Complications de l'alitement chez la personne âgée - Dr HAJJI Sarra 4ème journée d'automne MG Maroc 21 Déc. 2014
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Complications de l’alitement chez la personne âgée Dr HAJJI Sarra 4ème journée d’automne MG Maroc 21 Déc. 2014
L’ALITEMENT • Phénomène physiologique, nécessité quotidienne , repos vespéral • À l’origine de modifications physiologiques et pathologiques avec complications à plus ou moins long terme • Evènement pathologique résultant de toute prise en charge hospitalière, en institution ou à domicile, de pathologie aigue ou chronique invalidante • Néfaste chez le sujet âgé: syndrome d’immobilisation
OBJECTIFS • Reconnaître l’alitement à l’origine du syndrome d’immobilisation • Détecter les complications • Savoir agir aux différents stades d’évolution • Rôle du Médecin Généraliste, Médecin de Famille, Médecin traitant de premier recours: Prévention à tous les stades planification du suivi
• Qu’est ce que l’alitement ? • Décubitus prolongé • Réduction des mouvements et de la mobilité • Diminution ou interruption des activités quotidiennes habituelles • Qu’est ce qu’une personne âgée ? • Espérance de vie avec ou sans pathologie • La longévité maximale pour l’espèce humaine: 122 ans (133, la mouche:1mois, le rat: 3,5ans, la tortue: 300 ans) • Le vieillissement: ensemble de processus physiologiques et psychologiques à l’origine de modifications des structures et des fonctions de l’organisme à partir de l’âge mûr
• Le vieillissement: Ensemble de processus physiologiques et psychologiques résultant des effets intriqués de facteurs génétiques et environnementaux • La vieillesse: Age > 65ans (OMS) Définition sociale: cessation des activités professionnelles (retraite) 75ans? 85ans? (institutions gériatriques) Très variable et personnelle!!! • L’espérance de vie : Nombre moyen d’années de vie des personnes d’une classe d’âge donnée • La gériatrie: Discipline de p e c des PA • La gérontologie : Science étudie vieillissement dans tous ses aspects biomédical, socio- culturel, économique… • L’agisme : Discrimination négative vis-à-vis des PA
Syndrome Alitement d’immobilisation Conséquences Sarcopénie et complications
QU’EST CE QUE LA SARCOPÉNIE ? « sarx » : la chair « penia » : la perte • Fait-elle partie du vieillissement physiologique ? • Est-elle un processus normatif lié à l’âge ? • Quand devient-elle une maladie ? • Est-il possible d’influencer le processus et d’éviter ses complications fonctionnelles pathologiques ?
LA SARCOPÉNIE • Entités voisines: Perte de poids volontaire, involontaire (malnutrition protéinocalorique, cachexie) • Tests diagnostic : Mesure de la vitesse de marche sur une distance de 4 mètres < 0,8m/sec. Impossibilité de se lever d’un chaise 5 fois de suite sans l’aide des bras
LA SARCOPÉNIE • Diagnostic de certitude: Bioimpédancemétrie, ratio mm/mg (mm diminuée/mg normale ou diminuée) IRM des muscles de la cuisse • Conséquences: vulnérabilité aux traumatismes, chutes, déclin fonctionnel, dépendance (risque à plus de 65ans x 3 chez les femmes et x 2 chez les hommes) Revue Médicale Suisse 2009;5:2200-2204
CIRCONSTANCES NÉCESSITANT IMPÉRATIVEMENT UN ALITEMENT Peu nombreuses: • Fractures du bassin en période douloureuse de début, du col du fémur, avec matériel de contention • Thromboses veineuses profondes avec douleurs, associées ou non à l’embolie pulmonaire • Coma ou trouble important de vigilance • Hémiplégie récente • Fièvre importante • Hypotension artérielle ou état de choc • Décompensation cardiaque et respiratoire en phase aigue
LES AUTRES CAUSES DE L’ALITEMENT • Syndrome de régression psychomotrice : troubles staturaux statiques et dynamiques avec composante psycho-comportementale • Syndrome de glissement, d’installation progressive: mutisme, refus alimentaire, météorisme abdominal (subocclusion), rétention urinaire, régression psychomotrice (pouvant conduire à la mort) • Causes abusives: à l’hôpital avec structures inadaptées (gérontophobie), à domicile avec famille trop aimante et anxieuse, confinement au lit « de peur qu’il n’arrive quelque chose »
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR L’ORGANISME • Aucun organe n’est épargné !!! • Aucune chronologie standardisée !!! • Classification en Locale, Régionale, Générale… DIFFICILE voire IMPOSSIBLE
