Une satisfaction encore en hausse - Swiss Dental Journal
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L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 449 La toute récente enquête d’opinion de la Une satisfaction SSO l’atteste: sur 100 patients interrogés, encore en hausse 96 sont «satisfaits» à «très satisfaits» des soins dentaires en Suisse. Le degré de satisfaction envers les membres de la SSO a même encore augmenté par rapport à l’enquête précédente. Enquête d’opinion 2018 Texte: Olivier Marmy, Markus Gubler, Marco Tackenberg de la SSO – première partie Graphiques: Markus Gubler Au tournant 2017–2018, après les en- dant être de mise avec les résultats des tivement plus satisfait qu’un patient quêtes réalisées en 1980, 1990, 2000 et différents sous-groupes. En effet, moins soigné par un médecin-dentiste non 2010, la Société suisse des médecins- le panel est large, plus la marge d’erreur membre (63% contre 49%). La satisfac- dentistes SSO a de nouveau chargé un statistique est grande. tion concernant les médecins-dentistes institut de sondage de mener son enquête de la SSO a remarquablement progressé d’opinion à l’échelle du pays. Le panel Satisfaction des patients de 8% par rapport à 2010. était composé de 1111 personnes âgées de Les patients évaluent la qualité des soins En règle générale, ce niveau de satisfac- 15 à 74 ans. Afin de pouvoir se prononcer dispensés par les médecins-dentistes tion est le même chez les Tessinois, les sur les tendances et faire des comparai- en Suisse. Depuis près de 40 ans, les pa- Romands et les Alémaniques. Les pa- sons, la trame du questionnaire a été re- tients sont toujours aussi satisfaits de tients de Suisse alémanique et du Tessin prise des sondages précédents. Ce ques- leurs praticiens. Lors de cette récente accordent une grande importance à tionnaire avait été élaboré en 1980 par le enquête, 96% d’entre eux se déclarent l’amabilité (Suisse allemande: 75%, Comité de la SSO, revu par diverses ins- «satisfaits» (42%) à «très satisfaits» Tessin: 72%, Suisse romande: 34%). tances de la SSO, puis rendu conforme (54%) de leur médecin-dentiste. Les Par ailleurs, ils attendent de leur prati- aux impératifs de l’enquête par l’institut femmes se montrent plus satisfaites cien et des membres de son équipe qu’ils de sondage Demoscope. Cette société a que les hommes (56% contre 51%). On prennent le temps d’expliquer toutes les conduit cette enquête d’opinion selon la trouve les niveaux de satisfaction les plus étapes du traitement. Pour les patients méthode CAPI, c’est-à-dire que l’enquê- élevés dans les cantons de Zurich et de romands, la satisfaction est plus forte- teur rencontre la personne interrogée Glaris ainsi qu’en Suisse centrale: res- ment liée aux aspects financiers. Ces et saisit ses réponses informatiquement. pectivement 66% et 61% des personnes derniers accordent nettement plus Sur une population de 1111 personnes sondées sont «très satisfaites». Les pa- d’importance que les Tessinois ou les sondées et pour un niveau de confiance tients remarquent le haut niveau de qua- Alémaniques au fait que leur médecin- de 95%, la marge d’erreur statistique se lité de la SSO: un patient soigné chez un dentiste les informe des coûts avant le situe à ±3,0%. La prudence doit cepen- praticien membre de la SSO est significa- début du traitement, qu’il respecte les Fig. 1: Pourquoi êtes-vous satisfait de votre médecin-dentiste? 80 est gentil 70 explique tout a du personnel gentil 60 est plein d’égards renseigne sur les dépenses 50 se prend du temps donne vite un rendez-vous 40 se tient aux coûts indiqués a un beau cabinet 30 établit un plan de traitement laisse rarement attendre dans la salle d’attente 20 se tient à la durée prévue du Indications en pour-cent des traitement personnes interrogées 10 continue à s’instruire Base: 1980 (996); 1990 (1006); 2000 (1022); 2010 (1071); 2018 0 (1111)/Floutage statistique ± 3,0% 1980 1990 2000 2010 2018 Filtre: lorsqu’un client est satisfait de son médecin-dentiste SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
450 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE Fig. 2: Quand avez-vous consulté un médecin-dentiste pour la dernière fois? 100 11 8 8 11 10 90 16 18 80 16 17 21 70 60 31 34 32 34 plus longtemps 27 50 moins de trois ans moins d’un an 40 moins de 6 mois 30 20 40 43 40 39 39 Indications en pour-cent des personnes interrogées 10 Base: 1980 (1068); 1990 (1079); 2000 (1090); 2010 (1105)/Floutage 0 statistique ± 3,0% 1980 1990 2000 2010 2018 Filtre: lorsqu’il y a eu traitement dentaire Fig. 3: Pourquoi avez-vous consulté un médecin-dentiste? 100 7 5 5 9 9 90 7 15 15 14 12 80 29 25 25 20 25 70 60 15 23 16 35 29 50 40 30 64 65 67 63 20 53 10 0 1980 1990 2000 2010 2018 Indications en pour-cent des personnes interrogées je suis allé pour un contrôle je voulais faire mettre en ordre toutes mes dents Base: 1980 (1068); 1990 (1079); j’avais mal aux dents le médecin-dentiste m’a fait venir 2000 (1090); 2010 (1105)/Floutage statistique ± 2,8% j’avais des ennuis de gencives Filtre: lorsqu’il y a eu traitement dentaire estimations d’honoraires et leur propose cien (2010: 56%; 2000: 49%; 1990: 49%; Soins dentaires de bonnes conditions sous forme de 1980: 50%). Le choix d’un nouveau Sur l’ensemble du panel, 96% des son- paiements échelonnés (fig. 1). médecin-dentiste est principalement dés font soigner leurs dents chez le Les personnes interrogées ne sont que 3% guidé, tout comme lors des précédentes médecin-dentiste. Seulement 3% à affirmer ne pas être satisfaites de leur enquêtes, par les recommandations des d’entre eux avouent renoncer à des soins médecin-dentiste. Les principales raisons proches, des connaissances ou d’autres dentaires. En réalité, cette proportion évoquées sont des notes d’honoraires personnes. Pourtant, aujourd’hui, 12% pourrait être plus importante en raison trop élevées, un manque d’empathie, pas des personnes interrogées cherchent d’une certaine gêne susceptible de favo- assez de communication, des soins trop leur nouveau médecin-dentiste sur In- riser des réponses «socialement cor- brusques et la peur. Tout comme dans les ternet, ce qui représente une hausse de