Défense : l'AID, interlocutrice des porteurs d'innovation
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Défense : l’AID, interlocutrice des porteurs d’innovation L’Agence de l’innovation de défense (AID) fédère toutes les innovations qui contribuent à garantir l’autonomie stratégique et la supériorité opérationnelle des forces armées. Son directeur, Emmanuel Chiva, l’a expliqué à la presse, le 15 novembre 2018 à Paris, à l’occasion du Forum Innovation défense (22-24 novembre, Paris). Des innovations concernant le combattant ont été présentées. Imaginer demain et après-demain. Il s’agit de détecter les nouvelles tendances et anticiper les ruptures technologiques issues du monde civil, réfléchir à tout ce qu’il est possible de faire, y compris avec les startups, explique Emmanuel Chiva. L’AID doit orienter et conduire l’ensemble des innovations de défense, en s’appuyant sur les centres de développement (4.000 personnes) de la Délégation générale de l’armement (DGA). Elle devra en susciter de nouvelles, les capter, les accélérer, les valoriser et les transférer vers les utilisateurs, en favorisant l’expérimentation rapide et les cycles courts. Elle diffusera de nouvelles pratiques, notamment en matière d’achat. Elle facilitera la coopération avec les autres ministères, les industriels, les petites et moyennes entreprises et d’autres pays européens. Elle accompagnera l’innovateur pour qu’il gagne de
l’argent et développe son innovation, dont la propriété intellectuelle sera protégée. Créée le 1er septembre 2018 et rattachée au délégué général pour l’armement, l’AID sera opérationnelle en avril 2019 avec un effectif d’une centaine de personnes, militaires et civiles. Selon la loi de programmation militaire (2019-2025) son budget passera de 1,2 Md€ en 2019 à plus de 1,5 Md€ en 2022. Exemples d’innovation. La société française Scalian, fournisseur de logiciels et d’études pour la DGA, et la firme américaine Daqri, fabricant de lunettes et casque de « réalité augmentée », ont mis au point l’équipement du « Fantassin augmenté, sécurisé et tactique ». Le casque Daqri, contient un dispositif stéréoscopique, un affichage transparent et intégré, une caméra grand angle de 166 ° et 120 Hz et une caméra thermique. Les entités, à savoir une personne amie ou ennemie, un véhicule ami ou ennemi, un bâtiment ou un point à atteindre, sont suivies par GPS. Sont affichées sur la visière du casque : les entités sur un radar/boussole ; les distances de chaque entité ; le gisement topographique ; la situation tactique en deux dimensions. Sont également possibles : la prise de photo/vidéo avec la caméra thermique ; la création d’objet manquant (nouvel ennemi) dans la situation tactique ; la visualisation sur un poste de commandement de la brigade des forces terrestres. De leur côté, l’Institut de recherche biomédicale des armées et la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées ont développé un « Air Shock Absorber », système de coussins d’air muni de compartiments et cloisons, qui dissipent l’énergie d’un projectile. Cette innovation, disponible en 2019, permettra de diminuer les lésions anatomiques et physiologiques lors de l’impact sur le gilet pare-balles. Enfin, le Forum de l’innovation présente plus de 160 innovations et démonstrations dans divers stands : celui de l’AID ; « Protéger & Réparer » (prothèse de jambe bionique) ; « Projeter & Durer » (interface technico-logistique) ; « Combattre & Gagner » (camouflage adaptatif) ; « Administrer & Soutenir » (plateforme numérique participative) ; « communiquer et renseigner » (communication par satellite adaptée aux chasseurs). Loïc Salmon DGA : valoriser l’audace et l’innovation de terrain Service de santé : renforcement des capacités biomédicales
Armement : DGA, bilan 2018 et perspectives 2019 La démarche capacitaire consiste à exprimer les besoins en équipements, selon la menace, intégrer les innovations technologiques, y compris celles du monde civil, et évaluer le coût global d’une opération en termes d’armement, d’entraînement, de conduite, de ravitaillement et d’infrastructures. Elle est effectuée par l’Etat-major des armées et la Direction générale de l’armement (DGA) dont le délégué, Joël Barre, a présenté les missions à la presse le 8 novembre 2018 à Paris. La DGA, qui a engagée 11,2 Md€ et payé 10 M€ pour l’équipement des forces en 2017, prévoit 12,7 Md€ en 2018 et 14,3 Md€ en 2019. Le budget des études « amont » doit passer de 920 M€ en 2019 (+ 18 % en un an) et 758 M€ de paiements (+5 %) à 1 Md€ en 2022. Etudes et essais. Des projets seront lancés fin 2018 et en 2019 : travaux franco- allemands en préparation du système de combat aérien futur (SCAF), pour
succéder au Rafale de conception uniquement française ; premières études de préparation du porte-avions de nouvelle génération, successeur du Charles-de- Gaulle ; protection des véhicules terrestres et des fantassins ; futurs satellites de communication militaire ; démonstrateurs technologiques du partenariat innovant ARTEMIS (ARchitecture de Traitement et d’Exploitation Massive de l’Information multi-Sources) entre la DGA et le groupe d’électronique de défense Thales. En 2018, la DGA a procédé à des essais majeurs : performance hélice et résistance carène nue pour la frégate de taille intermédiaire ; sortie du Charles-de-Gaulle de son 2ème arrêt technique majeur ; comportements routiers et nautiques du pont flottant motorisé ; tir de développement du missile balistique M51.3 au banc des propulseurs ; tir du missile antinavire léger. La mise au standard F3-R des 144 Rafale en service dans l’armée de l’Air et la Marine a commencé. Ce standard a pris notamment en compte les retours d’expérience opérationnelle de l’armement air-sol modulaire et l’interopérabilité. En outre, il associe le nouveau missile air- air à très longue portée Meteor au radar à balayage électronique RBE2 à antenne active. Sa nacelle à désignation d’objectifs Talios améliore détection, reconnaissance et identification de cibles, de jour comme de nuit, en vue de frappes air-sol de grande précision. Le standard