Infections urogénitales liées aux Chlamydia et aux mycoplasmes

La page est créée Guillaume Humbert
 
CONTINUER À LIRE
Progrès en Urologie (1997), 7, 132-136

      Infections urogénitales liées aux Chlamydia et aux mycoplasmes
                                             Sophie FOURMAUX, Christiane BEBEAR

                                          Laboratoire de Bactériologie, Hôpital Pellegrin, Bordeaux

                                                                        pénètre dans la cellule hôte par phagocytose, puis à l’in-
                               RESUME                                   térieur de la vacuole de phagocytose, se transforme en
                                                                        corps réticulé, élément de plus grande taille (0,6 à 1
Chlamydia trachomatis est responsable d’infections                      µm), capable de se multiplier. Les corps réticulés s’ac-
urogénitales, souvent paucisymptomatiques, révé-                        cumulent, certains se retransforment en corps élémen-
                                                                        taires, et l’ensemble constitue une inclusion intracyto-
lées par leurs complications. Les mycoplasmes,
pri nci palement Ureaplasma urealyticum et                              plasmique 36 h environ après l’infection de la cellule.
                                                                        L’inclusion grossit et entraîne l’éclatement de la cellule
Mycoplasma hominis, sont présents à l’état com-
mensal au niveau génital, ce qui rend leur pouvoir                      parasitée vers 72 h, ce qui libère des corps élémentaires
pathogène parfois difficile à apprécier. Ils sont                       capables d’infecter de nouvelles cellules.
cependant responsables de pathologies urogénitales,                     Au sein du genre Chlamydia, quatre espèces sont indi-
U. urealyticum est l’agent d’uréthrites masculines.                     vidualisées. Seule C. trachomatis intervient dans la
Le diagnostic biologique repose sur des techniques                      pathologie infectieuse urogénitale. C psittaci, respon-
particulières, adaptées à ces microorganismes. Il a                     sable d’infections animales atteint occasionnellement
                                                                        l’homme. C. pneumoniae, espèce strictement humaine,
bénéficié, pour C. trachomatis, de l’apport récent
des techniques de biologie moléculaire.                                 possède un tropisme bronchopulmonaire. C. pecorum,
                                                                        récemment décrite, n’est retrouvée que chez l’animal.
La démarch e thérapeuti que est commun e.
Tétracyclines macrolides et fluoro quirolone occu-                      Les différentes espèces de Chlamydia possèdent un
                                                                        antigène de genre commun, de structure lipopolysac-
pent une place de choix dans le traitement de ces
infections urogénitales.                                                charidique (LPS). Des antigènes protéiques portent la
                                                                        spécificité d’espèces et de sérovars (variants à l’inté-
Mots clés : C. trachomatis, mycoplasmes, infections urogéni -           rieur de l’espèce). L’ espèce C. trachomatis comprend
tales                                                                   18 sérovars, regroupés selon leur pouvoir pathogène
                                                                        spécifique. Les sérovars A, B, Ba, C sont responsables
Progrès en Urologie (1997), 7, 132-136.
                                                                        du trachome, les sérovars D à K sont sexuellement
                                                                        transmis et impliqués dans les infections urogénitales
Les infections urogénitales provoquées par Chlamydia                    et oculaires (conjonctivites), L1 à L3 sont à l’origine de
trachomatis et les mycoplasmes présentent certains                      la lymphogranulomatose vénérienne.
caractères communs, tant sur le plan clinique (localisa-
tion, aspect paucisymptomatique), que sur la démarche                   Manifestations urogénitales
thérapeutique. Les méthodes utilisables pour le dia-                    Chez l’homme, C. trachomatis est fréquemment res-
gnostic biologique sont cependant différentes dans les                  ponsable d’uréthrites (50 à 60% des uréthrites non
deux cas, ceci en raison des propriétés particulières de                gonococciques). Après une incubation d’une à trois
ces bactéries.                                                          semaines, l’uréthrite se traduit par des brûlures à la
                                                                        miction et un écoulement discret. Les cas asymptoma-
                                                                        tiques sont fréquents mais l’infection évolue et se pro-
               INFECTIONS A CHLAMYDIA                                   page par contacts sexuels. Chez l’homme de moins de
                                                                        35 ans, C. trachomatis représente l’étiologie la plus
Chlamydia trachomatis                                                   fréquente des épididymites qui compliquent 0,5 à 3%
Les Chlamydia se distinguent des autres bactéries par                   des uréthrites y compris les formes cliniquement silen-
leur développement intracellulaire obligatoire. Leur                    cieuses. Les conséquences des infections à C. tracho -
croissance dans le cytoplasme de la cellule hôte s’ef-                  matis sur la fertilité masculine sont hypothétiques, C.
fectue selon un cycle complexe, qui fait intervenir des                 trachomatis possède un effet direct sur la mobilité des
formes différentes de la bactérie, corps élémentaire et                 spermatozoïdes. Le rôle de C. trachomatis dans les
corps réticulé.
                                                                        Manuscrit reçu le 25 juillet 1995, accepté : septembre 1995.
Le corps élémentaire, particule sphérique de petite taille              Adresse pour correspondance : Dr. S. Fourmaux, Laboratoire de Bactériologie,
(0,3 µm de diamètre), constitue la forme infectante. Il                 Hôpital Pellegrin, Place Amélie Raba Léon, 33076 Bordeaux Cedex.

