La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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V o l . 86 , n o 18 – 6 au 12 mai 2015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $ La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants À LIRE EN PAGE 5 MARTIN MÉNARD PORC Entente de principe sur la convention À LIRE EN PAGE 4 BEATRIZ SALAS Vol 86 #18 18 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 2,25$ 10013 7
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 ACTUALITÉ Hausse d’évaluation de 345 % pour un producteur forestier commencé avec les fusions munici- pales. En 2002, raconte-t-il, sa munici- PIERRE-YVON BÉGIN palité de Saint-Étienne-de-Lauzon a été pybegin@laterre.ca regroupée avec celle de Lévis. Désireux de comprendre la logique de son éva- SAINT-ÉTIENNE-DE-LAUZON — luation, il a communiqué avec la Ville Gilles Brunelle se souviendra longtemps pour se rendre compte qu’il était pour du « miracle » du jour de l’An 2010. Le le moins ardu de comparer deux lots temps de déposer sa coupe de vin, l’éva- boisés. luation de sa propriété forestière venait Avec la patience d’un moine, le de faire un bond prodigieux de 74 %. forestier a compilé les évaluations PIERRE-YVON BÉGIN/TCN Pire, la facture de taxes foncières pour des 51 lots forestiers de son secteur. ses 55,28 hectares de boisés est passée Question de comparer des pommes de 886 $ en 2004 à 3 945 $ en 2014. avec des pommes, il a ramené toutes les Il s’agit d’une hausse spectaculaire de évaluations sur une base à l’hectare. Le 345 % en 10 ans. résultat est stupéfiant. Gilles Brunelle prévoit qu’il y aura de l’orage au paradis s’il s’y présente sans avoir réussi « Ce n’est pas une expropriation « Ça partait de 399 $ jusqu’à 6 027 $ à transmettre la terre forestière à une cinquième génération. comme telle, mais une façon de nous l’hectare, constate-t-il. C’est une taxe faire lever les pieds », estime le fores- déguisée sur une richesse virtuelle. » infléchir la tendance. Les administra- En raison d’une blessure, Gilles tier. Âgé de 65 ans, le retraité ne voit Administrateur au Syndicat des pro- tions municipales, pense-t-il, montrent Brunelle n’a pas récolté de bois l’hiver pas comment il parviendra à respecter priétaires forestiers de la région de peu de sensibilité à l’endroit des pro- dernier. L’homme qui dit « cultiver sa une tradition familiale en transmettant Québec, Denis Labonté ne peut que ducteurs forestiers. forêt » en retirait habituellement entre sa propriété à la génération suivante. déplorer l’ampleur du phénomène « Ma propre évaluation a atteint 10 000 et 15 000 $ en revenus chaque Du côté maternel, sa famille habite documenté par Gilles Brunelle. Dans 7 185 $ l’hectare, révèle-t-il. Je dois année. Il ne voit pas comment il pourra cette terre depuis 1862, l’arrière-grand- les régions à proximité de grandes avoir des pépites d’or quelque part, acquitter sa facture de taxes munici- père ayant été l’un des premiers colons villes, dit-il, le problème est particu- mais je ne les ai pas encore vues. » pales et scolaires, sachant « en étant à s’établir à Saint-Étienne-de-Lauzon. lièrement percutant, surtout pour les En 15 ans, Denis Labonté a vu l’éva- très conservateur » que ces dernières « Si j’arrive au paradis après avoir petits lots recherchés pour des activités luation de son lot forestier grimper de accaparent 20 % du prix du bois. Il se vendu la terre à un étranger, il va y avoir récréatives. 1 398 %, soit 93,22 % sur une base demande encore pourquoi il devrait un orage terrible », craint-il. « C’est généralisé partout », déplore- annuelle. À titre comparatif, sa rési- contribuer au transport en commun. Gilles Brunelle estime que la hausse t-il, admettant l’insuccès des efforts dence n’a augmenté que de 132,6 %, « Mes chevreuils ne prennent jamais effrénée de son évaluation foncière a déployés depuis quelques années pour soit 8,84 % par année. l’autobus », affirme-t-il avec dérision.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 PAGE 3 ACTUALITÉ Taxes : « Ils ambitionnent pour le vrai! » – RICHARD LASSONDE, PRODUCTEUR FORESTIER « Ils nous taxent sur la valeur qu’on devant les tribunaux et prend habituel- pourrait éventuellement vendre ces lots lement un arrangement à l’amiable », JEAN-CHARLES GAGNÉ lorsque la récolte ligneuse sera à matu- a-t-il exposé. M. Lassonde ne veut jcgagne@laterre.ca rité. Ça n’a plus de bon sens. J’ai acheté plus fonctionner de cette façon. Et il se ces lots fraîchement bûchés à blanc et demande s’il ne devrait pas vendre ses Des producteurs forestiers de la il faudra encore une trentaine d’années terres maintenant, « car si l’évaluation MRC d’Antoine-Labelle, dans les avant la récolte. » Selon M. Lassonde, continue d’augmenter à ce rythme, le Laurentides, en ont plein leur casque ces terres comportent de vastes superfi- compte de taxes va devenir un frein pour des hausses répétées et exagérées de cies en marécages, donc impropres à la la vente ». JEAN-CHARLES GAGNÉ/TCN taxes foncières. « Ils ambitionnent foresterie. « En plus, je ne reçois aucun Selon ses dires, les 40 vannes de pour le vrai! » a déclaré à la Terre service de la municipalité et je ne peux trembles sorties au cours des dernières Richard Lassonde, propriétaire de lots même pas placer une roulotte sur mes années n’ont même pas suffi pour boisés sur le chemin de Parent, à Mont- terres. » défrayer la construction du chemin Saint-Michel. M. Lassonde a vu son Mais il y a plus. Des lots voisins requis pour aller les récolter. Le prix du Propriétaire forestier à Mont-Saint-Michel, compte de taxes bondir de 400 % au fort similaires auraient enregistré une Richard Lassonde a vu son compte de taxes bois mou a diminué au fil du temps. cours des 3 derniers rôles d’évaluation, baisse de leur compte de