Confluences roumano-françaises - numéro 13/ 2021 - Confluences roumano-françaises
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Comité de rédaction : Anca OPRIȘ, consule générale de Roumanie à Lyon Ioana FLOREA, fonctionnaire consulaire
Table des matières 1. EDITO ........................................................................................................ 8 2. Coopération roumano-française dans le domaine de l’enseignement ........ 10 3. Culture et identité nationale ...................................................................... 12 3.1. La Hommage à la poésie roumaine à Annecy ...............................................................12 3.2. La Roumanie au Festival du premier roman de Chambéry ..........................................13 3.3. La Roumanie – invité d’honneur à la Semaine de l’Europe..........................................13 3.4. La Roumanie et le Prix littéraire des jeunes européens ................................................14 3.5. La Roumanie aux Passeurs d’Europe 2021 ................................................................... 15 3.6. Exposition « L’icône – pont de liaison et réconciliation entre les chrétiens divisés » . 15 3.7. « Terres mères » d’Anca Bene ......................................................................................19 3.8. La Fête de l’Unité à Lyon.............................................................................................. 20 4. Présences roumaines de succès dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ..... 21 4.1. Ioana Stăncescu, lauréate du Festival du Premier Roman de Chambéry .....................21 4.2. Florica Courriol, traductrice de la littérature roumaine .............................................. 23 4.3. Visite de l’écrivain Ciprian Apetrei au Consulat Général de Roumanie à Lyon.......... 28 5. Evènements à Lyon ....................................................................................29 5.1. Cérémonie 78e Anniversaire de la Rafle de la rue Sainte-Catherine ........................... 29 5.2. Cérémonie commémorant la Victoire de 1945 ............................................................. 29 5.3. Départ de Gérard Herrbach, consul honoraire du Luxembourg ................................. 30 5.4. Départ d’Yves Minssieux, consul honoraire de Belgique à Lyon ..................................31 6. Anniversaires annuels ............................................................................... 32 6.1. 24 février – Fête du Dragobete .................................................................................... 32 6.2. 8 avril – Journée internationale des Roms .................................................................. 32 6.3. 3 mai – Journée mondiale de la liberté de la presse .................................................... 33 6.4. 9 mai – Fête de l’Europe .............................................................................................. 33 6.5. 10 mai - Journée de la roumainité dans les Balkans .................................................... 35
6.6. 24 juin – Journée de la Blouse roumaine .................................................................... 35 6.7. 26 juin – Jour du Drapeau roumain ............................................................................ 36 7. Anniversaires 2020 ................................................................................... 37 7.1. 17 mars – Hommage à Nicolae Titulescu ..................................................................... 37 7.2. 16 avril 2021 – 125 ans depuis la naissance de Tristan Tzara ...................................... 38 7.3. 18 mars 2021 – 115 ans depuis le premier décollage d’un avion à moteur par Traian Vuia .............................................................................................................................. 38 7.4. 10 mars 2021 – 190e Anniversaire de la Légion étrangère........................................... 39 7.5. 3 février 2021 – 12 ans depuis la décision de la Cour internationale de justice concernant la délimitation maritime en Mer Noire ..................................... 40 7.6. 10e Anniversaire de la Stratégie de l’Union Européenne pour la Région du Danube .. 40 8. La rubrique « juridique » avec Dana Gruia Dufaut ....................................42 8.1. Le salaire minimum brut au niveau national en 2021 ................................................. 42 8.2. Principales modifications législatives et fiscales en vigueur en 2021 .......................... 43 8.3. Le détachement transnational des salariés .................................................................. 47 8.4. Marchés publics: certains opérateurs économiques des Etats tiers exclus des procédures ..................................................................................................................... 51 8.5. Droit du travail: quelques modifications législative importantes................................ 53 9. Ça pourrait vous intéresser ....................................................................... 54 9.1. Roumanie mise à l'honneur par la Maison de parfumerie Fragonard ......................... 54 9.2. Radu Lupescu et Matei Vișniec, Chevaliers de l'Ordre National du Mérite ................ 55 9.3. Radu Jude, lauréat de l'Ours d'Or à la Berlinale 2021 ................................................. 55 9.4. Adina Pintilie, membre du jury à la 71e Berlinale ........................................................ 