Deuxième vague : comment faire face ? - Dossier Portrait Jacqueline Gaussens, un autre regard sur le vieillissement - Uniopss
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Dossier Deuxième vague : comment faire face ? Portrait En débat Jacqueline Gaussens, Quelle réalité de N°342 un autre regard sur le la dérive sécuritaire Décembre 2020 vieillissement en France ? 10 € ● ISSN 0041-7041.9717LR
Cahier de l’Uniopss n° 22 LA PLACE DES ASSOCIATIONS DE SOLIDARITÉ DANS LA LOI ESS Quel va être l’impact de la loi ESS du 31 juillet 2014 pour les associations de solidarité ? Comment comprendre son ancrage au niveau international et européen ? Quelle place et quel positionnement pour les associations de solidarité dans la « famille » des acteurs de l’ESS ? Quelles opportunités concrètes et quels leviers d’actions offerts par la loi ? Au travers de contributions variées d’experts, de chercheurs et d’acteurs de terrain du réseau Uniopss-Uriopss, ce tout nouveau Cahier, qui s’inscrit dans la collection historique de notre mouvement, se veut un outil pratique et pédagogique à destination des associations de solidarité. Avec des clés de lecture pour s’approprier cette loi et tirer le meilleur parti de ce nouvel environnement économique et social. Prix de vente : 25 euros www.uniopss.asso.fr " BON DE COMMANDE à retourner à : Uniopss - 15 rue Albert - CS 21306 - 75214 PARIS CEDEX 13 accompagné de votre règlement. Nom Prénom Organisme Adresse q OUI, je souhaite recevoir : Code postal Ville ........... exemplaire(s) du Cahier n° 22 Téléphone Fax (prix de vente 25 €) Je joins mon règlement par chèque libellé e-mail à l’ordre de Uniopss.
Patrick Doutreligne Président de l’Uniopss © Françoise Stijepovic Crise sanitaire : les valeurs républicaines menacées… 2020 restera à jamais dans nos mémoires comme une année exceptionnelle à cause d’un virus dont nous ignorions encore population, que des personnels salariés ou bénévoles aient eu des comportements exemplaires et courageux. Pourtant, il a fallu se battre pour qu’ils l’existence il y a à peine un an. Qui aurait prédit des soient reconnus par les pouvoirs publics et le privations de libertés fondamentales comme celles résultat n’est malheureusement pas complet sur le d’aller et venir, de se réunir ? Qui aurait pu imaginer territoire. Enfin, le plus inquiétant concerne l’égalité. que nous soyons contraints de limiter nos sorties du Jamais les inégalités sociales, économiques, domicile à la seule promenade autorisée d’une financières, sanitaires n’auront été aussi flagrantes. heure journalière ? Le confinement, la distanciation physique, Passé l’effet de sidération et de recherche de l’environnement, ont révélé à tous les différences protection, il nous faut commencer à analyser, sociales, les fragilités devant l’épidémie, devant les comprendre les enseignements de cette période soins, devant l’alimentation, devant l’éducation, si particulière. Le premier est sans doute que notre devant les conditions d’habitat, devant le société n’a tenu que grâce aux invisibles : les surpeuplement, devant l’accès au numérique, personnels sanitaires, les aides à domicile, les devant l’emploi. Les chiffres inquiétants de caissières des magasins, les éboueurs, les travailleurs l’augmentation du recours aux associations de sociaux, qui ont maintenu leurs tâches éducatives, solidarité pour se nourrir, pour assumer un loyer, d’accompagnement ou de soutien…. Et pourtant, si pour se vêtir, pour atteindre la fin du mois, sont vous approfondissez vos recherches, vous vous autant de signaux d’une profonde crise sociale qui apercevrez qu’ils font tous partie des bas salaires, ne fait que démarrer et qui va faire des ravages des dévoués à l’intérêt général ou au service des dans la population pauvre ou précaire, ainsi que plus faibles et des plus démunis. chez les jeunes. Deuxième enseignement de cette crise ou du moins, Le secteur associatif ne pourra pallier à lui seul les sujet de réflexion : si nous avons tous été privés de conséquences dramatiques à venir. Il faut, et c’est cette liberté chérie pour la cause sanitaire, il faudra une impérieuse nécessité, que les pouvoirs publics être vigilants à la retrouver entière à la fin de cette nationaux, régionaux et locaux prennent la mesure période. Une autre valeur républicaine, celle de la de cette catastrophe annoncée et que des moyens fraternité, a été également percutée par la crise et soient dégagés pour y faire face, au risque sinon nous devons nous réjouir que des élans extra- d’un délitement de notre société et de notre ordinaires de solidarité émergent au sein de la pacte républicain. ● DIRECTEUR DE LA PUBLICATION RELECTURE ABONNEMENT ANNONCEURS Patrick Doutreligne Marie-Alexandrine Louis-François France : 55 euros • Uniopss p. 2 Étranger/hors EU : 65,50 euros • Uniopss p. 4 RÉDACTEUR EN CHEF PUBLICITÉ Le numéro : 10 euros • Uniopss p. 10 Antoine Janbon Antoine Sourdeix (règlement par chèque bancaire • Uniopss p. 16 RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE CRÉATION GRAPHIQUE ou postal à l’ordre de UNIOPSS • Uniopss p. 29 Revue mensuelle d’information Section 1 même adresse). • Uniopss p. 31 Valérie Mercadal & RÉALISATION et de liaison du réseau • Uniopss p. 32 UNIOPSS - URIOPSS Studio Paradiso RÉDACTEURS CPPAP n° 0717 G 82025 15 rue Albert - CS 21306 Juliette Cottin, Gwenaëlle Sébilo, © Union Sociale, reproduction interdite, ISSN 0041-7041.9717 Photo de Une : 75214 Paris Cedex 13 Jérôme Voiturier. sauf accord de la rédaction. Dépôt légal : 07010149 © Françoise Stijepovic Tél. : 01 53 36 35 00 Fax : 01 47 00 84 83 PHOTOS www.uniopss.asso.fr Michel Le Moine, Françoise Stijepovic. 3 3 Union Sociale Décembre 2020 N°342
ADMINISTRATEUR, SALARIÉ, BÉNÉVOLE… Vous vous questionnez sur l’avenir de votre association ? Vous souhaitez interroger vos choix politiques, stratégiques et remobiliser vos forces-vives autour d’un projet associatif fédérateur ? Composée d’un mode d’emploi, de fiches-outils sur la méthodologie prospective, de scénarios co-construits avec les membres du réseau Uniopss-Uriopss et d’un questionnaire d’auto-diagnostic, cette boite à outils 15 € est un support de base pour repenser Frais d’envoi inclus la gouvernance de votre association. Lancée lors du Congrès de l’Uniopss de Tours, cette boite à outils a vocation à parler à tous d’un sujet vital pour les associations de solidarité : leur gouvernance. E T T E BOÎTE C LS À OUiTteI e s t fa u s ! p o u r vo En savoir plus : www.uniopss.asso.fr Rubrique « Publications » Bon de commande à retourner à : Uniopss – 15 rue Albert – CS 21306 – 75214 Paris Cedex 13 accompagné de votre règlement Nom Prénom Organisme Adresse Code postal Ville Téléphone E-Mail OUI, je souhaite recevoir : ................ exemplaires de « La boîte à outils gouvernance des associations de solidarité » (Prix de vente : 15 euros). Je joins mon règlement par chèque libellé à l’ordre de l’Uniopss.
