Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
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V o l . 86 , n o 24 – 17 au 23 juin 2015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 6 p a g e s – 2,25 $ Pénurie d’œufs aux États-Unis Des impacts chez nous À L IRE EN PAGES 3 À 5 MARTINE GIGUÈRE/TCN GESTION DE L’OFFRE Les régions L’ASRA veau de lait se mobilisent disparaîtra en 2016 À LIRE EN PAGE 11 JULIE MERCIER/TCN PAGE 2 Vol 86 #24 24 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 2,25$ 10013 7
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 La fin de l’ASRA veau de lait en 2016 structurée pendant lesquels l’impossibi- décision. Elle s’est toutefois butée au « Il nous apparaît prématuré et impru- lité de déterminer de façon objective un refus de la Financière. Dans une lettre dent de prendre une telle décision et JULIE MERCIER coût de production et un prix de vente acheminée le 10 juin au ministre de ainsi de risquer de créer une panique jumercier@laterre.ca a clairement été démontrée, explique l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, dans ce secteur. Une telle décision aura la FADQ. L’absence de concurrence et et au président-directeur général de la pour conséquence la fin de plusieurs Le programme d’assurance stabilisa- la forte concentration des activités du FADQ, Robert Keating, la Fédération dizaines d’élevages, propriétés de tion des revenus agricoles (ASRA) dans secteur expliquent en partie cette situa- a exprimé « sa vive déception face à la familles, et entraînera une perte d’em- la production de veaux de lait sera aboli tion, précise-t-elle. La FADQ compte gouvernance de la FADQ dans ce dos- plois non négligeable dans la filière qui en 2016. cependant accompagner financièrement sier, laquelle agit trop rapidement ». en compte actuellement 2 500 », a fait Le conseil d’administration de la les producteurs vers d’autres formes de La FPBQ aurait plutôt souhaité que la valoir la FPBQ. Financière agricole du Québec (FADQ) soutien, telles que les programmes Agri. société d’État puisse proposer des solu- L’organisation considère que l’admis- a pris cette décision, le vendredi 12 juin, « La Financière agricole sera à l’écoute tions pour conserver l’admissibilité du sibilité aux programmes Agri et de tran- sur recommandation de la direction de de vos besoins et vous fournira, notam- veau de lait à l’ASRA. sition s’avère essentielle au maintien de l’organisation. ment par son réseau de centres de ser- L’organisation a d’ailleurs déposé un la filière veau de lait. Ces outils doivent Il faut se rappeler qu’en février der- vices, un appui personnalisé, a déclaré plan d’action afin de ramener l’assu- aussi permettre de « maintenir l’indépen- nier, la FADQ annonçait d’importants Robert Keating, président-directeur rabilité à la ferme. De plus, la FADQ dance des éleveurs qui le sont et accom- changements au programme. Elle justi- général de l’organisme. Nous vous propose actuellement deux chantiers pagner les producteurs qui désirent fiait ces mesures par l’impossibilité de contacterons personnellement afin sur l’admissibilité du secteur aux pro- gagner en indépendance ». reconnaître un intérêt assurable pour la d’évaluer, avec chacun d’entre vous, les grammes Agri et à un programme de Au cours des prochaines semaines, la majorité des entreprises adhérentes et possibilités, tant en protection du revenu transition. Fédération partira en tournée d’informa- d’établir des coûts de production transpa- qu’en financement. » Pour la Fédération, ces chantiers tion auprès des éleveurs de veaux de lait. rents et objectifs. Elle confiait du même La Fédération des producteurs de auraient dû terminer leurs travaux avant Le secteur compte environ 150 entre- coup à un comité le mandat d’évaluer les bovins du Québec (FPBQ) a tenté à de trancher sur l’avenir de l’ASRA prises, dont une quinzaine de fermes conditions nécessaires afin de ramener le plusieurs reprises de faire reporter cette veau de lait. indépendantes. risque assurable à la ferme. Le secteur du veau de lait se caracté- rise par sa forte intégration. Ainsi, les deux principaux joueurs de l’industrie, Écolait et Délimax, intègrent toutes les étapes de la filière, de la fabrication d’aliments d’allaitement à la transfor- mation. Ils se partagent plus de 90 % des volumes abattus. Prématuré MARTIN MÉNARD/TCN Le 12 juin, le conseil d’administra- tion de la Financière a décidé de mettre fin à l’ASRA veau de lait à compter de l’année 2016. Cette décision survient après plusieurs mois d’une démarche Le 12 juin, le conseil d’administration de la FADQ a décidé de mettre fin à l’ASRA veau de lait à compter de l’année 2016.