes de très grandes vio-
                                                 stoppe ce progrès nécessaire. Un vrai scan-     l’avant-garde de ce combat.
lences physiques contre des jeunes homo-
                                                 dale qu’il s’agit de repousser par un vote
sexuel-le-s ces dernières années. Cette
                                                 massif en faveur des droits de la commu-
banalisation des violences verbales et phy-
                                                 nauté LGBTIQ+. Il s’agira aussi de voter
siques a des conséquences dramatiques :
                                                 massivement pour contrer le message
les jeunes LGBTIQ+ vivent encore dans la
                                                 désastreux au plan pratique et symbolique
peur au 21e siècle. Les conséquences sur
                                                 véhiculé par cette votation de février : le
leur santé sont désastreuses comme en
                                                 droit d’insulter ou de marginaliser des
attestent plusieurs études concordantes.
                                                 homosexuel-le-s. Ce n’est pas une option
Avant l’âge de 20 ans, un jeune trans sur
                                                 dans une démocratie digne de ce nom.
deux fait une tentative de suicide. Pour les
homosexuel-le-s, le risque d’une tentative
de suicide est 2 à 5 fois plus élevé comparé     Pas de tolérance pour l’intolérance
à l’ensemble de la population.
                                                 À cette votation très préoccupante s’ajoute
                                                 la frilosité des autorités fédérales sur plu-
Un référendum à combattre
                                                 sieurs objets : les thérapies de conversion
                                                 sont en voie d’être interdites dans plu-
Les populations LGBTIQ+ sont aujourd’hui
                                                 sieurs pays. La Suisse les tolère encore. Il
visées par un référendum qui serait une
                                                 est temps que notre pays réprime cette
prime au désespoir et à la marginalisation.
                                                 scandaleuse manière de considérer l’ho-
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
6

DIALOGAI
ET LES FRÈRES LUMIÈRE
              OLGA BARANOVA,
              PROGRAMMATRICE DU CINÉCLUB DE DIALOGAI,
              ANCIENNE CONSEILLÈRE MUNICIPALE SOCIALISTE EN VILLE DE GENÈVE

Le cinéclub de Dialogai, un                    le cinéma gay garde jusqu’à présent une        cinéma joue un rôle de facilitateur : il donne
                                               liberté dans le traitement des sujets socié-   à la fois un prétexte pour l’échange tout
lieu de socialisation autour                   taux, une liberté qui constitue une source     comme il enlève la gêne au silence, mettant
de l’amour du cinéma gay.                      d’inspiration pour l’ensemble du cinéma        sur pied d’égalité ceux qui viennent avec
                                               indépendant.                                   des amis et ceux qui viennent seuls. Outre
Depuis deux ans, j’ai le plai-
                                               Longtemps un phénomène majoritaire-            les habitués, de nombreuses personnes
sir de partager ma passion                     ment blanc et occidental, le cinéma gay        arrivées récemment sur le territoire suisse
pour le cinéma gay dans le                     se diversifie progressivement ces der-         ou genevois profitent de cette offre pour
                                               nières années, faisant émerger à la fois       faire leurs premiers pas au sein de la com-
cadre de la nouvelle édition du                des productions africaines et sud-améri-       munauté gay locale. La structure légère
cinéclub de Dialogai Genève.                   caines ainsi que des films qui thématisent     et bénévole, basée sur l’enthousiasme de
                                               l’homosexualité au sein des diasporas non      l’équipe, facilite les échanges. Le cinéclub
Institution historique de la
                                               blanches ( on pense au succès récent du        est ainsi l’exemple d’une activité associa-
plus grande association gay                    sud-africain Inxeba de John Trengove           tive qui crée le pont entre les cahiers des
de Suisse romande, le cinéclub                 [2017], à l’Oscar du meilleur film Moonlight   charges hautement techniques des orga-
                                               de Barry Jenkins [2016] ou encore au très      nisations conventionnées et les besoins en
offre aujourd’hui un espace de                 touchant Mi último round de Julio Jor-         activités associatives. J’ai l’espoir qu’il par-
socialisation gay « bas seuil ».               quera [2012], une coproduction chilienne       ticipe ainsi au renouveau associatif com-
                                               et argentine ). Par ailleurs, le cinéma gay    munautaire dans un esprit d’enthousiasme
Au même titre que les autres
                                               existe depuis bien plus longtemps que la vi-   et d’engagement.
activités communautaires                       sibilité de l’homosexualité dans les médias
proposées par Dialogai, le                     de masse ou dans l’espace public. Rappe-
                                               lez-vous du grand classique du cinéma Un       Nouveau cycle de projection « Vive les
cinéclub participe à la créa-                  chant d’amour de Jean Genet, tourné en         mariés » du 10 octobre 2019 au 6 février
tion de lieux d’échange et de                  1950 ! Le cinéma gay joue depuis toujours      2020.
