Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare

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Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
1 er TRIMESTRE - MARS 2017

N°149
LA VOIX DES DIALYSÉS
ET DES TRANSPLANTÉS

                                          DOSSIER :
                                          Obésité
                                          et atteinte rénale

                       PORTRAIT
                       « Enfant éternel               CULTURE
                       de la FNAIR »                  « Et les mistrals
                                                      gagnants »
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
NephroCare France
Pour la vie des patients, chaque détail nous engage
Notre objectif :
Accroître l’espérance de vie et la qualité de vie des patients dialysés.

Notre mission :
Conjuguer à la meilleure qualité de dialyse, la meilleure qualité de soins, de services et
d’accompagnement des patients.
Filiales du Groupe Fresenius Medical Care (*), les centres de néphrologie et de dialyse NephroCare
en France font partie d’un réseau unique à l’échelle mondiale (plus de 3.400 établissements de
soins dédiés aux patients insuffisants rénaux).
Nos 37 établissements, répartis sur 5 régions, accueillent plus de 2.400 patients et proposent
une prise en charge adaptée et personnalisée de qualité et un choix thérapeutique étendu : en
                                                                                                         © Fresenius Medical Care France - Insertion presse 2017 - C-2017-057

centre, en unité de dialyse médicalisée (hémodialyse conventionnelle ou hémodiafiltration en
ligne), en autodialyse et à domicile (hémodialyse et dialyse péritonéale).
Nos établissements sont engagés dans une démarche d’amélioration continue de la qualité, ils
sont certifiés ISO et certifiés par la Haute Autorité de Santé.

(*) Premier fournisseur mondial de produits et de services pour le traitement de l’insuffisance rénale

   Retrouvez nous sur :
   www.nephrocare.fr
   www.centres-dialyse-nephrocare.fr

                Nephrocare France
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
S ommaire                                                                     Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
                                                                               Editorial          2      Je suis ce que je mange
                                                            Le mot du Président                  3       L’obésité : un problème de taille !
                                                                                Portrait          4      Aiolia Logan Dechessy, « enfant éternel de la FNAIR »
                                                                                  Tribune 6		            Présidentielles : les propositions de la FNAIR

                                                                         Actualités
          Le petit journal                                                                        7      Séminaires universitaires de néphrologie : quels enjeux pour 2030 ?

             des FNAIR                                                            	 En bref       9
                                                                      Dans la presse 10
            régionales
        Aquitaine                           38
                                                                   LE DOSSIER
        Bourgogne                           39                 La vie de la FNAIR	      14		             Obésité et atteinte rénale
                                                          15
                                                         		  « Le sport est un traitement à part entière »
        Bretagne                            40
                                                          18
                                                         		  Témoignage – Ma seconde vie
        Franche-Comté                       41

        Languedoc-Roussillon 43                                              Médical	
                                                                             Prévention 20               Lupus et atteinte rénale
        Lorraine                           44                        Transplantation 22                  Comprendre les motifs de non-inscription sur liste d'attente de greffe
                                                                              Recherche 24               Les cellules pluripotentes pour fabriquer des organes sur mesure ?
        Midi-Pyrénées                       46

        Normandie                           47                     Vie pratique
                                                             Social - Administratif 26
        Pays de la Loire                     48
                                                                             Diététique	      29         Œufs cocotte sur une fondue de poireaux
        Picardie                             49
                                                                  Les échos du net 23
        Rhône-Alpes                       50
                                                                              Culture 32                  Anne-Dauphine Julliand : « Les enfants ont une sagesse instinctive »

                                                                   Témoignages 34                         Les 30 ans de greffe de Bernard Bergeret
                                                          34
                                                         		  Mes vacances de dialysée à Los Angeles, avec mes enfants

                                  Journal des FNAIR régionales 37

                                                                            Contacts 52

                                                                                                                                   Ont collaboré à ce numéro (par ordre d’apparition) :
             Dr Boris Hansel, endocrinologue-diabétologue et nutritionniste à l’Hôpital Bichat (Paris) — Pr François Vrtovsnik, chef du service néphrologie à l’Hôpital Bichat (Paris)
                          Dr Noémie Jourde-Chiche, néphrologue à l’Hôpital de la Conception (Marseille) — Dr Laurent Chiche, médecin interniste à l’Hôpital Européen de Marseille
             Dr Christian Jacquelinet, conseiller scientifique à l’Agence de la biomédecine — Pr John De Vos, coordonnateur du Département d'Ingénierie Cellulaire et Tissulaire à
                        l’Hôpital Saint-Eloi (CHU de Montpellier) — Marie-Paule Dousseaux, diététicienne dans le service de néphrologie de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