F3-R sera installé sur les 96 Rafale vendus au Qatar, à l’Egypte et à l’Inde. La DGA a notifié à l’industriel MBDA la rénovation technique des 300 Mica (missiles d’interception, de combat et d’auto-défense) en service et l’achat de 567 Mica NG (nouvelle génération), développés avec un autodirecteur infrarouge ou électromagnétique. Le Mica rénové sera utilisé jusqu’en 2030 par les Rafale tous standards, Mirage 2000-5 et Mirage 2000 rénovés. Les Rafale F3-R emporteront le Mica NG. Partenariats européens. Avec la Grande-Bretagne, les travaux se poursuivent sur la phase d‘étude de concept du futur missile antinavire et du futur missile de croisière. Outre le SCAF et le futur char de combat, la coopération avec l’Allemagne porte sur la patrouille maritime, le futur standard de l’hélicoptère Tigre, auquel l’Espagne est associée, et le drone européen moyenne altitude longue endurance, avec l’Espagne et l’Italie. Cette dernière va construire des pétroliers-ravitailleurs avec la France. Pour son programme Camo (capacité motorisée), la Belgique va acquérir 382 véhicules blindés multi-rôles Griffon et 60 engins blindés de reconnaissance et de combat Jaguar du programme français Scorpion. Loïc Salmon
Armement : baisse de 50 % des exportations françaises en 2017 Armée de Terre : la remontée en puissance par l’innovation Guerre : maîtriser la violence humaine et technologique Armée de Terre : la remontée en puissance par l’innovation La supériorité opérationnelle, terrestre et aéroterrestre, repose sur l’innovation technologique, qui démultiplie vitesse, puissance et protection du soldat et nécessite une synergie entre combattants, ingénieurs et industriels. Ce thème a été abordé au cours d’une table ronde organisée, le 13 juin 2018 en banlieue parisienne, dans le cadre du salon Eurosatory 2018. Y sont intervenus :
le général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre, Joël Barre, délégué général pour l’armement, et Stéphane Meyer, président du Groupement des industries de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (GICAT). Esprit guerrier et technologie. La Revue stratégique 2017 a, notamment, pour ambition de faire de l’armée de Terre la première d’Europe, rappelle le général Bosser. Or en opérations, elle affronte de nouveaux défis, à savoir un réarmement généralisé, des adversaires hybrides, isolés et aux tactiques inédites, des engins explosifs improvisés, des drones et la guerre électronique. Après vingt ans d’opérations extérieures, la préparation de l’avenir s’impose face à une évolution rapide de la menace, constituée de nouveaux systèmes d’armes avec de l’infanterie et des moyens plus mobiles. La préparation du soldat au combat inclut armement, entraînement, tenues diverses, conditions de travail, soutien et aide à sa famille. S’y ajoutent la rénovation des matériels, notamment de l’artillerie après les batailles de Mossoul (Irak) et Raqqa (Syrie) ainsi que la modernisation du parc de véhicules, dont certains dépassent 40 ans. Pour répondre aux besoins, l’armée de Terre coordonne son action avec la Direction générale de l’armement (DGA) et les industriels. Si donner un cap ne pose pas de problèmes avec les grands groupes, il s’avère difficile auprès des petites et moyennes entreprises et surtout des startups, indique le général Bosser. Dans le temps long, cela porte sur les choix capacitaires, les concepts et les préprogrammes. L’innovation en « boucle courte » nécessite davantage de réactivité pour ne pas aller plus lentement que l’adversaire : rapidité des processus d’acquisition, modification des usages, simplification des procédures et invention de nouvelles tactiques. L’efficacité opérationnelle dépend du juste besoin des matériels et de leur livraison à temps aux forces spéciales et conventionnelles. L’innovation récupère toutes les bonnes idées, comme l’impression en 3 D ou les véhicules sans pilote. Elle induit de nouveaux métiers à tous les niveaux, du caporal-chef au commandant sur le terrain. L’armée de Terre vit en permanence dans l’expérimentation, qui implique la responsabilité du commandement. A titre d’exemple, Daech a utilisé un mini-drone en vente dans le commerce (300 €) pour cibler (caméra) et tuer (engin explosif) deux cadres des forces spéciales en train d’instruire des soldats irakiens. Faire plus ou mieux. Les programmes demandent une analyse fonctionnelle entre les armées, qui expriment des besoins, la DGA, qui les transforme en
contrats, et les industriels, qui en chiffrent le coût, explique Joël Barre. Une concertation entre les trois acteurs permet de maîtriser les coûts par rapport à la performance attendue. Tout rajout au programme initial implique une évaluation supplémentaire. En matière d’innovation, l’ouverture au monde civil permet de capter l’évolution technique, notamment numérique, pour améliorer la performance des systèmes d’armes. Le dispositif « Rapid » (Régime d’appui pour l’innovation duale) finance la recherche dans des domaines susceptibles d’intéresser la DGA qui, en outre, accorde des subventions au développement de petites et moyennes entreprises. L’Innovation Defense Lab et l’Agence de l’innovation (voir encadré) apportent de nouvelles possibilités à la « boucle courte » entre le Secrétariat général pour l’administration, la DGA et les forces armées. Les innovations proposées par des personnels des armées doivent déboucher sur les programmes planifiés. Ainsi, les processus d’acquisition et le développement du programme national « Scorpion » de l’armée de Terre feront l’objet de rendez-vous périodiques pour y incorporer les innovations, sans attendre le stade ultime qui répondra à l’intégralité des besoins. La phase 2 de Scorpion inclut la robotique, les véhicules complémentaires, leur protection et celle contre la menace cyber, technologies à développer à partir de 2019. Toutefois, indique Joël Barre, il faut savoir accepter l’échec dans l’expérimentation, comme pour les micro-drones « indoors » des forces spéciales destinés à entrer dans les bâtiments fermés. En outre, il faut éviter de créer une dépendance