En Belgique Une croissance rapide dans un terreau fertile 2016 - Whitepaper - KBC Bank
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Contenu Qu’est-ce que le crowdfunding ? 4 Un aperçu du marché au niveau mondial 8 Le crowdfunding effectue-t-il aussi une percée en Belgique ? 12 Capital ou prêts ? 21 Quel rôle pour les banques ? 26 La première étude sur le crowdfunding en Belgique 30 Attention à la sortie… 36 Quelques observations 42 Notre vision et un regard sur l’avenir 46
En Belgique, le crowdfunding en est encore à ses balbutiements, bien qu’il connaisse une croissance annuelle substantielle depuis 2013. En 2014, le marché belge du crowdfunding totalisait 4,35 millions d’euros. Comparé à nos voisins, il s’agit d’une broutille, mais il est évident que le mouvement de rattrapage est lancé ! Depuis quelques années, les start-up ont le vent en poupe dans notre pays. En 2015, les investissements en start-up et jeunes entreprises n’avaient jamais été aussi élevés. Le journal De Tijd indique un montant de 328 millions d’euros. Les incubateurs et accélérateurs poussent comme des champignons. Le sentiment qui règne actuellement est celui de “Yes, we can!”. Sans oublier que les volumes d’épargne sont énormes : à la fin 2015, la bagatelle de 260 milliards d’euros se trouvait sur les comptes d’épargne. La volonté politique est par ailleurs plus présente que jamais. De ce fait, le terreau belge est particulièrement fertile et a donc le potentiel de développer le marché du “crowdfunding” à plus de 100 millions d’euros d’ici 2020. Mais pour obtenir un tel succès, il sera certainement nécessaire d’ajuster le cadre législatif. Nous pensons notamment à un avantage fiscal, mais aussi à l’augmentation du montant investi autorisé par investisseur ainsi que le montant maximal que l’on peut lever. Par ailleurs, une formation de sensibilisation et d’évaluation des risques pour les investisseurs s’avère nécessaire. Un Belge n’est tout simplement pas un Néerlandais. Bien entendu, une sortie réussie est toujours la bienvenue… Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 3/56 © 2016 Copyright.
Qu’est-ce que le crowdfunding ? Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 4/56 © 2016 Copyright.
La moitié des Belges ne sait pas ce qu’est le crowdfunding. C’est ce qui est ressorti d’une enquête menée récemment par le bureau d’étude iVOX pour le compte de Bolero Crowdfunding. Il est donc judicieux de commencer par une définition. Le “Crowdfunding” (ou “financement participatif” en français) est décrit comme une solution de financement (complémentaire) permettant à un créateur de projet (le “crowdfunder”) de faire appel à un grand nombre d’investisseurs, aussi appelés “backers” en vue de lever une partie des fonds nécessaires à la réalisation de son projet. Habituellement, ce financement se déroule en ligne, par l’intermédiaire de ce que l’on appelle une plateforme de crowdfunding. Un tel projet peut avoir une fin commerciale, mais il peut également avoir un caractère plus social ou culturel, tel que la réalisation d’un film ou l’écriture d’un livre. Par ailleurs, la façon dont l’investisseur récupérera son argent peut varier également. Il est important de faire la distinction entre le crowdfunding financier et non financier. Crowdfunding non financier Le crowdfunding non financier se compose principalement de “donations” (dons) et de “rewards” (récompenses). Aucun instrument financier n’est émis et l’investisseur n’est pas actionnaire ou créancier de la société. C’est ce genre de crowdfunding qui, par exemple, a été utilisé il y a plus d’un siècle pour le financement de la Statue de la Liberté à New York, mais aussi pour le financement de la participation aux Jeux olympiques du patineur Bart Swings en 2013. Dans le secteur “créatif” (musique, peinture, courts métrages), cette méthode est fréquemment choisie. L’investisseur ne s’attend à aucun retour financier et participe par sympathie (don) ou pour obtenir en exclusivité un produit particulier (récompense). C’est ainsi que la Pebble Watch a vu le jour. Cette précurseure de l’Apple Watch a été financée par un certain nombre de backers en échange d’une livraison à domicile de la première version de la montre. La campagne a été une très grande réussite et son objectif initial de 100 000 dollars (environ 92 000 euros) a été largement dépassé puisque la campagne a finalement engrangé plus de 10 millions de dollars. La première Pebble Watch, financée par crowdfunding Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 5/56 © 2016 Copyright.