                                               un rôle primordial dans le développement
rencontre non-commerciaux
                                               de la mémoire collective de la communau-       Programme :
au cœur d’une communauté en                    té, tout en en dessinant les contours des      www.dialogai.org/services/cineclub
pleine mutation.                               évolutions futures.

Partager l’amour du cinéma gay                 Le cinéma comme « prétexte »

Le cinéma gay est bien plus qu’un cinéma       Bien que le ciné-club de Dialogai fête
de niche, il est le miroir de l’évolution de   l’amour du cinéma gay, les projections ne
la société, des luttes passées et présentes    sont qu’un prétexte pour créer un espace
pour la libération gay, des bouleverse-        de rencontre et d’échange gay, permet-
ments comme les ravages du SIDA ou la          tant à un public très hétéroclite de se re-
récente avancée du mariage pour toutes         trouver dans un contexte à la fois familial
et tous dans de nombreux pays. Souvent         et non contraignant. Le cinéclub s’inscrit
confiné aux productions low budget à           ainsi dans la logique de développement
quelques notables exceptions près ( Phi-       des activités communautaires de Dialogai
ladelphia de Jonathan Demme [1993],            qui répondent à la demande croissante des
Brokeback Mountain d’Ang Lee [2005] ou         espaces de socialisation en dehors de la
encore A Single man de Tom Ford [2009] ),      logique de consommation commerciale. Le
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
7

LESTIME,
ESPACE D’EXPRESSIONS
ET D’ÉCHANGES !
Lieu d’accueil, d’écoute et                      et de savoirs féministes  ; de soutenir les    2019 de la Ville de Genève, démarré en
                                                 productions artistiques et militantes indé-    mai, avec différents événements tels que,
de conseil, espace commu-                        pendantes.                                     « Balade au cœur de notre histoire », visite
nautaire et culturel pour                                                                       guidée de lieux militants et festifs relatifs à
                                                 C’est encore et toujours une lutte             la culture lesbienne, le 20 septembre 2019.
les femmes lesbiennes,
                                                 constante à mener contre les discrimina-
bisexuelles, trans* et queer,                    tions et les inégalités homme-femme mais       Déplacardisons les archives   ! projection
au cœur de la cité, Lestime                      aussi le développement d’un nouveau fémi-      participative en partenariat avec le festival
                                                 nisme stimulant inspiré de la Queer theory     de cinéma LGBTIQ+, Everybody’s Perfect,
s’adresse à celles qui veulent                   et des questions de genre, qui viennent        qui aura lieu au mois d’octobre, aux ciné-
s’engager comme à celles qui                     déconstruire certaines certitudes.             mas du Grütli.
cherchent un espace de calme
                                                 Investie dans le domaine de la santé           Soirée de projection et discussion… et soi-
et de réflexion dans un lieu                                                                    rée festive ( en mixité choisie ), prévue en
protégé.                                         L’association poursuit son engagement en       ouverture du festival !
                                                 faveur de la visibilisation des enjeux de
Fière de son double ancrage lesbien et fé-       santé, puisque les besoins spécifiques de la
ministe, Lestime continue de militer pour        communauté lesbienne restent à ce sujet
la visibilité des lesbiennes, bisexuelles,       trop souvent méconnus, y compris par le
trans* et queer et pour la défense et la pro-    monde médical. Dans ce sens et en sus des
motion de leurs droits et de ceux de toutes      soirées d’information, nous avons lancé en
les femmes, de se questionner, d’innover         2019 un projet novateur, « Entre nous »,
et de s’inscrire dans des réseaux politiques,    pour être au plus près de la communauté
culturels, festifs et de la santé.               lesbienne et donner une réponse aux ques-
                                                 tionnements en lien avec la santé sexuelle.