industrielle étrangère pour certains matériaux (terres rares). Enfin, en sus des ressources financières nationales, l’Union européenne prévoit 1 Md€ pour la recherche et le développement de l’innovation, afin de créer des filières de souveraineté sur certains composants, en vue d’en limiter la dépendance vis-à- vis de pays extérieurs. Etat d’esprit. Priorité à l’attente des clients et compétitivité pour vaincre la concurrence constituent le fil rouge des industriels de l’armement terrestre, souligne Stéphane Meyer. Injecter de l’innovation dans les programmes implique le droit à l’erreur pour lever les risques. La veille technologique permet de constater ce que font les adversaires et le monde civil, notamment en matière d’intelligence artificielle et de robotique. Il s’agit de continuer à travailler en réseau entre utilisateurs, concepteurs et industriels et de se trouver au bon endroit à trois ou à deux. Le retour d’expérience optimise l’intelligence collective au niveau des états-majors et au contact des utilisateurs en opérations, proches du terrain. Le GICAT aide les startups à transformer des idées en produits. En
outre, l’Union européenne intervient en soutien à l’innovation. Il convient donc de comprendre les processus, définir des projets, s’appuyer sur les réseaux d’experts et créer des consortiums pour réaliser de bonnes idées à plusieurs entreprises de pays différents. Ainsi, le GICAT poursuit ses activités en Grèce, en Belgique et en Espagne. Loïc Salmon La loi de programmation militaire 2019-2025 prévoit 1 Md€ par an à partir de 2022 (730 M€ en 2018) pour les études et l’innovation dans la défense, notamment pour les applications opérationnelles de l’intelligence artificielle (IA). A cet effet, une cinquantaine d’experts supplémentaires en matière de science des données numériques et d’IA dont l’investissement progressera jusqu’à 100 M€/an. L’IA sera notamment applicable à la reconnaissance automatique d’images, la guerre électronique, le combat collaboratif, la navigation autonome des robots, la cybersécurité, la « maintenance prédictive » (reconnaissance des signes précurseurs de la défaillance) et l’aide à la décision et au commandement. Une veille technologique sera assurée par l’« Innovation Defense Lab », lieu d’échanges et de réflexions ouvert sur l’écosystème des startups. Lancée le 16 mars 2018, l’étude « Man Machine Teaming » vise à développer l’IA pour l’aviation de combat. Enfin, l’Agence de l’innovation de la défense a été créée à l’été 2018. Rattachée à la Direction générale de l’armement, elle s’ouvre au monde civil, aux startups et à l’Europe. Eurosatory 2018 : l’accent sur l’innovation technologique « DGA Innovation » : rendre les projets possibles et rentables sur le long terme Armée de l’Air : le nouvel avion d’entraînement Pilatus PC-21
Le mono turbopropulseur Pilatus PC-21, en service opérationnel en septembre 2018, assure les mêmes formations de pilotage que les actuels Epsilon et Alphajet, avec transposition directe sur Rafale des compétences acquises. Sa présentation à la presse, le 13 septembre 2018 à Paris, a inclus ses atouts pédagogiques par le colonel Julien Moreau, commandant les Ecoles de formation du personnel navigant, et son contrat d’acquisition par l’ingénieur en chef de l’Armement Audrey Hermant, directrice du programme PC-21. Un saut technologique. Destiné aux pilotes de chasse de l’armée de l’Air et de la Marine nationale ainsi qu’aux navigateurs officiers systèmes d’armes, le PC-21 prépare au combat aérien d’aujourd’hui et de demain, explique le colonel Moreau. Dans un environnement de plus en plus complexe, évolutif et connecté, le pilote de chasse doit être réactif et savoir durer, combattre, projeter force et puissance ou porter assistance. Par exemple, un groupe de plusieurs Rafale partis de France pour une mission de frappes lointaines au Levant, bénéficie des informations fournis par un avion d’alerte avancée AWACS et de plusieurs ravitaillements en vol jusqu’à l’arrivée sur zone. L’un d’eux largue son missile Scalp, dont la croisière, guidée par satellite, continue à basse altitude et franchit les défenses sol-air pour atteindre sa cible après un guidage terminal. Actuellement, la formation d’un pilote de chasse, d’une durée de 2,5 ans, se déroule en quatre phases : formation générale des officiers à la base de Salon-de-Provence ; formation des pilotes sur les avions biplaces monomoteurs Grob 120 et TB30 Epsilon ; spécialisation sur Alphajet, avion d’entraînement et d’attaque au sol, à l’Ecole d’aviation de chasse de Tours pour l’obtention du brevet de pilote ;
formation au combat aérien à l’Ecole de transition opérationnelle de Cazaux, en vue d’une orientation sur Rafale ou Mirage 2000. Après une phase de transformation, le pilote rejoint son affectation en unité navigante. A l’horizon 2021, la phase 1 se déroulera à Salon-de-Provence sur Cirrus SR20 et la phase 2 sur Grob 120 et PC-21 à Cognac pour l’obtention du brevet de pilote. D’ici à février 2019, les écoles de formation du personnel navigant recevront 17 PC-21. Cet avion embarque un système d’armes garantissant un haut niveau de représentativité des missions tactiques, grâce à ses capacités de simulation air-air (tir de missiles et détecteur d’alerte) et air-sol (canon, tir de bombe en palier et en semi-piqué). Il permet l’acquisition des bases d’un système d’armes, de son pilotage vers son management avec de nouvelles compétences, à savoir tête haute, liaisons de données et carte numérique. Enfin, 40 % de la formation sur PC-21 se fait sur simulateur au sol. En 2018, l’Ecole de Cognac forme 30 pilotes de chasse et 10 navigateurs officiers systèmes d’armes de l’armée de l’Air, 10 pilotes de chasse embarquée de la Marine nationale et 10 moniteurs de simulateur de vol. Les prévisions portent sur 25 instructeurs formés en juin 2019 et début de transformation des navigateurs officiers système d’armes en janvier 2020. Une organisation étatique. Le besoin porte sur 11.000 heures de vol par an, indique l’ingénieur en chef Hermant. Le contrat unique du programme PC-21 a été notifié en décembre 2016 à l’entreprise Babcock Mission Critical Services France. De type location-vente, il prévoit un transfert à l’Etat, en 2022, des moyens de formation (avions, système de préparation et de restitution de mission et simulateurs), du soutien et des infrastructures. Loïc Salmon Armée de l’Air : « Pégase 2018 », projection lointaine dans le Pacifique Armée de l’Air : l’appui aérien aux opérations terrestres