taxes pendant bondir de 400 % en neuf ans. « Ce qui est surprenant et agaçant, passant de 750 $ à 3 000 $. Le compte que d’autres subissaient des hausses, c’est que le compte de taxes a en même de taxes a suivi la courbe de l’évalua- mais moins prononcées que celles de coin, M. Lassonde a décidé de contester temps baissé pour les habitants du vil- tion foncière, qui s’élève maintenant à M. Lassonde. « Où est la logique? » se l’augmentation inconsidérée des valeurs lage, alors qu’il a fortement progressé 280 000 $ par rapport à 58 000 $, neuf demande-t-il. foncières. Ce n’est pas une première sur les lots boisés et les terres agri- ans auparavant. Comme d’autres contribuables du pour lui. « La MRC ne veut pas aller coles », a-t-il confié à la Terre. Peut-on enrayer l’emballement de l’évaluation? Y a-t-il un moyen d’enrayer l’emballement de l’évaluation et des comptes de qu’on taxe sur une valeur potentielle que le propriétaire touchera seulement lors taxes au Québec? Chose certaine, tant le maire de Mont-Saint-Michel, André- de la vente ». Marcel Évéquoz, agriculteur et forestier, que l’évaluateur agréé de la MRC, Yvon « Il y a du monde prêt à payer le gros prix pour acquérir des terres agricoles Allen, ont évoqué leur impuissance quant à la montée en flèche de la valeur des ou forestières », a signalé le maire Évéquoz, lui-même propriétaire de 180 hec- actifs agricoles et forestiers. tares à Mont-Saint-Michel et victime de cette mécanique. « L’évaluation est « Les cartes écoforestières utilisées sont plus précises et les taux de taxation ont basée sur les ventes effectuées dans la région. Le prix payé est sans rapport été majorés, note d’abord M. Allen pour expliquer le phénomène. Je comprends avec la valeur de la terre et comporte une certaine spéculation », a-t-il ajouté. les forestiers qui se plaignent du fait que la forêt n’est pas rentable et que les M. Évéquoz va évaluer la pertinence de recourir à un taux de taxation varié, usines ferment alors que leur compte de taxes augmente. Mais l’évaluation est autorisé par la loi pour éviter le déplacement du fardeau fiscal vers les agri- basée sur les ventes réalisées dans le secteur. » Selon cet évaluateur, « ce ne sont culteurs. Cela dit, M. Évéquoz a laissé entendre qu’une diminution de l’éva- pas des forestiers qui achètent, mais de jeunes retraités de Montréal qui sont prêts luation des terres risquerait de priver sa municipalité de sommes importantes à y mettre le prix et qui désirent de grandes surfaces pour la chasse, par exemple. provenant du Programme de crédits de taxes foncières agricoles du ministère C’est un drame pour les forestiers qui veulent en faire leur profession. C’est sûr québécois de l’Agriculture. J.-C.G. DANS LA TERRE CETTE SEMAINE Sur le Web laterre.ca HAUSSE D’ÉVALUATION DE VOTRE MAGAZINE Actualités/Cultures ÚQuébec à la rescousse des travailleurs étrangers 345 % POUR UN PRODUCTEUR Actualités/En région Fédération FORESTIER PAGE 4 des producteurs acéricoles du Québec ÚVos étiquettes, reflet de votre ADN L’ACHAT DE SAVOURA FINANCÉ VOL. 27, NO 2 | MAI 2015 SUPPLÉMENT DE LA TERRE DE CHEZ NOUS Que pensez-vous de la réforme du gouvernement Harper PAR LES… ONTARIENS touchant le Programme des travailleurs étrangers temporaires? PAGE 7 ÚFaites-nous part de vos commentaires LA PETITE VACHE BLEUE EST Partagez vos photos et vidéos avec nous. LÀ POUR RESTER PAGE 8 La question de la semaine ÚLe gouvernement fédéral devrait-il faire davantage de place MOINS DE TRAVAILLEURS aux travailleurs étrangers temporaires? ÉTRANGERS… DES Venez répondre sur : laterre.ca TRANSFORMATEURS INQUIETS PAGE 9 CHOISIR SON ÉQUIPEMENT POUR DÉBARDER SON BOIS Résultats du sondage BOVINS : NE PAS S’ASSURER, PRODUCTION ÚCroyez-vous que le budget de Joe Oliver va améliorer LES FEMMES EN ACÉRICULTURE les liquidités dans votre ferme? UNE DÉCISION LOURDE DE CONSÉQUENCES PAGE 12 Oui 10 % / Non 81 % / Je ne sais pas 10 %
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 PORC CONVENTION DE MISE EN MARCHÉ Entente de principe avec une majorité d’acheteurs PIERRE-YVON BÉGIN conserver dans la filière les gains de productivité captés par la Financière. Après avoir demandé l’arbitrage, les En réponse à une question d’un pro- Éleveurs de porcs du Québec viennent ducteur, le président des Éleveurs de conclure une entente de principe a précisé que les producteurs pou- avec une majorité d’acheteurs pour la vaient éventuellement espérer retirer conclusion d’une nouvelle convention des « dollars supplémentaires » de ce de mise en marché des porcs. fonds. « On était dans une perspective de Interrogé quant à la valeur et à la continuité et de maintien d’un lien solidité du prix de référence améri- d’affaires entre les producteurs et les cain, David Boissonneault a convenu acheteurs », a commenté le président qu’acheteurs et producteurs avaient PIERRE-YVON BÉGIN/TCN des Éleveurs, David Boissonneault. intérêt à trouver une solution de Celui-ci indique que l’entente de prin- rechange au cas où ils perdraient ce cipe prévoit notamment le maintien dernier. Les Éleveurs disent avoir du prix de référence américain obtenu reçu mercredi dernier la signature Le président des Éleveurs de porcs, David Boissonneault, a dévoilé les détails de l’entente dans la dernière convention signée en de principe mardi soir à Joliette au cours de l’assemblée annuelle du Syndicat des Éleveurs d’un important acheteur. Ceux qui ont 2009. Celle-ci est échue depuis sep- de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentides. jusqu’ici dit oui à cette entente repré- tembre 2013. sentent 85 % du volume des porcs Le projet d’accord introduit éga- lancé David Boissonneault au cours L’entente de principe inclut aussi abattus. lement un mécanisme favorisant le de l’assemblée générale annuelle du l’engagement