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 PAGE 3 PÉNURIE D’ŒUFS AUX ÉTATS-UNIS La filière canadienne s’organise Producteurs d’œufs du Canada (POC) ment en œufs de table au Québec et au mation. Le producteur fera entrer ses évaluent que cette hausse atteindra 4 % Canada n’est pas menacé par la pénurie nouvelles poules dans son bâtiment ini- MARTINE GIGUÈRE en 2015. Si cela est de bon augure pour d’œufs aux États-Unis, car la totalité de tial », explique Tim Lambert, chef de mgiguere@laterre.ca les producteurs d’œufs, il y a par ailleurs ces œufs provient d’élevages canadiens. la direction des POC. En fait, tous les des délais entre la hausse des alloca- L’importation américaine comble princi- efforts seront déployés pour accroître le Aux États-Unis, de grandes chaînes tions octroyées et la production. La forte palement le marché de la transformation. nombre de poules en production permis. de restaurants rationnent leurs œufs et croissance de la consommation force Assurer un approvisionnement Pour stopper la hausse rapide des prix écourtent les heures où l’on sert des petits le Canada à importer davantage d’œufs Les POC et les offices provinciaux des œufs de transformation, les POC déjeuners. Dans certains États, des mar- pour répondre aux besoins du marché de ont conjointement mis en place des ont établi un prix plafond. Tim Lambert chés d’alimentation limitent le nombre la transformation. stratégies afin d’augmenter le plus rapi- précise aussi que les POC assument une de boîtes d’œufs par client et les prix 47 millions d’oiseaux affectés dement possible la production d’œufs partie de la hausse des prix et des frais de flambent. L’épisode de grippe aviaire en Chez nos voisins du Sud, la grippe au Canada. L’objectif est répondre à la transport : « Lorsque la situation revien- cours bouscule les marchés et entraîne aviaire frappe particulièrement fort demande des transformateurs et de sta- dra à la normale, les transformateurs une raréfaction de l’offre d’œufs. dans les cheptels de pondeuses : environ biliser les prix. nous rembourseront des sommes en De ce côté-ci de la frontière, on tente 12 % des 300 millions de poules pon- Ainsi, on allongera le cycle de ponte retour. » En fait, les POC veulent à tout de minimiser les répercussions de cette deuses ont été décimés. Actuellement, de certains élevages. En général, le prix maintenir un approvisionnement crise sur le marché des œufs de transfor- le nombre d’oiseaux affectés par la cycle des poules pondeuses est de 12 à suffisant et freiner la hausse des prix, mation. En 2014, le pays a importé 10 % grippe aviaire s’élève à plus de 47 mil- 13 mois, mais en l’allongeant, on ten- car on veut éviter que les utilisateurs de ses besoins en œufs de chez l’oncle lions, dont près de 80 % seraient des tera de maximiser l’approvisionnement d’œufs de transformation se tournent Sam, soit 60 millions de douzaines. poules pondeuses. pour les œufs destinés à la transforma- vers d’autres produits. Les POC ont une Depuis huit ans, la consomma- Selon Paulin Bouchard, président de tion. « Les pondeuses en fin de cycle équipe de travail dédiée à trouver des tion canadienne d’œufs a connu une la Fédération des producteurs d’œufs seront relocalisées dans des bâtiments solutions pour accroître la production et croissance annuelle de 2,45 %. Les du Québec (FPOQ), l’approvisionne- vides et ces œufs iront à la transfor- stabiliser les prix.
PAGE 4 LLA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 Le prix des œufs de Cheptel moyen de poules pondeuses transformation explose 22 000 au Canada MARTINE GIGUÈRE Le prix des œufs de transformation a plus que triplé au cours des quatre à six dernières semaines, confirme le 38 000 directeur général de Vitœuf, François au Québec Domingue. La pénurie d’œufs aux États-Unis complique et fragilise l’approvision- nement en œufs des transformateurs 1,5 million canadiens. Cela a un effet sur le prix aux États-Unis des œufs, mais aussi sur celui du trans- port, car les œufs proviennent souvent d’États plus éloignés des sites de trans- formation canadiens. 18 douzaines MARTINE GIGUÈRE/TCN Selon les transformateurs Groupe- Consommation moyenne d’œufs Nutri, Vitœuf et Burnbrae Farms, par canadien par année les efforts concertés des Producteurs d’œufs du Canada (POC) et des offices La grippe aviaire a des répercussions sur le prix et les frais de transport des œufs destinés nationaux, et la mise en place de diffé- à la transformation. 600de douzaines millions rentes stratégies permettent d’éviter les problèmes d’approvisionnement. a également bien accueilli l’annonce du curité, notamment pour la désinfection Selon le vice-président de Burnbrae prix plafond fixé par les POC. des camions qui passent ramasser les Farms, Ted Hudson, le système de ges- Enfin, le président du conseil d’ad- œufs chez les producteurs », indique Production canadienne tion de l’offre au Canada a notamment ministration du Groupe-Nutri, Serge Serge Lefebvre. d’œufs en 2014 permis de bien gérer les approvision- Lefebvre, mentionne qu’il n’y a pas de D’ici quelques jours, si la plupart nements. « Juin, juillet et août sont pénurie d’œufs actuellement au Québec des oiseaux migrateurs sont partis aussi des mois où la consommation est et qu’il ne rencontre pas de difficultés vers le Nord, le risque d’éclosion de moindre. Ça devrait aider la situation », d’approvisionnement en œufs. grippe aviaire sera abaissé au pays. 60demillions indique-t-il. Évidemment, il ne faudrait pas que le Cependant, dès l’automne, lorsque douzaines Chez Vitœuf, François Domingue ne Canada soit frappé par un événement les oiseaux migrateurs survoleront le Importation d’œufs craint plus pour son approvisionnement majeur comme celui qui s’est produit Québec et les autres provinces cana- des États-Unis en 2014 en œufs et affirme être en mesure de aux États-Unis. « Le Groupe-Nutri a diennes en direction du Sud, la menace répondre à la demande de ses clients. Il rehaussé toutes ses mesures de biosé- de grippe aviaire planera à nouveau. Sources : POC et FPOQ Sur le Web laterre.ca Pas de hausse pour les œufs de table Actualités/Environnement ÚL’Ontario restreint significativement l’usage des néonicotinoïdes Si le prix des œufs de table a Actualités/Vie rurale plus que doublé aux États-Unis, au ÚUne 3e édition pour