Aspects - Ce que nous partageons Du temps, des biens et des connaissances - Credit Suisse
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Aspects Mai 2019 Du temps, des biens et des connaissances Ce que nous partageons Expertise financière Oliver Adler Comment la banque Les vertus de la transmet son savoir division du travail
Sommaire Éditorial Partager avec Dossier 04 Économie collaborative et bénévolat Dossier Le partage est en Leurs points communs et leur influence sur l’économie et la société. enthousiasme vogue. Avec les thèmes 16 Entretien sur le partage de l’économie collabo- Deux expertes expliquent pourquoi il est plus facile pour certaines personnes de partager rative et du bénévolat, que pour d’autres. « Aspects » montre pour- Connaissances bancaires quoi nous partageons 18 Transmettre une expertise et l’importance du par- La banque met son savoir à la disposition de ses tage pour l’économie et clients de bien des façons. la société. Page 4 Chronique Bateau 22 La division du travail a du sens Avoir votre propre bateau vous semblait jusqu’ici peu probable en raison Oliver Adler, chef économiste du Credit Suisse, Chères lectrices, chers lecteurs, du coût ? Une nouvelle possibilité existe désormais ! ship-ahoy.ch vous sur la division du travail et ses effets sur la pros- met en relation avec des propriétaires de bateaux à moteur, à voile ou périté et le progrès. Partager revêt aujourd’hui un sens nouveau. Nous partageons à rames convaincus des avantages de l’économie collaborative, qui sou- des photos via les médias sociaux, de la musique et des films haitent partager leur embarcation avec d’éventuels locataires. Placements en streaming, des logements via Airbnb, des voitures avec 24 Investir pour une bonne cause Mobility ou de l’argent par le financement participatif. Cette De nouvelles formes de placement édition approfondit ce phénomène. Nous donnons la parole à concilient intérêts financiers et protection des spécialistes et demandons à des personnes qui partagent de l’environnement. beaucoup quelles sont leurs motivations. Nous étudions en particulier le partage de temps, c’est-à-dire le bénévolat, et Sponsoring l’utilisation partagée des ressources, à savoir l’économie col- 26 Le sport rapproche laborative. Dans sa chronique, Oliver Adler, chef économiste La passion du football est au cœur de la du Credit Suisse, explique en outre pourquoi la division du Credit Suisse Cup. travail est source de prospérité. Photo de couverture : Roth & Schmid, Photo : Roth & Schmid, Mary Fernandez, Illustration : Patrick Oberholzer Bon à savoir Dans le cadre de la Credit Suisse Cup, la plus grande ma- 30 Naviguer sur Internet en toute sécurité nifestation sportive de Suisse, il s’agit moins de partager Comment assurer votre sécurité dans l’Online que de marquer des buts, mais près de 5500 équipes y par- Banking. Et ce n’est pas tout : des informations tagent leur passion pour le football. Il n’existe guère d’autre sur Bonviva, TWINT et la propriété par étage. sport capable de susciter un tel engouement dans toutes les cultures et par-delà les frontières, une expérience particuliè- Portrait Bonviva rement impressionnante renouvelée année après année lors 36 Susciter l’enthousiasme pour de ce championnat scolaire helvétique. Laissez-vous gagner par cet enthousiasme en lisant le reportage « Des équipes, Partage de connaissances le journalisme des buts et des émotions ». Roland Wahrenberger, membre de la direction L’une des principales missions d’une de Ringier Axel Springer Suisse SA et respon- Je vous souhaite une agréable lecture. banque consiste à mettre son exper- sable du groupe Beobachter, évoque les clés de la réussite du magazine. tise financière à la disposition de ses clients. C’est ce que fait le Credit Sponsoring Suisse dans des domaines très divers. L’an dernier, 5500 équipes ont partagé leur Serge Fehr Page 18 enthousiasme pour le championnat de football Responsable Private & Wealth Management Clients scolaire de l’Association Suisse de Football, plus connu sous le nom de Credit Suisse Cup. Page 26 2 Aspects mai 2019 3
L’ère Dossier Dossier Quel est le point commun entre l’économie collaborative et le bénévolat ? C’est simple : la notion de partage. À travers ces deux thèmes, nous mettons en lumière les raisons qui sous-tendent le partage ainsi que l’importance qu’il revêt pour l’économie et la société. du Texte : Robert Wildi Photos : Roth et Schmid partage L e partage est en vogue. Nous partageons des photos via les médias sociaux. Nous prenons nos repas sous forme de mezze ou réunis autour d’une grande table. Nous partageons de la musique et des films en streaming, nos logements via Airbnb, des voitures avec Mobility ou de l’argent par le financement participatif. Nous partageons même des vaches entières (voir illustration). Et nous partageons une partie de notre temps libre à travers le bénévolat. Que nous apporte le partage au juste ? Nous avons analysé cette notion, discuté avec des experts et interrogé ses adeptes sur leurs motivations. Nous nous sommes penchés sur deux facettes en particulier : l’essor de l’économie collaborative et le bénévolat, une pratique qui implique un partage de temps et qui s’inscrit plutôt en recul. Voyages Une nouvelle forme d’économie ? Selon l’étude du GDI « Sharity : die Zukunft « Économie collaborative » est un terme générique des Teilens », ce sont les idées de voyage qui recouvre des entreprises, des modèles économiques, et les recommandations de restaurants et des plateformes, des communautés en ligne et hors d’hôtels que nous préférons partager. Brosse à dents ligne, ainsi que des pratiques permettant l’utilisation partagée de ressources totalement ou partiellement On ne rigole pas avec la brosse à dents : selon l’étude « Sharity. Die Zukunft des Teilens » de inexploitées. Concrètement : vous connaissez Airbnb ou l’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI), elle figure parmi Uber ? Ce sont les représentants les plus emblématiques les objets que nous n’aimons guère partager. de l’économie collaborative. 4 Aspects mai 2019 5