                                                                                                                                                                                                MERCI A TOUS
                                                                                        Revue trimestrielle éditée par la
                                        Fédération Nationale d’Aide aux Insuffisants Rénaux | Représentant légal, directeur de la publication : Roger Charlier
                                                      Rédaction : FNAIR - 10 rue Mercœur - 75011 Paris - Tél. : 01 40 19 92 85 - revue@fnair.asso.fr
                        Rédacteur en chef : Romain Bonfillon - romain.bonfillon@fnair.asso.fr | Coordination des régions : Romain Bonfillon - romain.bonfillon@fnair.asso.fr
         Comité de rédaction : M.-T. Balaÿ, O. Basse, R. Bonfillon, N. Bouclette, R. Charlier, C. Cuney, M.-C. Hellmann, L. Loste, P. Morvan, A. Stinat, Dr. M. Vaysse, T. Vignolles, M. Viguet
                                               Illustration de Une : Fotolia / FNAIR | Collaborateurs aux rubriques : les responsables des associations régionales
    Impression : imprimerie CHIRAT, 744 rue de Sainte Colombe - 42540 Saint Just la Pendue | Publicité : FNAIR - 10 rue Mercœur - 75011 Paris - thierry.vignolles@fnair.asso.fr - Tél. : 01 40 19 92 85
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Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
édito
Je suis ce que je mange
N
        ous sommes ce que nous mangeons… La théorie
        peut paraître un poil simpliste, mais il n’est pas, à
        bien y réfléchir, absurde que notre alimentation
participe in fine à ce qui nous constitue. La qualité de
la peau, la forme physique, la digestion forcément…
toutes ces choses dépendent, au moins en partie, de ce
que nous mangeons. Les théories sur l’intestin comme
"deuxième cerveau" du corps humain confirment ces
interactions étroites. Hippocrate, il y a 2 500 ans, ne disait
pas autre chose lorsqu’il formulait ce célèbre adage :
« Que ton aliment soit ton médicament ». A une époque
où l’on ne cesse de s’interroger sur la dangerosité de ce
que nous ingérons (OGM, acides gras saturés, sels cachés,
phosphates, métaux lourds, lasagnes de cheval,etc.)
le vieux sage grec et père de la médecine semble
étonnamment moderne.
Plus encore lorsque l’on est en insuffisance rénale
chronique et dialysé, l’équilibre alimentaire est une
donnée primordiale. C’est ce que viennent nous
rappeler le Dr Hansel et le Pr Vrtovsnik (cf. leur
interview dans notre dossier), qui ont effacé de leur
vocabulaire le terme "régime". Manger de tout mais
en quantité modérée, telle est la règle. Ces consignes
ne valent pas seulement pour les personnes arrivées au
stade de suppléance. Ce sont également des conseils
de prévention utiles à toute la population. On sait en
                                                                                             Vertumne - Giuseppe Arcimboldo - 1590
effet que l’"épidémie de diabète de type 2" (selon les
termes de l’Organisation mondiale de la Santé), liée à           De manière beaucoup plus concrète et pragmatique,
la "malbouffe", est en partie responsable de l’actuelle          nous nous sommes intéressés dans ce numéro à ce
hausse de l’incidence de l’insuffisance rénale chronique         qui pouvait expliquer la disparité interrégionale dans
(+ 2 % par an de nouveaux patients arrivant au stade             les pratiques d’inscription sur liste d’attente de greffe.
de suppléance).                                                  L’Agence de la biomédecine est précisément en train
                                                                 de mener une enquête sur le sujet − une première
                                                                 mondiale − qui devrait se terminer dans les prochains
Questions d’identité                                             mois. Nous vous tiendrons naturellement au courant des
                                                                 résultats et sans préjuger de ce qu’ils nous enseigneront,
La nourriture nous constitue donc en partie, mais il est
                                                                 vous verrez dès cet article que les différences se cachent
un socle plus structurel, plus stable (et plus intouchable
                                                                 parfois là où on ne les attend pas...
croyait-on) qui fait de nous des êtres uniques. De
génétique il est également question dans cette revue             Nous ne saurions enfin que trop vous conseiller d’aller
avec les fascinantes recherches menées depuis quelques           voir "Et les mistrals gagnants", qui montre le rapport à
années sur les cellules pluripotentes. Ce que l’on croyait       la maladie chronique de jeunes enfants (cf. notre article
chez nous frappé du sceau du déterminisme (la différence         en rubrique culture). Ce film, contrairement à ce que
entre une cellule du rein et une cellule du cerveau, par         pourrait laisser penser le sujet, est un bijou de bonne
exemple) peut être finalement manipulé pour donner               humeur, de drôlerie souvent, où partout déborde l’envie
lieu à toutes sortes de cellules, ouvrant la porte à des         de vivre.
possibilités tout aussi surprenantes qu’effrayantes : des
chimères hommes/animaux pour fabriquer des organes
sur mesure. Aujourd’hui, le frein à l’avancée de ces             Très bonne lecture,
recherches n’est pas tant technique qu’éthique − et
sans doute faut-il s’en féliciter − mais les perspectives
                                                                                                         Romain Bonfillon
offertes demeurent vertigineuses.
                                                                                                         Rédacteur en chef

Mars 2017 - Revue FNAIR n°149                              2
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
le mot du président

                                                                                                                          le mot du président
L’obésité : un problème de taille !
«R
            ein et obésité : un mode                                            personnes s’étant fait dépister d’aller
            de vie sain pour des                                                consulter un néphrologue (environ
            reins en bonne santé ».                                             10 % des personnes dépistées).
Avec ce slogan (que nous partageons                                             Le thème de cette année met en
avec la Journée Mondiale du Rein),                                              particulier l’accent sur l’importance
notre Semaine Nationale du Rein a                                               de maintenir un bon équilibre
voulu pointer du doigt un problème                                              nutritionnel pour préserver son capital
grandissant dans nos sociétés. En                                               néphronique. Les néphrons sont ces
octobre 2016, une étude publiée                                                 minuscules unités fonctionnelles
dans le Bulletin épidémiologique                                                (leur nombre est estimé à 1 million
hebdomadaire révélait qu’en France,                                             par rein) au sein desquelles s’effectue
56 % des hommes et 40 % des femmes                                              la filtration du sang et l’élaboration
souffraient de surpoids ou d’obésité.                                           de l’urine.
Or, l’on sait depuis longtemps que
                                                                                  Malheureusement, une maladie qui
l’hypertension artérielle et le diabète
                                                                                  ne serait pas détectée à temps peut
sont liés à l’excès de masse grasse
                                                                                  les détruire de manière irréversible.
et que ces deux pathologies sont
                                                                                  Bien manger et faire du sport
responsables à elles-seules de près de
                                                                                  permet de préserver la bonne
la moitié des cas d’insuffisance rénale
                                                                                  santé de vos reins. C’est aussi en
chronique.
                                                                                  diffusant et en répétant ce message
Depuis une dizaine d’années, nous avons aussi la preuve      simple que l’on peut parvenir à lutter, en amont, contre
que, même si l’on n’est pas diabétique ou hypertendu,        l’augmentation annuelle du nombre de personnes en
l’obésité est à elle seule un facteur d’atteinte rénale.     insuffisance rénale chronique. En la matière, rien n’est
Il nous faut finalement retenir et diffuser largement        inexorable, il n’y a pas de fatalité !
une information simple et marquante : les personnes
                                                             C’est en tout cas cette croyance qui pousse la FNAIR
obèses ont deux fois plus de risque que les autres
                                                             depuis maintenant 12 ans à organiser sa Semaine
de souffrir d’insuffisance rénale.
                                                             Nationale du Rein, sans aucune subvention des pouvoirs
                                                             publics. A quand une véritable politique de prévention ?
                                                             (cf. nos propositions pour les Présidentielles en page
Dépister, une nécessité
                                                             Tribune).
Déjà en 2012, dans un guide de recommandations,
la Haute Autorité de Santé – HAS – préconisait un
                                                                                                      Roger Charlier
dépistage annuel de la fonction rénale des personnes
                                                                                               Président de la FNAIR
obèses. Notre Semaine nationale du Rein, qui propose
chaque année et sur tout le territoire, des dépistages
anonymes et gratuits, est l’occasion parfaite pour le
public en surpoids, obèse ou simplement désireux de
recueilllir de l’information, de se diriger vers l’un des
stands de la FNAIR. Sur place, des bénévoles, prêts à
vous parler des maladies rénales (qui touchent 3 millions
de personnes en France), des néphrologues mais aussi
des diététicien(ne)s et nutritionnistes, sont là pour vous
aider, au travers de leurs conseils, à améliorer votre
équilibre alimentaire.