RETENTISSEMENT SUR L’APPAREIL CARDIOVASCULAIRE • Complications cardiaques : Hypotension orthostatique par réduction du volume sanguin total, Modification des fibres myocardiques et de la conduction A-V, Tachycardie Diminution des capacités d’endurance • Complications vasculaires: Modification des volumes, stase, vasoplégie Oedèmes Thromboses veineuses profondes
PRÉVENTION DES COMPLICATIONS CARDIOVASCULAIRES • Hypotension orthostatique : Verticalisation progressive Port de bas de contention élastique Moyens médicamenteux Rééducation post-immobilisation par réentrainement à l’effort • Œdème des membres inférieurs : Contention veineuse par bas ou bandes Contractions musculaires régulières des membres inférieurs • Thromboses veineuses profondes: Contention veineuse 24h/24h Verticalisation précoce Contractions musculaires régulières des membres inférieurs Médicaments antithrombotiques (recommandations de l’AFSSAPS)
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR L’APPAREIL BRONCHO-PULMONAIRE • Stase bronchique et encombrement décubitus, RGO, trouble de déglutition • Syndrome restrictif et troubles ventilatoires diminution de l’amplitude des mouvements et du tonus musculaire respiratoires • Atélectasie, pneumopathie segmentaire par surinfection • Risque de décompensation respiratoire BPCO, asthme, cyphoscoliose…
PRÉVENTION DES COMPLICATIONS BRONCHO-PULMONAIRES • Surveillance clinique et paraclinique : Fréquence respiratoire Coloration des téguments • Kinésithérapie respiratoire régulière : Toux contrôlée et/ou aspiration bronchique Modulation du flux respiratoire Techniques de posture, décubitus latéral favorisant le désencombrement, verticalisation • Traitement médicamenteux : Modification des propriétés des secrétions Aérosolthérapie Usage des fluidifiants bronchiques
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR L’APPAREIL LOCOMOTEUR • Ostéoporose • Enraidissement articulaire • Complications musculaires
OSTÉOPOROSE • Mécanisme: Perte osseuse par hyper résorption ostéoclastique et négativation de la balance calcique • Symptomatologie: Peu ressentie cliniquement Douleurs chez les handicapés lourds (myopathes) Risque fracturaire élevé Hypercalciurie (lithiases urinaires), hypercalcémie modérée (bien tolérée) • Prévention: Médicamenteuse par diphosphonates en IV, indiqués dans certains cas limités (handicaps sévères et chroniques) Non médicamenteuses, d’efficacité non démontrée, mais à mettre en œuvre dès que possible, travail musculaire actif et verticalisation précoce
ENRAIDISSEMENT ARTICULAIRE • Mécanismes: Diminution de l’extensibilité tendineuse, en fonction de la position Ossifications ectopiques ParaOstéoArthropathies (POA) Algodystrophies • Tableau clinique stéréotypé: Flexum de hanche, genou et coude Equins aux pieds Limitation des rotations et abduction d’épaule Raideur des métacarpo-phalangiens Griffe des orteils
ENRAIDISSEMENT ARTICULAIRE • Prévention: Conserver les amplitudes articulaires Prévenir les attitudes vicieuses Eviter l’enraidissement sinon essayer de préserver une mobilité du corps avec des amplitudes de fonction (90° flexion de hanche permet la position assise)
COMPLICATIONS MUSCULAIRES • Mécanisme: Atteinte de l’ensemble des propriétés des muscles, force musculaire, élasticité, extensibilité, selon les groupes musculaires (quadriceps perd 15 à 30% de sa force dès le 8ème jour d’immobilisation, et 26 à 40% à 1 mois) • Symptomatologie: Réduction du volume musculaire Perte de la force de contraction maximale Diminution de la capacité d’endurance à l’effort Rétraction musculaire en fonction de la position d’immobilisation pouvant être irréversible
COMPLICATIONS MUSCULAIRES • Prévention: Correction des pertes protidiques, supplémentation en vit E, sélénium, acides gras à chaines moyennes et polyinsaturés Travail musculaire actif et passif Mobilisations fréquentes Postures alternées en position correcte de fonction Kinésithérapie pour éviter les rétractions, renforcer les muscles surtout si atteinte neurologique
COMPLICATIONS NEUROLOGIQUES ET COMPORTEMENTALES • Compression des nerfs périphériques: Différents troncs nerveux peuvent être touchés Paralysies focales, troubles sensitifs Diagnostic clinique fonction du degrés de sévérité, EMG • Douleurs: Poly factorielles nécessitant traitements médicamenteux spécifique en tenant compte des effets secondaires (trouble de vigilance, sphinctériens,…) • Troubles psychiques : Très variables selon l’âge, le type d’immobilisation, sa durée, son caractère définitif ou non, les circonstances de l ’alitement…. Et surtout de la personnalité du sujet Réaction d’angoisse, dépression, régression psychologique, Dépendance (refuge) Confusions mentales Hallucinations (fièvre, troubles métaboliques…)