Nous faisons partie, depuis sa création          Des consultations totalement confiden-
en 2008, de la Fédération genevoise des          tielles ont lieu dans nos locaux.              Lestime, 5 rue de l’Industrie (Quartier des
associations LGBT. Et nous sommes ainsi                                                         Grottes), 1201 Genève, info@lestime.ch,
au centre d’un réseau plus vaste composé         Une association sans étiquette poli-           www.lestime.ch
d’autres associations LGBTIQ+, d’associa-        tique mais engagée
tions féminines et féministes romandes,                                                         Membre salariée : CHF 50.- Membre chô-
suisses et européennes.                                                                         meuse, étudiante, AVS, AI : CHF 30.-
                                                 Lestime ne soutient aucun parti politique,
                                                                                                Membre de soutien : CHF 100.-
                                                 mais s’engage régulièrement avec la Fédé-
Militante et culturelle                          ration genevoise des associations LGBT.
                                                 Elle fait également partie de la Fédération
Nous sentons le besoin de rendre à Les-          romande des associations LGBT, consti-
time un espace de réflexion politique plus       tuée en 2018 avec 15 autres associations,
significatif en ville de Genève, à partir d’un   et défend des projets importants tels que
positionnement lesbien et féministe, et          « le mariage civil pour toutes et tous » ou
d’un double engagement dans les luttes           l’extension de la norme pénale, qui inter-
féministes et LGBTIQ+. À travers l’organi-       dit l’homophobie au même titre que le ra-
sation de rencontres, débats, laboratoires-      cisme, et la transphobie.
ateliers, sur des thèmes variés, nous vou-
lons redécouvrir le plaisir d’être ensemble      Projets
et d’échanger nos idées     ; de stimuler et
encourager une réflexion critique, dyna-         En prévision de 2020, Lestime se pro-
mique, ouverte, collective et ancrée dans        pose d’intensifier les axes d’actions et de
les corps et dans les vécus  ; de promouvoir     réflexions déjà entamés en 2019 avec le
la circulation transnationale de pratiques       projet « Mémoires LGBTIQ+ », campagne
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
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CONVERGENCE
DES LUTTES
              MATTHIEU JOTTERAND,
              VICE-PRÉSIDENT DU PSG EN CHARGE
              DE LA COORDINATION DES SECTIONS

LGBTIQ+, cette « communau-                       tions d’identité de genre, elles étaient tout      norme sera indélébilement ancrée au fond
                                                 simplement pratiquement inexistantes               de lui. Pour changer cela, il faudra commen-
té » est-elle un paradoxe ou                     dans l’espace public. Avant même de pen-           cer par sortir les familles homoparentales
une contradiction ? Ces der-                     ser à se voir reconnaître les mêmes droits,        de la clandestinité ( quand elles ne sont pas
                                                 ces personnes ont dû lutter pour la recon-         simplement inexistantes socialement ),
nières années, après l’appari-
                                                 naissance de leur identité et une place            porter une attention de tous les instants
tion de l’acronyme LGBT, celui-                  dans la société. Pour ce faire, il a impéra-       au refus de toute marque normative et / ou
ci a crû, pour devenir LGBTIQ+                   tivement fallu qu’elles se rendent visibles        de jugement ou encore supprimer toute
                                                 – par exemple à travers les Gay Pride res-         marque de discrimination, ce qui sera vu
( consensus actuel, quoique pas                  pectivement les Marches des fiertés ou,            par certain-e-s comme une restriction de
unanime ). Cet acronyme, s’il                    malgré elles, à travers l’épidémie du SIDA         leur liberté et ainsi largement combattu.
