Dossier pédagogique - Lia Rodrigues Béatrice Massin Dominique Hervieu Fables à la fontaine RE-CRÉATION 2020
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Dossier pédagogique Lia Rodrigues Béatrice Massin Dominique Hervieu Fables à la fontaine RE-CRÉATION 2020
De 2001 à 2008, la Petite Fabrique d’Annie Sellem poursuit un projet original : demander à des chorégraphes venus d’horizons différents de créer de courtes pièces en s’inspirant librement de Fables de La Fontaine. Douze petites histoires ont été rassemblées, aux esthétiques multiples. L’objectif était de proposer une collection de pièces de grande qualité artistique accessible au jeune public. Ce projet va réunir une multitude d’artistes, chorégraphes et interprètes pour une aventure artistique et humaine de grande ampleur. Par sa diversité de points de vues, ses écritures différentes, la mutualisation des moyens de création et de diffusion, ce projet est un exemple de solidarité et de tolérance grâce auquel des artistes se mettent ensemble pour défendre la danse en s’appuyant sur l’universalité des fables de La Fontaine au regard de l’universalité des corps et du langage chorégraphique. Nous nous intéresserons dans ces pistes au positionnement de chacune des chorégraphes par rapport à cette commande. Les pistes pédagogiques proposées seront l’occasion d’explorer la richesse des trois points de vue des artistes chorégraphes : Béatrice Massin pour Le Loup et l’Agneau, Lia Rodrigues pour Contre ceux qui ont le goût difficile et Dominique Hervieu pour Le Corbeau et le Renard. Les élèves pourront préparer leur venue au spectacle en ayant au préalable questionné la pratique de la ré-écriture : chercher des indicateurs de lecture pour identifier comment la fable existe au regard de la corporalité des danseurs, des choix scénographiques, au rapport au récit ou à son interprétation. Les Fables de La Fontaine font partie de notre patrimoine culturel. Elles offrent des pistes d’exploitations pédagogiques particulièrement riches en dissociant la fiction narrative (le récit) de son déchiffrement (compréhension de la valeur éthique et politique du discours, de la pensée). Comment ces courtes histoires sont-elles devenues matière pour des écritures chorégraphiques singulières ? Comment les trois chorégraphes se sont-elles appropriées le récit et son déchiffrement pour écrire et composer ? Quels ont été leurs partis pris ? Quelle distance par rapport au récit, à la narration ont-elles opérées ? Comment la portée politique de La Fontaine a-t-elle été traitée ou pas ? Et surtout, nous chercherons à apprécier pour chacune des fables la mise en corps, en danse : comment les personnages de la fable s’expriment ils corporellement dans chacune des fables ? Quels dispositifs scéniques, univers sonores, costumes, accessoires participent à la dynamique d’une ré-écriture libre et singulière ? Ces pistes s’adressent principalement au public scolaire cycle 3 et cycle 4 et lycéens mais peuvent être facilement adaptables pour un plus jeune public. Avant de voir le spectacle « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » Jean de la Fontaine Cette citation sera l’occasion de sensibiliser les élèves à la portée politique des Fables. On pourra aborder l’idée selon laquelle, en donnant la parole aux animaux, La Fontaine parle de pouvoir, de domination et décrit les comportements humains, qu’il dénonce, parfois avec virulence. I. Imaginer des portraits vivants de personnages que l’on retrouvera sur scène De quoi les personnages des trois fables sont-ils faits ? Inventer un personnage contemporain inspiré d’une des fables, le caractériser. Au préalable, proposer aux élèves de faire une petite enquête sur les personnages des fables de La Fontaine à partir du site : https://www.lafontaine.net/lesFables/pageFable.php?page=53 Demander d’identifier dans Le Loup et l’Agneau et Le Corbeau et le Renard à quelles catégories (animaux forts et puissants/faibles et victimes) les 4 personnages appartiennent. Expliquer brièvement l’objet de la fable Contre ceux qui ont le goût difficile et identifier les deux personnages du dialogue : La Fontaine qui défend son style poétique face à son détracteur qui l’accuse de ne pas respecter l’œuvre originale. Diviser la classe en 3 groupes. Chaque groupe se divise en deux et propose une version contemporaine d’un des personnages identifiés qui s’oppose à un autre personnage : Jean de la Fontaine et son détracteur ; le loup et l’agneau ; le renard et le corbeau. 1. Elaborer la carte d’identité du personnage : - Homme/Femme - Âge - Domicile - Profession