l’Expo provinciale de Montmagny Canada, grâce à la gestion de l’offre, Des inondations frappent les agriculteurs les consommateurs ne subiront pas ÚAvez-vous été touché par ces inondations? d’augmentation de prix. Partagez vos photos et vidéos avec nous. Par contre, le prix des œufs desti- nés à la transformation a connu une La question de la semaine hausse, parce que le prix de référence ÚCraignez-vous l’effet des récentes précipitations sur vos cultures? ARCHIVES/TCN de ce type d’œuf est entre autres éta- bli aux États-Unis. « Depuis le début Venez répondre sur : laterre.ca de la crise aux États-Unis, le prix des Résultats du sondage Au Canada, grâce au système de ges- œufs de transformation est passé de ÚCOOL : des mesures de rétorsion de 3 G$ convaincront-elles tion de l’offre, il n’y aura pas de hausse 0,65 $ à 2,35 $ la douzaine », indique de prix des œufs de table refilée aux les Américains? Tim Lambert. consommateurs. Oui 19 % / Non 60 % / Je ne sais pas 21 %
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 PAGE 5 Œufs de table et œufs 30 % plus cher pour destinés à la transformation le kilo d’œuf liquide YVON LAPRADE « Ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à des fluctua- La « crise des œufs » qui frappe de tions de prix de la matière première, plein fouet les producteurs avicoles soumet Denis Landry. Cette fois, ce sont américains a fait bondir de 30 % le prix les œufs liquides et la grippe aviaire. On du kilo d’œuf liquide acheté par les bou- a déjà vu le prix du sucre augmenter de langeries et pâtisseries. 125 %. » « À cause de la grippe aviaire et ses « On en voit de toutes les couleurs répercussions, les prix sont en forte dans le marché des ingrédients de base, hausse au Québec, et ils vont le demeu- que ce soit les œufs, le blé, le sucre ou rer au moins pour les six prochains les huiles, énumère Denis Landry. Il mois », explique en entrevue à la Terre faut prendre du recul et tenter de faire le directeur général du Groupe Prestige, une analyse sur un horizon plus large, Denis Landry. pour éviter de trop s’inquiéter quand C’est ainsi que le kilo d’œuf liquide les prix se gonflent soudainement. » acheté par les boulangeries et pâtisseries Même son de cloche au Conseil se vend au prix de 2,50 $ depuis deux de la transformation agroalimentaire mois, ce qui contribue à augmenter les du Québec (CTAQ). « On a observé, FPOQ coûts de production des entreprises ali- au cours des deux dernières années, mentaires. des courbes d’augmentation [pour Au Canada, il y a deux types d’œufs : les œufs de table (en Denis Landry évite toutefois de dra- les œufs liquides] de l’ordre de 25 à coquille) que l’on achète dans les épiceries et les œufs transformés (œufs liquides, etc.) destinés au secteur de la transformation matiser la situation. « Nous avons eu 30 %, rappelle Dimitri Fraeys, vice- alimentaire. une rencontre avec notre fournisseur président, Innovation et affaires éco- Selon Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs [Vitoeuf, à Saint-Hyacinthe], il y a nomiques. Depuis quelques semaines, d’œufs du Québec (FPOQ), au Québec et au Canada, la totalité 15 jours, et il nous a rassurés, men- ces hausses sont plus marquées. » des œufs de table provient d’élevages canadiens. tionne-t-il. Il ne semble pas y avoir de Denis Landry convient néanmoins problème d’approvisionnement en vue que le portrait d’ensemble n’est pas pour le moment. » rose du côté américain. Craint-il que Pas de succédanés Le regroupement d’achat compte une la crise chez nos voisins du Sud fran- quarantaine de PME qui affichent des chisse la frontière canado-américaine? ventes globales de 225 M$. Parmi celles- « Nous sommes dépendants de ce là : La Petite Bretonne, à Blainville, qui se passe aux États-Unis, répond- achète dans un contenant de sacs de Pâtisserie Gaudet, à Acton Vale, Pâtes il. On peut espérer que tout va rentrer plastique de 20 kilos. et Croûtes L.B., à Boucherville, et dans l’ordre au cours des prochains YVON LAPRADE « On se fait dire que c’est causé par Boulangerie St-Donat, dans Lanaudière. mois. » ylaprade@laterre.ca la grippe aviaire », rapporte-t-il. « On est actuellement dans le haut En dépit des fortes hausses de la de la fourchette de prix, par rapport matière première (les œufs liquides) au prix au kilo qu’on payait il y a un pour fabriquer ses gâteaux et ses an, précise-t-il. Tout indique qu’il n’y tartes, la Boulangerie St-Donat n’a pas aura pas d’amélioration [baisses de l’intention de changer sa recette. prix] à cause de la grippe aviaire. » « Il n’est pas dans notre philoso- Le propriétaire de la Boulangerie phie de produire nos aliments avec St-Donat dit néanmoins s’être habitué des succédanés », précise Guillaume aux fluctuations de prix dans un marché St-Amour, président et propriétaire de qui évolue en dents de scie, en fonction la PME située dans Lanaudière. de l’offre et de la demande, sur les mar- « Nous produisons de la qualité, chés mondiaux. « Les prix bougent aux ajoute-t-il. On utilise du vrai beurre, trois semaines, dit-il. On s’y fait. » de la vraie crème 35 % et des œufs. On Mais qu’adviendra-t-il si la « crise BOULANGERIE ST-DONAT ne va rien changer parce que le prix des œufs » ne se résorbe pas rapide- des ingrédients de base augmente. » ment? « On pourrait fabriquer nos Guillaume St-Amour, qui aime rap- tartes et nos gâteaux avec moins peler avoir grandi dans une famille d’œufs, répond le président de l’entre- GRACIEUSETÉ de producteurs agricoles, tente de prise. Chose certaine, on va tout faire mesurer l’ampleur des augmentations pour éviter que les consommateurs en Les œufs liquides sont l’un des ingrédients qui entrent dans la fabrication des gâteaux et des de prix du kilo d’œufs liquides, qu’il paient le prix. » tartes produites par la Boulangerie St-Donat.