Croissance et Caractérisation de Nanofils de Silicium
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Ecole Normale Supérieure de Lyon Université Claude Bernad Lyon 1 Avril - Juillet 2007 Stage de Master Recherche 2me année : Croissance et Caractérisation de Nanofils de Silicium Fabrice Oehler ? Laboratoire Silicium Nanoélectronique Photonique et Structure (CEA/DSM/DRFMC/SP2M/SiNaPS) Encadrants : Pascal Gentile (CEA), Thierry Baron (CNRS) ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE LYON
Résumé Résumé Avec une taille nanométrique contrôlée et une méthode de croissance relativement simple, les nanofils semiconducteurs sont les premiers nano-objets réalisés par approche "bottom-up" dont on envisage la fabrication en masse. Ils sont pressentis dans des rôles de capteur, de transistor ou simplement de connecteur entre deux autres composants. Aussi, il est impératif de maîtriser leurs propriétés électriques en plus de leurs dimensions et positionnement. A l’instar des semiconducteurs classiques, le dopage des nanofils de silicium semble être une solution simple pour contrôler la conductivité électrique et permettre la réalisation de fonctions électroniques variées. Sensible aux propriétés de surface, la croissance des nanofils en présence de dopant n’est pas triviale. Ce travail présente donc les changements morphologiques observés sur les nanofils de silicium, lorsqu’on réalise leur croissance par "dépôt chimique en phase vapeur" en présence du dopant aluminium. Suivant la température et la concentration en aluminium dans le mélange réactif, diverses structures ont été obtenues : absence de croissance, pyramides, "nano-arbres" et finalement nanofils. La caractérisation électrique de ces nanofils de silicium atypiques est actuellement en cours dans le laboratoire et les premiers résultats semblent indiquer une conductivité meilleure que les nanofils de silicium standards, sans aluminium. Le travail présenté ici ainsi que les compétences acquises pendant ce stage seront mis à profit dans une prochaine étude, au spectre plus large, qui sera réalisée pendant la thèse. i
Table des matières Table des matières Résumé i Introduction 1 1 Contexte 2 1.1 "Top-down" et "Bottom-up" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1.2 Dépôt Chimique en phase Vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 1.3 Nanofils de silicium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 1.4 Dopage du silicium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2 Dopage (2D) 6 2.1 Le dopage Aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.1.1 Dopage du SiC par Al . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.1.2 CVD et montage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.2 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.2.1 Expériences réalisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.2.2 Analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2.3 Commentaires et Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 3 Méthodes de dépôt de catalyseur 9 3.1 Méthodes existantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.1.1 Implantation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.1.2 Démouillage d’or . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.1.3 L’alumine nanoporeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.1.4 Réduction in-situ de micelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.1.5 Colloïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.2 Améliorations proposées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3.3 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3.4 Analyse et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 4 Croissance sans aluminium 12 4.1 Conditions expérimentales et résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 4.2 Influence de la température . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 4.3 Influence de l’orientation cristalline du substrat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 4.4 Perspectives et mécanisme VLS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 5 Croissance avec Aluminium 15 5.1 Croissance à haute température, 850°C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 5.1.1 Effet "lissant" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 5.1.2 Influence de l’orientation cristalline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 5.2 Croissance condition "nanofils", 750°C et 650°C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 5.2.1 Morphologie à 750°C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 5.2.2 Morphologie à 650°C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 5.2.3 Analyse et interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 5.3 Croissance condition "nanofils", 500°C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 5.3.1 Flux de silane normal, 20 sccm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 5.3.2 Flux de silane important, 50 sccm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 5.4 Caractérisation et perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 6 Récapitulatif des structures obtenues 22 Conclusion 23 Remerciements 24 Annexes 25 A Mesure électrique du dopage : capacité-tension 25 B Diagrammes binaires 29 Références 31 ii
