Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
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Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire N°5 DÉCEMBRE 2006 Enjeux Compétences Initiatives Hôpital La Musse Hôpital Villiers Saint Denis Centre médico-chirurgical de la Porte de Pantin
a c t u a l i t é s La direction Sros 3 de La Renaissance Sanitaire La fondation La Renaissance Sanitaire est dotée d’un conseil En Picardie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4 d’administration composé de douze membres, En Île-de-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4 dont un membre représentant le ministre de l’Intérieur. En Haute-Normandie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 6 Ses trois hôpitaux sont dirigés chacun par un directeur assisté d’une commission médicale d’établissement (CME). Tarification à l’activité Le conseil d’administration Quelle convergence tarifaire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 La personne de confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 Président e n j e u x Didier GABORIAUD Président de la Fédération mutualiste interdépartementale de la région parisienne (FMP) Prévention à l’hôpital Vice-président de l’infection à l’éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9 René DURAND Administrateur du comité départemental Prise en charge de l’obésité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11 de Seine-Saint-Denis de l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) Malnutrition-dénutrition et de l’association Vivre autrement Une affaire de Clan… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 Restauration Le pari de l’alliance public/privé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15 Secrétaire général Didier POITEVINEAU Administrateur de la FMP c o m p é t e n c e s Nouvelle balnéothérapie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 Trésorier Greffes de cartilage Paul DEVROEDT, Mythe et réalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17 Trésorier de la FMP Ouverture de service Administrateurs Maguy BEAU, administrateur de la FMP La stérilisation centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Jean-François CLERTANT, administrateur de la FMP Pr Gérard DUBOIS, chef du service Évaluation médicale au CHU d’Amiens Dépôt de sang et organisation Dr Magali GUICHARDON, médecin gériatre de la transfusion sanguine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 Michel LADEGAILLERIE, administrateur de la FMP Henri LESAULE, administrateur de la Caisse nationale solidarité Commissions régionales de conciliation et autonomie, vice-président de la caisse régionale d’assurance maladie et d’indemnisation (CRCI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21 Jean-Claude MAIRET, administrateur de la FMP Jean-Michel MEHNERT, préfet honoraire, représentant le ministre de l’Intérieur i n i t i a t i v e s Hôpital Villiers Saint Denis (02) Inauguration Appartement Renaissance/Jacqueline-Duval . . . . p. 22 Président Directeur de la CME Installation Jean-Louis YONNET Dr Jean-Louis RENARD Un simulateur de conduite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25 Revivre par le sport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27 Hôpital La Musse (27) Faits marquants Président Villiers Saint Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Directeur de la CME La Musse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32 Catherine Dr Alain CMCPP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 PALLADITCHEFF BOUILLEROT Le parcours de santé mutualiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Centre médico-chirurgical de la Porte de Pantin (75) Opération Hué Réalisations et nouveaux projets . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38 Président Directeur de la CME Directeur de publication : Didier Gaboriaud ■ Rédacteurs en chef : René Durand, Catherine Toublanc ■ Conception maquette : Héral ■ Iconographies : Concept Image, Marc DAULAS Dr Lakdfar KHENIFER La Renaissance Sanitaire ■ Imprimerie de Champagne ■ Dépôt légal 4e trimestre 2006. 2 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
é d i t o r i a l C’est avec un grand honneur que je préside, depuis le 7 avril 2006, La Renaissance Sanitaire qui compte désormais trois établissements de santé, ce qui en fait l’une des plus importantes fondations hospitalières de France : l’hôpital Villiers Saint Denis (02), l’hôpital La Musse (27) et, depuis un an, le centre médico-chirurgical de la Porte de Pantin (CMCPP - 75). Mon prédécesseur, Michel Ladegaillerie, qui a tant œuvré pour la Fondation, vous avait présenté cet établissement de court séjour dans le précédent numéro du magazine de la Fondation. Le cinquième numéro de Regards revient sur les schémas régionaux d’organisation sanitaire de troisième génération (Sros 3) publiés à la fin du premier trimestre 2006. Dans le paysage sanitaire régional ainsi défini, chaque hôpital bâtit son projet d’éta- blissement. Cela, combiné à la tarification à l’activité (T2A), doit conduire à un sys- tème de santé plus performant, mieux organisé et moins coûteux. D’ores et déjà, des réalisations novatrices de nos établissements, conformes aux orientations des Sros 3 et riches en partenariats locaux, vous sont présentées : le groupement de coopération sanitaire du sud de l’Aisne, qui associe l’hôpital Villiers Saint Denis et l’hôpital public de Château-Thierry, ou encore l’appartement théra- peutique et le simulateur de conduite récemment installés à l’hôpital La Musse. Le service de stérilisation centrale du CMCPP, son dépôt de sang, la nouvelle balnéo- thérapie de l’hôpital Villiers Saint Denis ou la technique des greffes de cartilage sont autant de nouvelles compétences que Regards a voulu vous faire découvrir. Toutes ces réalisations