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 ÉDITORIAL MARCEL Réduction des GES : le défi GROLEAU Président général de l’Union des producteurs agricoles climatique et l’engagement du G7 portent à réfléchir Réunis récemment en Allemagne, les dirigeants de la planète, il faut donc « décarboniser » notre Canada ne peut ignorer. Il est même de plus en des pays du G7 (États-Unis, Canada, Japon, économie. plus clair que les pays qui choisiront d’ignorer France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni) se sont les ententes futures sur la réduction des GES Pour expliquer l’impact d’un changement de prononcés en faveur d’une diminution importante devront en assumer les conséquences, voire quelques degrés des températures moyennes, des émissions mondiales de gaz à effet de serre être exclus de certains marchés. Or, des groupes le vice-président du GIEC a souligné que (GES), c’est-à-dire entre 40 % et 70 % d’ici 2050 environnementaux dévoilaient récemment des les températures moyennes sur Terre, il y a par rapport à 2010. Les sept pays ont aussi données d’Environnement Canada et d’autres 20 000 ans, étaient de 5 degrés inférieures à réaffirmé leur volonté d’obtenir un accord lors de la sources gouvernementales fédérales indiquant que maintenant. À cette époque, le Canada et l’Europe Conférence de Paris, l’automne prochain. Quelque les émissions canadiennes de GES ont augmenté étaient couverts de 2 à 3 kilomètres de glace et le 100 G$ par an d’ici 2020 seront mobilisés pour de 18 % depuis 1990. Les trois quarts (73 %) de niveau des océans était 120 mètres plus bas. Cette lutter contre les conséquences des changements cette augmentation proviennent de l’exploitation image forte illustre à quel point une légère variation climatiques. des sables bitumineux de l’Alberta. peut avoir des conséquences immenses. Or, au On estime à 0,9 degré Celsius l’augmentation rythme actuel, si rien n’est fait, un réchauffement Cette réalité, jumelée aux engagements du G7, des températures moyennes du globe jusqu’à de 4 ou 5 degrés serait possible d’ici la fin du dont le Canada fait partie, m’apparaît difficilement maintenant. Cette hausse entraîne déjà des siècle. Difficile de prédire les conséquences compatible avec un projet comme l’oléoduc phénomènes extrêmes comme la sécheresse en exactes, mais les changements climatiques seraient Énergie Est de TransCanada qui vise à répondre Californie, des vagues de chaleur sans précédent dramatiques pour plusieurs espèces. Nous avons, à une exploitation accrue des sables bitumineux. en Inde et des pluies torrentielles dans plusieurs pour les générations futures, la responsabilité d’agir Énergie Est, qui transportera plus d’un milliard régions du monde. Les températures plus élevées maintenant. de barils de pétrole par jour de l’Alberta et de la influencent aussi les rendements des cultures tout Saskatchewan vers les raffineries et les terminaux C’est pourquoi l’orientation du G7, qui représente en compliquant la lutte aux insectes et parasites portuaires de l’est du Canada, représente-t-il un 10 % de la population mondiale, mais plus de ravageurs. bon investissement dans les circonstances? Je n’ai 25 % des émissions de GES, reflète un consensus pas la réponse à cette question, mais elle mérite Ne rien faire pour contrer le réchauffement coûtera historique qu’il faut saluer, même si le gouvernement d’être posée. donc beaucoup plus cher que les mesures que canadien a tout fait pour s’en distancier. En effet, nous devons prendre maintenant. C’est ce que le communiqué du gouvernement canadien ne Nous continuerons bien sûr d’alimenter en pétrole faisait récemment remarquer le vice-président mentionnait pas l’engagement des pays concernant nos tracteurs et nos équipements motorisés, du Groupe d’experts intergouvernemental sur la réduction des émissions de GES. Questionné sur car aucune ressource ne peut le remplacer pour l’évolution du climat (GIEC), Jean-Pascal van le sujet en point de presse à l’issue du sommet, le l’instant. Mais devant les défis à relever pour limiter Ypersele. De passage à Montréal, ce dernier premier ministre Stephen Harper est plutôt revenu le réchauffement climatique et la nécessité de a insisté sur le fait que les pays doivent se sur ses engagements plus modestes de mai dernier, « décarboniser » l’économie, est-il encore judicieux décider rapidement si nous souhaitons limiter précisant que « personne ne doit être dupe : on d’investir dans un oléoduc qui traversera le Canada le réchauffement à moins de deux degrés d’ici ne va pas fermer nos industries ou éteindre les et nos terres agricoles? Un pipeline avec lequel la fin du siècle. Chaque année, si rien n’est fait, lumières ». les producteurs devront vivre bien après l’ère du nous ajoutons 40 milliards de tonnes de CO2 pétrole? Malgré les nuances de M. Harper, l’engagement dans l’atmosphère. Pour limiter le réchauffement du G7 illustre une tendance lourde que le www.laterre.ca Directeur Coordonnateur Rédacteur en chef André Savard ventes et distribution Bernard Blanchard Directrice Pierre Leroux Chefs de pupitre de production Ventes Richelle Fortin Brigit Bujnowski Christian Guinard Julie Desbiens Directrice