Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire

La page est créée Sonia Auger
 
CONTINUER À LIRE
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
Regards
                                      Le magazine
                                    de La Renaissance Sanitaire

                    N°5        DÉCEMBRE 2006

   Enjeux
   Compétences
   Initiatives

         Hôpital La Musse
Hôpital Villiers Saint Denis
 Centre médico-chirurgical
     de la Porte de Pantin
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
a c t u a l i t é s
    La direction
                                                                                     Sros 3
    de La Renaissance Sanitaire
    La fondation La Renaissance Sanitaire est dotée d’un conseil
                                                                                     En Picardie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4
    d’administration composé de douze membres,                                       En Île-de-France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4
    dont un membre représentant le ministre de l’Intérieur.                          En Haute-Normandie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 6
    Ses trois hôpitaux sont dirigés chacun par un directeur
    assisté d’une commission médicale d’établissement (CME).                         Tarification à l’activité
    Le conseil d’administration
                                                                                     Quelle convergence tarifaire ?                                                  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7

                                                                                     La personne de confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8
                   Président
                                                                                      e n j e u x
                   Didier GABORIAUD
                   Président de la Fédération mutualiste interdépartementale
                   de la région parisienne (FMP)                                     Prévention à l’hôpital
                   Vice-président                                                    de l’infection à l’éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9
                   René DURAND
                   Administrateur du comité départemental                            Prise en charge de l’obésité                                              . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11
                   de Seine-Saint-Denis de l’Association
                   pour adultes et jeunes handicapés (APAJH)
                                                                                     Malnutrition-dénutrition
                   et de l’association Vivre autrement                               Une affaire de Clan… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12
                                                                                     Restauration
                                                                                     Le pari de l’alliance public/privé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15
                   Secrétaire général
                   Didier POITEVINEAU
                   Administrateur de la FMP                                          c o m p é t e n c e s
                                                                                     Nouvelle balnéothérapie                                            . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16

                   Trésorier                                                         Greffes de cartilage
                   Paul DEVROEDT,                                                    Mythe et réalité                          . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17
                   Trésorier de la FMP
                                                                                     Ouverture de service
    Administrateurs
    Maguy BEAU, administrateur de la FMP                                             La stérilisation centrale                                      . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18
    Jean-François CLERTANT, administrateur de la FMP
    Pr Gérard DUBOIS, chef du service Évaluation médicale au CHU d’Amiens
                                                                                     Dépôt de sang et organisation
    Dr Magali GUICHARDON, médecin gériatre                                           de la transfusion sanguine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19
    Michel LADEGAILLERIE, administrateur de la FMP
    Henri LESAULE, administrateur de la Caisse nationale solidarité                  Commissions régionales de conciliation
    et autonomie, vice-président de la caisse régionale d’assurance maladie          et d’indemnisation (CRCI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21
    Jean-Claude MAIRET, administrateur de la FMP
    Jean-Michel MEHNERT, préfet honoraire, représentant le ministre de l’Intérieur
                                                                                      i n i t i a t i v e s
    Hôpital Villiers Saint Denis (02)
                                                                                     Inauguration
                                                                                     Appartement Renaissance/Jacqueline-Duval . . . . p. 22
                                                             Président
                   Directeur                                 de la CME
                                                                                     Installation
                   Jean-Louis YONNET                         Dr Jean-Louis RENARD    Un simulateur de conduite                                              . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25

                                                                                     Revivre par le sport                               . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27
    Hôpital La Musse (27)
                                                                                     Faits marquants
                                                             Président               Villiers Saint Denis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30
                    Directeur                                de la CME               La Musse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32
                    Catherine                                Dr Alain                CMCPP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34
                    PALLADITCHEFF                            BOUILLEROT
                                                                                     Le parcours de santé mutualiste                                                       . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36

    Centre médico-chirurgical de la Porte de Pantin (75)                             Opération Hué
                                                                                     Réalisations et nouveaux projets                                                        . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38

                                                             Président
                    Directeur                                de la CME               Directeur de publication : Didier Gaboriaud ■ Rédacteurs en chef : René Durand,
                                                                                     Catherine Toublanc ■ Conception maquette : Héral ■ Iconographies : Concept Image,
                    Marc DAULAS                              Dr Lakdfar KHENIFER     La Renaissance Sanitaire ■ Imprimerie de Champagne ■ Dépôt légal 4e trimestre 2006.

2                                                                                    L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
é d i t o r i a l

                                       C’est avec un grand honneur que je préside, depuis le 7 avril 2006, La Renaissance
                                       Sanitaire qui compte désormais trois établissements de santé, ce qui en fait l’une
                                       des plus importantes fondations hospitalières de France : l’hôpital Villiers Saint
                                       Denis (02), l’hôpital La Musse (27) et, depuis un an, le centre médico-chirurgical
                                       de la Porte de Pantin (CMCPP - 75). Mon prédécesseur, Michel Ladegaillerie, qui
                                       a tant œuvré pour la Fondation, vous avait présenté cet établissement de court
                                       séjour dans le précédent numéro du magazine de la Fondation.

                                       Le cinquième numéro de Regards revient sur les schémas régionaux d’organisation
                                       sanitaire de troisième génération (Sros 3) publiés à la fin du premier trimestre 2006.
                                       Dans le paysage sanitaire régional ainsi défini, chaque hôpital bâtit son projet d’éta-
                                       blissement. Cela, combiné à la tarification à l’activité (T2A), doit conduire à un sys-
                                       tème de santé plus performant, mieux organisé et moins coûteux.

                                       D’ores et déjà, des réalisations novatrices de nos établissements, conformes aux
                                       orientations des Sros 3 et riches en partenariats locaux, vous sont présentées : le
                                       groupement de coopération sanitaire du sud de l’Aisne, qui associe l’hôpital Villiers
                                       Saint Denis et l’hôpital public de Château-Thierry, ou encore l’appartement théra-
                                       peutique et le simulateur de conduite récemment installés à l’hôpital La Musse. Le
                                       service de stérilisation centrale du CMCPP, son dépôt de sang, la nouvelle balnéo-
                                       thérapie de l’hôpital Villiers Saint Denis ou la technique des greffes de cartilage sont
                                       autant de nouvelles compétences que Regards a voulu vous faire découvrir.