                                                                    132
prostatites est controversé. Les sérovars D à K sont par        niques de biologie moléculaire (amplification génique)
ailleurs responsables de proctites.                             permettent le diagnostic à partir des urines du premier
                                                                jet. Chez la femme, le prélèvement de choix est endo-
Chez la femme, la prévalence de C. trachomatis varie
                                                                cervical, un prélèvement uréthral associé est cependant
considérablement selon la population étudiée. C. tra -
                                                                utile. Lors d’infections hautes, des prélèvements sous
chomatis peut être responsable d’un syndrome uréthral
                                                                coelioscopie sont réalisés, adhérences tubaires, liquide
associant brûlures mictionnelles, pollakiurie, pyurie           de Douglas.
avec urines stériles. Les cervicites représentent la loca-
lisation la plus fréquente, C. trachomatis se dévelop-          La culture cellulaire est la méthode de référence pour le
pant dans les cellules de l’épithélium cervical. Elles          diagnostic de C. trachomatis, elle permet l’isolement
peuvent se traduire par un écoulement mucopurulent,             de souches, et éventuellement leur typage.
cependant la plupart des cas sont asymptomatiques               L’inoculation d’une lignée cellulaire (cellules McCoy)
mais sont capables d’entraîner des infections hautes en         est suivie, après 48h d’incubation, de la mise en évi-
l’absence de traitement. C. trachomatis est responsable         dence des inclusions par immunofluorescence.
de salpingites aiguës ou subaiguës. La coelioscopie             D’autres techniques de diagnostic direct sont égale-
permet d’affirmer le diagnostic devant des lésions              ment di sponibles, immunofluorescence, méthodes
tubaires évocatrices (adhérences visqueuses, pseudo-            immunoenzymatiques, t echniques d’amplification
kystes péritonéaux à contenu gélatineux) et de faire des        génique. L’immunofluorescence directe sur le prélève-
prélèvements in situ. Une endométrite peut être asso-           ment permet de détecter les corps élémentaires, cette
ciée. L’infection haute peut se compliquer d’une péri-          méthode est rapide et permet d’apprécier la qualité du
hépatite (syndrome de Fitz-Hugh-Curtis). C. trachoma -          prélèvement mais demande un observateur expérimen-
tis entraîne également des salpingites cliniquement             té. Les méthodes immunoenzymatiques sont très utili-
silencieuses, révélées par une stérilité tubaire. En effet,     sées et mettent en évidence l’antigène bactérien. Elles
l’infection haute s’accompagne de dégâts tubaires,              sont rapides et objectives mais manquent parfois de
causes de stérilité et de grossesse extra-utérine. Chez le      sensibilité. Les techniques d’amplification génique
nouveau-né dont la mère est infectée, C. trachomatis            (Polymerase Chain Reaction, Ligase Chain Reaction)
peut entraîner des conjonctivites et des pneumopathies.         récemment apparues sont objectives, sensibles et spé-
Des arthrites réactionnelles sont observées, plus sou-          cifiques et permettent un diagnostic à partir des urines