marketing et Sylvain Joubert Impression développement Daniel Lamoureux Imprimerie Transmag Laëtitia Parriaux Marc Mancini Distribution en kiosque Susan Rooke Coordonnateur Messageries Dynamiques administration et Abonnement service à la clientèle Postes Canada Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC 1 an : 65,54 $ 2 ans : 104,63 $ 3 ans : 136,82 $ Paiement par chèque ou mandat à l’ordre de La Terre de chez nous NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 PAGE 7 Les agriculteurs écopent « J’ai été obligé de coucher chez mon aux agriculteurs d’accéder à leurs Malheureusement, je n’ai pas acheté voisin, confie-t-il en entrevue télépho- champs. des semences qui flottent! On a travaillé PIERRE-YVON BÉGIN nique. Il y a 200 vaches qui m’atten- « Les ponceaux ne fournissaient pas tellement fort pour ces semences. » pybegin@laterre.ca daient. » Stéphane Vaillancourt indique et les routes ont été mangées dans bien Deschambault avoir perdu huit acres « des plus belles des cas », relate-t-il, soulignant qu’au- Dans la région de Québec, la station Les pluies diluviennes qui ont touché terres de l’Estrie » à Compton. Son cune alerte météo n’a prévenu les pro- météo de la ferme expérimentale de la région de Coaticook et de Compton champ de 30 acres situé à proximité de ducteurs agricoles. Deschambault a enregistré 156 mm de dans les Cantons-de-l’Est ont provoqué la rivière Coaticook a été abîmé par un Figure bien connue du monde syndi- pluie dans la nuit du 8 au 9 juin. Annie d’importants dégâts la semaine dernière ruisseau provenant de la route. cal, Jacques Masson a eu une soirée par- Dumas, directrice des opérations du chez les agriculteurs. « Ça fait 102 ans que les Vaillancourt ticulièrement occupée le 8 juin. Avec Centre de recherche en sciences ani- Le président du Syndicat des cultures cultivent cette terre et on n’a jamais vu son tracteur, ce producteur laitier a aidé males, indique que les chemins et pon- commerciales de Coaticook, Stéphane ça », a-t-il précisé. les pompiers à franchir la route 147 ceaux de la ferme ont particulièrement Vaillancourt, évalue sommairement ses Le président du Syndicat de l’UPA entre Coaticook et Compton afin de por- souffert. pertes à plus de 100 000 $. La crue des de Coaticook, Philip Stirnimann, ter secours à un automobiliste. « Notre maïs a également été touché eaux qui a emporté diverses portions de confirme la gravité de la situation. Les « C’est la première fois que je et on retrouve plein de terre dans le bout route l’a même empêché de regagner 80 mm de pluie tombés ont emporté vois descendre tant d’eau. Dans les des champs en raison du ruissellement », son domicile. bon nombre de ponceaux permettant champs, ça ressemble au printemps. a-t-elle confié. PHOTOS : GRACIEUSETÉ FERME STERONEST/SÉBASTIEN VAILLANCOURT Les 80 mm de pluie tombés dans la nuit de lundi à mardi ont totalement isolé la Ferme Les frères Vaillancourt de la Ferme Steronest pensent avoir perdu huit acres « des plus belles Steronest, obligeant l’un des propriétaires à dormir chez un voisin. terres de l’Estrie ». L’eau a creusé une crevasse d’une trentaine de pieds de profondeur. Surplus d’eau dans les cultures : pas de panique! MARTIN MÉNARD cation d’azote et, surtout, la pulvérisa- des pertes de rendements définitives. Benoit Côté abonde dans le même tion d’herbicides sont retardées dans C’est difficile à chiffrer, mais ça com- sens. « Les mauvaises herbes incitent UPTON — Certaines cultures ont été plusieurs secteurs. « Certaines cultures mence à presser de traiter les champs », le soya a étirer ses entre-nœuds au lien durement éprouvées par les nombreuses de maïs et de soya sont rendues assez évalue pour sa part Vicky Villiard, d’en créer. Si tu perds des entre-nœuds, précipitations des derniers jours, mais avancées. Un niveau élevé de mau- experte régionale en phytoprotection et tu perds des gousses, et donc, du rende- en règle générale, « pas de panique », vaises herbes peut, à ce stade, entraîner agronome au Club Durasol Drummond. ment », résume-t-il. nous disent deux agronomes. « Sur mon territoire [Saint- Hyacinthe], en ce moment, l’eau ne nuit pas aux cultures. Ce n’est pas pro- blématique comme l’an passé. Avec les bonnes conditions printanières que nous avons connues, le sol est bien structuré, l’eau percole. Dans certaines zones, il y a peut-être un peu d’asphyxie racinaire MARTIN MÉNARD/TCN et de dénitrification, mais sans plus », explique Benoit Côté, agronome à la Coop Comax. Sauf qu’il faudra tôt ou tard du temps sec. Et vite. Car l’appli-
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 « On perd des protéines d’heure en heure » Lorsque mère Nature leur donnera le feu vert, les Lacoste père et fils tra- MARTIN MÉNARD vailleront presque jour et nuit. Ils com- mmenard@laterre.ca menceront par l’ensilage, pour ensuite passer aux balles rondes. « En quatre UPTON — Les frères Lacoste ont jours, nous devrions avoir tout terminé. 