Introduction Introduction Les propriétés physiques des matériaux de basse dimensionalité suscitent un grand intérêt dans la commu- nauté scientifique. Dans le domaine des nanotechnologies, l’accent est mis sur les structures uni-dimensionnelles (1-D) comme les nanofils ou les nanotubes, et les systèmes confinés (0-D), tels que les boites quantiques. Les nanofils sont des structures modèles qui permettent d’étudier les effets de la taille et de la dimensionalité sur les propriétés mécaniques[1], électriques[2] ou optiques des matériaux. En plus de ces recherches fondamentales, d’importantes études sont en cours afin d’utiliser ces nouvelles structures et leurs propriétés associées dans des "nano-objets" à vocation électronique[3], opto-électronique[4] électro-mécanique[5] ou biologique [6]. En se concentrant sur le matériau Silicium, emblématique de l’industrie micro-électronique, le laboratoire SiNAPS, Silicium Nanoélectronique Photonique et Structure 1 , le LTM, Laboratoire des Technologies de la Microélectronique 2 et le Leti-DOPT3 ont développé des compétences particulières dans la croissance de Nanofils de Silicium [7, 8, 9] et l’utilisation de ces nanofils dans des dispositifs optiques[10]. Ce rapport résume les approfondissements apportés pendant les quatre mois de stage à la partie croissance de nanofils et plus particulièrement dans le domaine du dopage. La première partie de ce document est dédiée à une description simple du dopage du Silicium et des moyens techniques nécessaires à la croissance des nanofils. La caractérisation du dopage dans les fils étant une tâche peu aisée, les premiers tests on été réalisés avec des couches minces de Silicium(2D). La deuxième partie de ce rapport présente la modulation de dopage de ces couches 2D en fonction des conditions expérimentales de dépôt. La croissance de nanofils nécessite en général une préparation particulière de la surface et l’utilisation de catalyseurs spécifiques[11]. La troisième partie de ce rapport montre les problèmes et les solutions mises en place pour la préparation des substrats utilisés en croissance. Combinant les résultats des deux parties précédentes, le dopage et la catalyse, la quatrième et dernière partie de ce rapport s’attache à montrer l’influence du dopant sur la morphologie des nanofils. La principale originalité du travail présenté ici est l’utilisation d’impuretés dopantes pendant la croissance pour réaliser "la Croissance de Nanofils de Silicium Dopés". Les résultats obtenus sur la croissance et le dopage des nanofils pendant ce stage posent les bases d’une étude plus importante sur les mécanismes de conduction électrique dans les nanofils de Silicium. 1 CEA/DSM/DRFMC/SP2M/SiNaPS sur le site du CEA grenoble 2 CNRS/LTM sur le site du CEA grenoble 3 CEA/DRT/LETI/DOPT, Département d’optronique du Laboratoire d’Electronique de Technologie de l’Information 1
1. Contexte 1 Contexte 1.1 "Top-down" et "Bottom-up" Depuis début 2007, Intel possède une chaîne de fabrication, aussi appelée "fab" dans le jargon du milieu, de microprocesseurs grand public, les Core 2 Duo, gravés à une finesse de 65 nm. Fin 2007, Intel disposera d’une "fab" sur substrat 300mm, gravé en 45 nm pour la production de leur nouveau processeur (Penryn)4 . D’autres constructeurs, comme IBM, annoncent d’importants progrès technologiques en gravure5 leur permettant de graver en 25 nm d’ici 2009. Il y a quelques années, on opposait encore les deux approches suivantes : – l’approche "top-down" , retenue par l’industrie micro-électronique, procède par cycles successifs de dépôt et gravure pour fabriquer les composants électroniques. Avec cette technologie, la taille des structures est limitée par la finesse des masques de gravure et les procédés optiques de projection. – l’approche "bottom-up" , plus marginale, vise à faire croître directement sur le substrat la structure voulue, en se reposant sur des phénomènes d’auto-organisation ou l’utilisation de surface "patternée"6 , pour disposer les composants de manière contrôlée. Partant de briques de base atomiques ou presque, les approches "bottom-up" pourraient permettre de fabriquer des composants de taille nanométrique plus petits que l’approche "top-down" et à moindre coût. Cependant les problèmes technologiques et scientifiques sont très importants et la quasi-totalité des procédés "bottom-up" n’en sont pour l’instant qu’au stade expérimental. Avec des procédés commerciaux de gravure atteignant la dizaine de nanomètres, les approches "top-down" atteignent des finesses auparavant réservées aux seuls procédés de croissance. Compte tenu de la différence de maîtrise technologique, il est peu probable de voir les approches "bottom-up" concurrencer les technologies de gravure pour la fabrication des composant usuels (transistors, résistance), au moins pour quelques années encore. On pourrait donc penser que l’intérêt des approches "bottom-up" est limité. Cependant il faut garder à l’esprit que les géométrie des structures obtenues ne sont pas du tout les mêmes : les procédés de gravure restent limités à des structures presque plates (2D) tandis que les procédés de croissance évoluent dans les trois dimensions (3D). L’intérêt de l’approche "bottom-up" est donc de concevoir et imaginer de "nouveaux" composants, en utilisant la liberté accordée par les différents modes de croissance. Ces nouveaux composants pourraient ensuite être incorporés dans des circuits existants, trouvant ainsi une application à court terme. Dans cette optique d’intégration, les nanofils de silicium sont des objets très prometteurs. En effet, la très grande majorité des procédés de fabrication (gravure) étant développée pour ce matériau, on peut profiter de plusieurs facilités : – une partie du savoir-faire technique des procédés silicium usuels est transférable directement aux nanofils de silicium – le matériel utilisé pour la croissance est standard dans l’industrie microélectronique – l’utilisation à grande échelle et l’incorporation dans les chaînes de production existantes est envisageable En particulier, la synthèse des nanofils de silicium est réalisée par "dépôt chimique en phase vapeur", CVD7 en anglais , un procédé de fabrication standard, à la base des dépôts industriels de couches minces. 