La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants

 
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La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
V o l . 86 , n o 18 – 6 au 12 mai 2015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $

   La Cour supérieure rabroue
   trois acériculteurs récalcitrants
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                                       PORC
                                       Entente de principe
                                       sur la convention
                                       À LIRE EN PAGE 4
                                                                                                                                                           BEATRIZ SALAS

                                                                                                                                            Vol 86 #18
                                                                                                                  18

                                                                                                                                                                1
                                                                                                                  Messageries Dynamiques

                                                                                                                                                             78313 02664

                                                                                                                                           2,25$   10013
                                                                                                                                                                7
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
PAGE 2     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015

ACTUALITÉ

Hausse d’évaluation de
345 % pour un producteur forestier
                                              commencé avec les fusions munici-
                                              pales. En 2002, raconte-t-il, sa munici-
           PIERRE-YVON BÉGIN                  palité de Saint-Étienne-de-Lauzon a été
           pybegin@laterre.ca                 regroupée avec celle de Lévis. Désireux
                                              de comprendre la logique de son éva-
  SAINT-ÉTIENNE-DE-LAUZON —                   luation, il a communiqué avec la Ville
Gilles Brunelle se souviendra longtemps       pour se rendre compte qu’il était pour
du « miracle » du jour de l’An 2010. Le       le moins ardu de comparer deux lots
temps de déposer sa coupe de vin, l’éva-      boisés.
luation de sa propriété forestière venait       Avec la patience d’un moine, le
de faire un bond prodigieux de 74 %.          forestier a compilé les évaluations

                                                                                                                                                                                           PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
Pire, la facture de taxes foncières pour      des 51 lots forestiers de son secteur.
ses 55,28 hectares de boisés est passée       Question de comparer des pommes
de 886 $ en 2004 à 3 945 $ en 2014.           avec des pommes, il a ramené toutes les
Il s’agit d’une hausse spectaculaire de       évaluations sur une base à l’hectare. Le
345 % en 10 ans.                              résultat est stupéfiant.                    Gilles Brunelle prévoit qu’il y aura de l’orage au paradis s’il s’y présente sans avoir réussi
  « Ce n’est pas une expropriation              « Ça partait de 399 $ jusqu’à 6 027 $     à transmettre la terre forestière à une cinquième génération.
comme telle, mais une façon de nous           l’hectare, constate-t-il. C’est une taxe
faire lever les pieds », estime le fores-     déguisée sur une richesse virtuelle. »      infléchir la tendance. Les administra-             En raison d’une blessure, Gilles
tier. Âgé de 65 ans, le retraité ne voit        Administrateur au Syndicat des pro-       tions municipales, pense-t-il, montrent          Brunelle n’a pas récolté de bois l’hiver
pas comment il parviendra à respecter         priétaires forestiers de la région de       peu de sensibilité à l’endroit des pro-          dernier. L’homme qui dit « cultiver sa
une tradition familiale en transmettant       Québec, Denis Labonté ne peut que           ducteurs forestiers.                             forêt » en retirait habituellement entre
sa propriété à la génération suivante.        déplorer l’ampleur du phénomène               « Ma propre évaluation a atteint               10 000 et 15 000 $ en revenus chaque
Du côté maternel, sa famille habite           documenté par Gilles Brunelle. Dans         7 185 $ l’hectare, révèle-t-il. Je dois          année. Il ne voit pas comment il pourra
cette terre depuis 1862, l’arrière-grand-     les régions à proximité de grandes          avoir des pépites d’or quelque part,             acquitter sa facture de taxes munici-
père ayant été l’un des premiers colons       villes, dit-il, le problème est particu-    mais je ne les ai pas encore vues. »             pales et scolaires, sachant « en étant
à s’établir à Saint-Étienne-de-Lauzon.        lièrement percutant, surtout pour les         En 15 ans, Denis Labonté a vu l’éva-           très conservateur » que ces dernières
  « Si j’arrive au paradis après avoir        petits lots recherchés pour des activités   luation de son lot forestier grimper de          accaparent 20 % du prix du bois. Il se
vendu la terre à un étranger, il va y avoir   récréatives.                                1 398 %, soit 93,22 % sur une base               demande encore pourquoi il devrait
un orage terrible », craint-il.                 « C’est généralisé partout », déplore-    annuelle. À titre comparatif, sa rési-           contribuer au transport en commun.
  Gilles Brunelle estime que la hausse        t-il, admettant l’insuccès des efforts      dence n’a augmenté que de 132,6 %,                 « Mes chevreuils ne prennent jamais
effrénée de son évaluation foncière a         déployés depuis quelques années pour        soit 8,84 % par année.                           l’autobus », affirme-t-il avec dérision.
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Taxes : « Ils ambitionnent pour le vrai! »
                                                                                     – RICHARD LASSONDE, PRODUCTEUR FORESTIER
                                                « Ils nous taxent sur la valeur qu’on                                                                               devant les tribunaux et prend habituel-
                                             pourrait éventuellement vendre ces lots                                                                                lement un arrangement à l’amiable »,
           JEAN-CHARLES GAGNÉ                lorsque la récolte ligneuse sera à matu-                                                                               a-t-il exposé. M. Lassonde ne veut
           jcgagne@laterre.ca
                                             rité. Ça n’a plus de bon sens. J’ai acheté                                                                             plus fonctionner de cette façon. Et il se
                                             ces lots fraîchement bûchés à blanc et                                                                                 demande s’il ne devrait pas vendre ses
  Des producteurs forestiers de la           il faudra encore une trentaine d’années                                                                                terres maintenant, « car si l’évaluation
MRC d’Antoine-Labelle, dans les              avant la récolte. » Selon M. Lassonde,                                                                                 continue d’augmenter à ce rythme, le
Laurentides, en ont plein leur casque        ces terres comportent de vastes superfi-                                                                               compte de taxes va devenir un frein pour
des hausses répétées et exagérées de         cies en marécages, donc impropres à la                                                                                 la vente ».

                                                                                                                                           JEAN-CHARLES GAGNÉ/TCN
taxes foncières. « Ils ambitionnent          foresterie. « En plus, je ne reçois aucun                                                                                Selon ses dires, les 40 vannes de
pour le vrai! » a déclaré à la Terre         service de la municipalité et je ne peux                                                                               trembles sorties au cours des dernières
Richard Lassonde, propriétaire de lots       même pas placer une roulotte sur mes                                                                                   années n’ont même pas suffi pour
boisés sur le chemin de Parent, à Mont-      terres. »                                                                                                              défrayer la construction du chemin
Saint-Michel. M. Lassonde a vu son              Mais il y a plus. Des lots voisins                                                                                  requis pour aller les récolter. Le prix du
                                                                                             Propriétaire forestier à Mont-Saint-Michel,
compte de taxes bondir de 400 % au           fort similaires auraient enregistré une         Richard Lassonde a vu son compte de taxes                              bois mou a diminué au fil du temps.
cours des 3 derniers rôles d’évaluation,     baisse de leur compte de taxes pendant          bondir de 400 % en neuf ans.                                             « Ce qui est surprenant et agaçant,
passant de 750 $ à 3 000 $. Le compte        que d’autres subissaient des hausses,                                                                                  c’est que le compte de taxes a en même
de taxes a suivi la courbe de l’évalua-      mais moins prononcées que celles de             coin, M. Lassonde a décidé de contester                                temps baissé pour les habitants du vil-
tion foncière, qui s’élève maintenant à      M. Lassonde. « Où est la logique? » se          l’augmentation inconsidérée des valeurs                                lage, alors qu’il a fortement progressé
280 000 $ par rapport à 58 000 $, neuf       demande-t-il.                                   foncières. Ce n’est pas une première                                   sur les lots boisés et les terres agri-
ans auparavant.                                 Comme d’autres contribuables du              pour lui. « La MRC ne veut pas aller                                   coles », a-t-il confié à la Terre.

