FÊTE PRÊT POUR - LE MAGAZINE DE SWISS -SKI // FÉVRIER 2017 - Snowactive
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Éditorial Parfois trop, parfois pas assez de neige . . . Un paradoxe: dans un flash info du 14 janvier 2017 notre page de couverture: Moritz, la mascotte il est écrit: «La météo ruine notre fête du ski!» Du officielle des Championnats du monde de ski vendredi au samedi, la piste du Lauberhorn fut re- alpin FIS St-Moritz 2017. Que ce soit à des fêtes Prête à relever tous les défis couverte d’une épaisse couche de neige. Cela fai- de village en Engadine supérieure ou lors d’un sait des semaines que nous attendions l’or blanc match de hockey sur glace à Lugano, Moritz est La nouvelle Audi Q5 avec impatience. Pas de neige, ni à Noël ni après toujours au centre de l’intérêt. Et cela depuis déjà d’ailleurs. Et à présent cela: la mythique descente des mois. Dans notre magazine Focus sur les pro- Découvrez la nouvelle transmission intégrale quattro qui, grâce à l’innovante du Lauberhorn est purement et simplement an- chains mondiaux, complet et au contenu varié, technologie ultra, associe efficacité et sécurité. La nouvelle Q5 est prête nulée en raison des grandes quantités de neige nous consacrons un article à ce personnage par- pour une course d’essai chez votre concessionnaire Audi. sur la piste. Imaginons que l’hiver décide de sévir ticulier – à tout seigneur tout honneur! encore une fois juste avant les Championnats du Mais que serait un bon hiver sans les infrastruc- monde de ski alpin à Saint-Moritz et chamboule tures optimales? Des remontées mécaniques tout à nouveau. Un scénario inimaginable! Mais modernes, suffisamment de canons à neige et des pourtant pas impossible, comme le confiait jadis offres attractives, c’est tout ce que désirent les le regretté Räto Melcher, président du CO des sportives et sportifs d’hiver. L’arrivée de la neige mondiaux de ski alpin de 1974 au journal NZZ. a également apporté son lot d’histoires dans les Le programme dut être entièrement revu en rai- médias. Il était question de fusions de téléphé- son des mauvaises conditions météorologiques. riques et bien entendu de prix plus avantageux. Jadis, la neige artificielle n’existait pas encore, ni Skier est encore et toujours un sport onéreux et d’ailleurs les dameuses équipées de fraises et de n’est pas abordable pour tout le monde. Malgré treuils à câble, seul un hélicoptère était à disposi- cela, le sport de glisse n’a rien perdu de sa fasci- tion. Mais cela remonte à 40 ans passés. Depuis, nation et mène toujours à des discussions ani- la technique a fait des pas de géant. Mais comme mées. Pas seulement à propos de la météo! le dit l’adage populaire: la météo fait ce qu’elle Je vous souhaite des mondiaux de ski passion- veut et c’est tant mieux. nants et des moments de joie: à St-Moritz, à Alors tournons-nous plutôt vers un contempo- Hochfilzen, à Lahti, dans la Sierra Nevada ou à La rain souvent cité dans les journaux, que l’on a Plagne. vu à de nombreuses reprises à la télé et qui orne JOSEP H W EIBEL R É DACTE UR E N C HE F SN OWACTIVE Lara Gut Gagnante du classement général de la Coupe du monde de ski 2015/2016 Sponsor Principal Swiss-Ski Sponsors Swiss-Ski Automobiles Official Broadcaster audi.ch/q5 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 1
Sommaire // Février 2017 Le magazine de Swiss-Ski FOCUS 8 // Mondiaux de ski à domicile Moritz se réjouit de la grande fête du ski en Engadine PE R SO N N AG E S 30 // Andi Balz a la bougeotte Du fabricant Salomon au Cap Nord 34 // Les héros de Sapporo Le bronze olympique pour l’équipe de relais 4x10 km 36 // Remontées mécaniques de la Jungfrau Le CEO Urs Kesslers parle de grands projets, d’idées et du 20e Snowpenair AC T I VE 42 // Mondiaux de biathlon La première médaille suisse à portée de spatule 34 42 36 46 // Haute Route des Grisons Ski de randonnée riche en variantes 50 // Les 4 Vallées Un domaine skiable à part et très diversifié 30 SE RVI C E 60 // Un trio de choc Swiss-Ski – Rega – Visana 50 Standards 01 // Éditorial 55 // Neuf infos brèves 64 // PS. 04 // Panorama 62 // Sci svizzera italiana 29 // Mixed-Zone 63 // Enigme – Sudoku 60 LE MAGAZI NE DE SWI SS - SKI // FÉVRI ER 2 0 1 7 Couverture Le bouquetin Moritz est la mascotte officielle des mondiaux de St-Moritz 46 et un support publicitaire important pour l’événement. Photo: Organisation Ski-WM St. Moritz PRÊT POUR LA FÊTE 8 DU SKI! 2 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 3