Sommaire N°342 06 Actualités 17 Dossier Deuxième vague : 08 En direct du réseau comment faire face ? 11 Info technique Quel impact de la crise sur les ESAT ? 12 Portrait Jacqueline Gaussens, un autre regard sur le vieillissement 14 Innovation sociale À l’interface de deux mondes… Alors que la deuxième vague du Covid continue de s’abattre sur le pays, les acteurs de la solidarité doivent se remettre en ordre de marche pour 26 En débat accompagner les plus fragiles. Comment abordent- ils cette nouvelle étape ? Quelles leçons tirer de la première vague ? Quels seront les nouveaux défis à Quelle réalité de la dérive relever ? Union Sociale fait le point. sécuritaire en France ? 18 « Nous n’avons pas pris la mesure de la dimension psychologique de cette crise… » 30 Vie associative 20 Les nouveaux visages de la pauvreté La liberté associative est-elle 22 Journal de bord d’une directrice d’Ehpad menacée ? 24 « Nous avons trop peu analysé en profondeur les origines sociales de cette crise… » 5 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Actualités Face à la crise, le Une nouvelle mission sur l’attractivité CCNE rend un 2e avis des métiers de l’autonomie Saisi par le ministère des Solidarités et de À l’occasion du Comité interministériel du handicap qui s’est la Santé, le Comité national consultatif déroulé le 16 novembre, le Premier ministre a confié à Michel d’éthique (CCNE) a rendu le 18 novembre, Laforcade, ancien directeur de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, une un deuxième avis sur la crise du Covid. mission sur l'attractivité des métiers de l'autonomie (grand Contrairement à celui du mois de mars, il âge et handicap). Cette mission, qui devrait s’achever en n’aborde que très peu le fameux équilibre juillet, ne devrait pas déboucher sur un rapport, mais aurait pour but de mettre entre liberté et sécurité des résidents. Le en mouvement d'urgence une politique d'attractivité pour ces métiers, en Comité préfère se concentrer sur l’accès s’appuyant sur les rapports existants (El Khomri et Libault). Bien évidemment, aux soins. « Quelles que soient la situation la dimension financière d’une telle ambition sera prise en compte et la question et la décision médicale prise, tout patient de l'augmentation du nombre de professionnels formés (infirmiers, aides-soi- doit bénéficier de soins médicaux de gnants...) devrait être également abordée. ● base, de soins de confort et d'un accompagnement palliatif si Prendre en compte la parole des enfants nécessaire », À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Enfant, souligne le CCNE, qui évoque les célébrée chaque 20 novembre, la Défenseure des droits, Claire ressources nécessaires pour atteindre cet Hédon, a rendu public son rapport annuel consacré aux droits objectif. Afin de répondre aux situations de l’enfant en France. Celui-ci porte sur l’article 12 de la les plus urgentes, notamment en Ehpad, Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) qui affirme et éviter le fameux tri, le comité insiste sur le droit pour tout enfant d’exprimer librement son opinion sur toute question le concernant. Consultés par le Défenseur des droits en 2019, les la collégialité des décisions, l’accompa- enfants témoignaient, pour la plupart, n’avoir aucune connaissance de leurs droits gnement des équipes sur le plan éthique, et n’avoir jamais eu l’occasion d’exprimer leurs opinions sur des questions qui ont et la mise en place de protocoles en pourtant une incidence directe sur leur vie. La Défenseure recommande donc amont. Il met également l'accent sur un notamment que les établissements scolaires veillent à ce que les enfants soient pilotage territorial déconcentré, orchestré entendus et pris en considération dans les souhaits qu’ils expriment, que soit par l’ARS, pour abolir les cloisons public/ organisée une consultation des enfants en amont des projets et propositions de privé, hôpital/ville, sanitaire/social. ● loi ayant une incidence directe sur leur vie quotidienne, ou encore que les structures accueillant ou prenant en charge les enfants, se dotent d’outils d’évaluation de Quel référentiel pour leur dispositif de participation des enfants et du recueil de leur parole. ● le traitement des données personnelles ? APF France handicap : Le règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur des personnels à bout de souffle en mai 2018, a modifié l'encadrement Alors que le 2e confinement est en cours depuis presqu’un mois, réglementaire du traitement de APF France handicap constate les effets de long terme de la crise données personnelles, dont font sanitaire. « Comme tous les professionnels de la santé et du médico- partie les données de santé. Il permet social, nos 14 000 salariés partout en France assurent une continuité notamment à la Commission nationale des actions et des soins aux personnes accompagnées, mais les de l'informatique et des libertés (CNIL) tensions en matière de ressources humaines sont particulièrement de concevoir un référentiel pour guider fortes durant ce reconfinement », estime Pierre-Yves Lenen, directeur du développement les établissements dans la mise en et de l'offre de services au sein de l’association. Entre les personnels infectés par le virus, conformité de leurs traitements de les cas contacts en quarantaine et les salariés épuisés par des mois de tension et de données. Pour actualiser ce référen- mobilisation, les établissements et services sont parfois à la limite de la rupture en termes tiel, qui concerne les