des parties à se pencher Une proposition commune sera sou- mouvement des porcs entre les abat- Syndicat des éleveurs de Lanaudière- sur les modalités d’un fonds fidu- mise à la Régie des marchés agricoles toirs, un gain qui correspond au désir Outaouais-Laurentides. ciaire dans une volonté de partager et alimentaires du Québec, qui a prévu des producteurs d’obtenir plus de sou- « On va se donner de la souplesse, les risques. des séances d’arbitrage à compter de plesse quant au choix de leur abattoir. mais sans perdre les acquis collec- Le président des Éleveurs a expliqué la fin juin. D’ici là, les acheteurs res- « On vous a écoutés là-dessus », a tifs », a-t-il ajouté. qu’on voulait trouver une façon de tants seront invités à ratifier l’entente. La Cour suprême ravit Lanaudière JOLIETTE — La décision de la Cour un producteur de porcs de Lanaudière, suprême d’entendre la cause de pro- Michel Lafortune, et 200 autres collè- ducteurs de porcs contre la Financière gues. Ils estiment avoir été lésés par la agricole du Québec réjouit le Syndicat Financière dans le calcul de leurs com- des éleveurs de porcs de Lanaudière- pensations pour les années 2006, 2007 Outaouais-Laurentides. et 2008. Son président, Jacques Clermont, en Agri-Québec fait une victoire personnelle, heureux Enfin, des producteurs ont demandé de voir le plus haut tribunal au pays pourquoi le programme Agri-Québec accepter de trancher le litige de 77 M$ avait été suspendu pour un an. Jacques relatif à des compensations d’assu- Clermont a exprimé l’avis qu’il revient rance stabilisation. à chaque producteur de se prononcer « Ça va changer le monde », a-t-il sur la question, chaque entreprise agri- prédit au cours de l’assemblée générale cole constituant un exemple unique. PIERRE-YVON BÉGIN/TCN annuelle de son syndicat la semaine Présent à l’assemblée, Marcel Papin, dernière à Joliette. Dans un élan président de la Fédération de l’UPA de d’enthousiasme, il a même décrit son Lanaudière, a dit partager la déception bonheur comme une expérience de… des producteurs à ce sujet. Le président du Syndicat des éleveurs de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentides, lévitation. « C’est comme si j’avais Jacques Clermont, a comparé l’inscription de sa cause en Cour suprême à une expérience « On a toujours gardé le focus sur volé au-dessus des tables jusqu’au fond de lévitation. l’ASRA, un filet de sécurité connu qui de la salle », a-t-il illustré, confirmant nous donne de la prévisibilité, a pour qu’il entendait conserver son poste une Cette dernière, a-t-il rappelé, vise à coles (ASRA) constitue un réel contrat sa part soutenu David Boissonneault, autre année, le temps de mener cette démontrer que le Programme d’assu- d’assurance « parce qu’on paye des président des Éleveurs de porcs. On cause à terme. rance stabilisation des revenus agri- primes ». La cause est représentée par veut un outil qui marche. » P.-Y.B.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 PAGE 5 À LA UNE La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants PIERRE-YVON BÉGIN ciaires autant en Beauce qu’en Estrie, constate-t-il. Depuis des années, ces trois producteurs s’opposent aux SHERBROOKE — L’affaire des trois producteurs conditions de la mise en marché collective. En conclu- de sirop d’érable récalcitrants vient de connaître un sion, le magistrat leur sert une véritable volée verbale. dénouement spectaculaire. La Terre a appris que la « Nous savons qu’en ce qui concerne les requérants, Cour supérieure vient de rabrouer Steve Côté, Roger indique-t-il, nous ne pouvons compter sur leur bonne Roy et Robert Hodge, des acériculteurs de l’Estrie. foi;trop de jugements le confirment. » Ceux-ci demandaient une injonction pour empêcher la saisie de leur récolte 2015 par la Fédération des produc- – Faits saillants – GRACIEUSETÉ LA TRIBUNE teurs acéricoles du Québec. Roger Roy « Les requérants ont le don de se poser en victimes d’un système soutenu par 7 000 producteurs de sirop • Avant 2013, la Fédération lui réclamait plus de d’érable et dont ils profitent grandement », écrit le juge 1,8 M$ Steve Côté, acériculteur de Sawyerville en Estrie, s’est fait Gaétan Dumas dans un jugement dont la Terre a obtenu saisir une centaine de barils de sirop d’érable en 2013. • En 2013, saisie de 154 barils de sirop de 45 gal- copie. lons L’affaire a été fortement médiatisée ce printemps. Les sécurité et l’huissier ont fait preuve de prudence en • En 2014, saisie de 30 barils… contenant de l’eau requérants avaient alors dénoncé la présence de gar- prenant des notes. Les requérants plaidaient que leurs du robinet diens de sécurité dans leur érablière. Or, il s’avère que droits étaient bafoués. • Hiver 2015 : les 30 barils explosent chez Citadelle la Fédération a pris ce moyen légal après avoir constaté « C’est devant l’attitude de confrontation des requé- une énorme différence entre les saisies effectuées en rants que la Fédération a dû utiliser les moyens légaux Steve Côté 2013 et en 2014 chez ces producteurs. Dans le cas de mis à sa disposition pour faire respecter la loi qui régit la • Avant 2013, la Fédération lui réclamait 656 604 $ Steve Côté par exemple, un seul baril de sirop a été saisi Fédération et les requérants », mentionne le juge. • En 2013, saisie de 100 barils de sirop de 34 gal- en 2014 comparativement à 100 l’année précédente. La tactique des producteurs jugés fautifs n’a visible- lons Roger Roy a pour sa part admis devant le juge qu’il ment pas échappé au juge Dumas. D’entrée de jeu, celui- • En 2014, saisie d’un seul baril de sirop avait déposé une requête pour faire annuler la saisie ci leur rappelle qu’une ordonnance d’injonction ne peut de 30 barils de sirop de la récolte 2014, sachant fort en aucun cas être prononcée pour empêcher des