Panorama UNE SE NSATIO N D E CHAIR DE POUL E Un vacarme assourdissant, une foule en liesse, L’atmosphère qui règne dans le stade de une mer de drapeaux bleu-blanc-rouge: voilà ce Vysočina a de quoi faire pâlir bien des stades qu’est la Coupe du monde de Nove Mesto. Cela de football et de hockey sur glace. Quelque fait bien longtemps que la République Tchèque 35 000 spectateurs sont venus encourager les contracte chaque année la fièvre du biathlon biathlètes sur les tribunes et le long de la piste. dès que les températures extérieures chutent. Quelle ambiance! PHOTO: NORDICFOCUS 4 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 5
Panorama D E LA NEIG E E N AB ONDA N C E Après s’être fait désirer en début d’hiver, elle tombe enfin en masse: la neige a donné du fil à retordre aux organisateurs des 87es courses du Lauberhorn et à leurs auxiliaires. Ils étaient plusieurs centaines à manier la pelle pour finalement devoir s’avouer vaincus par la PHOTO: KEYSTONE nature. La descente légendaire a dû être annulée! Un immense merci pour votre engagement sans faille et votre chaleureux accueil. À l’année prochaine! 6 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 7
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus Fokus // CMS//St-Moritz WM St. Moritz 2017 F FOCUS LA FÊTE DU SKI des grands espoirs En ce qui concerne les exigences pour ces mondiaux, Swiss-Ski préfère garder le silence. Mais une chose est claire: les athlètes suisses ont de réelles chances de médailles dans plusieurs disciplines. PHOTO: LDD. 8 SNOWACTIVE SNOWA SNOW ACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 9
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 A ucune médaille n’a encore été rem- tifs. Et en général, cela se passait à nouveau impressionnante. Il ne lui manque qu’une Cuche relativise cette crainte: «Des champion- portée sur la base de statistiques – bien.» Vu comme ça, des jours prometteurs seule chose – une médaille d’or. Une telle mé- nats du monde à domicile, c’est en premier lieu LA FÊTE DU SKI À SAINT-MORITZ EST IMMINENTE mais aucune perdue non plus. attendent les athlètes suisses. Car lors de la fi- daille serait hautement méritée. une expérience unique pour les athlètes. Evi- Avant ces mondiaux de St-Moritz nale de la Coupe du monde l’hiver passé, qui demment, cela génère aussi beaucoup de pres- Le point fort de la saison approche à grands pas. Les superbes duels à coup de centièmes de se- toutefois, il faut obligatoirement jeter un re- faisait office en même temps de répétition Equipes bien en place sion. Il ne faut pas se laisser déboussoler par Les classiques de janvier sont le prélude parfait conde attendus au pied de la Corvigla promettent gard sur le passé. En Engadine, l’on attend en générale en vue des CMS, les skieuses et skieurs Didier Cuche, qui a dû lui aussi patienter long- les attentes élevées. Je suis persuadé que cha- aux mondiaux de ski alpin. Et après Anna Veith, des émotions à revendre – notamment avec le Lindsey Vonn est elle aussi de retour en Coupe du départ à couper le souffle de la descente hommes, vain la consécration d’un champion ou d’une suisses se sont dépassés et ont réalisé six places temps avant de devenir champion du monde, cune et chacun se réjouit. Et moi de même.» monde après une blessure. le «Free Fall», ou le nouveau départ spectaculaire championne du monde depuis près de 70 ans. de podium, un record absolu. L’éternelle opti- à l’âge de 35 ans, connait la dynamique parti- En effet, il n’est écrit nulle part que des mon- Les Championnats du monde de ski alpin FIS Saint- Britannia chez les femmes et bien sûr l’excellente En 2003 comme