Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous

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Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
V o l . 86 , n o 24 – 17 au 23 juin 2015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 6 p a g e s – 2,25 $

                                                                                                        Pénurie d’œufs
                                                                                                         aux États-Unis
                                                                              Des impacts
                                                                                chez nous                                             À L IRE EN PAGES 3 À 5

                                                                                                                                                                                               MARTINE GIGUÈRE/TCN

                                                                                                                                 GESTION DE L’OFFRE
                                                                                                                                 Les régions
                                       L’ASRA veau de lait                                                                       se mobilisent
                                       disparaîtra en 2016                                                                       À LIRE EN PAGE 11
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                                                                                                                                                                                  Vol 86 #24
                                                                                                                                                       24

                                                                                                                                                                                                       1
                                                                                                                                                        Messageries Dynamiques

                                                                                                                                                                                                   78313 02664

                                                                                                                                                                                 2,25$   10013
                                                                                                                                                                                                       7
Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
PAGE 2     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015

La fin de l’ASRA veau de lait
en 2016
                                              structurée pendant lesquels l’impossibi-       décision. Elle s’est toutefois butée au          « Il nous apparaît prématuré et impru-
                                              lité de déterminer de façon objective un       refus de la Financière. Dans une lettre        dent de prendre une telle décision et
            JULIE MERCIER                     coût de production et un prix de vente         acheminée le 10 juin au ministre de            ainsi de risquer de créer une panique
           jumercier@laterre.ca               a clairement été démontrée, explique           l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis,       dans ce secteur. Une telle décision aura
                                              la FADQ. L’absence de concurrence et           et au président-directeur général de la        pour conséquence la fin de plusieurs
  Le programme d’assurance stabilisa-         la forte concentration des activités du        FADQ, Robert Keating, la Fédération            dizaines d’élevages, propriétés de
tion des revenus agricoles (ASRA) dans        secteur expliquent en partie cette situa-      a exprimé « sa vive déception face à la        familles, et entraînera une perte d’em-
la production de veaux de lait sera aboli     tion, précise-t-elle. La FADQ compte           gouvernance de la FADQ dans ce dos-            plois non négligeable dans la filière qui
en 2016.                                      cependant accompagner financièrement           sier, laquelle agit trop rapidement ».         en compte actuellement 2 500 », a fait
  Le conseil d’administration de la           les producteurs vers d’autres formes de        La FPBQ aurait plutôt souhaité que la          valoir la FPBQ.
Financière agricole du Québec (FADQ)          soutien, telles que les programmes Agri.       société d’État puisse proposer des solu-         L’organisation considère que l’admis-
a pris cette décision, le vendredi 12 juin,      « La Financière agricole sera à l’écoute    tions pour conserver l’admissibilité du        sibilité aux programmes Agri et de tran-
sur recommandation de la direction de         de vos besoins et vous fournira, notam-        veau de lait à l’ASRA.                         sition s’avère essentielle au maintien de
l’organisation.                               ment par son réseau de centres de ser-           L’organisation a d’ailleurs déposé un        la filière veau de lait. Ces outils doivent
  Il faut se rappeler qu’en février der-      vices, un appui personnalisé, a déclaré        plan d’action afin de ramener l’assu-          aussi permettre de « maintenir l’indépen-
nier, la FADQ annonçait d’importants          Robert Keating, président-directeur            rabilité à la ferme. De plus, la FADQ          dance des éleveurs qui le sont et accom-
changements au programme. Elle justi-         général de l’organisme. Nous vous              propose actuellement deux chantiers            pagner les producteurs qui désirent
fiait ces mesures par l’impossibilité de      contacterons personnellement afin              sur l’admissibilité du secteur aux pro-        gagner en indépendance ».
reconnaître un intérêt assurable pour la      d’évaluer, avec chacun d’entre vous, les       grammes Agri et à un programme de                Au cours des prochaines semaines, la
majorité des entreprises adhérentes et        possibilités, tant en protection du revenu     transition.                                    Fédération partira en tournée d’informa-
d’établir des coûts de production transpa-    qu’en financement. »                             Pour la Fédération, ces chantiers            tion auprès des éleveurs de veaux de lait.
rents et objectifs. Elle confiait du même        La Fédération des producteurs de            auraient dû terminer leurs travaux avant       Le secteur compte environ 150 entre-
coup à un comité le mandat d’évaluer les      bovins du Québec (FPBQ) a tenté à              de trancher sur l’avenir de l’ASRA             prises, dont une quinzaine de fermes
conditions nécessaires afin de ramener le     plusieurs reprises de faire reporter cette     veau de lait.                                  indépendantes.
risque assurable à la ferme.
  Le secteur du veau de lait se caracté-
rise par sa forte intégration. Ainsi, les
deux principaux joueurs de l’industrie,
Écolait et Délimax, intègrent toutes les
étapes de la filière, de la fabrication
d’aliments d’allaitement à la transfor-
mation. Ils se partagent plus de 90 % des
volumes abattus.
                Prématuré

                                                                                                                                                                                          MARTIN MÉNARD/TCN
  Le 12 juin, le conseil d’administra-
tion de la Financière a décidé de mettre
fin à l’ASRA veau de lait à compter de
l’année 2016. Cette décision survient
après plusieurs mois d’une démarche           Le 12 juin, le conseil d’administration de la FADQ a décidé de mettre fin à l’ASRA veau de lait à compter de l’année 2016.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015         PAGE 3