procé- Robert Hodge bien que ceux-ci étaient en réalité remplis… d’eau! dures judiciaires. Il leur sert un avertissement en citant • En 2014, saisie-revendication de 5 barils Entreposés chez Citadelle, ces barils ont littéralement un récent jugement de son collègue Clément Samson • L’acériculteur reconnaît devant le juge avoir « explosé » l’hiver dernier. La preuve a été faite devant à l’endroit d’un autre producteur de sirop d’érable. Le déplacé sa récolte dans sa résidence et son le juge que le sirop d’érable ne peut geler. défaut d’obtempérer à une injonction, mentionne-t-il, est garage personnel. « Même si les requérants se posent en victimes dans les passible d’une sanction pouvant aller jusqu’à l’empri- • Devant le juge Dumas, Hodge affirme qu’il n’a 55 paragraphes de leur requête en injonction interlocu- sonnement. pas dit à l’huissier où se trouvaient ses barils toire, ajoute le juge, le tribunal conclut qu’ils ont tort. » « Fin de la récréation », a pris soin de souligner le juge parce que ce dernier ne le lui a pas demandé. Le magistrat note aussi que les moyens utilisés par Dumas. Or, selon l’huissier, M. Hodge a affirmé que les la Fédération étaient nécessaires à la sauvegarde de La lutte sans merci que livrent les requérants à la barils avaient déjà été vendus. ses droits. Par ailleurs, il estime que les gardiens de Fédération a déjà « trop accaparé » les ressources judi- Entente avec l’Érablière Daniel Gaudreau L’Érablière Daniel Gaudreau, de Scotstown dans les Après plusieurs années de démêlés judiciaires, la Cantons-de-l’Est, peut vendre une partie de sa produc- Fédération a obtenu une injonction lui permettant de tion au détail. L’entreprise a conclu une entente avec la saisir la récolte de quatre producteurs récalcitrants, Fédération des producteurs acéricoles du Québec pour dont celle de l’Érablière Daniel Gaudreau. Des agents la production d’environ 1 500 gallons de sirop équiva- de sécurité ont même été engagés pour surveiller les lant à son quota de 8 000 à 9 000 entailles. lieux durant la présente récolte. Rappelons que les acé- L’accord prévoit que l’Érablière, propriété de Daniel riculteurs respectueux des règles de la mise en marché Gaudreau et Nathalie Bombardier, va livrer sa produc- collective ont fait pression sur leur fédération pour ser- tion contingentée à la Fédération. Celle-ci lui retour- rer la vis aux contrevenants. nera par la suite 4 barils pour la vente au détail, tout Paul Rouillard, directeur adjoint de l’organisation, en lui payant le prix du contingent moins les frais de se réjouissait de l’entente intervenue avec l’Érablière GRACIEUSETÉ LA TRIBUNE 12 cents/lb pour la mise en marché. En ce qui concerne Daniel Gaudreau. les pénalités de 1,20 $/lb à percevoir pour le sirop pro- « L’étau se resserre, déclare-t-il. Les producteurs duit sans contingent, la Fédération devra s’adresser à récalcitrants réalisent qu’ils ont intérêt à fonctionner un autre tribunal, visiblement à la Régie des marchés Nathalie Bombardier, copropriétaire de l’Érablière Daniel dans le système, parce que les tribunaux nous ont tou- agricoles et alimentaires du Québec. Gaudreau, en compagnie de son avocat, Marc Vaillancourt. jours donné raison jusqu’ici. » P.-Y.B.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 ÉDITORIAL Réforme du PTET : un frein au développement de l’agroalimentaire et des régions ministre québécois du Travail, Sam Hamad. « Nos cette réforme, il pourrait tout de même subir MARCEL homologues fédéraux procèdent à l’application des contrecoups importants. Les changements GROLEAU mur-à-mur d’une réforme qui ne tient pas compte s’appliquent en effet aux entreprises du secteur Président général de de la réalité du marché du travail au Québec et de la transformation alimentaire. Ces entreprises l’Union des producteurs qui viendra fragiliser davantage des secteurs sont situées en région, là où la disponibilité de la agricoles d’activités déjà aux prises avec d’importants main-d’œuvre est faible. L’accès à des travailleurs problèmes de recrutement », a pour sa part étrangers temporaires demeure essentiel pour indiqué la ministre québécoise de l’Immigration, elles. De plus, elles doivent composer avec la Kathleen Weil. saisonnalité des récoltes. Faut-il rappeler au La pénurie de main-d’œuvre est une réalité gouvernement fédéral que la production végétale dans plusieurs régions et secteurs d’activités au L’Association des producteurs maraîchers est essentiellement une activité estivale et que Québec. Pour pallier cette difficulté et poursuivre du Québec et la Fondation des entreprises les entreprises de transformation, pendant cette leur développement, les entreprises se sont en recrutement de main-d’œuvre agricole période, ont besoin de main-d’œuvre tout autant tournées vers le Programme des travailleurs étrangère sont intervenues auprès des ministres que les fermes? Quand un maillon est faible, c’est étrangers temporaires (PTET). Ces travailleurs responsables de ce dossier dès l’annonce des toute la filière qui en souffre. jouent maintenant un rôle important dans la modifications au PTET. Pour le secteur maraîcher, croissance de plusieurs entreprises. Encore cette ces modifications sont majeures et illustrent « une En été, le tourisme, la pêche et l’agroalimentaire semaine, on me disait que des projets d’expansion profonde méconnaissance de notre industrie ». tournent à plein régime. Ces secteurs nécessitent seraient reportés ou tout simplement abandonnés Jumelée à la lourdeur administrative qu’elle beaucoup d’emplois saisonniers, alors que nous si les changements apportés au PTET depuis le ajoute (il faut maintenant s’y prendre plusieurs connaissons une réelle pénurie. C’est pour cette 30 avril restent en vigueur. mois à l’avance si l’on veut s’assurer d’avoir de raison