4 pour plus d’informations : www.intel.com/technology 5 procédé de gravure humide utilisant une optique à immersion en éclairage en ultraviolet. Pour plus d’information : www.ibm.com 6 les sufaces "patternées" présentent des motifs réguliers qui sont dessinés et localisés par une intervention humaine (masque de dépôt, lithographie). Elles s’opposent dans leur fabrication aux surfaces auto-organisées, sur lesquelles la localisation et la forme de structures sont contrôlées exclusivement par les conditions générales de fabrication (pression/température/. . .) 7 CVD : Chemical Vapor Deposition 2
1.2 Dépôt Chimique en phase Vapeur 1.2 Dépôt Chimique en phase Vapeur, CVD Le dépôt chimique en phase vapeur, CVD, est un des outils les plus performants pour le dépôt de couches minces à une échelle industrielle. Par rapport aux autres méthodes comme la sublimation ou l’évaporation, la CVD utilise des gaz précurseurs réactifs qui se décomposent sur l’échantillon sous certaines conditions de température et de pression. Une très grande variété de matériaux peut Tube Chauffage Echantillon Suscepteur en graphite être déposée par CVD, car beaucoup de (Plate) précurseurs sont disponibles sur le marché. Pompage De plus, en ne travaillant pas sous (ultra)vide Entrée gaz mais avec une phase gazeuse à pression ré- duite (20 mbar à 500 mbar), les vitesses de croissance sont plus rapides qu’avec les Gaz porteur H2 autres méthodes. Les couches déposées pré- SiH4 AlMe3 P = 20 mbar Pompage T = 500 - 900 °C sentent aussi une grande uniformité de com- position et d’épaisseur ce qui permet d’utili- ser des substrats de grande surface. Fig. 1 – Schéma type d’un réacteur CVD Un réacteur CVD est un réacteur ouvert qui fonctionne sur le principe suivant : – un tube en quartz est maintenu à pression constante (de 20 à 1000 mbar) grâce à équilibre entre les injecteurs de gaz et le système de pompage. – dans la grande majorité des cas, le tube est parcouru par un mélange entre un gaz porteur (inerte) et les précurseurs (réactifs). La présence de ce gaz porteur permet d’ajuster plus facilement les débits, en découplant le débit total et les débits des gaz réactifs. – en amont de l’échantillon, on assure un flux de gaz laminaire très stable, parallèle à la surface. Les propriétés d’écoulement de ce flux sont très importantes car elles garantissent la qualité des dépôts obtenus. – l’échantillon est thermostaté par un élément chauffant. L’homogénéité thermique est aussi très importante vis à vis de la qualité du dépôt. – à la surface de l’échantillon, les précurseurs réagissent et on dépose le matériau souhaité. Le mélange gazeux (gaz porteur, précurseurs et leurs produits de décomposition) est ensuite entraîné vers le système de pompage. Dans le cas de la CVD du silicium, les gaz précurseurs usuels sont le Silane (SiH4 ) ou la famille des Chloro-silanes (SiCl4 , SiH2 Cl2 . . .). Les deux gaz porteurs sont les plus utilisés sont l’argon et le dihydrogène (H2 ). La décomposition du silane est très complexe[12] mais le principe général peut s’exprimer de la manière suivante : SiH4gaz ⇐⇒ SiH4surf ace =⇒ SiH4−x + x/2 H2 =⇒ Siatomique + 2H2gaz La plupart du temps, on suppose que les propriétés de la couche mince obtenue sont complètement déterminées par le choix des précurseurs, du gaz porteur, de leur débit respectif et de la pression du réacteur. Cependant il ne faut pas oublier la dynamique du mélange de gaz à la base de ce procédé de dépôt[13]. En particulier ce sont les conditions au plus près de la surface qui déterminent vraiment les réactions chimiques mises en jeu. La détermination de ces conditions implique de modéliser la couche limite de décollement entre l’échantillon et le flux laminaire, ainsi que la diffusion des précurseurs à travers cette couche limite. L’étude des propriétés hydrodynamiques ou aérodynamiques des réacteurs et leur modélisation constitue une science en soi[13]. Aussi dans la suite de ce rapport on considère que les paramètres standards, pression du réacteur, température, temps de dépôt, type de gaz utilisé et pressions partielles des précurseurs8 déterminent complètement les propriétés des structures obtenues. Pour les nanofils de silicium dopés on aura donc : – la pression totale du réacteur (20 mbar), – la température (entre 450°C et 850°C), – le débit de dihydrogène, gaz porteur, – le débit du silane (précurseur silicium) et celui de triméthyle d’aluminium (précurseur du dopant), – temps de dépôt (40 minutes environ), soit déjà six paramètres expérimentaux à combiner ! 8 à pression totale fixe, les pression partielles des précurseurs sont ajustées via leur débit respectif par rapport au débit du gaz porteur. 3