Armement : baisse de 50 % des exportations françaises en 2017 Les prises de commandes d’armements français à l’export ont atteint 6,9 Mds€ en 2017, selon le rapport du ministère des Armées remis au Parlement le 4 juillet 2017. Elles se montaient à 14 Mds€ en 2016 et 16 Mds€ en 2015. En préambule, la ministre des Armées, Florence Parly, souligne la vigilance de l’Etat dans la protection des savoir-faire de la France en matière d’exportations d’armement et du soutien à son autonomie stratégique. Cette vigilance s’exerce du contrôle de la fabrication des matériels de guerre à celui, a posteriori, des exportations, moyen de lutter contre la prolifération des armes de destruction
massive et de prévenir la dissémination des armements conventionnels. Bilan des exportations. L’année 2017 a été nettement moins favorable que la précédente pour les ventes d’armement. L’incertitude des élections présidentielle et législatives en France a incité les partenaires traditionnels de la France à attendre la tendance générale qui en résulterait, avant de s’engager sur des prises de commandes. En outre, suite à la baisse des prix du pétrole, la plupart des pays producteurs ont subi un ralentissement économique et ont reporté des acquisitions de systèmes d’armement. Par ailleurs, certains grands contrats signés en 2017, comme l’achat de 12 Rafale supplémentaires par le Qatar, n’entrent en vigueur qu’en 2018. Les missiles destinés aux Marines étrangères et les hélicoptères ont représenté plus de la moitié des ventes à l’export. En 2017, le Proche-Orient et le Moyen-Orient ont cumulé un peu plus de 60 % des exportations françaises d’armement. La zone Asie-Pacifique arrive à la deuxième place avec 17 % des commandes, alors qu’elle occupait la première en 2016 grâce la vente de 36 Rafale à l’Inde. Viennent ensuite l’Europe et le continent américain. Capacités militaires accrues. Première puissance militaire, les Etats-Unis effectuent 40 % des dépenses mondiales. Après plusieurs années de baisse pendant la période 2008-2016, le budget du ministère de la Défense s’élève à 598,5 Mds$ pour l’année fiscale 2017, soit 20 Mds$ de plus que la requête initiale de l’administration Obama. En outre, l’administration Trump prévoit 639,1 Mds$ pour 2018 et 686 Mds$ pour 2019. Très engagée dans la modernisation des capacités de ses forces armées (armement, formation et entraînement) et désireuse de rattraper son retard technologique, la Chine devrait doubler son budget militaire d’ici à 2020. Ce dernier pourrait alors dépasser celui, cumulé, des 28 Etats membres de l’Union européenne (UE). En 2030, les dépenses militaires de la Chine devraient être supérieures à celle de tous les autres pays d’Asie (Inde et Japon compris). Asie et Moyen-Orient ont concentré près des trois quarts des importations mondiales d’armement entre 2012 et 2017. La zone Asie- Pacifique, qui consacre déjà plus de moyens à la défense que l’UE, ont augmenté leurs dépenses militaires de 5 % par an entre 2013 et 2016 afin, notamment, de développer des capacités navales et aériennes de projection. Cette militarisation de la zone résulte des contentieux territoriaux en mer de Chine, attisés par l’affirmation de puissance de Pékin, et des provocations nord-coréennes (tirs de missiles et essais nucléaires), actuellement suspendues. Les 27 pays membres de
l’Agence européenne de défense (les 28 de l’UE moins le Danemark) ont augmenté leurs dépenses militaires de 9 % entre 2013 et 2016, dont une hausse de 23 % pour les investissements (achats d’équipements et recherche et développement) entre 2014 et 2016. Loïc Salmon Armement : légère baisse des exportations françaises en 2016 Défense : vers 2 % du Produit intérieur brut à l’horizon 2025 Défense : 2017, budgets mondiaux et modernisation Service de santé : renforcement des capacités biomédicales La recherche biomédicale de défense porte sur les pathologies liées au combat et aux environnements opérationnels ou extrêmes et les atteintes nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC). Elle contribue à la résilience
nationale en cas de crise sanitaire. Telles sont les missions de l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA). Sa directrice, Anne Sailliol, médecin général inspecteur, l’a présenté à la presse, le 21 juin 2018, à l’occasion de la 8ème Biennale de la recherche biomédicale consacrée aux opérations extérieures (26-27 juin). Soins et prévention. Les programmes de recherche de l’IRBA à des fins militaires entraînent des retombées possibles sur la santé publique. Ils portent notamment sur : l’optimisation des réponses à l’entraînement physique et la tolérance au port des charges lourdes ; l’étude des réponses aux milieux d’emploi subaquatique et aéronautique et les climats contraignants (photo) ; la prévention des conséquences de la fatigue et la gestion du rythme veille-sommeil ; la neurobiologie des états de stress et la prévention de leurs conséquences ; le développement de contre-mesures médicales pour les pathologies traumatiques de terrain et l’amélioration des protections balistiques ; la thérapie cellulaire et la réparation tissulaire. En outre, l’IRBA travaille avec les hôpitaux militaires et civils et participe aux plans gouvernementaux Biotox, Piratox et Piratome, face aux menaces et actes terroristes de type NRBC. Pour les aspects nucléaire et radiologique, il étudie les effets biologiques des rayonnements ionisants et des technologies émergentes, comme les rayonnements électromagnétiques et des micro et nano particules. Le risque biologique concerne les menaces virales, bactériennes et parasitaires. Outre le développement de nouveaux vaccins contre les