                                                 – et l’émergence du sujet a nécessité une
se veut ouvert notamment par
                                                 désignation de « ce qu’elles sont ». Il est        L’importance de l’évolution à la fois
la lettre Q (= queer, « bizarre »,               intéressant de constater que les personnes         sociale et sociétale
qui propose de larges propo-                     homosexuelles hommes ont été les pre-
                                                 mières à sortir de l’ombre, en raison de la        Ce qui précède est aisément transposable à
sitions d’inclusion ) et par le                  double discrimination souvent constatée            toute personne subissant une autre discri-
signe + ( qui permet à la per-                   « femmes + homosexuelles ». Ces mouve-             mination que l’homophobie ou la transpho-
                                                 ments ont mené à l’acronyme LGBTIQ+
sonne qui le souhaite de s’in-                                                                      bie, qu’il s’agisse de racisme, de sexisme, de
                                                 actuel. Il convient de souligner certains          validisme entre autres. De plus, comme
clure dans la définition ), peut                 progrès ( dépénalisation, sortie de la liste       évoqué précédemment, les personnes
paraître quelque peu réduc-                      des maladies mentales, partenariat enre-           croisant plusieurs de ces catégories sont
                                                 gistré, etc. ) Malgré tout, l’égalité des droits   d’autant plus touchées par les discrimina-
teur. En effet, pourquoi se                      est loin d’être acquise, et la haine envers        tions, et minorisées au sein même de ces
désigner comme trans, comme                      les LGBTIQ+ encore trop souvent présente.          minorités.
gay, comme bisexuel, etc… là
                                                 Toutefois, si les progrès sociétaux perdu-         Sans convergence des luttes dans la di-
où s’incarne un être.                            raient et « aboutissaient », si les personnes      rection d’une société plus égalitaire pour
                                                 LGBTIQ+ obtenaient les mêmes droits que            toutes et tous, toute communauté ou
Certain-e-s ne manquent pas de mani-             tout-e citoyen-ne, si l’homophobie et la           mouvement politique verra son action
fester leur incompréhension ou même              transphobie notamment n’étaient plus que           pour l’obtention de droits ou l’effacement
de critiquer cette inflation de caractères.      de vilains souvenirs, serait-il possible de se     de discriminations fortement limitée, voire
Le risque de l’enfermement dans une              passer de toute désignation, de telle ma-          vouée à l’échec. Les partis politiques de
« communauté » est pointé du doigt. Des          nière que l’acronyme LGBTIQ+ disparaisse,          gauche, qui combattent à des degrés divers
mécanismes de rejet des « autres » – les         car il n’aurait plus aucun sens ?                  les discriminations, doivent impérative-
personnes qui ne s’incluent pas dans cet
                                                                                                    ment articuler ces thématiques.
acronyme ( parce qu’hétérosexuel-le-s cis-       Une telle tolérance, qui serait en réalité
genres ou pour d’autres raisons ) – peuvent      une indifférence complète et bienveillante,        Nous, socialistes, devrions dans notre lutte
parfois se mettre en place.                      s’étiole actuellement dès l’éveil de l’enfant.     contre ces inégalités et discriminations,
                                                 Si les modèles hétérosexuels présentés à           mieux tenir compte de leur intersection-
Faut-il en passer par là ?                       l’enfant sont voués à être majoritaires car        nalité, de même qu’avec celles qui sont
                                                 représentatifs de la population, ils sont          d’ordre social ; de telle sorte que l’ensemble
Certes ébranlé depuis quelques années,           pour l’instant hégémoniques et instaurent          des militant-e-s maîtrisent ces concepts et
le schéma patriarcal domine la société de        une norme hétérosexuelle que l’enfant              que la population en comprenne mieux les
manière hégémonique. Jusqu’aux années            ne pourra plus jamais complètement dé-             enjeux. Un beau défi pour chacune des sec-
nonante, les « tapettes », les « pédérastes »,   passer. Une fois adulte, il sera peut-être         tions du Parti socialiste genevois.
étaient largement sous-considérés ; quant        tolérant, peut-être bienveillant, peut-être
aux femmes homosexuelles et aux ques-            même personnellement concerné, mais la
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
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DEVENIR ALLIÉ.E.X DE LA
CAUSE LGBT*IQ+
              DIEGO ALAN ESTEBAN,
              DÉPUTÉ AU GRAND CONSEIL

Le 29 janvier 2013, Christiane                  Law Clinic sur les droits des per-               Ce n’est pas comment on devient allié.e.x
                                                sonnes vulnérables                               qui compte, car il existe de nombreuses
Taubira monta à la tribune                                                                       voies pour y parvenir. Mon parcours n’en il-
de l’Assemblée nationale                        Dans un premier temps, j’ai orienté mes          lustre qu’une partie. Il est important d’être
                                                                                                 empathique, patient, à l’écoute, et ne pas
française pour y présenter                      études en droit vers l’examen des droits
                                                des personnes LGBT*IQ+. J’ai rejoint pen-        se laisser décourager par les espaces non-
le projet de loi instaurant le                  dant un an la Law Clinic sur les droits des      mixtes ou en mixité choisie, dont je rap-
« mariage pour tous ». Pendant                  personnes vulnérables de l’Université de         pelle la légitimité, mais qui ne facilitent
                                                Genève, qui travaille avec des personnes         pas toujours l’inclusion des allié.e.x.s dans
près d’une demi-heure, sans                     marginalisées pour les aider à mieux com-        la lutte pour les droits des personnes
quitter son public des yeux,                    prendre leur situation juridique. Nos re-        LGBT*IQ+.