1.3 Nanofils de silicium 1.3 Nanofils de silicium Le terme "nanofil" est en fait assez général : il désigne un objet de forme tubulaire présentant un diamètre de quelques nanomètres à plusieurs centaines de nanomètres. C’est donc un "nano-objet" au sens large ! A l’opposé des nanotubes de carbone, creux, les nanofils sont des objets "pleins", quelques articles leur préfèrent même le terme de nano-piliers, plus explicite mais cependant moins utilisé . La croissance de nanofils n’est pas une découverte récente. Dès 1964, Wagner et Ellis[14] rapportent la synthèse de "whiskers" de silicium, des fila- ments monocristallins très résistants aux effort mécaniques, par une méthode de CVD à base de SiCl4 . Sur l’image de gauche, Fig. 2, on distingue très nettement la présence d’un catalyseur métallique à la "tête" du nanofil, caractéristique du mécanisme de croissance Vapor Liquid Solid, VLS, introduit dès l’origine par Wagner et Ellis[14]. Fig. 2 – Nanofils de silicium sur Si Le mécanisme VLS est plus longuement explicité par Givargizov dans les années 1970 [15, 16] avec l’obser- vation et l’interprétation d’instabilités dans la croissance des nanowhiskers de silicium ou de germanium. Le mécanisme VLS communément admis est le T°C 1420°C suivant : Liquide – le précurseur gazeux, silane, s’adsorbe sur le ca- 1063°C Precipitation talyseur métallique (liquide) – la molécule SiH4 est "craquée", ce qui alimente Equilibre Sursaturation en silicium la bille liquide de catalyseur – le mélange liquide se sursature en silicium Liq+ Liq+Si(Sol) – à partir d’une certaine concentration, la sursatu- Au(Sol) 370°C ration débouche sur la précipitation d’un phase de silicium solide sous la bille de catalyseur Solide Remarque : le catalyseur métallique peut être solide, on parle alors de croissance "VSS" pour 0% 18,6% Fraction atomique en Silicium 100% Vapor Solid Solid Fig. 3 – Diagramme binaire Au-Si Le processus étant entretenu par un flux continu de précurseur gazeux, la bille de catalyseur est constamment sursaturée et ne peut pas revenir à l’équilibre thermodynamique. A la place, il se développe un flux de matière qui apporte les atomes de silicium de l’interface liquide-vapeur vers l’interface liquide-solide. Ce type de processus de croissance est très général[17] et il est envisageable sur tous les matériaux qui présentent un diagramme de phase similaire : un mélange liquide ou solide9 , qui, sursaturé, précipite vers une phase solide. Le lecteur pourra se reporter à l’annexe B pour d’autres binaires (Al-Au, Au-Si . . .). Sous son apparente simplicité, le mécanisme VLS cache une grande complexité : il s’agit en effet d’un régime permanent, pas d’un équilibre thermodynamique. A de rares exceptions près[18, 8], cette absence d’équilibre n’est que peu ou pas prise en compte. La grande majorité des articles préfère trouver des minima de l’énergie libre du système pour expliquer la forme des nanofils ou l’existence d’un diamètre critique[19, 20]. 9 Solution liquide : eutectique Au/Si. Solution solide : composés définis, siliciures . . . 4
1.4 Dopage du silicium 1.4 Dopage du silicium Le principe de fonctionnement des composants électroniques actuels repose sur la juxtaposition de matériaux aux propriétés électroniques différentes. Pour réaliser des composants à base de silicium uniquement, il est nécessaire de moduler les propriétés de conduction. Ceci est réalisé par l’introduction d’impuretés dopantes dans le silicium. Bien que le contrôle du dopage soit très technique, c’est une activité routinière de l’industrie microélectronique qui est très bien documentée. Le silicium à l’état pur est un semi-conducteur intrinsèque, avec un niveau de 5 BC Fermi (EF ) placé au milieu du "gap", entre une bande de valence pleine (BV) et une bande de conduction vide (BC). Vis à vis des propriétés de conduction, il est nécessaire de posséder des porteurs 0 Gap mobiles pour permettre l’établissement d’un courant électrique. Avec une BC vide, une BV totalement remplie et aucun état permis dans le gap, la seule BV possibilité est la génération thermique de paires électrons-trous à travers tout le -5 gap du semi-conducteur. Avec un gap de 1,1eV, comparé à kT ' 25 meV (à 300K), la probabilité de -10 générer un telle paire est extrêmement faible. De plus le gap du silicium étant indirect (déphasé dans l’espace réciproque), il n’est pas possible de générer ces L Λ Γ ∆ X paires directement avec une source de lumière : un couplage avec les phonons est nécessaire et la probabilité de cet événement est encore plus rare. Le silicium Fig. 4 – Diag. de bande du pur est donc extrêmement résistif à température ambiante. silicium, adapté de [21] Cependant toutes ces propriétés de conduction sont extrêmement sensibles à la présence d’impuretés : il suffit d’introduire dans le gap des états accepteurs d’électrons proches de la BV et/ou des état donneurs d’électrons proches de la BC pour disposer à nouveau de porteurs mobiles. BC BC BC Ef Ef ini Ef Ef Ef ini BV BV BV SC intrinsèque Sc dopé P Sc dopé N Fig. 5 – Semiconducteur intrinsèque, dopé p et dopé n Les impuretés dopantes type p du silicium sont les éléments de la colonne III de la classification périodique : B, Al, Ga. . . Ils présentent tous un électron de valence de moins que le silicium. En présence d’un dopage p classique, il existe un état libre, proche de la BV, mais localisé sur l’impureté, qui peut capter un électron de la BV donc générer un trou. Inversement les impuretés dopantes type n sont les éléments de la colonne V : P, As. . . qui peuvent injecter un électron dans la bande de conduction. Le dopage peut être mesuré de plusieurs manières : – Analyse chimique : la structure est détruite et on extrait les impuretés de la matrice. On accède alors au nombre d’impuretés implantées dans le matériau (exemple : SIMS, Secondary Ions Mass Spectroscopy) – Mesure électrique : on réalise des structures dont les propriétés de conduction permettent de remonter au dopage effectif du matériau, "jonction unilatérale" (cf Annexe A), transistor . . . La périodicité du réseau cristallin et celle associée du potentiel coulombien sont responsables de la structure de bande des semiconducteurs et des états électroniques délocalisés associés aux porteurs libres. Aussi, si la présence d’une impureté rompt ou distord fortement la structure cristalline, les états électroniques associés (de l’impureté et du réseau proche) se localisent et ne peuvent plus participer au transport électrique global. Inversement, si l’impureté est dans un site cristallographique adapté (dopage interstitiel, dopage par substitu- tion), le couplage entre l’ impureté et le réseau (dopage) est efficace et les propriétés électriques du matériau sont affectées. L’analyse chimique et les mesures électriques donnent donc des résultats complémentaires qui permettent de différencier les impuretés incorporées des impuretés actives électriquement. 5