                PÉNURIE D’ŒUFS AUX ÉTATS-UNIS

La filière canadienne s’organise
                                               Producteurs d’œufs du Canada (POC)            ment en œufs de table au Québec et au       mation. Le producteur fera entrer ses
                                               évaluent que cette hausse atteindra 4 %       Canada n’est pas menacé par la pénurie      nouvelles poules dans son bâtiment ini-
           MARTINE GIGUÈRE                     en 2015. Si cela est de bon augure pour       d’œufs aux États-Unis, car la totalité de   tial », explique Tim Lambert, chef de
           mgiguere@laterre.ca                 les producteurs d’œufs, il y a par ailleurs   ces œufs provient d’élevages canadiens.     la direction des POC. En fait, tous les
                                               des délais entre la hausse des alloca-        L’importation américaine comble princi-     efforts seront déployés pour accroître le
   Aux États-Unis, de grandes chaînes          tions octroyées et la production. La forte    palement le marché de la transformation.    nombre de poules en production permis.
de restaurants rationnent leurs œufs et        croissance de la consommation force              Assurer un approvisionnement               Pour stopper la hausse rapide des prix
écourtent les heures où l’on sert des petits   le Canada à importer davantage d’œufs           Les POC et les offices provinciaux        des œufs de transformation, les POC
déjeuners. Dans certains États, des mar-       pour répondre aux besoins du marché de        ont conjointement mis en place des          ont établi un prix plafond. Tim Lambert
chés d’alimentation limitent le nombre         la transformation.                            stratégies afin d’augmenter le plus rapi-   précise aussi que les POC assument une
de boîtes d’œufs par client et les prix             47 millions d’oiseaux affectés           dement possible la production d’œufs        partie de la hausse des prix et des frais de
flambent. L’épisode de grippe aviaire en         Chez nos voisins du Sud, la grippe          au Canada. L’objectif est répondre à la     transport : « Lorsque la situation revien-
cours bouscule les marchés et entraîne         aviaire frappe particulièrement fort          demande des transformateurs et de sta-      dra à la normale, les transformateurs
une raréfaction de l’offre d’œufs.             dans les cheptels de pondeuses : environ      biliser les prix.                           nous rembourseront des sommes en
   De ce côté-ci de la frontière, on tente     12 % des 300 millions de poules pon-            Ainsi, on allongera le cycle de ponte     retour. » En fait, les POC veulent à tout
de minimiser les répercussions de cette        deuses ont été décimés. Actuellement,         de certains élevages. En général, le        prix maintenir un approvisionnement
crise sur le marché des œufs de transfor-      le nombre d’oiseaux affectés par la           cycle des poules pondeuses est de 12 à      suffisant et freiner la hausse des prix,
mation. En 2014, le pays a importé 10 %        grippe aviaire s’élève à plus de 47 mil-      13 mois, mais en l’allongeant, on ten-      car on veut éviter que les utilisateurs
de ses besoins en œufs de chez l’oncle         lions, dont près de 80 % seraient des         tera de maximiser l’approvisionnement       d’œufs de transformation se tournent
Sam, soit 60 millions de douzaines.            poules pondeuses.                             pour les œufs destinés à la transforma-     vers d’autres produits. Les POC ont une
   Depuis huit ans, la consomma-                 Selon Paulin Bouchard, président de         tion. « Les pondeuses en fin de cycle       équipe de travail dédiée à trouver des
tion canadienne d’œufs a connu une             la Fédération des producteurs d’œufs          seront relocalisées dans des bâtiments      solutions pour accroître la production et
croissance annuelle de 2,45 %. Les             du Québec (FPOQ), l’approvisionne-            vides et ces œufs iront à la transfor-      stabiliser les prix.
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Le prix des œufs de                                                                                                                                                         Cheptel moyen
                                                                                                                                                                          de poules pondeuses
transformation explose
                                                                                                                                                                             22 000
                                                                                                                                                                               au Canada
MARTINE GIGUÈRE

  Le prix des œufs de transformation
a plus que triplé au cours des quatre
à six dernières semaines, confirme le                                                                                                                                        38 000
directeur général de Vitœuf, François                                                                                                                                          au Québec
Domingue.
  La pénurie d’œufs aux États-Unis
complique et fragilise l’approvision-
nement en œufs des transformateurs                                                                                                                                       1,5 million
canadiens. Cela a un effet sur le prix                                                                                                                                        aux États-Unis
des œufs, mais aussi sur celui du trans-
port, car les œufs proviennent souvent
d’États plus éloignés des sites de trans-
formation canadiens.                                                                                                                                                   18 douzaines

                                                                                                                                                 MARTINE GIGUÈRE/TCN
  Selon les transformateurs Groupe-                                                                                                                                    Consommation moyenne d’œufs
Nutri, Vitœuf et Burnbrae Farms,                                                                                                                                          par canadien par année
les efforts concertés des Producteurs
d’œufs du Canada (POC) et des offices       La grippe aviaire a des répercussions sur le prix et les frais de transport des œufs destinés
nationaux, et la mise en place de diffé-    à la transformation.

                                                                                                                                                                        600de douzaines
                                                                                                                                                                              millions
rentes stratégies permettent d’éviter les
problèmes d’approvisionnement.              a également bien accueilli l’annonce du                     curité, notamment pour la désinfection
  Selon le vice-président de Burnbrae       prix plafond fixé par les POC.                              des camions qui passent ramasser les
Farms, Ted Hudson, le système de ges-         Enfin, le président du conseil d’ad-                      œufs chez les producteurs », indique                              Production canadienne
tion de l’offre au Canada a notamment       ministration du Groupe-Nutri, Serge                         Serge Lefebvre.                                                      d’œufs en 2014
permis de bien gérer les approvision-       Lefebvre, mentionne qu’il n’y a pas de                        D’ici quelques jours, si la plupart
nements. « Juin, juillet et août sont       pénurie d’œufs actuellement au Québec                       des oiseaux migrateurs sont partis
aussi des mois où la consommation est       et qu’il ne rencontre pas de difficultés                    vers le Nord, le risque d’éclosion de
moindre. Ça devrait aider la situation »,   d’approvisionnement en œufs.                                grippe aviaire sera abaissé au pays.                             60demillions
indique-t-il.                                 Évidemment, il ne faudrait pas que le                     Cependant, dès l’automne, lorsque                                    douzaines
  Chez Vitœuf, François Domingue ne         Canada soit frappé par un événement                         les oiseaux migrateurs survoleront le                               Importation d’œufs
craint plus pour son approvisionnement      majeur comme celui qui s’est produit                        Québec et les autres provinces cana-                              des États-Unis en 2014
en œufs et affirme être en mesure de        aux États-Unis. « Le Groupe-Nutri a                         diennes en direction du Sud, la menace
répondre à la demande de ses clients. Il    rehaussé toutes ses mesures de biosé-                       de grippe aviaire planera à nouveau.                                     Sources : POC et FPOQ

