Descriptif Des cours 2020/2021 - Université Paris 1 Panthéon ...

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Descriptif Des cours 2020/2021
                                       L3 semestre 5
                                    Philosophie Générale

Groupe 1 lundi 14-16h Q. Gailhac

La répétition
Le cours s’attachera à dégager les conditions de possibilité de la répétition à partir de trois
problèmes philosophiques bien connus : le problème de l’induction, la nature du désir et la
contingence historique. Sans exiger des termes qu’elle met en relation les rapports d’identité
stricte qu’elle semble pourtant impliquer de droit, et ne constituant jamais le simple effet de
l’observation empirique qui ne saurait l’atteindre seule, la répétition, loin de se réduire à un
apparaître, ne peut être pensée que du point de vue de sa constitution. Dans l’ordre de la
connaissance, les répétitions que l’on observe n’existent qu’à l’aune de la loi qui leur donne
une fonction. Dans l’ordre de l’existence, les désirs subjectivement orientés qui lient certains
objets du monde d’un rapport temporel singulier, demandent au futur de ressembler au passé,
en créant de la répétition avec des objets qui ne se reproduisent jamais tout à fait. Dans l’ordre
de la contingence historique, enfin, la répétition des évènements se rend doublement
dépendante à l’égard de la conscience historique des hommes qui les produisent et de ceux
qui les qualifient a posteriori. Si la répétition n’est dès lors jamais assez répétitive en elle-même
pour exister en dehors de toute constitution, il s’agira de déterminer ce qui permet de la fonder
à partir des éléments qui devraient l’exclure ; ressemblance, défaut d’identité, différence,
temporalité.

Bibliographie sélective :
Althusser, Montesquieu, la politique et l’histoire, Paris, Puf, coll. Quadrige, 2003.
Borges, Histoire de l’éternité, et « Nathaniel Hawthorne », Autres inquisitions, dans Œuvres
   complètes I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2010.
Deleuze, Différence et répétition, Paris, Puf, coll. Epiméthée, 1968.
Eliade, Le Mythe de l’éternel retour, Paris, Gallimard, Folio/essais, 1989.
Freud, Métapsychologie, Paris, Gallimard, coll. Folio/essais, 1968.
Freud, Au-delà du principe de plaisir, Paris, Puf, coll. Quadrige, 2013.
Hume, Traité de la nature humaine, livre I, L’entendement, Paris, Flammarion, coll. GF, 1995.
Kant, Critique de la raison pure, « Analytique des principes », Paris, Puf, coll. Quadrige, 2008,
   p. 147-249.
Kierkegaard, La Reprise, Paris, Flammarion, coll. GF, 1990.
Nietzsche, Ainsi Parlait Zarathoustra, Paris, Flammarion, coll. GF, 2006.
Platon, Le Politique [268d-274 e], Paris, Vrin, Les Dialogues de Platon, 2018.
Russell, Problèmes de philosophie, Paris, Payot, coll. Bibliothèque philosophique, 198
Groupe 2 lundi 18h30-20h30 : M. Frerejouan

L’hallucination
Comment savoir si ce que nous percevons est réel dès lors qu’il pourrait s’agir d’une
hallucination ?
Cette question fait écho, en apparence, aux arguments sceptiques traditionnels qui invoquent
l’illusion (où nous prenons une chose pour une autre) ou le rêve (où nous confondons la veille
et le sommeil) pour nous faire douter de la réalité de nos perceptions. Elle s’en distingue
toutefois dans la mesure où, dans le cas de l’hallucination, nous sommes bien en peine de dire
ce qui vient se substituer à nos perceptions. Et pour cause, si l’hallucination ne se trouve pas
dans le monde, comme c’est le cas de l’illusion, elle ne se trouve pas davantage en dehors de
ce dernier, comme c’est le cas du rêve.
De l’expérience de pensée du « cerveau dans une cuve » des philosophes aux hallucinations
acoustico-verbales des psychiatres, nous tenterons de déterminer quel genre de « chose » est
l’hallucination et ce qu’elle peut nous dire de la perception du réel.

Bibliographie sélective :

Austin, Le langage de la perception, trad. fr. Bruno Ambroise, Paris, Vrin, 2007, chapitres 1 à
   3
Descartes, Méditations métaphysiques, trad. fr. duc de Luynes, Paris, Garnier-Flammarion,
   1993, première méditation
Ey, Traité des hallucinations, Paris, Masson, 1973, première partie, chapitre 1
Fish, Perception, hallucination, and illusion, Oxford, Oxford university press, 2009, chapitre 4
Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 2009
Moore, « Sense-data » in Some main problems of philosophy, Reprinted., Abingdon,
   Routledge, 2002.
Putnam, Raison vérité et histoire, trad. fr. Abel Gerschenfeld, Paris, Editions de Minuit, 1994,
   chap. 1
Russell, « La relation des sense-data à la physique », in Mysticisme et logique, trad. fr. Denis
   Vernant, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2007.
Straus, Du sens des sens : contribution à l’étude des fondements de la psychologie, trad. fr.
   Georges Thinès et Jean-Pierre Legrand, 2e éd., Grenoble, J. Millon, 2000, chapitre 9
Groupe 3 Mardi 13-15h : B. Ambroise

Langage et fiction(s)
On considère traditionnellement que l’usage du langage est correct lorsqu’il parle du monde
et dit ce qui est. Dès lors qu’il dit ce qui n’est pas, il est dénoncé soit comme faux, soit comme
mensonger. Pourtant, le langage est aussi le moyen éminent de la fiction. Celle-ci, si elle ne dit
pas ce qui est, est-elle pour autant fausse ou mensongère ? Ce questionnement de type
platonicien n’a, heureusement, jamais empêché la littérature de fleurir. On peut même
probablement soutenir, à l’encontre de Platon, que la littérature apporte une forme de
connaissance. Mais quelle connaissance : de quoi parle la fiction littéraire si elle ne parle pas
de ce qui est ? Parle-t-elle même de quelque chose ? Quelle est sa référence ? Qu’en dit-elle ?
La littérature parle-t-elle malgré tout du monde ? Ou parle-t-elle d’objets fictifs ou
imaginaires ? Est-ce donc alors la spécificité de son objet qui distingue la littérature de
l’histoire ou du compte rendu scientifique ? Ce sont là autant de questions propres aux
théories de la fiction qui permettent d’interroger le rapport du langage au monde et
d’examiner ses conditions de sens et d’usage. L’usage fictionnel du langage sera ainsi le
révélateur de son fonctionnement et de ses traits caractéristiques. Les étudiant-e-s sont invité-
e-s à lire J. L. Borges, Fictions (Folio-Gallimard), avant le cours.