2. Dopage (2D) Remarques importantes : 1) Il faut que les niveaux des impuretés p(ou n) soient proches de la BV (BC) pour réaliser efficacement l’injection de trous (électrons) à température ambiante. Cependant on se place généralement dans l’approximation des "impuretés totalement ionisées" où cette condition est toujours réalisée. 2)Un semiconducteur à l’équilibre est toujours neutre électriquement. Les impuretés ionisées, charges fixes, voient leur charge exactement compensée par les porteurs mobiles (électrons/trous) qu’elles ont injectés. 3) Il y a 5.1022 atomes de Si par cm3 . Un dopage très important (p++ ) présente un nombre d’impureté supérieur à 1018 at/cm3 (>100ppm) , les semiconducteurs dopés de cette manière sont dit "métalliques" ou "dégénérés" et présentent une très faible résistivité. A l’opposée, un régime intrinsèque de dopage, noté I, est de l’ordre de 1014 at/cm3 à 1015 at/cm3 (
2.2 Résultats expérimentaux 2.1.2 CVD et montage La mise en place de la ligne d’alimentation de TMA sur la machine de dépôt CVD, "Epigress", n’a pas été immédiate. En effet, l’Epigress est un machine semi-industrielle située au LETI11 /DOPT dont les commandes sont presque entièrement informatisées. L’actionnement des vannes est commandé par un logiciel propriétaire qui ne permet pas d’injection du TMA dans le tube dédié au dépôt silicium. Il a donc fallu modifier le panneau d’arrivée de gaz et installer des contrôles manuels pour pouvoir réaliser les expériences de dopage. Vannes gaz Controle Manuel Fig. 6 – Epigress, bâti de CVD, CEA/LETI Fig. 7 – Vannes manuelles Le mode de travail est donc semi-automatique : l’arrivée du TMA est contrôlée manuellement, en contournant les commandes du logiciel, tous les autres paramètres (gaz, température, pressions. . .) restent sous contrôle informatique. 2.2 Résultats expérimentaux Comme indiqué en 2.1.1, l’implantation de l’aluminium dépend beaucoup des conditions expérimentales[23]. 2.2.1 Expériences réalisées Pour l’étude du dopage 2D, un seul type de substrat a été utilisé : du silicium dopé p intrinsèque, (' 1015 at/cm3 ), orienté . Suivant les conditions de dépôt, une couche mince (2D) de composition variable a été déposée sur ce substrat. C’est cette couche mince qui est ensuite caractérisée électriquement12 pour déterminer l’efficacité du dopage. Le nombre de paramètres expérimentaux qui conditionnent un dépôt CVD est très important (cf. 1.2). Aussi pour réduire le problème, nous avons sélectionné les deux paramètres les plus pertinents pour le dopage : la température de dépôt et la pression partielle de TMA dans le réacteur. Nous avons donc travaillé à pression partielle de silane fixée, à pression totale fixe et à temps de dépôt fixe pour tous les échantillons. Remarque : peu de publications de CVD utilisent les pressions partielles pour décrire leurs conditions expérimentales. A la place on trouve souvent les débits des gaz utilisés en sccm : "Standard Cubic Centimeter per Minute", soit le débit en cm3 /min dans les conditions de température et de pression standard (1 bar, 300K). La donnée de tous les débits permet de connaître la composition du mélange gazeux à l’entrée du tube. En se plaçant dans l’approximation des gaz parfaits, on peut alors calculer les pressions partielles avec la loi de Dalton Pi = xi .Ptotale . Ce modèle grossier est suffisant pour le calcul rapide des pressions partielles, qui régissent les équilibres thermodynamiques, mais il peut être amélioré en utilisant des modèles de gaz plus complexes (Van Der Waals, gaz réels . . .). Nous avons réalisé des dépôts à plusieurs températures : 850°C, 750°C, 650°C, tout en variant la composition du mélange de TMA injecté : 1%, 1.5%, 3% et 6% de TMA dans H2 . 11 le LETI, Laboratoire d’Electronique et de Technologies de l’Information, CEA/DRT, est un laboratoire de recherche tourné vers l’industrie. 12 on rappelle qu’une mesure électrique indique le nombre d’impuretés qui sont électriquement actives, pas leur nombre total. 7
2.2 Résultats expérimentaux La caractérisation électrique du dopage a été réalisée par montage Capacité-Tension à électrode de mercure (cf. annexe A). Cette méthode permet de mesurer le dopage d’une couche mince lorsqu’il est situé entre 1015 (régime faiblement dopé) et 1018 (semiconducteur dégénéré). 