Dossier Dossier Ces géants font de plus en plus d’adeptes. Selon une étude de PwC, le marché mondial de l’économie collaborative devrait être multiplié par 22 entre 2014 Partage de vaches On peut même partager une vache, un cochon ou et 2025, et générer 335 milliards de dollars de chiffre un agneau : sur kuhteilen.ch, les clients peuvent d’affaires. Ce thème gagne également du terrain commander leur colis de viande. L’animal est abattu en Suisse : selon une enquête de Deloitte, plus de uniquement lorsqu’il a été vendu en intégralité. 50% des sondés ont déclaré qu’ils souhaitaient prendre part activement à l’économie collaborative, en tant qu’offrant ou demandeur. Ce concept n’est pourtant pas nouveau. Dans les années 1950, des exploitations agricoles se regroupaient déjà en coopératives afin de partager les coûts d’achat et l’utilisation de machines onéreuses. La numérisation change la donne Pour Thomas von Stokar, seul un parallèle éloigné peut être tracé entre l’économie collaborative – selon sa définition de ce concept – et ces coopératives agricoles. Ce diplômé de géographie est membre de la direction du bureau d’étude et de conseil zurichois INFRAS et responsable de l’étude « Sharing Economy – teilen statt besitzen » (partager au lieu de posséder) publiée en 2018. Selon lui, trois éléments caractérisent l’économie collaborative : premièrement, l’échange entre l’offrant et le demandeur se déroule sur une plateforme numé- rique. « C’est ce qui différencie fondamentalement l’économie collaborative de l’échange de biens et de services entre voisins et amis. » Deuxièmement, l’éco nomie collaborative suppose une utilisation limitée dans le temps, car l’offrant reste propriétaire du bien utilisé. « Troisièmement, il s’agit d’un échange entre des per- sonnes privées, et non pas des entreprises. L’économie collaborative se distingue ainsi de l’activité de location traditionnelle, par exemple automobile », explique Thomas von Stokar. La numérisation est le fondement de l’économie collaborative : seuls les médias sociaux et les places de marché numériques rendent les biens, les services et les idées accessibles à une multitude d’offrants et d’utili- sateurs, fournissant ainsi un lieu de rencontre pour l’offre et la demande. Perceuse Motivation financière pour les utilisateurs « Vous connaissez Airbnb ou Uber ? Ce sont les représentants Pourquoi recourons-nous à l’économie collaborative ? On a rarement besoin d’une perceuse, mais c’est bien utile qu’il y en ait une dans le voisinage. Sur pumpipumpe.ch, Beaucoup de gens souhaitent assurément y trouver une les plus emblématiques de l’économie collaborative. » vous pouvez commander des autocollants de divers objets. alternative à la société du gaspillage et économiser Thomas von Stokar Placés sur la boîte aux lettres, ils indiquent par exemple les ressources. Néanmoins, la motivation économique que son propriétaire prête une perceuse. ne cesse de gagner du terrain, comme l’indique le Baromètre de la jeunesse 2018 du Credit Suisse : l’éco- nomie collaborative est très bien notée par les jeunes interrogés aux États-Unis, au Brésil, à Singapour et en Suisse. Une large majorité d’entre eux approuve les affirmations « Partager permet d’économiser » et « En partageant, je peux acheter des choses que je ne pourrais pas me permettre sinon ». 6 Aspects mai 2019 7
Dossier Dossier L’engouement pour l’économie collaborative chez les supplémentaire grâce au prêt ou à la fourniture d’un jeunes est peut-être bien lié à des moyens financiers service », précise Thomas von Stokar. L’économie colla- limités. Cependant, même les individus plus âgés – et borative permet d’exercer une activité secondaire plus ou généralement plus aisés – découvrent peu à peu l’attrait moins lucrative, mais dont les coûts de transaction sont financier du concept « partager au lieu de posséder ». minimes. Ainsi, il est par exemple bien plus avantageux Sur le segment des plus âgés, la progression de l’écono- de louer sa voiture via Internet plutôt que de fonder une mie collaborative est toutefois nettement plus lente, société de location à cet effet. notamment par manque de maîtrise des applications cor- respondantes. En outre, ajoute Thomas von Stokar, « les L’attrait de la nouveauté Andreas Amstutz : partager personnes d’un certain âge sont plus réticentes à com Outre les raisons financières et le souci de durabilité, muniquer leurs données personnelles sur Internet, c’est d’autres aspects soutiennent l’essor de l’économie au lieu d’acheter pourquoi elles ne constituent pas un groupe-cible central. » collaborative. Pour Thomas von Stokar, il s’agit de motifs Les résultats de l’étude dirigée par l’expert confir- écologiques ou sociaux. « L’attrait de l’économie colla Il est le fondateur de Sharely, une plateforme ment que le potentiel d’économies est le principal argu- borative, tant pour les offrants que pour les utilisateurs, de partage d’objets. ment en faveur de l’économie collaborative du côté des réside également dans la nouveauté, l’originalité et utilisateurs : « L’utilisateur bénéficie d’une offre plus la dimension ludique. » Ainsi, une conductrice Uber avantageuse et économise ainsi de l’argent par rapport peut apprécier la flexibilité horaire et le locataire d’une à la variante commerciale. » chambre Airbnb la nouveauté face à l’uniformité d’un hôtel, ainsi que le contact personnel avec les habitants. Monsieur Amstutz, en 2014 vous avez Quel a été le premier objet loué Source de revenus lucrative pour les offrants Là aussi, le développement de telles expériences lancé Sharely, une plateforme qui via Sharely ? L’intérêt financier figure également au premier plan du et potentiels d’utilisation repose essentiellement sur permet aux utilisateurs de louer