2. Décider de traits de caractères principaux et les qualifier : humble, naïf, orgueilleux, de mauvaise foi, suspicieux, hypocrite, fragile, faible, confiant, dominateur, manipulateur, cruel, brutal, insatisfait, vaniteux, perfide, pervers… 3. Décider de sa manière de bouger, de se déplacer, de regarder, de se tenir : Dans quel corps notre personnage évolue-t-il ? Inviter les élèves à exagérer les transformations corporelles. Réaliser des portraits photos « sculptures » de son personnage. 4. Imaginer un duo évocateur d’une des fables : Chaque saynète commence par l’entrée en scène décalée de chacun des personnages, un déplacement dans l’espace, des regards adressés au public, un placement précis dans l’espace de la salle. On pourra aussi imaginer un chœur de chacun des personnages (un chœur de loups, de renards…) qui se déplace en groupe avec un coryphée qui souffle la voix au chœur. La partition corporelle du chœur sera réalisée à partir de gestes répétés liés à l’intention fondamentale du personnage choisi, la partition orale du coryphée sera travaillée avec l’enseignant à partir de situations de jeu évocatrices de la fable mais transposées dans notre société contemporaine. À la manière d’un « battle » deux chœurs pourraient se faire face et évoluer en confrontation. Les situations de jeu peuvent aussi être suggérées : - Persuader à tout prix d’acheter un produit miracle en flattant le consommateur (autour du renard) ; - Aller porter plainte après s’être fait arnaquer par un escroc (autour du corbeau) ; - Une scène de harcèlement de rue entre un homme (autour du loup) et une femme (autour de l’agneau). II. Danse : une séquence en EPS Visionner la vidéo /présentation du spectacle https://www.theatre-chaillot.fr/fr/saison-2019-2020/fables-fontaine Travailler autour de la création de duos : petites histoires courtes à l’image des Fables à la Fontaine. Chaque duo choisit un verbe inducteur parmi : Dominer – flatter – piéger – menacer - critiquer Pour chaque verbe, définir une relation possible entre deux personnages antagonistes (menacer ou être menacé / dominer ou être dominé…). L’intention sera de créer une tension née de cette relation. Une première phase d’écriture gestuelle consistera à écrire une phrase solo. Elle sera nourrie de mots clés en terme de mouvement (regarder de haut, défier du regard, caresser dans le sens du poil, enlacer, pointer du doigt, fuir, se recroqueviller, s’étirer, contracter…) liés à la relation définie entre les deux personnages. On insistera sur la précision gestuelle. On proposera un ensemble de contraintes liées aux différentes familles de mouvement, aux paramètres du mouvement et à certains procédés d’écriture. Une deuxième phase d’écriture chorégraphique consistera à composer un duo à partir des 2 soli dans lequel devra apparaître : - Un choix lié à l’espace (espace entre les deux personnages, espace scénique, trajets, orientations) - Un choix lié au temps : vitesses, arrêts sur image - Des contacts : regards, contacts, portés Les duos très courts mettent en mouvement une relation de tension que l’on peut identifier dans l’une des trois fables étudiées. III. Proposer aux élèves d’organiser un débat dans la classe autour du thème de la critique en référence à la fable : Contre ceux qui ont le goût difficile. Le débat opposera deux groupes qui devront argumenter autour de la question de la place de l’artiste et du critique. Un groupe défendra l’importance de l’existence de la critique pour faire vivre les œuvres d’art. L’autre groupe dénoncera le pouvoir de la critique et la nécessité pour l’artiste de ne pas en tenir compte. Après avoir vu le spectacle 1. On demandera aux élèves après avoir vu le spectacle de faire une analyse critique d’une des fables et de répondre collectivement à cette question : Pourquoi et comment ces trois propositions artistiques de ré écriture des fables de La Fontaine nous ramènent à notre actualité, à notre monde aujourd’hui ? La classe sera divisée en petits groupes de 3 ou 4, chaque groupe travaillant sur une des trois fables. On rassemblera ensuite les réponses apportées à la question commune. Une séance collective de « Data danse » sera proposée en isolant les trois propositions. Chaque groupe devra ensuite rédiger une « Une » de journal en utilisant la photo jointe et en signant un texte critique qui apporte une ou des réponses à la question posée. Chaque « Une » de journal sera exposée au CDI par exemple.