 Peut-on enrayer l’emballement de l’évaluation?
   Y a-t-il un moyen d’enrayer l’emballement de l’évaluation et des comptes de               qu’on taxe sur une valeur potentielle que le propriétaire touchera seulement lors
 taxes au Québec? Chose certaine, tant le maire de Mont-Saint-Michel, André-                 de la vente ».
 Marcel Évéquoz, agriculteur et forestier, que l’évaluateur agréé de la MRC, Yvon              « Il y a du monde prêt à payer le gros prix pour acquérir des terres agricoles
 Allen, ont évoqué leur impuissance quant à la montée en flèche de la valeur des             ou forestières », a signalé le maire Évéquoz, lui-même propriétaire de 180 hec-
 actifs agricoles et forestiers.                                                             tares à Mont-Saint-Michel et victime de cette mécanique. « L’évaluation est
   « Les cartes écoforestières utilisées sont plus précises et les taux de taxation ont      basée sur les ventes effectuées dans la région. Le prix payé est sans rapport
 été majorés, note d’abord M. Allen pour expliquer le phénomène. Je comprends                avec la valeur de la terre et comporte une certaine spéculation », a-t-il ajouté.
 les forestiers qui se plaignent du fait que la forêt n’est pas rentable et que les          M. Évéquoz va évaluer la pertinence de recourir à un taux de taxation varié,
 usines ferment alors que leur compte de taxes augmente. Mais l’évaluation est               autorisé par la loi pour éviter le déplacement du fardeau fiscal vers les agri-
 basée sur les ventes réalisées dans le secteur. » Selon cet évaluateur, « ce ne sont        culteurs. Cela dit, M. Évéquoz a laissé entendre qu’une diminution de l’éva-
 pas des forestiers qui achètent, mais de jeunes retraités de Montréal qui sont prêts        luation des terres risquerait de priver sa municipalité de sommes importantes
 à y mettre le prix et qui désirent de grandes surfaces pour la chasse, par exemple.         provenant du Programme de crédits de taxes foncières agricoles du ministère
 C’est un drame pour les forestiers qui veulent en faire leur profession. C’est sûr          québécois de l’Agriculture. J.-C.G.

 DANS LA TERRE CETTE SEMAINE                                                                                 Sur le Web laterre.ca
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 345 % POUR UN PRODUCTEUR
                                                                                                             Actualités/En région
                                                      Fédération

 FORESTIER              PAGE 4                        des producteurs
                                                     acéricoles
                                                     du Québec

                                                                                                             ÚVos étiquettes, reflet de votre ADN
 L’ACHAT DE SAVOURA FINANCÉ                    VOL. 27, NO 2 | MAI 2015
                                               SUPPLÉMENT DE LA TERRE DE CHEZ NOUS

                                                                                                             Que pensez-vous de la réforme du gouvernement Harper
 PAR LES… ONTARIENS
                                                                                                             touchant le Programme des travailleurs étrangers temporaires?
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                                                                                                             ÚFaites-nous part de vos commentaires
 LA PETITE VACHE BLEUE EST                                                                                   Partagez vos photos et vidéos avec nous.
 LÀ POUR RESTER
                         PAGE 8                                                                              La question de la semaine
                                                                                                             ÚLe gouvernement fédéral devrait-il faire davantage de place
 MOINS DE TRAVAILLEURS                                                                                       aux travailleurs étrangers temporaires?
 ÉTRANGERS… DES
                                                                                                             Venez répondre sur : laterre.ca
 TRANSFORMATEURS INQUIETS
                       PAGE 9                   CHOISIR SON ÉQUIPEMENT
                                                POUR DÉBARDER SON BOIS
                                                                                                             Résultats du sondage
 BOVINS : NE PAS S’ASSURER,                     PRODUCTION                                                   ÚCroyez-vous que le budget de Joe Oliver va améliorer
                                                LES FEMMES EN ACÉRICULTURE                                   les liquidités dans votre ferme?
 UNE DÉCISION LOURDE DE
 CONSÉQUENCES           PAGE 12                                                                              Oui 10 % / Non 81 % / Je ne sais pas 10 %
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
PAGE 4     LA TERRE DE CHEZ NOUS, 6 mai 2015

PORC

CONVENTION DE MISE EN MARCHÉ

Entente de principe
avec une majorité d’acheteurs
PIERRE-YVON BÉGIN                                                                                                                                                  conserver dans la filière les gains de
                                                                                                                                                                   productivité captés par la Financière.
  Après avoir demandé l’arbitrage, les                                                                                                                             En réponse à une question d’un pro-
Éleveurs de porcs du Québec viennent                                                                                                                               ducteur, le président des Éleveurs
de conclure une entente de principe                                                                                                                                a précisé que les producteurs pou-
avec une majorité d’acheteurs pour la                                                                                                                              vaient éventuellement espérer retirer
conclusion d’une nouvelle convention                                                                                                                               des « dollars supplémentaires » de ce
de mise en marché des porcs.                                                                                                                                       fonds.
  « On était dans une perspective de                                                                                                                                 Interrogé quant à la valeur et à la
continuité et de maintien d’un lien                                                                                                                                solidité du prix de référence améri-
d’affaires entre les producteurs et les                                                                                                                            cain, David Boissonneault a convenu
acheteurs », a commenté le président                                                                                                                               qu’acheteurs et producteurs avaient