virus émergeants, il faut réagir dans le temps court quand une épidémie se déclare. Ainsi, l’IRBA avait déjà mis en place des procédures lors de l’apparition du virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2016. Il coopère avec les forces armées des Etats-Unis, pour les maladies tropicales, et avec celles de l’Allemagne pour les risques chimiques et radiologiques liés aux agents vésicaux et neurotoxiques organophosphorés. Concentration des moyens. Installé sur un site de 9,4 ha à Brétigny-sur-Orge (banlieue parisienne), l’IRBA emploie 380 personnes (49 % de militaires et 51 % de civils), dont 64 % de chercheurs, ingénieurs et techniciens. Intégré au grand pôle scientifique et technologique du Grand Paris avec le Génopôle d’Ivry et le Commissariat à l’énergie atomique de Saclay, il a conclu des partenariats avec le Centre national de la recherche scientifique, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, l’Institut national de la recherche agronomique et l’Institut Pasteur. Cela lui permet d’optimiser l’emploi de ses équipements de haute
technologie : microscope électronique Titan Krios à transmission en L-NSB3 ; unité de calcul pour traiter les « mégadonnées » ; centrifugeuse humaine pour la formation des pilotes de Rafale ; plateforme d’irradiation ; laboratoires de sécurité biologique de niveaux 2,3 et 4. L’IRBA est financé à 74 % par le ministère des Armées, le Service de santé des armées, la Direction générale de l’armement, les états-majors de la Marine nationale et des armées de l’Air et de Terre. Pour les 26 % restants, il compte sur l’Agence nationale de la recherche, le Fonds unique interministériel et les industries pharmaceutiques et de biotechnologie. Loïc Salmon Service de santé des armées : garantir aux blessés les meilleures chances de survie Service de santé : traumatismes psychiques dans les armées, problème de santé publique Défense : l’ONERA, acteur majeur de l’innovation
La France dispose des moyens de développer les technologies nécessaires à sa souveraineté, assurée notamment par la dissuasion nucléaire, grâce aussi à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA). Ce dernier a été présenté à la presse, le 22 mars 2018 à Paris, par l’ingénieure générale Caroline Laurent, directrice de la stratégie de la Direction générale de l’armement (tutelle de l’ONERA), et Thierry Michal, directeur technique général de l’ONERA. Préparation de l’avenir. L’innovation, en coordination avec l’intelligence artificielle, est vitale pour la supériorité opérationnelle. Outre une meilleure appréhension des menaces futures, elle permet de préparer les armes pour les contrer, souligne l’ingénieure générale. Le budget innovation de la défense a été porté à 1 Md€ pour en renforcer le socle technologique et construire davantage de démonstrateurs. L’ONERA, qui remplit une mission de service public pour la recherche appliquée, travaille avec les ministères des Armées et de la Recherche, la Direction générale de l’aviation civile, les industriels et les start-ups des secteurs aéronautique et spatial. Son fonctionnement est assuré à 49 % par des subventions de l’Etat et à 51 % par des contrats commerciaux. Ses travaux dans les domaines hypersonique et de la furtivité (signature radar très faible), qui
relèvent exclusivement de la défense, préparent les ruptures technologiques, en lien avec la dissuasion nucléaire, les systèmes de défense aérienne et ceux du combat aérien. En matière de ruptures technologiques, indique l’ingénieure générale, il s’agit de maîtriser les concepts avant de les partager, notamment avec Singapour pour éviter de trop dépendre des Etats-Unis. Outre des installations « stratégiques », l’ONERA dispose de savoir-faire complexes dans l’aérodynamique, l’énergie, les matériaux composites pour la furtivité, les capteurs, l’optronique et le traitement de l’information. Expertise de référence. Dans le domaine aérospatial, l’ONERA apporte son expertise à l’Etat, répond aux enjeux du futur, contribue à la compétitivité de l’industrie et prépare la défense de demain, explique son directeur technique général. Pour cela, il dispose de 70 ans d’expertise, d’un niveau scientifique de premier rang mondial, de 2.000 collaborateurs (300 doctorants et post- doctorants) répartis sur 8 sites, d’un budget annuel de 235 M€ et de 12 souffleries utilisables par des clients étrangers (premier pôle de compétences en Europe). Il coopère avec la NASA américaine, le Centre national d’études spatiales et MBDA (missiles balistiques, porteurs et interfaces entre eux pour la dissuasion nucléaire). Il participe à tous les grands programmes : radars ; Rafale ; avion de transport tactique A400M ; hélicoptères civil H-160/HIL à pales silencieuses ; drone européen nEUron (furtivité) ; BLADE pour les études de pénétration des futurs missiles face à des défenses aériennes et pour la définition d’architecture du système de combat aérien futur. En matière de défense, la télécommunication optique permet furtivité et discrétion avec un débit important de bandes passantes. Les études sur le radar à longue portée pour l’observation des satellites, lancées en partenariat avec Thales, ont débouché sur des essais en 2017 en vue d’une qualification en 2019. Le radar Graves détecte, entre 400 km et 1.000 km d’altitude et avec une description précise de leurs orbites, les satellites espions représentant une menace pour les forces. Vers 2030, il devrait pouvoir déceler des objets d’une taille inférieure à 10 cm et encore plus éloignés. Loïc Salmon Espace : sécurisation en question et dissuasion nucléaire Drones : préparer le combat aérien de demain Drones et armes hypersoniques : futurs enjeux de puissance