traitements de continuité d’activité. D’autre part, « Les ressources de remplacement, via l’intérim et relatifs à l’accompagnement des les CDD sont rares, car tout le monde a besoin de personnel, les hôpitaux, les Ehpad ! personnes âgées, en situation de » Le directeur ne cache pas son inquiétude pour les prochains mois. D’autant que, le handicap et en difficulté, la CNIL a Ségur de la santé présenté en juillet dernier par Olivier Véran, n’avantage guère le secteur lancé une vaste consultation des du handicap, celui-ci ne bénéficiant pas de la revalorisation annoncée des métiers des établissements et services. Celle-ci établissements de santé et des Ehpad. « Ces revalorisations étaient nécessaires et nous devrait s’achever le 30 novembre. ● craignons désormais une fuite de nos personnels soignants. » ● 6 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Les Français prêts pour le virage numérique en santé Lutte contre la pauvreté : Le ministère des Solidarités et de la Santé a révélé, à l’occasion des premières Assises les paradoxes du Citoyennes du numérique en santé, le gouvernement 19 novembre, les résultats d’une grande L’INSEE a publié le 18 novembre dernier les estimations enquête d’opinion nationale sur « les Français avancées du taux de pauvreté et les indicateurs et le virage numérique en santé ». Selon ce document, les Français d’inégalités. Il en ressort que le taux de pauvreté appellent de leurs vœux un virage numérique en santé et veilleront à diminuerait de 0,3 point en 2019, pour atteindre 14,5 % ce qu’il soit inclusif et simple d’accès. La crise sanitaire a joué un rôle de la population. La baisse des inégalités et de la d’accélérateur dans l’adhésion au numérique en santé. Près de la pauvreté s’expliquerait surtout par la revalorisation moitié de la population déclare avoir utilisé un nouvel outil numérique exceptionnelle de la prime d’activité en 2019. Ces de santé pour la première fois durant la période. Le projet de l’Espace estimations faites sur les résultats de l’année dernière, numérique de santé (ENS) reçoit enfin un accueil favorable. La très ont été fortement mises en avant par le gouvernement. large majorité des Français se déclare prête à utiliser les services de Tout d’abord, si l'on ne peut que saluer le fait qu’environ l’ENS pour échanger avec les professionnels de santé et donner accès 210 000 personnes de moins qu’en 2018, soient en à leurs données de santé pour améliorer le suivi. ● situation de pauvreté monétaire, ces chiffres appellent deux commentaires de notre part. Tout d’abord, comme le reconnait la publication de l’INSEE, les mesures Le Premier ministre souhaite permettant le relèvement du niveau médian des revenus un État plus inclusif avant redistribution se concentrent principalement vers les ménages situés entre les 3e et 9e déciles et ne Dans une circulaire publiée le 17 novembre, le Premier ministre concernent pas les 10 % des personnes les plus pauvres. demande à l’ensemble de son gouvernement des efforts pour prendre En d’autres termes, ces résultats démontrent la fracture en compte le handicap dans les politiques publiques. Jean Castex entend d’abord renforcer le rôle des hauts fonctionnaires en charge grandissante entre les plus précaires et le reste de la depuis 2017 de la mise en œuvre de la politique du handicap. Ces population. Cela vient confirmer ce que nous avions déjà acteurs devront désormais présenter chaque année le bilan et les dénoncé lors de la publication du Plan de relance, où perspectives des politiques publiques de leur ministère devant le 0,8 % des 100 milliards d’euros étaient « fléchés » vers CNCPH. Il s’agira également d’accompagner la mise en œuvre des les plus pauvres, soit un oubli des plus précaires dans les « 10 engagements pour un État inclusif » et préparer l’audition de la politiques publiques. France, en mars prochain, devant les Nations Unies. Enfin, le Deuxièmement, ces estimations montrent un paradoxe de Premier ministre souhaite améliorer le recrutement et les carrières la politique gouvernementale sur les questions de lutte des personnes en situation de handicap dans le secteur public, en contre la pauvreté. D’un côté, la revalorisation monétaire augmentant le nombre d’apprentis handicapés pour atteindre le de la prime d’activité permettrait de sortir de la pauvreté, taux de 6 %. ● alors que la revalorisation d’autres minimas sociaux comme le RSA, demandée par les associations, ne Logement : les associations tirent la constituerait pas un moyen d’en sortir. Ce refus du gouvernement se trouve donc contredit par ces sonnette d’alarme estimations et ne se base que sur des conceptions À l’occasion d’une conférence de presse le 25 novembre, le Collectif idéologiques de « l’assistanat ». des associations unies pour le logement, a rappelé la situation désastreuse Ces résultats nous incitent à la plus grande vigilance face des plus modestes en matière de logement et d’hébergement. Selon à un risque d’accroissement de l’exclusion des personnes le Collectif, de plus en plus de foyers sont en difficulté pour payer leur les plus pauvres. De surcroît, la crise sanitaire et sociale loyer ou leurs charges, comme le chauffage. Une vague d'expulsions débutée au premier trimestre 2020, risque d’aggraver la pourrait intervenir après la fin de la trêve hivernale. La crise sanitaire a situation lorsque l’on sait que les plus précaires sont les fortement ralenti les attributions de logements (100 000 attributions en premières victimes des crises touchant notre pays, et moins). Le plan Logement d'abord, que soutient le Collectif, est sous- sont chaque jour rejointes par de nouveaux ménages en dimensionné pour faire face à la demande. Sans surprise, le nombre détresse, comme en témoigne la hausse des demandes de SDF qui avait récemment été estimé à 300 000 par la Fondation d’aide alimentaire en 2020. ● Abbé Pierre ne cesse de prendre de l’ampleur. Pour faire face, le Collectif Jérôme Voiturier demande notamment, l'arrêt des expulsions sans relogement et une Directeur général de l'Uniopss amplification du programme Logement d'abord. ● 7 Union Sociale Décembre 2020 N°342