                                                                                                                                           PIERRE-YVON BÉGIN/TCN
des Éleveurs, David Boissonneault.                                                                                                                                 intérêt à trouver une solution de
Celui-ci indique que l’entente de prin-                                                                                                                            rechange au cas où ils perdraient ce
cipe prévoit notamment le maintien                                                                                                                                 dernier. Les Éleveurs disent avoir
du prix de référence américain obtenu                                                                                                                              reçu mercredi dernier la signature
                                             Le président des Éleveurs de porcs, David Boissonneault, a dévoilé les détails de l’entente
dans la dernière convention signée en        de principe mardi soir à Joliette au cours de l’assemblée annuelle du Syndicat des Éleveurs
                                                                                                                                                                   d’un important acheteur. Ceux qui ont
2009. Celle-ci est échue depuis sep-         de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentides.                                                                         jusqu’ici dit oui à cette entente repré-
tembre 2013.                                                                                                                                                       sentent 85 % du volume des porcs
  Le projet d’accord introduit éga-          lancé David Boissonneault au cours               L’entente de principe inclut aussi                                   abattus.
lement un mécanisme favorisant le            de l’assemblée générale annuelle du            l’engagement des parties à se pencher                                    Une proposition commune sera sou-
mouvement des porcs entre les abat-          Syndicat des éleveurs de Lanaudière-           sur les modalités d’un fonds fidu-                                     mise à la Régie des marchés agricoles
toirs, un gain qui correspond au désir       Outaouais-Laurentides.                         ciaire dans une volonté de partager                                    et alimentaires du Québec, qui a prévu
des producteurs d’obtenir plus de sou-         « On va se donner de la souplesse,           les risques.                                                           des séances d’arbitrage à compter de
plesse quant au choix de leur abattoir.      mais sans perdre les acquis collec-              Le président des Éleveurs a expliqué                                 la fin juin. D’ici là, les acheteurs res-
« On vous a écoutés là-dessus », a           tifs », a-t-il ajouté.                         qu’on voulait trouver une façon de                                     tants seront invités à ratifier l’entente.

La Cour suprême ravit Lanaudière
  JOLIETTE — La décision de la Cour                                                                                                                                un producteur de porcs de Lanaudière,
suprême d’entendre la cause de pro-                                                                                                                                Michel Lafortune, et 200 autres collè-
ducteurs de porcs contre la Financière                                                                                                                             gues. Ils estiment avoir été lésés par la
agricole du Québec réjouit le Syndicat                                                                                                                             Financière dans le calcul de leurs com-
des éleveurs de porcs de Lanaudière-                                                                                                                               pensations pour les années 2006, 2007
Outaouais-Laurentides.                                                                                                                                             et 2008.
  Son président, Jacques Clermont, en                                                                                                                                            Agri-Québec
fait une victoire personnelle, heureux                                                                                                                               Enfin, des producteurs ont demandé
de voir le plus haut tribunal au pays                                                                                                                              pourquoi le programme Agri-Québec
accepter de trancher le litige de 77 M$                                                                                                                            avait été suspendu pour un an. Jacques
relatif à des compensations d’assu-                                                                                                                                Clermont a exprimé l’avis qu’il revient
rance stabilisation.                                                                                                                                               à chaque producteur de se prononcer
  « Ça va changer le monde », a-t-il                                                                                                                               sur la question, chaque entreprise agri-
prédit au cours de l’assemblée générale                                                                                                                            cole constituant un exemple unique.
                                                                                                                                           PIERRE-YVON BÉGIN/TCN

annuelle de son syndicat la semaine                                                                                                                                Présent à l’assemblée, Marcel Papin,
dernière à Joliette. Dans un élan                                                                                                                                  président de la Fédération de l’UPA de
d’enthousiasme, il a même décrit son                                                                                                                               Lanaudière, a dit partager la déception
bonheur comme une expérience de…                                                                                                                                   des producteurs à ce sujet.
                                             Le président du Syndicat des éleveurs de porcs de Lanaudière-Outaouais-Laurentides,
lévitation. « C’est comme si j’avais         Jacques Clermont, a comparé l’inscription de sa cause en Cour suprême à une expérience                                  « On a toujours gardé le focus sur
volé au-dessus des tables jusqu’au fond      de lévitation.                                                                                                        l’ASRA, un filet de sécurité connu qui
de la salle », a-t-il illustré, confirmant                                                                                                                         nous donne de la prévisibilité, a pour
qu’il entendait conserver son poste une        Cette dernière, a-t-il rappelé, vise à       coles (ASRA) constitue un réel contrat                                 sa part soutenu David Boissonneault,
autre année, le temps de mener cette         démontrer que le Programme d’assu-             d’assurance « parce qu’on paye des                                     président des Éleveurs de porcs. On
cause à terme.                               rance stabilisation des revenus agri-          primes ». La cause est représentée par                                 veut un outil qui marche. » P.-Y.B.
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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                                                                                                                                                                                                À LA UNE

La Cour supérieure rabroue
trois acériculteurs récalcitrants
PIERRE-YVON BÉGIN                                                                                                                                          ciaires autant en Beauce qu’en Estrie, constate-t-il.
                                                                                                                                                           Depuis des années, ces trois producteurs s’opposent aux
  SHERBROOKE — L’affaire des trois producteurs                                                                                                             conditions de la mise en marché collective. En conclu-
de sirop d’érable récalcitrants vient de connaître un                                                                                                      sion, le magistrat leur sert une véritable volée verbale.
dénouement spectaculaire. La Terre a appris que la                                                                                                           « Nous savons qu’en ce qui concerne les requérants,
Cour supérieure vient de rabrouer Steve Côté, Roger                                                                                                        indique-t-il, nous ne pouvons compter sur leur bonne
Roy et Robert Hodge, des acériculteurs de l’Estrie.                                                                                                        foi;trop de jugements le confirment. »
Ceux-ci demandaient une injonction pour empêcher la
saisie de leur récolte 2015 par la Fédération des produc-
                                                                                                                                                                   – Faits saillants –