vent chez les hommes que chez les femmes. Le syn-               du premier jet. Leur prix de revient élevé en limite
drome de Fiessinger-Leroy-Reiter associe arthrite réac-         encore l’utilisation.
tionnelle, uréthrite et conjonctivite. Il est plus fréquem-
                                                                Sérologies
ment retrouvé chez les patients porteurs de l’antigène
d’histocompatibilité HLA B27.                                   Le diagnostic indirect repose sur la mise en évidence
                                                                d’anticorps. Certaines techniques immunoenzyma-
La lymphogranulomatose vénérienne ou maladie de
                                                                tiques utilisent l’antigène de genre, et détectent les anti-
Nicolas Favre, due aux sérovars L1 à L3 de C. tracho -
matis est exceptionnelle en France. Surtout présente en         corps anti-Chlamydia sans dist inction d’espèces.
Afrique, Asie et Amérique du Sud, elle se traduit par           L’immunofluorescence est la méthode de référence,
                                                                l’utilisation de corps élémentaires purifiés permet de
une ulcération génitale et une polyadénopathie ingui-
                                                                mettre en évidence les anticorps spécifiques de C. tra -
nale pouvant évoluer vers la fistulisation.
                                                                chomatis. Cette méthode est adaptée à la recherche des
Diagnostic biologique                                           IgM et IgA, dont l’une au moins est obligatoirement
                                                                associée à la recherche des IgG selon les textes actuels.
C. trachomatis, bactérie intracellulaire, n’est pas mise        L’interprétation de la sérologie est souvent délicate.
en évidence par les techniques bactériologiques clas-           Des réactions croisées entre les espèces existent et,
siques et sa recherche se fait sur demande particulière.        devant la prévalence élevée des anticorps anti-C. pneu -
Le diagnostic biologique repose sur la mise en éviden-          moniae, il peut être utile de confronter un taux positif
ce de la bactérie (diagnostic direct). La sérologie est         pour C. trachomatis à une sérologie de C. pneumoniae.
moins contributive et son interprétation est parfois déli-      Dans les infections superficielles (uréthrites, cervi-
cate.                                                           cites), les anticorps ne sont pas toujours présents et le
                                                                diagnostic repose sur la mise en évidence directe de la
Mise en évidence de C. trachomatis
                                                                bactérie. Une séroconversion ou une augmentation
Le diagnostic direct nécessite des prélèvements de              significative des anticorps (taux multiplié par 3 ou 4 en
bonne qualité, riches en cellules. L’écouvillon et le           3 semaines) signe l’infection mais est rarement obser-
milieu de transport doivent être adaptés à la technique         vée. La fréquence importante des infections asympto-
utilisée. Chez l’homme, l’écouvillonage de l’urèthre            matiques limite l’intérêt du prélèvement précoce. Des
sur 3 ou 4 cm est classiquement effectué, mais les tech-        taux en immunofluorescence de 1/64 pour la femme et