elle prononça l’un des discours                 cherches ont permis la publication d’une
                                                brochure2, ainsi que la rédaction d’un pro-      Vers une société plus inclusive
les plus mémorables de notre                    jet de loi cantonale unique en Suisse, qui
époque.                                         sera normalement publié par le Conseil           Ce qui compte, c’est d’avancer vers une so-
                                                d’État à la rentrée.                             ciété plus inclusive. Chaque personne qui
À 19 ans, j’ignorais jusqu’à l’existence                                                         prend conscience de l’injustice de notre
même des personnes trans* et intersexes,        Dans un second temps, j’ai orienté mon           société est un pas dans la bonne direction.
tout comme l’ampleur des discriminations        parcours associatif vers la lutte contre les     Et pour atteindre une oreille attentive,
vécues par les personnes LGBT*IQ+. En           discriminations LGBT*IQ+. J’ai participé         accompagner une remise en question ou
effet, on nous présente constamment des         au projet Change la Suisse de la Fédéra-         même insuffler l’indignation contre l’ordre
stéréotypes de genre sans jamais nous lais-     tion Suisse des Parlements de Jeunes, qui        établi, nul besoin d’une Christiane Taubira.
ser voir celleux qui en sont exclu.e.x.s, ni    permet aux jeunes du pays d’envoyer des          Chacun.e.x d’entre nous en est capable.
nous autoriser à les déconstruire. J’ai dé-     propositions politiques aux 11 plus jeunes
cidé de prêter mes forces à la lutte contre     élu.e.s fédéraux.ales. Ma proposition d’in-
les inégalités, et combattre tant mon igno-     terdire les mutilations génitales pratiquées
rance que celle des autres.                     sur des enfants intersexes fut retenue puis
                                                relayée par la socialiste vaudoise Rebecca
Écouter puis agir                               Ruiz dans un postulat3, approuvé le 17 sep-
                                                tembre 2018 par le Conseil national.
En réalité, j’allais bien vite en besogne.
L’homophobie et la trans*phobie sont trop       Dépôt d’objets parlementaires
insidieuses pour fuir à l’arrivée du premier
progressiste indigné.1 Pour devenir un allié    Enfin, après avoir aidé l’association suisse
de la cause, il me fallait d’abord apprendre,   des personnes intersexes ( InterAction ) à       1. Je constate par ailleurs en écrivant ces lignes que
                                                écrire ses statuts, j’ai pu, suite à mon élec-   Microsoft Word ne connaît pas les termes « intersexe »
mais surtout écouter. Car devenir allié.e.x                                                      et « transphobe ».
est un processus lent, qui ne peut se pas-      tion au Grand Conseil, bénéficier de ses
ser de l’avis de personnes concernées.          conseils pour rédiger une motion4 s’oppo-        2. Lire ici : www.unige.ch/droit/files/1415/3975/9992/
                                                                                                 droits-lgbt-2018.pdf.
Mais celles-ci refusent souvent d’évoquer       sant aux mutilations génitales pratiquées
les discriminations qu’elles subissent          sur des enfants intersexes. Et le 10 avril       3. Lire ici: www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-
                                                2019, pour la première fois en Suisse, un        vista/geschaeft?AffairId=20174185.
( cela implique régulièrement de parler de
leur intimité ) devant des personnes non-       texte parlementaire en faveur des droits         4. Lire ici: http://ge.ch/grandconseil/data/loisvotee/
concernées, ce qui est légitime.                intersexes fut adopté à l’unanimité des          MV02541.pdf.
                                                élu.e.s.