56 9.5. Alexander Nanau, lauréat du prix « Lux » pour le documentaire « L’Affaire Collective » ................................................................................................................... 56 9.6. La Roumanie, le 2e pays de l’UE à lancer son propre satellite dans l’espace ............... 57 9.7. Lancement du Dacia Bigster ........................................................................................ 57 9.8. Hommage à Vasile Alecsandri par Luminița Tigirlas .................................................. 58 9.9. Parutions littéraires et scientifiques ............................................................................ 59 10. Adresses et liens utiles ............................................................................. 64
1. EDITO Le premier semestre de 2021 s’est déroulé en grande partie sous le signe de la pandémie avec le virus SARS-CoV-2 ce qui nous a obligé de continuer à mener la vie soumise aux mêmes contraintes et frustrations de ne pas pouvoir nous réunir en pleine liberté et sérénité, de ne pas pouvoir partager des moments de convivialité, d’échanges et de joie que la culture et tout ce qu’elle nous apporte de beau et d’enrichissant pouvait nous offrir. La pandémié du SARS-COV-2 et les restrictions qu’elle a générées a mis à l’épreuve notre capacité de s’adapter, d’innover, de devenir plus créatifs pour résoudre tous les défis et cas nouveaux et nous a rendu plus forts pour garder le moral et faire avancer les projets qu’on a esquissé auparavant et qui n’ont pas pu voir le jour a cause de la pandémie. Les moments de partage culturel, économique et associatif en présentiel ou tout simplement les rencontres amicales qu’on aurait pu avoir sont devenus de beaux souvenirs qu’on a dû remplacer par des manifestations online qui nous ont réuni uniquement par le biais de nos ordinateurs et de nos attaches à la culture. Comme je l’ai dit et redit, les amitiés sont restées inaltérées mais les échanges se sont limités à des messages online, des appels téléphoniques ou des visioconférences. Ce fut une épreuve et un test important pour chacun d’entre nous et pour nous tous qui a témoigné de la profondeur des liens qui nous unissent au niveau personnel mais aussi de la capacité de réagir, de s’adapter et d’innover au niveau communautaire et interétatique. Pendant ce premier semestre de 2021 l’équipe du Consulat Général de Roumanie a continué à gérer et résoudre des dossiers complexes, parfois inédits. En même temps, par les événements culturels en version online que nous avons proposés à nos fidèles, Roumains et Français, on a voulu marquer et célébrer ensemble la Journée de la Culture Nationale le 15 janvier passé, l’Union des deux Principautés Roumaines le 24 janvier, la Fête du Dragobete le 24 février, les fêtes consacrées à l’arrivée du Printemps, symbolisé en Roumanie par l’offre du traditionnel “Martisor” le 1er mars, la Journée internationale de la Femme, la Fête de l’Europe le 9 mai, les Pâques chétiennes ou la Fête de la Musique et de la Blouse Roumaine le 24 juin et ainsi, couper cette spirale pandémique. La baisse des contaminations et des restrictions enregistrées aux mois de mai et de juin, nous ont encouragé et permis d’organiser à Annecy, en présentiel, un très beau Hommage à la Poésie roumaine d’hier et d’aujourd’hui avec la participation de deux grands professeurs, traducteurs et poètes – Jean Poncet, lui aussi ex diplomate, et Radu Bata – et leur éditeur lyonnais Jacques André. Ce fut un régal de se retrouver avec eux et avec des Roumains et Français épris de la littérature roumaine qui sont venus nombreux pour profiter d’une très belle soirée de poésie roumaine traduite en français. 8
En qualité de doyenne du corps consulaire de Lyon, je me suis beaucoup réjoui et félicité qu’après 18 mois on a réussi à nous réunir dans le magnifique jardin de la résidence suisse à Lyon, avec tous les collègues consuls. Grâce à l’accueil de notre ami Pascal Bornoz, consul général de Suisse et aux efforts organisationnels de Michel- Pierre Deloche, secrétaire général du corps consulaire et de Bruno Dufour, en charge du protocole dans notre bureau consulaire, nous avons réussi de belles retrouvailles avant les vacances d’été et, à cette occasion, adresser la bienvenue aux consuls nouvellement nommés à Lyon. Je conclus ces reflexions en nourissant l’espoir que même si une quatrième vague de pandémie nous guette en automne, on se retrouvera et l’on restera proches pour partager d’autres moments d’émotion et d’enrichissement spirituels et d’amitié. A mon nom personnel, ainsi qu’au nom de tous mes collègues du Consulat Général de Roumanie à Lyon, à l’occasion de la Fête Nationale de la République Française, je souhaite à la France et au peuple français ami, les meilleurs voeux de paix et prospérité et à vous, toutes et tous, de très belles vacances en pleine santé, joie et sérénité. Anca OPRIS 9