des Une scie circulaire, pour 10 francs côté des offrants. « L’offrant peut générer un revenu les possibilités techniques offertes par Internet. objets à prix avantageux. Comment par jour. cette idée a-t-elle germé dans votre esprit ? L’aspect financier a-t-il été la J’ai toujours voulu créer ma propre entre- principale motivation pour créer prise. Le concept de Sharely s’est imposé cette plateforme ? à moi, car je ne possède aucun bien Non, plutôt le souci de durabilité. matériel. J’emprunte plutôt ce dont j’ai Acheter autant d’objets pour les laisser besoin. Et je suis convaincu que nous inutilisés la plupart du temps n’a aucun sommes nombreux à avoir la même philo- sens. Nous contribuons à accroître sophie. Une plateforme d’intermédiation l’utilisation des objets et à réduire la d’objets en ligne entre propriétaires et production de déchets. emprunteurs nous est donc apparue, à ma partenaire et à moi, comme une idée Les utilisateurs partagent-ils cette commerciale plausible. opinion ? Nous l’entendons souvent du côté des L’émergence de l’économie collabo- propriétaires. S’agissant des emprun- rative vous a-t-elle inspiré ? teurs, l’aspect financier joue un rôle Absolument. Avec notre plateforme de plus important. Ils passent souvent par partage, nous faisions toutefois figure notre plateforme, car ils ne peuvent – de pionniers en Suisse. Nous avions ou ne veulent – pas acheter l’objet découvert ce concept aux États-Unis. concerné. Quelles sont selon vous les perspec- Votre plateforme a-t-elle eu du succès ? Quels sont les objets les plus tives de l’économie collaborative ? Après que nous-mêmes ainsi que de proposés sur la plateforme ? C’est actuellement le terme en vogue, nombreux amis et connaissances avons Nous proposons 15 000 objets classés mais il va progressivement cesser d’être proposé les premiers objets à la location en 600 groupes de produits. En tête un effet de mode. Non pas parce que ce sur la plateforme, les réactions ne se de liste figurent les outils, tels que les concept va disparaître, bien au contraire : Couchsurfing sont pas fait attendre. L’euphorie initiale perceuses, les ponceuses ou les scies il deviendra un maillon central de l’écono- Quatre millions de personnes utilisent chaque année s’est toutefois rapidement dissipée sauteuses, mais également des outils de mie. De plus en plus souvent, nous sou- couchsurfing.com. Le concept de cette plateforme est simple : et nous avons dû déployer d’importants jardinage, des remorques, des plaques haitons disposer immédiatement de tel chaque inscrit héberge gratuitement des voyageurs chez efforts marketing. Nous comptons au- de cuisson, des chaussures de ski, objet ou service. Et il est plus rapide – et lui et peut à son tour chercher des hôtes prêts à l’accueillir. jourd’hui 15 000 utilisateurs – et ce des bateaux gonflables, des appareils souvent moins cher – de s’adresser à son chiffre ne cesse d’augmenter. à raclette ou du matériel photo. voisin que d’aller en magasin. 8 Aspects mai 2019 9
Dossier Dossier À chacun sa solution Renoncer à la voiture La voiture est l’un des postes les plus onéreux pour les ménages suisses. « Si l’on n’utilise la voiture que deux fois par mois, il vaut mieux opter pour Mobility et économiser ainsi 500 francs par mois en moyenne », conseille Rosa Cardinale Rohner. La location d’une pièce permet également de réaliser des économies. « Louer une pièce vide dans le cadre d’une colocation ou l’appartement entier pendant vos vacances permet de réduire votre propre charge locative de 500 à 1000 francs par mois. » Sitôt économisé, sitôt épargné Vous avez réalisé des économies en partageant ? Déposez-les directement sur un Compte d’épargne. « Vous pouvez aussi ne verser que la moitié de la somme. Dans tous les cas, cela permet de profiter Rosa Cardinale Rohner, (Ph. D.) est conseillère clientèle de longue date à Private & Wealth durablement des gains du partage », explique la Jardins communautaires Management Clients, au Credit Suisse à Berne. conseillère clientèle. Les Plans d’épargne en fonds Vous souhaitez jardiner, mais n’avez pas sont à ses yeux particulièrement adaptés pour at- de jardin ? Il vous suffit de partager un teindre un objectif d’épargne, car ils allient épargne jardin communautaire. Par exemple, sur le et investissement, et offrent ainsi des perspectives campus Hönggerberg de l’EPF Zurich : de rendement attractives sur le long terme. Il s’agit seedcity.ch d’investir régulièrement un montant dans un fonds Parole d’experte de placement, ce qui permet d’obtenir un prix d’achat moyen du fonds choisi et de réduire le risque Économiser en d’investir à une période peu favorable. « Avec un montant minimum de 100 francs par mois, même les petits épargnants peuvent en profiter. » Un Plan partageant d’épargne en fonds permet une constitution simple et systématique de la fortune. « L’attrait de l’économie collaborative, tant pour les offrants Exploiter diverses sources de revenus Si vous possédez de nombreux objets que vous que pour les utilisateurs, réside également dans la nouveauté, Point de départ n’utilisez pas, vous devriez envisager de les louer. Le partage fait aujourd’hui de plus en plus d’adeptes. Rosa Cardinale Rohner : « Vous aidez ainsi d’autres l’originalité et la dimension ludique. » Une bonne chose pour l’environnement et pour le personnes à économiser de l’argent et, dans Thomas von Stokar porte-monnaie. Élaborez une stratégie pour exploiter le même temps, vous soulagez vos finances. » au mieux l’immense potentiel de l’économie Ce principe a été repris par des portails en ligne collaborative. qui mettent en contact des propriétaires avec de potentiels emprunteurs d’objets divers et variés. Des perspectives d’évolution positives voir d’achat, des préférences et de la confiance des Solution « Il n’y a pas de limites à cette tendance », déclare Selon Thomas von Stokar, il est difficile de prévoir consommateurs. « Les