                                                                                                                                  GRACIEUSETÉ LA TRIBUNE
teurs acéricoles du Québec.
                                                                                                                                                                                Roger Roy
  « Les requérants ont le don de se poser en victimes
d’un système soutenu par 7 000 producteurs de sirop                                                                                                         • Avant 2013, la Fédération lui réclamait plus de
d’érable et dont ils profitent grandement », écrit le juge                                                                                                    1,8 M$
                                                                Steve Côté, acériculteur de Sawyerville en Estrie, s’est fait
Gaétan Dumas dans un jugement dont la Terre a obtenu            saisir une centaine de barils de sirop d’érable en 2013.
                                                                                                                                                            • En 2013, saisie de 154 barils de sirop de 45 gal-
copie.                                                                                                                                                        lons
  L’affaire a été fortement médiatisée ce printemps. Les        sécurité et l’huissier ont fait preuve de prudence en                                       • En 2014, saisie de 30 barils… contenant de l’eau
requérants avaient alors dénoncé la présence de gar-            prenant des notes. Les requérants plaidaient que leurs                                        du robinet
diens de sécurité dans leur érablière. Or, il s’avère que       droits étaient bafoués.                                                                     • Hiver 2015 : les 30 barils explosent chez Citadelle
la Fédération a pris ce moyen légal après avoir constaté          « C’est devant l’attitude de confrontation des requé-
une énorme différence entre les saisies effectuées en           rants que la Fédération a dû utiliser les moyens légaux                                                         Steve Côté
2013 et en 2014 chez ces producteurs. Dans le cas de            mis à sa disposition pour faire respecter la loi qui régit la                               • Avant 2013, la Fédération lui réclamait 656 604 $
Steve Côté par exemple, un seul baril de sirop a été saisi      Fédération et les requérants », mentionne le juge.                                          • En 2013, saisie de 100 barils de sirop de 34 gal-
en 2014 comparativement à 100 l’année précédente.                 La tactique des producteurs jugés fautifs n’a visible-                                      lons
  Roger Roy a pour sa part admis devant le juge qu’il           ment pas échappé au juge Dumas. D’entrée de jeu, celui-                                     • En 2014, saisie d’un seul baril de sirop
avait déposé une requête pour faire annuler la saisie           ci leur rappelle qu’une ordonnance d’injonction ne peut
de 30 barils de sirop de la récolte 2014, sachant fort          en aucun cas être prononcée pour empêcher des procé-                                                          Robert Hodge
bien que ceux-ci étaient en réalité remplis… d’eau!             dures judiciaires. Il leur sert un avertissement en citant                                  • En 2014, saisie-revendication de 5 barils
Entreposés chez Citadelle, ces barils ont littéralement         un récent jugement de son collègue Clément Samson                                           • L’acériculteur reconnaît devant le juge avoir
« explosé » l’hiver dernier. La preuve a été faite devant       à l’endroit d’un autre producteur de sirop d’érable. Le                                       déplacé sa récolte dans sa résidence et son
le juge que le sirop d’érable ne peut geler.                    défaut d’obtempérer à une injonction, mentionne-t-il, est                                     garage personnel.
  « Même si les requérants se posent en victimes dans les       passible d’une sanction pouvant aller jusqu’à l’empri-                                      • Devant le juge Dumas, Hodge affirme qu’il n’a
55 paragraphes de leur requête en injonction interlocu-         sonnement.                                                                                    pas dit à l’huissier où se trouvaient ses barils
toire, ajoute le juge, le tribunal conclut qu’ils ont tort. »     « Fin de la récréation », a pris soin de souligner le juge                                  parce que ce dernier ne le lui a pas demandé.
  Le magistrat note aussi que les moyens utilisés par           Dumas.                                                                                        Or, selon l’huissier, M. Hodge a affirmé que les
la Fédération étaient nécessaires à la sauvegarde de              La lutte sans merci que livrent les requérants à la                                         barils avaient déjà été vendus.
ses droits. Par ailleurs, il estime que les gardiens de         Fédération a déjà « trop accaparé » les ressources judi-

Entente avec l’Érablière Daniel Gaudreau
  L’Érablière Daniel Gaudreau, de Scotstown dans les                                                                                                          Après plusieurs années de démêlés judiciaires, la
Cantons-de-l’Est, peut vendre une partie de sa produc-                                                                                                     Fédération a obtenu une injonction lui permettant de
tion au détail. L’entreprise a conclu une entente avec la                                                                                                  saisir la récolte de quatre producteurs récalcitrants,
Fédération des producteurs acéricoles du Québec pour                                                                                                       dont celle de l’Érablière Daniel Gaudreau. Des agents
la production d’environ 1 500 gallons de sirop équiva-                                                                                                     de sécurité ont même été engagés pour surveiller les
lant à son quota de 8 000 à 9 000 entailles.                                                                                                               lieux durant la présente récolte. Rappelons que les acé-
  L’accord prévoit que l’Érablière, propriété de Daniel                                                                                                    riculteurs respectueux des règles de la mise en marché
Gaudreau et Nathalie Bombardier, va livrer sa produc-                                                                                                      collective ont fait pression sur leur fédération pour ser-
tion contingentée à la Fédération. Celle-ci lui retour-                                                                                                    rer la vis aux contrevenants.
nera par la suite 4 barils pour la vente au détail, tout                                                                                                      Paul Rouillard, directeur adjoint de l’organisation,
en lui payant le prix du contingent moins les frais de                                                                                                     se réjouissait de l’entente intervenue avec l’Érablière
                                                                                                                                GRACIEUSETÉ LA TRIBUNE

12 cents/lb pour la mise en marché. En ce qui concerne                                                                                                     Daniel Gaudreau.
les pénalités de 1,20 $/lb à percevoir pour le sirop pro-                                                                                                     « L’étau se resserre, déclare-t-il. Les producteurs
duit sans contingent, la Fédération devra s’adresser à                                                                                                     récalcitrants réalisent qu’ils ont intérêt à fonctionner
un autre tribunal, visiblement à la Régie des marchés           Nathalie Bombardier, copropriétaire de l’Érablière Daniel                                  dans le système, parce que les tribunaux nous ont tou-
agricoles et alimentaires du Québec.                            Gaudreau, en compagnie de son avocat, Marc Vaillancourt.                                   jours donné raison jusqu’ici. » P.-Y.B.
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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ÉDITORIAL

Réforme du PTET : un frein au développement
de l’agroalimentaire et des régions
                                                      ministre québécois du Travail, Sam Hamad. « Nos         cette réforme, il pourrait tout de même subir
                      MARCEL                          homologues fédéraux procèdent à l’application           des contrecoups importants. Les changements
                      GROLEAU                         mur-à-mur d’une réforme qui ne tient pas compte         s’appliquent en effet aux entreprises du secteur
                      Président général de            de la réalité du marché du travail au Québec et         de la transformation alimentaire. Ces entreprises
                      l’Union des producteurs         qui viendra fragiliser davantage des secteurs           sont situées en région, là où la disponibilité de la
                      agricoles
                                                      d’activités déjà aux prises avec d’importants           main-d’œuvre est faible. L’accès à des travailleurs
                                                      problèmes de recrutement », a pour sa part              étrangers temporaires demeure essentiel pour
                                                      indiqué la ministre québécoise de l’Immigration,        elles. De plus, elles doivent composer avec la
                                                      Kathleen Weil.                                          saisonnalité des récoltes. Faut-il rappeler au
La pénurie de main-d’œuvre est une réalité                                                                    gouvernement fédéral que la production végétale
dans plusieurs régions et secteurs d’activités au     L’Association des producteurs maraîchers                est essentiellement une activité estivale et que
Québec. Pour pallier cette difficulté et poursuivre   du Québec et la Fondation des entreprises               les entreprises de transformation, pendant cette
leur développement, les entreprises se sont           en recrutement de main-d’œuvre agricole                 période, ont besoin de main-d’œuvre tout autant
tournées vers le Programme des travailleurs           étrangère sont intervenues auprès des ministres         que les fermes? Quand un maillon est faible, c’est
étrangers temporaires (PTET). Ces travailleurs        responsables de ce dossier dès l’annonce des            toute la filière qui en souffre.
jouent maintenant un rôle important dans la           modifications au PTET. Pour le secteur maraîcher,
croissance de plusieurs entreprises. Encore cette     ces modifications sont majeures et illustrent « une     En été, le tourisme, la pêche et l’agroalimentaire
semaine, on me disait que des projets d’expansion     profonde méconnaissance de notre industrie ».           tournent à plein régime. Ces secteurs nécessitent
seraient reportés ou tout simplement abandonnés       Jumelée à la lourdeur administrative qu’elle            beaucoup d’emplois saisonniers, alors que nous
si les changements apportés au PTET depuis le         ajoute (il faut maintenant s’y prendre plusieurs        connaissons une réelle pénurie. C’est pour cette
30 avril restent en vigueur.                          mois à l’avance si l’on veut s’assurer d’avoir de       raison que l’Union s’est opposée à la réforme du
                                                      la main-d’œuvre étrangère disponible pour la            programme d’assurance emploi qui ne reconnaît
Le gouvernement du Québec a demandé au                saison suivante), cette réforme constitue un frein      pas cette réalité. Les régions et, conséquemment,
fédéral de surseoir à la mise en œuvre de cette       important à la compétitivité et au développement        le secteur agroalimentaire font face à un manque
réforme afin de trouver des solutions respectant      du monde agroalimentaire québécois. Le secteur          de main-d’œuvre et la réforme du PTET va
les particularités du marché du travail québécois.    végétal, et plus particulièrement le secteur            empirer cette situation. Je demande donc à tous
« Les changements apportés ne sont pas                maraîcher, est l’un de ceux qui ont connu la plus       nos députés fédéraux, et plus particulièrement
applicables au Québec, car ils ne tiennent pas        forte expansion au cours des dernières années.          aux députés et aux ministres conservateurs du
compte de la réalité de nos régions en matière        Cette lancée risque bien d’être compromise              Québec, de corriger cette situation si, comme
d’emploi. […] Les entreprises québécoises qui ont     par les contraintes supplémentaires que va leur         ils le répètent sans cesse, l’économie est
recours au PTET le font parce qu’elles éprouvent      imposer la réforme.                                     véritablement leur priorité.
de réels besoins. Plusieurs secteurs d’activités,
qui peinent déjà à recruter, risquent d’être privés   Bien que le secteur de la production agricole
d’une main-d’œuvre précieuse », a déclaré le          (8 000 travailleurs) soit en partie exempté de