que l’Union s’est opposée à la réforme du la main-d’œuvre étrangère disponible pour la programme d’assurance emploi qui ne reconnaît Le gouvernement du Québec a demandé au saison suivante), cette réforme constitue un frein pas cette réalité. Les régions et, conséquemment, fédéral de surseoir à la mise en œuvre de cette important à la compétitivité et au développement le secteur agroalimentaire font face à un manque réforme afin de trouver des solutions respectant du monde agroalimentaire québécois. Le secteur de main-d’œuvre et la réforme du PTET va les particularités du marché du travail québécois. végétal, et plus particulièrement le secteur empirer cette situation. Je demande donc à tous « Les changements apportés ne sont pas maraîcher, est l’un de ceux qui ont connu la plus nos députés fédéraux, et plus particulièrement applicables au Québec, car ils ne tiennent pas forte expansion au cours des dernières années. aux députés et aux ministres conservateurs du compte de la réalité de nos régions en matière Cette lancée risque bien d’être compromise Québec, de corriger cette situation si, comme d’emploi. […] Les entreprises québécoises qui ont par les contraintes supplémentaires que va leur ils le répètent sans cesse, l’économie est recours au PTET le font parce qu’elles éprouvent imposer la réforme. véritablement leur priorité. de réels besoins. Plusieurs secteurs d’activités, qui peinent déjà à recruter, risquent d’être privés Bien que le secteur de la production agricole d’une main-d’œuvre précieuse », a déclaré le (8 000 travailleurs) soit en partie exempté de www.laterre.ca Directeur Coordonnateur Rédacteur en chef André Savard ventes et distribution Bernard Blanchard Directrice Pierre Leroux Chefs de pupitre de production Ventes Richelle Fortin Brigit Bujnowski Christian Guinard Julie Desbiens Directrice marketing et Sylvain Joubert Impression développement Daniel Lamoureux Imprimerie Transmag Laëtitia Parriaux Marc Mancini Distribution en kiosque Susan Rooke Coordonnateur Messageries Dynamiques administration et Abonnement service à la clientèle Postes Canada Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC 1 an : 65,54 $ 2 ans : 104,63 $ 3 ans : 136,82 $ Paiement par chèque ou mandat à l’ordre de La Terre de chez nous NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 PAGE 7 ACTUALITÉ L’achat de Savoura financé par les… Ontariens! MARTIN MÉNARD Bruce Mitchell, le président de Permian Industries, était l’un des administrateurs Les informations tirées du Registre de Mastronardi Produce Ltd, un géant foncier du Québec indiquent que l’achat de la production de légumes en serre. de Savoura a été financé à hauteur de Sous sa marque Sunset, Mastronardi 25 M$ par une entreprise ontarienne. Produce produit des tomates, des poi- En effet, le 10 avril dernier, la marque vrons, des concombres, des aubergines, Savoura et ses actifs sont passés entre de la laitue et des petits fruits sur plus ARCHIVES/TCN les mains de la compagnie 9320- de 800 ha de serres, lesquelles sont 2232 Québec inc. et de son actionnaire réparties au Canada, aux États-Unis, au majoritaire, Les Serres Sagami, avec Mexique et en Amérique centrale. En L’achat de Savoura a été financé à hauteur de 25 M$ par une compagnie ontarienne. pour créancier une entreprise ontarienne, comparaison, la production totale en qui se nomme 2461398 Ontario Ltd. serre au Québec s’établit à un peu plus certains très connus au Québec. Mais la même chose pour Savoura. En pas- Cette compagnie ontarienne a été fon- d’une centaine d’hectares… trouver du financement sans aucune sant, des tomates ont été vendues dans dée le 9 avril 2015, juste avant la transac- Stéphane Roy répond condition, ce n’était pas facile. La tran- le passé par des entreprises québécoises, tion. Son représentant, Joe Wightman, est La Terre a finalement pu s’entretenir saction que j’ai faite, c’est une tran- avec le même emballage, mais en vérité, quant à lui le vice-président aux finances avec Stéphane Roy. Le nouveau pré- saction propre dans tous les sens. Par elles provenaient du Mexique », nuance de Permian Industries Ltd, une société sident souligne que la marque Savoura contre, elle est risquée. La plus risquée M. Roy d’investissement spécialisée notamment demeure québécoise mais que les délais que j’ai faite. » Du pain sur la planche dans le domaine agroalimentaire. serrés entourant l’achat de Savoura ren- Est-ce que la société d’investissement Le système de production des Serres Or, selon les données en ligne du gou- daient le financement difficile. « J’ai ontarienne aura un droit de regard sur du Saint-Laurent (l’entreprise derrière vernement ontarien, en date du 20 avril, rencontré plusieurs investisseurs, dont vos activités? Savoura) était en mauvais état, juge « Jamais, aucun droit de regard », Stéphane Roy. « Savoura saignait! Il y répond du tac au tac M. Roy. Il ajoute avait des problèmes, de maladies entre Commentaire de Jacques Demers que le financement d’un récent achat, les Serres Lacoste de Charlevoix, pro- vient de créanciers de la Saskatchewan, autres. Ma force, ce sont les opérations. Je rentre dans une entreprise, je trouve les problèmes et je les corrige. C’est ce que Jacques Demers, directeur général des Productions horticoles Demers inc., fai- « et eux non plus n’ont aucun droit de je vais faire avec Savoura », commente- sait partie de ceux qui désiraient acheter Savoura. Le financement ontarien de regard », insiste-t-il. t-il. Stéphane Roy nous a offert cette pri- la transaction réalisée par son concurrent le rend songeur. « Ça sème un sérieux Réglons maintenant la fameuse meur : « Je suis déjà en train d’actualiser doute sur la réelle propriété de Savoura. Que les produits vendus sous la marque question : y a-t-il des chances que des la marque