plateformes collaboratives s’im- Plusieurs possibilités s’offrent à vous pour tirer la conseillère clientèle avec conviction. Elle bénéficie l’évolution du marché de l’économie collaborative, qui poseront dans différents domaines grâce à des modèles parti de l’économie collaborative, directement ou durablement aux deux parties et leur permet in affiche actuellement une croissance exponentielle. économiques innovants et efficaces. Elles créeront indirectement. « Le potentiel d’économies pour tout fine d’économiser de l’argent grâce au partage. « La diversité des applications et la dynamique actuelle durablement une valeur ajoutée pour les consommateurs. » un chacun est immense », explique Rosa Cardinale sont impressionnantes. À l’échelle de l’économie Rohner, conseillère clientèle de longue date au globale, l’importance de l’économie collaborative reste Partager son temps en faveur de la communauté Credit Suisse à Berne. Il est certes rare de réaliser toutefois limitée. » Même les parts de marché d’Uber Le bénévolat constitue un tout autre type de partage, des économies colossales en une seule fois. « C’est et d’Airbnb, les plateformes de loin les plus importantes, certes en recul, mais qui surpasse de loin l’économie plutôt la somme d’une multitude de petits montants demeurent inférieures à 10%. Selon lui, l’évolution de collaborative d’un point de vue économique. Rien qu’en qui peuvent être économisés dans divers domaines l’économie collaborative dépend essentiellement du pou- Suisse, près de trois millions de personnes consacrent grâce à l’économie collaborative. » 10
Dossier Dossier Rubrik plus de 700 millions d’heures par an au bénévolat institutionnel au sein d’une organisation et au bénévolat informel dans le voisinage ou le cercle d’amis – un marché qui pèse 31,5 milliards de francs. La Suisse occupe ainsi la deuxième place en Europe derrière les Pays-Bas, Eveline Hostettler : cinq heures et devant l’Allemagne et la Norvège. Les organismes sociaux, les institutions religieuses et les associations de bénévolat par semaine sportives et culturelles sont les principaux bénéficiaires du bénévolat institutionnel. En intégrant les travaux Cette Bernoise est conductrice de chien de sauvetage domestiques et les tâches de prise en charge de person bénévole depuis des années. nes, la valeur monétaire du bénévolat s’élève à plus de 400 milliards de francs en Suisse selon l’Office fédéral de la statistique. La culture du bénévolat en Suisse Vous êtes membre de l’organisation Ancré dans la tradition suisse, le bénévolat puise ses Redog. De quoi s’agit-il concrètement ? racines principalement dans l’Église et les organisations Redog forme des équipes de sauvetage féminines. bénévoles composées d’un chien et L’importance du travail bénévole ne se limite pas d’une personne pour rechercher des à la Suisse et il concerne quasiment tous les domaines personnes disparues. Par exemple, des de la vie. Cause sociale, sport, politique, jeunes et per- personnes âgées ou des enfants sonnes âgées, culture ou protection de l’environnement : qui se sont perdus. Je suis membre de partout nous dépendons de bénévoles et de personnes l’association depuis six ans et forme qui organisent et encouragent le bénévolat. « L’engage- une équipe avec ma chienne Joya, un ment bénévole est l’un des piliers de notre société civile Border Collie. et il le restera à l’avenir », déclare Theres Arnet-Vanoni, qui s’engage depuis plus de vingt ans dans divers comités Qu’est-ce qui a motivé votre et fonctions pour le « partage du temps » non rémunéré. engagement ? Depuis 2011, cette mère de trois enfants (cinq fois J’ai toujours voulu aider les gens. grand-mère) est présidente de l’organisation « benevol Auparavant, je travaillais déjà comme Suisse ». Elle est considérée à ce titre comme la plus bénévole dans une cantine scolaire de haute représentante du bénévolat en Suisse. Rien notre village. J’avais beaucoup entendu qu’en 2018, plus de 3000 bénévoles ont été placés via parler de Redog avant d’avoir Joya. Je la plateforme benevoljobs.ch auprès des 2500 organi n’ai donc pas tardé à m’inscrire avec elle. sations enregistrées. Que vous apporte le bénévolat ? Bénévolat : entre distraction et participation Il me permet de former une véritable Livres Theres Arnet-Vanoni fait différents constats sur l’évolution du bénévolat au fil des années et des décennies. Par équipe avec Joya et d’apprendre à mieux me connaître. Au sein de l’association, Quoi de plus logique que de partager les livres ? Dans certaines exemple, la répartition traditionnelle des rôles entre les nous partageons des expériences pas- villes, cette pratique a par exemple lieu dans d’anciennes cabines sexes a peu changé. « Les hommes tendent à s’engager sionnantes ainsi que l’objectif fondamen- Pouvez-vous compter sur le Dans notre société des loisirs, le bien-être téléphoniques. Cela marche aussi en ligne : le projet BookCrossing (bookcrossing.com) permet aux livres de voyager autour du bénévolement surtout dans des associations sportives, tal d’aider. Il s’agit d’une source de soutien de votre famille ? et la consommation occupent une place monde en étant tracés grâce à un identifiant. tandis que les femmes se consacrent plutôt à des tâches motivation supplémentaire et cela booste Heureusement, oui. Mon mari est égale- de plus en plus importante. L’intense d’accompagnement et de soins dans l’entourage et le l’estime de soi. ment bénévole au sein de Redog, où consommation médiatique des jeunes voisinage. » En revanche, l’attitude de la société face à il s’occupe de tâches techniques. Cet pèse sans doute aussi sur l’engagement ce thème n’est plus la même. « Le bénévolat ne repose Vous faites cinq à six heures de engagement commun nous unit et nous bénévole. plus sur les mêmes motivations. Tandis qu’auparavant, il bénévolat par semaine, êtes permet d’avoir une compréhension mu- était mû par la volonté de faire une