Éditorial : un siècle d'hispanisme (1920-2020) - OpenEdition ...
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Mélanges de la Casa de Velázquez Nouvelle série 50-1 | 2020 Genre, sexualités et démocratie Éditorial Éditorial : un siècle d’hispanisme (1920-2020) Michel Bertrand Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/mcv/12122 ISSN : 2173-1306 Éditeur Casa de Velázquez Édition imprimée Date de publication : 15 avril 2020 Pagination : 7-12 ISBN : 978-84-9096-310-4 ISSN : 0076-230X Référence électronique Michel Bertrand, « Éditorial : un siècle d’hispanisme (1920-2020) », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 50-1 | 2020, mis en ligne le 06 mars 2020, consulté le 11 mars 2020. URL : http:// journals.openedition.org/mcv/12122 La revue Mélanges de la Casa de Velázquez est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Éditorial Un siècle d’hispanisme (1920-2020) L’année 2020 voit coïncider — en partie par la grâce du hasard — deux dates 7 anniversaires significatives de l’histoire de la Casa de Velázquez. Remontons le temps. En 1965, à l’initiative du directeur d’alors, Henri Terrasse, naissait la revue des Mélanges de la Casa de Velázquez. Comme l’écrivait ce même Henri Terrasse dans son avant-propos au premier numéro, la revue ne se fixait que peu d’ambitions si ce n’est une, clairement revendiquée : Maintenant que notre maison a atteint son plein développement (après la réouverture de 1959), il m’a semblé qu’elle pouvait demander aux chercheurs qui vivent sous son toit, ainsi qu’à ses anciens, de lui donner quelques-uns de leurs travaux, prémices de leurs recherches ou témoignage de leur fidélité. Ainsi les hispanisants de tous pays apprécieront mieux ce que la Casa apporte à la connaissance du monde ibérique1. Cinquante numéros plus tard, la revue franchit un cap symbolique qui témoigne de son installation dans son champ scientifique. Après bien des évo- lutions dans la conception même d’une revue qui s’est profondément trans- formée pour gagner en cohérence, en visibilité et en légitimité scientifiques, l’objectif reste fondamentalement le même. Comme le précise le texte actuel de positionnement scientifique de la revue, outre le fait que le vivier des auteurs se soit largement amplifié et surtout internationalisé, celle-ci couvre un large éventail de champs disciplinaires (histoire, archéologie, littérature, géographie, sociologie, anthropologie…) et présente[nt] des résultats de recherche inédits sur la péninsule Ibérique, le Maghreb et l’espace atlantique ibérique, suivant des critères scienti- fiques rigoureux. […] Tant l’espace africain que l’espace atlantique sont abordés, non pas pour eux-mêmes, mais par le biais des liens 1 Souligné par nos soins. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
numéro 50 un siècle d’hispanisme séculaires qu’ils ont tissés avec la péninsule Ibérique. […] Dans les dossiers thématiques et articles de Miscellanées, les approches diachroniques, multiscalaires et interdisciplinaires sont favorisées, dans le sens où elles permettent l’exploration de voies inédites, la mise en avant de dynamiques nouvelles et le croisement de diffé- rentes approches. En un demi-siècle, les Mélanges de la Casa de Velázquez sont venus s’ajouter aux revues, plus anciennes et vénérables pour certaines, qui ont contribué à l’affirmation de l’hispanisme dans le monde académique français à compter de la fin du xixe siècle. À une différence près cependant : alors que Henri Terrasse s’adressait aux « hispanisants », les Mélanges sont devenus la revue de tous ceux, indépendamment de leur discipline universitaire inscrite dans le champ des sciences sociales, qui peuvent légitimement se considérer comme « hispanistes », « lusistes » ou encore « américanistes » du fait de l’inscription de leur objet de recherche dans ces « aires culturelles ». Les Mélanges sont 8 donc une revue qui s’assume pleinement comme pluridisciplinaire et dont les indices actuels de classement, tant en Espagne qu’en France, confirment la place qui est la sienne désormais pour les recherches menées sur les mondes ibériques et ibéro-américains pour lesquelles elle est incontestablement l’une des revues de référence. Précisément, c’est à ce lent processus de structuration de cette spécialité universitaire regroupant initialement ceux qui l’on qualifie d’« hispanisants2 » avant d’adopter plus tard le qualificatif d’« hispanistes » — et que longtemps la tradition avait réduit, sans doute abusivement, aux seuls spécialistes de la langue espagnole — que renvoie la seconde date sur laquelle nous souhaitons maintenant nous arrêter : 1920, année de signature du décret de création de la Casa de Velázquez suivi peu après par la pose de la première pierre. Même si cette création ne se concrétise effectivement qu’en 1928 avec l’accueil de la première promotion de pensionnaires, 1920 constitue en quelque sorte l’acte de naissance de la cinquième et dernière-née des Écoles françaises à l’étranger. À ce titre, il nous a semblé, avec la commission du Centenaire mise en place dès 2017 sous la présidence de notre collègue Pierre Civil, que le moment pouvait opportunément servir à engager une réflexion sur les conditions, les orienta- tions successives et le déploiement qui ont accompagné la structuration d’une spécialité universitaire au départ philologique pour couvrir, un siècle plus tard, tout le champ des sciences humaines et sociales. La création à Madrid — sur le modèle des Écoles françaises conçu au milieu du xixe siècle pour celles d’Athènes ou de Rome — d’une École à vocation délibérément ibérique venait couronner le processus de légitimation d’une nouvelle spécialité universitaire initiée en 1886 avec l’installation d’une pre- mière chaire française d’Études hispaniques dans la faculté des Lettres de 2 Comme en témoigne notamment la correspondance de Pierre Paris avec ou à propos de ceux qu’il qualifie ainsi. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
éditorial l’université de Toulouse3. Son premier titulaire n’est autre qu’Ernest Mérimée, lui-même fondateur d’une lignée d’hispanistes, qui aura par la suite des liens étroits avec la Casa de Velázquez. Dans la foulée de cette première création, la nouvelle spécialité s’enracine dans l’université française. En 1894-1895 un « certificat d’aptitude en espagnol » est créé, que seule Toulouse, dans un premier temps, est habilitée à délivrer dans le cadre optionnel d’une licence de Lettres. Entre 1898 et 1901, l’habilitation s’étend aux universités de Bor- deaux puis de Montpellier et enfin de Paris où, en 1906, est créée une chaire d’Espagnol dans la faculté des Lettres. Dans le même temps, l’avance prise par Toulouse sur ses concurrentes méridionales et la reconnaissance dont elle jouit dans cette nouvelle spécialité sont indéniables : en juillet 1900, quand se tient à Paris la première session de l’agrégation d’espagnol, le toulousain Mérimée est toujours l’unique professeur d’Études hispaniques de l’univer- sité française parmi les membres du jury. Cependant, grâce au concours, et malgré la faiblesse du nombre de postes offerts, l’agrégation vient donner une forte impulsion à l’enseignement de la langue espagnole, dans l’enseignement 9 secondaire comme à l’université. Cette première étape, proprement institutionnelle et strictement universi- taire, s’accompagne de la création de deux premières revues à vocation his- panisante. Dès 1894, à l’initiative de Raymond Foulché-Delbosc, son premier directeur, est fondée à Paris la Revue hispanique. Cinq ans plus tard, Ernest Mérimée est parmi les fondateurs et membres de la direction collégiale du Bulletin hispanique, publié dans le cadre des Annales de la Faculté des Lettres de Bordeaux et des Universités du Midi. Associant les trois universités méri- dionales — Toulouse, Montpellier et Bordeaux —, ce bulletin invitait dans son premier numéro « à mettre fin, du côté français, aux préjugés injurieux et à la commode ignorance [envers l’Espagne] ». Ainsi, entre les années 1880 et les années 1900, se mettent en place en France deux pôles de l’hispanisme, l’un parisien et l’autre méridional, de plus en plus visibles et qui, après s’être combattus, choisissent longtemps de s’ignorer. Et c’est dans ce contexte que, dans les années 1910, Pierre Paris, alors professeur d’Archéologie à la faculté des Lettres de Bordeaux lance, depuis son université, ses premières initiatives qui débouchent en 1920 sur la création de la Casa de Velázquez. Ce bref rappel des grandes étapes qui, en une cinquantaine d’années à che- val sur deux siècles, ont installé l’« hispanisme » — dans son acception la plus large — dans le paysage universitaire français montre l’intérêt à se pencher sur une histoire dans laquelle la Casa occupe une place bien particulière : à la fois probablement l’un de ses fruits parmi les plus prestigieux, promu aujourd’hui au rang d’acteur incontournable. Dans cette réflexion à laquelle nous invitons 3 En réalité, dès 1879 avait été créée à l’École supérieure des Lettres d’Alger une première chaire d’Études hispaniques occupée par Alfred Paul Victor Morel-Fatio. Voir le curriculum vitae de Marcel Bataillon, p. 75 de ce dossier. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