rectes». Divers motifs sont avancés par enquêtes précédentes, la relation étroite dix points de pourcentage par rapport les personnes interrogées pour expliquer entretenue avec le médecin-dentiste res- à 2010. L’accessibilité du cabinet dentaire pourquoi ils renoncent à consulter un sort des réponses données à la question à pied ou avec les transports en commun médecin-dentiste: «les douleurs liées de savoir quel médecin-dentiste choisir entre en première ligne de compte pour aux soins», «les frais dentaires élevés» en cas de déménagement. A l’heure ac- le choix d’un médecin-dentiste et sup- et «la peur». La visite chez le médecin- tuelle, 53% des personnes sondées con- plante, en 2018 également, l’accessibilité dentiste rend anxieux: 14% des sondés tinueraient de consulter le même prati- en voiture. redoutent de prendre place sur un fau- SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 451 Fig. 4: Pour quelle raison avez-vous consulté un médecin-dentiste à l’étranger? 60 52 50 48 40 37 36 32 30 29 2000 30 22 2010 21 19 18 20 2018 14 10 Indications en pour-cent des personnes interrogées Base: 2000 (178); 2010 (234)/ 0 Floutage statistique ± 6,8% (2000); avantage de prix pays d’origine/ urgence qualité ± 5,9% (2010) domicile Filtre: a déjà consulté une fois un médecin-dentiste à l’étranger Fig. 5: Quelles sont les mesures les mieux appropriées pour éviter les affections des dents et des gencives? 80 70 soigner les dents et les gencives 60 pâtes dentifrices qui contiennent du fluor 50 éviter le sucre 40 veiller à l’alimentation fil dentaire 30 rincer la bouche 20 brosses interdentaires cure-dents Indications en pour-cent des 10 personnes interrogées Base: 1980 (1132); 1990 (1113); 0 2000 (1125); 2010 (1129)/Floutage 1980 1990 2000 2010 2018 statistique ± 2,7% Plusieurs réponses demandées teuil de soins. A la question de savoir du au cabinet dentaire parce qu’il souf- Consultation d’un médecin-dentiste d’où vient la crainte des soins dentaires, frait de douleurs dentaires et moins d’un à l’étranger les participants à l’enquête sont 42% à sur cinq parce qu’il souhaitait «mettre A la question de savoir si les personnes répondre «des expériences douloureuses toutes ses dents en ordre». Ils sont 12% à interrogées ont déjà consulté un méde- (traumatismes)» et 38% «de la peur des avoir répondu à une convocation de leur cin-dentiste à l’étranger, 22% répondent aiguilles». La plupart des personnes in- médecin-dentiste (fig. 3). En Suisse alé- «oui» (2010: 20%; 2000: 15%). Les rai- terrogées avaient bénéficié de soins den- manique, les patients sont clairement sons qui poussent les patients à consulter taires au cours de l’année précédant plus souvent sollicités par leur médecin- à l’étranger sont diverses. On distingue l’enquête. Dans le reste du panel, 17% dentiste qu’en Suisse romande ou au quatre phénomènes: le tourisme dentaire, des sondés ont répondu avoir été chez le Tessin (Suisse allemande: 15%; Suisse les patients des régions transfrontalières, médecin-dentiste au cours des trois an- romande: 3%; Tessin: 1%). Les Aléma- l’immigration et les cas d’urgence (fig. 4). nées qui ont précédé l’enquête. Pour les niques, les jeunes (15 à 49 ans) ainsi que Les adeptes du tourisme dentaire veulent 10% restants, le dernier traitement re- les personnes avec un haut niveau de for- bénéficier de prix prétendument avanta- montait à plus longtemps (fig. 2). mation ont un sens de la prévention plus geux à l’étranger (52%; 2010: 48%; 2000: Deux fois sur trois, les patients con- aigu, comme cela ressort également des 37%). On retrouve cette tendance surtout sultent leur médecin-dentiste pour de études précédentes. A l’inverse, les Ro- chez les personnes avec un haut niveau simples visites de contrôle. Ce pour- mands (29%) et les personnes de faible d’études (28%; 2010: 31%; 2000: 23%) et centage reste inchangé depuis près de niveau scolaire (28%) ne consultent pour les personnes vivant en centre-ville, plus 30 ans (64%; 2010: 67%; 2000: 65%; ainsi dire que lorsqu’ils ont mal aux dents spécifiquement dans les agglomérations 1990: 63%). Un sondé sur cinq s’est ren- (Alémaniques: 18%). de plus de 100 000 habitants (28%; 2010: SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
452 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE Fig. 6: Par quels moyens prenez-vous soins de vos dents? douche buccale brosse à dents sonique cure-dents 2018 brosse à dents électrique 2010 2000 fil dentaire 1990 1980 rinçage de la bouche brosse à dents manuelle dentifrice Indications en pour-cent des personnes interrogées Base: 1980 (1132); 1990 (1113); 2000 0 20 40 60 80 100 (1125) (question différente); 2010 (1129)/Floutage statistique ± 2,7% 24%; 2000: 21%). Les personnes qui vont résident en Suisse se font soigner dans Le plus souvent, les personnes ayant se faire soigner de l’autre côté de la fron- leur pays d’origine ou sur leur lieu de peur de se faire contaminer pensent au tière habitent avant tout en Suisse ro- domicile à l’étranger (30%; 2010: 36%; SIDA. Toutefois, pour le reste du panel, mande (31%; 2010: 29%). Dans le canton 2000: 32%). En 2018, les destinations les ce risque a considérablement reculé, de Genève, près d’un patient sur deux plus prisées pour se faire soigner les dents comparé à il y a une vingtaine d’années (46%; 2010: 56%; 2000: 47%) s’est déjà à l’étranger sont: l’Allemagne (22%), la à peine (36%; 2000: 73%). C’est la jau- fait soigner à l’étranger. La grande pro- France (16%), la Hongrie (9%), l’Italie nisse qui, aujourd’hui plus qu’hier, portion de résidents étrangers a conduit à (6%) et le Portugal (6%). Un sondé sur semble le plus effrayer les patients (18%; une multiplication des consultations hors cinq a dû consulter un médecin-dentiste 2010: 11%). Alors qu’il n’existe aucune des frontières. Beaucoup d’étrangers qui à l’étranger pour une urgence. différence entre les régions de Suisse con- Les patients ayant consulté à l’étranger cernant les maladies infectieuses, les Ro- sont majoritairement satisfaits des soins mands (42%) placent bien plus haut que reçus (55%). Ce haut pourcentage ne doit les Alémaniques (30%) le risque d’être En conclusion cependant pas occulter les