en 1974, Swiss-Ski – autrefois miste Vreni Schneider, tout de même triple culière des mondiaux. «Il peut arriver que des diaux à domicile doivent forcément porter la Moritz 2017 promettent du grand spectacle, c’est vue sur les pistes. Sans oublier l’aire d’arrivée à FSS ou Fédération suisse de ski – s’est retrou- Championne olympique, ose un pronostic: compétiteurs ou compétitrices suisses livrent poisse, sous prétexte que les mondiaux de 1974 certain. Vous ne pouvez pas manquer cette grande Salastrains avec un magnifique panorama de mon- vée bredouille. La dernière fois que des mé- «Ces mondiaux pourraient être l’heure de une prestation optimale sans être récompen- et de 2003 à St-Moritz n’ont pas vraiment sou- fête en Engadine supérieure. Pour tous les fans de tagnes, une ambiance du tonnerre parmi les fans, ski, il y a encore la possibilité d’acheter des tickets des moments de triomphe et des moments de dailles d’or ont été accrochées au cou de gloire de Lara Gut.» Et elle l’avait déjà dit avant sés, simplement parce que d’autres ont été ri aux Suisses. Ce serait oublier qu’en 1987 à pour presque tous les événements, pour certains défaites. skieurs et skieuses suisses à St-Moritz remonte la finale de la Coupe du monde, où la Tessi- meilleurs ce jour-là. Mais au vu des résultats Crans-Montana, les Suisses ont engrangé 8 jours et certaines catégories toutefois, cela devient Mais à la fin, tout le monde fait la fête. Soyez à 1948, à l’époque où les Jeux olympiques noise remporta le grand globe de cristal, re- obtenus à la finale de la Coupe du monde, titres et 15 médailles en tout, le meilleur résul- déjà plus compliqué. Les diverses offres combi- de la partie et assurez-vous un ticket sur avaient encore statut de Championnats du layant ainsi Vreni Schneider en tant que der- l’optimisme est permis.» tat jamais obtenu à des mondiaux de ski. nées sont particulièrement attractives. www.stmoritz2017.ch – ceux-ci sont disponibles à Le coup d’envoi sera donné par le «WM Opening partir de 40 francs, également pour la cérémonie monde. Hedy Schlunegger, la grand-mère de nière Suissesse à avoir réussi cet exploit. Les équipes de Suisse sont bien en place et D’ailleurs, il y a déjà eu des médailles à foison à Special»! Vivez trois grands moments en deux d’ouverture. la future vice-championne olympique Martina possèdent des chances de médaille dans pra- St-Moritz lors de mondiaux de ski alpin. En jours. Avec cet arrangement vous pouvez assister Les visiteurs des Championnats du monde de ski Schild et Edy Reinalter remportèrent l’or en L’or manque encore à Lara tiquement chaque discipline. Une médaille 1934, lors des premières joutes en Engadine, les à la cérémonie d’ouverture «Magic Snow – Birth alpin FIS n’auront pas seulement le privilège descente et en slalom. Le journal «Sport» sortit Lara Gut a déjà su faire valoir ses qualités lors dès le début serait très souhaitable. Et cela Suisses s’attribuèrent trois médailles d’or, une of a passion» le 6 février, vivre le suspens des d’assister sur place à un spectacle sportif de haut alors une édition spéciale dans l’après-midi de d’événements majeurs. Après son entrée n’est pas une utopie. Le super G, qui se dispu- d’argent et cinq de bronze. La descente, chez les épreuves de super G des hommes ou des femmes niveau, mais pourront également profiter d’un sur place et le 7 février au soir, danser sur la programme d’animation de grande envergure la même journée. époustouflante en 2009 à Val d’Isère où elle tera en ouverture des CMS, compte parmi les hommes comme chez les femmes, eut alors lieu musique du groupe 77 Bombay Street. proposé en dehors des pistes. obtint deux médailles d‘argent à l’âge de 17 ans points forts de l’équipe de Suisse, chez les du Piz Nair comme point de départ à St-Moriz Toujours de retour sur les sites «sacrés» seulement, Lara Gut a réalisé une médaille à hommes comme chez les femmes. Bad et, avec 4408 m, était aussi longue que la Plus d’infos sur le «WM Opening Special» Vous trouverez toutes les informations sur le pro- Les statistiques