Souvent, les investissements concernent de petits montants (10 à 250 euros). Les plateformes de crowdfunding non financier les plus connues sont Kickstarter (États-Unis, désormais aussi lancée en Belgique) Gofundme (États-Unis), Indiegogo (États-Unis) et Ulule (France). Kickstarter est le plus grand acteur mondial dans ce domaine et a déjà levé plus de 2 milliards d’euros, suivi de Gofundme avec 1 milliard d’euros. Indiegogo déclare recevoir 15 millions de visiteurs tous les mois. Ulule compte près d’un million de backers dans plus de 170 pays. Ils ont participé avec succès à plus de 11 000 projets, financés à hauteur de 40 millions d’euros. La plateforme Ulule est donc encore plus petite que Kickstarter et Gofundme, mais elle a connu une croissance remarquable depuis 2011, époque à laquelle elle ne collectait encore qu’un million d’euros. La contribution moyenne recueillie par Ulule tourne autour de 50 euros. Les secteurs du cinéma, de la vidéo et de la musique tirent leur épingle du jeu sur cette plateforme en levant un montant total combiné de 14 millions d’euros. Le crowdfunding financier présente un enjeu tout à fait différent Le crowdfunding financier inclut des actions, obligations, obligations convertibles et prêts. En ce qui concerne ce dernier élément, il peut s’agir de prêts de particulier à particulier, dits “peer-to-peer” (P2P), mais aussi de prêts de particuliers à des sociétés (P2B). Les acteurs professionnels du secteur parlent souvent de “crowdlending” (prêts aux entreprises) ou de “marketlending” (prêts au marché). Les investisseurs sont ainsi actionnaires ou propriétaires de la dette. Dans le cas du crowdfunding financier, le cadre juridique est tout à fait différent de celui qui, en Belgique du moins, est réglementé par la FSMA (Autorité des services et marchés financiers). Les exigences en matière d’informations au client, de suivi, de sécurité, etc. sont beaucoup plus strictes. C’est également la raison pour laquelle le nombre de plateformes de crowdfunding financier actives est limité. Généralement, les montants investis dans le crowdfunding financier sont beaucoup plus élevés1 (100 à 5 000 euros). Le nombre d’investisseurs par projet est cependant plus restreint. Les backers investissent toujours pour exprimer leur sympathie, mais avec une attente de rendement financier potentiel, et ce, même si un tel rendement n’est pas du tout garanti. Si l’on regarde au niveau mondial, il apparaît que les montants recueillis par le crowdfunding financier sont beaucoup plus élevés que ceux issus des dons et récompenses. Le montant moyen aux États-Unis était de 175 000 dollars (environ 160 000 euros) 2 et même 340 000 dollars (environ 310 000 euros) en Asie par rapport aux 3 000 à 4 000 dollars (environ 2 750 à 3 650 euros) de moyenne pour le crowdfunding non financier. En Belgique, les différences entre crowdfunding non financier et financier sont tout aussi prononcées, mais le montant moyen levé par le crowdfunding financier est supérieur de 85 000 euros. Les plus grandes plateformes de prêt aux entreprises sont Lending Club (États-Unis), Ratesetter (États-Unis), Zopa (Royaume-Uni), Funding Circle (Royaume-Uni) et Lendinvest (Royaume-Uni). Les principales plateformes d’investissement en capital (“equity crowdfunding”) en Europe sont Crowdcube, SyndicateRoom et Seedrs (du Royaume-Uni également). 1. Les chiffres du rapport Massolution ne contiennent pas de données pour les prêts P2P. 2. Taux de change du 21/12/2015. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 6/56 © 2016 Copyright.
L’évolution du Crowdfunding 4 grands types de crowdfunding 1. 2. 3. 4. Les prêts Les crowdfunders prêtent de l’argent aux propriétaires de la campagne 68,3% et s’attendent au remboursement du montant prêté. Les « prêts » de motivation sociale se déroulent souvent sans intérêt. Donations Microfinancement Microcrédits Prêt P-to-P Crowdfunding Les crowdfunders donnent de l’argent à la campagne avec pour motivation des aspects sociaux ou intrinsèques sans s’attendre à un quelconque rendement. 12% Rewards (récompenses) Les investisseurs s’attendent à un certain retour – significatif ou non – pour leur soutien. Outre l’espoir d’une récompense, la motivation sociale Volume du crowdfunding en 2014 8,2% ou intrinsèque joue aussi un rôle. 16 milliards d’USD 6,8% Equity crowdfunding 4,7% (crowdfunding d’investissement) Autres Les crowdfunders investissent dans le projet et reçoivent des actions en échange (ou un équivalent). La motivation financière est importante, mais l’investissement peut aussi revêtir une intention sociale/intrinsèque. Amérique du Nord Europe 9,46 milliards $ 3,26 Reste du monde milliards $ Comment fonctionne le crowdfunding ? 3,51 milliards $ Marché du crowdfunding en 2014 Tout part d’une La plateforme de Les investisseurs Si les objectifs Évolution par type de crowdfunding bonne idée. crowdfunding analyse potentiels jugent financiers sont atteints, le projet et contrôle la campagne et le projet/l’entreprise Il reste à chercher 223 % les conditions et les s’engagent à investir. reçoit l’argent et du financement. Prêt documents. les investisseurs $11.08bn deviennent crowdfunders. 45 % Donation $ 1.94bn 84 % Récompense $ 1.33bn 182 % Titres $ 1.11bn Hybride 290 % $ 487m Pourcentage de croissance annuelle 336 % Royalties Volume de financement $ 273m Sources : massolution 2014 CF Crowdfunding Market Outlook Report, crowdsourcing.org, kickstarter.com, businessinsider.com, KBC Securities - Bolero (propres calculs), Douw & Koren
Un aperçu du marché au niveau mondial Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 8/56 © 2016 Copyright.
Tous les bureaux d’étude ne s’accordent pas sur le nombre exact de plateformes de crowdfunding dans le monde. Selon Crowdsurfer, il y avait plus de 1 700 plateformes de crowdfunding à la fin 2015, réparties dans 80 pays (Chine exclue). Dans leur rapport annuel sur le crowdfunding de 2014, Massolution en dénombre 1 250, contre 813 en 2012. Sans surprise, les États-Unis en compte la majorité (36%), suivis par le Royaume-Uni (11%), la France (6%), l’Allemagne (5%) et les Pays-Bas (5%). Compte tenu de l’augmentation significative du nombre de plateformes, les cinq principaux acteurs en Europe se partagent 64% du marché, par rapport à 95% en 2011. Nous nous attendons certainement à une vague de consolidations à l’horizon 2020. Les plateformes de crowdfunding à travers le monde (%) ni U e- m 36 % u % 11 oya US R A e ranc 6% F 5% Allemagne 37% Autres pays 5% Pay s-B as Source: Massolution Actief Informeren De Meeste Un marché de 16 milliards de dollars en doorverwijzen Banken Passief En 2014, le chiffre d’affaires mondial du crowdfunding était de 16 milliards de dollars (environ 14,65 milliards d’euros). En termes relatifs, il ne s’agit encore que d’une fraction d’un marché potentiel qui représente 3 300 milliards de dollars, une donnée impressionnante en tous points, en particulier quand on la compare aux 6 milliards de dollars qui avaient été levés en 2013. Massolution prédit que ce marché devrait atteindre 25 milliards de dollars en 2015 et même dépasser le seuil des 100 milliards en 2020. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 9/56 © 2016 Copyright.