                                                              133
de 1/32 pour l'homme sont évocateurs, mais il est sou-           me, l’animal, les plantes et les insectes. Chez l’homme,
vent difficile de distinguer une infection évolutive             les quinze espèces décrites colonisent principalement
d’une cicatrice sérologique. La sérologie ne permet pas          les muqueuses respiratoires et génitales. Cinq espèces
de surveiller l’évolution sous traitement. Des IgM ≥ 1/8         ont été mises en évidence dans le tractus urogénital
en immunofluorescence signent une infection récente,             humain. Trois d’entre elles sont potentiellement patho-
mais le diagnostic est souvent tardif à cause du caractè-        gènes, Ureaplasma urealyticum et Mycoplasma homi -
re insidieux de l’infection. Des IgA ≥ 1/16 en immuno-           nis, espèces fréquemment isolées et M. genitalium.
fluorescence seraient un marqueur d’une atteinte évolu-          Chez des patients séropositifs pour le VIH, M. fermen -
tive.                                                            tans et M. penetrans ont été retrouvés, leur pouvoir
                                                                 pathogène reste pour l’instant inconnu.
Aspects thérapeutiques
                                                                 Manifestations cliniques
L’étude de la sensibilité aux antibiotiques de C. tracho -
matis, réalisée sur culture cellulaire, ne fait pas l’objet      Le pouvoir pathogène de M. hominis et U. urealyticum
d’une détermination en pratique courante en l’absence            est souvent difficile à évaluer à cause de leur présence
de problèmes de résistance acquise. Pour être actifs, les        fréquente à l’état commensal et des variations impor-
antibiotiques doivent posséder une bonne pénétration             tantes du taux de colonisation. Chez la femme, la colo-
intracellulaire.                                                 nisation vaginale atteint près de 50% pour U. urealyti -
On distingue :                                                   cum et moins de 15% pour M. hominis. Elle varie avec
                                                                 l’âge, le niveau socio-économique, la race, l’activité
• les antibiotiques totalement inactifs, aminosides, van-        sexuelle. Elle serait plus fréquente pendant la grosses-
comycine, colimycine, métronidazole, triméthoprime,              se et diminuerait après la ménopause.
quinolones de première génération,
                                                                 Leur rôle a été évoqué dans un certain nombre de
• les produits possédant une activité in vitro insuffisan-       pathologies (Tableau 1).
te pour être utilisables en thérapeutique, pénicillines,
sulfamides, chloramphénicol, clindamycine,                       Chez l’homme, U. urealyticum est responsable de 15 à
                                                                 20% des uréthrites non gonococciques, il peut être à
• les molécules actives, rifampicine, tétracyclines,
                                                                 l’origine d’épididymites. Son rôle dans les prostatites
macrolides, fluoroquinolones (à l’ exception de la nor-
                                                                 est controversé.
floxacine).
                                                                 Chez la femme en dehors de la grossesse, M. hominis
Les tétracyclines constituent le traitement de référence
                                                                 est l’espèce la plus impliquée, elle est notamment res-
des infections à C. trachomatis, la doxycycl ine,
Vibramycine®, Spanor® (200 mg/j) est utilisée ainsi              ponsable de salpingites. Les deux espèces provoquent
que la minocycline, Mynocine® (100 mg/j). Les                    des endométrites mais leur rôle dans les cervicites est
                                                                 peu probable. U. urealyticum serait à l’origine de syn-
macrolides, érythromycine, Erythrocine® (2 g/j), josa-
mycine, Josacine® (2 g/j) et la roxithromycine, Rulid®               Tableau 1. Infections urogénitales à mycoplasmes.
Claramid® (300 mg/j) constituent une alternative,de
même que les fluoroquinolones, ofloxacine, Oflocet®                                                          U. urealyticum   M. hominis
(400 mg/j). La durée du traitement dépend de la locali-
sation de l’infection. Dans les infections génitales                 Infections masculines
basses (uréthrites et cervicites), sept à dix jours de trai-                 Uréthrites                            +              -
                                                                             Epididymites                          +              -
tement sont recommandés. Parmi les produits les plus
récents, l’azithromycine, Zithromax®, permet un trai-                Infections féminines
tement en prise unique (lg) avec une efficacité compa-                       Syndromes uréthraux                   ±              -
rable à celle de la doxycycline.                                             Vaginoses                             -              ±
                                                                             Cervicites                            -              -
                                                                             Endométrites                          +              +
                                                                             Salpingites                           ±              +
         INFECTIONS A MYCOPLASMES
                                                                     Troubles de la reproduction
Les mycoplasmes génitaux                                                    Stérilités                             ±            ± (1)
                                                                            Chorioamniotites                       +              ±
Les mycoplasmes sont les plus petits organismes                      Poussées fébriles post-partum/abortum         +              +
capables de se multiplier de façon autonome. Ils se
caractérisent par leur absence de paroi, ce qui explique             Infections néonatales                         +              +
leur aspect polymorphe et leur insensibilité aux β-lac-              + : rôle prouvé.
tamines.                                                             ± : association mais rôle non prouvé.
                                                                     - : pas d’association.
Ces bactéries sont ubiquitaires, retrouvées chez l’hom-              (1) = séquelles de salpingites.