                                                                                                                      Sur le Web laterre.ca
  Pas de hausse pour les œufs de table                                                                                Actualités/Environnement
                                                                                                                      ÚL’Ontario restreint significativement l’usage des néonicotinoïdes
    Si le prix des œufs de table a                                                                                    Actualités/Vie rurale
  plus que doublé aux États-Unis, au                                                                                  ÚUne 3e édition pour l’Expo provinciale de Montmagny
  Canada, grâce à la gestion de l’offre,                                                                              Des inondations frappent les agriculteurs
  les consommateurs ne subiront pas                                                                                   ÚAvez-vous été touché par ces inondations?
  d’augmentation de prix.                                                                                             Partagez vos photos et vidéos avec nous.
    Par contre, le prix des œufs desti-
  nés à la transformation a connu une                                                                                 La question de la semaine
  hausse, parce que le prix de référence                                                                              ÚCraignez-vous l’effet des récentes précipitations sur vos
                                                                                                                       cultures?
                                                                                         ARCHIVES/TCN

  de ce type d’œuf est entre autres éta-
  bli aux États-Unis. « Depuis le début                                                                               Venez répondre sur : laterre.ca
  de la crise aux États-Unis, le prix des                                                                             Résultats du sondage
                                            Au Canada, grâce au système de ges-
  œufs de transformation est passé de                                                                                 ÚCOOL : des mesures de rétorsion de 3 G$ convaincront-elles
                                            tion de l’offre, il n’y aura pas de hausse
  0,65 $ à 2,35 $ la douzaine », indique    de prix des œufs de table refilée aux                                      les Américains?
  Tim Lambert.                              consommateurs.                                                            Oui 19 % / Non 60 % / Je ne sais pas 21 %
Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015           PAGE 5

  Œufs de table et œufs                                                               30 % plus cher pour
  destinés à la transformation                                                        le kilo d’œuf liquide
                                                                                      YVON LAPRADE                                        « Ce n’est pas la première fois que
                                                                                                                                       nous sommes confrontés à des fluctua-
                                                                                        La « crise des œufs » qui frappe de            tions de prix de la matière première,
                                                                                      plein fouet les producteurs avicoles             soumet Denis Landry. Cette fois, ce sont
                                                                                      américains a fait bondir de 30 % le prix         les œufs liquides et la grippe aviaire. On
                                                                                      du kilo d’œuf liquide acheté par les bou-        a déjà vu le prix du sucre augmenter de
                                                                                      langeries et pâtisseries.                        125 %. »
                                                                                        « À cause de la grippe aviaire et ses             « On en voit de toutes les couleurs
                                                                                      répercussions, les prix sont en forte            dans le marché des ingrédients de base,
                                                                                      hausse au Québec, et ils vont le demeu-          que ce soit les œufs, le blé, le sucre ou
                                                                                      rer au moins pour les six prochains              les huiles, énumère Denis Landry. Il
                                                                                      mois », explique en entrevue à la Terre          faut prendre du recul et tenter de faire
                                                                                      le directeur général du Groupe Prestige,         une analyse sur un horizon plus large,
                                                                                      Denis Landry.                                    pour éviter de trop s’inquiéter quand
                                                                                        C’est ainsi que le kilo d’œuf liquide          les prix se gonflent soudainement. »
                                                                                      acheté par les boulangeries et pâtisseries          Même son de cloche au Conseil
                                                                                      se vend au prix de 2,50 $ depuis deux            de la transformation agroalimentaire
                                                                                      mois, ce qui contribue à augmenter les           du Québec (CTAQ). « On a observé,
                                                                         FPOQ

                                                                                      coûts de production des entreprises ali-         au cours des deux dernières années,
                                                                                      mentaires.                                       des courbes d’augmentation [pour
   Au Canada, il y a deux types d’œufs : les œufs de table (en
                                                                                        Denis Landry évite toutefois de dra-           les œufs liquides] de l’ordre de 25 à
   coquille) que l’on achète dans les épiceries et les œufs transformés
   (œufs liquides, etc.) destinés au secteur de la transformation                     matiser la situation. « Nous avons eu            30 %, rappelle Dimitri Fraeys, vice-
   alimentaire.                                                                       une rencontre avec notre fournisseur             président, Innovation et affaires éco-
   Selon Paulin Bouchard, président de la Fédération des producteurs                  [Vitoeuf, à Saint-Hyacinthe], il y a             nomiques. Depuis quelques semaines,
   d’œufs du Québec (FPOQ), au Québec et au Canada, la totalité                       15 jours, et il nous a rassurés, men-            ces hausses sont plus marquées. »
   des œufs de table provient d’élevages canadiens.                                   tionne-t-il. Il ne semble pas y avoir de            Denis Landry convient néanmoins
                                                                                      problème d’approvisionnement en vue              que le portrait d’ensemble n’est pas
                                                                                      pour le moment. »                                rose du côté américain. Craint-il que

Pas de succédanés
                                                                                        Le regroupement d’achat compte une             la crise chez nos voisins du Sud fran-
                                                                                      quarantaine de PME qui affichent des             chisse la frontière canado-américaine?
                                                                                      ventes globales de 225 M$. Parmi celles-            « Nous sommes dépendants de ce
                                                                                      là : La Petite Bretonne, à Blainville,           qui se passe aux États-Unis, répond-
                                          achète dans un contenant de sacs de         Pâtisserie Gaudet, à Acton Vale, Pâtes           il. On peut espérer que tout va rentrer
                                          plastique de 20 kilos.                      et Croûtes L.B., à Boucherville, et              dans l’ordre au cours des prochains
           YVON LAPRADE                     « On se fait dire que c’est causé par     Boulangerie St-Donat, dans Lanaudière.           mois. »
           ylaprade@laterre.ca            la grippe aviaire », rapporte-t-il.
                                            « On est actuellement dans le haut
  En dépit des fortes hausses de la       de la fourchette de prix, par rapport
matière première (les œufs liquides)      au prix au kilo qu’on payait il y a un
pour fabriquer ses gâteaux et ses         an, précise-t-il. Tout indique qu’il n’y
tartes, la Boulangerie St-Donat n’a pas   aura pas d’amélioration [baisses de
l’intention de changer sa recette.        prix] à cause de la grippe aviaire. »
  « Il n’est pas dans notre philoso-        Le propriétaire de la Boulangerie
phie de produire nos aliments avec        St-Donat dit néanmoins s’être habitué
des succédanés », précise Guillaume       aux fluctuations de prix dans un marché
St-Amour, président et propriétaire de    qui évolue en dents de scie, en fonction
la PME située dans Lanaudière.            de l’offre et de la demande, sur les mar-
  « Nous produisons de la qualité,        chés mondiaux. « Les prix bougent aux
ajoute-t-il. On utilise du vrai beurre,   trois semaines, dit-il. On s’y fait. »
de la vraie crème 35 % et des œufs. On      Mais qu’adviendra-t-il si la « crise
                                                                                                                                                                                       BOULANGERIE ST-DONAT

ne va rien changer parce que le prix      des œufs » ne se résorbe pas rapide-
des ingrédients de base augmente. »       ment? « On pourrait fabriquer nos
  Guillaume St-Amour, qui aime rap-       tartes et nos gâteaux avec moins
peler avoir grandi dans une famille       d’œufs, répond le président de l’entre-
                                                                                                                                                                                          GRACIEUSETÉ

de producteurs agricoles, tente de        prise. Chose certaine, on va tout faire
mesurer l’ampleur des augmentations       pour éviter que les consommateurs en        Les œufs liquides sont l’un des ingrédients qui entrent dans la fabrication des gâteaux et des
de prix du kilo d’œufs liquides, qu’il    paient le prix. »                           tartes produites par la Boulangerie St-Donat.
Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
PAGE 6    LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015