Bibliographie sélective :
- Aristote, Métaphysique, trad. fr. A. Jaulin, Paris : GF, 2010.
- Aristote, Poétique, trad. fr. M. Magnien, Paris : Le Livre de Poche, 1990.
- J. L. Austin, Écrits philosophiques, trad. fr. L Aubert et A.-L. Hacker, Paris : Seuil, 1994.
- J. Benoist, Les limites de l’intentionalité, Paris : Vrin, 2005.
- J. Bouveresse, « Fait, fiction, diction » (1992), en ligne sur le site du Collège de France.
- O. Cayra, Définir la fiction, Pars : Editions de l’EHESS, 2011.
- D. Cohn, Le propre de la fiction, Pars : Seuil, 2001.
- G. Frege, Écrits logiques et philosophiques, trad. fr. Cl. Imbert, Paris : Points – Seuil, 1994.
- M. de Gaynesford, The Rift in the Lute, Oxford : Oxford University Press, 2017.
- G. Genette, Fiction et diction, Paris : Seuil, 1991.
- D. Lewis, « Truth in Fiction », American Philosophical Quarterly, 15(1), 1978
- Platon, La République, livre 2 et 3, trad. fr. G. Leroux, & Le Sophiste, trad. fr. N. Cordero, in Platon,
     Œuvres complètes, Paris : Flammarion, 2nde Ed. : 2011.
- M. Renauld, Philosophie de la fiction, Rennes : PUR, 2014.
- B. Russell, Éléments de logique philosophique, trad. fr. J.-M. Roy, Paris : PUF, 1989.
- J. Searle, Sens et expression, trad. fr. J. Proust, Pars : Minuit, 1982.
- A. Thomasson, « Fiction, existence et référence », trad. fr. J. Ruelle, Methodos, 10, 2010
     (https://doi.org/10.4000/methodos.2446)
- L. Wittgenstein, Les recherches philosophiques, trad. fr. sous la direction d’E. Rigal, Paris : Gallimard,
     2004.
Groupe 4 Mardi 14h30-16h30 : Louis ROUQUAYROL

Le problème du commencement en philosophie

Si on laisse temporairement de côté la question de savoir par quoi commence la philosophie,
autrement dit la question du « principe » (Dieu, la nature, le cogito), demeurent deux façons
d’envisager le problème du commencement en philosophie : d’un point de vue externe, on
peut rendre compte des conditions objectives de constitution d’un « champ philosophique »
qui prédétermine les possibilités du discours de la philosophie (Bourdieu) ; d’un point de vue
interne, on peut s’interroger sur les discours tenus par les philosophes eux-mêmes sur le
problème du « commencement absolu » de la philosophie (Hegel), c’est-à-dire d’un
commencement qui ne présupposerait rien qui soit extérieur à la philosophie elle-même. C’est
ce second aspect qui fera en priorité l’objet de nos réflexions, et ce dans trois directions : (a)
Quel est le statut de ce qui précède la philosophie, de ce avec quoi elle est censée faire
rupture ? (b) Comment s’opère cette rupture, et qu’est-ce qui la motive subjectivement chez
celui qui se convertit à l’effort philosophique ? (c) Quelle idée du philosophe et quelle « image
de la pensée » (Deleuze) se dégagent de cette rupture ?

Bibliographie sélective :

   -   Platon, Ménon, trad. M. Canto-Sperber, GF, 1991.
   -   Aristote, Métaphysique, Livre Alpha, trad. J.-F. Pradeau, PUF, 2019.
   -   Sénèque, Lettres à Lucilius, 1 à 29, trad. de M.-A. Jourdan-Gueyer, GF, 1992.
   -   Descartes, Méditations métaphysiques, éd. M. et J.-M. Beyssade, GF, 1992.
   -   Descartes, La Recherche de la Vérité par la lumière naturelle, trad. E. Lojacono, PUF,
       2009.
   -   Hegel, Phénoménologie de l’esprit, « Préface » et « Introduction », trad. J.-P. Lefebvre,
       GF, 2012.
   -   Hegel, « Par quoi faut-il faire commencer la science ? », Science de la logique, Livre
       premier : L’Être, trad. B. Bourgeois, Vrin, 2015.
   -   Heidegger, « Qu’est-ce que la philosophie ? », dans : Questions I et II, Gallimard,
       1968.
   -   Deleuze, Différence et répétition, PUF, 1968 (le chapitre III, « L’image de la pensée »,
       doit être lu en priorité).
   -   Vernant, Les origines de la pensée grecque, PUF, 1962.
   -   Bourdieu, Méditations pascaliennes, Seuil, 1997.
Groupe 5 Mercredi 11h-13h : Fabien Delrue

La force de l’habitude.
L’habitude désigne généralement un comportement individuel ou collectif acquis par la
répétition d’une action. Véritable mémoire pratique, l’habitude affecte nos actions, nos
pensées, nos manières de sentir qui deviennent « par habitude » machinales, automatiques.
L’habitude donne alors lieu à la routine, à savoir le penchant à répéter des actions
semblables au sein desquelles l’esprit, la volonté ou encore la vitalité tendent à s’émousser
voire à s’absenter. Vie sans sujet, l’habitude nous condamne ainsi à l’inertie, à la monotonie
du quotidien, à la lassitude rendant nos actions insignifiantes, même celles qui visent à briser
nos habitudes. La force inhérente à l’habitude se révèle alors dans la difficulté souvent
insurmontable de rompre avec nos habitudes.
Cependant, que seraient nos vies sans habitudes ? L’habitude nous permet d’habiter le
monde en assurant la trame de nos existences. Sans habitudes, nos vies seraient
condamnées à un exil perpétuel. Loin de nous confiner dans la passivité, l’habitude est une
disposition active d’adaptation, d’ajustement au milieu naturel et social voire de création qui
augmente notre sagacité et rend nos actions plus faciles à exécuter.
L’habitude est-elle alors une force qui entrave notre liberté ou est-elle ce qui rend possible
l’effectivité du vouloir ? Faut-il céder à la facilité que nous confèrent nos habitudes ?
S’appuyant sur un corpus philosophique et sociologique, le cours visera à élucider
l’ambiguïté de cette force de l’habitude.