                                       Toutes ces réalisations s’inscrivent dans un contexte particulier de recherche d’effi-
                                       cience caractérisé par des ressources financières limitées et dédiées au bien le plus
                                       précieux pour chacun d’entre nous, bien qui ne devrait souffrir d’aucune limite de
                                       moyens : la santé. Au-delà de l’exponentiel panel de techniques curatives existantes,
                                       il en va également, et réciproquement, de la responsabilité de chacun d’entre nous
                                       – dirigeants d’établissements de santé ou d’organismes de protection sociale, per-
                                       sonnels soignants ou non-soignants, mais aussi citoyens, tous potentiels patients ou
                                       usagers de l’hôpital – d’adopter une démarche responsable pour préserver, autant
                                       que faire se peut, le système sanitaire et social qui lui est consacré.

                                       La prévention, trop longtemps négligée, relève d’une démarche responsable. Elle
                                       constitue un enjeu pour notre société que Regards aborde ici sous l’angle de l’ali-
                                       mentation au travers tant des problèmes d’obésité que de la dénutrition. Elle
                                       constitue également le premier axe du parcours de santé mutualiste proposé par la
                                       Mutualité française.

                                       Solidarité, volonté d’offrir les mêmes chances face à la maladie, qualité des soins
                                       caractérisent ce projet. Elles demeurent également les fondements de l’action de
                                       La Renaissance Sanitaire.

                                                                                                          Didier Gaboriaud
                                                                                       Président de La Renaissance Sanitaire

L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6                                                      3
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
a c t u a l i t é s                    Sros 3

Nous y sommes désormais tous confrontés:
                                                               Sros 3
                                                               En Picardie
     en cette période de disette budgétaire,
     les mutualisations sont non seulement
       des outils d’optimisation des moyens
       et de restructurations constructives,                   la polyvalence des compétences qu’ils          diabétologie, appareillage, médecine phy-
    mais aussi une véritable chance de voir                    sont en mesure d’offrir.                       sique et rééducation, mais aussi en soins
                                                               Si tout est ici affaire de relations,          de suite à orientation gériatrique, voire en
   progresser les interventions communes.
                                                               d’échanges, de consensus et de recon-          neurologie, soins palliatifs, prise en
    Parallèlement, l’exécution des schémas                     naissance des compétences de chacun,           charge de la maladie d’Alzheimer et mala-
          régionaux d’organisation sanitaire                   vantées aux malades et à leur famille, y       dies dégénératives, l’hôpital Villiers Saint
                                                               compris et surtout par les prescripteurs       Denis doit redéfinir ses périmètres d’ac-
            de troisième génération (Sros 3)
                                                               de ville, c’est aussi une question de          tivités et ses lieux de recrutement de
        qui contraignent les établissements                    confiance partagée.                            patients. Son objectif premier : retrouver
     de santé à rechercher les coopérations                    Placé dans un contexte d’interrégionalité,     en soins de suite tous les malades du sud
                                                               mais aussi de diversification de ses acti-     de l’Aisne bénéficiant d’interventions chi-
 les plus efficaces au bénéfice des patients
                                                               vités, dans un territoire large et dont        rurgicales de proximité (Château-Thierry,
et de la « proximité » de la prise en charge,                  «l’hôpital pivot» de Compiègne se trouve       Soissons, Compiègne…), voire plus loin-
offre l’opportunité de trouver une solution                    éloigné, l’hôpital Villiers Saint Denis doit   taines (Reims, Meaux, Paris, Saint-
                                                               se donner les moyens de développer les         Quentin, Laon…).
 aux différentes problématiques actuelles.
                                                               coopérations et les conventions qui le         Désormais, aucun établissement de

               L’
                        organisation en réseaux, large-        lient déjà ou le lieront très prochaine-       santé de court séjour ou de soins de suite
                        ment plébiscitée, permet aux           ment à ses voisins, tout en respectant les     ne peut espérer accueillir de malades
                        professionnels d’assurer la prise      objectifs quantifiés imposés lors des auto-    sans que les praticiens et leurs équipes
               en charge globale des patients, soit dans       risations d’activités qu’il obtiendra.         ne soient parfaitement reconnus par
               une filière de soins par spécialité, soit par   En cardiologie, pneumologie vasculaire,        leurs pairs et sans qu’ils offrent une

   Le Sros 3 a été arrêté par le directeur
                                                               En Île-de-France
de l’agence régionale de l’hospitalisation

                                                               L’
                                                                         offre de soins visée par le          cée comme une des nouvelles règles
(ARH) d’Île-de-France le 23 mars 2006.                                   Sros 3 dépasse le strict champ       devant permettre l’amélioration de la
                                                                         de l’offre hospitalière et inclut    prise en charge globale et organisée de la
      Fixé pour cinq ans, il est cependant                     plus largement la santé publique, l’ac-        population.
              révisable à tout moment et a                     tion sociale et médico-sociale.                La territorialisation participe de cette
 pour ambition annoncée de « mobiliser                         Les cent quarante pages du Sros 3,             volonté de concertation en organisant
                                                               complétées des trois cent quatre-vingt-        l’offre de soins avec et par l’association
          tous les établissements de santé                     seize pages de son annexe, représen-           des établissements de santé, des profes-
     et tous les professionnels concernés                      tent la synthèse des travaux concrets          sionnels de santé, des usagers et des
  pour assurer le fonctionnement le plus                       d’experts, de professionnels, d’élus et        représentants des collectivités locales
                                                               de représentants des usagers.                  dans le but de « créer une dynamique
       performant possible » de l’appareil                     S’il fallait trouver un fil conducteur au      territoriale ».
      de soins pour répondre aux besoins                       Sros 3 (en dehors même de son objet qui        L’Île-de-France, qui comptait quatorzesec-
       de santé des 10 952 000 habitants                       peut paraître multiforme), on pourrait         teurs sanitaires, est aujourd’hui découpée
                                                               avancer que celui-ci réside dans la            en vingt-deux bassins de santé (territoires)
           peuplant les huit départements                      « conception ». Ayant prévalu à l’élabora-     ayant pour objectif de favoriser au mieux
                de la région Île-de-France.                    tion du Sros 3, cette dernière est annon-      l’organisation de la gradation des soins ainsi