En direct du réseau ’Uriopss Pays-de-la Loire L ’Uriopss Auvergne-Rhône- L alerte sur la situation Alpes échange sur le des sans-abri numérique Le Collectif ALERTE des L’Uriopss Auvergne-Rhône- Pays-de-la Loire, animé par Alpes propose à ses adhérents l’Uriopss de la même région, entre le 30 novembre et le a adressé le 19 novembre premier trimestre 2021, 3 une lettre au préfet dans webinaires pour leur permettre laquelle il exprime ses plus d’opérer dans les meilleures vives inquiétudes quant à la conditions leur virage situation des sans-abri sur numérique. Alors que le gouvernement a annoncé un grand le territoire. Selon, ce plan pour permettre aux établissements sociaux et médico- courrier, l'insuffisance des sociaux d’assurer leur transition numérique, ces rendez- places d'hébergement d'urgence génère une détresse vous sont plus que d’actualité. Plusieurs thématiques seront croissante chez un nombre important de personnes en traitées comme : rédiger un fiche CPOM numérique, situation de précarité, lourdement affectées par la situation coopérer, grâce à l’outil informatique et répondre à des de notre pays. Le sort des personnes isolées vivant à la rue appels à projets entrant dans le cadre du Ségur et santé est particulièrement préoccupant, les dispositifs numérique. n actuellement en cours d'ouverture ne s'adressant que rarement à ce public. Afin de répondre à l'ensemble de ces ’Uriopss Pacac impliquée dans L enjeux, la définition d'un plan d'action du confinement et du post-confinement auprès des personnes les plus la gestion de la crise vulnérables pour chaque département, semble L’Uriopss Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse (Pacac) est très incontournable. Les signataires de ce courrier réclament impliquée aux côtés de ses adhérents depuis le début de la une rencontre rapide avec les autorités compétentes crise. Elle participe notamment aux cellules de crise de sur le sujet. n l’agence régionale de santé locale, mais aussi de celle de Corse. Dans ce cadre, les agences sont interrogées sur des ’Uriopss Ile-de-France L thématiques très concrètes, comme le sort des finance- questionne ses adhérents sur ments en cas de cession temporaire de l’activité, la gestion la protection de l’enfance du chômage partiel pour certains salariés, les revalorisations prévues dans le cadre du Ségur de la santé, ou encore la L’Uriopss Ile-de-France gestion des personnels déclarés positifs au Covid-19. n a élaboré et transmis à ses adhérents un ’Uriopss Grand-Est sensibilise L questionnaire sur les enjeux du secteur de la sur les directives anticipées protection de l’enfance L’Uriopss Grand-Est annonce que ses conférences dans les mois à venir. programmées en 2020 sur les directives anticipées sont S’adressant reportées à 2021. Souvent négligées malgré leur principalement aux directeurs d’établissements, il a pour importance, les directives anticipées, mises en place par la objet d'anticiper les besoins de ces derniers dans la loi Léonetti de 2005, sont un moyen à la disposition de tous gestion de la crise sanitaire et les réponses que l'Uriopss pour faire valoir ses dernières volontés. Elles permettent, Île-de-France, en lien avec l'ensemble de ses adhérents, en cas de maladie grave ou d'accident, de renseigner ses pourrait apporter. Plusieurs sujets sont évoqués dans le souhaits sur les soins en fin de vie, notamment concernant cadre de ce questionnaire : les relations entre les acteurs l'arrêt des traitements, le transfert en réanimation, les de la protection de l'enfance et leurs partenaires, les interventions chirurgicales ou encore le soulagement des problématiques de ressources humaines, les pratiques souffrances… L’Uriopss donne donc rendez-vous l’année professionnelles et les perspectives d’avenir pour le prochaines pour évoquer cette question qui nous concerne secteur. n tous, aux côtés de spécialistes. n 8 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Situation des ESAT : indispensable : renforcer la gouvernance de l’enfance, en la dotant d’une stratégie globale et transversale. À ce titre, le l’Uniopss alerte le gouvernement collectif soutient notamment le fait de réunir le pilotage des Une quinzaine d’organisations politiques publiques de l’enfance au sein d’un ministère intervenant dans le secteur du dédié. ● handicap, dont l’Uniopss, ont Accédez au communiqué de presse : adressé le 19 novembre à Sophie www.uniopss.asso/ Espace presse Cluzel, secrétaire d’État en charge des Personnes handicapées, un Comité interministériel du handicap : courrier pour l’alerter sur la situation des ESAT à la suite de la crise sanitaire. Cette initiative fait suite à la publication vers une société inclusive ? des résultats de l’enquête Flash initiée dès le premier jour Le 16 novembre, s’est tenu le du reconfinement par l'Uniopss et APF France handicap. 