2. Coopération roumano-française dans le domaine de l’enseignement Collège juridique roumano-français d’études européennes L d’appui. e Collège juridique roumano-français d’études européennes est le fruit d’une coopération scientifique riche et ancienne développée par l’Université de Bucarest avec l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et treize prestigieuses universités françaises membres de son Consortium Fortement soutenu par les Ministères des Affaires étrangères de la Roumanie et de la France, le Collège juridique propose des formations d’une durée de 3 à 5 ans, sanctionnées par des doubles diplômes Bucarest - Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Licence, Master 1, Master 2), pouvant être complétées par un Doctorat en Droit (cotutelles dans le cadre de l’Institut juridique francophone doctoral et postdoctoral du Collège). L’Université « Jean Moulin Lyon 3 » s’est récemment associé au Collège juridique roumano-français. Dans ce contexte, le professeur des universités Hervé de Gaudemar, Doyen de la Faculté de droit nous fait part de son témoignage concernant ce projet de succès par le biais duquel l’institution lyonnaise a su rejoindre le fameux Collège juridique fondé en 1985. « Créée en 1875, au début de la IIIe République, la Faculté de droit de Lyon entretient depuis son origine des liens de partenariat solide avec de nombreuses universités dans le monde. Le dynamisme du commerce lyonnais et le rayonnement de la ville ont fortement contribué à cette ouverture internationale. Mais ont aussi compté des membres du corps enseignant aussi visionnaires que le professeur Edouard Lambert, qui a créée juste après l’armistice de la Grande guerre l’Institut international de Hervé de Gaudemar, Doyen de la droit comparé en lui donnant notamment pour mission de Faculté de droit de l'Université « Jean contribuer au rapprochement des peuples par l’étude Moulin Lyon 3 » comparée de leurs législations et la mise en évidence « d’un fonds de principes et d’idées communs à tous les droits formés à l’école de la jurisprudence romaine » (Leçon d’inauguration de l’Institut de droit comparé). Un très important réseau de relations internationales en résulté à travers tous les continents. Au Brésil, en Arménie, au Liban, en Égypte, à Yaoundé, au Cambodge, au Vietnam, au Laos, des étudiants étrangers sont actuellement formés par des professeurs lyonnais en vue de recevoir un diplôme français. De nombreuses autres 10
formes de coopération universitaire sont également nouées sous la forme d’échanges entre étudiants ou de partenariats scientifiques. C’est dans cette filiation et dans le cadre de ces actions que s’inscrit le projet de rejoindre le consortium d’appui au prestigieux Collège juridique franco-roumain d’études européennes. La Faculté de droit souhaitait depuis plusieurs années développer des échanges pérennes en Europe centrale, où l’Union européenne prend une importance fondamentale. Par sa tradition francophone, la qualité de ses enseignements et l’excellence de sa recherche, la Faculté de droit de Bucarest s’est imposée à nous comme une évidence. Une conférence organisée dans nos locaux en 2018 sur le centenaire de la Roumanie moderne, en présence de SE Anca Opris, a également contribué à faire murir le projet. Rejoindre le Collège juridique franco-roumain d’études européennes est un honneur. Riche d’une belle histoire, il accueille 300 étudiants environ et propose des formations réputées de la licence au doctorat. Par notre participation au Collège juridique franco-roumain, nous visons à prendre notre responsabilité dans son développement, mais aussi à développer de plus importantes relations entre nos professeurs et les professeurs de droit roumains, en vue d’en faire jaillir de nouvelles coopérations scientifiques. Nous espérons également accueillir à Lyon de nouveaux étudiants roumains et inciter des étudiants lyonnais à partir à Bucarest. C’est un projet ambitieux, mais dont la réalisation est facilitée par l’existence d’un consortium d’appui au Collège juridique franco-roumain, réunissant sous le pilotage de l’Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) douze autres universités françaises. Le président Hugues Fulchiron et le professeur Ludovic Pailler en seront les coordinateurs pour notre Faculté de droit. » Hervé de Gaudemar Professeur des universités Doyen de la Faculté de droit Université « Jean Moulin Lyon 3 » 11
3. Culture et identité nationale L es 26 et 27 juin 2021, la poésie roumaine a été mise à l’honneur dans le cœur de la Haute-Savoie, grâce au partenariat avec la Maison de la poésie d’Annecy. A cette occasion, le poète roumano-français Radu Bata, a présenté son dernier recueil de poésettes « Le fou rire de la pluie » paru au mois de juin 2021 aux éditions Unicité dont les poèmes ont été sélectionnés parmi des géants du genre – Benjamin Fondane, Fernando Pessoa, Walt Whitman, Dylan Thomas - par le fameux blog de poésies « Beauty will save the world ». Anca Opris avec les protagonistes de la soirée consacrée à la poésie roumaine à Annecy Le poète Jean Poncet, traducteur connu dans la littérature roumaine contemporaine pour l’amour nourri envers l’œuvre de Lucian Blaga, a rendu hommage aux poètes roumains d’aujourd’hui et d’antan. L’éditeur et écrivain Jean Poncet a clôturé la table ronde avec un témoignage de son expérience consolidée au fil du temps grâce à de nombreuses collaborations visant la promotion de la littérature roumaine dans l’Hexagone. L’événement a joui d’un grand succès parmi les Roumains et Français présents à côté de la consule générale de Roumanie à Lyon, des officiels français et Michel Dunand, président de la Maison de la poésie d’Annecy, qui ont beaucoup apprécié les valeurs profondément incarnées dans notre lyrisme à partir de Mihai Eminescu et jusqu’à des auteurs de la poésie contemporaine comme Marin Sorescu, Mircea Cărtărescu, Radu Bata etc. 12