Bibliographie sélective :

* lectures obligatoires

   -   ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, II et VI, trad. J.Tricot, Vrin, 1997 *; Métaphysique,  ,
       19-20, trad. J.Tricot, Vrin, 2000* ; « De la mémoire et de la réminiscence » dans Petits
       traités d’histoire naturelle, trad. P.-M. Morel, GF-Flammarion, 1999.
   -   BEGOUT, La Découverte du quotidien, Introduction et Deuxième partie, chapitre 2 et 3,
       Pluriel, 2018.
   -   BERGSON, Matière et mémoire, II, Puf, 2012*; « La vie et l’œuvre de Ravaisson » dans
       La Pensée et le mouvant, Puf, 2009 ; L’Évolution créatrice, II, Puf, 2009.
   -   BOURDIEU, Esquisse d’une théorie de la pratique, Deuxième partie*, Seuil, Points
       essais, 2000 ; Postface de Panofsky, Architecture gothique et pensée scolastique,
       Minuit, coll. « Le sens commun », 1967.
   -   DELEUZE, Empirisme et subjectivité, chap. I et V, Puf, 2003 ; Différence et répétition,
       chap. II, Puf, 2003.
   -   DESCARTES, Les passions de l’âme, Art. 158-16, GF-Flammarion, 1996 ; Lettre à
       Mersenne du 1er avril 1640 dans Œuvres philosophiques, Ed. F. Alquié, Classiques
       Garnier, 1999.
-   ERIBON, Retour à Reims, Flammarion, coll. « Champs », 2018.
   -   GUILLAUME, La formation des habitudes, Chap. I, II et V, Puf, 1973.
   -   HEGEL, Encyclopédie des sciences philosophiques, III. Philosophie de l’esprit (ed. 1827
       et 1830), Première section, §409-412, trad. B. Bourgeois, Vrin, 1988.
   - HENRY, Philosophie et phénoménologie du corps, introduction, chap. III et VI, Puf,
       2011.
   - HUME, Traité de la nature humaine, I, I, section VII, ; I, III, sections VIII, IX et XII ; III, II,
       section X, trad. P. Baranger et P. Saltel, GF-Flammarion, 1995 ; Enquête sur
       l’entendement humain, section V, trad. A. Leroy, GF-Flammarion, 1983.
   - KIERKEGAARD, La Répétition, trad. J. Privat, Payot & Rivages, 2003.
   - HUSSERL, Méditations cartésiennes, Méditation IV, trad. G.Peiffer et E. Levinas, Vrin,
       2001 ; Ideen, II, Recherches phénoménologiques sur la constitution, §54-61, trad. E.
       Escoubas, Puf, 1996.
   - JAMES, Précis de psychologie, 4*, 6 ,12, trad. N. Ferron, Les empêcheurs de penser en
       rond, 2003.
   - LAHIRE, L’homme pluriel : les ressorts de l’action, Pluriel, 2011.
   - LAMARCK, Philosophie zoologique, chapitre VII, GF-Flammarion, 1999.
   - MAINE de BIRAN*, Influence de l’habitude sur la faculté de penser, Vrin, 2002.
   - MERLEAU-PONTY, La phénoménologie de la perception, Première partie, III* et IV,
       Gallimard, 2005.
   - RAVAISSON*, De l’habitude, Allia, 2007.
   - RICOEUR*, Philosophie de la volonté, 1. Le volontaire et l’involontaire, Deuxième
       partie, chap. II, III.
L’habitude et chap. III. Le mouvoir et l’effort, Seuil, Points essais, 2009.
WATSON (1913), Psychology as a behaviorist views it, in Psychological review 20(2), 158-177.

                                 Histoire de la Philosophie
Groupe 1 Mardi 10-13h: J.-B. Brenet

Qu’est-ce que la philosophie arabe ? Une introduction

Entre les Grecs et les Latins : les Arabes. Le cours propose une introduction à la philosophie
médiévale arabe (al-Fârâbî, Avicenne, Averroès, mais aussi Ibn Bâjja, al-Ghazâlî, etc.) dont
l’Europe hérite à partir du XIIe siècle certaines de ses théorisations les plus fécondes. On
prend comme base le Discours décisif d’Averroès, dont on développe plusieurs problèmes
solidaires de la tradition arabo-islamique : la place de la philosophie en Islam, la nature de
l’homme et sa destination, le statut de l’acte humain, l’éternité du monde, l’essence de
l’intellect, le rapport entre raison et théologie, la fonction politique de la religion et de la
pensée.
Se procurer :

Averroès, Discours décisif, Paris, GF-Flammarion (bilingue arabe-français) ; id., L’Islam et la raison,
Paris, GF-Flammarion ; id., L’intelligence et la pensée, Paris, GF-Flammarion. Les autres textes seront
distribués, ainsi qu’une bibliographie.

Groupe 2 Mercredi 9h-12h P.-M. Morel

PLOTIN, Première Ennéade.
(le beau, la vertu, l’âme et le corps)

Ce cours est une introduction aux Ennéades de Plotin. Il portera sur une partie des traités
réunis dans la Première Ennéade et sur leurs thèmes respectifs. Il s’agira notamment de
comprendre en quel sens Plotin est platonicien, et pourquoi ce platonisme se construit tout à
la fois contre ses adversaires (notamment Aristote et les stoïciens) et avec eux.
Bibliographie élémentaire (*)

Texte (à se procurer pour le cours) :

Plotin, Première Ennéade, traduction d’Emile Bréhier, introduction de Jérôme Laurent, Paris, Les
Belles Lettres, collection « Classiques en poche », 1997. (voir :
https://www.lesbelleslettres.com/livre/2150-premiere-enneade)

Etudes :

LAURENT J., Les fondements de la nature selon Plotin. Procession et participation, Paris, Vrin, 1992.
–      L’homme et le monde selon Plotin, Fontenay-aux-Roses, ENS Éditions, 1999.
MOREL P.-M., Plotin. L’Odyssée de l’âme, Paris, Armand Colin, 2016.
O’MEARA D., Une introduction aux Ennéades, Paris, Cerf - Éditions universitaires de Fribourg Suisse,
1992.

(*) compléments bibliographiques à la rentrée

Groupe 3 Mercredi 12h30-15H30 : Véronique Decaix

Introduction à la philosophie médiévale latine : La liberté au Moyen-Âge

Le cours est centré sur la naissance d’un concept au Moyen Âge : la liberté (libertas). Nous
verrons la manière dont les problèmes moraux touchant au statut de la volonté, du désir et
du Bien, ont fait émerger l’idée de liberté, ainsi que son revers, celles de culpabilité et de
faute morale.
Le cours s’intéresse principalement à quatre auteurs : Augustin, Anselme de Canterbury,
Thomas d’Aquin et Pierre de Jean Olivi, couvrant une longue période allant la fin de
l’Antiquité jusqu’au XIVe siècle.
L’attention portée au contexte historique révèle la manière où, dans le dialogue constant
entre philosophie et religion, sur des questions telles que le péché originel, la chute de
Lucifer ou la toute-puissance divine, les penseurs médiévaux assument la possibilité du mal
et du péché, en concevant une distinction cruciale entre libre-arbitre (liberum arbitrium) et
liberté (libertas), ouvrant la possibilité de la volonté bonne et de la Grâce.