s’inscrivent dans un contexte particulier de recherche d’effi- cience caractérisé par des ressources financières limitées et dédiées au bien le plus précieux pour chacun d’entre nous, bien qui ne devrait souffrir d’aucune limite de moyens : la santé. Au-delà de l’exponentiel panel de techniques curatives existantes, il en va également, et réciproquement, de la responsabilité de chacun d’entre nous – dirigeants d’établissements de santé ou d’organismes de protection sociale, per- sonnels soignants ou non-soignants, mais aussi citoyens, tous potentiels patients ou usagers de l’hôpital – d’adopter une démarche responsable pour préserver, autant que faire se peut, le système sanitaire et social qui lui est consacré. La prévention, trop longtemps négligée, relève d’une démarche responsable. Elle constitue un enjeu pour notre société que Regards aborde ici sous l’angle de l’ali- mentation au travers tant des problèmes d’obésité que de la dénutrition. Elle constitue également le premier axe du parcours de santé mutualiste proposé par la Mutualité française. Solidarité, volonté d’offrir les mêmes chances face à la maladie, qualité des soins caractérisent ce projet. Elles demeurent également les fondements de l’action de La Renaissance Sanitaire. Didier Gaboriaud Président de La Renaissance Sanitaire L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6 3
a c t u a l i t é s Sros 3 Nous y sommes désormais tous confrontés: Sros 3 En Picardie en cette période de disette budgétaire, les mutualisations sont non seulement des outils d’optimisation des moyens et de restructurations constructives, la polyvalence des compétences qu’ils diabétologie, appareillage, médecine phy- mais aussi une véritable chance de voir sont en mesure d’offrir. sique et rééducation, mais aussi en soins Si tout est ici affaire de relations, de suite à orientation gériatrique, voire en progresser les interventions communes. d’échanges, de consensus et de recon- neurologie, soins palliatifs, prise en Parallèlement, l’exécution des schémas naissance des compétences de chacun, charge de la maladie d’Alzheimer et mala- régionaux d’organisation sanitaire vantées aux malades et à leur famille, y dies dégénératives, l’hôpital Villiers Saint compris et surtout par les prescripteurs Denis doit redéfinir ses périmètres d’ac- de troisième génération (Sros 3) de ville, c’est aussi une question de tivités et ses lieux de recrutement de qui contraignent les établissements confiance partagée. patients. Son objectif premier : retrouver de santé à rechercher les coopérations Placé dans un contexte d’interrégionalité, en soins de suite tous les malades du sud mais aussi de diversification de ses acti- de l’Aisne bénéficiant d’interventions chi- les plus efficaces au bénéfice des patients vités, dans un territoire large et dont rurgicales de proximité (Château-Thierry, et de la « proximité » de la prise en charge, «l’hôpital pivot» de Compiègne se trouve Soissons, Compiègne…), voire plus loin- offre l’opportunité de trouver une solution éloigné, l’hôpital Villiers Saint Denis doit taines (Reims, Meaux, Paris, Saint- se donner les moyens de développer les Quentin, Laon…). aux différentes problématiques actuelles. coopérations et les conventions qui le Désormais, aucun établissement de L’ organisation en réseaux, large- lient déjà ou le lieront très prochaine- santé de court séjour ou de soins de suite ment plébiscitée, permet aux ment à ses voisins, tout en respectant les ne peut espérer accueillir de malades professionnels d’assurer la prise objectifs quantifiés imposés lors des auto- sans que les praticiens et leurs équipes en charge globale des patients, soit dans risations d’activités qu’il obtiendra. ne soient parfaitement reconnus par une filière de soins par spécialité, soit par En cardiologie, pneumologie vasculaire, leurs pairs et sans qu’ils offrent une Le Sros 3 a été arrêté par le directeur En Île-de-France de l’agence régionale de l’hospitalisation L’ offre de soins visée par le cée comme une des nouvelles règles (ARH) d’Île-de-France le 23 mars 2006. Sros 3 dépasse le strict champ devant permettre l’amélioration de la de l’offre hospitalière et inclut prise en charge globale et organisée de la Fixé pour cinq ans, il est cependant plus largement la santé publique, l’ac- population. révisable à tout moment et a tion sociale et médico-sociale. La territorialisation participe de cette pour ambition annoncée de « mobiliser Les cent quarante pages du Sros 3, volonté de concertation en organisant complétées des trois cent quatre-vingt- l’offre de soins avec et par l’association tous les établissements de santé seize pages de son annexe, représen- des établissements de santé, des profes- et tous les professionnels concernés tent la synthèse des travaux concrets sionnels de santé, des usagers et des pour assurer le fonctionnement le plus d’experts, de professionnels, d’élus et représentants des collectivités locales de représentants des usagers. dans le but de « créer une dynamique performant possible » de l’appareil S’il fallait trouver un fil conducteur au territoriale ». de soins pour répondre aux besoins Sros 3 (en dehors même de son objet qui L’Île-de-France, qui comptait quatorzesec- de santé des 10 952 000 habitants peut paraître multiforme), on pourrait teurs sanitaires, est aujourd’hui découpée avancer que celui-ci réside dans la en vingt-deux bassins de santé (territoires) peuplant les huit départements « conception ». Ayant prévalu à l’élabora- ayant pour objectif de favoriser au mieux de la région Île-de-France. tion du Sros 3, cette dernière est annon- l’organisation de la gradation des soins ainsi 4 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Sros 3 a c t u a l i t é s garantie totale de prise en charge haute- et le recours à des avis et à des plateaux