Le magazine d’affaires américain Forbes estime ce chiffre à 34 milliards de dollars pour 2015. Si ce montant est atteint, les investissements par crowdfunding dépasseraient alors le montant annuel moyen de financement par capital-risque (Venture Capital ou VC) qui se situe actuellement à 30 milliards de dollars. Le marché mondial du crowdfunding 100 100 Mrd $ 90 80 70 25-34 Mrd $ 60 50 40 16 Mrd $ 30 6 Mrd $ 20 10 2013 2014 2015 2020 Sources: Massolution et Forbes En Europe, le marché s’élevait à 3,3 milliards de dollars en 2014 et devrait atteindre 7 milliards de dollars d’ici fin 2015. Les États-Unis sont de loin le plus grand marché avec 9,5 milliards de dollars, suivis par l’Asie (3,4 milliards de dollars), qui devance l’Europe (3,3 milliards de dollars) de justesse. Le marché mondial du crowdfunding 320% 145% ASIA NORTH AMERICA $3,26bn $9,46bn 141% EUROPE $3,4bn $12m 167% SOUTH AMERICA 101% $43,2m $57,2m AFRICA 59% OCEANIA Pourcentage de croissance annuelle pour 2014 Volume de financement pour 2014 Source: Massolution Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 10/56 © 2016 Copyright.
Données chiffrées par type de crowdfunding S’élevant à environ 11 milliards de dollars (environ 10 milliards d’euros), les prêts représentent de loin la plus grosse portion. C’est étonnant, étant donné que le sujet n’est que peu discuté dans les médias. Le crowdfunding d’investissement en capital représente 1,1 milliard de dollars, mais a connu une très forte croissance en 2014 (182%). Les dons (1,9 milliard de dollars) et les récompenses (1,3 milliard de dollars) ont augmenté de 45% et 84% respectivement. Ces taux de croissance sont toujours très bons, mais sont nettement inférieurs à ceux des prêts (223%) et des capitaux (182%). Le marché du crowdfunding en 2014 : évolution par type de crowdfunding 223% Lending $11.08bn 45% Donation $1.94bn 84% Reward $1.33bn 182% Equity $1.11bn Hybrid 290% $487m Pourcentage de croissance annuelle 336% Royalty Volume de financement $273m Source : Massolution Un pays n’est pas l’autre Des différences frappantes apparaissent également par pays. Ainsi, le crowdfunding non financier est très important en France, mais les prêts s’avèrent beaucoup plus importants aux Pays-Bas. Bien que les Pays-Bas soient déjà plus avancés que la Belgique en matière de crowdfunding, ce concept n’a pas encore vraiment pénétré l’économie réelle. À la fin 2015, le quotidien financier néerlandais Het Financieele Dagblad indiquait “Les entrepreneurs des petites et moyennes entreprises n’ont pratiquement aucune expérience dans les nouvelles formes de financement telles que les prêts aux starters, le crowdfunding et d’autres formes de financement.” “Les entrepreneurs optent principalement pour les formes traditionnelles de financement et, si ces dernières ne sont pas obtenues, la plupart des entrepreneurs laissent tomber.” Une étude de la Hogeschool Utrecht révèle ainsi que seuls 1 à 3% des entreprises tirent parti des modes de financement alternatifs tels que les prêts aux starters et le crowdfunding. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 11/56 © 2016 Copyright.
Le crowdfunding effectue-t-il aussi une percée en Belgique ? Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 12/56 © 2016 Copyright.
Selon Douw & Koren, environ 4,5 millions d’euros (0,02% du marché mondial) ont été récoltés en Belgique en 2014, dont 450 000 euros pour des projets sociaux. En 2015, le même montant avait déjà été levé à la mi-année. Il n’est donc pas du tout exclu que le chiffre double par rapport à 2014. Douw & Koren constate également cette tendance aux Pays-Bas. Chez nos voisins du nord, 63 millions d’euros ont été levés en 2014 et 128 millions d’euros en 2015. En Belgique, une quinzaine d’initiatives ont été lancées, avec plus ou moins de succès. En voici un aperçu. Cartographie du marché belge Financier Reward Donation Source : Bolero Crowdfunding Research Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 13/56 © 2016 Copyright.
Dans le graphique ci-dessous, on peut voir sur une carte les montants totaux levés sur les plateformes belges ces dernières années. Veuillez noter que les projets non financés ne sont pas toujours repris sur chaque plateforme de crowdfunding. Conclusion importante : ces dernières années en Belgique, au moins 12,8 millions d’EUR ont été levés grâce au crowdfunding. Un montant relativement peu élevé en comparaison avec les 200 millions d’EUR levés par nos voisins du nord. Les 3 plateformes les plus importantes sur le marché belge sont donc Look&Fin, SoCrowd et MyMicroInvest qui représentent respectivement 40, 27 et 25 % de part de marché. Montants levés par des plateformes de crowdfunding (EUR) 5.142.984 / 5.142.984 Look & Fin SoCrowd 3.421.600 / 3.465.500 MyMicroInvest 3.151.650 / 2.045.750 Bolero Crowdfunding 473.750 / 325.000 Growfunding 230.955 / 297.695 Crofun 95.937 / 2.267.017 Boekensteun 92.732 / 305.222 Hello Crowd 60.995 / 79.750 Crowdfunding.gent 45.049 / 152.174 World of crowdfunding 38.210 / 170.638 OksigenCrowd 37.930 / 115.000 Angel.me 35.660 / 107.000 Yeee Haaa 8.135 / 99.374 Appsfunder 0/? Finicrowd 0 / 1.085.000 Montant cible total sur toutes les campagnes Montant total effectif levé Source: Bolero Crowdfunding Research Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 14/56 © 2016 Copyright.