100 hectares de fourrages à récolter, C’est certain qu’en priorisant la qualité, mais la pluie les empêche de travailler. nous sommes plus lents. Par exemple, « Nous avons l’équivalent d’une coupe nous n’employons pas une faucheuse à et demie qui attend dans les champs. fléaux, mais à rouleaux, moins rapide, Avec le retard, on perd des protéines de mais qui essore la plante sans l’endom- jour en jour, d’heure en heure et même de mager. Idem pour la presse : pas de cou- minute en minute », déplore Jean-Yves teaux qui accentueraient les pertes de Lacoste, copropriétaire avec sa famille feuilles », explique Pier-Olivier. d’une ferme qui abrite 152 vaches en Trois presses lactation, à Upton, en Montérégie. « Et Les circonstances sont telles qu’il MARTIN MÉNARD/TCN les prévisions météo ne sont guère n’est pas exclu pour ces producteurs encourageantes », fait-il remarquer. de faire appel à une deuxième et même Les fourrages, le profit à une troisième presse à balles rondes. Les détails font la différence sur le Jean-Yves et Pier-Olivier Lacoste ont acquis cette faucheuse de six mètres de largeur avec « Ce n’est pas encore l’urgence, car bilan financier d’une ferme laitière. Et un andaineur intégré afin de maximiser la qualité des fourrages. nous avons une réserve d’environ les Lacoste le savent, eux qui cherchent 800 tonnes d’ensilage hautement pro- continuellement à obtenir le plus haut La faucheuse possède également un que tu laisses, c’est des protéines. téiné. Sauf qu’il faudra agir bientôt et taux de protéines pour leurs fourrages. convoyeur qui double l’andain lorsque C’est du profit. Nous avons comparé vite, car en plus de perdre de la qualité Ils ont justement investi dans une fau- l’herbe est fraîche, ce qui limite les différents équipements et notre fau- en valeur nutritive, nous retardons la cheuse automotrice, plus rapide pour pertes, comparativement à un retour- cheuse utilisée conjointement avec une prochaine coupe », estime Jean-Yves, récolter au bon stade de maturité, et neur d’andain employé quelques heures presse à balles rondes nous permet de qui procède à quatre coupes. dont la largeur de coupe supérieure plus tard quand le foin est sec et plus gagner 0,5 à 3 % de protéines. Pour un réduit la manipulation des plantes et la susceptible de partir au vent. « Plus tu troupeau de 325 têtes, c’est énorme! » Voir la vidéo sur compaction, car elle réduit le nombre de manipules tes fourrages, plus tu laisses affirme Pier-Olivier, le cadet des deux laterre.ca passages. des feuilles au champ. Et les feuilles frères. Première coupe : gros rendements de luzerne... Plusieurs producteurs au sud de chance et on s’est lancés aux champs. de récolter les 40 hectares de prairie en pertes avaient été enregistrés. Ce qui Montréal (et même un au Lac-Saint- Les volumes étaient moindres, mais la 12 heures, ce qui réduit la vulnérabilité reste à récolter l’impressionne par des Jean) avaient déjà complété leur pre- qualité très bonne », commente Martin à la pluie. Près d’Alma, Yvan Morin volumes prometteurs « Les champs mière coupe vendredi. Dans l’ensemble, Estermann, dont la ferme est située à venait tout juste (9 juin) de faire ensi- de foin sont écrasés tellement il y a du la qualité est au rendez-vous, mais pas Sainte-Agnès-de-Dundee, au sud-ouest ler à forfait 100 hectares de prairie. Il volume! » M.M. la quantité. de Montréal. Ce producteur a l’habitude constate que ses rendements sont infé- Le nutritionniste Marc Leduc men- d’encercler le 28 mai sur son calendrier rieurs de 20 % à sa moyenne. « L’hiver tionne que 50 % de la première coupe comme date de la première coupe. Mais a fait périr les plantes par endroits, mais est complétée au sud-ouest de Montréal. cette année, les travaux étaient termi- c’est moins pire qu’on pensait. La qua- Les graminées ont été récoltées avant nés le… 23 mai! « Nous faisons cinq lité est très bonne, avec une plus grande leur stade d’épiaison et offraient en coupes, alors vaut mieux commencer proportion de luzerne et des plants très général de moins grands rendements plus tôt que plus tard », soutient-il. feuillus », explique-t-il. Il estime le qu’à l’habitude, à cause d’un manque La date prévue de la prochaine est le niveau énergétique à 1,45 Mcal/kg et d’eau. La luzerne par contre affichait 24 juin. le pourcentage de protéines à 20-22 %. des rendements au-delà de la normale De la luzerne à profusion Au Centre-du-Québec, Gilbert et la qualité des premiers échantillons Les travaux sont également terminés Perreault croit que sa première coupe reçus paraît excellente. « Pour une chez Jason Erskain, dont les luzernières est légèrement supérieure à celle des dizaine de producteurs, les analyses présentent un excellent rendement. dernières années. « Les vaches ne m’en indiquent un taux de protéines brutes « Nous n’avions presque pas de mor- ont pas parlé directement [!], mais le variant entre 17 et 23 %. La digestibilité talité et la luzerne était juste au bon nouveau fourrage semble de qualité est excellente, tandis que l’énergie est stade [préfloraison], alors ç’a été une puisque leur production de lait a légè- jugée correcte avec un indice qui oscille récolte plus élevée que la normale avec rement augmenté », note l’éleveur, qui MARTIN MÉNARD/TCN autour de 1,32 Mcal/kg », décortique le 7,5 tonnes à l’hectare », se réjouit-il. Sa compte une soixantaine de vaches en nutritionniste de la meunerie Gérard ferme, qui mise sur 180 vaches en lacta- lactation. Maheu inc. tion, ensile tout son fourrage et a récem- L’hiver a détruit certaines zones de « Ils annonçaient de la pluie pendant ment acquis un andaineur de grande ses prairies, mais à un niveau moindre Gilbert Perreault est très satisfait de sa une semaine, alors on a tenté notre capacité. Ces deux astuces permettent que l’an passé, où près de 50 % de première coupe.