Se faire dépister pour mieux protéger ses reins
Pour plus d’un tiers des personnes qui souffrent
d’une insuffisance rénale chronique (IRC), le
diagnostic est posé au dernier moment : ils doivent
alors dialyser en urgence. Les précédentes éditions des
Semaines Nationales du Rein ont permis à de nombreuses

                                                             3                           Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
portrait
Aiolia Logan Dechessy,
« enfant éternel
de la FNAIR »

  «E
             n 2003, une année après avoir appris la            de passer en dialyse. Je savais ce que je voulais faire de
             phase terminale de mon insuffisance rénale         ma vie, mais je prenais une trajectoire inconnue. Avec le
             chronique, j’ai découvert la FNAIR. J’avais        temps, l’expérience et la maturité, j’ai appris à maîtriser
  alors 17 ans.                                                 la dialyse péritonéale. C’est toujours impressionnant de
                                                                voir ce dont la médecine est capable pour vous maintenir
  C’est l’assistant social du CHU de Bicêtre qui m’a
                                                                en vie.
  fait connaître la fédération. J’ai ainsi connu Michèle
  Mondet et son mari Patrick durant mon premier                 Je suis à présent en hémodialyse. De nature persévérante
  séjour en tant qu’enfant de la FNAIR à Hourtin. Je me         et déterminée, je m’adonne à la photographie. Cette
  souviens parfaitement de cette dame remplie d’humour          passion est pour moi un moyen de capturer les bons
  et d’amour. Elle consacrait tellement de temps aux            moments, de les fixer définitivement pour pouvoir les
  enfants dialysés ! Cette grande Lady fut d’une colossale      garder près de soi. Je me sens aujourd’hui redevable des
  générosité et d’un courage immense.                           instants que la FNAIR et Michèle m’ont offerts. J’ai voulu
                                                                au travers de la photographie et des quelques clichés
  Durant mon long parcours, j’ai traversé de nombreuses
                                                                que vous pouvez voir sur cette double-page faire part
  épreuves mais, la plus dure épreuve fut d’encaisser le fait
                                                                de ma reconnaissance.
                                                                                          Parmi les personnes que j’ai
                                                                                          voulu mettre en avant, il y a
                                                                                          ces patients qui ne sont pas là
                                                                                          de leur plein gré, mais qui nous
                                                                                          montrent que l’insuffisance
                                                                                          rénale n’est pas une fatalité.
                                                                                          Elle ne les condamne pas à la
                                                                                          tristesse. Ces personnes sont
                                                                                          emplies d’espoir, elles vivent
                                                                                          la maladie avec une forme
                                                                                          d’aisance et la certitude d’un
                                                                                          appel à la greffe, même si
                                                                                          cette attente n’est pas quelque
                                                                                          chose de facile sur le long
                                                                                          terme.
                                                                                          Aujourd’hui, j’ai une multitude
                                                                                          de projets en tête. Mon plus
                                                                                          grand souhait professionnel
                                                                                          était de faire du cinéma mais
                                                                                          gardons les pieds sur terre,
                                                                                          à présent j’aimerais pouvoir
                                                                                          passer les concours à la SNCF
                                                                                          tout en développant mes
                                                                                          aptitudes en photographie.
                                                                                          Sans oublier d’avoir une
                                                                                          prochaine transplantation.

  Mars 2017 - Revue FNAIR n°149                           4
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
portrait
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
tribune

Présidentielles :
les propositions de la FNAIR
A l’approche des prochaines élections présidentielles, les trois millions de personnes concernées par une
maladie rénale à un stade plus ou moins avancé, et plus encore les 80 000 patients dialysés ou greffés du
rein, sont préoccupés par l’avenir de notre système de santé. La FNAIR (Fédération nationale d’aide
aux insuffisants rénaux) entend proposer, au travers de trois mesures concrètes, les moyens de pérenniser
une prise en charge de qualité, soucieuse de préserver la qualité de vie et de traitement des patients.

Mettre en place une véritable politique de                     (dialyse à domicile, dialyse péritonéale, auto-dialyse). Il
                                                               est aujourd’hui unanimement reconnu que l’autonomie
prévention                                                     et le choix pour le patient de sa modalité de dialyse, dans
Encore aujourd’hui, plus d’un tiers des patients arrivent      le cadre d’une décision partagée avec son médecin, sont
en dialyse en urgence. Le coût humain (comorbidités,           des éléments clé de sa qualité de vie et de l’efficience de
mortalité, choc psychologique) et économique d’une telle       ses traitements. S’il s’agit vraiment d’encourager et
situation est considérable. Il convient donc d’introduire      d’accompagner cette autonomie, il est grand temps
de façon réglementaire et obligatoire le dépistage             que la DGOS et toutes les autorités de tutelle se
de l’insuffisance rénale dans les populations                  donnent les moyens de leurs ambitions.
identifiées comme à risques. Les recommandations
de la HAS –Haute autorité de Santé – concernant la
prise en charge de l’insuffisance rénale sont précises (cf.
Guide du parcours de soins – Maladie rénale chronique          Se donner les moyens de développer la greffe
de l’adulte – Février 2012), il est nécessaire de contrôler    En termes de qualité de vie et de coût pour la collectivité,
l’application qui en est faite par les généralistes.           la greffe est aujourd’hui la prise en charge la plus
                                                               efficiente de l’insuffisance rénale chronique. De multiples
                                                               rapports d’experts ont donc recommandé d’encourager
Maintenir les forfaits de dialyse et encourager                son développement… mais ce dernier s’est fait à
l’autonomie                                                    moyens constants ! Si l’activité de greffe a fortement
                                                               progressé depuis 2012, elle marque depuis l’an dernier
Après deux années consécutives de baisse des forfaits
                                                               un essoufflement, alors même que la liste d’attente
de dialyse, les structures de dialyse, en particulier celles
                                                               continue à augmenter (+ 2 % par an). Les équipes de
dites"de proximité", voient leur marge diminuer et sont
                                                               coordination de transplantation (don du vivant) et de
contraintes de faire des économies en diminuant leur
                                                               prélèvement (donneur décédé) arrivent aujourd’hui à
masse salariale, qui est leur premier poste de dépenses.
                                                               saturation ; la pénurie de greffons s’explique désormais
En première ligne, ce sont les psychologues, diététiciens,
                                                               en bonne partie par un manque de moyens humains
assistants sociaux, personnes en charge de l’éducation
                                                               (équipes insuffisantes) et financiers (plateaux techniques
thérapeutique qui en font les frais. Tous ces soins dits
                                                               indisponibles) pour pouvoir prélever et transplanter.
"annexes" participent pourtant à une prise en charge
                                                               La FNAIR demande donc à ce que le Plan Greffe 3
globale des patients insuffisants rénaux pour rendre
                                                               (2017-2022) se dote de nouveaux moyens financiers
efficients les traitements. Il convient donc de mettre
                                                               (ce qui n’était pas le cas avec la Plan Greffe 2).
fin à la baisse des forfaits de dialyse pour que la prise
en charge des dialysés demeure de qualité. En outre, la
HAS, l’Agence de la biomédecine, la Cour des comptes
et la CNAMTS ont successivement rappelé la nécessité,
pour des raisons médico-économiques, de développer
toutes les alternatives à la dialyse en centre, notamment
celles qui favorisent une meilleure autonomie du patient