Taux de succès des plateformes de crowdfunding. Bolero Crowdfunding 100% 5/5 Look & Fin 100% 40 / 40 SoCrowd 98% 118 / 121 MyMicroInvest 71% 42 / 30 Hello Crowd 67% 6/9 Angel.me 67% 4/6 Growfunding 65% 28 / 43 Boekensteun 45% 17 / 38 OksigenCrowd 43% 3/7 World of crowdfunding 33% 3/9 Crowdfunding.gent 32% 7 / 22 Yeee Haaa 13% 1/8 11 / 101 Crofun 11% Appsfunder 0% 0 / 17 Finicrowd 0% 0/4 Nombre de projets Projets financés avec succès Taux de succès Source: Bolero Crowdfunding Research Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 15/56 © 2016 Copyright.
Les tableaux ci-dessus nous indiquent que le marché belge compte quatre grands acteurs dans le marché du crowdfunding financier : Look&Fin, opérationnelle depuis juin 2012, enregistre une forte croissance en très peu de temps grâce à son approche intéressante. Cette plateforme se concentre sur les prêts aux entreprises à un stade de maturité plus avancé. Par ailleurs, la plateforme renseigne l’investisseur sur le risque représenté par l’émetteur en lui assignant une certaine note. En outre, ce risque décroît rapidement, car les intérêts et le capital sont immédiatement remboursés conformément à un plan d’amortissement. Cerise sur le gâteau, la sortie (c.-à-d. la durée du prêt) est elle aussi clairement définie. Bien entendu, il y a toujours un risque que le prêt ne soit pas (complètement) remboursé. À la fin 2015, 5,22 millions d’euros avaient déjà été levés sur la plateforme en prêts dont plus d’un million avait déjà été remboursé. D’après Look&Fin, le taux d’intérêt moyen était de 8,4 %. Une part importante de leurs projets provient de France. Les segments principaux étaient l’immobilier et les sociétés de technologie. MyMicroInvest et Bolero Crowdfunding sont les principales plateformes qui ciblent les actions et obligations en Belgique. Elles ont toutes deux mis en place des structures spécifiques pour que tout soit fonctionnel. MyMicroInvest est active depuis juin 2012. Depuis son lancement, la plateforme a assuré le financement de 28 starters. Son approche se caractérise par une structure de fonds particulière. Fin 2014, Bolero Crowdfunding est devenue la plateforme de crowdfunding du groupe KBC. Depuis avril 2015, cinq projets ont été lancés et financés avec succès à travers la plateforme. Avec une moyenne de 100 000 euros par projet, Bolero Crowdfunding affiche les montants moyens les plus élevés dans le domaine du crowdfunding en capital. SoCrowd est une méthode de financement différente. L’entrepreneur doit lui-même obtenir un prêt sans intérêt et SoCrowd double ensuite le montant levé. Les projets visés sont ceux à valeur sociale ajoutée et la plateforme n’offre aucun intérêt ou retour aux investisseurs. Bolero Crowdfunding connaît une croissance rapide notamment due au vaste réseau d’investisseurs dont elle dispose. De plus, elle a développé une structure unique permettant de combiner le crowdfunding de manière sûre avec des investissements provenant de business angels, de fonds de capital-risque (Venture Capitalist) ou d’autres formes de financement. Cet avantage est fortement apprécié des investisseurs. neoScores en constitue la preuve : le projet a atteint son montant cible en trois jours et permettait au public apportant son soutien d’investir conjointement et aux mêmes conditions que les VC. Selon nous, l’heure de vérité de ces plateformes sonnera d’ici quelques années. Nombreux sont ceux qui souhaitent surfer sur la vague du crowdfunding. De nombreuses nouvelles plateformes ont été lancées, mais nous n’excluons pas que certaines de ces initiatives soient déficitaires ou qu’elles ne survivent que grâce à un soutien des pouvoirs publics. En outre, les pouvoirs publics travaillent sur une mesure fiscale visant à favoriser les investissements à travers des plateformes de crowdfunding agréées. Les plateformes qui n’obtiendront pas cette agréation seront soumises à une pression particulière. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 16/56 © 2016 Copyright.
Pourquoi le marché belge est-il encore aussi restreint ? Le crowdfunding en Belgique et dans les pays voisins (2014) en millions d’euros Source: Eurostat, Douw & Koren Le tableau ci-dessus montre clairement que par rapport à ses voisins, la Belgique est à la traîne en matière de crowdfunding. Le Néerlandais moyen investit près de dix fois plus par voie de crowdfunding que le Belge moyen. Et ne parlons même pas du Britannique moyen, qui investit en moyenne 75 fois plus que le Belge… Comment peut-on expliquer ces écarts ? Prenons immédiatement le taureau par les cornes : une différence “culturelle” entre le Belge frileux et les Néerlandais ou Américains preneurs de risques existe probablement. Mais d’autres facteurs accompagnent-ils cette différence culturelle ? En premier lieu, une offre professionnelle importante doit exister. MyMicroInvest fut l’une des premières initiatives importantes sur le marché. Depuis 2015, d’autres acteurs, tels que Bolero Crowdfunding, ont rejoint le marché. Bien entendu, l’absence de parties d’un niveau de professionnalisme suffisant comme celles qui sont présentes aux Pays-Bas (Geldvoorelkaar, Symbid, etc.), au Royaume-Uni (Crowdcube, Seedrs, etc.) et aux États-Unis (Angel.me, etc.) joue un rôle important. Sans oublier qu’un cadre législatif favorable doit être présent. Les mesures fiscales sont toujours efficaces. Tant aux États-Unis qu’au Royaume-Uni, d’importants avantages fiscaux sont accordés aux investisseurs, si bien qu’investir par le crowdfunding devient très attrayant. En Belgique, de tels incitants sont actuellement à l’étude. Un autre élément concerne la limite d’investissement de 1 000 euros par investisseur pour les projets qui lèvent plus de 100 000 euros. Le montant de 1 000 euros est important pour un investisseur typique dans le cadre du crowdfunding non financier. Dans le cas des dons et des récompenses, nous constatons des contributions de 10 euros. Pour un investissement à des fins de rendement financier, un montant de 1 000 euros est cependant beaucoup trop bas. Si nous faisons un pas de côté et comparons ce qu’un investisseur de détail investit en moyenne sur le marché boursier en ligne, ce montant est nettement plus élevé. Sur le marché belge, il est estimé que ce montant Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 17/56 © 2016 Copyright.