4                                                              L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
Sros 3 a c t u a l i t é s

garantie totale de prise en charge haute-        et le recours à des avis et à des plateaux
ment satisfaisante.                              techniques spécialisés démontreront le
Il en va de la crédibilité de tous, d’autant     dynamisme réel des structures hospitalières
que, sous peu, l’évaluation des pratiques        dans leur territoire de santé.
professionnelles sera portée à la connais-       À Villiers Saint Denis, afin de s’adapter rapi-
sance du « commun » et donc des spécia-          dement aux objectifs poursuivis, l’organi-
listes. À juste titre, parce que fondée, la      gramme de l’équipe de direction est
mauvaise réputation éloignera le patient         construit à géométrie variable. Ce fut
selon les recommandations, même dis-             naguère le cas lors de la création de la direc-
crètes, de son médecin traitant.                 tion qualité et c’est toujours d’actualité
Ceux qui se sont opposés hier à la maî-          parce que les circonstances l’exigent.
trise comptable des dépenses de santé ne         L’établissement dispose donc, depuis le
pourront échapper à la volonté de l’assu-        1er juillet, d’une direction du développement
rance maladie de garantir des prestations        des coopérations hospitalières. Ce levier a
de qualité, seules capables de justifier         pour principale mission la réalisation parti-
l’importance des dépenses, sous l’œil            cipative et environnementale du projet
averti et vigilant du citoyen.                   d’établissement qui servira de base à l’ob-
C’est dans cette logique et dans cet esprit      tention des autorisations d’activités, en
que se construiront les réseaux ville/hôpital,   application du Sros 3. Cette logique encou-
véritables socles des coopérations interhos-     ragera ainsi les personnels de l’établisse-
pitalières. Ces édifices devraient intégrale-    ment à profiter des outils d’accompagne-
ment redéfinir le paysage de santé de notre      ment de la conduite du changement. ■
pays et représenter un facteur d’attractivité
non négligeable, tant pour le patient que                                     Frédérique Yonnet
pour le corps médical: la multidisciplinarité                      Hôpital Villiers Saint Denis

que les complémentarités et les coopéra-         Avec ses 143 lits et 7 places autorisés à         rieur à celui de la moyenne nationale
tions entre établissements.                      ce jour, le CMCPP (ne) représente                 (1,59) et un problème de fluidité entre le
Les projets médicaux de territoire pour-         (que) 0,35 % du parc de médecine et de            court séjour et les soins de suite subsiste,
raient devenir l’expression ultime de            chirurgie autorisé en Île-de-France               dû en partie à l’offre insuffisante de struc-
cette concertation et idéalement consti-         (0,60 % pour la chirurgie ; 0,09 % pour la        tures médico-sociales en aval des SSR.
tuer la base de la contractualisation for-       médecine). Ces chiffres, certes bruts et          La question de la démographie médicale
malisée entre les établissements de              caricaturaux, illustrent cependant les            est abordée dans le Sros 3 et ne peut
santé et l’ARH dans la négociation des           efforts que nous devons faire pour conti-         être éludée lorsqu’on travaille sur la pré-
contrats d’objectifs et de moyens.               nuer à exister au sein d’un ensemble              paration du devenir du CMCPP.
Parmi les seize matières fixées par l’ar-        aussi considérable et dense que l’offre           Par rapport à la population médicale fran-
rêté du 27 avril 2004 dont le Sros doit          de soins de la région Île-de-France.              cilienne, les chiffres avancés montrent
obligatoirement traiter, le centre               En ce qui concerne les SSR, la région             que, comparés à 2004, les effectifs des chi-
médico-chirurgical de la Porte de                comptait en 2005 19 000 lits autorisés            rurgiens (hors oto-rhino-laryngologie et
Pantin (CMCPP) est directement                   en soins de suite et 6 000 de rééducation         ophtalmologie) diminueront de 9,6 % à
concerné par au moins quatre d’entre             (réadaptation fonctionnelle).                     cinq ans et de 8,7 % à dix ans, ceux des
elles (médecine, chirurgie, soins conti-         Ce chiffre représente une augmentation            anesthésistes pour les mêmes périodes de
nus, imagerie médicale) de par ses acti-         de 20 % des lits autorisés entre 1999 et          7% et 14%. Quant aux médecins de méde-
vités actuelles et par une cinquième du          2005, bien que 2 300 de ces lits ne               cine physique et réadaptation, leur nombre
fait de l’élargissement de celles-ci vers        soient pas encore installés.                      devrait diminuer de 13,06%…
les soins de suite, la rééducation et la         Le nombre de lits de SSR en rapport à la          Le CMCPP est implanté dans le terri-
réadaptation fonctionnelle (SSR).                population (1,30 ) reste à ce jour infé-          toire de santé 75-1 qui compte vingt-

L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6                                                                       5
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
a c t u a l i t é s                   Sros 3
               trois établissements (cinq de l’Assistance   La chirurgie compte à ce jour quinze               peut que conduire à une vigilance et à
               publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP],          implantations. Treize sont prévues à               des efforts soutenus pour maintenir le
               deux participant au service public hospi-    échéance de cinq ans.                              CMCPP au sein de ce dispositif de soins.
               talier [PSPH] et seize cliniques privées).   Les soins de suite comptent sept implanta-         Le fait que notre établissement soit titulaire de
               L’annexe du Sros étant anonymisée, le        tions; sept à neuf sont prévues à cinq ans.        la seule autorisation d’exploitation d’un caisson
               CMCPP n’y est pas nominalement cité          Enfin, en ce qui concerne la rééducation et        hyperbare du département 75 et que celle-ci
               mais peut se situer par rapport à l’état     la réadaptation fonctionnelle, trois implanta-     soit prévisionnellement maintenue à cinqans
               d’évolution porté par cette annexe.          tions sur le 75-1 actuelles doivent évoluer vers   ne saurait à lui seul être une garantie.       ■
               Pour la médecine, quatorze implantations     «trois à quatre» implantations à cinq ans.                                            Marc Daulas
               sont prévues à échéance de cinq ans,         On peut déduire de ces chiffres que les                                Centre médico-chirurgical
               contre neuf aujourd’hui.                     marges sont étroites et cette situation ne                                  de la Porte de Pantin