CAUSES COMMUNES - LGBTIQ+ - PS Ville de Genève
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DIVERSITÉS AU TRAVAIL :
TOUJOURS TABOU ?
ENTRETIEN OLIVIA BESSAT

Faire ou non son coming out                     doit en aucun cas faire l’objet de questions     hétérosexualité, voire une binarité de
                                                lors de l’entretien d’embauche. On ne fait       façade, mais on n’a jamais abordé la ques-
en contexte professionnel, telle                aucune statistique sur les personnes LGB-        tion en termes de gestion de ressources
est la question. Après avoir                    TIQ+ au sein du personnel. Je n’ai jamais        humaines. On mettait en place des
                                                observé d’estampillage ni de mise de côté        mesures de protection contre le harcèle-
potassé le Guide « Travailler
                                                institutionnalisée. On peut l’interpréter de     ment, la prostitution, mais pas de mesures
la diversité » de la Fédération                 trois façons : soit la diversité va tellement    inclusives. Peut-être un jour ?
Genevoise des Associations                      de soi qu’on n’a aucunement besoin d’une
                                                politique spécifique envers les personnes        On est plutôt dans une vision binaire de la
LGBT ainsi que les « Droits des                 LGBTIQ+, soit elle est taboue, et on est         diversité, plutôt que multiple ?
personnes LGBT », guide de la                   plutôt dans un cas de figure don’t ask,
                                                don’t tell. La troisième option, c’est que       De fait, je n’ai jamais observé de trai-
Law Clinic de l’Université de
                                                les questions liées à l’orientation sexuelle     tement particulier de la diversité et de
Genève, nous avons rencontré                    tombent dans le cadre plus large de la           l’intégration des personnes LGBTIQ+
Kenza Palomba, spécialiste des                  lutte contre toutes les discriminations          dans les pratiques de l’entreprise ou
                                                et le harcèlement au sein du personnel.          d’une organisation internationale. On a
Ressources Humaines ayant                       Un traitement en soi plutôt « négatif »,         des cadres concernant le harcèlement,
officié dans le recrutement et                  plutôt que dans l’affirmation de valeurs         moral et sexuel et autres abus ; on a des
                                                d’inclusion et de validation. Ça reste un        exigences claires en termes de parité dans
la gestion de personnel pour
                                                sujet délicat. On peut se dire que ça relève     l’humanitaire, mais rien de spécifique aux
des plateformes pétrolières,                    de la sphère privée, qui n’interfère pas au      questions LGBTIQ+, si ce n’est la présence
puis dans l’humanitaire, his-                   niveau professionnel.                            de « toilettes inclusives » dans certains
                                                                                                 bâtiments peut-être... ça parait dérisoire.
toire de lier principes et pra-                 On ferme un peu les yeux, en somme, mais
tique.                                          une évolution est-elle possible ?                Les déclarations de principe sur la diver-
                                                                                                 sité et l’engagement au respect des Droits
                                                Ça me rappelle l’époque où je faisais            humains impliquent que les programmes
Olivia Bessat : Comment gère-t-on la di-
                                                du recrutement pour les plateformes              de l’organisation puissent bénéficier à
versité quand on s’occupe des ressources
                                                pétrolières. Il faut imaginer 200 à 500          toutes* et tous. On investit beaucoup
humaines ?
                                                personnes en mer pendant 6 mois, confi-          dans une approche prenant en compte les
                                                nées. À l’époque, aucune femme n’était           questions de genre, en faveur de la parité
Kenza Palomba : Pour moi il existe un
                                                présente sur les plateformes, à part             en matière de ressources humaines, ce
paradoxe majeur entre la proclamation
                                                une infirmière à la rigueur. Les choses          qui est un remarquable progrès. Est-ce
publique de grands principes1, dont
                                                changent maintenant, et c’est tant mieux.        que c’est un pas vers la protection large de
font partie le respect de la diversité et
                                                Pour ce qui est des questions LGBTIQ+, on        toutes* et tous, des personnes cisgenres,
l’absence d’entrée en matière sur les
                                                n’en a jamais fait aucune mention. C’est         des personnes LGBTIQ+ ? Certainement.