se situe entre 5 000 et 10 000 euros. Par conséquent, une adaptation en ce sens semble logique. Pourtant, il est frappant de constater que la plupart des affaires sur le marché belge du crowdfunding financier restent sous un plafond de 100 000 euros. La limite d’investissement de 1 000 euros, qui n’est valable que pour les campagnes dépassant 100 000 euros, explique peut-être partiellement ce phénomène. En tant qu’investisseur, vous pouvez investir jusqu’à 5 000 euros dans ces projets par l’intermédiaire de Bolero Crowdfunding. Nos voisins du nord jouissent de plus de flexibilité en la matière. Un investisseur peut y investir jusqu’à 40 000 euros à travers une plateforme de crowdfunding pour une transaction en actions et pas moins de 80 000 euros lorsqu’il s’agit de prêts. En l’occurrence, le régulateur néerlandais (AFM) agit sur la base d’un “critère d’investisseur” qui, à partir d’un montant investi de 5 000 euros, devient obligatoire et doit être réitéré à chaque nouvel investissement. La limite supérieure de 300 000 euros de montant levé sans émission de prospectus constitue un facteur limitant. Bien qu’il n’est absolument pas évident de lever 300 000 euros en ligne, ce montant reste trop faible. Une fois qu’un investisseur a participé aux tours de financement aux premiers stades, le besoin de financement dépasse rapidement le million d’euros pour pouvoir traverser la période d’investissement suivante qui dure de 12 à 18 mois. Ceci devra donc également être corrigé à terme. Les acteurs du marché belge résolvent ce problème en offrant des placements privés ou en s’engageant eux-mêmes dans l’affaire. En l’occurrence, on ne parle évidemment plus de “crowdfunding en ligne”. Par ailleurs, on opte souvent pour une combinaison de crowdfunding et de formes existantes de financement. Ensuite, un aspect éducatif et un aspect expérience jouent un certain rôle. Le crowdfunding n’est pas encore (très) connu. De quoi s’agit-il exactement ? Quelles en sont les variantes ? Quel bénéfice pourrai-je en retirer ? Quels en sont les risques ? Et pour finir, mais cela s’applique également à d’autres pays, un marché secondaire où les actions peuvent être négociées s’avère nécessaire. Un investisseur typique (s’il s’agit déjà du public cible) se demandera toujours l’inévitable : comment se déroule la “sortie” et à quelles conditions ? Par conséquent, la création d’un marché secondaire est indispensable. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 18/56 © 2016 Copyright.
En cours… Le très attendu Tax Shelter Il a déjà été annoncé avant l’été 2015. Les pouvoirs publics fédéraux souhaitent encourager les Belges à investir directement dans des start-up. Mais comment cela fonctionne-t-il dans la pratique ? Avant toute chose, il y a une différence entre actions et obligations. Un particulier qui participe au capital d’une entreprise qui débute par des actions peut ainsi déduire de 30 % (dans le cas des PME1) à 45 % (dans le cas des micro-entreprises2) de son investissement dans sa déclaration à l’impôt des personnes physiques. Grâce à cette mesure intéressante, il est possible d’investir, en tant que particulier, un montant fiscalement déductible allant jusqu’à 100 000 euros par an. La participation maximale au capital pouvant être soumise à cet avantage fiscal s’élève à 30 %. On est cependant obligé de conserver ces actions dans le portefeuille pendant minimum quatre ans, car du contraire, l’avantage au prorata sera récupéré. Grâce à cette mesure fiscale, une entreprise peut lever jusqu’à maximum 250 000 euros au cours de son existence. Dans le cas des obligations ou des prêts, l’investisseur peut bénéficier d’une exemption de 27 % du précompte mobilier qui serait normalement appliquée sur les intérêts qu’un tel investissement produirait, et ce, jusqu’à une première tranche d’intérêts de 15 000 euros par an. Encore une fois, le prêt doit avoir une durée minimale de quatre ans, il ne peut pas être émis par une start-up âgée de moins de quatre ans et il ne peut pas non plus servir à un refinancement. 1 Une PME (petite entreprise comme mentionné dans l’art 15 du droit des sociétés) est définie dans ce cadre-ci comme une société dont le nombre moyen d’employés à l’année n’excède pas 100 personnes et qui satisfait à au moins deux des trois critères suivants (sur base consolidée, et en incluant les filiales: • Un effectif moyen de 50 personnes au maximum; • Le chiffre d’affaires HTVA n’excède pas 7.300.000 €; • Le total du bilan n’excède pas 3.650.000 €. 2 Une micro-entreprise est une société qui satisfait à au moins deux des trois critères suivants (sur base consolidée) : • Un effectif moyen de 10 personnes au maximum; • Le chiffre d’affaires HTVA n’excède pas 700.000 €; • Le total du bilan n’excède pas 350.000 €. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 19/56 © 2016 Copyright.