numéro 50 un siècle d’hispanisme autour de la genèse et du développement de cette École française à l’étranger, loin de nous l’idée d’une célébration, ou encore moins celle de l’ébauche d’un quelconque bilan, à la pertinence l’un comme l’autre probablement discutable. Par le choix d’une perspective de nature historiographique et épistémologique, le propos est plutôt de s’essayer à dessiner les lignes de force de l’« hispanisme » d’aujourd’hui dans toutes ses diversités — thématiques, géographiques comme disciplinaires —, ses héritages et, bien sûr, ses perspectives d’avenir. À l’image d’un Pierre Paris, qui se revendique archéologue du monde ibérique bien que non-hispanisant, on ne peut s’empêcher de penser que ce sont ces croisements disciplinaires, tant en termes de méthodes et de questionnements que de résul- tats, qui ont contribué aux principales avancées dont l’« hispanisme » a été le vecteur4. À compter de l’année 2020, les programmes de la Casa de Velázquez octroieront ainsi une place significative à diverses activités et manifestations qui auront notamment comme finalité de répondre à cet objectif ambitieux qui n’est autre qu’une invitation faite à tous ceux dont l’objet d’étude renvoie 10 à cette aire culturelle péninsulaire et à ses prolongements américains à réflé- chir au processus séculaire de sa construction et de son insertion dans leurs disciplines respectives. Ce n’est pas le lieu ici de détailler l’ensemble des projets qui, dès à présent, ont été lancés et sont appelés à être menés et concrétisés au long des années à venir. Précisons simplement les principales orientations que prendront les réalisations liées à cette commémoration. Comme pour le centenaire de la présence des archéologues français, autour de Pierre Paris, sur le site de Baelo Claudia, un site Internet a été conçu spécifiquement pour accompagner et diffuser les résultats des opérations menées. Ce site sera lancé le 20 mai 2020, date anniversaire de la pose de la première pierre de l’école récemment fon- dée. Il accueillera des publications et supports divers, tous en rapport avec le centenaire, à commencer par la mise en ligne du livre Memoria gráfica, complété par Jean-Marc Delaunay pour atteindre le centenaire. Par ailleurs, un Abécédaire de la Casa de Velázquez, conçu dans l’esprit de celui imaginé par Gilles Deleuze, sera également déposé sur le site. Construit autour de mots-clefs synthétisant les principaux apports intellectuels et artistiques des recherches menées à ou en lien avec la Casa de Velázquez, cet Abécédaire prétend dessiner une géographie aussi large que possible de l’hispanisme à partir de textes et d’entretiens réalisés avec des chercheurs provenant de tous horizons, disciplinaires comme géographiques, et ayant contribué de façon décisive à des débats collectifs autour de notions majeures et transversales en lien avec les recherches menées dans l’institution. Dans la perspective d’une réflexion sur la construction séculaire d’un objet ou d’un champ d’étude, la concordance de la date du centenaire et la sortie du numéro 50 de la revue Mélanges de la Casa de Velázquez nous a semblé une 4 Voir notamment à ce propos la correspondance de Pierre Paris avec Emil Hübner ou encore François Dumas. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
éditorial bonne opportunité pour lancer symboliquement cette décennie commémo- rative. Dans ce premier dossier anniversaire, nous proposons au lecteur trois textes qui illustrent quelques-uns des traits qui ont contribué à l’affirmation de l’« hispanisme » dans le monde universitaire. Le premier se propose de réfléchir précisément à la définition du terme. À quoi cette notion d’« his- panisme » renvoie-t-elle dans le monde académique ? Que recouvre-t-elle ? Comment se décline-t-elle, en France d’abord, mais aussi hors de l’hexagone ? On peut d’ailleurs formuler le souhait que cette première contribution per- mette d’engager une réflexion — et des débats ? — sur cette catégorie et ses usages. Un second texte concerne une réflexion critique sur le rôle joué par les revues dans cette construction de l’« hispanisme », phénomène qu’une thèse récente s’est attachée à mesurer et analyser. Enfin, un dernier texte donne la parole à celui qui reste l’un des plus grands hispanistes français, Marcel Bataillon, qui plus est accueilli au sein de l’EHEHI en 1920. Philologue reven- diqué, comme en témoigne la présentation de sa méthode de travail lors de sa leçon inaugurale au Collège de France, c’est à une connaissance de l’his- 11 panité appréhendée comme une civilisation qu’il prétend. En ce sens, son