Bibliographie sommaire :
(Une bibliographie plus exhaustive sera distribuée en cours, ainsi qu’à chaque
séance)

Anselme de Canterbury De la liberté de choix, Sur la Chute du Diable, in L’œuvre de Saint Anselme,
traduit par Rémy de Ravinel, Tome 2, Cerf, 2002.
Augustin, Traité de la Grâce et du libre-arbitre
De la Nature et de la Grâce, Réfutation de Pélage, Œuvres complètes de Saint Augustin, sous la
direction de M. Raulx, tome XVIIème, p. 185 à 221, Bar-le-Duc 1871
Thomas d’Aquin, Questions disputées sur le mal (à consulter ici :
http://docteurangelique.free.fr/bibliotheque/questionsdisputees/16questionsdisputeessurmal.htm)
Pierre de Jean Olivi, Quaestiones in secundum librum Sententiarum, éd. B. Jansen, Quaracchi, S.
Bonaventurae, vol. 3, qu. 81-86, 1926

Études :

Brower, Christian, Gilon, Odile, Liberté au Moyen Âge, Paris, Vrin, 2017
De Libera, Alain, Penser au Moyen Âge, Paris, Seuil, 1990
De Libera, Alain, La philosophie médiévale, Paris, PUF Quadrige, 1993
Flasch, Kurt, Introduction à la philosophie du Moyen-Age, Paris, Flammarion, 1998
Putallaz, François-Xavier, Insolente Liberté. Controverses et condamnations au XIIIe siècle, Paris, Cerf,
1995

Groupe 4 Jeudi 8h-11h : C. Murgier

Platon et les formes du savoir

De Socrate, on connaît l’exigence inlassable de mise en question des opinions pour orienter
l’âme vers la recherche d’un authentique savoir. Dans l’œuvre platonicienne, cette exigence a
débouché sur l’édification d’une théorie ambitieuse de la connaissance, fondée sur l’accès à
des « objets » particuliers, les formes intelligibles et sur la pratique d’une méthode aussi
prestigieuse qu’elle demeure en partie mystérieuse, la dialectique. Quels sont les différents
objets, et les diverses modalités, du savoir dans l’œuvre platonicienne ? Comment donner
ensuite un fondement stable et fiable à la pratique, dans le domaine moral et politique ? Ce
cours entend explorer les différents modes du savoir dans l’œuvre platonicienne, en
s’attachant en particulier aux concepts platoniciens (réminiscence, Formes intelligibles,
dialectique …) qui permettent de fonder la confiance que l’âme doit avoir dans sa capacité à
accéder à la vérité.
Premières indications bibliographiques :

Platon, Œuvres complètes, L. Brisson (dir.), Paris, Flammarion – en particulier Ménon, Phédon,
République, Théétète, Politique.
L. Brisson et F. Fronterotta (dir.), Lire Platon, Paris, PUF, 2006 (accès via Domino).
M. Burnyeat, Introduction au Théétète de Platon, traduit de l’anglais par M. Narcy, Paris, PUF, 1998.
M. Dixsaut, Platon. Le désir de comprendre, Paris, Vrin, 2003.
D. El Murr (dir.), La mesure du savoir. Études sur le Théétète de Platon, Paris, Vrin, 2013.
P.-M. Morel (dir.), Platon et l’objet de la science, Presses Universitaires de Bordeaux, 1996.
M. Narcy (dir.), Platon, L’amour du savoir, PUF, 2001.
J.-F. Pradeau (dir.), Platon, les formes intelligibles, PUF, 2001.

Groupe 5 Vendredi 8h-11h Lalande : S. Marchand

La pensée du plaisir de Platon à Épicure

Le plaisir est-il le bien ? Peut-on vraiment être heureux sans plaisir ? Le problème de
l’hédonisme traverse la philosophie antique de Platon à Épicure. Il s’agira dans un premier
temps de voir comment Platon pose cette question dans le Protagoras, le Gorgias, au livre IX
de la République, et enfin dans le Philèbe, d’une part pour démontrer que le plaisir n’est pas
le bien, et d’autre part pour montrer dans quelle mesure seuls certains plaisirs peuvent être
dits « bons ». Car, si la vie bonne n’exclut pas le plaisir, ce dernier n’en est cependant ni la
cause ni le principe constituant. Nous verrons ensuite comme la position platonicienne sera
discutée dans l’Académie par Speusippe et surtout par Aristote dans l’Éthique à Nicomaque
(EN VII 11-14 et X, 1-5), mais aussi – plus radicalement – dans la philosophie d’Épicure dont
l’hédonisme peut être interprété comme une réponse consistante à la position
platonicienne.

Bibliographie
      Sources

PLATON, Œuvres complètes. Tome IX. 2e partie, Philèbe, Auguste Diès (trad.), Paris, Les Belles Lettres,
1941.
PLATON, Le Gorgias. Suivi de L’éloge d’Hélène de Gorgias, Stéphane Marchand et Pierre Ponchon
(trad.), Paris, Les Belles lettres, 2016.
PLATON, La République: du régime politique, Pierre Pachet (trad.), Paris, Gallimard, 1993.
PLATON, Protagoras, trad. F. Ildefonse, GF Flammarion, 1997
Aristote, Éthique à Nicomaque, trad. J. Tricot, Vrin, 1994
Épicure. Lettres, maximes et autres textes, trad. de Morel, Pierre-Marie, Paris, Flammarion, coll.
« G.F. », 2011.
Critiques

Revue χώρά : Le plaisir, Platon, Aristote et la postérité, Dossier coordonné par Annick Jaulin et Michel
Crubellier, 2019
Revue de philosophie ancienne 2018/1 (Tome XXXVI) , Sur l’Éthique d’Aristote : textes et contextes :
https://www.cairn.info/revue-de-philosophie-ancienne-2018-1.htm
DELCOMMINETTE Sylvain, Le Philèbe de Platon: introduction à l’agathologie platonicienne, Leiden, Brill,
2006.
DIXSAUT Monique (éd.), La fêlure du plaisir : études sur le Philèbe de Platon. 1, Commentaires, Paris,
Librairie philosophique J. Vrin, 1999.
GOSLING Justin Cyril Bertrand et Christopher Charles Whiston TAYLOR, The Greeks on pleasure, Oxford,
Clarendon Press, 1982.
JOUËT-PASTRE Emmanuelle, Le plaisir à l’épreuve de la pensée: Lecture du Protagoras, du Gorgias et du
Philèbe de Platon, Leiden, Brill, 2018.
MOREL Pierre-Marie, Épicure : la nature et la raison, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque des
philosophies », 2009.