Ces règles sont-elles également valables dans le cas du crowdfunding ou pas (encore) ? Le Tax Shelter s’applique aux investissements effectués à partir du 1er juillet 2015. Cet investissement peut se faire directement, mais aussi à travers une plateforme de crowdfunding agréée. À ce jour, cependant, aucune plateforme de crowdfunding n’a encore été agréée par la FSMA. La FSMA doit encore finaliser les “règles du jeu” de cette agréation. Tant que cet exercice n’est pas terminé, aucune plateforme de crowdfunding ne peut garantir la déductibilité fiscale des investissements en Belgique. Il est difficile de savoir si cette déduction rétroactive sera également autorisée pour les investissements réalisés à partir du 1er juillet 2015 sur une plateforme qui a reçu l’agréation depuis lors. Par souci de sécurité, nous supposons donc que ceci n’est pas le cas. Ne vous laissez pas éblouir par les avantages fiscaux uniquement ! Que le Tax Shelter soit en vigueur ou pas, investir dans des start-up est très risqué. Un encouragement par l’intermédiaire du Tax Shelter est toujours le bienvenu, mais il est déconseillé d’investir dans des starters uniquement pour l’avantage fiscal qu’ils offrent. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 20/56 © 2016 Copyright.
Capital ou prêts ? Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 21/56 © 2016 Copyright.
La croissance du crowdfunding en capital se poursuit avec vigueur Une analyse de 25 plateformes dans onze pays réalisée par Crowdsurfer montre que le montant levé au cours des six premiers mois de 2015 s’élevait à 129 millions d’euros contre 62 millions d’euros au cours des six mois précédents. Il est intéressant de constater que le moteur principal de cette forte hausse n’était pas l’augmentation de 7% du nombre de plateformes, mais plutôt le montant levé par projet. Cela représente un doublement (!) de près de 229 000 euros à un montant impressionnant de 440 000 euros. En Belgique, les montants sont toujours (en moyenne) beaucoup plus faibles et les deux principales plateformes oscillent entre 75 000 et 100 000 euros, mais chez nous aussi la tendance est à la hausse. La croissance belge sera portée par une augmentation du nombre de projets combinée à un montant supérieur de fonds levés par projet. Un montant moyen de 150 000 euros est certainement faisable dans les deux prochaines années pour ensuite atteindre une moyenne plus “européenne” de 350 000 à 500 000 euros dans cinq ans. Une raison importante pour atteindre cet objectif requiert cependant un régime fiscal avantageux ainsi qu’une augmentation du montant maximal que peut investir chaque investisseur (actuellement 1000 euros). En fin de compte, on en revient aux prêts… Les start-up numériques et les “disruptors” tentent de s’emparer d’une part du gâteau bancaire dans les trois principaux domaines suivants du paysage financier : la fourniture de conseils (à travers les “robots-conseillers”), les opérations de paiement (pensez à PayPal, Square et Apple Pay) et… les prêts. Dans ce contexte, il est judicieux de s’attarder un moment sur le marché des prêts. Ainsi, les prêts aux entreprises sont désormais considérés comme une nouvelle classe d’actifs. Cela signifie qu’en plus des actions, des fonds, de l’immobilier, des fonds cotés en bourse, etc. par exemple, un investissement (limité) en prêts P2P ou P2B peut également être ajouté à un portefeuille diversifié. Le marché des prêts aux entreprises Il ressort du rapport de Massolution, dont les prêts P2P étaient exclus, que les prêts aux entreprises représentent la majeure partie des sommes levées à travers le monde. Selon leurs prévisions pour 2015, les prêts aux entreprises atteindraient 25,13 milliards de dollars. Le graphique ci- dessous montre que les prêts aux entreprises sont dix fois supérieurs aux dons, récompenses et investissements en capital combinés. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 22/56 © 2016 Copyright.
Prévision des volumes de crowdfunding en 2015, par modèle et croissance annuelle en USD 127% Lending $25.13bn 47% Donation $2.85bn 102% Reward $2.65bn 129% Equity $2.56bn Royalty 67% $812m Pourcentage de croissance annuelle 48% Volume de financement Hybrid $406m Source: Massolution Selon Morgan Stanley, en 2014, les prêts aux entreprises s’élevaient à 12 milliards de dollars (± 11 milliards d’euros) et pourraient atteindre 150 à 400 milliards de dollars (environ 137 à 366 milliards d’euros) d’ici 2020 ! Pour que les choses soient claires, ce marché couvre donc plus que ce qui relève de ce que l’on nomme généralement le crowdfunding financier. PricewaterhouseCoopers (PwC) s’est penchée sur les prêts P2P et estime que ce marché aux États-Unis passera de 5,5 milliards de dollars en 2014 à 150 milliards de dollars en 2025, et ce, rien qu’aux États-Unis. Actuellement, la proportion est encore quelque peu modeste. Ainsi, Morgan Stanley estime que les prêts P2P représentent 1,1% de tous les crédits à la consommation aux États-Unis. McKinsey scrute l’avenir et estime que la concurrence technologique et numérique des plateformes de prêts aux entreprises et P2P rabotera les revenus des banques issus des prêts, excepté les prêts immobiliers, et que son impact atteindra jusqu’à 40% dans les dix prochaines années. C’est énorme ! Quelques exemples notables La société Lending Club a été fondée en 2012 et est cotée en bourse. En sa qualité de plus grand acteur au monde, elle a levé 7,6 milliards de dollars (environ 7 milliards d’euros) en prêts en 2014. Fin 2015, le compteur a même atteint 13,4 milliards de dollars (environ 12,3 milliards d’euros). La majeure partie a servi au refinancement et 20% au remboursement de dettes de cartes de crédit. Larry Summers, ancien Secrétaire du Trésor des États-Unis a déclaré : “La plateforme de Lending Club a le potentiel de transformer en profondeur le système bancaire traditionnel au cours de la prochaine décennie.” La plateforme américaine Kabbage existe depuis quatre ans et fournit des prêts aux PME. Les montants varient entre 2 000 et 100 000 euros. Leur credo : pas de paperasserie. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 23/56 © 2016 Copyright.