questions liées aux personnes LGBT, à
                                                un environnement très rude, un véritable         Mais là encore, on n’aborde pas l’orienta-
plus forte raison LGBTIQ+, dans la gestion
                                                cas d’école pour la culture ultra-virile, tra-   tion sexuelle de façon frontale. Ça rend
quotidienne des ressources humaines,
                                                ditionnellement entendue comme hostile           aussi l’homophobie plus pernicieuse, plus
en tout cas pour les organismes privés et
                                                aux personnes LGBTIQ+. On imagine bien,          difficile à détecter, donc plus difficile à
publics pour lesquels j’ai travaillé. Évidem-
                                                même statistiquement, qu’on avait une            combattre.
ment, l’orientation sexuelle n’est et ne
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Comment gère-t-on le déploiement de              beaucoup dans des organismes employant
personnel dans des pays pour lesquels            des personnes du monde entier, témoin
l’homosexualité est un crime ?                   de ce qu’on pourrait appeler de « l’homo-
                                                 phobie ordinaire ». C’est souvent un clash
On ne prend aucunement en compte                 de culture absolu, qu’il est très difficile de
l’orientation sexuelle d’une personne dans       réconcilier et de même faire admettre à la
son recrutement. Le principe de base,            personne, malgré le fait que l’homophobie
pour un déploiement, c’est de respecter          aille à l’encontre de tous les principes de
la loi dans le pays dans lequel la personne      l’organisation pour laquelle elle travaille.
est affectée. On parle très souvent de           Dans tous les cas, au-delà d’un cadre de
la consommation d’alcool dans les pays           protection des personnes LGBTIQ+, des
« secs », qui fait l’objet de sanction en cas    campagnes de sensibilisation au sein du
de problème. J’avoue que je n’ai encore ja-      personnel sur la protection et la tolé-
mais eu de cas d’employé-e-s ayant eu des        rance, envers les personnes LGBTIQ+ me
relations homosexuelles sous le coup de          paraitraient un vrai progrès pour que la
la loi dans un des pays, où interviennent        diversité soit vraiment respectée dans le
les organismes humanitaires, condam-             monde du travail.
nant ces mêmes relations. Les personnes
LGBTIQ+ s’auto-excluent peut-être d’une
affectation dans ces pays. On n’a aucune
visibilité non plus.                             1. A noter que certaines institutions et entreprises,
                                                 grandes comme petites, peuvent se déclarer LGBTIQ+
                                                 friendly, célébrer la Journée internationale de lutte
Quid des sanctions des comportements             contre l’homophobie et la transphobie, et participer et
                                                 /ou sponsoriser des événements comme la Gay Pride.
homophobes ?

Même s’il existe un cadre de protection
face au harcèlement, qu’il soit moral ou
sexuel, dénoncer et même prendre des
sanctions demande un courage que beau-
coup n’ont pas. Si en plus ce sont des hos-
tilités en fonction de l’orientation sexuelle,
qui ne fait très souvent l’objet d’aucune
protection particulière, on peut imaginer
une forme d’impunité. J’ai été, comme
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PINKSWASHING :
UN CONCEPT EN
CONSTRUCTION
              JORGE GAJARDO

Que faisait l’entreprise phar-                  gay pour maquiller les pratiques israé-          Accusée par Médecins sans frontières de
                                                liennes contre les Palestinien-ne-s. Voir        traîner des pieds pour permettre l’accès
maceutique ViiV à la Geneva                     page 26 le compte-rendu du livre Mirage          d’un médicament contre le VIH chez les
Pride du 6 juillet dernier ?                    gay à Tel-Aviv.                                  enfants dans les pays pauvres, ViiV a pour-
                                                                                                 tant profité de la Pride genevoise pour lis-
Réponse : du pinkwashing.
                                                Au contraire du greenwashing, bien plus          ser son image sur le parcours de la Marche
Le terme a bourgeonné cet                       connu, la notion de pinkwashing est encore       des fiertés. Pour Youniss Mussa, l’« hypo-
été à Genève pour dénoncer                      réservée à un cercle étroit des militant-e-s.    crisie est évidente », mais il se demande
                                                Sans surprise, il apparait à intervalles régu-   si la Geneva Pride aurait pu avoir lieu sans
le sponsoring de l’évènement,                   liers depuis 2012, dans les pages du maga-       l’argent des privés. Même certitude de
qui a duré une semaine, par                     zine communautaire 360°, comme dans              Lorena Parini : « Organiser une Pride d’une
                                                le quotidien genevois Le Courrier, qui suit      semaine entière coûte de l’argent, en par-
des multinationales au profil
                                                l’évolution du mot dans sept articles en         ticulier les frais de sécurité. Or les subven-
surprenant. Même la Ville a                     huit ans. Il est beaucoup plus rare dans la      tions des pouvoirs publics sont loin d’être
été accusée de pinkwashing,                     grande presse. Sur le site de la Tribune de      suffisantes pour couvrir tous les frais ».