                             Philosophie Morale et Politique

G1: Eric Marquer
(philosophie morale)

L’interdit

Interdictions, prohibitions, tabous ou censures: sous différentes formes, l’interdit est, de manière
plus ou moins visible, omniprésent dans notre vie sociale, morale et politique, mais aussi
intellectuelle et affective. De manière négative, l’interdit limite la liberté, mais de manière positive, il
rend possible la vie en communauté. Mais quel est précisément le sens de l’interdit et quel rôle lui
fait-on jouer? Comment distinguer ses formes et ses usages? Quel rapport entretiennent l’interdit et
l’obligation? Tout en s’intéressant au rôle historique de l’interdit dans la constitution des grandes
doctrines morales, nous tirerons parti de l’aspect souvent polémique de la notion d’interdit pour
développer le sens de l’argumentation en philosophie morale, en interrogeant le rapport entre les
raisons d’interdire et les raisons de l’interdit.

Éléments de bibliographie

BATAILLE, George, L’érotisme, Minuit, 2011.
CAILLOIS, Roger, L’homme et le sacré, Paris, Gallimard, 1950.
DURKHEIM, Émile, Les formes élémentaires de la vie religieuse, PUF, 2008.
ELIADE, Mircea, Le sacré et le profane, Folio Essais, 2008.
FOUCAULT, Michel Histoire de la sexualité, 2. L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984
FREUD, Sigmund, Totem et tabou. Interprétation par la psychanalyse de la vie sociale des
peuples primitifs, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 1971.
HOBBES, Thomas, Léviathan, trad. F. Tricaud, Paris, Sirey 1971 (Dalloz, 1999).
KANT, Emmanuel, Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. V. Delbos, Paris, Vrin,
1991.
LÉVI-STRAUSS, Claude, Les structures élémentaires de la parenté, Berlin-New York, Mouton de
Gruyter, 2002.
MILL, John Stuart, De la liberté, Paris, Folio-Essais, 1991.
NIETZSCHE, Friedrich, Généalogie de la morale, trad. P. Wotling, Paris, Le Livre de Poche, 2000.
SPINOZA, Éthique, trad. B. Pautrat, Paris, Seuil, coll. Points Essais, 2010.
SPINOZA, Lettres à Blyenberg, Correspondance, trad. M. Rovere, GF, 2010.

G2: Emmanuel Picavet
(philosophie morale)

Faits, subjectivité et validité en éthique.

Le rapport aux faits et à l’objectivité apparaît déterminant pour comprendre le statut des
énoncés moraux et la nature des jugements moraux. Ce rapport est simultanément
déterminant pour la réflexion sur le type de validité auquel les affirmations morales peuvent
prétendre. En effet, la question de la validité n’est guère séparable de l’examen
philosophique de la nature des faits sur lesquels on peut se prononcer dans une perspective
morale. Existe-t-il cependant des faits purement moraux, relevant d’une strate de la réalité
qui serait proprement éthique? Il est inévitable de s’interroger sur le statut de la subjectivité
dans l’endossement de propositions morales ou dans la formation d’engagements et
d’attitudes. Par ailleurs, les réflexions venues de champs appliqués de l’éthique obligent
notamment à examiner la place à réserver au contexte (historique, social, culturel) dans la
formulation de jugements évaluatifs ou prescriptifs, ce qui crée des liens importants entre
l’étude des questions morales et les questions de philosophie générale relative à l’action, au
contexte et à la description.
Les travaux dirigés donneront l'occasion de commenter des textes classiques de la tradition
de la philosophie morale et d'aborder des cas contemporains importants du point de vue des
méthodes de l’évaluation éthique et de la délibération collective à propos de questions
morales.

Bibliographie restreinte:

Aristote, Ethique à Eudème ; Ethique à Nicomaque, Les Belles Lettres ou Vrin.
Bergson, H., Les deux sources de la morale et de la religion, Paris, Alcan.
Blondel, E., Le problème moral, PUF.
Gibbard, A., Sagesse des choix, justesse des sentiments, PUF (tr. fr. de Wise Choices, Apt
Feelings).
Jonas, H. Le principe responsabilité. Champs-Essais (tr. fr. de Das Prinzip Verantwortung).
Kant, E., Fondements de la métaphysique des moeurs, Delagrave ou Pleiade.
Kant, E., Critique de la raison pratique, Vrin ou Pleiade.
Ogien, R. et Tappolet, Ch., Les concepts de l’éthique. Faut-il être conséquentialiste ?,
Hermann.
Williams, B., L’Ethique ou les limites de la philosophie, PUF (tr. fr.de Ethics and the Limits of
Philosophy).
Zielinska (A.), dir., Métaéthique, Vrin.

G3: Lorenzo Lattanzi
(Philosophie morale)

Éthique de la tolérance : questions historiques et perspectives actuelles

« Condescendance, indulgence, action de supporter ce qu’on ne peut empêcher ou qu’on
croit ne devoir pas empêcher » (Dictionnaire de l’Académie Française), la tolérance se
rapproche moins de la reconnaissance que d’une concession négative, simple admission
d’une différence d’opinions, de valeurs ou de comportements. La notion philosophique de
tolérance qui s’est développée à l’époque moderne implique pourtant une acceptation
positive et une disposition à respecter l’altérité. Associée d’abord à la liberté de conscience
en matière religieuse, l’idée de tolérance se voit refondée dans le contexte de la philosophie
des Lumières, et notamment dans l’œuvre de Kant, comme implication du principe moral de
respect mutuel, jetant les bases de la pensée critique de la tolérance émancipatrice qui sera
poursuivie par l’École de Francfort. Le cours abordera questions historiques et perspectives
actuelles d’une éthique de la tolérance : la tolérance est-elle une vertu ? qu’est-ce qui
caractérise la tolérance comme attitude morale ? sur quels principes peut-elle se fonder ?