peuvent par contre avoir un tous les événements majeurs auxquels elle a descente du Lauberhorn. Pour ce parcours, la et autres offres ici: gramme d’encadrement, les prestation en live et www.stmoritz2017.ch/wmopeningspecial autres attractions ici: https://www.stmoritz2017. effet dynamisant. Ainsi, Vreni Schneider ra- participé, à une exception prêt. Et lorsqu’elle «Une expérience unique» championne du monde Anny Rüegg mit exac- ch/entertainment/rahmenprogramm/ conte: «J’ai toujours bien aimé retourner aux fut privée de podium (Garmisch 2011), elle Pour autant que l’avantage d’être à domicile ne tement 5,38 minutes avec une moyenne de endroits que j’associais à des souvenirs posi- termina deux fois quatrième – une constance devienne pas soudain un désavantage? Didier 46,872 km/h, tout de même! RICHARD HEGGLIN Il ne veut que jouer! Et faire la fête… Les sponsors et partenaires Sponsor Principal Swiss-Ski Il adore se blottir et est bien plus souple, qu’il n’y 24» a même produit un clip en début d’hiver (plutôt paraît au premier abord. Mais attention, Moritz est un doux et vert…) avec Moritz et flocons de neige. véritable farceur et il ne recule devant rien. Moritz n’a jamais froid Il est question ici d’un bouquetin unique en son genre. Certes, Moritz ne parle pas, mais sa gestique suffit Evidemment, chaque exemplaire de ce fier animal est largement à exprimer ses sentiments. Cela exige un un original. Cela dit sans vouloir offenser les deux énorme entraînement de la part des deux artistes, qui célèbres bouquetins Grisons Gian et Giachen, véri- se partageront le travail sous le costume durant les tables ambassadeurs de leur région. Il est toutefois mondiaux. Il leur a tout d’abord fallu s’habituer au permis d’affirmer qu’aucun autre bouquetin ne s’est costume spécial, qui rend chaque mouvement parti- Sponsors Swiss-Ski Automobiles Official Broadcaster jamais aventuré dans des contrées aussi éloignées. culier et les chaussures surdimensionnées leur ont Ainsi par exemple jusqu’à Zurich – rares sont les donné du fil à retordre. Mais une chose est sûre: peu Grisons à en faire autant. importe les basses températures qui règneront en Engadine durant les CMS, Moritz ne souffrira pas du Sa mission froid dans son habit particulier . . . Moritz ne s’y est pas rendu par obligation, c’était son Partenaires Partenaires d'Événements devoir – n’ayons pas peur des mots, sa mission! Moritz Moritz aime se blottir n’est pas seulement la mascotte officielle des Cham- tt et pourra réchauffer les autres en les prenant dans pionnats du monde de ski alpin FIS de St-Moritz, il est représentants des médias et de membres du CO a ses bras. Moritz a particulièrement la cote auprès des aussi le support publicitaire de l’événement. C’est décidé du nom de la mascotte. A peine le Champion du enfants. Il est vrai qu’un tel personnage attire immé- ainsi qu’il n’a pas hésité à se mesurer au sprint à son monde Patrick Küng avait révélé son nom au public, diatement les sympathies. Et personne ne peut rester collègue local (concurrent?) Cooly à l’occasion du que Moritz se mit à faire des bonds de joie sur la scène indifférent lorsque Moritz se fraie un chemin avec son Swiss Ski Pool Partenaire media meeting d’athlétisme «Weltklasse Zürich». Par bien- et à prendre tout le monde dans ses bras – chose qu’il postérieur généreux. Ainsi les visiteurs des mondiaux veillance, nous n’allons pas révéler ici le résultat de n’a pas cessé de faire jusqu’à aujourd’hui. sont prévenus: il n’y aura pas d’endroit à St-Moritz et cette confrontation. Mais une chose est sûre: Moritz alentours où Moritz ne puisse soudain apparaitre et est fin prêt à prendre sa revanche sur Cooly sur la piste Au centre de l’intérêt faire ses pitreries. Mais il n’y a pas de raisons d’avoir Corviglia. Que ce soit à une fête de village de l’Engadine supé- peur, au contraire. Profitez plutôt de la chance offerte rieure ou lors du match de hockey sur glace à Lugano, d’être pris dans les bras d’une véritable mascotte de Fournisseurs Baptême lors de la finale de la Coupe du monde