Avec l’argent levé, la société peut investir dans du stock et des machines, construire un site Web, recruter du personnel, etc. Le processus de décision est très rapide. Bien entendu, Kabbage est “entièrement numérique” et offre un environnement de travail inspiré de Facebook, proposant notamment du yoga en ligne, du café, de la bière, etc. Les boutiques en ligne fonctionnant sur Amazon et eBay constituent le public cible. Leur taux de radiation est de huit pour cent. Ceci est nettement supérieur à celui des banques (belges) traditionnelles. Prosper est une autre plateforme de prêt aux entreprises aux États-Unis qui met davantage l’accent sur les prêts P2P. Elle avait levé 2 milliards de dollars (environ 1,8 milliard d’euros) en 2013 et avait atteint 5 milliards de dollars en octobre 2015 (environ 4,6 milliards d’euros). Il a été démontré que les prêts aux entreprises sont une thématique potentiellement très intéressante pour les “perturbateurs” grâce à un partenariat entre Baidu, le “Google chinois”, et Citic Bank pour le lancement d’une plateforme commune. Début 2015, Tencent avait déjà lancé la première banque chinoise entièrement en ligne : Webank (par analogie avec leur service WeChat). Alibaba dispose également de sa propre banque en ligne : MyBank. Les deux banques ne connaissent pas encore un grand succès. En Chine, on dénombre déjà plus de 1500 plateformes de prêt aux entreprises. Celles-ci ne sont pas reconnues comme étant des établissements financiers. Elles n’ont donc pas accès aux bureaux de crédit officiels, ce qui, logiquement, entraîne de nombreux défauts de paiement. En effet, sans accès aux bases de données de crédit, les établissements financiers ne seraient pas en mesure d’évaluer correctement les risques liés à la capacité de remboursement des particuliers. . La troisième plateforme de prêt la plus grande à travers le monde est Funding Circle, au Royaume-Uni. Cette plateforme est également active en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis et en Espagne. En 2015, Funding Circle a levé un volume mensuel de 80 millions de livres sterling (environ 109 millions d’euros). En soi, il ne s’agit que d’une fraction du volume total de l’encours, mais cela place Funding Circle au quatrième rang des plus grands bailleurs de crédit du Royaume-Uni en ce qui concerne les “nouveaux prêts” à la mi-2015. À la fin 2015, près d’un milliard de livres sterling (environ 1,4 milliard d’euros) avaient été financées par des prêts. Depuis 2010, Funding Circle a levé plus de 1,3 milliard de dollars auprès de plus de 12 000 PME. Zopa, un autre pionnier britannique, a une part de marché de 2% sur les nouveaux prêts à la consommation. Sa croissance est de 80% par an et son PDG pense qu’ils ont une bonne chance d’atteindre entre 20 et 30% de part de marché à l’avenir. À la mi-2015, toutes les plateformes P2P britanniques cumulées avaient levé près de 3,5 milliards de livres sterling. Plus près de nous, Paris a modifié sa législation en 2014 pour créer ses propres “champions”. En France, il y a maintenant plus de 70 entreprises Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 24/56 © 2016 Copyright.
fournissant des prêts aux PME. Lendopolis, Finsquare, PretPME et Lendix sont les plus connues. C’est cette dernière qui, en octobre, avait levé le montant maximal autorisé de 1 million d’euros pour l’entreprise de construction Orexim. Selon le CEO de Lendix, Olivier Goy, le P2P et le P2B sont déjà des alternatives viables aux prêts bancaires en France. Lendix est connue pour les prêts qu’elle a fournis au célèbre chef français Alain Ducasse pour trois de ses restaurants. Elle estime obtenir un volume de 25 millions d’euros en 2015 et vise un volume annuel de 300 à 400 millions d’euros d’ici 2017. En Belgique, nous retrouvons Look&Fin qui, comme nous l’avons mentionné plus haut, a déjà levé 5,22 millions d’euros à la fin 2015. Même dans notre pays, nous assistons à une croissance exponentielle de cet acteur. Le marché belge est actuellement limité aux prêts P2B. Les prêts P2P ne sont pas (encore) possibles. Montants effectifs levés par Look&Fin 3.669.291 4.000 000 613.280 3.500 000 2.536.992 442.370 3.000 000 1.808.993 2.500 000 316.391 2.000 000 450.000 1.500 000 101.646 150.000 1.000 000 11.775 500 000 2012 2013 2014 2015 2015 Q1 Q2 Total levé Total remboursé Source: Site Web Look & Fin, statu fin Q2 2015 Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 25/56 © 2016 Copyright.
Quel rôle pour les banques ? Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 26/56 © 2016 Copyright.