               En Haute-Normandie
            Le 30 mars dernier, au terme                    • la définition des territoires respectant         Notre établissement est au cœur de ce
                                                              les limites régionales tout en favori-           chantier en ce qui concerne plus parti-
        de vingt et un mois de réflexions,
                                                              sant les coopérations nécessaires                culièrement :
        d’échanges et de débats auxquels                      entre établissements situés dans les             • les soins de suite et de réadaptation :
        nous avons participé activement,                      zones limitrophes.                                 l’ARH préconise « un développement
                                                            Le caractère opérationnel du Sros 3 est              des alternatives à l’hospitalisation » et
 Christian Dubosq, directeur de l’agence
                                                            également un axe fort.                               « l’extension des pôles handicap » ;
     régionale de l’hospitalisation (ARH)                   Il ressort de sa mise en place trois nou-          • la gériatrie : faire face à l’accroissement
de Haute-Normandie, a arrêté le schéma                      veaux outils :                                       des besoins de nature gériatrique est
                                                            • les objectifs quantifiés : la carte sani-          l’un des enjeux principaux du Sros 3. Il
         régional d’organisation sanitaire
                                                              taire est supprimée ainsi que les                  est proposé de développer l’évaluation
        de troisième génération (Sros 3).                     indices en lits et places. Désormais,              gérontologique réalisée dans des struc-
      Ce document dresse l’état des lieux                     les objectifs quantifiés de l’offre de             tures gériatriques spécialisées ;
                                                              soins encadrent, au sein d’une année             • la réadaptation cardio-vasculaire : le
  et détermine les objectifs et les actions
                                                              opposable, la déclinaison de l’offre de            Sros 3 prône la mise en place de l’hos-
             pour tous les établissements                     soins de chaque territoire de santé ;              pitalisation de jour et le développe-
            hauts-normands d’ici à 2011.                    • les projets médicaux de territoire : ils           ment des actions de prévention ;
                                                              seront élaborés au sein des confé-               • les soins palliatifs : la nécessité d’iden-
                                                              rences sanitaires et déclineront, de               tification de ces lits au sein des struc-

               L’
                        élaboration du Sros 3 a été enca-     manière détaillée, les réponses appor-             tures est réaffirmée ;
                        drée par le nouveau dispositif        tées par les acteurs de santé publique,          • la prise en charge des patients céré-
                        juridique prévu par le plan           privés et libéraux pour couvrir les                brolésés : la nécessaire existence des
               Hôpital 2007. Par ailleurs, la circulaire      besoins de la population. Cette                    unités d’accueil au sein des centres de
               du 5 mars 2004 relative à l’élaboration        démarche suppose le développement                  réadaptation et la mise en réseaux des
               du Sros 3 est venue compléter la réforme       fort des coopérations entre établisse-             professionnels et des structures au
               de ce document de planification.               ments publics, privés et les profes-               sein de nouveaux dispositifs sont sou-
               La territorialisation est une caractéris-      sionnels libéraux ;                                lignées : pôle handicap, service d’ac-
               tique nouvelle du Sros 3.                    • les contrats d’objectifs et de moyens :            compagnement médico-social pour
               La répartition de l’offre de soins en          ils feront le lien entre la logique territo-       adultes handicapés…
               Haute-Normandie, préalable au Sros 3,          riale et la stratégie de l’établissement et      Sur l’ensemble de ces points, notre éta-
               reposait sur le découpage en quatre sec-       seront signés pendant le premier                 blissement a d’ores et déjà anticipé, et
               teurs sanitaires.                              semestre 2007.                                   ce que nous avons développé ces der-
               Aujourd’hui, ce sont les « territoires de    Notre établissement se trouve aujour-              niers mois est totalement conforme aux
               santé » qui se substituent aux secteurs      d’hui situé au sein du territoire d’Évreux-        orientations du Sros 3.
               sanitaires. Toujours au nombre de            Vernon, lequel connaîtra la croissance             Notre établissement se voit donc stabi-
               quatre, ces territoires de santé décou-      démographique la plus forte des quatre             lisé en matière de capacité d’accueil et
               pent la région en tenant compte essen-       territoires. À l’horizon 2020, il comptera         valorisé comme un acteur indispensable
               tiellement des principes suivants :          le nombre de 75 ans et plus le plus élevé          de la mise en œuvre des orientations
               • la pertinence des territoires avec le      de la région.                                      stratégiques de la politique sanitaire
                 comportement réel de la population ;       L’enjeu retenu pour ce territoire est              régionale.                                 ■
               • l’offre de soins graduée sur un même       de consolider et moderniser l’offre
                 territoire ;                               sanitaire.                                                                   Catherine Palladitcheff
                                                                                                                                            Hôpital La Musse

6                                                           L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
Tarification a c t u a l i t é s

Tarification à l’activité
Quelle convergence tarifaire ?
Les unités de formation et de recherches                        La T2A vise à ce que les budgets soient           Le Parlement a fixé un calendrier ambi-
                                                                alloués en fonction de l’activité produite,       tieux pour la convergence tarifaire entre
      de médecine sont les seules grandes
                                                                dont la valorisation s’appuie largement           les deux secteurs, un principe inscrit
       écoles où il n’est nullement délivré                     sur le programme de médicalisation des            dans la réforme de la T2A. Cette
                de formation en économie.                       systèmes d’information (PMSI). En ce              convergence devra atteindre 50 % en
                                                                qui concerne l’hospitalisation, chaque            2008 et 100 % en 2012.
           Les étudiants en médecine sont,
                                                                séjour se voit ainsi affecter d’une valeur,       Or, d’après le rapport de l’Inspection
  pendant leurs études, isolés du monde,                        variable en fonction :                            générale des affaires sanitaires et
               absents des réalités politico-                   • de la pathologie du patient et de sa            sociales, remis fin janvier au ministre de
                                                                  gravité ;                                       la Santé, il semblerait qu’en matière de
     économiques, élevés dans la relation
                                                                • de la durée de son séjour ;                     convergence tarifaire, il est urgent d’at-
   médecin/malade. Devenues médecins,                           • des examens et actes pratiqués pen-             tendre… Car, d’après ce rapport, les pou-
   ces mêmes personnes sont prises dans                           dant le séjour.                                 voirs publics ont fait fausse route en opé-
                                                                Ainsi, l’activité d’un établissement va           rant une convergence tarifaire « vers la
 cette culture individualiste, malgré eux,
                                                                être découpée en groupes homogènes de             moyenne » (ce qui est perdu pour l’un,
    et il ne faut pas leur jeter l’anathème,                    séjours (GHS), forme nouvelle d’une               l’hôpital public, est gagné par l’autre, les
   car c’est le système qui l’a voulu ainsi.                    répartition médicale des patients, qui            cliniques). Frères ennemis, les établisse-
                                                                existe déjà sous forme de groupes homo-           ments de santé sentent que la conver-
    Or, l’hôpital ne peut plus se satisfaire
                                                                gènes de malades (GHM) dans le PMSI,              gence tarifaire peut faire pencher la
                   de ce colloque singulier.                    par l’intermédiaire du DIM.                       balance d’un côté ou de l’autre. Le sec-
                                                                Un tarif moyen national par GHS est               teur public refuse d’assumer seul les