C omme chaque année, la Roumanie a été représentée au Festival du premier roman de Chambéry dont la 34ème édition s’est déroulée du 27 au 30 mai 2021. L’écrivaine Ioana-Maria Stăncescu, auteure du roman « Tot ce i-am promis tatălui meu»/ « Tout ce que j’ai promis à mon père », paru en 2020 aux éditions Trei, a fait partie des 21 primo-romanciers internationaux nominalisés par plus de 3000 lecteurs, venus à la rencontre du public par le biais de nombreuses tables rondes, ateliers et expositions. « Je ne sais plus quel jour et quel mois on était lorsque j’ai décidé d’arrêter. Arrêter d’écrire et d’aimer. J’ai arrêté d’un coup comme si j’avais trouvé une porte à claquer pour laisser de l’autre côté le souvenir de ce garçon. Mais je l’entendais gratter, de temps en temps, tel un animal qui veut faire irruption. Impossible de l’oublier. », a-t- elle déclaré dans un mini-entretien publié sur la page web officielle du Festival. D Du 17 au 22 mai 2021, la Roumanie a été mise à l’honneur dans le cadre de la Semaine de l’Europe qui, cette année, s’est déroulée sous le motto «Escale dans les Carpates» - organisée en partenariat avec la Mairie de Gleizé dans la merveilleuse région connue et reconnue par les amoureux de l’œnologie : le Beaujolais. Des événements exceptionnels consacrés au théâtre, à la musique, à la littérature, au cinéma et aux traditions roumaines se sont enchaînés au cours de 6 jours, dont une rencontre avec le poète roumain Radu Bata qui a présenté le deuxième volume de son anthologie de poésies roumaines « Le blues roumain » paru en mai 2021, l’exposition « Le cimetière joyeux de Săpânța » avec des œuvres du grand maître sculpteur Stan Ioan Patras, un spectacle de théâtre « Vlad Țepeș, prince maudit de Roumanie » etc. L’artiste française Adeline Toulon, amoureuse de l’artisanat roumain ancestral, a clôturé la suite des manifestations avec une démonstration de peinture décorative sur céramique pour les enfants français et roumains de la région. 13
Selon les participants, la Semaine de l’Europe organisée dans la capitale du vin de la région fût une « ivresse culturelle » ayant permis au public de se connecter ou reconnecter à la Roumanie d’aujourd’hui et d’antan. U ne cérémonie de remise du Prix littéraire des jeunes européens, organisée en partenariat avec l’Ecole de commerce européenne BBA INSEEC de Lyon, a eu lieu le 21 mai 2021, en format restreint. Comme chaque année, la Roumanie est entrée en compétition dans la catégorie Prise de parole par visioconférence à la cérémonie de « Auteurs européens traduits » avec l’œuvre remise du Prix littéraire des jeunes européens de Iulian Ciocan, « L’empire de Nistor Polobok », traduit en français par la roumaine lyonnaise Florica Courriol. La cérémonie a joui de la présence par visioconférence de Simona Jisa, professeure des lettres à l’Université Babeș-Bolyai de Cluj- Napoca, représentante des étudiants roumains ayant fait partie du jury pour la catégorie « Auteurs européens d’expression L'artiste Anaïs B. et l'écrivaine Joelle Vincent à la français » du concours. cérémonie de 21 mai 2021 Une vidéo réalisée par les étudiantes Eliza Brezan, Antonia Muraru, Laura Ilinescu et Adriana Gușă a été également projetée pour présenter le roman écrit par la représentante française Laetitia Colombani, « Les victorieuses ». Des mini-spectacles offerts par l’artiste- interprète connue parmi les Français sous le pseudonyme Anaïs B., a animé l’événement qui s’est déroulé en présence des personnalités du monde littéraire lyonnais dont l’écrivaine Joelle Vincent et Rémi Lesle, président honoraire et secrétaire général de la Maison de la Francophonie. 14
L e 18 mars 2021, dans le cadre de la 23e édition du « Printemps des Poètes » et de « Magnifique Printemps », a été lancé le moyen-métrage poético-musical « Passeurs d’Europe 2021 » autour du thème « Le Désir ». Dialogue des langues et des cultures, les Passeurs d’Europe ont réuni cette année 8 poèmes européens et leurs traductions dont le poème «Vreau să joc»/«Je veux danser» du célèbre philosophe et poète roumain Spectacle Passeurs d'Europe 2021 Lucian Blaga. Le récit en version originale de la poésie roumaine a été fait de manière « voix off » par la jeune roumaine Gabriela Guiu, ancienne étudiante Erasmus à l’Université « Jean Moulin Lyon 3». Le poème a été interprété en français et en d’autres langues rares dont le marathi et le soussou par ses jeunes collègues acteurs. Le film « Passeurs d’Europe 2021 : Le Désir » réalisé autour du conte « La démone de l’arbre » et mis en scène par la talentueuse chorégraphe Gaëlle Valentin-Konaté, peut être regardé en accédant le lien : https://www.youtube.com/watch?v=K1HwmN6jb-U&t=2033s. Félicitations à la metteure en scène, au réalisateur, aux très doués jeunes acteurs et à toute l’équipe des Passeurs d’Europe ! L a fête de Pâques Orthodoxes a été marquée par le Consulat Général de Roumanie à Lyon le 1er mai 2021, avec une exposition virtuelle d’icônes orthodoxes roumaines réunies sous le titre « L’icône – pont de liaison et réconciliation entre les chrétiens divisés » présentée magistralement par le Père Ioan Sauca. Ci-après la présentation que le père Ioan a fait. « L’icône est un symbole de l’identité chrétienne. Les catacombes de Rome et autres vestiges du christianisme primitif témoignent de la représentation iconographique parue au sein des premières communautés chrétiennes. Dans l’Ancien Testament, les représentations de Dieu étaient strictement interdites et leur vénération était considérée idolâtrie, parce qu'on a considéré que Dieu qui est Esprit ne pouvait pas être représenté en images. 15