Savoura et ses emballages. Savoura proviennent éventuellement de l’Ontario ou du Mexique, c’est une hypo- tomates de marque Savoura proviennent J’investis quelques centaines de milliers thèse qu’on ne peut pas mettre de côté. Déjà que l’affichage de la provenance des de l’Ontario ou du Mexique? de dollars. Je vais aller chercher le maxi- aliments n’est pas évidente pour les consommateurs, ils pourraient avoir de la « Zéro! Sagami et Biologico, ce sont mum de son potentiel. » misère à s’y retrouver », note-t-il. des produits 100 % du Québec. Ce sera * En collaboration avec Martine Giguère. Commentaire du Syndicat des producteurs en serre André Mousseau, président du Syndicat des producteurs en serre du Québec, sait que la marque Savoura est névralgique pour la Belle Province. Le financement ontarien n’est pas passé incognito. « C’est certain que quand tu entends le nom de Mastronardi, ça fait peur. C’est normal d’être inquiet, car c’est un gros producteur qui a des moyens bien supérieurs à nous. Mais faut se fier à Stéphane [Roy]. À preuve du contraire, on va le croire [que les produits de marque Savoura provien- dront uniquement du Québec] », déclare-t-il. À titre de président, M. Mousseau envisage de rencontrer M. Roy dans de brefs délais. « On veut connaître ses plans. Et on veut le soutenir pour que la prise en main de Savoura soit une réussite. Il faut travailler tous ensemble pour développer la serriculture au Québec. » Commentaire de l’APMQ « Nous sommes un peu le chien de garde. Et si le branding québécois Savoura était utilisé avec de la tomate d’ailleurs, on ne ferait pas d’exceptions et on dénon- cerait la situation aux chaînes d’alimentation », déclare d’emblée André Plante, directeur de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ). Cela dit, M. Plante donne le crédit à l’acquéreur Stéphane Roy. « Il a fait du bon tra- vail dans ses transactions passées. Je crois comprendre qu’il se donne un an pour redresser l’entreprise. S’il remet Savoura sur la bonne voie, il faudra saluer ça », affirme M. Plante.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 LAIT La petite vache bleue est là pour rester JEAN-CHARLES GAGNÉ sur ses produits laitiers (50 fromages et crèmes glacées) le Choix du Président. QUÉBEC — Les Producteurs de lait Rappelons que Domino’s Pizza, qui du Québec (PLQ) n’ont pas l’intention achète quelque cinq millions de kilos d’abandonner le logo de la petite vache de fromage par an, s’est engagée à uti- bleue (Lait 100 % canadien), boudée liser uniquement du fromage fait de par les grands transformateurs Saputo, lait 100 % canadien pour ses pizzas et Parmalat et Agropur. « Nous voulons autres articles au menu. Les PLC en trouver une solution pour utiliser ce sont à conclure une entente avec Tim logo, en collaboration avec l’industrie, Hortons afin de promouvoir ce sym- et non le faire disparaître », a déclaré bole laitier. DeLaval, un fournisseur le président des PLQ, Bruno Letendre, pour l’industrie laitière, veut afficher en assemblée générale annuelle, le la petite vache bleue sur sa flotte de PLC 15 avril dernier. Le logo de la petite vache bleue Lait 100 % canadien crée des tensions dans l’industrie camions et s’est entendu avec les PLC M. Letendre conteste la position laitière depuis au moins quatre ans. à cet égard. des transformateurs laitiers qui récla- ment l’abandon de ce symbole comme entre la coopérative, ses clients et les condition préalable à des négociations consommateurs ». M. Riendeau com- sur les importations d’ingrédients prenait que le recours à ce logo visait laitiers au pays. « C’est une question qui doit se discuter à la table créée à cette à majorer l’utilisation de lait canadien dans la fabrication des produits laitiers. Bonne retraite fin, pas une condition préalable », a-t-il Un objectif qui était à ses yeux atteint indiqué. « Je ne comprends pas pour- grâce à la mise en place des normes de Le monde agricole voit partir l’un quoi tous ces transformateurs acceptent composition des fromages, une opéra- de ses grands journalistes. Doyen de d’être présents sur le site Les fromages tion endossée par un seul grand trans- la salle de rédaction de La Terre de d’ici et qu’ils font de l’urticaire au sujet formateur laitier canadien, à savoir chez nous, Jean-Charles Gagné prend du logo de la petite vache bleue », a Agropur. sa retraite. poursuivi le président Letendre. Marcel Groleau, alors président de Tout au long de ses 25 ans à la Le torchon brûle à ce sujet depuis la Fédération des producteurs de lait Terre, Jean-Charles a partagé le 2011. Le président d’Agropur, Serge du Québec, avait répliqué que la petite quotidien des producteurs. Sous sa Riendeau, avait déclaré lors de l’as- vache bleue est un véritable logo d’ori- plume, les agriculteurs ont pu s’infor- semblée générale annuelle de la coo- gine reconnu par l’Agence canadienne mer des grands enjeux des productions pérative que « les Producteurs laitiers d’inspection des aliments à la suite sous gestion de l’offre, du commerce du Canada [PLC] n’avaient pas à d’une plainte déposée par l’Association international, du zonage agricole et s’immiscer dans la commercialisa- des transformateurs laitiers du Canada des dossiers chauds du monde rural. ARCHIVES/TCN tion des produits laitiers en utilisant la à son sujet. C’est un logo qui est acces- Son professionnalisme et son attache- petite vache bleue, bref que ce n’était sible à tous les transformateurs de pro- ment à la cause des producteurs ont pas leur rôle ». Il estimait que ce logo duits laitiers au Canada. Il signalait que marqué son parcours remarquable. Le doyen de la salle de rédaction de La risquait « de discréditer les marques la chaîne Loblaws a compris la valeur Toute l’équipe de la Terre tient à te Terre de chez nous, Jean-Charles Gagné, des transformateurs et de briser le lien ajoutée qui s’y rattache et l’a apposé souhaiter, Jean-Charles, la plus belle prend sa retraite après 25 ans de loyaux des retraites. J.M. services. 