                                                               134
dromes uréthraux. Dans les vaginoses bactériennes, les         Tableau 2. Activité des antibiotiques sur les mycoplasmes
deux espèces sont retrouvées, avec une fréquence plus          génitaux.
importante pour M. hominis. Leur rôle est peu connu
mais ces vaginoses pourraient être l’origine de compli-                                                M. hominis          U. urealyticum
cations au cours de la grossesse, complications liées à
                                                               Tétracyclines                               S (1)                  S (1)
la présence des mycoplasmes.
M. hominis et U. urealyticum sont responsables d’in-           Macrolides
                                                                      Erythromycine                       R (2)                 S/I (2)
fections lors de la grossesse, chorioamniotites, septicé-             Josamycine                           S                      S
mies du post-partum capables d'entraîner des infections
néo-natales (pneumopathies, méningites, septicémies            Pristinamycine                                S                     S
chez des prématurés hypotrophiques).
                                                               Fluoroquinolones                           S/I (3)               S/I (3)
Par ailleurs, U. urealyticum a été incriminé dans la sur-
venue de stérilités, d’avortements à répétition et d’hy-       S : sensible, I : intermédiaire, R : résistant.
potrophies néonatales.                                         (1) environ 5% de résistances acquises.
                                                               (2) mêmes résultats avec roxithromycine, clarithromycine et azithromycine.
Ces deux espèces peuvent entraîner des infections              (3) produits les plus actifs sur M. hominis : sparfloxacine et ciprofloxacine
                                                               produits les plus actifs sur U. urealyticum : sparfloxacine et ofloxacine.
extra-génitales, arthrites purulentes, pyélonéphrites et
infections cutanées pour M. hominis.                           l’immunité de la population générale. La technique
M. genitalium, isolé pour la première fois en 1981 à           actuellement disponible (inhibition métabolique) n’est
partir de prélèvements uréthraux chez des homo-                pas réalisable chez les sujets traités par des antibio-
sexuels, est responsable d’uréthrites non gonococ-             tiques actifs sur les mycoplasmes.
ciques.                                                        La PCR permet de détecter les mycoplasmes peu ou
Sa culture est extrêmement fastidieuse et seules les           non accessibles à la culture, en particulier M. genita -
techniques de biologie moléculaire permettent sa mise          lium.
en évidence. Il serait retrouvé dans près de 10% des cas
d’uréthrites non gonococciques.                                Aspects thérapeutiques
                                                               Le choix du traitement dépend de l’espèce isolée et de
Diagnostic biologique
                                                               sa sensibilité in vitro aux antibiotiques (Tableau 2), de
Le diagnostic d’une infection à mycoplasmes génitaux           l’association éventuelle avec un autre agent pathogène,
(M. hominis et U. urealyticum) doit faire l’objet d’une        et du terrain de l’infection. L’isolement de ces bactéries
demande particulière. Il repose sur la mise en évidence        devrait s’accompagner d’une étude de la sensibilité aux
directe du microorganisme. Les prélèvements, uré-              antibiotiques, 3 à 5% des souches possèdent une résis-
thraux, endocervicaux, urines du premier jet doivent           tance acquise aux cyclines, qui constituent le traite-
être transportés dans des milieux adaptés. La culture          ment de première intention. La sensibilité aux macro-
s’effectue par des techniques spécifiques sur milieux          lides varie selon l’espèce. U. urealyticum est générale-
gélosés ou liquides.                                           ment sensible, modérément à l’érythromycine, davan-
                                                               tage aux nouveaux produits. M. hominis est résistant à
L’identification repose sur les propriétés biochimiques        l’érythromycine mais sensible à la josamycine. Les
et l’aspect caractéristique des colonies. Leur isolement       fluoroquinolones ont une activité variable, les molé-
à partir d’un site normalement stérile signe l’infection,      cules les plus récentes sont les plus actives. La durée du
mais la présence des ces bactéries dans le tractus géni-       traitement est liée au tableau clinique observé et ne dif-
tal à l’état commensal rend souvent difficile l’interpré-      fère pas de celle proposée généralement pour les infec-
tation des résultats de la culture. Une appréciation           tions à Chlamydia.
quantitative est alors utile. Pour les uréthrites non
gonococciques, un seuil de positivité à 104 UCC (Unité
de Changement de Couleur)/ml pour un prélèvement                                           CONCLUSION
uréthral, à 103 UCC/ml pour un premier jet d’urine a
été proposé. Dans un prélèvement cervicovaginal,               De nombreux progrès ont été réalisés ces dernières
l’isolement de M. hominis en quantité importante, plus         années dans le diagnostic biologique des infections à
de 104 UCC/ml se rencontre dans les vaginoses ou               C. trachomatis. L’avènement des méthodes de biologie
évoque une infection haute. L’isolement d’U. urealyti -        moléculaire applicables à la détection dans les urines
cum au niveau cervicovaginal est difficile à interpréter       devrait permettre un dépistage beaucoup plus large et
à cause de la fréquence du portage.                            une prévention des complications liées à ces infections.
La sérologie n’est pas à recommander. Les résultats            Pour ce qui est des mycoplasmes génitaux, la difficul-
sont difficiles à interpréter, en l’absence de données sur     té réside dans l’appréciation de leur pouvoir pathogène