Cependant, le christianisme déclare que Dieu s’est incarné en Christ. Par amour pour les êtres humains et pour le monde, Dieu est devenu l’un de nous – Emanuel. Il a assumé la condition humaine avec toutes ses faiblesses et impuissances à l'exception du péché, pour guérir et libérer le monde de l'esclavage et des répercussions du péché. Le Nouveau Testament appelle le Christ, Fils de Dieu, « image (eikona-icône) du Dieu invisible » (Colossiens 1,15) et déclare que celui qui voit le Christ voit, à son image incarnée, le Père (Jean 14, 9). L’affirmation de l’incarnation de Dieu est l’essence et la spécificité de l’identité chrétienne et l’icône représente cette affirmation. La représentation iconographique a été présente au sein de l’Eglise indivise du premier millénaire tant à l’Est qu’à l’Ouest, c’est-à-dire au sein de l’Eglise Orthodoxe et Romano-Catholique, selon les noms qu’elles ont pris après la séparation survenue lors de la Grande Schisme en 1504. Les églises issues de la Réforme ont majoritairement adopté une vision iconoclaste basée sur le déni et la rejection de la vénération des icônes. Une partie des groupes et communautés chrétiennes ont maintenu cette attitude jusqu’à nos jours. Toutefois, Différentes représentations de la Vierge Marie dans l'iconographie traditionnelle l’approche et la manière de roumaine comprendre les icônes ont beaucoup évolués grâce à la cohabitation avec les orthodoxes établis en Occident et aux dialogues interchrétiens. Au cours des cinquante dernières années, l'icône orthodoxe est devenue connue, appréciée et appropriée par de nombreuses confessions et Églises chrétiennes de l’Occident, en étant aujourd'hui présente partout. Beaucoup ont découvert l'orthodoxie et ses valeurs a travers les icônes et leur signification profonde. L'icône est ainsi devenue un pont entre l'Orient et l'Occident et une valeur commune partagée par des communautés chrétiennes encore divisées. L'icône représente l'expression intime de la foi et de la confession de l’Orthodoxe. Elle est présente partout : dans les églises, dans les foyers, et plus récemment, après avoir acquis la liberté, dans les lieux publics. Le chrétien orthodoxe est lié à l'icône par la conviction que la présence de l’icône apporte la paix et la bénédiction des visages y représentés. A l’instar de la tradition juive, le chrétien orthodoxe lit et embrasse les Saints Ecritures croyant que Dieu est présent dans les mots de l’Ecriture. Icône sur verre « Adame et L’icône a aussi la valeur d’une « écriture sainte ». Du point de vue Eve dans le jardin d'Eden » strictement étymologique, l’icône n’est pas peinte, mais écrite : 16
iconographie. Par conséquent, l’icône devient une Ecriture Sainte représentée en images avec la même force de présence que celle de la parole écrite. Pour cette raison, le chrétien orthodoxe embrasse l’icône comme l’Evangile. Tout comme l’Evangile, l’icône devient un objet de vénération liturgique ayant dans le même temps un rôle didactique et pédagogique destiné à transmettre et expliquer les enseignements de la foi. L’icône n’est pas une peinture ni une photographie. Les représentations de l’icône ne rentrent pas dans la typologie réaliste. Pour ce qui est de la peinture, la lumière vient de l’extérieur. Dans le cas d’une icône, la lumière ressort de l’intérieur des personnes représentées et montre la grâce qui les éclaire. Esthétiquement, les icônes n’ont pas une beauté réaliste pour certains, car ce n’est pas le but. L’icône capte la beauté intérieure, spirituelle. Le rôle de l’icône est Icône de la resurrection d’éveiller en nous le désir de prière et non d’admiration pour les visages représentés. L’icône est une fenêtre vers le ciel à travers laquelle on entrevoit les réalités au-delà du monde, eschatologiques. L’icône est étroitement liée à l’identité culturelle de la communauté ou elle est écrite et de son origine. Pour cette raison, les icônes diffèrent d’une église à une autre, d’un peuple à un autre. En général, il existe un ensemble de règles qu’on utilise pour réaliser une icône orthodoxe (herminia), mais la modalité de représentation en images est profondément culturelle, indigène. En Christ, Dieu s'est fait chair, ce que signifie que quiconque a un corps est en lien de parenté et s’identifie dans le corps assumé par le Christ. Par conséquent, chaque Église et chaque peuple a développé une iconographie dans laquelle la population locale se retrouve dans les images des icônes. L’icône grecque, russe, libanaise, roumaine, etc. a chacune ses propres caractéristiques. En outre, dans les icônes des anciennes Eglises orthodoxes orientales, cette différence et encore plus visible. Dans l’iconographie copte, par exemple, les visages des Saints et du Christ ressemblent par leurs traits aux anciens égyptiens pendant que dans l’iconographie éthiopienne, le Christ et les Apôtres sont noirs. Pour chaque Orthodoxe, le Christ s’identifie à sa vie, à sa famille et à son peuple. Pour chacun, Il est Emanuel. Les mêmes traits caractéristiques peuvent être remarqués dans l’iconographie roumaine. Dans l’icône de la Nativité du Christ, la Vierge Marie est habillée en Image illustrant le Dimanche de l'Orthodoxie - la restauration du culte des saintes icônes robe de jeune paysanne. Le Fils est recouvert d’une couche traditionnelle utilisée par les paysans pour l’emmaillotage des enfants et les anges du ciel qui chantent joyeusement jouent à leurs cornes comme les bergers dans les montagnes lorsqu’ils annonçaient des très bonnes nouvelles. 17