                   O
                              n ne peut gérer un établisse-     établi tous les ans. Pour l’instant, ce tarif     activités lourdes, peu rentables, qu’il
                              ment de santé sans que les        diffère selon que l’on se situe en secteur        s’agisse de la chirurgie non programmée
                              médecins adhèrent à un projet     public ou en secteur privé lucratif, car en       ou de l’obstétrique niveau 3, et de laisser
                   collectif, s’impliquent dans une dyna-       secteur public, le tarif national du GHS          le secteur privé prospérer sur les activi-
                   mique volontariste. Trop souvent, les        inclut le salaire moyen national du prati-        tés prévisibles et rentables (la chirurgie
                   médecins décrivent l’administration          cien par rapport à la spécialité, donc en         programmée et les accouchements phy-
                   comme un frein, voire une menace à           considérant la pathologie traitée alors           siologiques) à un moment de l’histoire où
                   leur pratique. Or, elle est au service du    que dans le secteur privé lucratif, ce tarif      la chirurgie traverse une crise démogra-
                   praticien, via le seul interlocuteur qui     n’inclut pas (encore) les honoraires du           phique sans précédent imposant une
                   puisse être l’ambassadeur de ces deux        praticien. À terme, les tarifs dans les sec-      recomposition drastique des plateaux
                   mondes (médical/administratif), le           teurs public et privé devraient donc, en          techniques. Chaque secteur pèsera de
                   médecin responsable du département           principe, être les mêmes.                         tout son poids pour récupérer la chirur-
                   d’information médicale (DIM), ce prati-      Un GHS = un GHM = un tarif qui varie              gie : le public pour ne pas garder unique-
                   cien hybride qui a d’abord et avant tout     d’une année à l’autre selon que l’on se           ment les interventions lourdes et peu
                   une culture médicale et, accessoire-         situe en secteur public ou secteur privé          rentables, le privé pour conserver les
                   ment, une culture économique…                lucratif (régulation prix/volume) sauf            activités les plus organisables et les plus
                   La tarification à l’activité (T2A) est       pour la dialyse, l’interruption volontaire        rentables…                                ■
                   un nouveau mode de répartition des           de grossesse, le passage en réanimation-
                   budgets des établissements de santé,         soins intensifs-soins continus, les soins                                        Dr Paul Pham
                   mis en place en France à partir du           palliatifs et les prélèvements d’organes                            Centre médico-chirurgical
                   1 er janvier 2004.                           (voir exemple dans le tableau ci-dessous).                               de la Porte de Pantin
                                                                                        Tarif secteur     Tarif secteur     Tarif secteur    Tarif secteur
                                    Libellé                    GHS       GHM v10
                                                                                        public 2005        privé 2005       public 2006       privé 2006
                           Ligature veines et éveinages
                          Patient âgé de moins de 70ans        1424        05C17V          1738,31              915,12         1720,93           965,89
                        sans complication majeure associée

L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6                                                                                 7
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
a c t u a l i t é s                  Droits des patients

La personne
de confiance
         Il est possible que vous ne soyez
            plus en mesure de faire valoir
        votre volonté et, par conséquent,
   vos souhaits relatifs à votre fin de vie.
  Dans ce cas, la personne de confiance
est un mandataire que vous aurez choisi
        afin de faire valoir, à votre place,
                 auprès du corps médical,
             votre déclaration de volonté.

              L
                      e code de la santé publique sti-
                      pule que la personne de
                      confiance doit être désignée par
              écrit. La mission de cette personne de
              confiance est définie par vous-même.
              Elle pourra, selon votre souhait :
              • vous accompagner dans toutes vos
                démarches à l’hôpital ;
              • assister aux entretiens médicaux pour
                vous aider dans vos décisions de
                consentir à des actes médicaux.
              La personne de confiance pourra être
              consultée par le médecin si l’évolution
              de votre état de santé ne vous permet
              pas d’exprimer, vous-même, votre
              volonté et de recevoir l’information.

              Important : en aucun cas la personne de      Vous devez vous être entretenu avec elle
              confiance ne sera autorisée à accéder à      pour qu’elle fasse respecter votre volonté.
              votre dossier médical en dehors de votre     Cette personne doit être majeure; ce peut
              présence, sans votre accord exprès.          être votre médecin, un ami ou un membre
                                                           de votre famille. «La personne à prévenir»
              Comment désigner la personne de              ne dispose pas des droits de la personne de
              confiance ?                                  confiance. Désigner une personne de
              Vous devez le faire par écrit. Cette dési-   confiance ne veut pas dire que vous aban-
                                                                                                           La charte de la personne hospitalisée est
              gnation est valable pour toute la durée      donnez vos droits ou ceux de vos proches,       disponible sur le Web à l’adresse suivante :
              de l’hospitalisation, sauf choix contraire   c’est une personne dont vous êtes sûr           www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/
              de votre part. Vous pourrez à tout           qu’elle respectera votre volonté en cas d’in-   charte_patient/accueil.htm
              moment révoquer ce choix.                    disponibilité momentanée ou définitive. ■       Vous retrouverez, aux rubriques 3
              La personne de confiance n’est pas « la                                                      (information donnée au patient)
              personne à prévenir », c’est une per-                                       Jean-Paul Lévy   et 4 (consentement libre et éclairé
                                                                              Centre médico-chirurgical    du patient) de la charte, les renseignements
              sonne à qui vous donnez le pouvoir de
                                                                                   de la Porte de Pantin   relatifs à la personne de confiance.
              décider à votre place.

8                                                          L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
La prévention à l'hôpital e n j e u x

La prévention à l’hôpital
de l’infection à l’éducation
Nos sociétés occidentales, depuis quinze
            à vingt ans, sont devenues très
       majoritairement et de façon quasi
        consensuelle « préventionistes »,
         et ce dans tous les domaines liés
   à l’activité humaine. Issue des débats
ayant leurs racines aux États-Unis sur la
    gestion du risque, la prévention s’est
     conjuguée avec la notion de qualité,
  d’abord au sein des entreprises privées
puis dorénavant dans le domaine public.
Cette notion gratifiante de qualité a créé
     ses propres supports : l’organisation
      spécifique au sein des collectivités
 humaines de groupes réfléchissant aux
           risques, aussi divers soient-ils.