Mars 2017 - Revue FNAIR n°149                            6
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
actualités

                                                                                                                                                 actualités
Séminaires universitaires de néphrologie :
quels enjeux pour 2030 ?
Le 25 janvier dernier à Paris, à l’occasion des 43 èmes Séminaires
universitaires de néphrologie, un atelier destiné aux patients, soignants et
aidants abordait le thème des nouveaux enjeux en néphrologie pour 2030.

Q
        uel est le futur de la dialyse ? A cette question,       Cette prévention passe,
        le Pr Thierry Petitclerc, néphrologue, répond sans       explique Alain Trouillet,
        hésiter qu’il s’agit de l’hémodialyse intensive. En      par un attachement
allongeant la durée des séances (hémodialyse longue              fort de la FNAIR aux
nocturne) ou leur fréquence (hémodialyse quotidienne             soins de support, qui
à domicile) on améliore aussi l’état nutritionnel (meilleur      permettent notamment
appétit) et cardiovasculaire du patient. Ces dialyses peuvent    de prévenir le stress.
permettre également la diminution, voire la suppression de       La FNAIR est également
certains médicaments (Kayexalate ©). Aussi, la fatigue post-     convaincue,       et    les
dialyse est bien moindre et ces modalités de traitement          études       scientifiques
sont plus conciliables avec une vie professionnelle.             le      prouvent,      que
L’autre enjeu majeur est pour le Pr Petitclerc de développer     l’activité       physique     Pr Thierry Petitclerc / Photos Romain Bonfillon
la dialyse autonome. Pas seulement pour des questions            est         extrêmement
d’économies de coût, assez incertaines, mais pour le bien        bénéfique pour les
du patient. L’autonomie de ce dernier diminue en effet le        patients. Notre association s’est ainsi par exemple engagée
poids ressenti de la maladie :                                   au CHU Bretonneau de Tours, initiant un projet de vélo
                                                                 horizontal qui permet aux patients de pédaler pendant
- En diminuant le poids réel de cette maladie et la morbi-
                                                                 leur séance de dialyse (le sang circule ainsi mieux et les
mortalité (l’apprentissage de l’autonomie nécessite un
                                                                 crampes sont évitées) ; la FNAIR, en partenariat avec le
minimum d’éducation thérapeutique).
                                                                 groupe associatif Siel Bleu, propose également des séances
- En "positivant" la maladie (le patient ne se conçoit plus      gratuites d'activité physique au CHU de Nantes.
comme victime d’un traitement mais comme acteur).
                                                                 Enfin, et c’est un problème préoccupant, à l’heure où
- En offrant au patient une plus grande liberté (dans les        encore 30 % des patients démarrent la dialyse en urgence,
modalités, dans les horaires, dans les déplacements).            « il est très surprenant et incohérent que tout ne soit pas
                                                                 mis en oeuvre pour alerter le grand public sur ce qu'il
Cependant, il ne s’agit surtout pas d’imposer l’autonomie.       convient de faire pour garder ses reins en bonne santé »,
Elle est un choix, pas un devoir. On peut par contre inciter     note Alain Trouillet.
le patient à être autonome. Ce choix n’est pas celui qui est
fait naturellement par le patient et il s’agit de le rassurer
sur le fait qu’autonomie ne signifie pas abandon. Pour
permettre un choix éclairé du patient, il est donc nécessaire
de développer l’information et de la repenser. Car pour
le patient, le vrai choix ne se fait pas entre la dialyse
péritonéale ou l’hémodialyse ou entre tel ou tel type de
structure. La première question qu’il doit se poser est celle-
ci : est-ce que je veux dialyser à domicile ?

              Et si nous anticipions                                                             Les patients avaient leur place à la tribune

            les besoins des patients ?                           C’est d’ailleurs la raison d’être de notre Semaine du Rein.
                                                                 Et au président de la FNAIR Pays de la Loire de conclure :
                                                                 « Encouragée par les pouvoirs publics, la prévention est
Suite aux différentes interventions des soignants, une           le défi majeur qui nous est soumis. Les professionnels de
table-ronde qui rassemblait les différentes associations de      santé et les associations doivent unir leurs efforts dans
patients a abordé le thème de l’anticipation des besoins         l'intérêt des patients en devenir ».
de ces mêmes patients. La FNAIR, représentée par Alain
Trouillet, président de la FNAIR Pays de la Loire, est venue                                      Synthèse Romain Bonfillon
rappeler à cet égard la nécessité d’une politique de
prévention forte.

                                                                 7                                 Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
Obésité et atteinte rénale - DOSSIER : PORTRAIT - NephroCare
MARSEILLE
                                                        MICHELET
                                                       MARSEILLE
                                                        JOLIETTE

                                                       AUBAGNE
                                          Professeur
                                        Yvon Berland

       Dans le sud de la France,
ADPC, l’Association des Dialysés
 Provence Corse, vous accueille
             dans ses cinq UAD.
                                                        L’ÎLE ROUSSE

                                                                       © piquetdesign.com - Photos : DR
     > CONTACT : 11 rue Jules Isaac 13009 Marseille

                                                       CORTE
               04 91 293 490 - Fax : 04 91 772 582
                   Mail : info@adpc.fr - www.adpc.fr
En bref

                                                                                                                                         actualités
Le premier guide "parcours de santé des                                    Se divertir pendant ses dialyses :
malades chroniques"                                                       la boîte à idées
L’association [im]Patients, Chroniques                                    Fresenius Medical Care, en
& Associés, dont la FNAIR est membre                                      collaboration avec la FNAIR, vient
fondateur, vient de faire paraître un                                     de sortir un fascicule qui propose
guide destiné à accroître l’autonomie                                     une foule d’idées pour se distraire
des personnes malades chroniques et                                       ou se cultiver pendant une séance
à améliorer leur capacité à agir. Les 6                                   de dialyse. Baptisé « Pour ma
chapitres de ce fascicule de 126 pages                                    santé, je divertis mon esprit », cet
correspondent donc aux séquences de                                       outil pratique propose notamment
la vie avec la maladie chronique : des                                    de jouer en ligne aux échecs, au tarot ou à la belote,
premiers symptômes aux outils pour mieux vivre avec, en                   de visiter virtuellement le Louvre (www.louvre.fr ), de
passant par l’appropriation du parcours de santé, le droit à              tester ses connaissances au travers de quiz (quipoquiz.
l’information sur sa santé, les dispositifs de prise en charge            com/fr ) ou de jeux (www.popcorngarage.com) ou de
et la vie professionnelle.                                                s’essayer au dessin, à l’origamie, à la sophrologie, etc.
Pour télécharger ce guide, rendez-vous sur le site
www.chronicite.org