passage de l’espace péninsulaire aux territoires américains est inscrit dans la logique d’une réflexion qui se veut totalisante. Nous inscrivant dans cette même approche globale de l’« hispanisme » qui convoque tout le champ des sciences humaines et sociales, ce sont les premiers pas de l’hispaniste Marcel Bataillon au Mexique que nous proposons au lecteur de découvrir en publiant un ensemble de documents relatifs à cette première mission outre-atlantique, dont le texte — resté inédit dans sa version française — de sa conférence prononcée au Colegio de México qui l’accueillit à cette occasion5. À cette date, « pour la plupart des hispanistes français, l’Amérique est alors une zone mineure où l’on peut certes se faire entendre, mais non pas des pays où il serait important de dialoguer d’égal à égal6 ». Tel n’est pas le sentiment de Marcel Bataillon pour qui, selon son fils Claude, ce voyage constitua non seulement une bouffée d’oxygène mais aussi un plaisir et un espoir de nouvelles perspec- tives de dialogues et de collaborations avec des « intellectuels attentifs à ses recherches sur le monde religieux et littéraire de l’Espagne du xvie siècle7 ». Au moment de conclure cette introduction qui ouvre la période de com- mémoration de notre création, tournons-nous vers le futur dans lequel la revue restera, n’en doutons pas, l’un des principaux instruments de diffusion de nos activités scientifiques. Depuis la fin de l’année passée, la revue est entrée dans une nouvelle étape de son histoire éditoriale par le recours au 5 Ce premier voyage outre-Atlantique a fait l’objet d’une première étude par son fils Claude Bataillon, publiée en 2006 dans le n° 87 de Caravelle, pp. 159-193, sous le titre « Un hispa- niste découvre le nouveau Monde : Marcel Bataillon en 1948 ». Il y réunit la correspondance adressée par Marcel Bataillon à son épouse au long de ce séjour complétée de ses notes rédi- gées dans une sorte de carnet de voyage. 6 Claude Bataillon, introduction au dossier (ibid., p. 159). 7 Ibid., p. 160. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
numéro 50 un siècle d’hispanisme POD. C’est là une discrète mais profonde « révolution », occasion de lancer son nouvel habillage graphique : plus moderne, plus dynamique, il s’adapte aux contraintes de l’impression à la demande. Cette dernière permet ainsi à la revue d’être toujours éventuellement disponible sur papier tout en se doublant d’une version numérique en libre accès sur OpenEdition. L’enjeu est simple mais non moins essentiel pour son avenir : lui offrir la possibilité d’une présence accrue, physique et en ligne, afin d’élargir toujours plus sa visibilité au service de la diffusion des résultats de nos recherches sans pour autant remettre en cause sa pérennité ni l’accessibilité à l’ensemble de la col- lection. Cette évolution technologique, aujourd’hui menée à bien, en prépare probablement d’autres, plus radicales encore, dont tout spécialement l’adop- tion de nouveaux supports qui accorderont une place aux formats audio ou vidéo dans le cadre de publications dites « complexes » ou « hybrides ». C’est dans cet esprit que la rubrique « Débats » ou encore celle accueillant les recensions vont progressivement évoluer. En combinant ainsi formes 12 et supports, il s’agit d’apporter au lecteur une plus grande variété d’outils d’analyse en lien avec des connaissances aux formats toujours plus divers, tous au service d’une réflexion multiple. Aujourd’hui, Les Mélanges de la Casa de Velázquez sont prêts pour accompagner cette transition numérique que connaît, en ce début de xxie siècle, l’édition scientifique sans pour autant s’y précipiter aveuglément8. Michel Bertrand Directeur de la Casa de Velázquez 8 Sur les enjeux complexes auxquels se heurte aujourd’hui l’édition scientifique, nous ren- voyons à deux récents rapports qui en offrent une présentation complémentaire : Jean-Yves Mérindol, L’avenir de l'édition scientifique en France et la science ouverte - Comment favo- riser le dialogue ? Comment organiser la consultation ?, rapport remis à Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, novembre 2019 ; Florence Le Borgne (chef de projet), Étude sur l’économie des revues françaises en sciences humaines et sociales, rapport final, Phases 1 et 2, étude réalisée pour le ministère de la Culture (DGMIC/Service du livre et de la lecture) dans le cadre des travaux du Comité de suivi de l’édition scientifique, janvier 2020. Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 50 (1), 2020, pp. 7-12. ISSN : 0076-230X. © Casa de Velázquez.
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