                                                                                                                                                                                           www.laterre.ca
                                                                                                              Directeur                                 Coordonnateur                           Rédacteur en chef
                                                                                                              André Savard                              ventes et distribution                  Bernard Blanchard
                                                                                                              Directrice                                Pierre Leroux                           Chefs de pupitre
                                                                                                              de production                             Ventes                                  Richelle Fortin
                                                                                                              Brigit Bujnowski                          Christian Guinard                       Julie Desbiens
                                                                                                              Directrice marketing et                   Sylvain Joubert                         Impression
                                                                                                              développement                             Daniel Lamoureux                        Imprimerie Transmag
                                                                                                              Laëtitia Parriaux                         Marc Mancini
                                                                                                                                                                                                Distribution en kiosque
                                                                                                                                                        Susan Rooke
                                                                                                              Coordonnateur                                                                     Messageries Dynamiques
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                                                                                                              ABONNEMENT AU QUÉBEC
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                                                                                                              2 ans :     104,63 $
                                                                                                              3 ans :     136,82 $
                                                                                                              Paiement par chèque ou mandat
                                                                                                              à l’ordre de La Terre de chez nous
                                                                                                                          NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773
                                                                                                              RÉDACTION                            PUBLICITÉ                                ABONNEMENTS ET
                                                                                                              450 679-8483                         450 679-8483                             PETITES ANNONCES
                                                                                                              poste 7270                           poste 7712                               1 877 679-7809
                                                                                                              tcn@laterre.ca                       pub@laterre.ca                           abonnement@laterre.ca

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                                                                                                              L’Union des producteurs agricoles
                                                                                                              555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100
                                                                                                              Longueuil (Québec) J4H 3Y9

                                                                                                                        Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830
                                                                                                                        La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La
                                                                                                                        Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y.
                                                                                                                        12901. Periodicals postage paid at Plattsburgh, N.Y. POSTMASTER send address changes to La Terre de chez nous,
                                                                                                                        P.O. Box 2888, Plattsburgh, N.Y. 12901. Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par
                                                                                                                        l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Convention de la poste
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                                                                                                                        07665, retourner toute correspondance ne pouvant
                                                                                                                        être livrée au Canada au Service des publications
                                                                                                       www.laterre.ca   555, boul. Roland-Therrien, Longueuil QC J4H 3Y9.                                                (2012-09-05)
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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L’achat de Savoura financé par les… Ontariens!
MARTIN MÉNARD                                  Bruce Mitchell, le président de Permian
                                               Industries, était l’un des administrateurs
   Les informations tirées du Registre         de Mastronardi Produce Ltd, un géant
foncier du Québec indiquent que l’achat        de la production de légumes en serre.
de Savoura a été financé à hauteur de          Sous sa marque Sunset, Mastronardi
25 M$ par une entreprise ontarienne.           Produce produit des tomates, des poi-
En effet, le 10 avril dernier, la marque       vrons, des concombres, des aubergines,
Savoura et ses actifs sont passés entre        de la laitue et des petits fruits sur plus

                                                                                                                                                                                        ARCHIVES/TCN
les mains de la compagnie 9320-                de 800 ha de serres, lesquelles sont
2232 Québec inc. et de son actionnaire         réparties au Canada, aux États-Unis, au
majoritaire, Les Serres Sagami, avec           Mexique et en Amérique centrale. En          L’achat de Savoura a été financé à hauteur de 25 M$ par une compagnie ontarienne.
pour créancier une entreprise ontarienne,      comparaison, la production totale en
qui se nomme 2461398 Ontario Ltd.              serre au Québec s’établit à un peu plus      certains très connus au Québec. Mais         la même chose pour Savoura. En pas-
   Cette compagnie ontarienne a été fon-       d’une centaine d’hectares…                   trouver du financement sans aucune           sant, des tomates ont été vendues dans
dée le 9 avril 2015, juste avant la transac-            Stéphane Roy répond                 condition, ce n’était pas facile. La tran-   le passé par des entreprises québécoises,
tion. Son représentant, Joe Wightman, est        La Terre a finalement pu s’entretenir      saction que j’ai faite, c’est une tran-      avec le même emballage, mais en vérité,
quant à lui le vice-président aux finances     avec Stéphane Roy. Le nouveau pré-           saction propre dans tous les sens. Par       elles provenaient du Mexique », nuance
de Permian Industries Ltd, une société         sident souligne que la marque Savoura        contre, elle est risquée. La plus risquée    M. Roy
d’investissement spécialisée notamment         demeure québécoise mais que les délais       que j’ai faite. »                                      Du pain sur la planche
dans le domaine agroalimentaire.               serrés entourant l’achat de Savoura ren-       Est-ce que la société d’investissement        Le système de production des Serres
   Or, selon les données en ligne du gou-      daient le financement difficile. « J’ai      ontarienne aura un droit de regard sur       du Saint-Laurent (l’entreprise derrière
vernement ontarien, en date du 20 avril,       rencontré plusieurs investisseurs, dont      vos activités?                               Savoura) était en mauvais état, juge
                                                                                              « Jamais, aucun droit de regard »,         Stéphane Roy. « Savoura saignait! Il y
                                                                                            répond du tac au tac M. Roy. Il ajoute       avait des problèmes, de maladies entre