ment satisfaisante. techniques spécialisés démontreront le Il en va de la crédibilité de tous, d’autant dynamisme réel des structures hospitalières que, sous peu, l’évaluation des pratiques dans leur territoire de santé. professionnelles sera portée à la connais- À Villiers Saint Denis, afin de s’adapter rapi- sance du « commun » et donc des spécia- dement aux objectifs poursuivis, l’organi- listes. À juste titre, parce que fondée, la gramme de l’équipe de direction est mauvaise réputation éloignera le patient construit à géométrie variable. Ce fut selon les recommandations, même dis- naguère le cas lors de la création de la direc- crètes, de son médecin traitant. tion qualité et c’est toujours d’actualité Ceux qui se sont opposés hier à la maî- parce que les circonstances l’exigent. trise comptable des dépenses de santé ne L’établissement dispose donc, depuis le pourront échapper à la volonté de l’assu- 1er juillet, d’une direction du développement rance maladie de garantir des prestations des coopérations hospitalières. Ce levier a de qualité, seules capables de justifier pour principale mission la réalisation parti- l’importance des dépenses, sous l’œil cipative et environnementale du projet averti et vigilant du citoyen. d’établissement qui servira de base à l’ob- C’est dans cette logique et dans cet esprit tention des autorisations d’activités, en que se construiront les réseaux ville/hôpital, application du Sros 3. Cette logique encou- véritables socles des coopérations interhos- ragera ainsi les personnels de l’établisse- pitalières. Ces édifices devraient intégrale- ment à profiter des outils d’accompagne- ment redéfinir le paysage de santé de notre ment de la conduite du changement. ■ pays et représenter un facteur d’attractivité non négligeable, tant pour le patient que Frédérique Yonnet pour le corps médical: la multidisciplinarité Hôpital Villiers Saint Denis que les complémentarités et les coopéra- Avec ses 143 lits et 7 places autorisés à rieur à celui de la moyenne nationale tions entre établissements. ce jour, le CMCPP (ne) représente (1,59) et un problème de fluidité entre le Les projets médicaux de territoire pour- (que) 0,35 % du parc de médecine et de court séjour et les soins de suite subsiste, raient devenir l’expression ultime de chirurgie autorisé en Île-de-France dû en partie à l’offre insuffisante de struc- cette concertation et idéalement consti- (0,60 % pour la chirurgie ; 0,09 % pour la tures médico-sociales en aval des SSR. tuer la base de la contractualisation for- médecine). Ces chiffres, certes bruts et La question de la démographie médicale malisée entre les établissements de caricaturaux, illustrent cependant les est abordée dans le Sros 3 et ne peut santé et l’ARH dans la négociation des efforts que nous devons faire pour conti- être éludée lorsqu’on travaille sur la pré- contrats d’objectifs et de moyens. nuer à exister au sein d’un ensemble paration du devenir du CMCPP. Parmi les seize matières fixées par l’ar- aussi considérable et dense que l’offre Par rapport à la population médicale fran- rêté du 27 avril 2004 dont le Sros doit de soins de la région Île-de-France. cilienne, les chiffres avancés montrent obligatoirement traiter, le centre En ce qui concerne les SSR, la région que, comparés à 2004, les effectifs des chi- médico-chirurgical de la Porte de comptait en 2005 19 000 lits autorisés rurgiens (hors oto-rhino-laryngologie et Pantin (CMCPP) est directement en soins de suite et 6 000 de rééducation ophtalmologie) diminueront de 9,6 % à concerné par au moins quatre d’entre (réadaptation fonctionnelle). cinq ans et de 8,7 % à dix ans, ceux des elles (médecine, chirurgie, soins conti- Ce chiffre représente une augmentation anesthésistes pour les mêmes périodes de nus, imagerie médicale) de par ses acti- de 20 % des lits autorisés entre 1999 et 7% et 14%. Quant aux médecins de méde- vités actuelles et par une cinquième du 2005, bien que 2 300 de ces lits ne cine physique et réadaptation, leur nombre fait de l’élargissement de celles-ci vers soient pas encore installés. devrait diminuer de 13,06%… les soins de suite, la rééducation et la Le nombre de lits de SSR en rapport à la Le CMCPP est implanté dans le terri- réadaptation fonctionnelle (SSR). population (1,30 ) reste à ce jour infé- toire de santé 75-1 qui compte vingt- L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6 5
a c t u a l i t é s Sros 3 trois établissements (cinq de l’Assistance La chirurgie compte à ce jour quinze peut que conduire à une vigilance et à publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP], implantations. Treize sont prévues à des efforts soutenus pour maintenir le deux participant au service public hospi- échéance de cinq ans. CMCPP au sein de ce dispositif de soins. talier [PSPH] et seize cliniques privées). Les soins de suite comptent sept implanta- Le fait que notre établissement soit titulaire de L’annexe du Sros étant anonymisée, le tions; sept à neuf sont prévues à cinq ans. la seule autorisation d’exploitation d’un caisson CMCPP n’y est pas nominalement cité Enfin, en ce qui concerne la rééducation et hyperbare du département 75 et que celle-ci mais peut se situer par rapport à l’état la réadaptation fonctionnelle, trois implanta- soit prévisionnellement maintenue à cinqans d’évolution porté par cette annexe. tions sur le 75-1 actuelles doivent évoluer vers ne saurait à lui seul être une garantie. ■ Pour la médecine, quatorze implantations «trois à quatre» implantations à cinq ans. Marc Daulas sont prévues à échéance de cinq ans, On peut déduire de ces chiffres que les Centre médico-chirurgical contre neuf aujourd’hui. marges sont étroites et cette situation ne de la Porte de Pantin En Haute-Normandie Le 30 mars dernier, au terme • la définition des territoires respectant Notre