En période d’inquiétude et de difficultés, l’icône est devenue une expression de ce qu’on peut appeler aujourd’hui la « théologie de la libération ». Dans certaines représentations de la crucifixion du Christ faites à l’époque de l'assujettissement, les soldats qui tourmentaient et crucifiaient Jésus étaient représentés à l'image et en tenue d’ennemis qui opprimaient le peuple ; et dans l’icône de la Résurrection, les soldats qui gardaient le tombeau et succombaient impuissants au moment de la Résurrection sont aussi des représentations des ennemis envahisseurs. En d'autres termes, l'icône transmettait au peuple le message qu'aucune domination et oppression n'est éternelle et que le Christ ressuscité allait offrir libération à la résurrection et au peuple subjugué et opprimé. L’amour pour l’icône a fait que le paysan roumain devienne lui-même un « écrivain » d’icônes. Parfois naïves et sans qualités esthétiques particulières, sans respecter littéralement l’herminia iconographique ces icônes avaient des significations profondes pour la communauté dont elles appartenaient. C’est ainsi que les premières icônes sur verre ont apparu et avec le temps elles se sont transformées dans de vrais chefs-d’œuvre de la création populaire et de la confession orthodoxe. L’icône fait partie de l’âme du Roumain orthodoxe, c’est le trésor hérité de ses ancêtres qu’il emporte avec soi et qu’il transmet aux nouvelles générations. C’est le témoignage de sa vie existentielle. » Le père Ioan Sauca est Secrétaire Général intérimaire du Conseil œcuménique des Eglises, organisation internationale qui compte 350 Eglises et confessions chrétiennes de 120 pays, avec plus de 550 millions de membres. Il est également professeur de missiologie et théologie œcuménique à l’Institut œcuménique de Bossey (Suisse) – qui est rattaché à l’Université de Genève – dont il est le directeur, depuis 2001. En Roumanie, le père Sauca a enseigné la missiologie et l’œcuménisme à la faculté de théologie de l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu. En 1990, il est devenu conseiller patriarcal aux départements des relations ecclésiales extérieures et œcuméniques, de presse et communication et de l’éducation théologique et religieuse dans l’enseignement public de l’Eglise Orthodoxe Roumaine. Durant cette période il s’est investi dans son travail pionnier : l’édition des premiers manuels de religion dans les écoles publiques. Il a fait ses études à la Faculté de théologie de l’Université „Lucian Blaga” de Sibiu et à la Faculté de théologie « Patriarche Justinien » de l’Université de Bucarest et a obtenu son doctorat à l’Université de Birmingham (Grande Bretagne) avec une thèse consacrée aux implications missionnaires de l’ecclésiologie orthodoxe. Sa remarquable activité au sein de la direction du Conseil œcuménique des Eglises a été récompensée par le Comité de Norvège qui l’a récemment nominalisé pour lui 18
conférer le Prix « Bridge Builder » auparavant décerné au Président des Etats Unies Barak Obama et à l’actrice de renom international Angelina Jolie. Le père Sauca est le premier roumain et le premier orthodoxe titulaire d’une telle haute fonction de direction au Conseil œcuménique des Eglises. D u Le 24 avril 2021, le Centre culturel « A l’autre Rive » d’Eybens, a accueilli en première le spectacle de théâtre contemporain « Terres Mères » d’Anca Bene, lors d’une rencontre avec l’auteure roumaine, organisée en partenariat avec la Mairie d’Eybens. La talentueuse comédienne Anca Bene est censée jouer son propre texte labelisé en 2019 par la Saison croisée Roumanie-France, pour donner vie à une jeune femme remémorant les lieux de sa terre natale : la Roumanie Entretien avec la comédienne Anca Bene pendant et après la chute du rideau de fer. « Terres Mères est une immersion dans une dualité, une pluralité même. En confrontant mon parcours et mon expérience personnelle à d’autres témoignages recueillis au préalable, mon envie est de provoquer chez le spectateur une réflexion sur sa propre histoire et l’amener vers une expérience partagée où le déracinement est une étape intégrante de notre existence et le « chez soi » se décline désormais au pluriel. », a déclaré l’auteure du texte. La pièce mise en scène par Elsa Rocher de l’Association « Le Chantier Collectif » fait partie des trois projets lauréats du dispositif auvergnat « Envolées 2020 » dévoilés en 2019 aux côtés de Poings, par le Collectif Odradek (texte de Pauline Peyrade) et - Strip tease & Rêve avec révolver, par Gabriela Alarcon Fuentes (texte de Lola Arias). « Terres mères » est un spectacle qui éveille beaucoup d’émotion en raison de différents espaces de la mémoire, les voix et les langues qui résonnent pour interroger l’appartenance et raconter une identité entre l’amour des racines et le désir d’ailleurs. 19
L a 162e anniversaire de la « Petite Roumanie » a été célébrée à Lyon le 23 janvier 2021, en partenariat avec l’Association de l’Ecole Roumaine de Lyon/EROL. Une leçon sur l’union de la Moldavie et de la Valachie de 24 janvier 1859 a été enseigné par la professeure Miruna Barabaș aux enfants roumano-français de la région. A cette occasion, ils ont découvert ou redécouvert le portrait d’Alexandru Ioan Cuza, prince souverain de la « petite » Roumanie entre 1859 et 1866, le positionnement et l’importance des deux anciennes capitales des principautés roumaines, Bucarest et Iași. Sous la direction de leur enseignante, les enfants ont réalisé des décorations à caractère national, par amour et respect envers leurs racines et les ancêtres ayant dedié leurs vies pour que la Roumanie devienne celle d’aujoud’hui. Fête de l'Unité à Lyon 20