Bibliographie indicative :

J. Locke, Lettre sur la tolérance
Voltaire, Traité sur la tolérance et Dictionnaire philosophique
M. Mendelssohn, Jérusalem, ou pouvoir religieux et judaïsme
Kant, La religion dans les limites de la simple raison
R.P. Wolff - B. Moore Jr. - H. Marcuse, Critique de la tolérance pure
V. Jankélévitch, La tolérance, dans Traité des vertus II

Références secondaires :
S. Mendus (ed.), Justifying Toleration. Conceptual and Historical Perspectives, Cambridge
University Press 1988
D. Heyd (ed.), Toleration. An Elusive Virtue, Princeton University Press 1996
J. Saada-Gendron, La tolérance, Garnier-Flammarion 1999
R. Forst, Toleration in Conflict. Past and Present, Cambridge University Press 2013
M. Roudaut, Tolérance et reconnaissance en débat : des Lumières allemandes à l’École de
Francfort, Presses universitaires de Bordeaux 2015
J.R. Bowlin, Tolerance among the Virtues, Princeton University Press 2016
G4: Ayse Yuva
(philosophie politique)

Le pouvoir politique et la force

Quand on parle de la « solution politique » d’un conflit, on veut dire que l’on est parvenu,
par la discussion et la négociation, à un cessez-le-feu : le pouvoir politique est là pour régler
les conflits et la vie de la collectivité autrement que par la violence (entendue comme forme
extrême de contrainte et d’agression), le droit du plus fort ou la guerre de tous contre tous.
Sa légitimité et son autorité ne reposent pas sur la force. Pourtant, le pouvoir politique doit
aussi, pour se faire respecter, disposer d’une certaine force, voire être habilité à faire usage,
dans certaines situations, de la violence, par exemple par l’armée ou même certaines peines
de justice : la force et la violence sont alors des moyens paradoxaux de maintenir la paix
intérieure et l’obéissance des membres de la collectivité. Après avoir ainsi analysé les usages
de la force et de la violence par le pouvoir étatique, il restera à s’interroger sur la légitimité
du droit de résistance dans ses diverses formes, allant de la désobéissance civile pacifique
jusqu’aux émeutes ou aux révolutions.

Bibliographie indicative :

Arendt, Hannah : Du mensonge à la violence, Paris, Pocket, 2002
Cicéron: Traité des devoirs (différentes éditions disponibles)
Engels, Friedrich: Anti-Dühring, Paris, Editions sociales, 1963
Fanon, Frantz : Les Damnés de la terre, Paris, Maspéro, 1961
Hobbes, Thomas: Le Léviathan, Paris, Dalloz, 1999
Kant, Immanuel: Théorie et pratique (2e section), Paris, GF, 1994
Locke, John: Traité du gouvernement civil, Paris, GF, 1999
Machiavel, Nicolas:
Discours sur la première décade de Tite-Live, Paris, Gallimard, 2004
Le Prince (différentes éditions possibles : Gallimard, Pocket…)
Montesquieu, Charles Louis de Secondat : De l’Esprit des lois, I, Paris, GF, 1979
Rousseau, Jean-Jacques : Du contrat social, Paris, GF, 2011
Weber, Max : « Le métier et la vocation d’homme politique » in Le savant et le politique, Paris, Plon,
1959
Epistémologie

Cours d’Epistémologie (1er semestre, L3, jeudi 14h-17h)
Enseignante : Francesca Merlin

Titre : « Réalisme et objectivité en science »

La première partie de ce cours portera sur le débat réalisme-antiréalisme en philosophie des
sciences. Nous verrons en quoi consiste la thèse du réalisme scientifique, dans toutes ses
variantes, analyserons la plupart des arguments pour et contre cette thèse, et ferons de
même quant à la thèse opposée, à savoir l’antiréalisme scientifique. En deuxième partie du
cours, nous nous interrogerons sur la notion d’objectivité et focaliserons notre attention sur
la question du rôle des valeurs en science, tout particulièrement en analysant la littérature
actuelle la plus influente en philosophie féministe des sciences.

Quelques éléments bibliographiques :

Hacking I. 1982, Concevoir et expérimenter : thèmes introductifs à la philosophie des sciences
expérimentales, Paris : C. Bourgois, 1989.

Keller E. F. & Longino H. (dir.), Feminism and Science, Oxford University Press, Oxford, 1996.
Kuhn T. 1962, La structure des révolutions scientifiques, Paris : Flammarion, 2008.

Popper K. 1963, Conjectures et réfutations : la croissance du savoir scientifique, Paris : Payot,
2006.

Licence 3, S2, lundi 11h-14h, salle Halbwachs, Sorbonne.
 Enseignant : Max Kistler

Philosophie de la psychologie

Nous retraçons quelques étapes de la réflexion du 20e siècle sur la nature de l’esprit et des
phénomènes mentaux, dans leur rapport avec le cerveau. Il s’agit de comprendre
l’articulation entre les phénomènes étudiés par la psychologie scientifique, ceux qui sont
accessibles à l’intuition en première personne et les phénomènes cérébraux sous-jacents
étudiés par les neurosciences. Pour comprendre cette articulation nous partons des
concepts de réduction inter-théorique et de « survenance ». Nous examinons les obstacles
conceptuels qui semblent s’opposer à l’intégration du domaine de la cognition dans les
sciences de la nature, notamment la conscience phénoménale et l’intentionnalité. Puis nous
examinons différentes tentatives « naturalistes » de surmonter ces obstacles, notamment :
le béhaviorisme logique ; la théorie de l'identité selon laquelle les états mentaux sont
identiques à des états du cerveau ; l'éliminativisme qui soutient que tout le système
conceptuel des états mentaux est désuet et voué à disparaître au profit d'une conception
neuro-scientifique ; le fonctionnalisme qui conçoit les états mentaux grâce à l'analogie avec
la machine manipulant des symboles qu'est l'ordinateur. Le plan du cours et certains des
textes étudies sont disponibles sur l’EPI.

Bibliographie : Manuels et recueils

-   Michael Esfeld, La philosophie de l'esprit, A. Colin, 2005.
-   Jaegwon Kim, Philosophie de l’esprit, Paris, Editions d’Ithaque, 2008.
-   Paul M. Churchland, Matière et conscience, Champ-Vallon, collection milieux, 1999.
-   Denis Fisette et Pierre Poirier (dir.), Philosophie de l’esprit, vol. I : Psychologie du sens
commun et sciences de l’esprit, Vrin, 2002.
-   Denis Fisette et Pierre Poirier (dir.), Philosophie de l’esprit, vol. II : Problèmes et
perspectives, Vrin, 2003.

                                   Histoire des sciences

Ronan de Calan jeudi 8-11h

Contagion : éléments pour l’histoire critique d’un concept.