établissement est au cœur de ce les limites régionales tout en favori- chantier en ce qui concerne plus parti- de vingt et un mois de réflexions, sant les coopérations nécessaires culièrement : d’échanges et de débats auxquels entre établissements situés dans les • les soins de suite et de réadaptation : nous avons participé activement, zones limitrophes. l’ARH préconise « un développement Le caractère opérationnel du Sros 3 est des alternatives à l’hospitalisation » et Christian Dubosq, directeur de l’agence également un axe fort. « l’extension des pôles handicap » ; régionale de l’hospitalisation (ARH) Il ressort de sa mise en place trois nou- • la gériatrie : faire face à l’accroissement de Haute-Normandie, a arrêté le schéma veaux outils : des besoins de nature gériatrique est • les objectifs quantifiés : la carte sani- l’un des enjeux principaux du Sros 3. Il régional d’organisation sanitaire taire est supprimée ainsi que les est proposé de développer l’évaluation de troisième génération (Sros 3). indices en lits et places. Désormais, gérontologique réalisée dans des struc- Ce document dresse l’état des lieux les objectifs quantifiés de l’offre de tures gériatriques spécialisées ; soins encadrent, au sein d’une année • la réadaptation cardio-vasculaire : le et détermine les objectifs et les actions opposable, la déclinaison de l’offre de Sros 3 prône la mise en place de l’hos- pour tous les établissements soins de chaque territoire de santé ; pitalisation de jour et le développe- hauts-normands d’ici à 2011. • les projets médicaux de territoire : ils ment des actions de prévention ; seront élaborés au sein des confé- • les soins palliatifs : la nécessité d’iden- rences sanitaires et déclineront, de tification de ces lits au sein des struc- L’ élaboration du Sros 3 a été enca- manière détaillée, les réponses appor- tures est réaffirmée ; drée par le nouveau dispositif tées par les acteurs de santé publique, • la prise en charge des patients céré- juridique prévu par le plan privés et libéraux pour couvrir les brolésés : la nécessaire existence des Hôpital 2007. Par ailleurs, la circulaire besoins de la population. Cette unités d’accueil au sein des centres de du 5 mars 2004 relative à l’élaboration démarche suppose le développement réadaptation et la mise en réseaux des du Sros 3 est venue compléter la réforme fort des coopérations entre établisse- professionnels et des structures au de ce document de planification. ments publics, privés et les profes- sein de nouveaux dispositifs sont sou- La territorialisation est une caractéris- sionnels libéraux ; lignées : pôle handicap, service d’ac- tique nouvelle du Sros 3. • les contrats d’objectifs et de moyens : compagnement médico-social pour La répartition de l’offre de soins en ils feront le lien entre la logique territo- adultes handicapés… Haute-Normandie, préalable au Sros 3, riale et la stratégie de l’établissement et Sur l’ensemble de ces points, notre éta- reposait sur le découpage en quatre sec- seront signés pendant le premier blissement a d’ores et déjà anticipé, et teurs sanitaires. semestre 2007. ce que nous avons développé ces der- Aujourd’hui, ce sont les « territoires de Notre établissement se trouve aujour- niers mois est totalement conforme aux santé » qui se substituent aux secteurs d’hui situé au sein du territoire d’Évreux- orientations du Sros 3. sanitaires. Toujours au nombre de Vernon, lequel connaîtra la croissance Notre établissement se voit donc stabi- quatre, ces territoires de santé décou- démographique la plus forte des quatre lisé en matière de capacité d’accueil et pent la région en tenant compte essen- territoires. À l’horizon 2020, il comptera valorisé comme un acteur indispensable tiellement des principes suivants : le nombre de 75 ans et plus le plus élevé de la mise en œuvre des orientations • la pertinence des territoires avec le de la région. stratégiques de la politique sanitaire comportement réel de la population ; L’enjeu retenu pour ce territoire est régionale. ■ • l’offre de soins graduée sur un même de consolider et moderniser l’offre territoire ; sanitaire. Catherine Palladitcheff Hôpital La Musse 6 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Tarification a c t u a l i t é s Tarification à l’activité Quelle convergence tarifaire ? Les unités de formation et de recherches La T2A vise à ce que les budgets soient Le Parlement a fixé un calendrier ambi- alloués en fonction de l’activité produite, tieux pour la convergence tarifaire entre de médecine sont les seules grandes dont la valorisation s’appuie largement les deux secteurs, un principe inscrit écoles où il n’est nullement délivré sur le programme de médicalisation des dans la réforme de la T2A. Cette de formation en économie. systèmes d’information (PMSI). En ce convergence devra atteindre 50 % en qui concerne l’hospitalisation, chaque 2008 et 100 % en 2012. Les étudiants en médecine sont, séjour se voit ainsi affecter d’une valeur, Or, d’après le rapport de l’Inspection pendant leurs études, isolés du monde, variable en fonction : générale des affaires sanitaires et absents des réalités politico- • de la pathologie du patient et de sa sociales, remis fin janvier au ministre de gravité ; la Santé, il semblerait qu’en matière de économiques, élevés dans la relation • de la durée de son séjour ; convergence tarifaire, il est urgent d’at- médecin/malade. Devenues médecins, • des examens et actes pratiqués pen- tendre… Car, d’après ce rapport, les pou- ces mêmes personnes sont prises dans dant le séjour. voirs publics ont fait fausse route en opé- Ainsi, l’activité d’un établissement va rant une convergence tarifaire « vers la cette culture individualiste, malgré eux, être découpée en groupes homogènes de moyenne » (ce qui est perdu pour l’un, et il ne faut pas leur