plaintes et contaminé par le virus du SIDA. les problèmes liés aux consultations à Les patients apprécient la qualité des l’étranger. Ils sont 14% à avoir déposé une Prophylaxie et hygiène bucco-dentaire soins des médecins-dentistes en réclamation à la suite de soins dentaires à Les personnes sondées connaissent au- Suisse. Depuis une trentaine d’années, l’étranger. En cause, principalement, la jourd’hui très bien les mesures courantes le niveau de satisfaction reste très éle- mauvaise qualité qui a rendu nécessaire de prophylaxie: se nettoyer les dents, évi- vé. Mais cela ne va pas de soi. Grâce à un second traitement en Suisse, mais aus- ter le sucre, recourir aux fluorures, faire Internet et aux réseaux sociaux, les pa- si un manque d’hygiène et des problèmes des contrôles dentaires. Toutefois, le degré tients peuvent plus qu’hier s’informer de compréhension. Certaines expériences de connaissance des dégâts causés par le et comparer. Les exigences et le con- négatives à l’étranger ont de toute évi- sucre a fortement reculé: en 1980, 64% sumérisme en matière de santé ont dence été graves, car un patient sur trois des personnes interrogées renonçaient au augmenté. Les patients font plus atten- ayant déjà fréquenté un cabinet dentaire sucre afin d’éviter les affections dentaires tion aux coûts et sont plus critiques à l’étranger a déclaré ne plus vouloir ré- et gingivales. Elles ne sont plus que 44% qu’avant. Ils attendent de la part de leur péter l’expérience (2010: 28%). en 2018 (fig. 5). Cependant, de grands praticien de l’empathie et des informa- écarts régionaux sont à noter. Chez les tions claires. Une des conclusions de la Hygiène du cabinet dentaire Romands, trois participants à l’enquête toute récente enquête est que le label De nos jours, près d’un tiers des per- sur quatre considèrent qu’éviter le sucre SSO gagne en visibilité. Les participants sonnes sondées pensent encore qu’il est est le moyen le plus efficace de prévenir à l’enquête repèrent mieux s’ils ont possible de contracter une maladie dans le les affections dentaires, avant même le affaire à un médecin-dentiste de la SSO cadre d’un traitement dentaire. En Suisse nettoyage des dents et des gencives. ou pas. Ainsi, chaque membre de la SSO romande, la peur d’être contaminé est Depuis plusieurs décennies, les médecins- contribue de manière décisive, par son bien plus élevée qu’en Suisse alémanique dentistes membres de la SSO accomplis- comportement, à véhiculer l’image de et dans le Tessin (Suisse alémanique: 23%; sent un vaste travail de prévention. Les l’organisation professionnelle. Suisse romande: 59%, Tessin: 20%). Cela récents résultats montrent combien il est ressortait déjà des précédentes enquêtes. important d’informer continuellement la SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 453 population: tout comme dans l’enquête niveau d’études joue également un rôle dentiste SSO (49%) et se rendent chez précédente, près d’un cinquième de la po- sur la fréquence du brossage des dents. l’hygiéniste dentaire (45%). Globalement, pulation ignore qu’on peut éviter d’avoir C’est un fait: les personnes prenant plus on peut conclure que les personnes utili- des caries. Ce chiffre stagne depuis 30 ans. soin de leurs dents se rendent plus sou- sant le plus de produits d’hygiène en Toutefois, d’importants écarts sociodémo- vent chez un médecin-dentiste SSO et complément à la brosse à dents sont les graphiques et régionaux persistent. Alors chez une hygiéniste dentaire. femmes et les personnes ayant un haut que, au Tessin (61%) et dans les cantons de L’utilisation de dentifrices a légèrement niveau d’études. Suisse centrale (67%), peu de personnes augmenté dans les trois régions linguis- En comparaison avec les études précé- interrogées savent que les caries ne sont tiques ces huit dernières années. Alors dentes, les récents résultats montrent une pas une fatalité, les Zurichois (95%), les qu’en 2010, ils étaient 82% à affirmer consolidation du haut niveau déjà atteint, Genevois (88%), ainsi que les personnes utiliser régulièrement du dentifrice, ils ce qui ressort également des données sur vivant dans une agglomération de plus de sont aujourd’hui 86%. Faire des bains de les affections et les accidents dentaires. 100 000 habitants (87%) et les plus jeunes bouche est devenu une pratique plus po- En 2010, 16% des personnes interrogées (85% des 15–29 ans) ont un sens aigu de la pulaire qu’auparavant (53%; 2010: 42%) ont dû consulter un médecin-dentiste au prophylaxie de la carie. (fig. 6). cours des six mois qui ont précédé l’en- Comprendre comment éviter les affections Les écarts régionaux persistent quant à quête pour des douleurs aiguës ou un ac- de la gencive est une notion qui, depuis l’utilisation des produits d’hygiène den- cident. En 2018, elles sont 18%. Deux les 20 dernières années, gagne du terrain taire: alors qu’au Tessin, la plupart des tiers de tous les sondés jugent aujourd’hui lentement mais sûrement et atteint au- personnes utilisent une brosse à dents l’état de leurs dents «bon» à «très bon», jourd’hui un niveau satisfaisant (2018: classique, même en 2018 (86%; Suisse un quart le jugent «satisfaisant» et seule- 64%; 2010: 67%; 2000: 63%; 1990: 58%; allemande: 62%; Suisse romande: 75%), ment 3% le trouvent «mauvais». 1980: 56%). Les Tessinois semblent un peu 3 Alémaniques sur 10 sont passés à la moins bien informés: ils ne sont que 44% brosse à dents électrique (Suisse romande: A suivre à répondre que la parodontite est évitable. 