 Commentaire de Jacques Demers                                                              que le financement d’un récent achat,
                                                                                            les Serres Lacoste de Charlevoix, pro-
                                                                                            vient de créanciers de la Saskatchewan,
                                                                                                                                         autres. Ma force, ce sont les opérations.
                                                                                                                                         Je rentre dans une entreprise, je trouve les
                                                                                                                                         problèmes et je les corrige. C’est ce que
   Jacques Demers, directeur général des Productions horticoles Demers inc., fai-           « et eux non plus n’ont aucun droit de       je vais faire avec Savoura », commente-
 sait partie de ceux qui désiraient acheter Savoura. Le financement ontarien de             regard », insiste-t-il.                      t-il. Stéphane Roy nous a offert cette pri-
 la transaction réalisée par son concurrent le rend songeur. « Ça sème un sérieux             Réglons maintenant la fameuse              meur : « Je suis déjà en train d’actualiser
 doute sur la réelle propriété de Savoura. Que les produits vendus sous la marque           question : y a-t-il des chances que des      la marque Savoura et ses emballages.
 Savoura proviennent éventuellement de l’Ontario ou du Mexique, c’est une hypo-             tomates de marque Savoura proviennent        J’investis quelques centaines de milliers
 thèse qu’on ne peut pas mettre de côté. Déjà que l’affichage de la provenance des          de l’Ontario ou du Mexique?                  de dollars. Je vais aller chercher le maxi-
 aliments n’est pas évidente pour les consommateurs, ils pourraient avoir de la               « Zéro! Sagami et Biologico, ce sont       mum de son potentiel. »
 misère à s’y retrouver », note-t-il.                                                       des produits 100 % du Québec. Ce sera        * En collaboration avec Martine Giguère.

 Commentaire du Syndicat des
 producteurs en serre
   André Mousseau, président du Syndicat des producteurs en serre du Québec,
 sait que la marque Savoura est névralgique pour la Belle Province. Le financement
 ontarien n’est pas passé incognito. « C’est certain que quand tu entends le nom de
 Mastronardi, ça fait peur. C’est normal d’être inquiet, car c’est un gros producteur
 qui a des moyens bien supérieurs à nous. Mais faut se fier à Stéphane [Roy]. À
 preuve du contraire, on va le croire [que les produits de marque Savoura provien-
 dront uniquement du Québec] », déclare-t-il. À titre de président, M. Mousseau
 envisage de rencontrer M. Roy dans de brefs délais. « On veut connaître ses plans.
 Et on veut le soutenir pour que la prise en main de Savoura soit une réussite. Il
 faut travailler tous ensemble pour développer la serriculture au Québec. »

 Commentaire de l’APMQ
   « Nous sommes un peu le chien de garde. Et si le branding québécois Savoura
 était utilisé avec de la tomate d’ailleurs, on ne ferait pas d’exceptions et on dénon-
 cerait la situation aux chaînes d’alimentation », déclare d’emblée André Plante,
 directeur de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ). Cela
 dit, M. Plante donne le crédit à l’acquéreur Stéphane Roy. « Il a fait du bon tra-
 vail dans ses transactions passées. Je crois comprendre qu’il se donne un an pour
 redresser l’entreprise. S’il remet Savoura sur la bonne voie, il faudra saluer ça »,
 affirme M. Plante.
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LAIT

La petite vache bleue est là pour rester
JEAN-CHARLES GAGNÉ                                                                                                                             sur ses produits laitiers (50 fromages et
                                                                                                                                               crèmes glacées) le Choix du Président.
  QUÉBEC — Les Producteurs de lait                                                                                                               Rappelons que Domino’s Pizza, qui
du Québec (PLQ) n’ont pas l’intention                                                                                                          achète quelque cinq millions de kilos
d’abandonner le logo de la petite vache                                                                                                        de fromage par an, s’est engagée à uti-
bleue (Lait 100 % canadien), boudée                                                                                                            liser uniquement du fromage fait de
par les grands transformateurs Saputo,                                                                                                         lait 100 % canadien pour ses pizzas et
Parmalat et Agropur. « Nous voulons                                                                                                            autres articles au menu. Les PLC en
trouver une solution pour utiliser ce                                                                                                          sont à conclure une entente avec Tim
logo, en collaboration avec l’industrie,                                                                                                       Hortons afin de promouvoir ce sym-
et non le faire disparaître », a déclaré                                                                                                       bole laitier. DeLaval, un fournisseur
le président des PLQ, Bruno Letendre,                                                                                                          pour l’industrie laitière, veut afficher
en assemblée générale annuelle, le                                                                                                             la petite vache bleue sur sa flotte de

                                                                                                                                         PLC
15 avril dernier.                              Le logo de la petite vache bleue Lait 100 % canadien crée des tensions dans l’industrie
                                                                                                                                               camions et s’est entendu avec les PLC
  M. Letendre conteste la position             laitière depuis au moins quatre ans.                                                            à cet égard.
des transformateurs laitiers qui récla-
ment l’abandon de ce symbole comme             entre la coopérative, ses clients et les
condition préalable à des négociations         consommateurs ». M. Riendeau com-
sur les importations d’ingrédients             prenait que le recours à ce logo visait
laitiers au pays. « C’est une question qui
doit se discuter à la table créée à cette
                                               à majorer l’utilisation de lait canadien
                                               dans la fabrication des produits laitiers.
                                                                                              Bonne retraite
fin, pas une condition préalable », a-t-il     Un objectif qui était à ses yeux atteint
indiqué. « Je ne comprends pas pour-           grâce à la mise en place des normes de           Le monde agricole voit partir l’un
quoi tous ces transformateurs acceptent        composition des fromages, une opéra-           de ses grands journalistes. Doyen de
d’être présents sur le site Les fromages       tion endossée par un seul grand trans-         la salle de rédaction de La Terre de
d’ici et qu’ils font de l’urticaire au sujet   formateur laitier canadien, à savoir           chez nous, Jean-Charles Gagné prend
du logo de la petite vache bleue », a          Agropur.                                       sa retraite.
poursuivi le président Letendre.                 Marcel Groleau, alors président de             Tout au long de ses 25 ans à la
  Le torchon brûle à ce sujet depuis           la Fédération des producteurs de lait          Terre, Jean-Charles a partagé le
2011. Le président d’Agropur, Serge            du Québec, avait répliqué que la petite        quotidien des producteurs. Sous sa
Riendeau, avait déclaré lors de l’as-          vache bleue est un véritable logo d’ori-       plume, les agriculteurs ont pu s’infor-
semblée générale annuelle de la coo-           gine reconnu par l’Agence canadienne           mer des grands enjeux des productions
pérative que « les Producteurs laitiers        d’inspection des aliments à la suite           sous gestion de l’offre, du commerce
du Canada [PLC] n’avaient pas à                d’une plainte déposée par l’Association        international, du zonage agricole et
s’immiscer dans la commercialisa-              des transformateurs laitiers du Canada         des dossiers chauds du monde rural.