                                                                  Un "Allo docteurs" consacré au rein
                                                                 Le 16 février der nier,
Une campagne nationale pour inviter                              l’émission "Allo docteurs"
chacun à dialoguer sur la fin de vie                             de France 5 était
                        « Quels sont mes droits ? »,             entièrement consacrée
                        « Que sont les directives                à l’insuffisance rénale
                        anticipées ? », « Comment                chronique. Pierre Cuevas,
                        désigner ma personne de                  vice-président de la FNAIR
                        confiance ? » La fin de vie              Lorraine était, au côté
                        est un sujet délicat et les              du Pr Legendre, l’invité de cette émission et a pu notamment
questions qui se posent, bien souvent, complexes.                évoquer son expérience de dialysé et la Semaine Nationale du
Pour mieux répondre aux interrogations des                       Rein. Vous pouvez revoir cette émission sur la chaîne Youtube
Français, le gouvernement lance une campagne                     de la FNAIR accessible depuis la page d’accueil de notre site
nationale d’information sur les droits relatifs à                internet : www.fnair.asso.fr
la fin de vie. L'ambition ? Inviter les citoyens au
dialogue avec leurs proches et les professionnels de
santé. Cette campagne se déclinera sous la forme                 Disparition d’un pionnier du rein artificiel
de spots TV, d’annonces dans la presse, d’un site                Le Pr Nguyen-Khoa Man est décédé le
Internet dédié – www.parlons-fin-de-vie.fr -, d’un               1er janvier dernier, à l’âge de 84 ans. « La
numéro téléphonique d’information et d’écoute                    médecine, je l’avais choisie très jeune, à dix
(0.811.020.300) ou encore au travers d’événements                ans, parce que je voulais sauver l’Humanité »,
pour aller à la rencontre des citoyens.                          confiait-il récemment. Et c’est peu dire
                                                                 que ce médecin d’origine vietnamienne
                                                                 a beaucoup fait pour les personnes
                                                                 insuffisantes rénales.
 Plus de 2000 membres sur le groupe                              C’est avec le Pr Jean Hamburger, l’un de ses maîtres, qu’il met
                                                                 au point le premier rein artificiel français prêt à l’emploi et à
Facebook de la FNAIR !                                           usage unique. C’est avec lui aussi qu’il participe à une première
En janvier dernier, le groupe Facebook                           mondiale : la création d’une membrane de dialyse haute
de la FNAIR a franchi la barre                                   perméabilité permettant de raccourcir, dès 1972, les séances de
                                                                 dialyse de 8 heures à seulement 4 heures. Son rôle dans la mise
symbolique des 2000 membres. Espace d’information,
                                                                 en place de la réglementation des structures de dialyse en France
d’échanges et de convivialité, cette communauté                  fut aussi déterminant.
est particulièrement active et des dizaines de posts             Ce directeur de recherches honoraire à l'Inserm (Hôpital Necker-
(messages) sont envoyés quotidiennement. Si vous                 Enfants Malades) était un polyglotte empreint de sagesse
souhaitez rejoindre ce groupe, il vous suffit de nous le         orientale et de rigueur scientifique. La philosophie bouddhiste
demander à l’adresse contact@fnair.asso.fr (attention,           influençait sa pratique de la néphrologie. Il savait ne pas pouvoir
il vous faut cependant déjà disposer d’un compte                 guérir grâce à la dialyse et s’attachait donc à réduire la souffrance
Facebook pour rentrer dans un groupe).                           de ses patients par une approche très empathique.

                                                                    9                                 Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
dans la presse

 L   a greffe rénale à partir de donneur vivant est aujourd’hui en train de rattraper son retard et devrait
     atteindre en 2020 l’objectif des 20 % du nombre total de greffes rénales. C’est une bonne nouvelle lorsque
 l’on sait que ce type de greffe assure la meilleure durée de vie possible du greffon. Encore faut-il en prendre
 soin et avoir une bonne observance de ses traitements. Sur ce point, une étude vient de montrer l’intérêt
 d’un système interactif qui permette au patient d’être « télésuivi » après sa greffe. De greffe, il est également
 question avec cette première mondiale, une petite fille de 6 ans qui s’est vue implanter un rein à la place de
 la rate. Il ne s’agit pas d’une erreur médicale ou d’un caprice de chirurgien mais d’une nécessité technique,
 rendue nécessaire par des malformations.
 Au rang des informations insolites mais potentiellement utiles à connaître, notons l’intéressante prise de
 parole du Pr Christian Combe, sur l’urinothérapie, cette pratique qui consiste à boire sa propre urine. L’actuel
 président de la SFNDT (Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation) parle purement
 et simplement d’auto-intoxication, avec des effets semblables à ceux de l’accumulation de toxines lorsque
 l’insuffisance rénale n’est pas traitée. Cette position a le mérite d’être claire et le sujet n’a rien d’anecdotique
 lorsque l’on sait qu’il y aurait cinq millions de personnes en Allemagne et deux millions au Japon à boire leur
 urine ou à s’en oindre pour profiter de ses prétendus bienfaits.
                                                                                                     Romain Bonfillon