jeter l’anathème, séjours (GHS), forme nouvelle d’une l’hôpital public, est gagné par l’autre, les car c’est le système qui l’a voulu ainsi. répartition médicale des patients, qui cliniques). Frères ennemis, les établisse- existe déjà sous forme de groupes homo- ments de santé sentent que la conver- Or, l’hôpital ne peut plus se satisfaire gènes de malades (GHM) dans le PMSI, gence tarifaire peut faire pencher la de ce colloque singulier. par l’intermédiaire du DIM. balance d’un côté ou de l’autre. Le sec- Un tarif moyen national par GHS est teur public refuse d’assumer seul les O n ne peut gérer un établisse- établi tous les ans. Pour l’instant, ce tarif activités lourdes, peu rentables, qu’il ment de santé sans que les diffère selon que l’on se situe en secteur s’agisse de la chirurgie non programmée médecins adhèrent à un projet public ou en secteur privé lucratif, car en ou de l’obstétrique niveau 3, et de laisser collectif, s’impliquent dans une dyna- secteur public, le tarif national du GHS le secteur privé prospérer sur les activi- mique volontariste. Trop souvent, les inclut le salaire moyen national du prati- tés prévisibles et rentables (la chirurgie médecins décrivent l’administration cien par rapport à la spécialité, donc en programmée et les accouchements phy- comme un frein, voire une menace à considérant la pathologie traitée alors siologiques) à un moment de l’histoire où leur pratique. Or, elle est au service du que dans le secteur privé lucratif, ce tarif la chirurgie traverse une crise démogra- praticien, via le seul interlocuteur qui n’inclut pas (encore) les honoraires du phique sans précédent imposant une puisse être l’ambassadeur de ces deux praticien. À terme, les tarifs dans les sec- recomposition drastique des plateaux mondes (médical/administratif), le teurs public et privé devraient donc, en techniques. Chaque secteur pèsera de médecin responsable du département principe, être les mêmes. tout son poids pour récupérer la chirur- d’information médicale (DIM), ce prati- Un GHS = un GHM = un tarif qui varie gie : le public pour ne pas garder unique- cien hybride qui a d’abord et avant tout d’une année à l’autre selon que l’on se ment les interventions lourdes et peu une culture médicale et, accessoire- situe en secteur public ou secteur privé rentables, le privé pour conserver les ment, une culture économique… lucratif (régulation prix/volume) sauf activités les plus organisables et les plus La tarification à l’activité (T2A) est pour la dialyse, l’interruption volontaire rentables… ■ un nouveau mode de répartition des de grossesse, le passage en réanimation- budgets des établissements de santé, soins intensifs-soins continus, les soins Dr Paul Pham mis en place en France à partir du palliatifs et les prélèvements d’organes Centre médico-chirurgical 1 er janvier 2004. (voir exemple dans le tableau ci-dessous). de la Porte de Pantin Tarif secteur Tarif secteur Tarif secteur Tarif secteur Libellé GHS GHM v10 public 2005 privé 2005 public 2006 privé 2006 Ligature veines et éveinages Patient âgé de moins de 70ans 1424 05C17V 1738,31 915,12 1720,93 965,89 sans complication majeure associée L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6 7
a c t u a l i t é s Droits des patients La personne de confiance Il est possible que vous ne soyez plus en mesure de faire valoir votre volonté et, par conséquent, vos souhaits relatifs à votre fin de vie. Dans ce cas, la personne de confiance est un mandataire que vous aurez choisi afin de faire valoir, à votre place, auprès du corps médical, votre déclaration de volonté. L e code de la santé publique sti- pule que la personne de confiance doit être désignée par écrit. La mission de cette personne de confiance est définie par vous-même. Elle pourra, selon votre souhait : • vous accompagner dans toutes vos démarches à l’hôpital ; • assister aux entretiens médicaux pour vous aider dans vos décisions de consentir à des actes médicaux. La personne de confiance pourra être consultée par le médecin si l’évolution de votre état de santé ne vous permet pas d’exprimer, vous-même, votre volonté et de recevoir l’information. Important : en aucun cas la personne de Vous devez vous être entretenu avec elle confiance ne sera autorisée à accéder à pour qu’elle fasse respecter votre volonté. votre dossier médical en dehors de votre Cette personne doit être majeure; ce peut présence, sans votre accord exprès. être votre médecin, un ami ou un membre de votre famille. «La personne à prévenir» Comment désigner la personne de ne dispose pas des droits de la personne de confiance ? confiance. Désigner une personne de Vous devez le faire par écrit. Cette dési- confiance ne veut pas dire que vous aban- La charte de la personne hospitalisée est gnation est valable pour toute la durée donnez vos droits ou ceux de vos proches, disponible sur le Web à l’adresse suivante : de l’hospitalisation, sauf choix contraire c’est une personne dont vous êtes sûr www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/ de votre part. Vous pourrez à tout qu’elle respectera votre volonté en cas d’in- charte_patient/accueil.htm moment révoquer ce choix. disponibilité momentanée ou définitive. ■ Vous retrouverez, aux rubriques 3 La personne de confiance n’est pas « la (information donnée au patient) personne à prévenir », c’est une per- Jean-Paul Lévy et 4 (consentement libre et éclairé Centre médico-chirurgical du patient) de la charte, les renseignements sonne à qui vous donnez le pouvoir de de la Porte de Pantin relatifs à la personne de confiance. décider à votre place. 8 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