bonne action, par mère de deux adolescents, vous tuelle pour nos absences respectives. Parlez-vous en connaissance l’altruisme, et était souvent porté par la foi, la distraction occupez de votre foyer et travaillez de cause ? figure aujourd’hui au premier plan dans l’engagement également à temps partiel. Comment Parvenez-vous à comprendre Je mentirais si je prétendais que cette bénévole. » Il s’agit de rencontrer des gens mus par les parvenez-vous à tout concilier ? le déclin du bénévolat dans la tendance ne concerne pas nos enfants. mêmes idées, de partager une passion commune et de Parfois, je me le demande (rires). Avec société ? Par notre engagement bénévole, nous faire bouger les choses ensemble. un agenda très serré et beaucoup de Oui, étant donné que le temps investi essayons de leur montrer, avec succès L’étude « Les nouveaux bénévoles » publiée par bonne volonté, j’y arrive quasiment tou- pourrait également être dévolu à un travail nous semble-t-il, qu’il existe aussi l’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI) en 2018 confirme jours. Dans le cas contraire, j’improvise. rémunéré ou à des moments de détente. d’autres valeurs que la consommation. 12 Aspekte Aspects Mai mai 2019 13
Dossier Dossier « La distraction figure aujourd’hui au premier plan dans l’engagement bénévole. » Theres Arnet-Vanoni canaux numériques – réseaux sociaux, blogs, mailing, etc. – jouent un rôle de plus en plus important. « La numérisation elle-même crée de nouvelles formes de bénévolat », soutient Theres Arnet-Vanoni. L’inter- connexion virtuelle du monde permet selon elle aux bénévoles de s’engager n’importe où, n’importe quand. Le Web offrirait une multitude de nouvelles activités. « Par exemple, rédiger des contributions sur Wikipédia ou répondre aux questions sur un forum. » En résumé, la présidente de « benevol Suisse » estime que le bénévolat a encore de beaux jours devant lui. « Les exigences et les défis se multiplient toutefois. » Les organisations devront réfléchir à ce qu’elles pro- posent aux bénévoles – par exemple un droit de coges- tion, l’opportunité de faire bouger les choses – et à des sources de motivation. « Les bénévoles souhaitent aujourd’hui obtenir une contrepartie tangible, même si Organes celle-ci est immatérielle. » Le don d’organes est un partage particulièrement Même s’il évolue, le partage reste important controversé. Les personnes intéressées trouveront des informations sur leben-ist-teilen.ch et Qu’il s’agisse d’économie collaborative ou de bénévolat, pourront commander une carte de donneur. le principe du partage de biens, de services, d’idées commerciales, de locaux et de temps est appelé à se perpétuer. L’interconnexion croissante mue par les progrès numériques ne cesse de soutenir l’économie collaborative. Des modèles de partage novateurs fondés sur le principe « partager au lieu de posséder » Thomas von Stokar est membre de cette tendance : plutôt que de parler de « bénévolat », remplacent peu à peu les anciens symboles de statut, la direction et associé du bureau d’étude et de conseil zurichois INFRAS, qui il faudrait aujourd’hui parler de « participation ». Les comme posséder sa propre voiture ou sa propre conçoit des solutions d’avenir durables chercheurs ajoutent : « Cette dernière ne fait pas la dis- résidence de vacances. et responsables dans divers domaines. tinction entre les personnes qui aident et celles qui bé- Partager devient synonyme de diversité et de rapidité. Il a dirigé l’étude «Sharing Economy – néficient de l’aide. Il n’existe plus que des ‹ participants › Les bénévoles choisissent leur domaine d’intervention teilen statt besitzen» publiée en 2018. qui abordent ensemble des problèmes ou explorent en fonction de leurs préférences, accordant toujours plus des espaces nouveaux et discutent d’objectifs en com- d’importance à la participation et à la quête de sens. mun au lieu de réaliser des tâches données. » Theres Par leur intervention, les « nouveaux bénévoles » ne Arnet-Vanoni confirme un autre résultat de l’étude du souhaitent plus seulement faire œuvre de charité. Le GDI : la montée de l’individualisme dans la société a modifié partage est devenu moins désintéressé. Le principe Le bénévolat au le principe du bénévolat. « On souhaite aujourd’hui reste toutefois ancré dans les mentalités et produira une s’engager ponctuellement, autour d’un projet particulier. véritable valeur ajoutée et d’immenses bénéfices – tant Credit Suisse L’engagement formel au sein d’associations en souffre matériels qu’immatériels – à long terme, aussi bien pour Le Credit Suisse possède l’un des programmes de particulièrement, car les gens souhaitent de moins en l’économie que pour la société. bénévolat d’entreprise les plus étendus de Suisse. Tous moins s’engager sur le long terme. » Conséquence : tôt les collaborateurs peuvent consacrer jusqu’à quatre jours ou tard, les associations concernées disparaissent. Theres Arnet-Vanoni est depuis 2011 de travail par an à l’engagement bénévole. En 2018, présidente de l’organisation «benevol ils étaient près de 4000 à investir 50 000 heures sur plus Suisse», un centre de compétence du de 5000 interventions individuelles dans le cadre du Le recrutement à l’ère numérique bénévolat exerçant des activités d’inter Corporate Volunteering en Suisse – Plus d’informations Les associations et les organisations doivent donc médiation et de conseil et disposant de 16 sur credit-suisse.com/volunteering recourir à de véritables méthodes de recrutement et les services régionaux en Suisse alémanique. 14 Aspects mai 2019 15