                   L
                           e terme « prévention » apparaît       risque, en cas d’excès, sera alors de déve-   hygiène de vie, lutte contre les addictions
                           par son origine latine comme          lopper une société hypersécuritaire dont      en sont les sujets principaux, dont cer-
                           l’action de devancer le risque ; la   les conséquences à terme nous échap-          tains font l’objet de débats : l’alcool est
                   prévention se décline alors en spéciali-      pent. Les mesures réglementaires, mais        ainsi présenté sous un jour moins noir –
                   tés : routière, accidents du travail, évé-    aussi économiques, qui découlent de ces       et trouve plus de défenseurs – que le
                   nements naturels, etc., et bien sûr la        mesures de prévention s’imposent à l’in-      tabac devenu l’ennemi numéro un.
                   santé. C’est cette prévention qui nous        dividu car le modèle est jugé bénéfique       D’autres sujets, comme la surconsomma-
                   intéresse au premier plan, mais il est        pour tout le groupe.                          tion (française) de médicaments, ne sont
                   essentiel de la restituer dans le contexte    Dans le domaine de la santé, la préven-       pas ou peu abordés par nos sociétés. La
                   propre à nos sociétés.                        tion dépasse aujourd’hui le cadre restric-    prévention en santé est ainsi bordée par
                   Comment s’organisent ces opérations de        tif des problèmes infectieux. Soulignons      nos habitudes culturelles et par les pres-
                   prévention ? Les mesures à prendre sont       que ceux-ci ont été historiquement les        sions économiques qui y sont liées.
                   définies par des « sages » ou des experts     premiers à être partiellement compris et      Revenons sur le risque infectieux lié aux
                   qui, au sein de groupes de réflexion,         jugulés (citons la protection contre les      soins communément compris comme
                   énoncent, selon des principes divers,         épidémies de peste, de type individuelle      l’infection nosocomiales (IN) et réflé-
                   mais le plus souvent statistiques et tech-    ou collective, qui, comme la quarantaine,     chissons au sens du concept. L’IN
                   niques, les actions à mener : ils définis-    apparaît dès le XIVe siècle, puis l’appari-   désigne, selon sa définition actuelle, une
                   sent les règles. Ces règles deviennent des    tion de la vaccination au XVIIIe siècle).     infection contractée à l’hôpital (et dans
                   consignes qui s’imposent à tous les           Mais ce n’est qu’au XIXe siècle que les       un délai donné). Elle désigne donc un
                   acteurs du groupe social ou aux profes-       mesures simples mais basiques d’hygiène       lieu, mais en aucun cas un mécanisme lié
                   sionnels concernés. S’il s’agit de mesures    hospitalière, comme le lavage des mains,      à l’infection et encore moins une respon-
                   destinées à prévenir un risque collectif,     seront instituées dans les hôpitaux.          sabilité automatique des acteurs de soins.
                   elles revêtent un caractère politique au      La prévention en matière de santé,            L’IN est généralement comprise par le
                   sens de l’intérêt supérieur de la cité. Le    aujourd’hui, devient éducative: nutrition,    grand public comme l’infection contractée

L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6                                                                            9
Regards Le magazine de La Renaissance Sanitaire
e n j e u x                       La prévention à l'hôpital

« à l’hôpital et par la faute de l’hôpital ». Il   majeure en termes d’IN – , mais les                                      Il y a quinze ans,
y a confusion entre les infections iatro-          efforts de tous et la constitution d’une                le Dr Patricia Doublet-Lamour,
gènes, opportunistes, et les réviviscences         culture de soin et d’un hôpital « propre »
qui sont toutes d’étiologies différentes.          sont, quant à eux, remarquables.
                                                                                                          endocrinologue, a pris en charge
Viennent ajouter à la confusion les chiffres       Récemment, les pouvoirs publics ont pro-                 le service nutrition de l’hôpital
d’IN parfois gonflés par les portages et           cédé à un « classement » des établisse-                La Musse. D’une capacité totale
autres colonisations microbiennes ! En             ments par catégorie (les centres hospita-
gériatrie, le cas de la pneumopathie de            liers universitaires, les centres hospitaliers
                                                                                                                de 32 lits, celui-ci accueille
déglutition est un exemple pertinent de            généraux, les soins de suite de réadapta-               des patients souffrant d’obésité,
cette insuffisance de précision et de              tion et de rééducation [SSR]) portant sur                 de diabète et, depuis cinq ans,
confusion, car cette infection n’est pas liée      les moyens mis en œuvre dans chaque
à un défaut de soins. En réanimation, ne           hôpital : c’est l’indicateur composite des
                                                                                                                    des patients présentant
sont pas rares les équipes médicales qui,          activités de lutte contre les infections                           un problème d’alcool.
de façon certes provocatrice, considèrent          nosocomiales (Icalin) dont les « notes »               Plus rarement, il intervient pour
que les équipes qui ont le taux le plus            ou « scores » vont de A pour les meilleurs
élevé d’IN sont souvent les plus actives et        à E pour les plus mal classés. Attention
                                                                                                        des problématiques de renutrition
peut-être les plus efficaces !                     cependant à l’interprétation de ce score             ou de suites de chirurgie digestive.
Une définition de l’IN basée sur des cri-          Icalin : c’est un relevé de moyens mis en