ÉDITORIAL

                       MARCEL                        Réduction des GES : le défi
                       GROLEAU
                       Président général de
                       l’Union des producteurs
                       agricoles
                                                     climatique et l’engagement
                                                     du G7 portent à réfléchir
Réunis récemment en Allemagne, les dirigeants           de la planète, il faut donc « décarboniser » notre          Canada ne peut ignorer. Il est même de plus en
des pays du G7 (États-Unis, Canada, Japon,              économie.                                                   plus clair que les pays qui choisiront d’ignorer
France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni) se sont                                                                     les ententes futures sur la réduction des GES
                                                        Pour expliquer l’impact d’un changement de
prononcés en faveur d’une diminution importante                                                                     devront en assumer les conséquences, voire
                                                        quelques degrés des températures moyennes,
des émissions mondiales de gaz à effet de serre                                                                     être exclus de certains marchés. Or, des groupes
                                                        le vice-président du GIEC a souligné que
(GES), c’est-à-dire entre 40 % et 70 % d’ici 2050                                                                   environnementaux dévoilaient récemment des
                                                        les températures moyennes sur Terre, il y a
par rapport à 2010. Les sept pays ont aussi                                                                         données d’Environnement Canada et d’autres
                                                        20 000 ans, étaient de 5 degrés inférieures à
réaffirmé leur volonté d’obtenir un accord lors de la                                                               sources gouvernementales fédérales indiquant que
                                                        maintenant. À cette époque, le Canada et l’Europe
Conférence de Paris, l’automne prochain. Quelque                                                                    les émissions canadiennes de GES ont augmenté
                                                        étaient couverts de 2 à 3 kilomètres de glace et le
100 G$ par an d’ici 2020 seront mobilisés pour                                                                      de 18 % depuis 1990. Les trois quarts (73 %) de
                                                        niveau des océans était 120 mètres plus bas. Cette
lutter contre les conséquences des changements                                                                      cette augmentation proviennent de l’exploitation
                                                        image forte illustre à quel point une légère variation
climatiques.                                                                                                        des sables bitumineux de l’Alberta.
                                                        peut avoir des conséquences immenses. Or, au
On estime à 0,9 degré Celsius l’augmentation            rythme actuel, si rien n’est fait, un réchauffement         Cette réalité, jumelée aux engagements du G7,
des températures moyennes du globe jusqu’à              de 4 ou 5 degrés serait possible d’ici la fin du            dont le Canada fait partie, m’apparaît difficilement
maintenant. Cette hausse entraîne déjà des              siècle. Difficile de prédire les conséquences               compatible avec un projet comme l’oléoduc
phénomènes extrêmes comme la sécheresse en              exactes, mais les changements climatiques seraient          Énergie Est de TransCanada qui vise à répondre
Californie, des vagues de chaleur sans précédent        dramatiques pour plusieurs espèces. Nous avons,             à une exploitation accrue des sables bitumineux.
en Inde et des pluies torrentielles dans plusieurs      pour les générations futures, la responsabilité d’agir      Énergie Est, qui transportera plus d’un milliard
régions du monde. Les températures plus élevées         maintenant.                                                 de barils de pétrole par jour de l’Alberta et de la
influencent aussi les rendements des cultures tout                                                                  Saskatchewan vers les raffineries et les terminaux
                                                        C’est pourquoi l’orientation du G7, qui représente
en compliquant la lutte aux insectes et parasites                                                                   portuaires de l’est du Canada, représente-t-il un
                                                        10 % de la population mondiale, mais plus de
ravageurs.                                                                                                          bon investissement dans les circonstances? Je n’ai
                                                        25 % des émissions de GES, reflète un consensus
                                                                                                                    pas la réponse à cette question, mais elle mérite
Ne rien faire pour contrer le réchauffement coûtera     historique qu’il faut saluer, même si le gouvernement
                                                                                                                    d’être posée.
donc beaucoup plus cher que les mesures que             canadien a tout fait pour s’en distancier. En effet,
nous devons prendre maintenant. C’est ce que            le communiqué du gouvernement canadien ne                   Nous continuerons bien sûr d’alimenter en pétrole
faisait récemment remarquer le vice-président           mentionnait pas l’engagement des pays concernant            nos tracteurs et nos équipements motorisés,
du Groupe d’experts intergouvernemental sur             la réduction des émissions de GES. Questionné sur           car aucune ressource ne peut le remplacer pour
l’évolution du climat (GIEC), Jean-Pascal van           le sujet en point de presse à l’issue du sommet, le         l’instant. Mais devant les défis à relever pour limiter
Ypersele. De passage à Montréal, ce dernier             premier ministre Stephen Harper est plutôt revenu           le réchauffement climatique et la nécessité de
a insisté sur le fait que les pays doivent se           sur ses engagements plus modestes de mai dernier,           « décarboniser » l’économie, est-il encore judicieux
décider rapidement si nous souhaitons limiter           précisant que « personne ne doit être dupe : on             d’investir dans un oléoduc qui traversera le Canada
le réchauffement à moins de deux degrés d’ici           ne va pas fermer nos industries ou éteindre les             et nos terres agricoles? Un pipeline avec lequel
la fin du siècle. Chaque année, si rien n’est fait,     lumières ».                                                 les producteurs devront vivre bien après l’ère du
nous ajoutons 40 milliards de tonnes de CO2                                                                         pétrole?
                                                        Malgré les nuances de M. Harper, l’engagement
dans l’atmosphère. Pour limiter le réchauffement
                                                        du G7 illustre une tendance lourde que le