Armement : légère baisse des exportations françaises en 2016 Les prises de commandes d’armements français à l’export ont atteint 14 Mds€ en 2016, selon le rapport du ministère des Armées remis au Parlement le 7 juillet 2017. Elles se montaient à 16 Mds€ en 2015, année exceptionnelle. Les partenariats « stratégiques ». L’industrie française de défense, qui regroupe une dizaine de grands groupes et 4.000 petites et moyennes entreprises, emploie 165.000 personnes. Elle réinvestit de 10 % à 20 % du chiffre d’affaires des exportations dans la recherche et le développement, afin d’assurer son avance technologique et de maintenir des emplois de haute technicité non délocalisables. Selon la Direction générale de l’armement (DGA), les prises de commandes françaises entre 2012 et 2016 se répartissent ainsi : 47,4 % aux
Proche et Moyen-Orient ; 34,1 % en Asie ; 6,9 % en Europe ; 5,1 % dans les Amériques ; 3,6 % en Afrique ; 1,1 % en Océanie ; 1,7 % divers. L’Etat-major des armées (EMA), la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) et la DGA participent à la « diplomatie de défense » par le biais de dialogues, réguliers ou ponctuels, avec les représentants de nombreux pays. L’EMA traite les dossiers opérationnels et de coopération militaire et la DGA ceux relatifs à l’armement. La DGRIS entretient des dialogues sur l’environnement stratégique, la sécurité et les crises régionales en cours avec les grands partenaires, comme l’Australie, la Malaisie, l’Inde, Singapour, la Jordanie, le Nigeria, la Finlande ou la Roumanie. Coopération militaire et dialogue stratégique ont acquis une dimension politique. Des réunions annuelles des hauts comités de défense, présidées par le ministre, permettent de dresser un état complet de ces relations bilatérales. La concurrence internationale. Face à la contraction de leur marché intérieur sous l’administration Obama, les Etats-Unis recourent aussi aux partenariats commerciaux et politiques pour conclure des contrats intergouvernementaux dénommés « Foreign Military Sales ». Ceux-ci consistent à vendre, à des Etats, notamment du Moyen Orient et d’Asie, des matériels militaires achetés par le gouvernement fédéral à des industriels américains, en vue de profiter de la réduction des coûts unitaires induite par l’effet de série. De même, la Russie propose une coopération de défense et de sécurité à des clients aux ressources budgétaires limitées, afin de s’implanter dans des pays hors de sa sphère traditionnelle, notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. L’Union européenne tente de se constituer une industrie commune de défense, selon le principe « d’interdépendance librement consentie » et grâce aux progrès de la coopération dans le cadre de la « Letter of Intent » (lettre d’intention). Pourtant, ses signataires (Allemagne, Espagne, France, Italie, Grande-Bretagne et Suède) se font concurrence pour trouver des débouchés pour leurs entreprises sur les marchés les plus porteurs. Israël se concentre sur des segments de haute technologie : drones, systèmes spatiaux et missiles. Des pays émergents, comme la Corée du Sud, la Chine et la Turquie, consolident leur propre base industrielle et technologique de défense, à partir des transferts de technologie et de savoir- faire consentis dans le passé par des entreprises occidentales en compensation des grands contrats d’armement. Quoique leur niveau technologique, encore limité, les exclut de fait des secteurs les plus en pointe, ils parviennent quand même à remporter des appels d’offres internationaux. Ainsi, au cours des 15
dernières années, la part des 10 premières entreprises mondiales d’armements, toutes américaines et européennes, est passé de 60 % à 50 %, tandis que celle des pays émergents a progressé de 15 %. Les embargos en cours. Les institutions internationales ont imposé des embargos sur les armes à destination de plusieurs pays, encore en vigueur au 1er mai 2017. Le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Union européenne (UE) en ont décrété vis-à-vis de la Corée du Nord, de l’Iran, du Liban, de la Somalie, de la Libye, du Darfour, de la Centrafrique et des forces non gouvernementales de l’Irak, du Yémen et de la République démocratique du Congo. L’UE a aussi imposé des embargos sur les armes à destination de la Chine, de la Russie, de la Biélorussie, de la Syrie, du Soudan Erythrée, du Soudan du Sud et du Zimbabwe. Enfin, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a imposé un embargo sur les armes et munitions aux forces engagées dans des combats dans la région du Nagorno-Karabakh en Arménie. Le contrôle des trafics d’APLC. Les armes légères et de petit calibre (ALPC) et leurs munitions, faciles à dissimuler et transporter, constituent l’essentiel des trafics illicites d’armes dans le monde. La France et la Suisse ont réussi à faire adopter « l’Instrument international de traçage » des ALPC. Dans le cadre de l’OSCE, la France est aussi à l’origine de « l’Arrangement de Wassenar » sur la prévention des transferts déstabilisants d’ALPC par voie aérienne. Pendant l’opération « Serval » au Mali (janvier 2013-juillet 2014), les forces françaises ont découvert 200 t d’armements et de munitions. L’opération « Barkhane » (lancée en août 2014), menée avec les pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali et Mauritanie) vise à réduire la liberté d’action des groupes armés terroristes, en les privant de leurs moyens de combat par la recherche et le démantèlement de leurs caches d’armes, d’explosifs et de munitions (20 t de munitions détruites fin 2016). En outre, la Direction de la coopération de sécurité et de défense du ministère des Affaires étrangères apporte un soutien technique, matériel et financier au déminage de Ouidah au Bénin et aux formations de gestion et de sécurisation des stocks d’armes. Enfin, en 2018, la France présidera la 3ème conférence d’examen du Programme d’action des nations unies sur les armes légères. Loïc Salmon Golfe de Guinée : zone de crises pour longtemps