20 ans pour Novalait! Retombées « Nous avons un tissu de recherche bien Au cours des 20 dernières années, vivant », a pour sa part précisé Michel JULIE MERCIER la recherche que les entreprises ne Novalait a financé 100 projets de Pouliot, vice-président recherche et peuvent pas se payer. Chacun y recherche pour une valeur de plus de développement chez Agropur. Au-delà LONGUEUIL — Chef de file en trouve son bénéfice, de la petite à 41 M$. Une étude a estimé à 600 M$ de la recherche, Novalait a également recherche laitière, Novalait célèbre la grande entreprise », a expliqué les gains possibles à la ferme et à investi dans le transfert de connais- cette année ses 20 ans. Michel Doré, directeur des services l’usine d’un échantillon de 16 projets sances et la formation pratique aux éle- Corporation créée conjointement techniques et de l’amélioration conti- de l’organisation. Grâce à Novalait, des veurs. Les travaux sur le tarissement par les producteurs et les transfor- nue chez Parmalat Canada. « Le fait chaires de recherche et des réseaux stra- court des vaches en sont un exemple. mateurs laitiers du Québec à qui elle que l’on soit regroupé a permis d’al- tégiques ont été mis en place. « On a de « Novalait se distingue par son agilité appartient à parts égales, Novalait ler chercher un effet de levier que beaux résultats de recherche, mais aussi à réagir aux besoins des producteurs », a vu le jour en 1995. À l’occasion l’on n’aurait pas pu avoir individuel- de beaux résultats sur deux pattes », a témoigné Gilbert Rioux, producteur des célébrations de son 20 e anniver- lement », a rappelé Claude Lambert, a illustré Claude Lambert. En effet, laitier et ancien président de la corpo- saire, ses partenaires ont souligné son l’un des fondateurs. « Novalait a été 7 postes de professeurs-chercheurs ont ration. Pour les années à venir, les par- modèle d’affaires unique. En effet, un catalyseur, un carrefour pour les été créés et 350 professionnels formés tenaires se disent confiants. « J’ai bien Novalait regroupe les producteurs et gens de recherche, les producteurs depuis 2 décennies. Novalait s’appuie hâte que nos gouvernements arrêtent de les différents transformateurs laitiers, et les transformateurs », a poursuivi sur un vaste réseau de chercheurs et un penser que la recherche est une dépense qui se sont alliés afin de financer la Alain Bourbeau, directeur général des réseau de fermes-pilotes, a fait valoir alors que c’est un investissement pour recherche précompétitive. « C’est Producteurs de lait du Québec. sa directrice générale, Élise Gosselin. l’avenir », a lancé M. Rioux.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 PAGE 9 MAIN-D’ŒUVRE Moins de travailleurs étrangers... « Ça nous touche sévèrement » des transformateurs inquiets – Daniel Vielfaure, directeur général, Bonduelle Amériques « Les nouvelles mesures, ça nous maraîchers nous envoient leurs récoltes YVON LAPRADE temps au Québec, soit 30 semaines en touche sévèrement. Ça risque même de pour que nous puissions les transformer, 2013, contre 19 semaines en 2014. » Il nous placer dans une situation précaire », précise-t-il. Mais il nous faut de la main- Les transformateurs alimentaires sont conserve néanmoins un mince espoir de appréhende Daniel Vielfaure, directeur d’œuvre pour faire ce travail, et les tra- inquiets. Très inquiets, même, de ne pas trouver une forme d’arrangement avec général de Bonduelle Amériques. Il vailleurs étrangers viennent combler ces pouvoir compter sur un bassin suffisant le gouvernement fédéral. n’arrive pas à comprendre la position besoins. » de travailleurs étrangers temporaires « On va tout ratisser ce qu’on peut; d’Ottawa dans le dossier des TET. Chaque année, en moyenne, Bonduelle (TET) dans leurs usines. Leur inquié- on va multiplier les interventions auprès « Il y a une exemption pour les tra- « fait le plein de travailleurs », en haute tude a décuplé, la semaine dernière, du gouvernement fédéral. On va tenter vailleurs qui vont dans les champs, saison, et doit en embaucher 500 pour avec l’entrée en vigueur, le 30 avril, de démontrer que nous avons besoin dit-il, mais pour la transformation, on ses activités de transformation. Le recru- des changements apportés par le gou- de cette main-d’œuvre pour assurer le nous pose des contraintes. Pourtant, tement se fait localement, mais ce n’est vernement Harper sur la question tou- bon fonctionnement de nos usines, et de nous sommes deux secteurs liés, qui pas suffisant. chant les travailleurs du Guatémala et l’agriculture en général. » ont un lien direct. Les producteurs « Pendant trois ou quatre mois, sou- du Mexique. ligne Daniel Vielfaure, nous pouvons « Ça risque de faire très mal », pré- compter sur environ 140 travailleurs du vient Dimitri Fraeys, vice-président Guatémala, dans trois usines [à Saint- Innovation et affaires économiques au Césaire, Bedford et Saint-Denis]. Sans Conseil de la transformation agroali- eux, ce serait difficile. » mentaire et des produits de consomma- Le directeur général insiste : « Ça ne tion (CTAC). « Les perspectives ne sont se fait pas en cliquant des doigts, trou- pas encourageantes du côté des fruits et ver des travailleurs québécois qui vont légumes de transformation, tout comme pouvoir venir travailler dans nos usines, pour l’abattage », ajoute-t-il. qui sont situées dans des municipalités ARCHIVES/TCN Selon lui, au moins 12 entreprises en retrait des grands centres urbains. Et de transformation, dans les fruits et nous n’avons jamais abusé avec les dis- légumes, sont frappées par les nouvelles Ottawa veut faire passer