4. Présences roumaines de succès dans la région Auvergne-Rhône-Alpes I oana-Maria Stăncescu est née à Bucarest, en 1975. Issue d’une famille francophone, elle apprend le français très tôt, avec un professeur natif. Après des études de Langue et de Littérature française à l’Université de Bucarest et quelques années de presse écrite, elle rejoint la Rédaction des émissions en français de Radio Roumanie Internationale où elle travaille aujourd’hui encore. Elle collabore avec le magasine francophone « Regard » et en 2011, lance le blog http://blog.asa- si-asa.ro/ qu’elle consacre dans un premier temps aux expériences offertes par la maternité avant de se tourner définitivement vers des expériences fictives et littéraires. Ioana Stăncescu, au Festival du Premier Roman de Chambéry En 2020, Ioana-Maria publie son premier roman « Tot ce i-am promis tatălui meu »/ « Tout ce que j’ai promis à mon père », chez les éditions Trei, qui raconte l’histoire d’une femme dont la vie balance entre deux pays, la Roumanie et la France, et entre plusieurs rôles – mère, épouse, fille et amante. Nominé dans un premier temps aux Prix pour littérature féminine, « Sofia Nădejde », le roman allait offrir à son auteure le statut de lauréate de la 34 ème édition du Festival du premier roman de Chambéry. L’auteure Simona Ferrante, lectrice bénévole de fameux festival de Chambéry, a partagé ses impressions sur le roman « Tout ce que j’ai promis à mon père » de sa compatriote. « Ce que je cherche dans un roman c’est qu’il m’émeuve, ensuite qu’il me permet d’interagir, de m’identifier avec un personnage ou avec l’histoire et finalement qu’il me fasse réfléchir, penser à des références littéraires, qu’il m’envoie vers des auteurs qui font partie d’une sorte de grande famille d’écrivains que j’affectionne. Et le roman de Ioana me fait cet effet-là. Je pense qu’une des clés du roman se trouve dans le fragment qui parle de l’île d’Okinawa : « Pour trouver sa paix (je dirais, son bonheur, NDA) chacun d’entre nous devrait avoir un ikigai, c’est-à-dire un but, une sorte de raison pour se lever le matin. Elle, cette raison, ne doit pas être grandiose, il faut juste qu’elle nous fasse sourire ». 21
Je dirais que c’est un roman sur le risque de se sentir heureuse, sur l’acceptation de perdre le contrôle, sur la volonté de vivre et de s’épanouir. Le plus que j’ai aimé dans le personnage d’Ada c’est sa force. Adolescente déjà, elle a cette force, de tomber amoureuse comme si c’était un choix, le choix de vivre une expérience : « Je me suis décidée de tomber amoureuse quelques jours avant mon retour ». Ensuite elle décide d’arrêter d’aimer, comme si elle fermait une porte : « Je ne sais plus quel jour ou mois c’était quand j’ai décidé d’arrêter. De lui écrire et de l’aimer. J’ai arrêté d’un coup, comme si j’avais trouvé une porte que je pouvais claquer, laissant de l’autre côté le souvenir de ce garçon ». Puis, Ada, jeune femme, devient sage, obéissante, en se pliant aux exigences de son modèle, qui est un modèle parental et sociétaire. Et puis la maladie arrive et rallume la flamme de cette force, réveille la femme qui sommeille en elle. Je pense qu’il y a deux façons de vivre : ne pas prendre des risques pour ne pas regretter, par peur de la déception, de la souffrance ou de l’échec, par peur de la mort, à la fin. Et la deuxième, prendre le risque de vivre, de s’épanouir, d’être heureuse, d’accepter, coûte que coûte, ce que la vie nous offre. Tout amène Ada vers ce deuxième choix. Une ancienne professeur lui dit : « Dans la vie, ma chérie, rien n’est plus important que le bonheur, quoi que cela signifie pour toi. Donc, bats-toi de toutes tes forces et rends-toi d’abord heureuse, non pas célèbre ». F. son amoureux français lui dit : « Tu sais, Ada, dans l’amour, ou tu t’abandonnes complétement, ou tu laisses tomber. Autrement, tu risques juste d’apprendre à marcher sur un fil au-dessus du vide, avec la peur au ventre de la chute ». Pour moi, c’est un roman sur le courage de s’abandonner à ce que peut nous rendre heureux, le courage d’accepter le risque de perdre le contrôle. Ada ne veut pas être comme l’une de ces femmes-mères qu’elle a si souvent vues, celles qui ont arrêté d’être femmes au moment où elles sont devenues mères : « Leurs propres mères (des hommes NDA) ont cessées d’être femmes quand leurs fils sont nés. Elles leurs se sont dédiées totalement, en renonçant à leur prénom pour se faire appeler, même par leur mari, « maman » ». La force du personnage Ada, qui devient une des forces du roman, m’envoie à un autre livre, qui est un de mes livres de chevet, « Femmes qui courent avec les loups », de Clarissa Pinkola Estes. La force qui sommeille en Ada et qui se réveille dans un moment d’épreuve, c’est la force de la femme primordiale, la femme qui donne vie, qui, d’une certaine manière, fait tourner le monde : la « Louve ». 22