Dossier Dossier Partage et estime de soi : AS : On retrouve également une utilité personnelle non financière dans l’économie collaborative. Une personne loue par exemple une chambre dans son appartement via Airbnb et se réjouit de l’expérience, car elle la l’équation gagnante considère comme un enrichissement personnel sur le plan social. L’estime de soi joue aussi un rôle. Prenons l’exemple d’une mère célibataire qui élève deux enfants et touche le minimum vital. Par nécessité, elle loue une chambre à titre onéreux et s’affranchit ainsi de l’aide sociale et de celle de son ex-mari. Entretien sur le partage avec Anja Schulze, professeur de La disposition au partage est-elle liée à la culture ? KR : Fortement, même dans notre petit pays. Les gestion de la technologie et de l’innovation à l’Université de Suisses alémaniques sont moins enclins à partager leur Zurich (UZH), et Katja Rost, professeur de sociologie à l’UZH. voiture que les Suisses romands ou les Tessinois. Prenons le don d’organes : certains pays appliquent le Texte : Robert Wildi Photos : Ornella Cacace consentement présumé, alors qu’en Suisse, c’est le contraire. Dans notre culture, des incitations financières pourraient-elles encourager le don d’organes ? KR : Je crois plutôt qu’une telle mesure pourrait effarou- cher les donneurs de sang et d’organes, car ils agissent par conviction. L’établissement d’un cadre directif est plus efficace. Au sein de l’Église ou d’associations cari- tatives, les gens pratiquent volontiers le partage avec les personnes dans le besoin. C’est le signal véhiculé qui est ici important : il ne s’agit pas d’une communauté L Anja Schulze est professeur boursier FNS de gestion de la technologie e partage est-il typiquement humain ? et de l’innovation à la faculté d’économie de l’Université de Zurich. visant le profit, mais d’une communauté de vie. Anja Schulze (AS) : Oui, il s’agit chez nous Ses travaux portent sur la capacité d’innovation des entreprises, notamment sur les processus liés aux connaissances. d’une pratique ancestrale. Quiconque a trop de AS : En matière de partage, la logique économique n’a quelque chose est foncièrement disposé à le souvent pas cours. On pense que les personnes qui partager. Et celui à qui il manque l’accepte volontiers. ne possèdent rien sont de fait moins disposées à partager. L’expérience m’a souvent montré le contraire. Par Katja Rost (KR) : Le type de relation qu’entretiennent exemple, lorsqu’une famille de paysans dans un pays du les personnes sont déterminantes. Le partage est tiers monde m’a servi le dernier poulet de la ferme parce très peu, voire pas du tout pratiqué en cas de forte qu’il s’agit d’une pratique d’hospitalité naturelle dans la distance sociale. On partage bien plus avec les membres culture locale. de sa famille, ses amis et ses proches. Cette pratique est liée au principe d’équité et s’apprend en règle AS : Dès que l’argent entre en jeu, il s’agit moins de Quelles sont les limites du partage ? générale dès le plus jeune âge. partager au sens traditionnel du terme que d’« utiliser KR : Les sous-vêtements et le conjoint (rires). au lieu de posséder ». Les intérêts économiques sont ici Pourquoi certaines personnes partagent-elles prépondérants et la relation sociale entre deux personnes AS : Le partage n’a plus aucun sens à mes yeux dès lors plus facilement que d’autres ? est reléguée au second plan, d’autant plus que l’éco qu’il implique un effort démesuré. Descendre un barbecue KR : Il faut tout d’abord définir cette notion. On peut nomie collaborative est plutôt dirigée par des entreprises, de 20 kilos du balcon jusqu’à la voiture et l’emmener partager son goûter, son parapluie, une expérience et non par des individus. chez une connaissance qui habite à 100 kilomètres pour ou ses connaissances à titre purement gratuit et dans une soirée : j’estime ici que la limite est déjà largement le cadre de la relation sociale. La personnalité et les L’économie collaborative sert donc surtout dépassée. traits de caractère, tels que l’égoïsme ou l’altruisme, nos propres intérêts, tandis que le partage non entrent bien entendu en ligne de compte. Certaines rémunéré ceux d’autrui ? personnes partagent ainsi facilement et d’autres moins. KR : D’un point de vue financier, c’est exact. Sous l’angle Vient ensuite le partage lié à des intérêts économiques sociologique, je doute toutefois que les gens partagent dans le cadre de l’économie collaborative. Ces deux de façon purement désintéressée. Quiconque partage est formes de partage reposent sur des motivations tout à Katja Rost est titulaire d’une chaire de sociologie et professeur de sciences généralement mû par une motivation intrinsèque fait différentes. économiques à l’Université de Zurich. Ses domaines de spécialisation et cette pratique lui procure une estime de soi positive. concernent la sociologie des organisations et de l’économie, la sociologie digitale, les réseaux sociaux et la diversité. 16 Aspects mai 2019 17
Connaissances bancaires Connaissances bancaires Le savoir Expertise pour les investisseurs Daniel Rupli, responsable Single Security Research, L’ pour expertise financière est l’affaire d’environ est l’une des centaines de personnes qui réunissent Comme les objets et le temps, 17 000 collaborateurs du Credit Suisse en Suisse. Nombre d’entre eux contribuent et préparent les connaissances sur les marchés financiers et sur la situation économique mondiale le savoir et l’expérience directement à l’activité bancaire par leur pour le Credit Suisse. L’équipe de Research dépend travail et mettent leur savoir à la disposition des de l’Investment Committee international, composé de peuvent être partagés. Le clients, par exemple en matière de placement ou sept membres et dirigé par Michael Strobaek, Global d’épargne. De nombreux autres domaines recèlent Chief Investment Officer (CIO). Ce comité cumule partage des connaissances énormément de savoir. 