4e Comité interministériel du Selon les organisations signataires de ce courrier, « les handicap du quinquennat. Cet principales difficultés des ESAT touchent à la fois à leur événement, présidé par le mission sociale, avec notamment un risque majeur de Premier ministre, a permis de développement des troubles et impacts sur la santé faire un point d’étape de la mentale des travailleurs handicapés, et aussi à leur activité feuille de route « Handicap » économique : plus de la moitié des ESAT soulignent en du gouvernement, en présence des ministres concernés. Il effet un manque de débouchés à 3 mois et 35 % alertent a été élargi au CNCPH, dont l’Uniopss assure la vice-prési- sur leur incapacité à investir pour développer d’autres dence. À cette occasion, l’Union a appelé le gouvernement activités. Les organisations alertent ainsi le gouvernement à concrétiser les attentes et les aspirations des personnes sur la situation très fragilisée des ESAT, qui accompagnent en situation de handicap dans la future loi Autonomie, plus de 120 000 personnes en situation de handicap. ● promise pour la fin du quinquennat. Cette loi permettra Accédez à la lettre ouverte : notamment de formaliser les moyens pour aboutir à une www.uniopss.asso/ Actualités société inclusive, autour de plusieurs axes : le déploiement d’une politique du logement globale, adaptée et accessible, L’Uniopss appelle le président la valorisation et l’attractivité de tous les métiers du secteur de la République à renforcer la social et médico-social, dont les services de l’aide à domicile, la suppression de la barrière d'âge des 60 ans et gouvernance de l’enfance un plan d’accompagnement national, stratégique, coor- À la veille du 31e anniversaire de donné, financé et piloté en inter-ministérialité de la l’adoption de la Convention relative transformation de l’offre médico-sociale. ● aux droits de l’enfant (CIDE), la Dynamique « De la Convention aux Covid-19 : l'Uniopss vous informe ! Actes ! », dont est membre l’Uniopss, a adressé le 19 novembre, une lettre Dans le contexte de reprise épidémique actuel, l'Uniopss ouverte au président de la République, continue de vous informer régulièrement sur les principales appelant à porter une ambition forte et une gouvernance actualités, consignes et documents, ainsi que sur les ques- renouvelée pour l’enfance et la jeunesse, en France comme à tions et points d'alerte remontés par les acteurs de terrain. l’international. Selon les 26 organisations membres de la Une page d'actualité dédiée sur le site web de l'Uniopss Dynamique, trente ans après l’adoption de la Convention, est ainsi régulièrement mise à jour. Nous vous invitons l’effectivité des droits de l’enfant est loin d’être acquise en également à vous abonner gratuitement à notre Flash France et dans le monde. La pandémie du Covid-19 n’a fait Info, newsletter qui parait désormais chaque semaine. que renforcer les inégalités et fragiliser les plus vulnérables, au Comme l'a indiqué Jérôme Voiturier, directeur général de premier rang desquels les enfants. Les 69 recommandations l'Uniopss, « nous souhaitons, comme nous l’avons fait dans sur 12 thématiques qu’avait remises la Dynamique au gouver- la première phase, être utiles et permettre à chacune et nement en 2019 n’en sont que plus pertinentes : la crise en chacun d’avoir l’ensemble des informations nécessaires à cours agit comme un révélateur des inégalités préexistantes. son action ». ● Plus encore qu’en 2019, il est urgent d’agir. Parmi les recom- Pour plus d'informations : mandations formulées l’an dernier, une en particulier semble www.uniopss.asso.fr 9 Union Sociale Décembre 2020 N°342
L’ouvrage piloté par le Conseil de prospective de l’Uniopss, aux éditions Dunod L’évolution de la société est devenue tellement rapide qu’elle entraîne de multiples questions quant au présent et à l’avenir. Sommes-nous face à un changement lié à la mondialisation, à l’accélération de la communication, à la perte de repères et à la modification de certaines valeurs ? Et si la réponse était au contraire plus de solidarité ? Cet ouvrage est le fruit d’un travail conduit par le Conseil de prospective de l’Uniopss pour lequel la prospective est plus qu’une méthode : il s’agit de s’impliquer dans la construction de la société, en refusant de se laisser enfermer dans le déterminisme et les contraintes, en construisant l’alternative, en opérant des choix. Trois questions clés sont abordées : le devenir de la protection sociale, la recherche d’une nouvelle donne pour l’action des associations dans l’espace public, et enfin l’enjeu d’un centrage de l’intervention sociale sur la personne. L’articulation entre visions générales et analyses d’expériences permet d’appréhender ces sujets sous un angle nouveau. 27€ Parmi les contributeurs de cet ouvrage : Édith Archambault, Dominique Balmary, Jean-Claude Barbier, Jean-Michel Bloch-Lainé, En savoir plus : FRAIS D’ENVOI COMPRIS Francis Calcoen, Christine Chognot, Yves Darnaud, www.uniopss.asso.fr Patrick Doutreligne, Olivier Giraud, Robert Lafore, Jean-Louis Laville, Henry Noguès, Jean-Luc Outin, Rubrique « Publications » Johan Priou, Joël Roman, Anne Salmon, Philippe Warin. ✂ ✂ Bon de commande à retourner à Uniopss - 15 rue Albert - CS 21306 - 75214 PARIS CEDEX 13 accompagné de votre règlement. Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Organisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ❏ oui, je souhaite recevoir ........ exemplaire(s) du livre « Refonder les solidarités », je joins mon règlement par chèque libellé à l’ordre de Uniopss.