2.2.2 Analyse Le graphique ci-dessous, Fig. 8 présente le dopage mesuré en fonction des conditions expérimentales : concentration en aluminium dans la phase gazeuse et température du réacteur. Les 15 dépôts ont été réalisés sur le même substrat : du silicium , dopage type p, 3.1015 at/cm3 . Cette valeur de référence est indiquée sur le graphique par la ligne horizontale rouge ("Ref"). Densité impuretés dopantes Dopage Silicium 2D (at/cm3) 1,00E + 19 4,00E+18 1,30E+18 1,00E + 18 1,20E+18 4,00E+17 850°C 3,00E+17 750°C 1,10E+17 1,00E + 17 1,00E+17 650°C recuit 5,00E+16 5,00E+16 650°C 3,50E+16 3,00E+16 Ref 1,00E + 16 7,50E+15 7,95E+15 3,80E+15 3,00E+15 3,90E+15 3,20E+15 3,20E+15 1,00E + 15 Teneur en TMA du mélange réactif 0,0% 1,0% 2,0% 3,0% 4,0% 5,0% 6,0% Fig. 8 – Efficacité du dopage suivant les conditions expérimentales Nous observons donc que le dopage est une fonction croissante de la concentration en aluminium. La mesure du dopage est donc cohérente avec les conditions de dépôt : plus le mélange est riche en aluminium, plus le nombre de dopants actifs est important. Bien que très simple, cette observation nous permet de valider toute notre approche expérimentale : le dopage in-situ par l’aluminium des couches minces de silicium est possible dans les conditions usuelles de croissance des nanofils. Les mesures haute température, 850°C et 750°C, évoluent de manière similaire : le nombre de dopant actif augmente rapidement avec la concentration en Al. On passe ainsi d’un régime intrinsèque (1015 at/cm3 ), à un dopage p(1016 at/cm3 ) pour un mélange à 1%, puis p+(1017 at/cm3 ) à 1,5% puis finalement p++(> 1018 at/cm3 ) à 3% et au dessus. Au-dessus de 1018 at/cm3 , la méthode de mesure capacitive n’est plus adaptée. Cependant à ce niveau de dopage, le semi-conducteur est presque dégénéré. Réaliser des dopages plus importants n’est utile que pour des applications très spécifiques, aussi nous n’avons pas privilégié cette voie (une seule expérience à 6%). A 650°C, les niveaux de dopage mesurés sont très inférieurs : on atteint difficilement un dopage p(7, 9.1015 ) à 3% alors que les expériences à plus haute température indiquent déjà p++. Cependant on ne mesure ici que les dopants électriquement actifs. Deux hypothèses sont donc envisageables : – à 650°C, l’aluminium ne s’incorpore pas bien dans la matrice de silicium, il y a moins de dopants – à 650°C, la matrice de silicium n’est pas parfaite et les dopants aluminium ne peuvent pas participer à la conduction Nous avons donc complété cette étude du dopage 2D en effectuant un "recuit d’activation" 13 des couches minces réalisées à 650°C. Ce traitement thermique permet de réduire le nombre de défauts cristal- lins dans les couches minces, ce qui a pour effet d’activer électriquement les dopants si ces derniers sont présents. 13 recuit activation : 850°C sous azote, 800 mbar pendant 3 minutes 8
2.3 Commentaires et Perspectives Après recuit des échantillons de la "série 650°C", les mesures montrent un taux de dopage 10 à 100 fois plus important qu’avant le recuit à 850°C. On peut donc conclure que l’aluminium est présent dans les couches minces réalisées à 650°C mais qu’il n’est pas incorporé dans les bons sites cristallographiques (substitutionnels) pour être actif électriquement. Un observation plus attentive des résultats montre que pour les mélanges à 1% et 1.5% d’Al, on obtient aux incertitudes de mesure près le même dopage pour les échantillons recuits et ceux à réalisés à haute température. En première approximation, on peut donc considérer que la décomposition du TMA libère la même quantité d’Aluminium dans la matrice Si que l’on soit à 650°C ou à 850°C. Cependant il faut relativiser la conclusion précédente car pour des débits de TMA supérieurs, l’échantillon recuit présente un dopage inférieur. La température influe donc sur le taux d’incorporation de l’aluminium dans la matrice si le débit de TMA est assez important. Du point de vue de l’efficacité du dopage, ce phénomène reste assez marginal par rapport à la variation du nombre de défaut dans la matrice silicium. 2.3 Commentaires et Perspectives D’après les résultats du dopage Al sur SiC (cf. 2.1.1), les résultats présentés en 2.2.2 ne sont pas surprenants. Le TMA se décomposant aux alentours de 100°, une variation de température de 650°C à 850°C n’a pas d’effet important sur le nombre d’atomes d’aluminium disponibles pour l’incorporation (du moins pour les faibles débits de TMA). Il est possible de faire croître du silicium en épitaxie au dessus de 750°C et en dessous de 650°C[24], cependant le lieu d’intégration des atomes d’aluminium change avec la température. A basse température, la diffusion thermique est très limitée et ne permet pas aux atomes de s’incorporer correctement dans le réseau cristallin. Les croissances réalisées à 650°C sont donc très éloignées des conditions optimales d’incorporation. Le recuit d’activation après la croissance permet de réduire les défauts et donne de la mobilité aux atomes aluminium, ce qui active électriquement les dopants présents dans la structure. On dispose donc maintenant d’une base de travail sur le dopage in-situ Al des couches minces de silicium déposées par CVD. Dans l’optique de la croissance de nanofils dopés, ce travail délimite les conditions expéri- mentales pour un dopage efficace. Cependant il est nécessaire de poser d’importantes réserves : – la géométrie plane (2D) des couches minces, de même que leur épaisseur ( > 1µm), sont très différentes d’un nanofil (1D) de silicium, dont le diamètre n’excède pas 500 nm. – le mode de croissance est complètement différent. Une couche mince se construit par décomposition du silane sur une surface de silicium, alors qu’une croissance de nanofils se base une décomposition privilégiée du silane sur un catalyseur (cf 1.3). Pour une croissance efficace de nanofils, on cherche à limiter la décomposition 2D du silane et à maximiser la décomposition catalysée. Dans ces conditions, rien ne permet d’affirmer qu’il soit possible d’incorporer l’aluminium dans le catalyseur métallique. Cependant c’est à cette condition que l’on peut espérer obtenir la croissance directe d’un nanofil dopé in-situ. Le choix d’un catalyseur, de ses propriétés chimiques et de sa taille sont des paramètres critiques pour la croissance des nanofils. 