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 PAGE 9 FORÊT Pas de plan conjoint unique dans le bois PIERRE-YVON BÉGIN SAINT-GEORGES DE BEAUCE — Les producteurs forestiers des dif- férentes régions du Québec ne relégue- ront pas leurs 13 plans conjoints aux Voir la vidéo sur oubliettes pour vendre leur bois. laterre.ca Après avoir jonglé avec l’idée de se doter d’un plan conjoint unique cou- vrant l’ensemble du Québec, le conseil d’administration (CA) de la Fédération des producteurs forestiers du Québec a convenu de ne pas y donner suite. Au terme de son 46e congrès, qui avait lieu récemment à Saint-Georges de Beauce, la Fédération s’est vu confier « le mandat d’entreprendre une initia- PHOTOS : PIERRE-YVON BÉGIN/TCN tive » visant la mise en place d’un plan conjoint unique d’ici cinq ans. La résolu- André Roy, président du Syndicat des tion, présentée par André Roy, président producteurs forestiers du sud du Québec, du Syndicat des producteurs forestiers du a présenté la résolution demandant à la Fédération d’entreprendre une initiative sud du Québec, a été adoptée sur grande visant la mise en place d’un plan conjoint division, 32 voix contre 30. unique d’ici cinq ans. Réélu président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec par acclama- « Je vais travailler pour que les tion, Pierre-Maurice Gagnon a promis de s’employer à entretenir la confiance entre ses gens continuent à se faire confiance et L’amélioration des organisations de membres, sous les yeux du 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux. que le bateau arrive à bon port avec propriétaires et de producteurs fores- tous ses morceaux », avait alors réagi tiers au niveau régional va renforcer Pierre-Maurice Gagnon, président de la le pouvoir politique à l’échelle provin- Fédération fraîchement réélu par accla- ciale. » mation. Quelques minutes plus tard, Placé sous le thème « Changer pour le CA rejetait la proposition soumise mieux servir les producteurs fores- par André Roy, président du Syndicat tiers », le congrès visait aussi à trouver des producteurs forestiers du sud du des moyens d’améliorer leurs condi- Québec. tions. Au fil des ans, selon les indi- cateurs compilés par la Fédération, l’environnement d’affaires s’est « C’est plus dur de dégradé. faire du bois qu’il y a « C’est plus dur de faire du bois qu’il y a 10 ans », résume Marc-André Côté, 10 ans », résume soulignant qu’une meilleure utilisa- Marc-André Côté. tion de la forêt privée pourrait créer 10 000 nouveaux emplois. « Un plan conjoint unique, a-t-il Les délégués ont ainsi adopté une affirmé, on est rendus là. Les deux tiers résolution réclamant entre autres un de ce qu’on vend, c’est dans le sciage. taux de taxation distinct pour les boisés Aujourd’hui, on ne négocie pas le prin- sous aménagement forestier. De plus, cipal produit qu’on vend. C’est un non- ils demandent la création d’un régime sens. » d’épargne et d’investissement sylvicole L’idée d’un plan conjoint unique, rap- permettant de mettre à l’abri de l’im- pelle la Fédération a posteriori, circule pôt une partie du revenu forestier. Cet déjà depuis 40 ans, les pour et les contre argent servirait par la suite à financer étant partagés. Elle estime donc qu’un des travaux d’aménagement effectués changement de cette ampleur nécessite lors des années subséquentes. d’abord une consultation élargie de tous Le ministre des Forêts, Laurent ses membres. Lessard, a dit « adhérer fortement » à « Un plan conjoint provincial n’est cette proposition, prévoyant qu’elle pas la seule option, précise Marc-André va entraîner « une révolution » qui va Côté, directeur général de la Fédération. libérer autant le monde que le bois.
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 COMMERCE INTERNATIONAL La Chambre des représentants vote contre le COOL JULIE MERCIER La Chambre des représentants vient de donner son aval à l’abrogation La Chambre des représentants des du COOL. « L’Administration et le États-Unis se prononce en faveur de Congrès savent que la loi rendant obli- l’abrogation de l’étiquetage du pays gatoire la mention du pays d’origine sur d’origine (COOL). les étiquettes a entraîné la perte de mil- À quatre reprises, l’Organisation liers d’emplois aux États-Unis et qu’elle mondiale du commerce (OMC) a cause un préjudice économique de plu- donné gain de cause au Canada et au sieurs milliards de dollars à l’industrie Mexique dans ce conflit qui les oppose du bétail hautement intégrée de l’Amé- aux États-Unis. Le tribunal a déterminé rique du Nord », a réagi le ministre que cet étiquetage était discriminatoire canadien de l’Agriculture, Gerry Ritz. envers le porc et le bœuf exportés aux Ce dernier estime que ce vote repré- États-Unis. La semaine dernière, le gou- sente un pas dans la bonne direction. vernement canadien a officiellement Il rappelle toutefois que le Sénat et le CHRIS CAPRIOTTI demandé à l’OMC de mettre en place président Obama doivent approuver des mesures de rétorsion d’une valeur l’abrogation du COOL s’ils veulent évi- de 3 G$ contre des importations amé- Le Congrès américain vient de franchir une première étape vers l’abrogation de l’étique- ter l’imposition de mesures de rétorsion ricaines. tage du pays d’origine. d’ici la fin de l’été.