                                                                                                                   D
tères plus scientifiques de type physio-           place par le Clin de l’établissement                                       epuis quinze ans, le médecin a
pathologiques s’impose. Le risque dépend           concerné, mais en aucun cas un relevé de                                   observé une augmentation du poids
plus souvent du malade que du germe ! La           résultats ! Sachons toutefois apprécier à                                  moyen des patients: «Une hospita-
prévention, une fois ces mises au point            sa juste valeur le fait que les établisse-                      lisation peut être proposée si l’indice de masse
faites, en sera alors mieux ciblée, plus effi-     ments de la fondation La Renaissance                            corporelle (IMC) –c’est-à-dire, le poids
cace et moins dispendieuse par une                 Sanitaire aient obtenu le classement A.                         exprimé en kilo sur la taille au carré exprimée
meilleure utilisation de nos moyens. Nos           Pour conclure sur ce score Icalin – qui                         en mètre– est supérieur à 32 ou supérieur à
personnels de soins sont très attentifs au         sera prochainement complété par                                 30 s’il existe d’autres facteurs de risques car-
risque infectieux : ne les culpabilisons pas       d’autres indicateurs IN –, il nous faut                         dio-vasculaires (diabète, anomalies lipidiques,
en confondant infections iatrogènes et             évidemment souligner ici notre but :                            hypertension…)», explique-t-elle.
opportunistes dans un cadre trop globali-          maintenir dans nos hôpitaux un haut                             L’hôpital La Musse est le seul établisse-
sant appelé «IN».                                  niveau d’hygiène.                                               ment de moyen séjour de la région
En France, dans nos hôpitaux, une poli-            Pour aller au-delà, et le terme « préven-                       Haute-Normandie disposant d’un ser-
tique volontariste de prévention du                tion à l’hôpital » nous y conduit, il nous                      vice de nutrition. Les patients viennent
risque infectieux s’est imposée depuis             faut poursuivre nos actions thérapeu-                           de toute la Normandie, voire de Picardie
quinze ans par la création des comités             tiques et éducatives dans le cadre si                           ou de la région parisienne, qui dispose de
de lutte contre les infections nosoco-             favorable, compte tenu de la durée de                           peu de structures de ce type.
miales (Clin). Ces instances de                    séjour, de nos établissements de SSR.                           Cinq prises en charge sont prévues pour
réflexion et d’action ont mis en place les         Cette approche médico-éducative                                 les patients obèses :
moyens matériels, les équipements spé-             donne du sens à l’avenir de nos établis-                        • médicale: «Le patient est vu à son arri-
cifiques, les formations de personnels,            sements de SSR à travers une concep-                               vée par ma collègue ou moi-même. Des
les protocoles, les enquêtes, les relevés          tion de la prévention débouchant sur                               examens sont réalisés en fonction de son
d’indicateurs, les politiques antibio-             une véritable « éducation de santé ».                              état général et d’éventuelles complica-
tiques, les contrôles bactériologiques de          Là est le défi du futur de la prévention à                         tions décelées (notamment le syndrome
l’environnement, liste non exhaustive.             l’hôpital.                                  ■                      d’apnée du sommeil)», explique l’endo-
Les résultats ne sont peut-être pas tou-                                                                              crinologue. « Le patient signe un
jours mesurables ou scientifiquement                                            Dr Alain Bouillerot                   “contrat thérapeutique” l’engageant pen-
quantifiables – c’est là une difficulté                                        Hôpital La Musse                       dant toute la durée de son séjour»;

10                                                                          L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
La prévention à l'hôpital e n j e u x

Prise en charge de l’obésité
le plus tôt possible
• diététique: chaque patient est vu à son
  arrivée par une diététicienne qui déter-
  mine sa répartition alimentaire en fonction
  de ses habitudes à domicile. Il suit deux
  cours théoriques sur l’équilibre alimentaire
  et l’alimentation au quotidien. Il participe
  à une séance pratique en cuisine éduca-
  tive, par groupe de six, sous la houlette
  d’une diététicienne. Un repas complet est
  confectionné et partagé. C’est le moment
  de faire quelques rappels et de discuter
  des goûts, de la faim, de la satiété…;
• kinésithérapeutique : activités de bal-
  néothérapie, de gymnastique, marche
  dans le parc, vélo, tapis de marche…,
  cinq jours sur sept;
• psychologique : une psychologue est à
  disposition du service deux jours par
  semaine. Une prise en charge cognitivo-
  comportementaliste est réalisée pour
  certains patients réceptifs à cette               de-Calais). » La durée d’hospitalisation
  démarche, avec l’aide du médecin du               d’un patient souffrant d’obésité à La          Programme Epode
  service et de la diététicienne. « Il s’agit       Musse est de quatre semaines en                (Ensemble prévenons l’obésité des enfants)
  là de chercher à comprendre, à partir de          moyenne. Après quoi, il quitte l’éta-          • Sensibiliser l’ensemble des acteurs locaux, des professionnels
  saynètes enregistrées, pourquoi et com-           blissement avec des documents diété-             de santé, des enseignants, puis des familles.
  ment on mange, pourquoi on ne sait pas            tiques (remis lors des cours) et sa            • Former des intervenants.
  dire non, par exemple»;                           répartition alimentaire.                       • Proposer des outils pédagogiques pour les enseignants.
• infirmière : en dehors des actions de                                                            • Transformer les cours de récréation afin de favoriser quinze à trente minutes
                                                                                                     d’activité physique spontanée quotidienne pour les enfants.
  soins et sur leur initiative, les infirmières   « On demande aussi à chaque patient,
                                                                                                   • Agir auprès de la restauration scolaire.
  ont mis en place une réunion d’informa-         précise le Dr Patricia Doublet-Lamour,           • Apprendre aux enfants à cuisiner et leur permettre de réaliser
  tion sur l’obésité et ses complications ;       d’élaborer un programme d’activité phy-            des ateliers du goût.
• éducation : « Il est bien rare que les          sique. Pour les patients du département,         • Créer un temps fort dans la ville, chaque année, à l’occasion
  adultes d’aujourd’hui aient eu, dans            un suivi en consultations est proposé, les         de la Semaine de la nutrition et de l’activité physique.
  l’enfance, une éducation alimentaire et         patients venant avec un journal réalisé          • Imaginer des opérations en relation avec chaque saison.
                                                                                                   • Encourager le « pédibus », autobus scolaire pédestre géré
  je pense pourtant que la véritable pré-         sur une semaine. Nous élaborons
                                                                                                     par des parents qui, à tour de rôle, conduisent un groupe d’enfants
  vention de l’obésité doit se faire à ce         ensemble les stratégies à mettre en place
                                                                                                     à pied à l’école.
  moment-là », continue le médecin.               et pointons les endroits où cela a échoué.       • Peser et mesurer les enfants de 5 à 12 ans et calculer leur IMC,
  «Parce qu’il est tellement plus facile de       Malheureusement, on estime à 2 % le                l’ensemble reporté sur une courbe de corpulence systématiquement
  ne pas prendre de poids que d’essayer           nombre de personnes souffrant d’obésité            commentée et adressée aux parents.
  d’en perdre ! Le programme Epode                qui arrivent à perdre du poids de manière        • Inciter les parents d’enfants à risque ou en excès de poids à consulter
  (Ensemble prévenons l’obésité des               durable. Car, je le répète à chaque fois,          leur médecin.
  enfants, voir encadré ci-contre), mis en        l’équilibre alimentaire, c’est tous les jours,   L’objectif est de permettre aux enfants de stabiliser leur corpulence
                                                                                                   ou de la réduire. Selon les régions et la sociologie des établissements
  place récemment par le ministère de la          toute la vie pour tout le monde. »          ■
                                                                                                   scolaires, 5 à 25 % des enfants ont un problème d’obésité.
  Santé, va tout à fait dans le bon sens et                                                        Il s’agit donc, d’une part, de proposer aux médecins de bénéficier
  a fait ses preuves dans les villes initia-                                Dominique Guibourg     d’une formation et/ou d’une aide pour la prise en charge et,
  trices comme Fleurbaix-Laventie (Pas-                                      Hôpital La Musse      d’autre part, d’inciter les parents à consulter leur médecin.