3 Méthodes de dépôt de catalyseur La littérature rapporte un nombre important de catalyseurs métalliques pour la croissance de nanofils de silicium. L’exemple le plus courant est l’or[14], catalyseur historique de la découverte de la croissance VLS, mais aussi le fer[25], l’aluminium[26] ou encore le nickel[27]. Le point commun de tous ces métaux est de présenter diagramme binaire silicium-métal qui satisfait au mécanisme de croissance VLS (cf 1.3). Il forment donc tous un eutectique ou un composé défini, qui sursaturé peut précipiter vers une phase solide de silicium pur. En plus de leur nature chimique, qui conditionne l’aspect thermodynamique rappelé ci-dessus, la taille des catalyseurs est un aspect fondamental de la croissance de nanofils. En effet le diamètre de la goutte de catalyseur conditionne directement le diamètre du nanofil[28] : un catalyseur d’or de 50 nm de diamètre entraîne la croissance d’un nanofil de 50 nm de diamètre environ. Le mécanisme de croissance VLS impose également que le nanofil soit placé sous le catalyseur et pousse dans une orientation cristallographique privilégiée. Ainsi si on maîtrise la localisation des catalyseurs avant la croissance, il est possible de définir le lieu et la direction de croissance des nanofils[29]. 9
3.1 Méthodes existantes En maîtrisant la taille des catalyseurs, leur emplacement et le temps de dépôt, on contrôle simplement et complètement toutes les propriétés géométriques d’un nanofil : dimensions latérale et longitudinale, direction de croissance et localisation. Ces trois points réunis font du dépôt de catalyseur une étape cruciale à ne pas négliger. 3.1 Méthodes existantes 3.1.1 Implantation Cette technique est directement issue des méthodes usuelles de dopage de l’industrie microélectronique. Elle utilise d’abord un canon à ions pour implanter des atomes d’or dans un substrat de silicium, puis ce substrat est recuit à 350°C / 400°C pendant une heure. Lors de ce traitement thermique des "clusters" d’or se forment sur la surface avec une taille plus ou moins contrôlée, 50nm à 200nm. Ces derniers peuvent alors servir de catalyseur à la croissance de nanofils [30]. Le bombardement ionique inflige cependant des dégâts considérables à la surface, ce qui détruit en particulier la "couche d’accroche" du nanofil. En conséquence il n’est pas possible de contrôler efficacement la direction de croissance. De plus la dispersion en taille des "clusters" est vraiment trop importante. Cette technique est donc complètement marginale et ne répond pas aux attentes présentées précédemment. 3.1.2 Démouillage d’or La méthode la plus simple pour déposer un catalyseur d’or est d’évaporer un film d’or, d’épaisseur contrôlée sur la surface et de recuire le substrat. Lors de ce traitement thermique, le film solide d’or passe à l’état liquide et démouille en petites gouttelettes sur le substrat. Suivant l’épaisseur initiale d’or déposée, on a une distribution plus ou moins large des tailles de gouttelettes[31, 32]. Typiquement, pour une épaisseur de 20Å, les gouttelettes obtenues ont une distribution de taille assez large, centrée sur 50 nm (diamètre) mais déplacée vers les petits diamètres (20-30 nm). Pour une épaisseur d’or initiale de 7Å, la distribution est plus resserrée et centrée sur des tailles un peu plus petites (30 nm et moins). La simplicité de cette technique couplée à la conservation des paramètres cristallographiques du substrat ont fait de cette méthode la référence du dépôt de catalyseur dans la littérature. 3.1.3 L’alumine nanoporeuse En utilisant des méthodes électrochimiques, il est possible de fabriquer des membranes d’alumine poreuse, auto-organisées avec des pores de dimensions contrôlées. Une fois cette structure obtenue, on dépose de l’or au fond des pores puis on démarre la croissance. Le pore détermine la taille latérale du nanofil et l’orientation du pore donne la direction de croissance du nanofils. L’(auto)organisation des pores est de plus transférée aux nanofils de silicium. C’est une technique prometteuse mais qui nécessite de bien contrôler la structure initiale de l’alumine poreuse[33, 9]. 3.1.4 Réduction in-situ de micelles Cette technique se base sur les propriétés physico-chimiques des micelles inverses en solution organique. Elle n’a été mise en oeuvre que très récemment[1] mais son principe mérite que l’on s’y intéresse. On utilise des micelles inverses d’eau additionnée de chlorure d’or dans une solution organique. La taille des micelles est contrôlée par les surfactants qui composent sa paroi, alors que la quantité d’or est contrôlée par la concentration en chlorure d’or dans les micelles. Les micelles étant des entités chargées, il est possible de les diriger avec un champ électrique, puis de réduire l’or qu’elles contiennent sur une électrode. Au terme de cette étape, l’électrode est parsemée de petits amas d’or de taille calibrée, chacun issu de la réduction d’une seule micelle. De cette manière on contrôle la taille et la localisation de manière indépendante avec une très grande finesse. 3.1.5 Colloïdes Cette méthode utilise des colloïdes d’or, commerciaux, de concentration et taille connues pour servir de catalyseur. Ici taille et forme sont des données constructeur, donc très bien calibrées. Le problème principal est le dépôt reproductible et contrôlé de ces colloïdes d’or sur la surface. 10