                                                             135
qui doit rester prudente et ne se faire qu’après des
bilans étiologiques complets.
Il faut enfin rappeler la fréquence des associations de
ces micro-organismes amenant à des conduites théra-
peutiques très voisines quant au choix des produits et à
la durée des traitements.

Notes
• Expression des résultats de sérologie de C. trachoma -
tis : un taux 1/x en immunofluorescence correspond à
la dilution du sérum la plus élevée pour laquelle une
réaction fluorescente est observée.
• Culture des mycoplasmes : une UCC, Unité de
Changement de Couleur, correspond à la quantité mini-
male de mycoplasmes nécessaire pour révéler la positi-
vité de la culture.

                        REFERENCES
1. BEBEAR C. Les infections à mycoplasmes en gynécologie obsté-
   trique. Références en Gynécologie Obstétrique, 1993, 1, 321-328.
2. DE BARBEYRAC B., PELLET I., DUTILH B., BEBEAR C.,
    DUMON B., GENIAUX M., BEBEAR Ch. Evaluation of the
    Amplicor Chlamydia trachomatis test versus culture in genital
    samples in various prevalence population. Genitourin. Med., 1994,
    70, 162-166.
3. DOLIVO M., HENRY-SUCHET J., ORFILA J., EB F. Maladies trans-
    mises par voies sexuelles. Masson- Paris 1992.
4. EB F. Diagnostic biologique des infections à Chlamydia. La lettre de
    l’Infectiologue, 1992, 3, 123 - 129.
5. EB F. Sensibilité aux antibiotiques et traitement des infections à
    Chlamydia. La lettre de l’Infectiologue, 1995, 7, 290-298.
6. WEBER J.T., JOHNSON R.E. New treatments for Chlamydia tracho -
    matis genital infection. Clin. Infect. Dis. 1995, 20, S66-S71.

                      ___________________

                            SUMMARY
Chlamydia and Mycoplasma urogenital infections.
Chlamydia trachomatis is responsible for urogenital infections,
often minimally symptomatic, revealed by their complications.
My coplasmas, mainly Ureaplasma urealyticum and
Mycoplasma hominis, are normal commensal organisms of the
genital tract, which sometimes makes it difficult to determine
their pathogenicity. However, they are responsible for urogenital
infections, and U. urealyticum is a pathogen in male urethris.
The laboratory diagnosis is based on specific techniques adap -
ted to these microorganisms. In the case of C. trachomatis, it has
benefited from the recent progress in molecular biology tech -
niques.
The therapeutic approach is common to both types of organisms:
tetracyclines and macrolides are the major antibiotics used in
the treatment of these urogenital infections.
Key words : C. Trachomatis, mycoplasma, urogenital infections.

                      ___________________

                                                                          136
Vous pouvez aussi lire