Marine nationale : permanence, Opex et police en mer Le partenariat intergouvernemental de la France avec l’Australie, signé le 20 décembre 2016, fait suite à la vente de 12 sous-marins océaniques à propulsion diesel-électrique pour un montant de 34 Mds€. Conclu avec Naval Group (ex- DCNS) et d’une durée de 50 ans, il porte sur les conception et construction de la plate-forme, en vue de la mise en service actif du premier submersible au début des années 2030. Celui avec l’Inde, qui remonte à 1953 avec les premiers Mirage de Dassault Aviation, s’est renforcé par le contrat de vente de 36 Rafale, signé le 23 septembre 2016. En comptant les achats de l’Egypte et du Qatar en 2015, 84 Rafale ont été vendus en deux ans. Le partenariat stratégique avec le Koweït, en cours depuis plusieurs décennies, a débouché sur la signature, le 9 août 2016 avec Airbus Hélicoptères, d’un contrat de 1 Md€ pour 30 hélicoptères Caracal de sauvetage et de transport de troupes, dont les livraisons s’échelonneront entre 2018 et 2020. Enfin, suite au traité de coopération en matière de défense et de sécurité de Lancaster House (2010), l’accord intergouvernemental entre la France et la Grande-Bretagne a été ratifié par les Parlements à l’automne 2016. Il porte notamment sur les systèmes de missiles du groupe franco-britannique MBDA, 2ème constructeur mondial de missiles tactiques. Drones : préparer le combat aérien de demain
Pour la France, la supériorité aérienne future reposera sur l’avion, dont le pilote conserve une vision globale de la situation, et sur le drone de combat, dont l’ouverture du feu nécessitera toujours une intervention humaine. Ce thème a fait l’objet d’une conférence-débat organisée, le 16 février 2017 à Paris, par l’Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale. Y sont intervenus : un ingénieur en chef de la Direction générale de l’armement ; un représentant de Dassault Aviation. Du MALE au nEURon. Les drones assurent des tâches : « ennuyeuses », à savoir une présence sur zone de 12 h à 24 h qui dépasse la résistance humaine ; « sales » dans un environnement NBC (nucléaire, bactériologique ou chimique) ; « dangereuses » sur les théâtres d’opérations de haute intensité et très étendus, à la merci des systèmes anti-aériens (artillerie ou missiles sol/air) qui mettent en péril la vie des pilotes lors de l’entrée en premier sur une zone de conflit. Selon le représentant de Dassault Aviation, les drones « HALE » (haute altitude longue endurance) et de combat (armés) volent au-dessus de 25.000 pieds (7.600 m), ceux dits « MALE » (moyenne altitude longue endurance) au-dessus de 10.000 pieds (3.000 m) et ceux dits « tactiques » en dessous. Pour partager l’information, tous s’intègreront à un réseau connecté aux satellites, avion radar AWACS, chasseurs, hélicoptères, navires militaires, structures de commandement et de contrôle (C2) et troupes au sol. Outre les missions de renseignement (image, électromagnétique et humain), surveillance, ciblage et reconnaissance, le futur
drone MALE RPAS (Remotely Piloted Aircraft Systems) pourra traiter des cibles d’opportunités dans le monde entier, grâce à des armements de haute précision. Ce programme européen (Allemagne, France, Italie et Espagne) a été lancé en 2016, en vue d’une production en 2023 et des livraisons à partir de 2025. Le MALE RPAS doit apporter une valeur ajoutée dans les domaines suivants : souveraineté, par la maîtrise complète du système ; navigabilité pour assurer sa compatibilité avec les réglementations européennes et mondiales pour son insertion dans la trafic civil en cas de mission de sécurité ; modularité pour une souplesse d’emploi ; interopérabilité avec les réseaux de communications vers les C2 ; liaisons de données redondantes, sécurisées et robustes avec les C2 et les flux en provenance des capteurs et emports externes ; cyber pour se protéger des attaques informatiques. Par ailleurs, l’Espagne, la Suède, la France, l’Italie, la Grèce et la Suisse ont déjà investi 400 M€, depuis 2007, dans le démonstrateur de drone de combat nEURon, qui a déjà effectué des vols en France (2012), Italie (2015) et Suède (2015). De la taille d’un Mirage 2000 et avec une masse maximale de 7 t au décollage, il peut effectuer une mission de 2 heures à la vitesse de Mach 0,80 (980 km/h). Sa grande furtivité, à savoir une très faible empreinte électromagnétique détectable par radar, permet un vaste balayage de zone pour détecter des points chauds, reconnaître des cibles et engager une trajectoire d’attaque adaptée. Après transmission des images à la station sol, l’opérateur confirme la cible et déclenche la séquence d’attaque. Les démonstrations ont atteint les objectifs : furtivité (radar et infrarouge) ; vol autonome conforme aux exigences réglementaires ; tir d’un armement depuis une soute interne ; détection et reconnaissance automatique de cible par un capteur électro-optique. Enfin, la structure C2 d’une station sol peut être installée à bord d’un AWACS. Le drone de combat FCAS. En 2030, des décisions seront prises sur le remplacement des avions de chasse Rafale, pour la France, et Eurofighter, pour la Grande-Bretagne, leur accompagnement par un drone de combat franco- britannique et leurs missions respectives, indique l’ingénieur en chef. Lors du sommet d’Amiens en mars 2016, les deux pays ont en effet convenu d’investir plus de 2 Md€ dans le développement du programme FCAS (système de combat aérien futur), qui prévoit le vol d’un prototype dénommé UCAS (Unmanned Combat Air System) en 2025. Ce dernier doit succéder aux démonstrateurs nEURon (France) et Taranis (Grande-Bretagne). Le drone de combat futur devra évoluer sur un théâtre d’opérations de haute intensité et dont la maîtrise de