                                                                                                                                                                                                 www.laterre.ca
                                                                                                                    Directeur                                 Coordonnateur                           Rédacteur en chef
                                                                                                                    André Savard                              ventes et distribution                  Bernard Blanchard
                                                                                                                    Directrice                                Pierre Leroux                           Chefs de pupitre
                                                                                                                    de production                             Ventes                                  Richelle Fortin
                                                                                                                    Brigit Bujnowski                          Christian Guinard                       Julie Desbiens
                                                                                                                    Directrice marketing et                   Sylvain Joubert                         Impression
                                                                                                                    développement                             Daniel Lamoureux                        Imprimerie Transmag
                                                                                                                    Laëtitia Parriaux                         Marc Mancini
                                                                                                                                                                                                      Distribution en kiosque
                                                                                                                                                              Susan Rooke
                                                                                                                    Coordonnateur                                                                     Messageries Dynamiques
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                                                                                                                    2 ans :     104,63 $
                                                                                                                    3 ans :     136,82 $
                                                                                                                    Paiement par chèque ou mandat
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                                                                                                                    555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                                    Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                              Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                              La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La
                                                                                                                              Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y.
                                                                                                                              12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER send address changes to La Terre de chez nous,
                                                                                                                              P.O. Box 2888, Plattsburgh, N.Y. 12901. Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par
                                                                                                                              l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste
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                                                                                                                              être livrée au Canada au Service des publications
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Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015           PAGE 7

Les agriculteurs écopent
                                              « J’ai été obligé de coucher chez mon     aux agriculteurs d’accéder à leurs               Malheureusement, je n’ai pas acheté
                                            voisin, confie-t-il en entrevue télépho-    champs.                                          des semences qui flottent! On a travaillé
           PIERRE-YVON BÉGIN                nique. Il y a 200 vaches qui m’atten-         « Les ponceaux ne fournissaient pas            tellement fort pour ces semences. »
           pybegin@laterre.ca               daient. » Stéphane Vaillancourt indique     et les routes ont été mangées dans bien                       Deschambault
                                            avoir perdu huit acres « des plus belles    des cas », relate-t-il, soulignant qu’au-          Dans la région de Québec, la station
  Les pluies diluviennes qui ont touché     terres de l’Estrie » à Compton. Son         cune alerte météo n’a prévenu les pro-           météo de la ferme expérimentale de
la région de Coaticook et de Compton        champ de 30 acres situé à proximité de      ducteurs agricoles.                              Deschambault a enregistré 156 mm de
dans les Cantons-de-l’Est ont provoqué      la rivière Coaticook a été abîmé par un       Figure bien connue du monde syndi-             pluie dans la nuit du 8 au 9 juin. Annie
d’importants dégâts la semaine dernière     ruisseau provenant de la route.             cal, Jacques Masson a eu une soirée par-         Dumas, directrice des opérations du
chez les agriculteurs.                        « Ça fait 102 ans que les Vaillancourt    ticulièrement occupée le 8 juin. Avec            Centre de recherche en sciences ani-
  Le président du Syndicat des cultures     cultivent cette terre et on n’a jamais vu   son tracteur, ce producteur laitier a aidé       males, indique que les chemins et pon-
commerciales de Coaticook, Stéphane         ça », a-t-il précisé.                       les pompiers à franchir la route 147             ceaux de la ferme ont particulièrement
Vaillancourt, évalue sommairement ses         Le président du Syndicat de l’UPA         entre Coaticook et Compton afin de por-          souffert.
pertes à plus de 100 000 $. La crue des     de Coaticook, Philip Stirnimann,            ter secours à un automobiliste.                    « Notre maïs a également été touché
eaux qui a emporté diverses portions de     confirme la gravité de la situation. Les      « C’est la première fois que je                et on retrouve plein de terre dans le bout
route l’a même empêché de regagner          80 mm de pluie tombés ont emporté           vois descendre tant d’eau. Dans les              des champs en raison du ruissellement »,
son domicile.                               bon nombre de ponceaux permettant           champs, ça ressemble au printemps.               a-t-elle confié.

                                                                                                                                                                                         PHOTOS : GRACIEUSETÉ FERME STERONEST/SÉBASTIEN VAILLANCOURT
Les 80 mm de pluie tombés dans la nuit de lundi à mardi ont totalement isolé la Ferme   Les frères Vaillancourt de la Ferme Steronest pensent avoir perdu huit acres « des plus belles
Steronest, obligeant l’un des propriétaires à dormir chez un voisin.                    terres de l’Estrie ». L’eau a creusé une crevasse d’une trentaine de pieds de profondeur.

Surplus d’eau dans les cultures : pas de panique!
MARTIN MÉNARD                               cation d’azote et, surtout, la pulvérisa-   des pertes de rendements définitives.              Benoit Côté abonde dans le même
                                            tion d’herbicides sont retardées dans       C’est difficile à chiffrer, mais ça com-         sens. « Les mauvaises herbes incitent
  UPTON — Certaines cultures ont été        plusieurs secteurs. « Certaines cultures    mence à presser de traiter les champs »,         le soya a étirer ses entre-nœuds au lien
durement éprouvées par les nombreuses       de maïs et de soya sont rendues assez       évalue pour sa part Vicky Villiard,              d’en créer. Si tu perds des entre-nœuds,
précipitations des derniers jours, mais     avancées. Un niveau élevé de mau-           experte régionale en phytoprotection et          tu perds des gousses, et donc, du rende-
en règle générale, « pas de panique »,      vaises herbes peut, à ce stade, entraîner   agronome au Club Durasol Drummond.               ment », résume-t-il.
nous disent deux agronomes.
  « Sur mon territoire [Saint-
Hyacinthe], en ce moment, l’eau ne
nuit pas aux cultures. Ce n’est pas pro-
blématique comme l’an passé. Avec les
bonnes conditions printanières que nous
avons connues, le sol est bien structuré,
l’eau percole. Dans certaines zones, il y
a peut-être un peu d’asphyxie racinaire
                                                                                                                                                                                         MARTIN MÉNARD/TCN