Les banques doivent-elles être dévorées à la sauce Facebook ? Tel était le titre d’un article dans De Morgen (8/10/2015). “Allons-nous bientôt tous nous rendre à la ‘Facebook Bank’ ou ‘Apple Bank’ ?” Jurgen Ingels, fondateur de la société de technologies de paiement Clear2Pay et un moteur derrière la création d’un “Fintech Hub” en Belgique, n’y croit pas. Du moins si les banques adoptent les règles d’entreprises innovantes, telles que Facebook, Apple et Google. Car tant David (c.-à-d. les nombreuses petites entreprises de technologies qui veulent une part du gâteau) que Goliath, les principaux acteurs de la Silicon Valley, ouvrent le feu sur les banques. D’abord, il y a David. Pour chaque service offert par les grandes banques, des milliers de nouvelles petites entreprises font la queue pour s’emparer de l’opportunité. “Elles poussent comme des champignons”, déclare Ingels. Le monde a en effet beaucoup changé depuis la dernière vague de l’Internet en 2000. La technologie est devenue beaucoup moins chère, le développement d’un nouveau produit prend considérablement moins de temps et le résultat peut immédiatement être commercialisé à l’international. “Parmi ces nouvelles venues se trouvent des sociétés dont tout le monde parlera dans les prochaines deux ou trois années”, déclare Ingels. “L’entreprise suédoise Klarna, par exemple, qui se spécialise dans les paiements sans argent liquide.” Et puis il y a Goliath : les grands acteurs comme Apple, Facebook et Google. Ce dernier dispose même d’une licence bancaire. Ils se concentrent entièrement sur le client grâce à des solutions simples, conviviales et des services en temps réel, et sont fortement articulés autour des données. Ces géants de la technologie peuvent très rapidement traiter et exploiter commercialement les données que nous laissons derrière nous sur Internet (y compris les données non structurées). Ainsi, sur la base de ses dépenses, il n’est pas difficile de prédire si un client sera dans le rouge vers la fin du mois. Et si cela devait se produire, on peut lui proposer une solution opportune. “Rupture” ou “collaboration” ? Toutes les banques ne se valent pas. Certains établissements financiers sont entièrement orientés au détail et n’ont pas d’activités bancaires d’investissement ou de services aux entreprises. Certains disposent d’un courtier interne et d’autres pas. Par exemple, si une banque de détail se concentre uniquement sur les dépôts et l’octroi de crédits, le crowdfunding en capital n’apparaît pas comme un choix stratégique logique dans l’immédiat. Toutefois, si un certain acteur financier dispose également d’une division banque d’investissement ; c’est une tout autre histoire. Les bourses concernées par des introductions en bourse ont le financement et les “affaires” dans les gènes, si bien qu’une expansion vers le crowdfunding financier ne constitue pas une décision stratégique illogique. Cela dépend donc du type d’acteur financier dont il est question. Arrêtons-nous un instant sur les banques de détail qui se concentrent également sur l’investissement. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 27/56 © 2016 Copyright.
Dans ce cas, le crowdfunding financier peut être considéré comme un élément potentiel d’un portefeuille de clients diversifié. L’avantage que ces banques peuvent fournir au secteur du crowdfunding réside dans leur clientèle, en la confiance des investisseurs dans un établissement bancaire et des connaissances liées aux investissements et à l’allocation d’actifs. En outre, la plupart des banques de détail disposent d’un réseau de succursales particulièrement étendu. Elles sont en contact avec les entreprises et les starters/start-up par l’intermédiaire de ce réseau d’agences. Néanmoins, il est vrai que les start-up n’entrent généralement pas en ligne de compte pour des crédits, mais une banque fait encore souvent office de (premier) interlocuteur privilégié. Ne fut-ce que pour réorienter ou informer une start-up des possibilités de financement (alternatives). Une banque de détail qui se concentre sur l’investissement peut donc s’engager sur le marché du crowdfunding et apporter une valeur ajoutée à une plateforme tant du point de vue de (a) la “demande” (les start-up qui recherchent des fonds) que (b) de l’”offre” (les investisseurs). Un courtier en ligne présente les avantages suivants : (a) une base de données de clients familiarisés avec le concept de l’investissement ; (b) les connaissances liées à l’exploitation d’une plateforme boursière en ligne et (c) de l’expérience dans le maniement de la législation financière ainsi que des régulateurs financiers. Il est donc clair que la banque ou le courtier peuvent proposer de nombreux avantages supplémentaires. Mais il y a un “mais”. Rares sont les plateformes de crowdfunding financier qui dégagent un profit. Un investissement doit donc encore avoir lieu. En outre se pose également le problème du risque de réputation. Si un projet ou une start-up échouent, cela peut avoir une incidence sur l’image de l’acteur financier. Ce raisonnement peut toutefois également être inversé. Un acteur financier qui s’engage dans le domaine du crowdfunding peut s’attendre à un effet positif en termes d’image. En effet, il apporte une contribution constructive à l’économie. En outre, pour un tel acteur financier, il s’avère intéressant et instructif d’être soi-même actif dans cette activité qui pourrait potentiellement constituer une rupture pour le secteur bancaire. On entre ainsi en contact avec de nouvelles technologies innovantes et l’approche entrepreneuriale rafraîchissante des start-up. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 28/56 © 2016 Copyright.
Dans la pratique, nous constatons que les banques ont adopté trois positions différentes par rapport au crowdfunding : 3 attitudes possibles des banques Actif The most banks Informer et rediriger Passif Source: Bolero Crowdfunding Research Source: Bolero Crowdfunding Research Premièrement, nous voyons des banques qui constatent que le crowdfunding peut être une source alternative de financement, mais qui ne se chargent pas du tout d’en informer leurs clients. La plupart des banques relèvent de cette catégorie. En 2015, nous voyons que certaines banques ont abandonné cette attitude passive et informent désormais leurs clients en les redirigeant vers des plateformes de crowdfunding existantes avec lesquelles elles disposent ou non d’un partenariat visible. Ainsi, en 2015, BNP Paribas Fortis a annoncé le lancement de son partenariat avec la plateforme existante MyMicroInvest. En octobre 2015, ING a fait de même avec Seedrs pour les transactions de crowdfunding financier et avec KissKissBankBank pour le non-financier. Pour finir, il y a des banques qui établissent et gèrent elles-mêmes une plateforme de crowdfunding. Un groupe très sélect de banques opte pour cette approche active. KBC a ainsi inauguré sa plateforme de crowdfunding, Bolero Crowdfunding, à la fin 2014. Pour des raisons évidentes, celle-ci a été intégrée par Bolero, son courtier en ligne. À la mi-2015, Hello Bank, la filiale numérique de BNP Paribas Fortis a lancé la plateforme, HelloCrowd. Celle-ci met l’accent sur les campagnes de crowdfunding non financier. Le crowdfunding financier en Belgique : Une croissance rapide dans un terreau fertile - 01/2016 29/56 © 2016 Copyright.
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