Pendant des siècles précédant la découverte tardive des « germes », micro-organismes à
l’origine des maladies infectieuses, on a forgé différentes représentations de la transmission
directe ou indirecte de certaines maladies ainsi que des facteurs, vecteurs ou milieux
favorisant l’infection. Avant même que l’invisible ne soit rendu visible grâce aux
microscopes, sous ses différentes espèces (parasites, bacilles ou encore virus), avant que les
variétés de ses modes d’action ne soient clairement identifiées, on s’est efforcé de se le
représenter (sous différentes formes : animalcules, contagium vivum, semences, miasmes,
poisons, etc.) et on a utilisé ces représentations imaginaires afin de lutter contre les
maladies. Ces conceptions pré-savantes de la contagion ont notamment influé sur la police
médicale ou sanitaire à l’œuvre au moment des épidémies, lorsque les autorités locales ou
étatiques plus ou moins compétentes s’emparaient du problème : lazaret, confinement,
fumigations, etc. sont autant de réponses pratiques à ce pur jeu d’hypothèses sans
confirmation. L’histoire de la médecine s’est parfois épuisée dans la recherche des
précurseurs de la virologie sans mesurer clairement la distance qui séparait une médecine
devenue science de pratiques de conjuration reposant sur une lutte « à l’aveugle » avec
l’invisible.
Le développement de l’épidémiologie au milieu du 19e siècle, puis de la bactériologie et de la
virologie à la fin du 19e siècle et au début du 20e, avec à son foyer la découverte des micro-
organismes, a naturellement bouleversé nos représentations de la contagion ainsi que de la
contagiosité des maladies infectieuses – sans pour autant que les instruments de lutte
contre les épidémies aient radicalement changé. C’est cette histoire qui mêle
bouleversement théorique et permanence des pratiques voire rémanence des cultures de la
contagion que l’on voudrait retracer ici, au moment où l’épidémie présente superpose dans
les pratiques et dans la théorie différentes strates de cette même histoire.
Éléments de bibliographie:

P. Baldwin, Contagion and the State in Europe (1850-1930), Cambridge University Press,
1999.
K. Codell Carter, The Emergence of Causal Concepts of Disease. Case Histories, Routledge,
2003.
M. DeLacy, The Germ of an Idea: Contagionism, Religion and Society in Britain, 1660-1730,
Palgrave, 2016; Contagionism Catches On: Medical Ideology in Britain, 1730-1800, Palgrave,
2017.
F. Delaporte, Histoire de la fièvre jaune, Payot, 1989 ; Le savoir de la maladie, PUF, 1990.
G. Favre, Epidémies et contagions, PUF, 1998.
M. Gmerk, « Les vicissitudes des notions d’infections, de contagion et de germe dans la
médecine antique », in : G. Sabbah (ed.), Textes médicaux latins antiques, Presses de
l’Université de Saint-Etienne, 1984, p. 53-70
M. Harrisson, Contagion. How Commerce Has Spread Disease, Yale University Press, 2012.
V. Nutton, “The seed of disease: An explanation of contagion and infection from the Greeks
to the Renaissance”, Medical History, 1983, 27, p. 1-34; “The Reception of Fracastoro’s
Theory of Contagion: The Seed That Fell among Thorns”, Osicir, Series 6, 1990, p. 196-234;
“Did the Greeks have a Word for it? Contagion and Contagion Theory in Classical Antiquity”,
in: L. I. Conrad, D. Wujastyk (ed.), Contagion, Perspectives form Pre-Modern Societies,
Routledge, 2000, p. 136-162.
Ch. Rosenberg, Explaining Epidemics, Cambridge University Press, 1992.
M. Santer, Confronting Contagion. Our evolving understanding of disease, Oxford University
Press, 2014.
M. Worboys, Spreading Germs. Disease Theories and Medical Practice in Britain, 1865-1900,
Cambridge University Press, 2000.

Vendredi 15-18h : Laurent Loison CR (IHPST, CNRS) laurentloison@yahoo.fr

L’histoire des sciences : objets, méthodes, ambitions

        L’histoire des sciences, et en particulier dans le contexte français, a longtemps été
pratiquée au sein de la philosophie. La professionnalisation du champ de l’histoire des
sciences, à compter surtout des années 1960, s’est accompagnée d’une volonté
d’autonomisation vis-à-vis de cette dernière. L’histoire des sciences, aspirant à se constituer
comme discipline scientifique authentique, s’est alors davantage tournée vers
l’épistémologie de l’histoire générale et vers la nouvelle sociologie des sciences. Il en résulta
un certain nombre de « tournants » (vers l’histoire institutionnelle, vers celle des pratiques
(« practice turn »), etc.) censés avoir renouvelé et enrichi les perspectives de la recherche.
Ce cours se propose d’éclairer cet éclatement du champ de l’histoire des sciences, où les
objets, les méthodes et les ambitions font dissensus.
        La première partie sera consacrée à l’histoire philosophique des sciences telle qu’elle
fut longtemps pratiquée au sein de la philosophie au cours de la période 1830-1960. Genre à
part entière, elle donna lieu à des œuvres qui constituent toujours aujourd’hui des jalons
incontournables (Auguste Comte, Pierre Duhem, Alexandre Koyré, etc.). La deuxième partie
se concentrera sur l’évolution du champ de l’histoire des sciences depuis le début des
années 1960 et la parution de l’opus magnum de Thomas Kuhn, The Structure of Scientific
Revolutions (1962). Il s’agira de comprendre comment l’histoire des sciences a voulu se
constituer en pratique scientifique (empirique), quitte à nier la spécificité de la science
(sociologie relativiste des sciences). La dernière partie traitera de l’histoire épistémologique
des sciences, qui s’est trouvée marginalisée par la montée en puissance de l’histoire
professionnelle des sciences. Pour autant, nous montrerons que, au delà des canons
canguilhémiens, et en réactivant d’une certaine manière l’intention d’Ernst Mach, il est
possible de renouveler l’histoire épistémologique des sciences selon une perspective
ouvertement critique et présentiste : c’est-à-dire tout à la fois informée par et dirigée vers la
science du présent.

Plan :

1. L’histoire philosophique des sciences
a. Auguste Comte : quelle place pour l’histoire dans un système de philosophie positive ?
        b. Pierre Duhem, les invariants de la théorie physique malgré l’histoire
        c. Alexandre Koyré et la canonisation du genre de l’histoire philosophique des
sciences

2. L’histoire scientifique des sciences
a. L’histoire des sciences doit-elle mettre à l’épreuve les inférences de la philosophie des
sciences ? Thomas Kuhn et le débat « HPS » dans la philosophie anglo-saxonne
        b. Désacraliser la science. Projet et méthode de la sociologie des sciences
c. Vers une histoire empirique et descriptive : la stabilisation de la pratique de l’histoire des
sciences

3. L’histoire épistémologique des sciences
        a. De l’histoire à la science. Ernst Mach et la fonction critique de l’histoire des
sciences
b. Georges Canguilhem : de l’épistémologie scientifique à l’épistémologie historique
c. La question de la vérité scientifique. Faire de l’histoire à propos de la science versus faire
de l’histoire des sciences

Bibliographie :

Sources primaires :