Transplantation rénale :                                                 Greffe rénale avec donneur vivant :
l'objectif de 20 % en passe d'être atteint                               la télémédecine et la coordination
www.lequotidiendumedecin.fr - le 19/12/2016                              des soins améliorent l'observance
Les greffes à partir de donneurs vivants ont augmenté de 167 %           des traitements et les résultats
en 10 ans et représentent 16 % des greffes actuellement, ce qui          APM - le 16/01/2017
permettra d'atteindre l'objectif de 20 % fin 2016.                       La télémédecine combinée au case management (processus
Le système de transplantation est performant, avec un nombre             intégratif de soins coordonné par un référent et établi à
de greffes par million d'habitants élevé ; toute la chaîne de soins,     partir des besoins globaux du patient) permet d'améliorer
depuis le prélèvement jusqu'au suivi post-greffe est efficiente,         l'observance des traitements après une greffe rénale à
puisque 91 % des reins prélevés sont greffés et qu'à 10 ans, deux        partir de donneur vivant et les résultats à un an, selon une
tiers des greffons sont toujours fonctionnels, pour reprendre les        petite étude allemande publiée dans l'American Journal of
termes du Pr Olivier Bastien (directeur de l'activité de prélèvement     Transplantation (AJT).
et de greffes d'organes et de tissus en France à l'Agence de la          L'objectif était de favoriser l'observance des traitements
biomédecine). L'âge des donneurs est en moyenne de 57 ans,               immunosuppresseurs, condition essentielle à la bonne
mais celui des candidats à la greffe rénale est de plus en plus élevé,   évolution des patients greffés et de leur greffon.
d'où des comorbidités contre-indiquant temporairement la greffe          Ils ont randomisé 46 receveurs d'un greffon rénal provenant
chez 40 % d'entre eux. Le programme d'allocation des greffons            d'un donneur vivant pour recevoir une prise en charge
qui tient compte de l'âge du donneur et du receveur a encore             coordonnée par un professionnel (infirmière ou médecin)
renforcé la priorité « des reins jeunes pour les patients jeunes ».      associée à un suivi par télémédecine ou une prise en charge
27 greffes rénales de type Maastricht III                                standard.
                                                                         L'approche s'appuyait sur un modèle de case management
Le 2e Plan Greffe insistait sur la nécessité de développer toutes        pour maladie chronique initiée après la sortie de l'hôpital,
les possibilités de prélèvement, que ce soit à partir de donneurs        un autre en cas de situations aiguës et un suivi à distance.
décédés ou de donneurs vivants, sans privilégier une de ces sources      Avant de quitter l'hôpital, les patients étaient formés à
mais en les considérant comme complémentaires. Le programme              l'utilisation d'un système interactif permettant le télésuivi.
de prélèvement d'organes sur personnes décédées des suites d'un          Ils devaient répondre à un questionnaire standardisé tous
arrêt circulatoire après une limitation ou un arrêt des traitements      les jours. Des échanges étaient possibles par téléphone,
(Maastricht III) a démarré fin 2014 avec une phase pilote menée          messagerie vocale, e-mail et SMS. En cas de situation aiguë,
dans 5 centres. Les 27 greffes rénales de ce type réalisées en           une consultation par vidéo était organisée rapidement avec
2015 ont confirmé sa fiabilité et les bons résultats ont permis sa       un chirurgien ou un néphrologue.
validation par l'Agence et son conseil d'orientation, permettant         L'analyse des résultats a montré une réduction des
d'ouvrir d'autres centres en 2016 et de poursuivre l'augmentation        admissions non programmées à six mois et 12 mois dans
des dons à partir des donneurs Maastricht III. « La France a pris du     le groupe intervention (aucune admission à 12 mois contre
retard par rapport aux autres pays dans la mise en place de ce type      une médiane de deux dans le groupe contrôle). Le nombre
de greffon, mais ce délai était nécessaire pour clarifier le débat et    d'hospitalisations prolongées était moindre également (0
rassurer sur les questions éthiques ».                                   versus 13 jours) avec une diminution considérable des coûts.
Le succès des greffes engendre un surcroît d'activité pour les           Au total, les patients avec prise en charge standard ont été
équipes de transplantation et l'Agence de biomédecine explore            hospitalisés 29 fois plus souvent et pour 283 jours de plus,
plusieurs pistes pour faire face à la diminution du nombre de            ce qui a permis un gain de 3.417 euros par patient.
médecins et améliorer la qualification et la professionnalisation du     Deux pertes de greffon étaient à déplorer dans le groupe
prélèvement.                                                             standard contre aucune avec la télémédecine.