L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6                                                                                                   11
e n j e u x           La prévention à l'hôpital

Malnutrition-dénutrition
Une affaire de Clan,
mais pas seulement de clan
  En 1997, un rapport sur l’alimentation                     nal de santé publique (PRSP). Dans la        infectieuse multiplié de deux à six, de
    en milieu hospitalier du Pr Guygrand                     version 2 du PRSP, la nutrition apparaît     mortalité multiplié de deux à quatre, de
                                                             comme un déterminant majeur de santé.        durées de séjour prolongées de deux à
  invite les hôpitaux à se doter de comité                                                                quatre, une consommation médicamen-
 de liaison alimentation nutrition (Clan)                    La Haute Autorité de santé (HAS) a           teuse augmentée, un risque accru d’en-
         pour lutter contre la dénutrition.                  inscrit le dépistage systématisé de la       trée définitive en institution.
                                                             dénutrition dans la nouvelle version         La dénutrition peut entraîner un enchaî-
        En 2001, l’axe 2 du plan national                    du référentiel de l’accréditation.           nement lourd de conséquences, avec un
    Nutrition Santé 2001-2005 (PNNS1)                        Le Clan de l’hôpital Villiers Saint Denis    amaigrissement, une hypoalbuminémie
 met en évidence les problématiques que                      créé en juin 2004 participe pleinement       (baisse de l’albumine), un déficit immu-
                                                             à cette action de dépistage de la malnu-     nitaire, des infections urinaires et respi-
     posent la restauration et la nutrition                  trition-dénutrition.                         ratoires, des troubles psychiques et des
    dans les systèmes de soins. L’objectif                   La malnutrition est une inadaptation         isolements, des risques iatrogènes, des
est centré sur la prévention, le dépistage                   des apports alimentaires aux besoins.        chutes, des fractures, des escarres et
                                                             Elle désigne aussi la sous-alimentation.     enfin un état grabataire. Plus nous avan-
         et la prise en charge des troubles                  La dénutrition définit les consé-            çons dans les conséquences, moins il y
nutritionnels dans les systèmes de soins.                    quences de la malnutrition. Il s’agit d’un   a de chance de réversibilité…
         Une circulaire du 29 mars 2002,                     déficit en énergie, en protéines ou en       Il faut donc la dépister dès les qua-
                                                             n’importe quel autre macro ou micro-         rante-huit premières heures d’hospi-
 relative à l’alimentation et à la nutrition                 nutriment, produisant un changement          talisation en pesant, en mesurant, en
         dans les établissements de santé,                   mesurable des fonctions corporelles          calculant l’indice de masse corporelle
 recommande la mise en place d’un Clan                       et/ou de la composition corporelle, asso-    (IMC = poids/taille 2) et en évaluant,
                                                             cié à une aggravation du pronostic des       autant que faire se peut, le pourcen-
au sein de chaque établissement de santé.                    malades et spécifiquement réversible         tage de la perte de poids (en se réfé-
                                                             par un traitement nutritionnel.              rant au poids habituel).
                                                             Les conséquences protéino-énergétiques       On parle de dénutrition si :

               L
                       e Comité national de l’alimen-        sont une altération de l’état général, des   • IMC < 18,5 (< 21 si sujet âgé de plus
                       tation et de la nutrition dans        troubles psychiques, une fonte muscu-          de 75 ans) ;
                       les établissements de santé           laire, l’installation d’une ostéoporose,     • amaigrissement > 2 % du poids habi-
               (Cnanes) est créé par l’arrêté du             une immuno-dépression, des troubles            tuel en une semaine, > 5 % en un mois
               29 mars 2002 et modifié par l’arrêté          digestifs, une hypotension orthostatique,      ou > 10 % en six mois.
               du 8 septembre 2005. En 2006, les             des œdèmes, des défauts de cicatrisa-        Le dosage de l’albuminémie est impor-
               propositions de nouvelles stratégies          tion, des escarres, des modifications de     tant pour calculer le Nutritional Risk
               pour le PNNS2 (2006-2008) concer-             l’efficacité des médicaments.                Index (NRI) ou index de BUSBY.
               nent notamment les actions pour               La dénutrition touche 30 à 60% des           On parle de dénutrition si :
               améliorer la prise en charge de la            patients à l’hôpital, surtout les sujets     • NRI compris entre 83,5 et 97,5
               dénutrition ou de son risque notam-           âgés, les patients atteints d’affections       (dénutrition modérée) ;
               ment chez le sujet âgé (en ville ainsi        aiguës ou chroniques, cachectisant ou        • NRI < 83,5 (dénutrition sévère).
               que dans les établissements de santé          ayant subi une intervention ou un traite-    L’albuminémie (normale > 35g/l) peut
               et médico-sociaux).                           ment agressif…                               nous renseigner à elle seule sur :
               La loi du 9 août 2004, relative à la poli-    Les conséquences de la dénutrition en        • une dénutrition modérée (de 30 à
               tique de santé publique, stipule la mise en   matière de santé publique sont très            35 g/l) ;
               place dans chaque région d’un plan régio-     importantes, avec un risque de maladie       • une dénutrition sévère (< 30 g/l).

12                                                           L A R E N A I S S A N C E S A N I TA I R E • N ° 5 - D É C E M B R E 2 0 0 6
Vous pouvez aussi lire