24%; Tessin: 6%). L’usage de brossettes Dans la prochaine édition du SDJ, nous Dans les cantons de Zurich et de Glaris, la interdentaires est plus répandu chez les vous présenterons la seconde partie de prophylaxie est solidement ancrée dans les femmes que chez les hommes. La ten- l’enquête d’opinion. Les thèmes abor- mentalités. Près de 90% des personnes in- dance à utiliser plus fréquemment le fil dés seront l’image de la profession de terrogées savent qu’on peut éviter une pa- dentaire ne s’est pas confirmée en 2018: médecin-dentiste, la satisfaction envers rodontite. Ils sont 85% à affirmer se bros- aujourd’hui, 43% affirment s’en servir l’équipe du cabinet dentaire, les frais ser les dents deux fois ou plus par jour. Les (2010: 47%; 2000: 44%; 1990: 39%; 1980: dentaires ainsi que les sources d’infor- femmes brossent plus souvent les dents 23%). La plupart des patients qui utilisent mations sur les soins dentaires et l’hy- que les hommes (36% contre 21%). Le le fil dentaire consultent un médecin- giène bucco-dentaire. Congrès SSO 2018 à Berne Le congrès SSO aura lieu du jeudi 31 mai au samedi 2 juin à Berne. Le programme scientifique est intitulé «Médecine dentaire numé- risée et globalisée, une garantie de qualité?», les présentations éclaireront les acquis de la numérisation. Une nouveauté: chaque demi-journée se terminera par un débat interactif. La clôture du congrès aura lieu le samedi avec la présentation du Prof. Thierry Carrel, spécialiste de la chirurgie cardiovascu- laire. Cette présentation sera ouverte au public. Un prix sera enfin tiré au sort parmi les participants au congrès. Le jeudi soir, le comité d’organisation invite à une soirée grillades et musique à la «Dampfzentrale». Le SSO-Corner accueillera les participants au congrès qui souhaitent présenter des sugges- tions au Comité central de la SSO. Bien que légèrement réduite, l’exposition dentaire demeure tout à fait représentative de l’offre de la branche dentaire et présentera son lot de nouveautés. La formation continue à l’intention des assistantes dentaires aura lieu le vendredi comme de coutume. Inscriptions à l’adresse www.sso.ch Pour la quatrième fois, la SSO organise son congrès à Berne en même temps Texte: màd que l’exposition Dental Bern. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
454 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE P R O F E S S I O N S M É D I C A L E S U N I V E R S I TA I R E S Plus petite organisation professionnelle «Nous assumons des professions médicales universitaires, les responsabili- Chirosuisse, association suisse des chiro- praticiennes et chiropraticiens, doit faire tés qui sont face à un problème bien particulier: elle est méconnue. Elle a donc décidé de mettre les nôtres» l’accent sur la communication. Texte: Andrea Renggli, rédactrice SDJ; photo: màd La chiropratique n’est pas une profession decins. Ils se spécialisent en médecine grès annuel auquel tous les chiroprati- nouvelle, même si la majorité de la popu- chiropratique, font leur sous-assistanat à ciens sont tenus de participer, et des lation n’en avait guère entendu parler la policlinique de médecine chiropratique cours de formation continue. Les chiro- avant les années 90. Beaucoup de gens à la clinique universitaire Balgrist, passent praticiens doivent chaque année justifier ignorent que les chiropraticiens sont le master puis l’examen fédéral de chiro- de 80 heures de formation continue. habilités à diagnostiquer et à traiter les pratique. La plupart d’entre eux suivent troubles de l’appareil locomoteur sous ensuite une formation postgrade de chi- La meilleure formation au monde leur propre responsabilité. Les chiroprati- ropraticien spécialiste de trois ans, à rai- Malgré le succès du cursus de formation, ciens sont des fournisseurs de soins de son de deux ans et demi d’assistanat dans la relève demeure une grande préoccupa- base, et non des spécialistes. un cabinet et en suivant les cours de for- tion pour Chirosuisse. Selon Priska Haue- mation postgrade auprès de l’Académie ter, il y a environ 300 chiropraticiens en 20 places par année suisse de chiropratique (ASC). L’ASC est Suisse, alors qu’il en faudrait 800. Les ca- Contrairement aux autres professions une fondation dont Chirosuisse assume binets croulent sous les demandes. Etant médicales, ce n’est que très récemment les déficits. Ainsi, les cotisations des chi- donné que la promotion de la relève par la qu’il est devenu possible de se former en ropraticiens actifs financent dans une filière classique ne donnera des résultats chiropratique dans notre pays. L’Univer- large mesure la formation de la relève. qu’à moyen ou à long terme, un groupe sité de Zurich ne propose un cursus de L’académie organise également un con- de travail de Chirosuisse examine les pos- formation en chiropratique que depuis sibilités de faire venir en Suisse des chiro- l’automne 2008, et c’est le seul de Suisse. praticiens étrangers. Priska Haueter est Priska Haueter, présidente de Chiro- consciente qu’il est indispensable que suisse, explique: «C’était une étape ma- ces arrivants de l’étranger respectent les jeure, tant pour la profession que pour standards de qualité suisses. Et ceux-ci notre association. Une vingtaine de places sont particulièrement élevés: dans aucun d’études sont disponibles chaque année, autre pays qu’en Suisse la réglementation mais toutes les places de formation ne n’est aussi contraignante pour la profes- sont pas toujours occupées.» Les chiro- sion de chiropraticien, et le niveau de for- praticiens devaient auparavant étudier mation et de formation postgrade y est à l’étranger, ce qui représentait un gros exceptionnel. investissement. La volonté politique a permis de mettre ce cursus de formation Organisation professionnelle, mais travail en place grâce à la loi sur les professions bénévole médicales qui a fait de la chiropratique Le taux d’affiliation à Chirosuisse est en- une profession médicale universitaire. viable. A quelques rares exceptions près, les 300 chiropraticiens de Suisse sont Compétences universitaires et dextérité presque tous membres de l’association. La formation des futurs chiropraticiens Autre particularité remarquable: tous associe cursus universitaire et acquisition les membres du comité sont bénévoles. des aptitudes manuelles. Durant les trois Priska Haueter souhaite que l’association premières années, les étudiants – en ma- se professionnalise: «Il faut que le pro- Priska Haueter, présidente de Chirosuisse: «Nous jorité des femmes comme c’est le cas des chain président soit rémunéré pour son nous battons régulièrement pour que la législation autres formations médicales – suivent le tienne raisonnablement compte de la médecine travail. Dans un deuxième temps, il faudra même enseignement que les futurs mé- chiropratique.» aussi rémunérer les autres membres du SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 455 comité. Chirosuisse est dans une phase de transition.» Celle qui est à la fois prési- dente et directrice de l’association occupe l’équivalent d’un poste à 90%. «Comme bien d’autres associations, nous avons eu de la peine ces dernières années à recruter des membres pour le comité. Une profes- sionnalisation devrait améliorer la situa- tion.» Du point de vue juridique, Chirosuisse est une association. Elle fédère des associa- tions régionales qui sont relativement autonomes et ont leurs propres statuts. Elles organisent des cercles de qualité, favorisent les contacts confraternels, re- laient les communications du comité aux membres et font remonter les souhaits de la base vers la tête de l’association faî- tière. Les deux assemblées générales an- nuelles, les messages de la présidente, les infolettres, le site Web et une page Face- book permettent également de faire cir- culer l’information. Les inconvénients d’une petite profession Chirosuisse est la plus petite organisation des professions médicales universitaires. La présidente regrette d’ailleurs que l’as- sociation fasse souvent partie des laissés- pour-compte, notamment lors des révi- La formation des futurs chiropraticiens associe cursus universitaire et acquisition des aptitudes sions des textes de loi. «Nous nous bat- manuelles. (Photo: Fotolia) tons régulièrement pour que la législation tienne raisonnablement compte de la médecine chiropratique.» sur la communication. L’objectif est suisse, de façon à décharger les médecins Auprès de la population également, la d’envoyer une infolettre mensuelle aux de famille. Du côté de Chirosuisse, nous chiropratique jouit d’une moindre consi- médias. La devise de Priska Haueter et sommes convaincus que les professions dération que les autres professions médi- de son équipe pourrait être «petit à petit, médicales et de la santé doivent s’ouvrir cales. C’est pourquoi l’association mise l’oiseau fait son nid». Parmi les brindilles pour se rapprocher, dans l’intérêt des qui viennent consolider ce nid, la Jour- patients.» née du dos est, depuis plus de dix ans, Chirosuisse soigne ses contacts, aussi bien l’une des plus importantes brindilles qui avec les milieux politiques qu’avec les Des patients dévoués viennent consolider ce nid. Chaque an- autres professions médicales. «Bien sûr, née, durant un samedi d’automne, cette certains médecins n’ont aucune idée du Jusque dans les années 30, l’exercice action permet aux enfants et aux adoles- travail et de la formation des chiroprati- de la chiropratique était illégal en cents de faire contrôler leurs dos gratui- ciens. Mais depuis ces dernières années, Suisse. Certains précurseurs ont même tement. Plus de 1000 jeunes profitent de leur perception s’est améliorée du fait été emprisonnés. La situation s’est cette occasion. des trois premières années d’études com- notablement améliorée lorsque des munes. Les deux groupes professionnels patients de chiropraticiens ont publi- Ne pas concurrencer les médecins de famille ne se considèrent pas comme des concur- quement protesté et manifesté pour L’interprofessionnalité et un autre sujet rents. La plupart de nos membres colla- que la profession soit reconnue. Grâce qui mobilise l’association. Priska Haueter borent d’ailleurs étroitement avec des à ce mouvement, la chiropratique a été explique: «Chirosuisse est un nouveau médecins de famille.» légalisée, d’abord dans quelques can- membre de la plateforme interprofession- tons, puis, plus tard, dans toute la nalité qui regroupe différentes associa- www.chirosuisse.ch Suisse; en 1964, elle a été reconnue tions professionnelles des domaines mé- dans la loi sur l’assurance en cas de dicaux et de la santé. Ce projet n’en est Depuis 2015, des représentants des profes- maladie et d’accidents. L’association qu’à ses débuts. Nous souhaitons que les sions médicales universitaires se retrouvent de patients indépendante Pro Chiro- chiropraticiens soient intégrés dans ce régulièrement pour une «table ronde» dont pratique, qui compte aujourd’hui envi- groupe en tant que médecins de premier le but est de donner plus de poids politique ron 10 000 membres, est née en 1957 recours pour l’appareil locomoteur. Nous à leurs intérêts communs et de se soutenir de cette vague de protestation. voulons et nous pouvons assumer cette réciproquement. Le SDJ présente de temps responsabilité dans le système de santé à autre les autres associations participantes. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
456 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE NOUVELLES DES UNIVERSITÉS L’ouverture de la nouvelle Clinique univer- Attendue depuis sitaire de médecine dentaire de Genève 25 ans donne un nouvel élan au centre de forma- tion de médecine dentaire de Suisse ro- mande. Etudiants, enseignants et visiteurs sont ravis de cette nouvelle infrastructure. Texte: Andrea Renggli, rédactrice SDJ; photos: Andrea Renggli, màd Depuis 25 ans, la Clinique universitaire à la cérémonie. Il tenait également à Un bel aperçu de la médecine dentaire de médecine dentaire de l’Université cœur aux organisateurs que les habitants d’aujourd’hui de Genève (CUMD) occupait des locaux de la ville de Genève puissent prendre C’est donc par un après-midi printanier provisoires. On peut donc imaginer la part à cet événement. Prodiguer des de mars que la CUMD a ouvert ses portes joie des étudiants et des enseignants soins dentaires aux patients est, après au public. Ce dernier a montré un intérêt lorsqu’en septembre dernier, le démé- tout, un pilier important de la CUMD, très marqué. Divers domaines de la mé- nagement dans le nouveau bâtiment du au même titre que la formation de base, decine dentaire étaient présentés sur des Centre médical universitaire (CMU) a la formation postgrade et la recherche. stands, au moyen d’affiches et d’ateliers. enfin eu lieu. La CUMD a été officielle- «Près de 10 000 patients par année Les visiteurs ont pu poser leurs ques- ment inaugurée mi-mars. Des représen- viennent se faire soigner ici à des tarifs tions tout en découvrant les nouvelles tants du canton, de la ville de Genève avantageux», explique le Prof. Ivo