Canguilhem Georges, 1968, « L’objet de l’histoire des sciences », in Etudes d’histoire et de
philosophie des sciences, Paris, Vrin (2002), pp. 9-23.
Canguilhem Georges, 1977, « Le rôle de l’épistémologie dans l’historiographie scientifique
contemporaine », in Idéologie et rationalité dans l’histoire des sciences de la vie, Paris, Vrin
(1977), pp. 11-29.
Chang Hasok, 2009, « We have never been Whiggish (About Phlogiston) », Centaurus, 51/4,
pp. 239-264.
Comte Auguste, 1830, « Sur l’histoire des sciences », in J.-F. Braunstein (cf. sources
secondaires), pp. 33-48
Duhem Pierre, 1906, La théorie physique, son objet, sa structure, Paris, Vrin (2007).
Foucault Michel, 1985, « La vie : l’expérience et la science », in J.-F. Braunstein (cf. sources
secondaires), pp. 345-362.
Giere Ronald N., 1973, « History and philosophy of science: Intimate relationship or marriage
of convenience?”, British journal for the Philosophy of Science, 24/3, pp. 282-297.
Koyré Alexandre, 1957, Du monde clos à l’univers infini, Paris, Gallimard (1973).
Kuhn Thomas, 1962, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion (1983).
Mach Ernst, 1883, La mécanique, Exposé historique et critique de son développement, Paris,
Hermann (1904).
McMullin Ernan, 1970, “The history and philosophy of science: a taxonomy”, Minnesota
Studies in the Philosophy of Science, 5, pp. 12-67.
Loison Laurent, 2016, “Forms of presentism in the history of science. Rethinking the project
of historical epistemology”, Studies in History and Philosophy of Science, 60, pp. 29-37.

Sources secondaires :

Braunstein Jean-François (textes réunis par), 2008, L’histoire des sciences. Méthodes, styles
et controverses, Paris, Vrin.
Gingras Yves, 2013, Sociologie des sciences, Paris, PUF, Que sais-je ?
Limoges Camille, 2018, « La confirmation de l’historien des sciences et la mise à l’épreuve de
sa philosophie biologique : Georges Canguilhem 1966-1995 », Introduction au Tome V des
Œuvres complètes de Georges Canguilhem, Histoire des sciences, philosophie biologique et
commémorations (1966-1995), Paris, Vrin, pp. 7-57.
Limoges Camille, 2015, Introduction au Tome IV des Œuvres complètes de Georges
Canguilhem, « Philosophie biologique, histoire des sciences et interventions philosophiques
(1940-1965) », Paris, Vrin, pp. 7-48.
Schickore Jutta, 2011, « More Thoughts on HPS: Another 20 Years Later », Perspectives on
Science, 19/4, pp. 453-481.
Vagelli Matteo, 2019, “Historical epistemology and the “marriage” between history and
philosophy of science”, in E. Herring et al. (eds.), The Pats, The Present, The Future of
Integrated History and Philosophy of Science, London, Routledge.
TPLE

Anglais :
Eraldo SOUZA DOS SANTOS Lundi 16h00-18h00 / Panthéon, Salle 02 / L3 S1
Michael Walzer, Obligations
Il s’agira dans ce cours de traduire et commenter les deux premières parties
d’Obligations, de Michael Walzer (1970), parties portant respectivement sur la
désobéissance civile (chapitres 1-3 et « Appendix ») et l’éthique de la guerre
(chapitres 4–7). Quoique moins connu que Just and Unjust Wars (1977) et
Spheres of Justice (1983), ce recueil d’essais, publié surtout à partir de notes de
cours à Harvard (1966-1969), nous permet d’entrevoir les préoccupations
philosophiques majeures qui animeraient l’œuvre de Walzer des années 1970 à
nos jours. La lecture de cet ouvrage nous offrira l’opportunité de revenir sur les
débats classiques en philosophie anglo-américaine sur la nature et la portée de
nos obligations morales et politiques.

Bibliographie
Le cours portera sur la seconde édition de l’ouvrage : Michael WALZER, Obligations : Essays
on Disobedience, War, and Citizenship. Harvard University Press, 1982.
Pour ceux et celles souhaitant mieux comprendre les débats auxquels l’ouvrage de Walzer
cherchait à contribuer, nous recommandons la lecture de Katrina FORRESTER, In the Shadow
of Justice. Postwar Liberalism and the Remaking of Political Philosophy. Princeton University
Press, 2019, spécialement de « Obligations » (pp. 40-71), pour la première partie du cours, et
de « War and Responsibility » (pp. 72-103), pour la seconde.

Thomas Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions
Jean-Baptiste Vuillerod

       La parution de The Structure of Scientific Revolutions en 1962 a profondément
transformé l’histoire et la philosophie des sciences en recentrant l’analyse sur le processus
d’élaboration et la démarche de l’activité scientifique, plutôt que sur le contenu des théories
scientifiques. Après un bref rappel des principaux concepts et des principales thèses
défendues par T. Kuhn (paradigme, science normale, crise, révolution, etc.), nous étudierons
les différents problèmes et difficultés que posent sa théorie et sur lesquels Kuhn lui-même est
revenu dans la seconde édition de l’ouvrage, en 1970. On s’interrogera notamment 1° sur la
pertinence du concept de « révolution » pour décrire l’évolution des sciences, 2° sur la
possibilité du « progrès » scientifique » dans la perspective kuhnienne, 3° sur la persistance
chez Kuhn de critères logiques et rationnels universels (la cohérence, l’exigence explicative, la
démarche déductive…) transhistoriques par rapport aux différents paradigmes. Nous
chercherons également à cerner la spécificité des thèses de Kuhn en le situant au sein des
différentes théories épistémologiques du XXe siècle.
        Les séances consisteront en la traduction et le commentaire de textes clefs de The
Structure of Scientific Revolutions. L’évaluation se fera par deux devoirs à la maison, et un
devoir sur table.

Bibliographie
Thomas Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions (1962, rééd. 1970), University of Chicago Press,
201 (le pdf du texte sera envoyé aux inscrits)

Thomas Nickles (dir.), Thomas Kuhn. Contemporary Philosophy in Focus, Cambridge University Press,
2003.

Le numéro “Kuhn après La structure” des Archives de philosophie, 2003/3, tome 66.

Gaia Bagnati
Anscombe, Intention

        Le cours portera sur Intention d’Elizabeth Anscombe. On s’attachera à traduire et
expliquer des passages significatifs de ce classique de la philosophie du XXe siècle, paru en
1957, dans lequel Anscombe entreprend de renouveler la théorie de l’action, par une
attention soutenue aux conditions linguistiques qui rendent possible l’expression d’une
intention. Le dialogue critique qu’Anscombe entretient avec la conception aristotélicienne de
la « connaissance pratique » constituera un fil directeur durant le semestre.

Indications bibliographiques :
Pour suivre le cours, il faut impérativement se procurer le texte anglais de référence :
G. E. M. Anscombe, Intention, Cambridge/London, Harvard University Press, 2000

Il est possible de s’appuyer en parallèle sur la traduction française du texte :
Vous pouvez aussi lire