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR L’APPAREIL DIGESTIF • RGO : Favorisé par le décubitus Source de complications pulmonaires • Fausses routes : Retard du déclenchement du reflexe de déglutition A rechercher systématiquement Assister le sujet âgé pendant les prise des repas • Constipation : Stase colique et rectale Météorisme Fécalome avec fausse diarrhée
PRÉVENTION DES COMPLICATIONS DIGESTIVES • Médicamenteuse: Accélérateurs de la vidange gastrique, surnageant protecteur (RGO) Laxatifs osmotiques ou lubrifiants ou stimulation du reflexe d’exonération • Non médicamenteuse: Prise des repas en position assise ou demi-assise, tête en légère antéflexion, position à maintenir 1 à 2heures après le repas Prise des repas par le patient lui-même Bonne hygiène bucco-dentaire Adaptation diététique solides liquides (troubles de déglutition) Accompagner la personne âgée pendant la prise des repas • Apport hydrique suffisant
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR L’APPAREIL URINAIRE • Mécanisme et symptomatologie: Stase urinaire, RPM par obstacle (adénome prostatique), contexte neuropsychique, hypercalciurie due à la perte de la masse osseuse. La symptomatologie est dominée par la rétention, l’infection et les lithiases • Prévention: Diurèse abondante (plus de 1,5 litres/jour) Dépistage d’un RPM par sondage intermittent, sonde à demeure ou cathéter sus pubien dans les cas particuliers (ex. Escarre nécessitant une continence parfaite pour réussir les soins et la bonne cicatrisation)
RETENTISSEMENT DE L’ALITEMENT SUR LA PEAU Complications cutanés dominés par les escarres • Connaître les facteurs favorisants • Individualiser les sujets à risque • Mesures préventives efficaces Prévention possible même chez les grabataires
ESCARRES OU PLAIES DE PRESSION: MÉCANISME • Nécrose ischémique des tissus cutanés et sous-cutanés liée à une pression prolongée des parties molles, supérieure à la pression de perfusion capillaire, en regard d’un relief osseux (sacrum, talon, trochanters, ischions, genoux, malléoles et apophyses vertébrales) • Complication des plus invalidantes de l’alitement, d’apparition d’autant plus rapide (2h) que l’état général est altéré, chez un sujet dénutri avec ou sans inflammation • Prise en charge lourde, soins longs et coûteux
CLASSIFICATION EUROPÉENNE DES ESCARRES • Stade 1: Erythème avec œdème périphérique persistant à la levée de l’appui, épiderme intact • Stade 2: Abrasion ou phlyctène par perte épidermique superficielle pouvant s’étendre au derme avec sécrétion séreuse pouvant devenir sérohématique inflammatoire siège de surinfection • Stade 3: Perte profonde intéressant toutes les couches de la peau avec plaque de nécrose sans atteinte osseuse ne dépassant pas le fascia des muscles sous-jacents, surinfection possible • Stade 4: Destruction extensive pouvant s’étendre à l’os, tendons…
STADE 1
STADE 2
STADE 3
STADE 4
ESCARRES: FACTEURS FAVORISANTS • Hypoxie systémique et/ou régionale (fièvre, diabète, athérosclérose, hypotension, insuffisance cardiaque, anémie, pathologies respiratoires, état de choc, cachexie…) • Hypoxie tissulaire (compression) • Dénutrition (IMC < 18,5, perte de poids > 5% en 1mois ou 10% en 6mois, dosage de l’albuminémie < 35g), déshydratation (pli cutané)
ESCARRES: FACTEURS FAVORISANTS • Autres facteurs favorisants: Maladies neurologiques (coma, paraplégie, hémiplégie…) Certains médicaments, corticoïdes… Facteurs mécaniques (hyperpression sur plan dur, cisaillement par glissement, frottement, macération par incontinence urinaire, massage traumatique, agression thermique…)
PARTICULARITÉS DES PLAIES DE DÉCUBITUS • L’aspect apparent de l’escarre ne reflète pas toujours sa gravité (moins étendue en surface qu’en profondeur) • L’extension en profondeur engendre des infections sévères, bourgeonnement exubérant, cancérisation • Différentes localisations en fonction des zones d’appui selon la position du sujet: • DD: occiput, épines scapulaires, coudes, rachis dorsal, région sacro- fessière, talons • DL: oreille, tête humérale, coude, trochanter, faces internes des genoux, malléole latérale, bord externe du pied et du talon • Position assise: occiput, épines scapulaires, ischion, sacrum, trochanters, talons