et de dénitrification, mais sans plus »,
explique Benoit Côté, agronome à la
Coop Comax. Sauf qu’il faudra tôt ou
tard du temps sec. Et vite. Car l’appli-
Des impacts chez nous - Pénurie d'oeufs aux États-Unis - La Terre de chez nous
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« On perd des protéines d’heure en heure »
                                                                                                                                                                Lorsque mère Nature leur donnera
                                                                                                                                                              le feu vert, les Lacoste père et fils tra-
           MARTIN MÉNARD                                                                                                                                      vailleront presque jour et nuit. Ils com-
           mmenard@laterre.ca
                                                                                                                                                              menceront par l’ensilage, pour ensuite
                                                                                                                                                              passer aux balles rondes. « En quatre
  UPTON — Les frères Lacoste ont                                                                                                                              jours, nous devrions avoir tout terminé.
100 hectares de fourrages à récolter,                                                                                                                         C’est certain qu’en priorisant la qualité,
mais la pluie les empêche de travailler.                                                                                                                      nous sommes plus lents. Par exemple,
« Nous avons l’équivalent d’une coupe                                                                                                                         nous n’employons pas une faucheuse à
et demie qui attend dans les champs.                                                                                                                          fléaux, mais à rouleaux, moins rapide,
Avec le retard, on perd des protéines de                                                                                                                      mais qui essore la plante sans l’endom-
jour en jour, d’heure en heure et même de                                                                                                                     mager. Idem pour la presse : pas de cou-
minute en minute », déplore Jean-Yves                                                                                                                         teaux qui accentueraient les pertes de
Lacoste, copropriétaire avec sa famille                                                                                                                       feuilles », explique Pier-Olivier.
d’une ferme qui abrite 152 vaches en                                                                                                                                        Trois presses
lactation, à Upton, en Montérégie. « Et                                                                                                                         Les circonstances sont telles qu’il

                                                                                                                                          MARTIN MÉNARD/TCN
les prévisions météo ne sont guère                                                                                                                            n’est pas exclu pour ces producteurs
encourageantes », fait-il remarquer.                                                                                                                          de faire appel à une deuxième et même
         Les fourrages, le profit                                                                                                                             à une troisième presse à balles rondes.
  Les détails font la différence sur le      Jean-Yves et Pier-Olivier Lacoste ont acquis cette faucheuse de six mètres de largeur avec                       « Ce n’est pas encore l’urgence, car
bilan financier d’une ferme laitière. Et     un andaineur intégré afin de maximiser la qualité des fourrages.                                                 nous avons une réserve d’environ
les Lacoste le savent, eux qui cherchent                                                                                                                      800 tonnes d’ensilage hautement pro-
continuellement à obtenir le plus haut         La faucheuse possède également un            que tu laisses, c’est des protéines.                              téiné. Sauf qu’il faudra agir bientôt et
taux de protéines pour leurs fourrages.      convoyeur qui double l’andain lorsque          C’est du profit. Nous avons comparé                               vite, car en plus de perdre de la qualité
Ils ont justement investi dans une fau-      l’herbe est fraîche, ce qui limite les         différents équipements et notre fau-                              en valeur nutritive, nous retardons la
cheuse automotrice, plus rapide pour         pertes, comparativement à un retour-           cheuse utilisée conjointement avec une                            prochaine coupe », estime Jean-Yves,
récolter au bon stade de maturité, et        neur d’andain employé quelques heures          presse à balles rondes nous permet de                             qui procède à quatre coupes.
dont la largeur de coupe supérieure          plus tard quand le foin est sec et plus        gagner 0,5 à 3 % de protéines. Pour un
réduit la manipulation des plantes et la     susceptible de partir au vent. « Plus tu       troupeau de 325 têtes, c’est énorme! »
                                                                                                                                                                              Voir la vidéo sur
compaction, car elle réduit le nombre de     manipules tes fourrages, plus tu laisses       affirme Pier-Olivier, le cadet des deux                                           laterre.ca
passages.                                    des feuilles au champ. Et les feuilles         frères.

Première coupe : gros rendements de luzerne...
  Plusieurs producteurs au sud de            chance et on s’est lancés aux champs.          de récolter les 40 hectares de prairie en                         pertes avaient été enregistrés. Ce qui
Montréal (et même un au Lac-Saint-           Les volumes étaient moindres, mais la          12 heures, ce qui réduit la vulnérabilité                         reste à récolter l’impressionne par des
Jean) avaient déjà complété leur pre-        qualité très bonne », commente Martin          à la pluie. Près d’Alma, Yvan Morin                               volumes prometteurs « Les champs
mière coupe vendredi. Dans l’ensemble,       Estermann, dont la ferme est située à          venait tout juste (9 juin) de faire ensi-                         de foin sont écrasés tellement il y a du
la qualité est au rendez-vous, mais pas      Sainte-Agnès-de-Dundee, au sud-ouest           ler à forfait 100 hectares de prairie. Il                         volume! » M.M.
la quantité.                                 de Montréal. Ce producteur a l’habitude        constate que ses rendements sont infé-
  Le nutritionniste Marc Leduc men-          d’encercler le 28 mai sur son calendrier       rieurs de 20 % à sa moyenne. « L’hiver
tionne que 50 % de la première coupe         comme date de la première coupe. Mais          a fait périr les plantes par endroits, mais
est complétée au sud-ouest de Montréal.      cette année, les travaux étaient termi-        c’est moins pire qu’on pensait. La qua-
Les graminées ont été récoltées avant        nés le… 23 mai! « Nous faisons cinq            lité est très bonne, avec une plus grande
leur stade d’épiaison et offraient en        coupes, alors vaut mieux commencer             proportion de luzerne et des plants très
général de moins grands rendements           plus tôt que plus tard », soutient-il.         feuillus », explique-t-il. Il estime le
qu’à l’habitude, à cause d’un manque         La date prévue de la prochaine est le          niveau énergétique à 1,45 Mcal/kg et
d’eau. La luzerne par contre affichait       24 juin.                                       le pourcentage de protéines à 20-22 %.
des rendements au-delà de la normale               De la luzerne à profusion                   Au Centre-du-Québec, Gilbert
et la qualité des premiers échantillons        Les travaux sont également terminés          Perreault croit que sa première coupe
reçus paraît excellente. « Pour une          chez Jason Erskain, dont les luzernières       est légèrement supérieure à celle des
dizaine de producteurs, les analyses         présentent un excellent rendement.             dernières années. « Les vaches ne m’en
indiquent un taux de protéines brutes        « Nous n’avions presque pas de mor-            ont pas parlé directement [!], mais le
variant entre 17 et 23 %. La digestibilité   talité et la luzerne était juste au bon        nouveau fourrage semble de qualité
est excellente, tandis que l’énergie est     stade [préfloraison], alors ç’a été une        puisque leur production de lait a légè-
jugée correcte avec un indice qui oscille    récolte plus élevée que la normale avec        rement augmenté », note l’éleveur, qui
                                                                                                                                                                                                           MARTIN MÉNARD/TCN

autour de 1,32 Mcal/kg », décortique le      7,5 tonnes à l’hectare », se réjouit-il. Sa    compte une soixantaine de vaches en
nutritionniste de la meunerie Gérard         ferme, qui mise sur 180 vaches en lacta-       lactation.
Maheu inc.                                   tion, ensile tout son fourrage et a récem-        L’hiver a détruit certaines zones de
  « Ils annonçaient de la pluie pendant      ment acquis un andaineur de grande             ses prairies, mais à un niveau moindre                            Gilbert Perreault est très satisfait de sa
une semaine, alors on a tenté notre          capacité. Ces deux astuces permettent          que l’an passé, où près de 50 % de                                première coupe.
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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015        PAGE 9