Info technique Quel impact de la crise sur les ESAT ? Plusieurs associations du secteur du handicap, dont l’Uniopss, ont publié début novembre les résultats d’une enquête flash sur la situation des ESAT. Une occasion de prendre la mesure de toute leurs difficultés. A lors que le chômage fait des ravages de plus en rémunérations directes et leurs effets « atténuateurs » de la plus importants dans notre pays, qu’en est-il du perte, sont intégrés. D’autre part, peu d’améliorations sont à travail protégé ? C’est à cette question qu’ont tenté attendre d’ici la fin d’année, du fait de l’existence de plusieurs de répondre l’Uniopss, APF France handicap, le GEPSo, facteurs, comme l’arrêt du dispositif d’aide au 10 octobre Andicat, et l’ADAPT, dans le cadre d’une enquête flash sur les rémunérations directes, l’absentéisme ou encore le publiée le 12 novembre, à la demande du secrétariat chargé manque de débouchés. des Personnes handicapées. Cette enquête menée auprès des directeurs d’ESAT a concerné 457 structures, soit plus > DES DIFFICULTÉS RÉCURRENTES de 31 % des établissements existants. L’enquête révèle les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontés les ESAT, comme le manque d’activité, la gestion > QUELS DOMAINES D’ACTIVITÉ VISÉS ? des obligations sanitaires (EPI et protocoles divers…), l’accès Les établissements ayant répondu à cette enquête à la santé et l’impact mental de la crise sur les travailleurs interviennent dans des domaines tout à fait divers. Si le handicapés, le renouvellement des investissements, ainsi que conditionnement et les espaces verts sont très majoritaires, les difficultés de trésorerie ou d’approvisionnement. les prestations industrielles et logistiques, ainsi que les secteurs de la restauration et de la location de salle, sont > DES PROPOSITIONS POUR LIMITER également représentés parmi les répondants. Une grande LES EFFETS DE LA CRISE majorité des établissements visés interviennent dans le Les directeurs d’ESAT formulent plusieurs propositions domaine privé non lucratif, tandis que le reste d’entre eux pour permettre aux établissements de sortir de la crise. Ils concerne le secteur public. souhaitent ainsi la prise en charge des surcoûts liés à celle-ci, la prorogation de la prise en charge de la rémunération > UNE REPRISE D’ACTIVITÉ garantie, la création d'un volet de soutien dans le cadre du PRESQUE NORMALE plan de relance ou bien encore, la création d’un fonds de Au début du mois de novembre, la quasi-totalité des soutien à la diversification des activités. ● établissements avaient repris leurs activités. Près de 92 % des ESAT ont un taux de reprise d’activité entre 81 % et 100 %, sachant que la moyenne habituelle se situe aux alentours de 90 %. Les établissements anticipent toutefois Gwenaëlle Sébilo un absentéisme à la hausse avec le retour des mesures Conseillère technique « Autonomie et Citoyenneté des liées au Covid, comme le confinement, l’isolement des personnes en situation de handicap » à l’Uniopss cas contacts ou encore les arrêts maladie. 63 % des ESAT estiment ainsi que l’absentéisme des travailleurs handicapés « Permettre aux ESAT d’être au cœur des devrait s’établir dans une fourchette allant de 10 à 30 % politiques d’inclusion… » pour le mois de novembre 2020. « Les associations proposent de cibler le soutien sur les ESAT les plus en difficulté au travers de deux leviers d’action : la mise en place d’un « fonds de soutien d’urgence », pour > QUELLES CONSÉQUENCES DE LA CRISE accompagner les ESAT fortement impactés par les mesures SUR LE CHIFFRE D’AFFAIRES ? de restrictions et la création d’un « fonds de relance et L’enquête permet d’établir une première estimation de la d'aide à l'investissement ». Ces aides pourraient constituer perte de chiffre d’affaires (CA). En moyenne, la perte de un marqueur fort de la volonté des pouvoirs publics de CA s’établit à 28 %. 47% des ESAT ont une perte de CA permettre au secteur, d’être au cœur de l’inclusion des supérieure à 20 %. À noter que les aides de l’État sur les personnes en situation de handicap. » 11 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Portrait Jacqueline Gaussens, un autre regard sur le vieillissement Cofondatrice du prix Chronos de littérature, qui récompense depuis 1996 des livres jeunesse autour du vieillissement et de l’intergénérationnel, Jacqueline Gaussens a perçu très tôt l’importance de défendre la place des personnes âgées au sein de la société. Un combat qu’elle poursuit aujourd’hui. R etraitée depuis plusieurs an- par l’Institut Pasteur pour rédiger sa l’augmentation du nombre de per- nées, Jacqueline Gaussens n’a revue interne, la jeune journaliste sonnes âgées, en plus des questions pas vraiment ralenti ses acti- scientifique intègre avec émerveille- médicales spécifiques rencontrées par vités. Fervente défenseure des droits ment les rouages de cette institution les médecins généralistes qui traitaient des personnes âgées, elle intervient extraordinaire peuplée de grands ces patients âgés… » Bien avant l’heure aujourd’hui comme bénévole au noms de la science et de Prix Nobel. de la silver économie, qui désigne l'en- sein de l’entreprise Médialis, qui crée « Je me sens encore pasteurienne semble des marchés, activités et en- des solutions innovantes dans les aujourd’hui ! Mais le vrai tournant jeux économiques liés aux personnes secteurs du handicap et de la silver dans ma carrière est arrivé peu de âgées de plus de 60 ans, Jacqueline économie, tout en suivant de près son temps après, alors que je travaillais Gaussens se passionne pour cette « bébé », le prix Chronos. Si l’on remon- au service édition du laboratoire « mutation essentielle de la société » te le temps avec elle, avant de se lan- pharmaceutique Sandoz. » Lors d’un et s’intéresse à ces questions d’inter- cer dans le champ de la gérontologie, colloque, elle découvre la géronto- générationnalité. « J’ai grandi à Paris, cette Parisienne de souche s’est d’abord logie et flaire tout de suite l’impor- mais aussi en Bourgogne d’où était intéressée à la biologie. tance de cette discipline dont on originaire ma mère. La vie à la cam- parlait encore peu dans les années pagne était très marquée par les rela- Née le 3 novembre 1945, d’un père 1970. tions intergénérationnelles avec les fonctionnaire à La Poste et d’une mère grands-parents ou les anciens du au foyer, la jeune fille est bonne élève Une revue pionnière village et par un rapport au temps et et s’inscrit en fac de biologie, sans « Je fais partie moi-même de la pre- à la mort, beaucoup plus présent réelle idée de ce qu’elle aimerait faire mière vague des Baby Boomers, et dans la vie quotidienne. Petite fille, ensuite. « Il était hors de question lors de ce colloque, un démographe l’une de mes missions estivales était que je fasse de l’enseignement, alors a montré la courbe des âges de la d’ailleurs d’aller arroser les fleurs au je suis entrée au CNRS pour faire de population française avec ce pic de cimetière ! » la recherche, c’était d’un tel ennui personnes âgées autour des années que j’ai démissionné au bout d’un an 2020, raconte-t-elle. Ce Papy-Boom à L’aventure Chronos seulement », se rappelle-t-elle non venir était un enjeu sociétal phéno- Alors qu’elle dirige la revue depuis sans humour. Au détour d’une annonce, ménal ! » Ni une ni deux, elle crée en Rome, où elle et leurs deux enfants elle est engagée au magazine Sciences 1974 la revue L’Actualité en Géron- ont suivi son mari en poste en Italie, et Avenir, où elle découvre la vulga- tologie qu’elle dirigera pendant dix elle est contrainte de l’abandonner risation scientifique et se passionne ans. « On y abordait des sujets comme en 1987 à l’arrivée d’un nouveau pour la transmission de ses connais- la psychologie et la sociologie du vieil- directeur chez Sandoz qui estime qu’il sances entre le monde de la recher- lissement, la révolution de la longé- est impossible de diriger une revue che et le grand public. Appelée ensuite vité, les enjeux économiques liés à depuis l’étranger. À son retour en 12 Union Sociale Décembre 2020 N°342
3 novembre 1945 Jacqueline Gaussens naît à Paris. 1er septembre 1969 Elle rédige la revue interne de l’Institut Pasteur. 1er janvier 1994 Elle cofonde le programme GrandirVieillir, puis le Prix Chronos. âges participant à l’opération. Depuis sa création, 600 000 jurés ont ainsi lu sur ces sujets. « Les enjeux autour du vieillissement sont toujours aussi pertinents aujourd’hui, d’autant que l’on continue de considérer les per- sonnes âgées comme une charge pour la société. C’est flagrant avec la crise sanitaire liée au Covid-19, on dit qu’ils bloquent des places en réanimation, qu’il faut les enfermer pour éviter qu’ils soient malades, qu’ils coûtent cher… On agit comme s’ils étaient inca- pables de prendre une décision ! » France en 1989, Jacqueline Gaussens qui s’adressait aux adultes et aux per- Ce combat contre l’âgisme et l’infan- réinvente de nouveau sa vie profes- sonnes âgées ! C’était un pari fou qui tilisation des personnes âgées, sionnelle. En contact avec la profes- a fonctionné. » Jacqueline Gaussens compte bien seure en gériatrie Françoise Forette, continuer à le porter : « Je crois beau- qui lui demande de participer à un Changer le regard coup aux solidarités intergénéra- projet de recherche, elle intègre la L’évidence de ce choix se confirme : tionnelles et familiales, mais elles Fondation nationale de gérontologie, les enseignants du primaire au lycée ne peuvent s’imposer par le haut, il un centre de ressources sur les ques- s’enthousiasment pour le projet. Les faut les construire et les encourager. tions relatives à la vieillesse et au jeunes s’emparent de ces thémati- C’est pourquoi j’essaie maintenant de vieillissement, actif entre 1967 et ques que les adultes rejetaient et se transmettre aux plus jeunes le 2013. « Avec mes collègues, nous tra- mettent à lire des livres sur le vieillis- savoir que j’ai accumulé pendant ces vaillions à la mise en place de pro- sement, sur Alzheimer, sur la mort, années de travail sur ce sujet. » Au sein grammes essentiellement destinés au sur la transmission intergénération- de l’entreprise d’économie sociale et monde médical. Or, nous avions envie nelle… « De cette façon, on sensibi- solidaire Médialis, elle s’emploie à de faire bouger les lignes du regard lise la société de façon détournée, via faire reconnaître la valeur et les com- de la société sur le vieillissement. » les enfants, les échanges en famille pétences de tous, à tous les âges de Confrontées à un véritable rejet de induits par la lecture de ces livres, les la vie. Et quand un enfant de neuf ces sujets et à un âgisme fort de la rencontres lors des salons littéraires… ans, juré du prix Chronos, lui dit « fina- part des adultes, elles décident de Cela permet à tous de mettre des mots lement la vieillesse, ce n’est pas un s’intéresser aux enfants pour sensibi- sur ces sujets qui deviennent tabous défaut », elle estime avoir gagné une liser la société au vieillissement. « On à l’âge adulte, mais dont les enfants bataille. « Mais cela montre à quel a donc créé en 1996 le programme n’ont pas de mal à parler ! » L’année point on intériorise très jeune nos GrandirVieillir, en un seul mot, et le 2020 marque les 25 ans du Prix, qui jugements sur l’âge et les parcours de Prix littéraire jeunesse Chronos, a priori est aujourd’hui porté par l’Uniopss et vie : il faut que cela continue de complètement inattendu et décalé qui récompense les albums et les changer ! » ● de la part d’une fondation scientifique romans préférés des lecteurs de tous Juliette Cottin 13 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Innovation sociale À l’interface de deux mondes… Créée en 2017 par le Samu Social de Paris, la Mission Interface accompagne les personnes âgées vers des solutions de logement durables. Une occasion de faire dialoguer l’univers du social et du médico-social. J érôme, 72 ans, est actuellement accueilli dans le Centre d’hébergement d’urgence de la Mie de pain à Paris, après une période d’hospitali- sation il y a un an. Sa situation est complexe. En perte d’autonomie, il est en chambre individuelle et se sent de plus en plus isolé. « Ma santé est fra- gile et même si une infirmière vient régulièrement m’apporter des soins, je me sens seul, notamment à cause du confinement. Je quitte très peu ma chambre et je ne reçois aucune visite. » Il y a quelques semaines, Jérôme a fait part de son souhait d’intégrer un Ehpad, un lieu dans lequel il pourrait bénéficier d’un accom- pagnement médical plus adapté et d’un collectif plus présent. Anne-Cécile Graillot, coordonnatrice pour la Mission Interface l’a accompagné dans ces démarches. Elle s’est ainsi mise en lien avec le Centre d’action sociale de la Ville de Paris pour lui obtenir une place dans l’Ehpad de son choix dans le 20e arrondissement de Paris. Une tentative qui a abouti il y a quelques jours. « Nous avons la chance de pou- voir bénéficier à Paris d’un