3.2 Améliorations proposées Afin d’empêcher leur agglutination, les colloïdes d’or sont recouverts de citrates. Ce triacide présente à pH neutre deux fonctions carboxylates (COO− ), chargées négativement, ce qui permet de dresser une barrière électrostatique s’opposant aux forces de Van der Waals. En plus d’empêcher l’agglutination des colloïdes, ces charges permettent de les diriger vers une surface. Aussi la principale méthode utilise un polymère de lysine[29], acide-aminé chargé positivement à pH neutre, qui déposé sur la surface attire les colloïdes. Cette technique est typiquement issue des tests biologiques, où l’on essaye d’accrocher des marqueurs divers, comme les colloïdes d’or, sur des molécules organiques. Cependant lors d’une croissance CVD à 500°C, les résidus organiques carbonisent et polluent la surface. Un recuit sous oxygène permettrait d’éliminer ce problème, mais il oxyderait le silicium en silice amorphe (Si02 ), d’où une perte de l’orientation cristalline. L’autre méthode de dépôt est issue de l’étude des surfaces auto-organisées[34, 35]. Ici le champ qui dirige les colloïdes est simplement produit par une électrode, positive, qui attire les colloïdes négatifs vers sa surface. Si le champ est faible et maintenu durablement, on a obtient une surface auto-organisée de colloïdes d’or. Si le champ est assez important et le dépôt bref, il est possible d’obtenir des colloïdes séparés. Cette méthode est très attrayante car très directe et facile à mettre en oeuvre. Elle souffre cependant d’un problème d’électrochimie basique. Les colloïdes sont conservés dans une solution aqueuse pour que les citrates restent chargés négativement. Or dans une solution aqueuse, l’électrode positive est le siège d’une oxydation. Avec un potentiel redox de 0.82V, l’oxydation du silicium en silice est très facile et la surface de l’électrode se couvre très rapidement d’un oxyde électrochimique amorphe. On perd alors l’information cristallographique de la surface. Remarque : il faut que le substrat soit conducteur pour pouvoir appliquer un potentiel. Actuellement, les colloïdes n’ont pas beaucoup de succès vis à vis des expérimentateurs car ils ont un faible rendement de croissance , cad nanofil/catalyseur déposé. Cela s’explique en partie par la pollution de surface générée par les deux méthodes (lysine et électrodéposition). Dans le but d’améliorer ce rendement et de profiter pleinement de la très faible dispersion en taille des colloïdes, nous avons proposé des améliorations aux méthodes précédentes pour aboutir à une nouvelle technique de dépôt. 3.2 Améliorations proposées *Cette partie reste confidentielle car une étude de brevet est en cours* 3.3 Résultats Cette nouvelle méthode de dépôt a permis de déposer des colloïdes sur substrats variés, en limitant la pol- lution de surface. Les tests de croissance de nanofils (conditions standards, sans dopant) montrent un très bon rapport nano- fils/colloïdes déposés : de 10% à 20% de rendement pour les anciennes méthodes, on passe à environ à 80% de réussite avec le nouveau procédé. 3.4 Analyse et perspectives La maîtrise des catalyseurs, de leur localisation et de l’état de surface sont des étapes clefs dans la préparation des substrats. Un substrat propre, avec des catalyseurs localisés précisément et de taille calibrée détermine une grande partie de la morphologie des nanofils obtenus. On peut alors envisager de réaliser directement par croissance de petits dispositifs, allant de simples contacts à des structures plus complexes. Fils localisés Pad de connection diamètre controlé longueur controlée Avant la croissance Après la croissance Zone de dépot controlé Fig. 9 – Exemple d’un dispositif simple à base de nanofils, reposant sur le dépôt contrôlé de catalyseur 11
4. Croissance sans aluminium 4 Croissance sans aluminium Ayant posé les bases du dopage par CVD (partie 2) et de la préparation de surface (partie 3), nous pouvons maintenant étudier la croissance des nanofils de silicium dopés. En pratique, dans le temps imparti par le stage, les trois aspects (dopage, catalyse et croissance) ont été menés en parallèle. C’est pourquoi les échantillons présentés ici ont utilisé des catalyseurs à base d’or dé- mouillé (cf. 3.1.2 ) plutôt que des colloïdes (cf. 3.1.5 et 3.2), car la méthode de dépôt n’était pas encore au point. Afin de minimiser le nombre d’expériences, l’étude du dopage présentée en 2 a été directement combinée à la croissance des nanofils. Pour chaque dépôt CVD, on a donc utilisé plusieurs types de substrat : – des substrats usuels, non catalysés, destinés à la synthèse des couches minces pour la caractérisation du dopage 2D – des substrats avec catalyseurs (or démouillé), pour la croissance de nanofils Bien que plus complexes à gérer (plus de 200 échantillons sur l’ensemble des 35 dépôts CVD) , ces expériences combinées permettent d’assurer que les nanofils et les couches minces 2D soient réalisés dans les mêmes conditions expérimentales. En premier lieu, nous avons réalisé des croissances "références", sans dopage aluminium. Les nanofils cor- respondants ont pu ainsi être facilement comparés à la littérature. 4.1 Conditions expérimentales et résultats Toutes les croissances ont été réalisées dans les conditions suivantes : – pression du réacteur : 20 mbar – débit de dihydrogène : 3,7 L/min (gaz porteur) – temps de dépôt : 40 minutes – débit de silane : 20 sccm (25 sccm pour certaines exceptions) – catalyseur : or démouillé 20Å La température du dépôt est un paramètre important car c’est elle qui contrôle le mode de décomposition privilégié du silane : dépôt 2D, non catalysé, ou dépôt catalytique, assisté par les gouttelettes d’or. On a une compétition entre les deux voies de décomposition du silane, la température permettant de favoriser l’un ou l’autre des régimes. Fig. 10 – 850°C, Si Fig. 11 – 750°C, Si Fig. 12 – 650°C, Si Fig. 13 – 500°C, Si 12
Vous pouvez aussi lire