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Pas de plan conjoint unique
dans le bois
PIERRE-YVON BÉGIN

  SAINT-GEORGES DE BEAUCE
— Les producteurs forestiers des dif-
férentes régions du Québec ne relégue-
ront pas leurs 13 plans conjoints aux                                                            Voir la vidéo sur
oubliettes pour vendre leur bois.                                                                laterre.ca
  Après avoir jonglé avec l’idée de se
doter d’un plan conjoint unique cou-
vrant l’ensemble du Québec, le conseil
d’administration (CA) de la Fédération
des producteurs forestiers du Québec a
convenu de ne pas y donner suite.
  Au terme de son 46e congrès, qui avait
lieu récemment à Saint-Georges de
Beauce, la Fédération s’est vu confier
« le mandat d’entreprendre une initia-

                                                                                                                                                                                   PHOTOS : PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
tive » visant la mise en place d’un plan
conjoint unique d’ici cinq ans. La résolu-   André Roy, président du Syndicat des
tion, présentée par André Roy, président     producteurs forestiers du sud du Québec,
du Syndicat des producteurs forestiers du    a présenté la résolution demandant à la
                                             Fédération d’entreprendre une initiative
sud du Québec, a été adoptée sur grande      visant la mise en place d’un plan conjoint
division, 32 voix contre 30.                 unique d’ici cinq ans.
                                                                                          Réélu président de la Fédération des producteurs forestiers du Québec par acclama-
  « Je vais travailler pour que les                                                       tion, Pierre-Maurice Gagnon a promis de s’employer à entretenir la confiance entre ses
gens continuent à se faire confiance et      L’amélioration des organisations de          membres, sous les yeux du 1er vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux.
que le bateau arrive à bon port avec         propriétaires et de producteurs fores-
tous ses morceaux », avait alors réagi       tiers au niveau régional va renforcer
Pierre-Maurice Gagnon, président de la       le pouvoir politique à l’échelle provin-
Fédération fraîchement réélu par accla-      ciale. »
mation. Quelques minutes plus tard,             Placé sous le thème « Changer pour
le CA rejetait la proposition soumise        mieux servir les producteurs fores-
par André Roy, président du Syndicat         tiers », le congrès visait aussi à trouver
des producteurs forestiers du sud du         des moyens d’améliorer leurs condi-
Québec.                                      tions. Au fil des ans, selon les indi-
                                             cateurs compilés par la Fédération,
                                             l’environnement d’affaires s’est
          « C’est plus dur de                dégradé.
        faire du bois qu’il y a                 « C’est plus dur de faire du bois qu’il
                                             y a 10 ans », résume Marc-André Côté,
          10 ans », résume
                                             soulignant qu’une meilleure utilisa-
          Marc-André Côté.                   tion de la forêt privée pourrait créer
                                             10 000 nouveaux emplois.
  « Un plan conjoint unique, a-t-il             Les délégués ont ainsi adopté une
affirmé, on est rendus là. Les deux tiers    résolution réclamant entre autres un
de ce qu’on vend, c’est dans le sciage.      taux de taxation distinct pour les boisés
Aujourd’hui, on ne négocie pas le prin-      sous aménagement forestier. De plus,
cipal produit qu’on vend. C’est un non-      ils demandent la création d’un régime
sens. »                                      d’épargne et d’investissement sylvicole
  L’idée d’un plan conjoint unique, rap-     permettant de mettre à l’abri de l’im-
pelle la Fédération a posteriori, circule    pôt une partie du revenu forestier. Cet
déjà depuis 40 ans, les pour et les contre   argent servirait par la suite à financer
étant partagés. Elle estime donc qu’un       des travaux d’aménagement effectués
changement de cette ampleur nécessite        lors des années subséquentes.
d’abord une consultation élargie de tous        Le ministre des Forêts, Laurent
ses membres.                                 Lessard, a dit « adhérer fortement » à
  « Un plan conjoint provincial n’est        cette proposition, prévoyant qu’elle
pas la seule option, précise Marc-André      va entraîner « une révolution » qui va
Côté, directeur général de la Fédération.    libérer autant le monde que le bois.
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COMMERCE INTERNATIONAL

La Chambre des représentants
vote contre le COOL
JULIE MERCIER                                                                                                                                              La Chambre des représentants vient
                                                                                                                                                        de donner son aval à l’abrogation
  La Chambre des représentants des                                                                                                                      du COOL. « L’Administration et le
États-Unis se prononce en faveur de                                                                                                                     Congrès savent que la loi rendant obli-
l’abrogation de l’étiquetage du pays                                                                                                                    gatoire la mention du pays d’origine sur
d’origine (COOL).                                                                                                                                       les étiquettes a entraîné la perte de mil-
  À quatre reprises, l’Organisation                                                                                                                     liers d’emplois aux États-Unis et qu’elle
mondiale du commerce (OMC) a                                                                                                                            cause un préjudice économique de plu-
donné gain de cause au Canada et au                                                                                                                     sieurs milliards de dollars à l’industrie
Mexique dans ce conflit qui les oppose                                                                                                                  du bétail hautement intégrée de l’Amé-
aux États-Unis. Le tribunal a déterminé                                                                                                                 rique du Nord », a réagi le ministre
que cet étiquetage était discriminatoire                                                                                                                canadien de l’Agriculture, Gerry Ritz.
envers le porc et le bœuf exportés aux                                                                                                                  Ce dernier estime que ce vote repré-
États-Unis. La semaine dernière, le gou-                                                                                                                sente un pas dans la bonne direction.
vernement canadien a officiellement                                                                                                                     Il rappelle toutefois que le Sénat et le

                                                                                                                                      CHRIS CAPRIOTTI
demandé à l’OMC de mettre en place                                                                                                                      président Obama doivent approuver
des mesures de rétorsion d’une valeur                                                                                                                   l’abrogation du COOL s’ils veulent évi-
de 3 G$ contre des importations amé-       Le Congrès américain vient de franchir une première étape vers l’abrogation de l’étique-                     ter l’imposition de mesures de rétorsion
ricaines.                                  tage du pays d’origine.                                                                                      d’ici la fin de l’été.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 17 juin 2015              PAGE 11