Krejci, unités de soins et bénéficier d’explica- ainsi que de l’Université ont été conviés président de la CUMD. tions sur les nouveaux instruments. Au La traditionnelle coupure de ruban lors de l’inauguration de la Clinique dentaire. De gauche à droite: Bertrand Levraz, directeur de l’Hôpital universitaire de Genève, Henri Bounameaux, doyen de la Faculté de médecine, Ivo Krejci, président de la CUMD, Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève, et Mauro Poggia, conseiller d’Etat, chef du Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé du canton de Genève SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 457 Photos en haut et au centre: Lors de l’inaugura- tion, les visiteurs ont eu la possibilité de se mettre dans la peau d’un médecin-dentiste. Photo en bas: Le président et le vice-président de la SSO: Beat Wäckerle (à gauche) et Olivier Marmy deuxième étage, ils ont eu l’occasion de se glisser dans la peau d’un médecin- dentiste et de simuler des soins sur une tête de mannequin à l’aide d’instru- ments dentaires. Les visiteurs ont été surpris des possibilités qu’offre la méde- cine dentaire numérique, ont eu le loisir d’observer par-dessus l’épaule le méca- nicien-dentiste à l’œuvre et ont pu res- sentir leur corps se fragiliser sous l’effet de la vieillesse. La recherche du CUMD avait, elle aussi, sa vitrine. Etudiants, assistants et enseignants se sont fait un plaisir d’informer les visiteurs et de par- ler avec enthousiasme de l’équipement moderne et des vastes espaces de travail lumineux. Prof. Yves Flückiger, recteur de l’Univer- sité de Genève, s’est félicité de l’excellent 23e rang occupé par la CUMD dans le QS World University Ranking 2018. C’est la pre- mière fois que l’Université de Genève figure dans le top 50 de ce palmarès mon- dial des universités de médecine dentaire. Il en est convaincu, «cette nouvelle in- frastructure va améliorer la qualité de la formation en médecine dentaire et de la recherche à l’Université de Genève». Un symbole pour le rôle de la santé bucco- dentaire L’extension du CMU est l’un des projets de construction les plus laborieux que les Genevois ont connu. 60 ans se sont écou- lés depuis le premier appel d’offres en La CUMD en chiffres – 11 000 mètres carrés dédiés à l’enseignement, aux soins et à la recherche – 8000 à 10 0000 patients soignés chaque année – 240 étudiants suivant une formation de base ou une formation postgrade – 120 enseignants et chercheurs – 90 cabinets dentaires pour accueillir autant de patients en même temps – 80 collaborateurs dans les domaines de l’administration, de la technique ou autres SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
458 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE Des étudiants et des assistants présentent les possibilités qu’offre la médecine dentaire moderne. Le cadeau de la SSO à l’occasion de l’inauguration de la CUMD: un profilomètre sans contact 1958. Tandis que les médecins généra- médecine humaine et les sciences phar- ment, chaque franc a été dépensé de ma- listes travaillent depuis 1982 déjà dans les maceutiques et d’une infrastructure nière réfléchie. A ce titre, Mauro Poggia locaux du CMU, les médecins-dentistes moderne. cite comme exemple les fauteuils de ont dû patienter plus longtemps. Avec «Cette clinique est un symbole du rôle soins, qui ont pu être essayés maintes fois l’ouverture de la CUMD, la Faculté de essentiel que joue la santé bucco-den- par les praticiens et par les patients avant médecine de Genève réunit à nouveau taire dans la société», affirme Mauro qu’une décision soit prise. Il ajoute en toutes ses entités sous un même toit et les Poggia, conseiller d’Etat du canton de souriant: «Je suis certain que beaucoup médecins-dentistes peuvent à la fois jouir Genève. Il souligne que, sur les 60 mil- de médecins-dentistes vont nous envier d’une proximité géographique avec la lions qu’a coûté la construction du bâti- notre clinique.» Entretien … … avec le Prof. Ivo Krejci, président de la Clinique de médecine dentaire de l’Université de Genève (CUMD) Professeur Ivo Krejci, quelle signification a ce nouveau bâtiment pour la médecine dentaire à l’Université de Genève? Le bâtiment a une immense signification. L’ancien était provisoire et les équipements n’étaient pas toujours suffisants. Grâce à la nouvelle infrastructure, nous pouvons enfin travailler en tirant parti de tous les avantages de la médecine dentaire moderne. Est-ce que ce bâtiment a pu être réalisé comme prévu? Initialement, les deux derniers étages devaient être construits successivement. Finalement, les autorités du canton de Genève ont décidé de les terminer en même temps. Cela a per- mis de rattraper le retard. De plus, nous avons pu mieux organiser le déménagement. Quand le déménagement a-t-il eu lieu? Nous avons déménagé toute la CUMD en une seule semaine, début septembre. Les cours recommençaient mi-septembre pour les étudiants et tout devait être opérationnel à cette date. C’était un vrai défi. Qu’est-ce qui va changer pour les patients? Nous pouvons soigner plus de patients, car nous accueillons 30 nouveaux étudiants chaque année au lieu de 15 à 20 précédemment. Par ailleurs, notre équipement est maintenant à la pointe de la technologie. Nous offrons des soins de haute qualité. Et dans quelle mesure les chercheurs profitent-ils du nouveau centre? Nous disposons de plus de place pour la recherche. En outre, dans le cadre du déménagement, nous avons investi dans l’infrastruc- ture, mais aussi dans les nouveaux outils, par exemple dans de nouveaux microscopes, un simulateur de mastication ou de nouvelles imprimantes 3D. Parallèlement, le domaine de la recherche a été réorganisé. Les équipements de recherche n’appartiennent plus directement à un service, mais sont à la disposition de tous, ce qui signifie que les projets pourront de plus en plus être menés conjointement par différentes équipes. Cela ouvre de nouvelles perspectives à la recherche. SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 459 Le Prof. Anselm Wiskott a pris sa retraite Retraite: académique en automne. Il a marqué Anselm Wiskott la médecine dentaire de Genève pendant 33 années. Texte: Prof. Dr Susanne Scherrer; photo: màd Le 1er octobre 2017, Anselm Wiskott, Prof. associé a pris sa re- biologiste, Dr Stéphane Durual, dès 2007 pour compléter la pe- traite académique de la Clinique universitaire de médecine tite équipe de recherche sur place comprenant Dr Maria Cattani- dentaire (CUMD) après avoir rendu de très bons et loyaux ser- Lorente (chimiste) et Dr Susanne Scherrer (médecin-dentiste). vices durant 33 ans au sein de la Division de prothèse fixe et L’arrivée du Dr Durual ouvrira tout un axe de recherche sur les biomatériaux. Son travail colossal accompli durant toute une coatings de biosurfaces, sur les scaffolds osseux biorésorbables carrière a non seulement marqué toute une génération de mé- ainsi que les cinétiques cellulaires et osseuses. decins-dentistes formés à Genève, mais également grande- ment contribué à la formation des spécialistes de la médecine dentaire reconstructive (SSRD). Son parcours impressionnant ne se résume pas en une page de journal, mais tous ceux qui le connaissent et l’ont côtoyé vont lui reconnaître une capacité de savoir et clairvoyance hors-pair, du leadership et un dyna- misme perpétuel. Carrière Dr Wiskott a obtenu son diplôme de médecin-dentiste (1977), son doctorat (1980) et privat-docent (1998) à l’Université de Genève. Après des années d’activité de cabinet privé de ville, il est allé se spécialiser aux Etats-Unis et obtient respectivement un MAS en parodontie (1982) de l’Université de Michigan à Ann Arbor et un MAS en prothèse fixe de l’Université de Washington à Seattle (1989). Il obtiendra son titre de spécialiste SSRD en 1999. Dr Wiskott aime ce milieu académique et sera engagé en 1984 par Prof. Belser, chef de la prothèse fixe. Avec sa double forma- tion de spécialisation paro-profi, Dr Wiskott marquera l’ensei- gnement, la clinique et la recherche. Il dirigera le programme Anselm Wiskott et son épouse Yolande de formation de spécialistes en prothèse fixe (SSRD), supervi- sera les cliniques pré- et postgraduées et sera responsable de la formation continue durant huit ans. Il assumera de multiples Dr Wiskott est nommé professeur associé en 2012 et assumera fonctions dirigeantes au sein de commissions professionnelles la fonction de directeur du Département de réhabilitation orale de la SSO, SSRD et des examens fédéraux. (DROF) de 2014 jusqu’en 2017. Il aura été un pilier majeur dans le comité de pilotage mis en place en 2013 dans le cadre du dé- Recherche ménagement et de la création d’une nouvelle clinique de méde- Sa passion du savoir l’amènera naturellement à la recherche, cine dentaire au CMU en septembre 2017. une discipline dans laquelle il excellera. Sur ces dernières 20 an- Anselm est une personne brillante et généreuse, au caractère nées, ses fonds de recherche auront dépassé les 3 millions avec bien trempé, qui aura marqué la médecine dentaire de Genève la collaboration de partenaires de haut niveau tels que l’EPFL, durant 33 années. Il continuera de donner encore de son savoir- les HES-SO et HES-Arc. Il supervisera douze doctorants formés faire et expertise ces prochaines années pour l’Office fédérale à l’Université de Genève. de la santé publique dans le cadre des examens fédéraux. Je fais Dans un premier temps, sa recherche est orientée dans le do- partie des personnes heureuses qui ont pu s’épanouir dans cette maine de la résistance en fatigue de structures et matériaux université à ses côtés et profiter de son savoir. Le Département prothétiques ainsi que dans le comportement de biostructures de réhabilitation orale (Prof. Frauke Müller, Prof. Irena Sailer, soumises à des charges mécaniques. Après sa nomination en Prof. Stavros Kiliaridis, Prof. Susanne Scherrer) le remercie cha- 2005 comme responsable de l’Unité des biomatériaux au sein leureusement pour son travail colossal accompli qui a grande- de la Division de prothèse fixe, Dr Wiskott est convaincu que ment contribué au rayonnement de notre université et lui sou- la recherche du futur sera dans la médecine dentaire régénéra- haite une excellente retraite. trice, la bio-ingénierie et les imprimantes 3D. Il engagera un Ad multos annos, Anselm! SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
460 L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE Genève: Le meilleur poster scientifique Le prix du meilleur poster scientifique du of trueness de Nicole Kalberer, Albert Mehl, biocompatibilité, la stabilité, le maintien cli- 2e Symposium international de gérodonto- Frauke Müller, Murali Srinivasan. nique, les aspects hygiéniques ainsi que la logie, le 9 mars à Berne, a été discerné à Cette étude a mis en évidence la véracité satisfaction des patients avec ces nouvelles Nicole Kalberer, collaboratrice d’enseigne- des prothèses confectionnées par fraisage prothèses. ment et de recherche de la Division de en comparaison avec celles réalisées par gérodontologie et prothèse adjointe de la impression 3D. Malgré les différences signi- Bravo Nicole pour ce prix et pour cette Clinique universitaire de médecine dentaire ficatives en faveur de la technique par frai- première étude sur le «rapid prototyping» de Genève, pour son travail: CAD/CAM milled sage, l’impression 3D a montré une préci- en prothèse amovible! versus rapidly-prototyped (3D-Printed) sion qui semble cliniquement acceptable. complete dentures: an in vitro evaluation Plus de recherche est nécessaire sur la Texte et photos: Prof. Dr Frauke Müller De gauche à droite: Dr Murali Srinivasan (senior author), Dr Serge Borgis (jury du Prix), Nicole Kalberer Nicole Kalberer devant son poster (lauréate) et Dr Willy Baumgartner (Président de la SSGS et jury du Prix) Berne: habilitation de Dr Nikolaos Gkantidis En février 2018, l’Université de Berne a Le Dr Gkantidis s’intéresse dans sa recherche accordé au Dr Nikolaos Gkantidis le venia spécifique aux nouvelles possibilités d’ima- docendi en orthodontie. Le Dr Gkantidis tra- gerie digitale 3D s’appliquant à l’orthodon- vaille depuis le 1er septembre 2014 à la cli- tie, comme la photographie 3D du visage, nique d’orthodontie de l’Université de Berne l’empreinte dentaire 3D et la tomographie en tant que chef de clinique dans les soins volumique