Les élèves pourront également s’appuyer sur le document « 3 questions / réponses posées aux chorégraphes » - Pourquoi avoir choisi cette fable ? - En quoi cette fable est-elle toujours d’actualité ? - Quelles possibilités la forme littéraire de la fable ouvre-t-elle à une chorégraphe ? 2. Et vous, que feriez-vous ? Enfin, on demandera à chaque groupe, à l’image de la commande faite par Annie Sellem aux différents artistes chorégraphes, de choisir une autre fable, d’en proposer une ré écriture (théâtre / danse / écrit) qui mette clairement en évidence un parti pris de lien entre le récit et son interprétation. L’enseignant décide les règles du jeu en fonction de ses élèves. Pour aller plus loin : focus sur la danse Baroque et Béatrice Massin Pour Béatrice Massin, les fables de La Fontaine sont à envisager du point de vue historique et de leur forte portée politique. Selon la spécialiste de la danse Baroque au 17ème siècle, la violence des Fables est à l’image de la violence des relations de pouvoir qui caractérisent la Cour du roi Louis XIV et toute la société de l’époque. Le choix du loup et de l’agneau est ainsi l’occasion pour elle de se positionner en tant que chorégraphe et en tant que citoyenne : comment donner à la danse baroque sa valeur politique ? Ainsi, en refusant le traitement narratif de la fable, Béatrice Massin questionne le spectateur sur la relation de domination et de cruauté qui dépeint la société de la Cour de Louis XIV et qui trouve également un réel écho dans notre société contemporaine. C’est pourquoi le choix d’un homme et d’une femme interprètes n’est pas neutre. Car il s’agit également de montrer la relation de tension qui s’amplifie entre l’innocente qui ne sait pas ce qui l’attend et la perversité d’un loup qui manipule pour finalement détruire sa proie. Le Loup et l’Agneau par Béatrice Massin est donc une œuvre engagée qui peut être éclairée par une connaissance de la danse baroque, Art majeur qui est au cœur de la Cour du roi Louis XIV. Quelques pistes à explorer : Pour découvrir le travail de la chorégraphe et de sa compagnie : « Fêtes Galantes » et comprendre pourquoi et comment la modernité est au cœur de la démarche de l’artiste. Pour découvrir l’histoire de la « belle danse » qu’on appelle aujourd’hui danse baroque et visualiser un extrait du film Le Roi danse (film de Gérard Corbieau sorti en 2000, chorégraphies de Béatrice Massin) : https://www.francemusique.fr/musique-baroque/qu-est-ce-que-la-danse-baroque-66153 Pour approfondir la place de la danse dans la société de la Cour du Roi Louis XIV et sa portée politique visant à canaliser toute la noblesse après la Fronde : http://www.johnserdar.com/5zKM4Xre/
Le Loup et l'Agneau ©Chaillot – Théâtre national de la Danse / Benjamin Mengelle Le Corbeau et le Renard ©Chaillot – Théâtre national de la Danse / Benjamin Mengelle
Vous pouvez aussi lire