l’espace aérien n’est pas assurée. Cela nécessitera d’abord d’obtenir du renseignement stratégique en temps réel et de réduire les capacités ennemies de défense aérienne (installations sol/air et aviation). Le drone devra pouvoir frapper, dans la profondeur, des objectifs planifiés et de haute valeur, mais aussi d’acquérir et de détruire des objectifs d’opportunité. Les cibles seront probablement protégées contre les agressions, sécurisées sur le plan informatique, mobiles et déplaçables. La « navalisation » du drone de combat est envisagée, en vue d’un emploi sur porte-avions. Il devra aussi pouvoir coopérer avec les avions de chasse pour l’ouverture de corridors ainsi que la localisation et la désignation d’objectifs. Cet ensemble, qui volera à 30.000 pieds (9.000 m), favorisera la supériorité stratégique et la capacité à entrer en premier sur un théâtre (illustration). Les définitions techniques de l’UCAS portent sur la cellule, le moteur et le système de mission. Capable d’un long rayon d’action et d’une vitesse subsonique haute, la cellule devra : disposer d’un niveau élevé de « survivabilité » (guerre électronique et évitement de menaces) ; emporter en soute des armements air-sol modulaires, bombes de petit diamètre ou missiles Meteor air-sol longue portée ; se ravitailler en vol automatique. Fiable et robuste, le moteur devra rester discret. Le système de missions inclura : une avionique innovante ; une architecture multi-capteurs avec fusion de données ; un panneau multifonctions avec des capacités radar à ouverture synthétique et à très haute résolution ; des capteurs électro-optiques/infrarouges pour le ciblage, la surveillance et la situation tactique ; des liaisons avec les satellites de communications et les autres chasseurs en vol ; des fonctions d’intelligence artificielle. Selon le ministère américain de la Défense, l’intelligence artificielle constitue la 3ème rupture capacitaire majeure après l’armement nucléaire en 1945 et les armes de précision en 1990. Loïc Salmon Drones et armes hypersoniques : futurs enjeux de puissance Opex : enjeux et perspectives des drones militaires Le groupe Dassault Aviation est le seul au monde à concevoir, produire, réaliser et assurer le soutien d’avions de combat (Mirage et Rafale) et d’avions d’affaires (bi et triréacteurs Falcon). Fournisseur de l’armée de l’Air française, il a conclu des contrats de vente de Rafale à l’étranger : 24 à l’Egypte en 2015, 24 au Qatar en 2015 et 36 à l’Inde en 2016. Le biréacteur Falcon existe en deux versions :
MRA, qui répond aux spécifications « AVSIMAR » de la Marine nationale pour les missions de surveillance, de reconnaissance, de lutte antisurface, de guerre électronique et d’entraînement des flottes ; MSA, sélectionné par le Japon en 2015 pour la surveillance maritime. En outre, Dassault Aviation produit le système de drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) et participe au projet européen de drone de combat nEURon et au programme franco- britannique FCAS (Futur Combat Air System). DGA : commandes et contrats Au cours des quatre premiers mois de 2017, la Direction générale de l’armement (DGA) a lancé des programmes et notifié des contrats pour la Marine nationale et l’armée de l’Air. Navires. Le 21 avril, le programme des 5 frégates de taille intermédiaire (FTI) de la classe Belharra a été lancé (photo). Réalisées par le groupe DCNS, elles seront dotées de capacités d’autodéfense élargies et de projection de forces spéciales, du nouveau radar à 4 antennes planes Sea Fire et de missiles Aster 30. Chacune
représente 2 millions d’heures de travail dont 300.000 pour les bureaux d’études. La première sera livrée en 2023 pour une entrée en service actif en 2025, avec une capacité d’évolution pour une durée de vie de 40 ans. A l’horizon 2030, la Marine Nationale disposera de 15 frégates de premier rang : 8 frégates multi- missions (6.000 t de déplacement) ; 2 frégates de défense aérienne de la classe Horizon (7.000 t) ; 5 FTI de lutte anti-sous-marine (4.000 t). Le 19 janvier, la DGA a notifié au industriels Piriou et DCNS la réalisation du 4ème bâtiment multi- missions (B2M, 2.300 t) Dumont-d’Urville. Les B2M assurent présence, protection des intérêts français dans les zones économiques exclusives, soutien logistique, sauvegarde et assistance au profit des populations en cas de catastrophe naturelle. Destinés à la souveraineté outre-mer, ils sont ainsi répartis : D’Entrecasteaux en Nouvelle-Calédonie depuis le 29 juillet 2016 ; Bougainville en Polynésie française depuis le 16 décembre 2016 ; Champlain à La Réunion à l’été 2017 ; Dumont-d’Urville aux Antilles en 2018. Missiles. Le 28 mars, le délégué général pour l’armement Laurent Collet-Billon et son homologue britannique Harriett Baldwin, ministre pour les Acquisitions de Défense, ont signé un accord sur le programme FMAN/FMC (futur missile antinavire/futur missile de croisière) pour remplacer et améliorer les systèmes de missiles employés par la Marine Nationale et l’armée de l’Air à l’horizon 2030. Chaque pays contribuera à hauteur de 50 M€ à cette étude, menée par MBDA, et profitera d’un accès réciproque aux expertises technologiques et moyens d’essais et de tests. La coopération franco-britannique porte aussi sur la rénovation des missiles de croisière aéroportés SCALP-EG/Storm Shadow, dont les premiers seront livrés fin 2018 en Grande-Bretagne et en 2020 en France. Le 5 janvier, la DGA a annoncé la commande de nouveaux AASM (armement air-sol modulaire) « Block 4 », kits montés sur des bombes standards OTAN et livrables à partir de 2019. L’AASM se décline en plusieurs versions selon le type de guidage : inertie/GPS ; inertie/GPS + imagerie infrarouge ; inertie/GPS + laser. Equipé d’un kit de propulsion, il peut être tiré à distance de sécurité sur tous les types de cibles terrestres, même mobiles. L’armée de l’Air et la Marine Nationale ont déjà reçu 1.700 AASM. Drones. La loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit 4 systèmes de drones Reaper MALE (moyenne altitude longue endurance) de 3 drones chacun pour l’armée de l’Air en 2019. Le 10 janvier, la DGA a annoncé la réception du 2ème système, dont 2 drones ont été livrés le 31 décembre 2016 à Nyamey pour
l’opération Barkhane. Le 3ème drone est destiné à l’entraînement des personnels de l’escadron 1/33 « Belfort » à Cognac. Une campagne d’essais doit valider : l’aérotransport du système Reaper, notamment à bord de l’A400M ; les conditions techniques de son utilisation dans l’environnement électromagnétique de la base de Cognac et du territoire métropolitain. Le 4ème système a été commandé fin 2016. Loïc Salmon Marines : l’approche globale, indispensable à la sécurisation future du milieu maritime Drones Air et Marine : surveillance, renseignement et… combat MBDA : coopération industrielle européenne pour les missiles
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