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 PAGE 11 Forts et unis partout au Québec JULIE MERCIER négocier un accord de libre-échange que le Congrès ne pourra modifier. Les ana- VALÉRY MARTIN Inquiets des effets d’un éventuel accord lystes du commerce international consi- de Partenariat transpacifique (PTP), les dèrent l’adoption du TPA comme une DE producteurs sous gestion de l’offre du condition essentielle à la conclusion du GRACIEUSETÉ Québec poursuivent leur mobilisation. PTP. Le lieu et les dates des prochaines D’une journée à l’autre, le mouvement rencontres de négociation de l’entente La campagne « Forts et unis pour la gestion de l’offre » a été lancée en Estrie. Sur la photo : les prend de l’ampleur. n’ont pas encore été annoncés. présidents des Producteurs de lait du Québec, de l’UPA de l’Estrie et de la coopérative Agropur. La semaine dernière, les fédérations régionales de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Saguenay–Lac- Saint-Jean, de l’Estrie et de Chaudière- Appalaches ont tenu des conférences de presse dans le cadre de la campagne « Forts et unis pour la gestion de l’offre ». Les agriculteurs et leurs partenaires de la filière agroalimentaire veulent ainsi signifier leur inquiétude que le fédé- ral n’en vienne à accepter de nouvelles concessions qui pourraient conduire au démantèlement de la gestion de l’offre. Ils réclament du même souffle le main- tien intégral de ce système de production en vigueur dans le lait, la volaille et les œufs. Les producteurs du Bas-Saint-Laurent, de la Mauricie, de la Montérégie, de l’Abi- tibi-Témiscamingue, de Lanaudière, de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, du Centre-du-Québec et d’Outaouais- Laurentides emboîteront le pas au cours des prochaines semaines. Un peu par- tout dans la Belle Province, les éleveurs affichent leur soutien à ce mode de pro- duction. C’est notamment le cas dans la région Capitale-Nationale–Côte-Nord. Échos La défense de la gestion de l’offre a eu des échos jusqu’à l’Assemblée nationale. Le critique péquiste en matière d’agri- culture, André Villeneuve, a accusé le gouvernement Couillard de ne pas en faire assez pour défendre les intérêts des producteurs québécois. Au niveau international, le Canada n’est plus le seul pays assis à la table de négociation du PTP à se faire repro- cher de ne pas ouvrir suffisamment son marché. Les États-Unis sont également pointés du doigt. Les producteurs de sucre de l’Australie et les éleveurs lai- tiers de la Nouvelle-Zélande dénoncent le refus de Washington d’élargir l’accès à son marché intérieur, a révélé le journal Australian Financial Review. Aux États-Unis, le Congrès n’a tou- jours pas accordé au président Obama l’Autorité de promotion du commerce (TPA) ou procédure accélérée. Ce fast track donne au président les pouvoirs de
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015 « Monsieur » était sensible à l’agriculture PIERRE-YVON BÉGIN Au moment où l’ancien premier ministre du Québec est porté à son dernier repos, le monde agricole se souvient de la contribution de Jacques Parizeau. Deux anciens présidents de l’Union des produc- teurs agricoles (UPA), Jacques Proulx et Laurent Pellerin, de même que le président actuel, Marcel Groleau, témoignent de la vision de l’agriculture de « Monsieur ». « Il avait une sensibilité pour l’agriculture; il était très à l’écoute », affirme l’ancien président de l’UPA, Laurent Pellerin, qui l’a côtoyé. Celui-ci se souvient bien de la prestance du politicien, de « l’homme impressionnant » qui méritait bien son surnom. « Ça a toujours été très agréable et extrêmement ARCHIVES/TCN poli, confie Laurent Pellerin en entrevue téléphonique. Quand on le rencontrait, il y avait toujours un déco- rum, un protocole. C’était sérieux et serré. » À l’été 2008, Jacques Parizeau avait assisté à la fête donnée à Shawinigan pour souligner le départ de Laurent Pellerin. Au moment de le présenter au Congrès de l’UPA Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratique du Québec, et le regretté Jack Layton, chef du Nouveau parti démo- en 1995, Laurent Pellerin avait rappelé son « préjugé cratique, les accompagnaient. favorable » envers l’agriculture à titre de ministre des Finances, puis « son intervention personnelle » comme a consacré sa vie à l’épanouissement du peuple le commerce) pour l’instauration d’un traité de libre- premier ministre dans le dossier du statut de produc- québécois ». échange, aujourd’hui sous l’Organisation mondiale teur agricole. Libre-échange du Commerce (OMC), il concluait qu’Ottawa allait Jacques Proulx, président de l’UPA au moment À titre de chef de l’opposition officielle, Jacques sacrifier l’agriculture du Canada central pour celle des États généraux du monde rural en 1991, convient Parizeau mettait aussi les agriculteurs en garde contre de l’Ouest. « C’est un péril mortel pour l’agriculture que Jacques Parizeau figure sûrement au rang des la position d’Ottawa dans la libéralisation des échanges québécoise qui se prépare », prévenait-il à l’époque. 20 grands bâtisseurs du Québec. commerciaux. Après René Lévesque en 1976, Jacques Parizeau a « Sa force, c’était de permettre à la population de « L’agriculture sera toujours placée dans une été le seul autre premier ministre du Québec en exer- s’approprier des changements », déclare-t-il à la Terre. catégorie à part. Il faut y faire attention », recom- cice à se présenter devant le Congrès de l’UPA. En Marcel Groleau, actuel président de l’UPA, a pour mandait-il à son successeur en décembre 1995. décembre 1995, peu avant de quitter son poste à la sa part offert ses condoléances à la famille du disparu, En 1989, dans la foulée des premières négociations suite du douloureux échec du référendum, il avait reçu reconnaissant qu’il s’agit d’un « homme d’État qui du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et une ovation debout des congressistes.
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