                                                                                                                                                                                          ARCHIVES/TCN
tion des produits laitiers en utilisant la     à son sujet. C’est un logo qui est acces-      Son professionnalisme et son attache-
petite vache bleue, bref que ce n’était        sible à tous les transformateurs de pro-       ment à la cause des producteurs ont
pas leur rôle ». Il estimait que ce logo       duits laitiers au Canada. Il signalait que     marqué son parcours remarquable.
                                                                                                                                               Le doyen de la salle de rédaction de La
risquait « de discréditer les marques          la chaîne Loblaws a compris la valeur          Toute l’équipe de la Terre tient à te
                                                                                                                                               Terre de chez nous, Jean-Charles Gagné,
des transformateurs et de briser le lien       ajoutée qui s’y rattache et l’a apposé         souhaiter, Jean-Charles, la plus belle           prend sa retraite après 25 ans de loyaux
                                                                                              des retraites. J.M.                              services.

20 ans pour Novalait!                                                                                     Retombées                            « Nous avons un tissu de recherche bien
                                                                                              Au cours des 20 dernières années,                vivant », a pour sa part précisé Michel
JULIE MERCIER                                  la recherche que les entreprises ne          Novalait a financé 100 projets de                  Pouliot, vice-président recherche et
                                               peuvent pas se payer. Chacun y               recherche pour une valeur de plus de               développement chez Agropur. Au-delà
  LONGUEUIL — Chef de file en                  trouve son bénéfice, de la petite à          41 M$. Une étude a estimé à 600 M$                 de la recherche, Novalait a également
recherche laitière, Novalait célèbre           la grande entreprise », a expliqué           les gains possibles à la ferme et à                investi dans le transfert de connais-
cette année ses 20 ans.                        Michel Doré, directeur des services          l’usine d’un échantillon de 16 projets             sances et la formation pratique aux éle-
  Corporation créée conjointement              techniques et de l’amélioration conti-       de l’organisation. Grâce à Novalait, des           veurs. Les travaux sur le tarissement
par les producteurs et les transfor-           nue chez Parmalat Canada. « Le fait          chaires de recherche et des réseaux stra-          court des vaches en sont un exemple.
mateurs laitiers du Québec à qui elle          que l’on soit regroupé a permis d’al-        tégiques ont été mis en place. « On a de           « Novalait se distingue par son agilité
appartient à parts égales, Novalait            ler chercher un effet de levier que          beaux résultats de recherche, mais aussi           à réagir aux besoins des producteurs »,
a vu le jour en 1995. À l’occasion             l’on n’aurait pas pu avoir individuel-       de beaux résultats sur deux pattes »,              a témoigné Gilbert Rioux, producteur
des célébrations de son 20 e anniver-          lement », a rappelé Claude Lambert,          a illustré Claude Lambert. En effet,               laitier et ancien président de la corpo-
saire, ses partenaires ont souligné son        l’un des fondateurs. « Novalait a été        7 postes de professeurs-chercheurs ont             ration. Pour les années à venir, les par-
modèle d’affaires unique. En effet,            un catalyseur, un carrefour pour les         été créés et 350 professionnels formés             tenaires se disent confiants. « J’ai bien
Novalait regroupe les producteurs et           gens de recherche, les producteurs           depuis 2 décennies. Novalait s’appuie              hâte que nos gouvernements arrêtent de
les différents transformateurs laitiers,       et les transformateurs », a poursuivi        sur un vaste réseau de chercheurs et un            penser que la recherche est une dépense
qui se sont alliés afin de financer la         Alain Bourbeau, directeur général des        réseau de fermes-pilotes, a fait valoir            alors que c’est un investissement pour
recherche précompétitive. « C’est              Producteurs de lait du Québec.               sa directrice générale, Élise Gosselin.            l’avenir », a lancé M. Rioux.
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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Moins de travailleurs étrangers...                                                           « Ça nous touche sévèrement »
des transformateurs inquiets                                                                                        – Daniel Vielfaure, directeur général, Bonduelle Amériques
                                                                                               « Les nouvelles mesures, ça nous                           maraîchers nous envoient leurs récoltes
YVON LAPRADE                                  temps au Québec, soit 30 semaines en           touche sévèrement. Ça risque même de                         pour que nous puissions les transformer,
                                              2013, contre 19 semaines en 2014. » Il         nous placer dans une situation précaire »,                   précise-t-il. Mais il nous faut de la main-
  Les transformateurs alimentaires sont       conserve néanmoins un mince espoir de          appréhende Daniel Vielfaure, directeur                       d’œuvre pour faire ce travail, et les tra-
inquiets. Très inquiets, même, de ne pas      trouver une forme d’arrangement avec           général de Bonduelle Amériques. Il                           vailleurs étrangers viennent combler ces
pouvoir compter sur un bassin suffisant       le gouvernement fédéral.                       n’arrive pas à comprendre la position                        besoins. »
de travailleurs étrangers temporaires           « On va tout ratisser ce qu’on peut;         d’Ottawa dans le dossier des TET.                              Chaque année, en moyenne, Bonduelle
(TET) dans leurs usines. Leur inquié-         on va multiplier les interventions auprès        « Il y a une exemption pour les tra-                       « fait le plein de travailleurs », en haute
tude a décuplé, la semaine dernière,          du gouvernement fédéral. On va tenter          vailleurs qui vont dans les champs,                          saison, et doit en embaucher 500 pour
avec l’entrée en vigueur, le 30 avril,        de démontrer que nous avons besoin             dit-il, mais pour la transformation, on                      ses activités de transformation. Le recru-
des changements apportés par le gou-          de cette main-d’œuvre pour assurer le          nous pose des contraintes. Pourtant,                         tement se fait localement, mais ce n’est
vernement Harper sur la question tou-         bon fonctionnement de nos usines, et de        nous sommes deux secteurs liés, qui                          pas suffisant.
chant les travailleurs du Guatémala et        l’agriculture en général. »                    ont un lien direct. Les producteurs                            « Pendant trois ou quatre mois, sou-
du Mexique.                                                                                                                                               ligne Daniel Vielfaure, nous pouvons
  « Ça risque de faire très mal », pré-                                                                                                                   compter sur environ 140 travailleurs du
vient Dimitri Fraeys, vice-président                                                                                                                      Guatémala, dans trois usines [à Saint-
Innovation et affaires économiques au                                                                                                                     Césaire, Bedford et Saint-Denis]. Sans
Conseil de la transformation agroali-                                                                                                                     eux, ce serait difficile. »
mentaire et des produits de consomma-                                                                                                                       Le directeur général insiste : « Ça ne
tion (CTAC). « Les perspectives ne sont                                                                                                                   se fait pas en cliquant des doigts, trou-
pas encourageantes du côté des fruits et                                                                                                                  ver des travailleurs québécois qui vont
légumes de transformation, tout comme                                                                                                                     pouvoir venir travailler dans nos usines,
pour l’abattage », ajoute-t-il.                                                                                                                           qui sont situées dans des municipalités