numérisée. En outre, il travaille aux patients, la recherche, mais aussi au développement de méthodes de super- comme chargé de cours et superviseur du position d’images 3D, afin d’évaluer chez un programme de Master MAS Ortho Unibe. patient les changements individuels faisant Le Dr Gkantidis a accompli sa formation en suite à un traitement, à la croissance ou à médecine dentaire à l’Université de Thessa- un phénomène pathologique. loniki et sa spécialisation, respectivement un Master en orthodontie, à l’Université Nous félicitons de tout cœur le PD Dr Niko- d’Athènes. Dans cette dernière, il a travaillé laos Gkantidis pour son habilitation, lui sou- par la suite comme collaborateur de re- haitons beaucoup de succès pour l’avenir cherche. Sous la direction du Prof. Matthias et nous réjouissons de sa collaboration Chiquet, il a effectué son travail de doctorat ultérieure. dans le laboratoire de biologie moléculaire orale de la clinique d’orthodontie de Berne. Texte: Prof. Dr Christos Katsaros; photo: màd SWISS DENTAL JOURNAL SSO VOL 128 5 2018 P
L’ACTUALITÉ EN MÉDECINE DENTAIRE 461 Depuis le 1er novembre 2017, le professeur «La Suisse est Hendrik Meyer-Lückel est directeur de la un endroit où Clinique de médecine dentaire restaura- trice, préventive et pédiatrique de l’Uni- il fait bon vivre» versité de Berne. Il succède au professeur Adrian Lussi. Dans l’interview qui suit, il nous présente ses projets pour l’avenir. Entretien: Andrea Renggli, rédactrice SDJ; photo: màd Professeur Hendrik Meyer-Lückel, avez- La Suisse a toujours été un endroit où il bouche qu’il y a 30 ans. Une certaine vous reçu quelques conseils de votre prédé- fait bon vivre, en particulier dans les pé- récession de la gencive et du parodonte cesseur, le professeur Adrian Lussi, avant riodes difficiles. La décision de venir ici au cours de la vie étant toutefois cou- qu’il vous remette la direction de la clinique? a donc été facile, pour ma famille comme rante, nous constatons ces dernières Le Prof. Lussi a effectivement organisé pour moi. De plus, la ZMK est très loin années plus de caries radiculaires des une remise des clés symbolique lors du devant dans les classements internatio- collets dentaires mis à nu. Dans la ré- repas de Noël de notre clinique, ce qui naux, voire figure parmi les premiers gion proximale, ces caries radiculaires m’a fait très plaisir. Nous pensons tous mondiaux en termes quantitatifs (fré- constituent un problème grave quand deux que l’enseignement est le pilier quence de citation et nombre de publica- elles ne sont pas détectées ni traitées à essentiel de l’activité d’un professeur tions originales). L’invitation à prendre la temps. Il faudrait cependant disposer d’université. Il représente le lien, pour direction de la ZMK représente donc aussi pour cela d’outils de diagnostic, de pré- ainsi dire, entre le porte-clés (les ser- une distinction des travaux scientifiques vention et thérapeutiques qui sont, en vices) et la clé (la recherche). D’une ma- que j’ai réalisés avec mes groupes de tra- partie, encore à développer et surtout à nière générale, je dois d’abord me fami- vail. évaluer. Je pense que notre équipe de liariser encore davantage avec le système recherche dispose d’une large expertise de la médecine dentaire en Suisse. Mes Sur quoi comptez-vous mettre l’accent dans les domaines concernés de la près de six années comme directeur de dans le domaine de la recherche? médecine dentaire restauratrice et clinique à Aix-la-Chapelle ainsi que mes La ZMK a, depuis de nombreuses années préventive, mais aussi en endodontie. activités de médecin-dentiste assistant à déjà, un excellent profil de recherche, La création d’une chaire de médecine Giessen et de chef de clinique dans di- établi par mon prédécesseur. Je me ré- dentaire préventive et d’épidémiologie verses cliniques dentaires à Berlin et Kiel jouis que le professeur Lussi poursuive orale permettra également de mettre me seront bien utiles pour relever le défi. dans les années à venir son engagement l’accent sur la recherche de mesures de dans la recherche sur l’érosion et sur la prévention des pathologies orales pour Qu’est-ce qui vous attire dans la direction salive. En raison de l’excellente préven- certains groupes de population. Grâce de la Clinique de médecine dentaire restau- tion de la carie, mais aussi de la paro- au deuxième cursus de formation que ratrice, préventive et pédiatrique de l’Uni- dontite, surtout en Suisse, les personnes j’ai suivi en santé publique, la personne versité de Berne (ZMK)? âgées ont encore bien plus de dents en qui prendra ce poste et moi-même L’infiltration de la carie La technique de l’infiltration de la carie a été développée il y a une dizaine d’années à l’Hôpital Charité à Berlin par les Prof. Sebastian Paris et Hendrik Meyer-Lückel. Elle a été introduite en médecine dentaire en 2009 sous le nom commercial Icon®. Il s’agit d’appli- quer, après élimination partielle de la couche de surface d’une carie par attaque chimique avec de l’acide chlorhydrique à 15%, une résine très fluide qui pénètre dans le corps de la lésion poreuse pour y être photopolymérisée. Cette barrière de diffusion empêche alors la carie de progresser et améliore également son aspect esthétique, en réduisant la réfraction de la lumière. L’infiltration de la carie représente de nos jours un élément important de l’éventail des possibilités thérapeutiques d’une pratique dentaire préventive, tant pour les dents de lait que pour la denture permanente. D’une part, des lésions carieuses proximales avec une extension radio- graphique autour de la frontière émail-dentine peuvent être arrêtées. D’autre part, l’infiltration permet de masquer des caries (mais aussi des fluoroses) présentes dans la zone visible et esthétiquement gênantes. Pour les inventeurs, l’infiltration de la carie est la méthode de choix, en comparaison avec une obturation, en cas de lésion carieuse proximale non avivée progressive. En effet, le «taux de survie» à cinq ans d’une lésion infiltrée est, avec une valeur de 90%, similaire à celui des remplissages de classe II, pour- tant beaucoup plus invasifs. 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