La prévention à l'hôpital e n j e u x La prévention à l’hôpital de l’infection à l’éducation Nos sociétés occidentales, depuis quinze à vingt ans, sont devenues très majoritairement et de façon quasi consensuelle « préventionistes », et ce dans tous les domaines liés à l’activité humaine. Issue des débats ayant leurs racines aux États-Unis sur la gestion du risque, la prévention s’est conjuguée avec la notion de qualité, d’abord au sein des entreprises privées puis dorénavant dans le domaine public. Cette notion gratifiante de qualité a créé ses propres supports : l’organisation spécifique au sein des collectivités humaines de groupes réfléchissant aux risques, aussi divers soient-ils. L e terme « prévention » apparaît risque, en cas d’excès, sera alors de déve- hygiène de vie, lutte contre les addictions par son origine latine comme lopper une société hypersécuritaire dont en sont les sujets principaux, dont cer- l’action de devancer le risque ; la les conséquences à terme nous échap- tains font l’objet de débats : l’alcool est prévention se décline alors en spéciali- pent. Les mesures réglementaires, mais ainsi présenté sous un jour moins noir – tés : routière, accidents du travail, évé- aussi économiques, qui découlent de ces et trouve plus de défenseurs – que le nements naturels, etc., et bien sûr la mesures de prévention s’imposent à l’in- tabac devenu l’ennemi numéro un. santé. C’est cette prévention qui nous dividu car le modèle est jugé bénéfique D’autres sujets, comme la surconsomma- intéresse au premier plan, mais il est pour tout le groupe. tion (française) de médicaments, ne sont essentiel de la restituer dans le contexte Dans le domaine de la santé, la préven- pas ou peu abordés par nos sociétés. La propre à nos sociétés. tion dépasse aujourd’hui le cadre restric- prévention en santé est ainsi bordée par Comment s’organisent ces opérations de tif des problèmes infectieux. Soulignons nos habitudes culturelles et par les pres- prévention ? Les mesures à prendre sont que ceux-ci ont été historiquement les sions économiques qui y sont liées. définies par des « sages » ou des experts premiers à être partiellement compris et Revenons sur le risque infectieux lié aux qui, au sein de groupes de réflexion, jugulés (citons la protection contre les soins communément compris comme énoncent, selon des principes divers, épidémies de peste, de type individuelle l’infection nosocomiales (IN) et réflé- mais le plus souvent statistiques et tech- ou collective, qui, comme la quarantaine, chissons au sens du concept. L’IN niques, les actions à mener : ils définis- apparaît dès le XIVe siècle, puis l’appari- désigne, selon sa définition actuelle, une sent les règles. Ces règles deviennent des tion de la vaccination au XVIIIe siècle). infection contractée à l’hôpital (et dans consignes qui s’imposent à tous les Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que les un délai donné). Elle désigne donc un acteurs du groupe social ou aux profes- mesures simples mais basiques d’hygiène lieu, mais en aucun cas un mécanisme lié sionnels concernés. S’il s’agit de mesures hospitalière, comme le lavage des mains, à l’infection et encore moins une respon- destinées à prévenir un risque collectif, seront instituées dans les hôpitaux. sabilité automatique des acteurs de soins. elles revêtent un caractère politique au La prévention en matière de santé, L’IN est généralement comprise par le sens de l’intérêt supérieur de la cité. Le aujourd’hui, devient éducative: nutrition, grand public comme l’infection contractée L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6 9
e n j e u x La prévention à l'hôpital « à l’hôpital et par la faute de l’hôpital ». Il majeure en termes d’IN – , mais les Il y a quinze ans, y a confusion entre les infections iatro- efforts de tous et la constitution d’une le Dr Patricia Doublet-Lamour, gènes, opportunistes, et les réviviscences culture de soin et d’un hôpital « propre » qui sont toutes d’étiologies différentes. sont, quant à eux, remarquables. endocrinologue, a pris en charge Viennent ajouter à la confusion les chiffres Récemment, les pouvoirs publics ont pro- le service nutrition de l’hôpital d’IN parfois gonflés par les portages et cédé à un « classement » des établisse- La Musse. D’une capacité totale autres colonisations microbiennes ! En ments par catégorie (les centres hospita- gériatrie, le cas de la pneumopathie de liers universitaires, les centres hospitaliers de 32 lits, celui-ci accueille déglutition est un exemple pertinent de généraux, les soins de suite de réadapta- des patients souffrant d’obésité, cette insuffisance de précision et de tion et de rééducation [SSR]) portant sur de diabète et, depuis cinq ans, confusion, car cette infection n’est pas liée les moyens mis en œuvre dans chaque à un défaut de soins. En réanimation, ne hôpital : c’est l’indicateur composite des des patients présentant sont pas rares les équipes médicales qui, activités de lutte contre les infections un problème d’alcool. de façon certes provocatrice, considèrent nosocomiales (Icalin) dont les « notes » Plus rarement, il intervient pour que les équipes qui ont le taux le plus ou « scores » vont de A pour les meilleurs élevé d’IN sont souvent les plus actives et à E pour les plus mal classés. Attention des problématiques de renutrition peut-être les plus efficaces ! cependant à l’interprétation de ce score ou de suites de chirurgie digestive. Une définition de l’IN basée sur des cri- Icalin : c’est un relevé de moyens mis en D tères plus scientifiques de type physio- place par le Clin de l’établissement epuis quinze ans, le médecin a pathologiques s’impose. Le risque dépend concerné, mais en aucun cas un relevé de observé une augmentation du poids plus souvent du malade que du germe ! La résultats ! Sachons toutefois apprécier à moyen des patients: «Une hospita- prévention, une fois ces mises au point sa juste valeur le fait que les établisse- lisation peut être proposée si l’indice de