                                                Genève, pinkwashing est soudainement
entrainant un débat sur le                      apparu cette année, après avoir longtemps        Genève la prude fait sa Pride
sens du mot. Nous faisons                       été relégué dans sa section des blogueur-e-
                                                s. Sur le site du Temps, pinkwashing a été
le point avec Lorena Parini,                                                                     Toujours pendant la Geneva Pride 2019,
                                                écrit une fois par une journaliste, en 2016,     l’opération ( sans doute nocturne ) qui a co-
professeure en études genres                    puis plus rien.                                  loré le Mur des réformateurs aux couleurs
à l’Université de Genève et                                                                      de l’arc-en-ciel a été revendiquée anony-
                                                Et pourtant, les accusations de pin-             mement pour dénoncer la récupération de
co-présidente de la Fédération                  kwashing ébranlent l’ambiance des Prides         la cause LGBTIQ+ par la Ville de Genève. En
genevoise des associations                      en Suisse. En cause, non seulement le sou-       effet, profitant aussi de la Pride, la munici-
                                                tien financier de certaines multinationales,
LGBT, et avec notre camarade                                                                     palité de Genève avait organisé une expo-
                                                mais aussi l’empressement avec lequel            sition de photographies pour afficher en
Youniss Mussa, député sup-                      les organisateur-trice-s vont les chercher,      grand format sa fierté de « son » histoire
pléant au parlement genevois,                   avec en main une liste de critères manifes-      LGBTIQ+, ce qui en a froissé plus d’un-e.
                                                tement très ouverts qui permettent à des         Les vénérables barbus, associés à tort ou à
co-président du groupe Égalité                  entreprises, au profil éthique peu reluisant,    raison à la réputation d’une ville prude, ont
du Parti socialiste genevois.                   de prendre part à la fête. Youniss Mussa         alors payé de leur personne l’audace de la
                                                fait remarquer que les politiques d’inclu-       Ville.
En Suisse : un mot militant                     sion LGBTIQ+ dans les multinationales se
                                                limitent bien souvent aux cadres. Il n’est       La Ville affiche « son histoire » LGBTIQ+.
Le terme pinkwashing est apparu dans les        pas certain qu’il en soit ainsi en bas de la     C’est sans doute exagéré. Qu’on rappelle
années nonante pour dénoncer l’instru-          chaîne de production. « Les conditions de        que Genève a accueilli sa première Gay and
mentalisation du cancer du sein par une         travail des personnes exploitées par les         Lesbian Pride en 1997, alors qu’à Zurich la
entreprise pharmaceutique. Il désigne de-       multinationales n’ont rien d’égalitaire et       manifestation a lieu chaque année depuis
puis lors un outil de marketing que les en-     l’image cool ne change pas cette réalité. Ces    le milieu des années 1980, et on com-
treprises utilisent pour faire contrepoids à    multinationales évitent soigneusement            prend que l’histoire genevoise de la diver-
leur mauvaise réputation. Des multinatio-       d’appliquer leur politique de diversité et       sité de genre est encore jeune. À la suite
nales du tabac peuvent vanter à certaines       inclusion dans des pays qui discriminent         des gays, les lesbiennes ont émergé très
occasions leurs chartes de ressources hu-       voire condamnent l’homosexualité ».              progressivement dans le discours public.
maines ouvertes à la diversité. Par ailleurs,                                                    Aujourd’hui, l’invisibilisation persiste dans
depuis 2006, le groupe californien Queers       On le sait, l’image véhiculée par les mul-       d’autres orientations sexuelles. Comme
Undermining Israeli Terrorism ( QUIT ! )        tinationales est souvent différente des          le souligne Lorena Parini, la diversité de
dénonce l’instrumentalisation de la cause       pratiques. ViiV Healthcare, par exemple.         genre est devenue une politique de la Ville
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