Forts et unis
partout au Québec
JULIE MERCIER                                   négocier un accord de libre-échange que
                                                le Congrès ne pourra modifier. Les ana-

                                                                                                                                                                                                 VALÉRY MARTIN
   Inquiets des effets d’un éventuel accord     lystes du commerce international consi-
de Partenariat transpacifique (PTP), les        dèrent l’adoption du TPA comme une

                                                                                                                                                                                                   DE
producteurs sous gestion de l’offre du          condition essentielle à la conclusion du

                                                                                                                                                                                                 GRACIEUSETÉ
Québec poursuivent leur mobilisation.           PTP. Le lieu et les dates des prochaines
D’une journée à l’autre, le mouvement           rencontres de négociation de l’entente     La campagne « Forts et unis pour la gestion de l’offre » a été lancée en Estrie. Sur la photo : les
prend de l’ampleur.                             n’ont pas encore été annoncés.             présidents des Producteurs de lait du Québec, de l’UPA de l’Estrie et de la coopérative Agropur.
   La semaine dernière, les fédérations
régionales de l’Union des producteurs
agricoles (UPA) du Saguenay–Lac-
Saint-Jean, de l’Estrie et de Chaudière-
Appalaches ont tenu des conférences
de presse dans le cadre de la campagne
« Forts et unis pour la gestion de l’offre ».
Les agriculteurs et leurs partenaires de
la filière agroalimentaire veulent ainsi
signifier leur inquiétude que le fédé-
ral n’en vienne à accepter de nouvelles
concessions qui pourraient conduire au
démantèlement de la gestion de l’offre.
Ils réclament du même souffle le main-
tien intégral de ce système de production
en vigueur dans le lait, la volaille et les
œufs.
   Les producteurs du Bas-Saint-Laurent,
de la Mauricie, de la Montérégie, de l’Abi-
tibi-Témiscamingue, de Lanaudière, de
la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine,
du Centre-du-Québec et d’Outaouais-
Laurentides emboîteront le pas au cours
des prochaines semaines. Un peu par-
tout dans la Belle Province, les éleveurs
affichent leur soutien à ce mode de pro-
duction. C’est notamment le cas dans la
région Capitale-Nationale–Côte-Nord.
                   Échos
   La défense de la gestion de l’offre a eu
des échos jusqu’à l’Assemblée nationale.
Le critique péquiste en matière d’agri-
culture, André Villeneuve, a accusé le
gouvernement Couillard de ne pas en
faire assez pour défendre les intérêts des
producteurs québécois.
   Au niveau international, le Canada
n’est plus le seul pays assis à la table
de négociation du PTP à se faire repro-
cher de ne pas ouvrir suffisamment son
marché. Les États-Unis sont également
pointés du doigt. Les producteurs de
sucre de l’Australie et les éleveurs lai-
tiers de la Nouvelle-Zélande dénoncent
le refus de Washington d’élargir l’accès
à son marché intérieur, a révélé le journal
Australian Financial Review.
   Aux États-Unis, le Congrès n’a tou-
jours pas accordé au président Obama
l’Autorité de promotion du commerce
(TPA) ou procédure accélérée. Ce fast
track donne au président les pouvoirs de
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« Monsieur » était sensible
à l’agriculture
PIERRE-YVON BÉGIN

  Au moment où l’ancien premier ministre du Québec
est porté à son dernier repos, le monde agricole se
souvient de la contribution de Jacques Parizeau.
  Deux anciens présidents de l’Union des produc-
teurs agricoles (UPA), Jacques Proulx et Laurent
Pellerin, de même que le président actuel, Marcel
Groleau, témoignent de la vision de l’agriculture de
« Monsieur ».
  « Il avait une sensibilité pour l’agriculture; il était
très à l’écoute », affirme l’ancien président de l’UPA,
Laurent Pellerin, qui l’a côtoyé. Celui-ci se souvient
bien de la prestance du politicien, de « l’homme
impressionnant » qui méritait bien son surnom.
  « Ça a toujours été très agréable et extrêmement

                                                                                                                                                                                       ARCHIVES/TCN
poli, confie Laurent Pellerin en entrevue téléphonique.
Quand on le rencontrait, il y avait toujours un déco-
rum, un protocole. C’était sérieux et serré. »
                                                            À l’été 2008, Jacques Parizeau avait assisté à la fête donnée à Shawinigan pour souligner le départ de Laurent Pellerin.
  Au moment de le présenter au Congrès de l’UPA             Mario Dumont, alors chef de l’Action démocratique du Québec, et le regretté Jack Layton, chef du Nouveau parti démo-
en 1995, Laurent Pellerin avait rappelé son « préjugé       cratique, les accompagnaient.
favorable » envers l’agriculture à titre de ministre des
Finances, puis « son intervention personnelle » comme       a consacré sa vie à l’épanouissement du peuple                le commerce) pour l’instauration d’un traité de libre-
premier ministre dans le dossier du statut de produc-       québécois ».                                                  échange, aujourd’hui sous l’Organisation mondiale
teur agricole.                                                                 Libre-échange                              du Commerce (OMC), il concluait qu’Ottawa allait
  Jacques Proulx, président de l’UPA au moment                À titre de chef de l’opposition officielle, Jacques         sacrifier l’agriculture du Canada central pour celle
des États généraux du monde rural en 1991, convient         Parizeau mettait aussi les agriculteurs en garde contre       de l’Ouest. « C’est un péril mortel pour l’agriculture
que Jacques Parizeau figure sûrement au rang des            la position d’Ottawa dans la libéralisation des échanges      québécoise qui se prépare », prévenait-il à l’époque.
20 grands bâtisseurs du Québec.                             commerciaux.                                                    Après René Lévesque en 1976, Jacques Parizeau a
  « Sa force, c’était de permettre à la population de         « L’agriculture sera toujours placée dans une               été le seul autre premier ministre du Québec en exer-
s’approprier des changements », déclare-t-il à la Terre.    catégorie à part. Il faut y faire attention », recom-         cice à se présenter devant le Congrès de l’UPA. En
  Marcel Groleau, actuel président de l’UPA, a pour         mandait-il à son successeur en décembre 1995.                 décembre 1995, peu avant de quitter son poste à la
sa part offert ses condoléances à la famille du disparu,    En 1989, dans la foulée des premières négociations            suite du douloureux échec du référendum, il avait reçu
reconnaissant qu’il s’agit d’un « homme d’État qui          du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et           une ovation debout des congressistes.
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