PRÉVENTION DES ESCARRES Evaluer le risque d’escarres: • Echelle de Norton 1989, adaptée à la personne âgée (5 paramètres de 1 à 4; risque 0 = 20, faible = 13 à 16, modéré = 12 à 13, élevé = 11 à 12, très élevé 20)
PRÉVENTION DES ESCARRES • Réduction des durées d’appui, changement de position toutes les 3 à 4heures, verticalisation précoce • Apport nutritionnel adapté et suffisant • Réhydratation régulière et suffisante • Surveillance de l’état cutané • Supports adaptés, diminution de la pression à effet préventif et curatif
PRISE EN CHARGE DES ESCARRES • Reconsidérer les facteurs de risque locaux et généraux • Soins locaux en fonction de l’évolution: • Phase de nécrose, détersion (élimination des tissus nécrosés par excision par curette ou bistouri) avec renouvellement quotidien ou biquotidien des pansements • Phase exsudative • Phase de bourgeonnement • Phase d’épidermisation • Chirurgie si nécrose tissulaire étendue, décollement pour cicatrisation plus rapide
SOINS PRÉVENTIFS DES ESCARRES • Matériel: • huile de massage (amande douce), • matelas anti escarres, coussins, boudins… • Réalisation: • massage doux, • affleurage des zones d’appui (stimulation de circulation), • installation sur matelas anti escarres (à fibres, mousse, eau), • placer coussins ou boudins (diminuer pression) • changes fréquents avec bonne hygiène (éviter macération), • hydratation et alimentation saine et bien adaptée
TRAITEMENT DES ESCARRES Se résume aux soins locaux Matériel de base: gants non stériles à usage unique, sérum physiologique isotonique, compresses stériles, bistouri stérile, matériel absorbant à usage unique Pansements adaptés à l’état et au stade des lésions: hydrogel, hydro colloïde, hydro cellulaire, à l’alginate de calcium, à l’argent ou au charbon Sac à élimination des déchets Désinfectant de surface Nécessaire à l’hygiène des mains du manipulateur
RÉALISATION DES SOINS • Il ne s’agit pas de soins stériles mais de soins propres ( le plus propre possible) • Prévenir le patient (moral et confort) • Hygiène des mains • Respect du triangle Hygiène-Sécurité-Ergonomie • Transmission pour le suivi: aspect de la plaie, taille, profondeur, odeur, coloration des tissus, exsudats, état cutané autour de la plaie, réaction du patent
NATURE DES SOINS • Erythème persistant: pansement hydro colloïdal transparent de préférence, arrêter les massages, lever la pression • Phlyctène: vidanger stérilement l’ampoule, conserver la peau (protection), pansement hydro colloïdal • Soins d’une désépidermisation: pansement hydro colloïdal ou gras • Soins de nécrose: ramollir par pansement hydrogel ou à l’arginate imbibé de sérum physiologique et recouvrir de pansement imperméable exciser les nécroses pour établir la détersion
NATURE DES SOINS • Plaie fibrineuse non exsudative: défibriner pour faciliter le bourgeonnement, pansement hydrogel puis hydro colloïdal transparent • Plaie fibrineuse exsudative: drainage • Plaie bourgeonnante: pansement hydro colloïdal et coussinet de protection • Plaie hémorragique: drainer et stopper le saignement par pansement à l’alginate de Ca • Plaie infectée: pansement à l’argent (bactériostatique, bactéricide) • Plaie odorante: pansement au charbon
CONCLUSION • L’alitement constitue une situation de risque pour la PA qui peut devenir grabataire. Il faut lutter contre l’immobilisation en limitant les indications et la durée, en informant le patient et la famille de ses effets nocifs et en stimulant le patient sans relâche à la verticalisation. • Le MG, pierre angulaire dans le circuit de soins, est en mesure d’intervenir à tous les niveaux, prévenir la sarcopénie qui expose à la perte d’autonomie fonctionnelle et à l’entrée dans la dépendance, l’immobilisation et ses complications. • Presque toutes les complications peuvent être évitées et/ou prévenues par l’amélioration des comportements nutritionnels durant toute la vie accouplée à l’exercice physique modéré et continu. • La lutte contre les complications de décubitus nécessite de la part de toute l’équipe soignante une collaboration étroite et beaucoup d ’énergie.
MERCI POUR VOTRE ATTENTION
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