masse faites, en sera alors mieux ciblée, plus effi- ments de la fondation La Renaissance corporelle (IMC) –c’est-à-dire, le poids cace et moins dispendieuse par une Sanitaire aient obtenu le classement A. exprimé en kilo sur la taille au carré exprimée meilleure utilisation de nos moyens. Nos Pour conclure sur ce score Icalin – qui en mètre– est supérieur à 32 ou supérieur à personnels de soins sont très attentifs au sera prochainement complété par 30 s’il existe d’autres facteurs de risques car- risque infectieux : ne les culpabilisons pas d’autres indicateurs IN –, il nous faut dio-vasculaires (diabète, anomalies lipidiques, en confondant infections iatrogènes et évidemment souligner ici notre but : hypertension…)», explique-t-elle. opportunistes dans un cadre trop globali- maintenir dans nos hôpitaux un haut L’hôpital La Musse est le seul établisse- sant appelé «IN». niveau d’hygiène. ment de moyen séjour de la région En France, dans nos hôpitaux, une poli- Pour aller au-delà, et le terme « préven- Haute-Normandie disposant d’un ser- tique volontariste de prévention du tion à l’hôpital » nous y conduit, il nous vice de nutrition. Les patients viennent risque infectieux s’est imposée depuis faut poursuivre nos actions thérapeu- de toute la Normandie, voire de Picardie quinze ans par la création des comités tiques et éducatives dans le cadre si ou de la région parisienne, qui dispose de de lutte contre les infections nosoco- favorable, compte tenu de la durée de peu de structures de ce type. miales (Clin). Ces instances de séjour, de nos établissements de SSR. Cinq prises en charge sont prévues pour réflexion et d’action ont mis en place les Cette approche médico-éducative les patients obèses : moyens matériels, les équipements spé- donne du sens à l’avenir de nos établis- • médicale: «Le patient est vu à son arri- cifiques, les formations de personnels, sements de SSR à travers une concep- vée par ma collègue ou moi-même. Des les protocoles, les enquêtes, les relevés tion de la prévention débouchant sur examens sont réalisés en fonction de son d’indicateurs, les politiques antibio- une véritable « éducation de santé ». état général et d’éventuelles complica- tiques, les contrôles bactériologiques de Là est le défi du futur de la prévention à tions décelées (notamment le syndrome l’environnement, liste non exhaustive. l’hôpital. ■ d’apnée du sommeil)», explique l’endo- Les résultats ne sont peut-être pas tou- crinologue. « Le patient signe un jours mesurables ou scientifiquement Dr Alain Bouillerot “contrat thérapeutique” l’engageant pen- quantifiables – c’est là une difficulté Hôpital La Musse dant toute la durée de son séjour»; 10 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
La prévention à l'hôpital e n j e u x Prise en charge de l’obésité le plus tôt possible • diététique: chaque patient est vu à son arrivée par une diététicienne qui déter- mine sa répartition alimentaire en fonction de ses habitudes à domicile. Il suit deux cours théoriques sur l’équilibre alimentaire et l’alimentation au quotidien. Il participe à une séance pratique en cuisine éduca- tive, par groupe de six, sous la houlette d’une diététicienne. Un repas complet est confectionné et partagé. C’est le moment de faire quelques rappels et de discuter des goûts, de la faim, de la satiété…; • kinésithérapeutique : activités de bal- néothérapie, de gymnastique, marche dans le parc, vélo, tapis de marche…, cinq jours sur sept; • psychologique : une psychologue est à disposition du service deux jours par semaine. Une prise en charge cognitivo- comportementaliste est réalisée pour certains patients réceptifs à cette de-Calais). » La durée d’hospitalisation démarche, avec l’aide du médecin du d’un patient souffrant d’obésité à La Programme Epode service et de la diététicienne. « Il s’agit Musse est de quatre semaines en (Ensemble prévenons l’obésité des enfants) là de chercher à comprendre, à partir de moyenne. Après quoi, il quitte l’éta- • Sensibiliser l’ensemble des acteurs locaux, des professionnels saynètes enregistrées, pourquoi et com- blissement avec des documents diété- de santé, des enseignants, puis des familles. ment on mange, pourquoi on ne sait pas tiques (remis lors des cours) et sa • Former des intervenants. dire non, par exemple»; répartition alimentaire. • Proposer des outils pédagogiques pour les enseignants. • infirmière : en dehors des actions de • Transformer les cours de récréation afin de favoriser quinze à trente minutes d’activité physique spontanée quotidienne pour les enfants. soins et sur leur initiative, les infirmières « On demande aussi à chaque patient, • Agir auprès de la restauration scolaire. ont mis en place une réunion d’informa- précise le Dr Patricia Doublet-Lamour, • Apprendre aux enfants à cuisiner et leur permettre de réaliser tion sur l’obésité et ses complications ; d’élaborer un programme d’activité phy- des ateliers du goût. • éducation : « Il est bien rare que les sique. Pour les patients du département, • Créer un temps fort dans la ville, chaque année, à l’occasion adultes d’aujourd’hui aient eu, dans un suivi en consultations est proposé, les de la Semaine de la nutrition et de l’activité physique. l’enfance, une éducation alimentaire et patients venant avec un journal réalisé • Imaginer des opérations en relation avec chaque saison. • Encourager le « pédibus », autobus scolaire pédestre géré je pense pourtant que la véritable pré- sur une semaine. Nous élaborons par des parents qui, à tour de rôle, conduisent un groupe d’enfants vention de l’obésité doit se faire à ce ensemble les stratégies à mettre en place à pied à l’école. moment-là », continue le médecin. et pointons les endroits où cela a échoué. • Peser et mesurer les enfants de 5 à 12 ans et calculer leur IMC, «Parce qu’il est tellement