154 années de connaissance des marchés financiers. tous est en vogue, y compris Sur la base des travaux de Research, il élabore une fois par an une orientation stratégique, régulièrement Texte : Ruth Hafen l’expertise financière, qui doit Illustrations : Patrick Oberholzer revue et ajustée. Les recommandations de place- ment sont issues de ce positionnement et présentées être transmise dans l’intérêt dans les différentes publications de la banque. « Bon nombre des résultats de Research sont des clients. Trois exemples à la disposition du public », explique Daniel Rupli. illustrent le processus tel qu’il « Supertrends » par exemple est une publication importante dans laquelle les experts expliquent les se déroule au Credit Suisse. tendances qui dominent l’économie mondiale. « Nous analysons ces tendances et les transformons en idées et solutions pour les investisseurs. » À ceux qui préfèrent un résumé, nous recom- mandons le guide « Mieux investir » disponible en ligne. Il fournit de précieux conseils en investissement et des rapports sur l’environnement économique ; le lecteur y découvre des informations utiles sur les placements. Mais le savoir-faire de nos experts se transmet avant tout par la communication directe avec les clients. Les offres Credit Suisse Invest Compact, Partner, Expert ou Mandate apportent des solutions de placement sur mesure, mais aussi des informa- tions personnalisées sur les marchés. Un client Credit Suisse Invest Expert qui souhaite connaître les produits de placement et tendances du marché reçoit quotidiennement des informations de nos experts par les canaux de son choix. En revanche, un client avec mandat de gestion de fortune transfère les décisions de placement fondées sur sa stratégie de placement à la banque et sera informé une fois par trimestre des principales évolutions du marché. Credit Suisse Invest Connaissances sur Le Credit Suisse propose différentes solutions de placement allant d’un service de haut niveau les placements ? pour experts financiers à une offre compacte Informez-vous avec le guide « Mieux investir ». répondant aux besoins de base. Plus d’informations Plus d’informations : sur Credit Suisse Invest: credit-suisse.com/investir credit-suisse.com/mieuxinvestir 18 Aspects mai 2019 19
Connaissances bancaires Connaissances bancaires doivent comprendre très tôt ce que signifie dépenser ou économiser », précise Kathrin Wehrli, responsable Products & Services pour Viva Kids au Credit Suisse. Le Credit Suisse a développé Viva Kids il y a deux ans, en concertation avec Pro Juventute. L’offre Éducation financière intègre l’éducation financière de diverses façons ludiques et aide les enfants à acquérir des compé- des enfants tences financières. La tirelire Digipigi a été dévelop- pée par le Credit Suisse avec Zühlke et fait partie Le rapport à l’argent fait partie de notre quotidien : de Viva Kids. C’est le pont entre le monde physique nous faisons des courses, sortons dîner, retirons et le monde numérique. Extérieurement, elle rappelle de l’argent à la banque, économisons pour un voyage, la tirelire traditionnelle, mais elle exploite les pos investissons. On pourrait continuer cette liste à sibilités de l’Internet des objets : elle communique l’infini. Même les enfants finissent par comprendre via son propre réseau WLAN avec deux applis, qu’il y a mieux à faire avec l’argent que l’entasser. l’une pour les enfants et l’autre pour les parents, qui Et c’est à ce moment-là que leur éducation permettent notamment de définir des objectifs financière devrait commencer. Que vaut une pièce de d’épargne, de consulter l’évolution du solde ou de cinq francs ? Que puis-je acheter avec ? Que se gérer les versements d’argent de poche. passe-t-il si je la mets dans ma tirelire ? « Les enfants L’éducation financière est un sujet intime, que chaque famille aborde à sa façon. « Notre volonté n’est pas d’intervenir dans l’éducation, mais de donner des ressources aux parents », souligne Kathrin Wehrli, elle-même mère de trois enfants. Sur le site Internet « Viva Kids World », les parents trouvent un guide et des connaissances générales sur une gestion responsable de l’argent. Les enfants peuvent découvrir ce thème au cours d’un voyage animé ou sont initiés à l’argent dans le « magazine Viva Kids ». de diverses prestations dans le cadre d’une offre Si l’éducation financière est avant tout un thème structurée, notamment du programme de formation. familial, elle concerne également la société. « Il me Il est prévu d’inviter entre 20 et 25 OBNL à chaque tient particulièrement à cœur que notre banque session de formation où les thèmes les plus perti- contribue à aider les adultes et les enfants à gérer nents sont abordés: gouvernance, réglementation, leur argent », conclut Kathrin Wehrli. Perfectionnement pour les collecte de fonds, placements de capitaux, analyse d’impact et activités de financement. Les interve- conseils de fondation nants sont des spécialistes reconnus comme le pro- fesseur Georg von Schnurbein, directeur du Center Le Credit Suisse soutient des organisations à for Philanthropy Studies de l’Université de Bâle. Les but non lucratif (OBNL) financièrement et par le biais experts du Credit Suisse transmettent leur savoir des diverses compétences de ses collaborateurs dans des cas pratiques, par exemple sur le thème dans des domaines d’intérêt social. L’accent est mis des placements durables. sur l’intégration financière, les compétences finan- « Avec cette offre, nous voulons inciter les OBNL cières et les compétences d’avenir. Dans le cadre de suisses à revoir leurs processus, structures et l’initiative mondiale « Board Connect », la banque compétences stratégiques, explique Felix Mundwiler. propose en Suisse un programme de formation in- Nous attendons de la formation qu’elle donne lieu terne destiné aux membres de conseils de fondation à un échange animé entre les intervenants et les par- et de comités d’associations actifs et potentiels. ticipants. C’est un levier supplémentaire qui nous En tant que dirigeants dans le secteur non lucratif, permet de partager notre savoir et d’avoir un impact les collaborateurs du Credit Suisse doivent trans- positif sur la société. » mettre leurs connaissances financières et leur sa- voir-faire spécifique aux OBNL. « Le programme connaît un tel succès que nous sommes en train de le développer pour nos clients », déclare Felix Mundwiler, responsable Corporate Citizenship Switzerland. Il s’adresse aux OBNL qui placent leur fortune au Credit Suisse. Elles profitent 20 Aspects mai 2019 21