ensemble d’établisse- ments, que ce soient des Résidences autonomie ou des Ehpad, qui sont éligibles à l’aide sociale, donc susceptibles d’accueillir nos publics, mais encore faut-il les connaître. » au SIAO à Paris, on s’aperçoit que quasiment 18 à Passerelles 19 % des appels concernent des personnes de plus Et c’est là toute la plus-value de la Mission Interface : de 60 ans, rappelle Thomas Baude, responsable de dresser des passerelles entre des univers, le social et la Mission. Notre objectif est de faire en sorte de le médico-social, qui en définitive, se connaissent trouver des solutions, en collaborant avec des acteurs très peu. « Les travailleurs sociaux ont une image qui ne font pas partie de nos interlocuteurs habi- erronée de ce qui se passe aujourd’hui dans les Ehpad tuels, comme ceux issus du médico-social. » et ne connaissent pas vraiment les rouages adminis- tratifs pour intégrer les publics qu'ils accompagnent. Mais la Mission Interface n’est pas uniquement tour- Quant aux Ehpad, ils sont souvent étanches aux née vers les établissements médico-sociaux. En enjeux du monde du social. » Créée par le Samu recherche de solutions permanente, la petite équipe, social de Paris, la Mission Interface existe depuis constituée d’un responsable, de quatre coordonna- 2017. Son objectif : permettre à des personnes avan- teurs pour les personnes âgées et d’un coordonna- çant en âge de trouver des solutions de logement teur pour les personnes en situation de handicap, pérennes pour passer les dernières décennies ou peut également proposer à ceux qu’elle accompagne, années de leur vie. « Quand on observe les appels des solutions de logements autonomes. 14 Union Sociale Décembre 2020 N°342
C’est le cas pour Adil, 62 ans. Depuis l’entrée dans à faire évoluer les cultures professionnelles, en orga- son nouveau logement en septembre, Adil compte nisant très régulièrement des formations mixtes. les jours, comme pour se rassurer, n’étant pas tout « Nous sensibilisons les travailleurs sociaux aux pers- à fait certain que sa nouvelle existence soit vérita- pectives que peuvent représenter les Ehpad pour blement réelle. Il faut dire que celui-ci revient de nos publics vieillissants et de l’autre côté, nous don- loin. Anglais d’origine, il obtient à 50 ans un poste nons toutes les clés aux acteurs du médico-social de maître de conférences à l’Université, en tant que pour prendre en charge des résidents qui ont connu professeur en droit international comparé. Mais la grande exclusion et qui sont souvent plus jeunes cette situation ne dure pas et les années passant, que la moyenne », explique Anne-Cécile Graillot. les contrats auprès de divers clients se font de plus Un travail de longue haleine, qui augure sans doute en plus rares. Arrivé à la retraite, ses revenus ne lui de l’évolution des politiques sociales dans les pro- permettent plus de se loger. Commence alors pour chaines décennies… ● lui, une vie d’errance chez des amis, à l’hôtel, puis Antoine Janbon enfin en centre d’hébergement d’urgence. Après ces nombreuses années de précarité, il est finale- ment repéré par la Mission Interface, qui après bien des démarches, lui permet de trouver un logement Pas de pause pour les intermédiaire, patrimoine de l’association Solidarités nouvelles pour le logement, un appartement certes professionnels des centres de santé modeste de 20 m2, mais qui représente pour lui un Depuis le premier confinement, les centres de santé sont mobilisés véritable palais. « Je n’en pouvais plus de cette vie partout en France. « Par exemple, nous venons compléter l’offre de précarité, sans point de chute. Aujourd’hui, je de prélèvements pour les tests Covid sur les territoires où cela est me sens libéré, ma vie peut enfin commencer. » nécessaire, souligne Hélène Colombani, présidente de la Fédération nationale des centres de santé, médecin généraliste et Faire évoluer les cultures professionnelles directrice de la santé de la Ville de Nanterre. Il a donc fallu que Depuis sa création, la Mission Interface a accompa- nous réorganisions notre offre, nos locaux et nos façons de gné plus de 350 personnes et a obtenu des solutions travailler durant le premier confinement. » Après une phase un peu de logement durable pour un peu moins d’une cen- moins intense entre juin et septembre, la demande de tests est taine d’entre elles, que ce soit dans un Ehpad, en repartie en flèche dès la rentrée, notamment avec les demandes unité de soins de longue durée, en résidence auto- des écoles qui sollicitent ces structures de proximité. « Selon les nomie ou en logement autonome. Certaines d’entre territoires, les situations sont extrêmement différentes, mais il y a elles ont aussi pu rejoindre leur famille. Au-delà de un énorme investissement de nos personnels pour continuer à toutes ces démarches, la Mission travaille également assurer nos missions habituelles, tout en gérant l’afflux des patients venant pour les prélèvements. » Alors qu’au premier confinement, le flux des patients habituels s’était beaucoup réduit, ce n’est pas le cas durant ce deuxième confinement. « Il y a une impression de tension permanente et une certaine exaspération face aux incessantes évolutions des consignes sanitaires qui nous obligent à réorganiser nos façons de travailler. Sans compter qu’il faut gérer les nombreuses problématiques de santé mentale liées à cette année difficile, ainsi que les soins des patients chroniques, dont beaucoup ont souffert du manque de suivi durant le premier confinement et sont moins stables aujourd’hui. » À Nanterre, les équipes s’organisent ainsi pour appeler les patients repérés comme fragiles afin de prendre des nouvelles et vérifier que leur santé ne pâtit pas de la situation. « Partout, l’enjeux est donc de maintenir l’accueil des deux types de patientèle et d’organiser les consultations pour éviter qu’ils se croisent, décrit Hélène Colombani. Dans certains centres, c’est un challenge en ce moment, car la majorité du personnel est infectée par le virus. » La Fédération accompagne aujourd’hui ses centres dans l’évolution de la pandémie, propose des outils et des possibilités d’organisation efficace. Elle cherche également des financements pour compenser la perte d’activité de nombre de ses professionnels, comme les kinésithérapeutes ou les dentistes, et anticipe la future arrivée d’un vaccin, qui nécessitera là aussi une très forte mobilisation des personnels. ● 15 Union Sociale Décembre 2020 N°342
Vous pouvez aussi lire