                                                                                                                                           ARCHIVES/TCN
  Selon lui, au moins 12 entreprises                                                                                                                      en retrait des grands centres urbains. Et
de transformation, dans les fruits et                                                                                                                     nous n’avons jamais abusé avec les dis-
légumes, sont frappées par les nouvelles      Ottawa veut faire passer de 30 à 10 %, sur trois ans, le pourcentage de TET dans une usine                  positions nous permettant de faire venir
mesures mises en place par Ottawa             ou une entreprise.                                                                                          des travailleurs étrangers. » Y.L.
visant à limiter l’entrée de TET.
  Un nombre similaire d’entreprises,
dans l’abattage, cette fois, vont aussi
devoir s’ajuster en raison des nouveaux
critères du gouvernement fédéral.
  Le programme, qui fait l’objet de
vives contestations, s’applique à tous
les secteurs d’activités. La Fédération
canadienne de l’entreprise indépen-
dante (FCEI) a réagi vivement, allant
jusqu’à déclarer que cette mesure radi-
cale pourrait compromettre l’activité
d’un nombre important de petites et
moyennes entreprises (PME).
          Réduction en 2014
  Pour leur part, les entreprises de trans-
formation alimentaire se demandent
comment elles vont pouvoir maintenir le
rythme de production, avec un nombre
limité de travailleurs venant de l’étran-
ger. Dans sa réforme, Ottawa veut faire
passer de 30 à 10 %, sur trois ans, le
pourcentage de TET dans une usine
ou une entreprise. À cela s’ajoutent les
frais exigés pour chaque travailleur. Ces
frais viennent de bondir à 1 000 $.
  « Déjà, en 2014, avec le resserre-
ment des critères et la hausse des frais
exigés pour ouvrir les dossiers, sou-
ligne Dimitri Fraeys, les entreprises
québécoises ont eu recours à moins de
TET. Ce nombre est passé de 341 tra-
vailleurs, en 2013, à 216, en 2014. Et
les travailleurs sont restés moins long-
La Cour supérieure rabroue trois acériculteurs récalcitrants
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GRANDES CULTURES

34 producteurs de grains arnaqués
de 800 000 $
                                                de mai, je l’ai appelé pour vendre mon        – d’aussi loin que d’Amqui au Bas-
                                                grain. Il n’a pas répondu. Je suis allé       Saint-Laurent – mentionnent s’être fait
            MARTIN MÉNARD                       sur place et tout avait disparu; les silos    arnaquer par Olivier Charrière. Ce der-
            mmenard@laterre.ca
                                                étaient vides. Il avait juste 24 ans, mais    nier a finalement comparu au palais de
                                                il venait de me manger », a-t-il déclaré      justice de Trois-Rivières pour faire face
  Olivier Charrière, un mal-aimé de plu-        à la Terre.                                   à 64 chefs d’accusation, auxquels il a
sieurs agriculteurs, a été arrêté le 29 avril      Olivier Charrière aurait déclaré fail-     plaidé non coupable. Il reviendra en cour
dernier pour avoir fraudé 34 producteurs        lite, laissant ainsi en plan des produc-      le 15 septembre prochain. « L’homme
de grains pour une somme s’élevant à            teurs sans les payer. Ceux-ci espèrent        arrêté aurait revendu des grains entrepo-
800 000 $.                                      néanmoins que la justice le punisse.          sés dans des silos qu’il louait à Sainte-
  Jacques Robert, un agriculteur de             « L’UPA n’a pas voulu nous fournir            Geneviève-de-Batiscan, et ce, sans le
Deschambault, près de Québec, raconte           un avocat, car ce n’était pas “d’utilité      consentement des producteurs agricoles
avoir mis du grain en consigne chez lui         générale”. Alors, il a fallu s’en payer un.   et sans les payer. D’autre part, il aurait
en 2007 sans rencontrer de problème.            On nous a dit que ceux comme moi qui          acheté des grains sans jamais les payer
Mais l’année suivante, l’histoire tourne        avaient du grain en consigne pouvaient        ou en utilisant des chèques sans provi-       Olivier Charrière a été arrêté le 29 avril
au cauchemar. « Je lui ai livré toute ma        déposer une plainte pour vol, ce qu’on        sion », a précisé la Sûreté du Québec.        dernier par la Sûreté du Québec.
récolte d’avoine en payant d’avance             a fait », a tenu à préciser M. Robert.                 L’enquête se poursuit
le criblage et l’entreposage. Au mois           De fil en aiguille, d’autres producteurs        Éloïse Cossette, porte-parole de la         ploi de Grains St-Laurent. La découverte
                                                                                              Sûreté du Québec pour le district de la       d’importantes irrégularités dans ses tran-
                                                                                              Mauricie–Centre-du-Québec, rapporte           sactions ont mené à cette décision. […]
                                                                                              que l’enquête n’est pas terminée et invite    toute l’équipe de Grains St-Laurent a
                                                                                              d’autres victimes potentielles à se mani-     travaillé très fort pour se bâtir une répu-
                                                                                              fester en appelant au 1 800 659-4264.         tation et une crédibilité […] la présence
                                                                                                          Un fraudeur né?                   de M. Charrière au sein de cette équipe
                                                                                                Des producteurs ragent de s’être fait       constituait un frein à l’établissement de
                                                                                              flouer par M. Charrière, mais il n’y          cette crédibilité », a écrit le président
                                                                                              aurait pas qu’eux. Le présumé fraudeur a      Philippe Boisclair. Sur son compte
                                                                                              ensuite travaillé pour Grains St-Laurent.     Linkedin, Olivier Charrière mentionne
                                                                                              L’entreprise a publié un communiqué le        être aujourd’hui négociant en grains pour
                                                                                              3 février 2014 qui parle de lui-même :        une entreprise de Nicolet, Luthi Grains,
                                                                                              « La présente est pour vous informer          laquelle n’a pas voulu commenter la
                                                                                              qu’Olivier Charrière n’est plus à l’em-       nouvelle.

                                                                                              Le bio de 3 à 4 fois plus rentable
                                                                                                Des rendements similaires, mais des
                                                                                              bénéfices de trois à quatre fois supé-
                                                                                              rieurs pour les grandes cultures sous
                                                                                              régie biologique comparativement au
                                                                                              conventionnel, voilà l’une des conclu-
                                                                                              sions après 30 ans d’essais au centre de
                                                                                              recherche américain Rodale Institute.
                                                                                              Le directeur Jeff Moyer était de passage
                                                                                              le 30 avril dernier en Montérégie aux
                                                                                              installations de l’Institut de recherche
                                                                                              et de développement en agroenviron-
                                                                                                                                                                                          MARTIN MÉNARD/TCN

                                                                                              nement (IRDA) pour partager ses résul-
                                                                                              tats. Il conçoit difficilement qu’il n’y
                                                                                              ait pas plus de producteurs en grandes
                                                                                              cultures qui effectuent la transition vers
                                                                                                                                            L’Américain Jeff Moyer a reçu un chan-
                                                                                              le bio. Car, rapporte-t-il, outre les reve-   dail des Canadiens de Montréal en guise de
                                                                                              nus supérieurs, le bio entraîne de meil-      remerciement pour sa conférence.
                                                                                              leures structures de sol, des niveaux
                                                                                              de percolation de l’eau de 15 à 20 %          conventionnel. Plus de détails sur les
                                                                                              plus élevés et 40 % moins d’émis-             techniques de M. Moyer dans une pro-
                                                                                              sions de gaz à effet de serre que le          chaine édition de l’UtiliTerre. M.M.
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