Chronique Chronique La division du travail 4 Pourquoi le repli peut-il parfois se révéler utile ? Une source Selon la théorie de l’évolution économique, un certain repli peut permettre d’établir une industrie puissante, 2 notamment lorsque le pays conserve plusieurs étapes à forte valeur ajoutée de la chaîne de transformation, faisant ainsi ses armes pour affronter la concurrence Pourquoi le commerce internationale. La plupart des pays en développement de prospérité prospères, dont la Chine, ont suivi cette stratégie. Elle international renforce-t-il les n’est toutefois pas sans risque : avec le temps, les avantages de la division industries bénéficiant de cette protection pourraient se retrouver à la traîne face à la concurrence internationale. du travail ? Lorsque de telles industries mobilisent des dirigeants politiques qui maintiennent – à grand renfort d’arguments La spécialisation et la division du travail atteignent leurs populistes – cette protection, les coûts du repli augmentent. limites dès lors que le marché ne peut plus être élargi. 5 En l’absence de possibilités d’échange, l’optimisation de Le partage des étapes de travail entre les entreprises et les la division du travail perd tout son sens. Les pays qui échangent entre eux en sortent tous gagnants, car chacun pays – la spécialisation et la mondialisation – est source se spécialise dans la production des biens pour lesquels Pourquoi la division de prospérité et de progrès. Certaines entreprises (et leurs il détient un avantage comparatif. L’exemple des gains d’efficacité issus de l’échange de vin et de drap entre internationale du travail employés) peuvent toutefois faire les frais de ce processus. le Portugal et l’Angleterre, énoncé par David Ricardo fait-elle aussi des perdants ? en 1817, conserve toute sa pertinence. L’extension de la Le protectionnisme n’est pourtant pas la solution. division du travail via la mondialisation a créé des marchés mondiaux où s’échangent des biens et des services et Les avantages de la libéralisation des échanges l’em- portent haut la main, même si la mondialisation engendre Texte : Oliver Adler qui attirent également des investissements. Chaque pays aussi des perdants, notamment la main-d’œuvre peu y exploite ses propres forces et accroît ainsi ses revenus. qualifiée et à mobilité réduite, vulnérable aux pertes 3 d’emploi et de revenus. Il n’est alors pas toujours évident de retrouver une place dans un secteur compétitif. La répartition inégale des avantages de la division interna- tionale du travail entre les secteurs, les régions et les Pourquoi le protectionnisme individus menace donc de faire vaciller l’acceptation de la menace-t-il la prospérité ? mondialisation. Au lieu de protéger certains secteurs et entreprises, il convient d’accompagner les laissés-pour- 1 Les partisans du protectionnisme tentent de donner un compte dans leur réinsertion sur le marché du travail. coup d’arrêt à la division internationale du travail en mettant L’alliance d’un marché du travail flexible, d’une politique en avant la protection des emplois et de la prospérité sociale durable et de la promotion systématique de la Pourquoi la division du travail sur le marché national. Pourtant, un repli produit la plu- part du temps l’effet inverse: lorsqu’un pays introduit des formation permet de garantir les avantages de la division internationale du travail et, par conséquent, le soutien est-elle utile ? quotas ou des droits de douane pour protéger un secteur politique en sa faveur. contre les importations moins chères, il empêche les Oliver Adler Au XVIIIe siècle, Adam Smith, le fondateur de l’économie fabricants nationaux d’avoir accès aux biens intermédiaires Né le 3 janvier 1955 à Zurich. nationale classique, en décrivait déjà les bienfaits. La bon marché provenant de l’étranger et entrant dans la Formation : master en relations internationales, division de la production en processus partiels permet fabrication de leurs produits. Ils perdent donc en compéti- Columbia University (New York, 1982) ; d’accroître la productivité et, in fine, la prospérité. Par tivité et suppriment des emplois. Cela implique en outre doctorat en économie, Columbia University (New York, 1989). Carrière : économiste pays, la spécialisation, les acteurs se concentrent sur les aspects l’immobilisation de ressources dans des branches non Société de Banque Suisse (1978 -1980) ; des processus de production qu’ils maîtrisent le mieux, concurrentielles à l’international au lieu de les utiliser dans Photo : Thomas Buchwalder consultant, Banque mondiale, Washington avec, à la clé, un accroissement de la richesse écono- des secteurs aux perspectives d’évolution prometteuses. D.C. (1985 -1986) ; économiste, responsable Investment Information et responsable Asset mique. Cette approche favorise également le progrès La hausse des prix est répercutée sur le consommateur En savoir plus technologique, car les spécialistes sont plus susceptibles final. Conséquence : la prospérité baisse, tant au niveau Des informations concernant l’économie Allocation, UBS AG (New York et Zurich, 1989 - 2009) ; responsable Economic Research, d’améliorer leurs propres étapes de production. La national qu’à l’étranger. Les velléités protectionnistes suisse et les marchés financiers sont Credit Suisse Wealth Management (Zurich, division du travail est ainsi le moteur du développement actuelles menacent donc la croissance mondiale et la régulièrement publiées sur notre guide en ligne : depuis 2009). économique. prospérité. credit-suisse.com/mieuxinvestir 22 Aspects mai 2019 23
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