Moritz est toujours au centre de l’intérêt et charme le Championnats du monde ou de lui donner une tape | Burgerstein | RUAG | Hilti | Ferienverein | TechnoAlpin | Kameha Grand Zürich | Human Tecar | TRILUX AG | FUNKE LETTERSHOP AG | Moritz a vu le jour il y a de nombreuses années au Piz public avec ses pitreries. Même le si sérieux quotidien amicale. Car ce qui est certain, c’est que Moritz est Nair et a été baptisé à l’occasion de la finale de la «Zürcher Zeitung» n’a pas pu résister à son charme, fondamentalement pacifique et ne veut qu’une chose: Donateurs Coupe du monde à St-Moritz en mars dernier. Un jury sans parler de ses visites aux quotidiens «Blick» et jouer ou faire la fête. Et si possible les deux en même | Crystal Club | Stiftung zur Förderung des Alpinen Sports | constitué de compétiteurs et compétitrices suisses, de «20 Minutes». La station de radio zurichoise «Radio temps. C HR IST IA N A N D IE L 10 SNOWACTIVE SNOW FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 11
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 LA «MONTAGNE FÉTICHE» Aucune autre montagne n’a à ce point cristal du classement général de la Coupe du Mais Lara Gut a aussi vécu des temps difficiles marqué Lara Gut que le Piz Nair. Elle monde. Aucun auteur n’aurait osé écrire un tel à St-Moritz. Lorsqu’en 2002 elle dut se conten- scénario. Mais Lara s’interdit de parler d’un ter de la 19e place en descente (soit dit le même l’a dévalé plus de fois que n’importe rêve réalisé, ce que suggéraient certains mé- temps qu’Anna Fenninger), les critiques ont quelle autre pente et y a fêté des succès dias. Ce qui, pour beaucoup de skieuses, signi- fusé de toute part. Certains déplorant un chargés d’émotions. fierait l’aboutissement absolu en sport de manque de bagage technique. Lara Gut devint glisse, n’est pas suffisant. «Je veux encore pro- plus vulnérable. Même qu’une fois, après un L ’on peut sans autres qualifier le Piz Nair de montagne fétiche pour Lara Gut, même si elle-même utilise un autre terme: «Le Piz Nair, gresser», dit la jeune Tessinoise. Les victoires et les titres ne sont pas le but en soi, mais la conséquence logique lorsqu’elle parvient à résultat moyen, elle pria les médias de ne pas être trop durs avec elle – cela se passait égale- ment dans l’aire d’arrivée à Salastrain. c’est mon chez moi. J’ai ici l’impression d’avoir appliquer parfaitement ce qu’elle s’est imagi- davantage d’énergie que nulle part ailleurs. Et née. Une phrase certes un peu compliquée, Et c’est ici qu’elle se sent bien il y a bien sûr le public qui vous soutient.» mais un message clair. Certains journalistes projetèrent des attentes que Lara Gut n’était pas (encore) en mesure de C’est ici qu’elle a percé C’est ici qu’elle connut aussi l’autre face réaliser. C’était la phase durant laquelle elle Son étoile s’est mise à briller sur cette piste. En Lara Gut a déjà disputé 36 courses sur la piste expérimentait en s’alignant dans toutes les 2008, elle réalisa un sensationnel premier po- Corviglia. Elle attira déjà l’attention à l’âge de disciplines. Mais elle dut constater que son dium de Coupe du monde en glissant par-des- 15 ans, après avoir réalisé le 39e rang avec le corps n’était pas encore de taille à supporter sus la ligne d’arrivée, soit dit après avoir chuté. dossard numéro 128. Puis un mois plus tard en ces énormes contraintes. Et en décembre de la même année, à l’âge de terminant quatrième à une course de Coupe En 2015, sa série de succès sur le Piz Nair conti- 17 ans, elle devint la plus jeune skieuse victo- d’Europe avec le dossard numéro 66. Lors de nua avec une victoire en descente, devant rieuse en super G. «Bien que cela date déjà, l’on la descente suivante comptant pour la Coupe Anna Fenninger et Edit Miklos. Puis, lors du m’en parle aujourd’hui encore fréquemment», d’Europe, elle termina sur le podium et s’assu- super G, elle termina pour la «première fois» s’étonne Lara. Son amour pour St-Moritz a ra ainsi une place de départ en Coupe du dans les filets à une course de Coupe du monde. d’autres raisons que ses