Mars 2017 - Revue FNAIR n°149                                 10
dans la presse
Greffe : des chirurgiens italiens implantent un rein                        Greffe rénale : mêmes taux de mortalité
à la place de la rate                                                       et de perte de greffon entre bélatacept
www.pourquoidocteur.fr- le                                                  et tacrolimus
14/12/2016                                                                  APM - le 06/01/2017
Chez une petite fille atteinte                                              Le bélatacept (Nulojix*, Bristol-Myers Squibb) semble
d'une anomalie rare des reins                                               associé aux mêmes risques de mortalité et de perte
et des vaisseaux sanguins                                                   du greffon que les traitements immunosuppresseurs à
abdominaux, des chirurgiens                                                 base de tacrolimus, selon une étude de cohorte publiée
ont dû transplanter un rein à                                               dans Transplantation. "Alors que le tacrolimus est la
la place de sa rate.                                                        base de la plupart des régimes immunosuppresseurs
Ce n’est pas une erreur médicale, mais une première mondiale.               pour la greffe rénale, des inquiétudes sur sa toxicité
Dans la nuit du 9 au 10 décembre 2016, l’équipe de transplantation          ont soulevé l'intérêt des cliniciens pour d'autres
rénale de l’hôpital Molinette de Turin (Italie) a greffé un rein à la       agents alternatifs comme le bélatacept", indiquent
place de la rate d’une petite fille de 6 ans.                               le Dr Jordana Cohen de l'université de Pennsylvanie
                                                                            à Philadelphie et ses collègues. Mais les données
Les chirurgiens ont été amenés à imaginer cette procédure                   comparatives entre ces deux médicaments restent
inhabituelle en raison des malformations rénales et vasculaires rares       limitées. L'étude d'enregistrement du bélatacept,
dont souffrait la fillette. Des anomalies graves qui l’ont obligée à        BENEFIT, a été menée face à la ciclosporine.
être dialysée depuis sa naissance. Elles la privaient également de
boire et d'uriner.                                                          Cette équipe a mené une étude de cohorte appariée
                                                                            selon un score de propension en utilisant les données
Une première transplantation avait déjà été tentée en 2014. Mais            du registre national UNOS entre 2001 et fin 2015
l’anomalie de ces vaisseaux sanguins abdominaux a fait échouer la           portant sur 160.398 patients adultes. Parmi eux, 158
greffe. L’organe, qui ne recevait pas de sang, n’a jamais fonctionné        864 avaient eu du tacrolimus, 901 du bélatacept et 633
correctement. En outre, son système immunitaire a fortement                 les deux.
réagi contre le greffon, a indiqué l’hôpital dans un communiqué.
De ce fait, les médecins ont dû effectuer plusieurs tests génétiques        L'analyse principale a montré que le bélatacept
pour trouver un donneur « hautement compatible » avec la petite             n'était pas associé à une différence statistiquement
patiente. Le donneur parfait est trouvé le 9 décembre dernier.              significative sur le risque de décès, ni de perte
                                                                            de greffon, malgré un risque accru de rejet aigu
Opération réussie                                                           pendant la première année suivant la greffe
Mais même une fois cet obstacle franchi, les chirurgiens font face          (risque multiplié par trois).
à un autre écueil. « Sa malformation est si particulière qu’elle            Ces résultats ont été confirmés par des analyses
rend impossible la greffe d’un nouveau rein avec les techniques             de sensibilité supplémentaires tenant compte de
habituelles », a expliqué l’établissement. Seule possibilité pour les       l'utilisation du bélatacept en association au tacrolimus,
chirurgiens : implanter le rein plus haut dans la cavité abdominale         de l'effet centre de transplantation et des différentes
afin de recréer une nouvelle connexion au réseau vasculaire.                approches d'appariement.
Ils décident alors d’implanter le greffon à la place de la rate, un         Des essais randomisés sont nécessaires pour confirmer
organe dispensable situé profondément dans l’abdomen, tout près             ces résultats et clarifier le mécanisme par lequel le
des côtes. Grâce un uretère très long, les chirurgiens ont pu relier le     bélatacept est associé à la même survie du patient et
rein à la vessie de la petite fille.                                        du greffon alors qu'il augmente le risque de rejet aigu,
Après quelques jours en soins intensifs, la jeune patiente se porte         concluent les auteurs.
très bien. Pour la première fois, elle a pu boire et faire pipi sans        Le bélatacept est issu d'une nouvelle classe. C'est un
sonde à 6 ans. Elle devrait bientôt être transférée dans le service de      inhibiteur de la costimulation des lymphocytes T qui a
transplantation rénale d’un autre hôpital.                                  montré son efficacité en prévention du rejet de greffe
                                                                            avec des avantages importants en termes de tolérance
                                                                            rénale par rapport aux inhibiteurs de la calcineurine
                                                                            (ciclosporine et tacrolimus). En France, le médicament
                                                                            est très peu disponible faute d'inscription sur la liste en
Le Cnom va poursuivre plusieurs médecins                                    sus. La Commission de la transparence (CT) a refusé
affichant ouvertement leur refus de soigner                                 plusieurs fois de lui accorder une note d'amélioration du
des patients précaires                                                      service médical rendu (ASMR) de niveau III, maintenant
APM - le 02/02/2017                                                         le niveau IV.
Le Conseil national de l'ordre des Médecins (Cnom) a annoncé,               Dans son dernier avis publié fin 2016, la CT a estimé
jeudi 2 février, qu'il saisirait les chambres disciplinaires compétentes    que l'étude BENEFIT a bien confirmé une moindre
de plaintes contre des médecins affichant ouvertement sur des               altération de la fonction rénale par rapport à la
plateformes de rendez-vous en ligne leur refus de recevoir des              ciclosporine maintenue à sept ans. Mais elle a aussi noté
patients bénéficiaires de l'aide médicale de l'Etat (AME) ou de la          une augmentation du risque de rejet aigu par rapport
couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C).                      à la ciclosporine et a jugé impossible de conclure en
Dans un communiqué, le Cnom réagit après l'annonce faite                    termes d'efficacité et de tolérance entre le bélatacept
vendredi 3 février par le défenseur des droits, Jacques Toubon,             et le tacrolimus sur les méta-analyses soumises.
de l'ouverture de plusieurs enquêtes en décembre 2016 portant               Sources : Transplantation, publication en ligne du 8
sur ces pratiques.                                                          décembre 2016

                                                                       11                             Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
dans la presse

Didier Tabuteau et Martin Hirsch proposent de créer une assurance maladie "universelle"
APM - le 16/01/2017                                               complémentaires    (14%),     est
                                                                  "source de complexité, de coût et
Didier Tabuteau, responsable de la
                                                                  d'iniquité".
chaire santé de Sciences Po Paris,
et Martin Hirsch, directeur général                               Ils font notamment valoir les
de l'Assistance publique-hôpitaux                                 difficultés de mise en place d'une
de Paris (AP-HP), proposent la                                    dispense d'avance de frais (tiers
création d'une assurance maladie                                  payant) intégrale en ville du fait
"universelle" qui reprendrait la                                  de l'articulation entre assurance
part aujourd'hui assurée par les                                  maladie       et     complémentaire,
complémentaires santé, dans une Didier Tabuteau                   jugeant légitime l'inquiétude des Martin Hirsch
tribune publiée dans le quotidien                                 médecins libéraux "quand on voit,
le Monde. Dans cette tribune, les                                 à l'hôpital, les ressources qu'il faut
deux anciens directeurs de cabinet de Bernard Kouchner            consacrer pour vérifier les droits complémentaires des
se réjouissent du retour de l'assurance maladie dans une          patients".
campagne pour l'élection présidentielle, alors qu'elle était
                                                                  Ils estiment que cela donne lieu à "des centaines de
"absente" des débats "depuis 1988".
                                                                  millions d'opérations administratives" en doublon, pour
Selon eux, "une réforme majeure peut être faite, à contre-        "un coût faramineux" auquel s'ajoute les frais de gestion
courant de la pensée dominante, permettant à la fois              de l'assurance maladie (4% des coûts, 6,5 milliards €) et
d'améliorer la protection des Français et de réduire les          des complémentaires (19% des coûts, 6 milliards €).
dépenses: étendre l'assurance maladie à l'ensemble des
                                                                  "La fusion de ces deux étages permettrait de diviser par
dépenses de santé, en incluant dans la sécurité sociale la
                                                                  deux les frais de gestion de l'ensemble de l'assurance
couverture complémentaire, aujourd'hui essentiellement
                                                                  maladie, et donc d'économiser environ 6 milliards € par an,
assurée par les mutuelles et les assurances", écrivent-ils.
                                                                  sans affaiblir la protection d'aucun assuré, et au contraire,
"Il s'agit ni plus ni moins d'étendre à l'ensemble de la          en améliorant l'accès aux soins", argumentent-ils.
France, en le complétant, ce qui existe déjà en Alsace-
                                                                  La mise en place d'une telle "sécurité sociale intégrale"
Moselle. Une assurance maladie vraiment universelle, ce
                                                                  permettrait de supprimer des dispositifs spécifiques
n'est pas une utopie, ce n'est pas un rêve coûteux, c'est
                                                                  comme la couverture maladie universelle complémentaire
une source d'économies et d'amélioration", plaident-ils.
                                                                  (CMUc), l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé
Ils estiment que le système actuel à deux étages, où les          (ACS) et la couverture à 100% des dépenses d'affections
dépenses sont couvertes par les régimes obligatoires              de longue durée (ALD).
d'assurance maladie (77%) et près de 500 organismes