de 30 à 10 %, sur trois ans, le pourcentage de TET dans une usine positions nous permettant de faire venir mesures mises en place par Ottawa ou une entreprise. des travailleurs étrangers. » Y.L. visant à limiter l’entrée de TET. Un nombre similaire d’entreprises, dans l’abattage, cette fois, vont aussi devoir s’ajuster en raison des nouveaux critères du gouvernement fédéral. Le programme, qui fait l’objet de vives contestations, s’applique à tous les secteurs d’activités. La Fédération canadienne de l’entreprise indépen- dante (FCEI) a réagi vivement, allant jusqu’à déclarer que cette mesure radi- cale pourrait compromettre l’activité d’un nombre important de petites et moyennes entreprises (PME). Réduction en 2014 Pour leur part, les entreprises de trans- formation alimentaire se demandent comment elles vont pouvoir maintenir le rythme de production, avec un nombre limité de travailleurs venant de l’étran- ger. Dans sa réforme, Ottawa veut faire passer de 30 à 10 %, sur trois ans, le pourcentage de TET dans une usine ou une entreprise. À cela s’ajoutent les frais exigés pour chaque travailleur. Ces frais viennent de bondir à 1 000 $. « Déjà, en 2014, avec le resserre- ment des critères et la hausse des frais exigés pour ouvrir les dossiers, sou- ligne Dimitri Fraeys, les entreprises québécoises ont eu recours à moins de TET. Ce nombre est passé de 341 tra- vailleurs, en 2013, à 216, en 2014. Et les travailleurs sont restés moins long-
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015 GRANDES CULTURES 34 producteurs de grains arnaqués de 800 000 $ de mai, je l’ai appelé pour vendre mon – d’aussi loin que d’Amqui au Bas- grain. Il n’a pas répondu. Je suis allé Saint-Laurent – mentionnent s’être fait MARTIN MÉNARD sur place et tout avait disparu; les silos arnaquer par Olivier Charrière. Ce der- mmenard@laterre.ca étaient vides. Il avait juste 24 ans, mais nier a finalement comparu au palais de il venait de me manger », a-t-il déclaré justice de Trois-Rivières pour faire face Olivier Charrière, un mal-aimé de plu- à la Terre. à 64 chefs d’accusation, auxquels il a sieurs agriculteurs, a été arrêté le 29 avril Olivier Charrière aurait déclaré fail- plaidé non coupable. Il reviendra en cour dernier pour avoir fraudé 34 producteurs lite, laissant ainsi en plan des produc- le 15 septembre prochain. « L’homme de grains pour une somme s’élevant à teurs sans les payer. Ceux-ci espèrent arrêté aurait revendu des grains entrepo- 800 000 $. néanmoins que la justice le punisse. sés dans des silos qu’il louait à Sainte- Jacques Robert, un agriculteur de « L’UPA n’a pas voulu nous fournir Geneviève-de-Batiscan, et ce, sans le Deschambault, près de Québec, raconte un avocat, car ce n’était pas “d’utilité consentement des producteurs agricoles avoir mis du grain en consigne chez lui générale”. Alors, il a fallu s’en payer un. et sans les payer. D’autre part, il aurait en 2007 sans rencontrer de problème. On nous a dit que ceux comme moi qui acheté des grains sans jamais les payer Mais l’année suivante, l’histoire tourne avaient du grain en consigne pouvaient ou en utilisant des chèques sans provi- Olivier Charrière a été arrêté le 29 avril au cauchemar. « Je lui ai livré toute ma déposer une plainte pour vol, ce qu’on sion », a précisé la Sûreté du Québec. dernier par la Sûreté du Québec. récolte d’avoine en payant d’avance a fait », a tenu à préciser M. Robert. L’enquête se poursuit le criblage et l’entreposage. Au mois De fil en aiguille, d’autres producteurs Éloïse Cossette, porte-parole de la ploi de Grains St-Laurent. La découverte Sûreté du Québec pour le district de la d’importantes irrégularités dans ses tran- Mauricie–Centre-du-Québec, rapporte sactions ont mené à cette décision. […] que l’enquête n’est pas terminée et invite toute l’équipe de Grains St-Laurent a d’autres victimes potentielles à se mani- travaillé très fort pour se bâtir une répu- fester en appelant au 1 800 659-4264. tation et une crédibilité […] la présence Un fraudeur né? de M. Charrière au sein de cette équipe Des producteurs ragent de s’être fait constituait un frein à l’établissement de flouer par M. Charrière, mais il n’y cette crédibilité », a écrit le président aurait pas qu’eux. Le présumé fraudeur a Philippe Boisclair. Sur son compte ensuite travaillé pour Grains St-Laurent. Linkedin, Olivier Charrière mentionne L’entreprise a publié un communiqué le être aujourd’hui négociant en grains pour 3 février 2014 qui parle de lui-même : une entreprise de Nicolet, Luthi Grains, « La présente est pour vous informer laquelle n’a pas voulu commenter la qu’Olivier Charrière n’est plus à l’em- nouvelle. Le bio de 3 à 4 fois plus rentable Des rendements similaires, mais des bénéfices de trois à quatre fois supé- rieurs pour les grandes cultures sous régie biologique comparativement au conventionnel, voilà l’une des conclu- sions après 30 ans d’essais au centre de recherche américain Rodale Institute. Le directeur Jeff Moyer était de passage le 30 avril dernier en Montérégie aux installations de l’Institut de recherche et de développement en agroenviron- MARTIN MÉNARD/TCN nement (IRDA) pour partager ses résul- tats. Il conçoit difficilement qu’il n’y ait pas plus de producteurs en grandes cultures qui effectuent la transition vers L’Américain Jeff Moyer a reçu un chan- le bio. Car, rapporte-t-il, outre les reve- dail des Canadiens de Montréal en guise de nus supérieurs, le bio entraîne de meil- remerciement pour sa conférence. leures structures de sol, des niveaux de percolation de l’eau de 15 à 20 % conventionnel. Plus de détails sur les plus élevés et 40 % moins d’émis- techniques de M. Moyer dans une pro- sions de gaz à effet de serre que le chaine édition de l’UtiliTerre. M.M.
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