plus facile de Malheureusement, on estime à 2 % le l’ensemble reporté sur une courbe de corpulence systématiquement ne pas prendre de poids que d’essayer nombre de personnes souffrant d’obésité commentée et adressée aux parents. d’en perdre ! Le programme Epode qui arrivent à perdre du poids de manière • Inciter les parents d’enfants à risque ou en excès de poids à consulter (Ensemble prévenons l’obésité des durable. Car, je le répète à chaque fois, leur médecin. enfants, voir encadré ci-contre), mis en l’équilibre alimentaire, c’est tous les jours, L’objectif est de permettre aux enfants de stabiliser leur corpulence ou de la réduire. Selon les régions et la sociologie des établissements place récemment par le ministère de la toute la vie pour tout le monde. » ■ scolaires, 5 à 25 % des enfants ont un problème d’obésité. Santé, va tout à fait dans le bon sens et Il s’agit donc, d’une part, de proposer aux médecins de bénéficier a fait ses preuves dans les villes initia- Dominique Guibourg d’une formation et/ou d’une aide pour la prise en charge et, trices comme Fleurbaix-Laventie (Pas- Hôpital La Musse d’autre part, d’inciter les parents à consulter leur médecin. L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6 11
e n j e u x La prévention à l'hôpital Malnutrition-dénutrition Une affaire de Clan, mais pas seulement de clan En 1997, un rapport sur l’alimentation nal de santé publique (PRSP). Dans la infectieuse multiplié de deux à six, de en milieu hospitalier du Pr Guygrand version 2 du PRSP, la nutrition apparaît mortalité multiplié de deux à quatre, de comme un déterminant majeur de santé. durées de séjour prolongées de deux à invite les hôpitaux à se doter de comité quatre, une consommation médicamen- de liaison alimentation nutrition (Clan) La Haute Autorité de santé (HAS) a teuse augmentée, un risque accru d’en- pour lutter contre la dénutrition. inscrit le dépistage systématisé de la trée définitive en institution. dénutrition dans la nouvelle version La dénutrition peut entraîner un enchaî- En 2001, l’axe 2 du plan national du référentiel de l’accréditation. nement lourd de conséquences, avec un Nutrition Santé 2001-2005 (PNNS1) Le Clan de l’hôpital Villiers Saint Denis amaigrissement, une hypoalbuminémie met en évidence les problématiques que créé en juin 2004 participe pleinement (baisse de l’albumine), un déficit immu- à cette action de dépistage de la malnu- nitaire, des infections urinaires et respi- posent la restauration et la nutrition trition-dénutrition. ratoires, des troubles psychiques et des dans les systèmes de soins. L’objectif La malnutrition est une inadaptation isolements, des risques iatrogènes, des est centré sur la prévention, le dépistage des apports alimentaires aux besoins. chutes, des fractures, des escarres et Elle désigne aussi la sous-alimentation. enfin un état grabataire. Plus nous avan- et la prise en charge des troubles La dénutrition définit les consé- çons dans les conséquences, moins il y nutritionnels dans les systèmes de soins. quences de la malnutrition. Il s’agit d’un a de chance de réversibilité… Une circulaire du 29 mars 2002, déficit en énergie, en protéines ou en Il faut donc la dépister dès les qua- n’importe quel autre macro ou micro- rante-huit premières heures d’hospi- relative à l’alimentation et à la nutrition nutriment, produisant un changement talisation en pesant, en mesurant, en dans les établissements de santé, mesurable des fonctions corporelles calculant l’indice de masse corporelle recommande la mise en place d’un Clan et/ou de la composition corporelle, asso- (IMC = poids/taille 2) et en évaluant, cié à une aggravation du pronostic des autant que faire se peut, le pourcen- au sein de chaque établissement de santé. malades et spécifiquement réversible tage de la perte de poids (en se réfé- par un traitement nutritionnel. rant au poids habituel). Les conséquences protéino-énergétiques On parle de dénutrition si : L e Comité national de l’alimen- sont une altération de l’état général, des • IMC < 18,5 (< 21 si sujet âgé de plus tation et de la nutrition dans troubles psychiques, une fonte muscu- de 75 ans) ; les établissements de santé laire, l’installation d’une ostéoporose, • amaigrissement > 2 % du poids habi- (Cnanes) est créé par l’arrêté du une immuno-dépression, des troubles tuel en une semaine, > 5 % en un mois 29 mars 2002 et modifié par l’arrêté digestifs, une hypotension orthostatique, ou > 10 % en six mois. du 8 septembre 2005. En 2006, les des œdèmes, des défauts de cicatrisa- Le dosage de l’albuminémie est impor- propositions de nouvelles stratégies tion, des escarres, des modifications de tant pour calculer le Nutritional Risk pour le PNNS2 (2006-2008) concer- l’efficacité des médicaments. Index (NRI) ou index de BUSBY. nent notamment les actions pour La dénutrition touche 30 à 60% des On parle de dénutrition si : améliorer la prise en charge de la patients à l’hôpital, surtout les sujets • NRI compris entre 83,5 et 97,5 dénutrition ou de son risque notam- âgés, les patients atteints d’affections (dénutrition modérée) ; ment chez le sujet âgé (en ville ainsi aiguës ou chroniques, cachectisant ou • NRI < 83,5 (dénutrition sévère). que dans les établissements de santé ayant subi une intervention ou un traite- L’albuminémie (normale > 35g/l) peut et médico-sociaux). ment agressif… nous renseigner à elle seule sur : La loi du 9 août 2004, relative à la poli- Les conséquences de la dénutrition en • une dénutrition modérée (de 30 à tique de santé publique, stipule la mise en matière de santé publique sont très 35 g/l) ; place dans chaque région d’un plan régio- importantes, avec un risque de maladie • une dénutrition sévère (< 30 g/l). 12 L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
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