L’urinothérapie : une « auto-intoxication »
                                   www.destinationsante.com - le 19/01/2017
                                    « L’urinothérapie consiste en l’application ou en l’absorption d’urine. Amaroli est le nom
                                    "poétique" d’une technique de santé qui consiste à recycler son urine en la buvant »,
                                    explique la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
                                    (Miviludes).
                                    La conception ancienne qualifiant l’urine d’"or du sang" ou d’"élixir de longue vie"
                                    estime qu’il s’agit d’un produit distillé et riche en principes actifs bénéfiques. Pourtant,
                                    cette pratique n’est basée sur aucune preuve scientifique. Pire, elle expose à des
                                    problèmes de santé. « Boire son urine consiste en réalité à ré-ingérer les produits
toxiques qui ont été évacués car ils étaient en excès dans l’organisme », explique le Pr Christian Combe, néphrologue
et Président de la Société Francophone de Néphrologie Dialyse Transplantation. « L’acide urique par exemple, à l’origine
de la goutte, ou encore toutes les toxines urémiques ». Il s’agit « tout simplement d’une auto-intoxication », assure-t-il.
Autre argument pour déconseiller fortement cette pratique : la stabilité de la composition du corps. En effet, l’urine a
aussi pour rôle d’assurer celle-ci. « Si on a bu beaucoup, on urine beaucoup. En cas de déshydratation, on urine moins.
La quantité de sel absorbée quotidiennement est elle aussi évacuée par les urines. La ré-ingérer peut mener à un excès
de sel », souligne le Pr Combe.
Des conséquences sur la santé
Que peut-on redouter concrètement d’une telle pratique ? « Il suffit d’observer les conséquences d’un dérèglement de
l’élimination des toxines par l’organisme chez les insuffisants rénaux », explique-t-il. Ces malades souffrent de multiples
troubles : osseux, cardiovasculaires et d’alimentation (anorexie, dénutrition…). « Pratiquer régulièrement l’urinothérapie
peut mener à développer les mêmes troubles. » Cette pratique est donc clairement à déconseiller.

Mars 2017 - Revue FNAIR n°149                              12
dans la presse
La mortalité liée au mélanome devrait baisser fortement d'ici à 2050
APM - le 30/01/2017
La mortalité liée au mélanome malin devrait fortement diminuer d'ici à 2050, en particulier si des traitements efficaces
sont mis à disposition des patients affectés par ce cancer, selon des projections présentées dimanche à Amsterdam au
Congrès européen de cancérologie (ECC).
La courbe de mortalité des personnes de 70 ans et plus continue à augmenter alors que celle des 50-69 ans forme un
plateau et que celle des moins de 50 ans décroît, a rappelé Alice Koechlin, biostatisticienne à l'Ipri (l'Institut international
de recherche sur la prévention)
Cela s'explique par des pratiques comme l'héliothérapie assez en vogue pendant la première moitié du XXème siècle. On
exposait les enfants à des lampes à UV ou à la lumière quand le soleil était au plus haut pour lutter contre le rachitisme
ou la tuberculose à une époque où la carcinogénicité de l'exposition aux UV (B et C) n'était pas encore connue.
La fin de l'héliothérapie dans les années 1960 et l'introduction d'une protection de la peau des enfants contre le soleil
dans les années 1980 expliquent cet infléchissement des courbes de mortalité au fil des générations.
« Si des traitements efficaces arrivent, nous devrions voir des diminutions du nombre de décès par mélanome dès 2030
», a indiqué Alice Koechlin. Le nombre de décès aux Etats-Unis serait alors en 2050 de 3 646 chez les hommes (comme
en 1990) et 1 876 chez les femmes (comme en 1980). Ainsi, avec le temps, la mortalité par mélanome diminuera une
fois que les dégâts causés par l'utilisation à des fins médicales des UV seront dépassés. L'effet de la mise en place
d'une protection contre le soleil des enfants (surtout pour éviter des coups de soleil au jeune âge) peut être observé,
notamment en Australie. La mise à disposition de traitements de plus en plus efficaces (comme cela arrive avec les
immunothérapies) devrait accélérer le déclin de la mortalité, s'ils sont rendus accessibles à tous les patients, a conclu
Alice Koechlin.

Vaccins hépatite B: des mesures pour faire face                                    21% des Français ont déjà été
aux tensions d'approvisionnement                                                   confrontés à un problème d'accès
Agence de presse médicale - le 03/03/2017                                          au crédit pour raison de santé
                                                                                   APMnews - le 06/03/2017
Dans son avis, rendu le 3 mars dernier, le HCSP explique que « la distribution
des vaccins destinés aux adultes a été réservée aux établissements de              Environ 21% des Français déclarent
santé. Ils peuvent être dispensés aux patients non-hospitalisés prioritaires,      avoir été confrontés directement, ou un
sur prescription médicale ». Concernant les populations prioritaires, il           de leurs proches, à un problème d'accès
s’agit notamment « des professionnels soumis à la vaccination obligatoire          au crédit pour raison de santé, soit 4
(notamment les professionnels de santé), des patients en attente de greffe,        points de moins qu'en 2016, selon le
des patients dialysés ou présentant une insuffisance rénale chronique ».           baromètre 2017 sur les droits des malades
La Direction générale de la santé invite les populations adultes prioritaires      du Collectif interassociatif sur la santé
concernées à se rapprocher de leur médecin traitant afin de les conseiller         (Ciss). Chez les personnes souffrant d'une
et de les orienter.                                                                affection de longue durée (ALD), environ
                                                                                   38% déclarent avoir rencontré (ou leurs
                                                                                   proches) ce type de problème.
                        La position de la FNAIR
           Le 15 février dernier, la FNAIR écrivait à la Ministre de
           la Santé un courrier pour l’alerter de l’actuelle pénurie
           de vaccins contre l’hépatite B. Aujourd’hui, l’Agence
       nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Direction
       générale de la Santé (DGS) affirment avoir obtenu « la mise                   Suivez la FNAIR sur son site
       en place des solutions alternatives permettant de garantir
       l’approvisionnement pour les mois à venir et permettre                      Internet et ses réseaux sociaux
       aux personnes qui le nécessitent de se faire vacciner ».
       La FNAIR se veut néanmoins prudente et veut s’assurer
       que ce rationnement sera suffisant pour remplir toutes les
       obligations vaccinales de l’année 2017 (le retour à la normale
       n’est pas prévu avant début 2018). Nous suivons donc ce
       dossier avec attention et restons en lien avec les autorités
       de santé (ANSM, HCSP et DGS) pour que les solutions
       alternatives puissent être appliquées dans les meilleures
       conditions. En outre, il nous paraît urgent de mettre enfin en
       place des mesures anticipatrices pour empêcher qu’une telle
       situation de pénurie se reproduise à l’avenir.                                   www.fnair.asso.fr

                                                                  13                             Mars 2017 - Revue FNAIR n°149
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