Quel est le message de ce roman ? D’accéder au bonheur car sans lui notre âme se couvre de poussière, se dessèche et perd son essence de femme ? « Comme ce que me disait ma cousine : dans l’avion, c’est toi d’abord qui mets le masque d’oxygène et ensuite tu lui mets à ton enfant ! ». Pour pouvoir donner de l’amour à l’autre, pour le rendre heureux, il faut d’abord se l’offrir à soi-même, se permettre d’être heureuse. Ou peut-être qu’il faudrait juste être en paix avec ce qu’on a réalisé, se contenter sagement de ce qu’on a déjà ? La condition humaine c’est cela, d’être en permanence à la recherche du bonheur. Mais une fois le bonheur acquis, l’humain voudra plus encore ou diffèrent. Que faut-il donc faire pour être heureux : vivre sagement ou vivre passionnellement ? Peut-on garder indéfiniment cet état de bien-être ? Que fera-t-on quand il passera ? Voilà des possibles messages et des questions que le roman de Ioana ouvre en perspective. Littérature féminine ? Écriture féminine ? Je dirais : universalité, actualité et force. » N ée en Roumanie, Florica Courriol vit en France depuis de nombreuses années. Elle est traductrice de littérature roumaine et traductologue, auteur d’une thèse de doctorat sur « Proust et le roman roumain moderne ». La philologue et essayiste Florica Courriol vit et travaille à Lyon. Chargée de cours de traduction à l’École Normale Supérieure de Lyon, elle publie des essais et articles dans des revues de spécialité et défend depuis un quart de siècle les grandes valeurs de la littérature roumaine. Elle a traduit surtout, mais pas seulement, des voix féminines et féministes du roman roumain moderne : Hortensia Papadat-Bengescu, Rodica Florica Courriol, traductrice de la Draghincescu, Marta Petreu, Magda Carneci et Corina Sabau. littérature roumaine et traductologue Ses dernières traductions du roumain en français sont les œuvres « La femme qui a mangé les lèvres de mon père » de Tudor Ganea (Le Nouvel Attila, 2020), « La Ville aux acacias » de Mihail Sabastian (Mercure de France, 2020), un classique de la littérature roumaine. Parmi ses derniers traductions du français au roumain on compte « Hiver à Sokcho » d’Elisa Shua Dusapin (paru aux éditions ZOE en 2016, et en roumain aux édiitons Eikon à Bucarest en 2020) et « Comme si de rien n’était » d’Alina Nelega (paru aux Éditions des femmes en 2021) . 23
Dans un entretien accordé à l’Association française « Desir de lire », Florica Courriol a partagé ses impressions sur métier. Comment êtes-vous venue à la traduction ? Un métier choisi ? « On me pose souvent la question de savoir comment j’en suis arrivée à la traduction et j’aime bien répondre : « par frustration ». Il se trouve que par mes études et mon parcours personnel je connaissais bien (ou, du moins, assez bien) la littérature roumaine qui était assez peu représentée dans les rayons des libraires de France (à part le trio Ionesco-Cioran-Eliade, et les romans de Virgil Gheorghiu qui doit surtout sa célébrité au film tiré d’un de ses livres, « La 25ème heure ». J’ai enseigné pendant quelques année la langue et la littérature roumaines à l’Université de Lyon et me suis rendu compte que l’on peut intéresser le public à une littérature écrite dans une langue rare à condition de lui proposer des textes attirants, des écrits de qualité. Le hasard a fait que je prépare mon doctorat sur Proust et sa « modélisation » en Roumanie, pays où son œuvre a été connue et admirée dès les années 1920 et pour illustrer ma thèse je n’avais sous la main qu’un roman de Camil Petrescu – le plus « proustien » des Roumains- publié chez Jacqueline Chambon, « Madame T. » dans la traduction de Jean-Louis Courriol ; or j’avais à cœur de parler – dans le contexte de l’influence d’ « À la Recherche du temps perdu » sur les romanciers roumains – de Hortensia Papadat-Bengescu, cheffe de file du roman moderne, entrée dans la littérature comme « auteure de féminités » – de nouvelles et récits d’une grande sensibilité, imprégnés de lyrisme si inhabituels que même les critiques n’ont pas trouvé de terme plus approprié que celui d’étranges « féminités ». Hortensia (HPB pour les fans) allait les surprendre bientôt par un roman « objectif » avec des personnages et thèmes qui pouvaient faire penser à l’univers proustien. Or il n’y avait rien d’elle qui soit traduit en français, j’ai dû traduire toutes mes citations et j’ai fini par traduire tout le roman « Concert de Bach » que l’éditrice Jacqueline Chambon a publié avec grand enthousiasme. Ce fut le début d’une activité qui me passionne encore énormément, au point que je me suis transformée en agent littéraire bénévole : je défriche, je m’enthousiasme, je me bats ensuite pour faire publier tel ou tel auteur roumain et souffre quand des textes qui auraient le même droit que ceux des anglophones ou de certains espagnols à se trouver sur les étals des libraires de France et d’ailleurs ne le peuvent pas. En conclusion : métier choisi. Mais qui m’a choisie aussi… » Comment vous situez-vous par rapport à l’auteur dont vous traduisez le livre? Co-créatrice? Comment travaillez-vous avec l’auteur, s’il est contemporain ? « Comme je le laissais comprendre dans la réponse précédente, je me place dans une relation d’empathie avec l’auteur, en tout cas et – d’abord ! – avec le texte que je choisis de traduire (j’ai rarement accepté des « commandes ») Quant à ma manière de traduire je suis plutôt proche de l’original, je dirais « sourciste » pour rester dans les termes consacrés de la traductologie. La seule « co-création » avec l’éditeur intervient parfois pour les titres ; d’une langue 24
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