victoires, qui l’ont de. Et lors de cette monde. e course c urse co se e mémorable, mém émorable elle Enfin l’an passé lors de la descente, qui faisait propulsé sur le devant de la scène alors qu’elle chuta dans l’aire d’arrivée d’arriivée et termina malgré vée m figure de répétition pour les mondiaux, les n’était encore qu’une adolescente et qui lui ont ur le podium. tout sur podium m. choses n’allèrent pas comme elle l’aurait sou- procuré un statut qu’elle n’arrivait pas tou- haité. Avec son dossard numéro 22 malchan- jours à gérer. «Enfant déjà, je suis souvent venu ceux, elle termina à la 13e place. Les deux skier ici», raconte-t-elle, «c’est pourquoi ce lieu concurrentes parties avant elle puis après elle est pour moi associé à de nombreuses émo- se retrouvèrent au bas du classement. Ceci tions.» explique cela! Mais elle se rattrapa en termi- nant 2e du super G et 3e du slalom géant. Cela C’est ici qu’elle remporta le grand globe aussi est révélateur. Lara Gut semble se sentir Et en mars dernier, c’est ici qu’elle couronna à nouveau chez elle sur le Piz Nair. sa carrière en remportant le grand globe de RICHARD HE GGLIN Bien que cela date déjà, l’on m’en parle aujourd’hui encore fréquemment. ÉCOLE DE VIE Silvan Zurbriggen, qui a connu son stage de 18 mois dans une banque à la fin du déjà dans ce domaine. «Ainsi je pourrai la sou- heure de gloire en remportant la mois. Puis il entamera immédiatement une tenir lorsqu’elle désirera réduire son temps de nouvelle formation comme audioprothésiste. travail», dit Zurbriggen. médaille d’argent aux mondiaux de ski de Saint-Moritz en 2003, est à pré- Nouveau défi Un scandale avant le succès sent compétiteur à la retraite depuis «Je continuerai à honorer ma fonction d’am- La planification à long terme a toujours été une près de deux ans. Et comme il dit: bassadeur pour Raiffeisen», dit Zurbriggen. qualité du Valaisan, qui comptait parmi les «Se découvrir une vie privée – c’est Mais la banque ne sera pas son lieu de travail, derniers grands skieurs polyvalents sur le cir- c’est certain. «Je change à nouveau complète- cuit et s’est souvent retrouvé sur le podium beau également». ment de domaine et me lance un nouveau défi. du combiné en compagnie d’Ivica Kostelic. PHOTO: KESTONE J’ai été approché par une grande entreprise Comme aux mondiaux de 2003 lorsqu’il décro- I l est passé du podium au banc d’école. Du- rant la semaine des courses du Lauberhorn, il a passé des examens oraux et terminera son (Neuroth appareils auditifs, n.d.l.r.) et je ferai une formation d’audioprothésiste avec brevet fédéral à la clé.» Son épouse Nathalie travaille cha la médaille d’argent en slalom, se plaçant derrière le Croate. Peu avant, il y avait eu un scandale à Wengen. Karls Frehsner s’était fâ- 12 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 13
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 conférences de 40 minutes dont le titre est: «chuter, se relever, vaincre.» Durant les dernières années de sa carrière, il se concentra de plus en plus sur la descente, car le règlement en slalom avait changé. La dis- tance entre les piquets était passée de 15 à 13 «Ce sont des émootions mètres. Zurbriggen avait l’impression que la que l’on vo oudrait distance n’était pas de 13, mais de 8 à 9 mètres seulement. «Avec ma masse corporelle, je n’ar- absolumment reviv vre» rivais plus à suivre. Les bons slalomeurs d’alors étaient plutôt élancés, légers et athlétiques. Fini les athlètes de 100 kg comme autrefois Alberto Tomba. Cela allait tout simplement à l’encontre de mon physique, autrement je se- rais resté fidèle au slalom.» Le vécu des extrêmes Malgré les coups durs – ou peut-être en raison de ceux-ci – Silvan Zurbriggen qualifie sa dé- cennie et demie consacrée au ski de compéti- tion comme une «école de vie inestimable, car l’on vit des extrêmes sur toute la ligne. L’on apprend à surmonter les défaites, à gérer le stress et à rester les pieds sur terre après une victoire.» D D. Skier à un tel niveau n’est possible que si l’on P HOTO : LD a la passion et que l’on y met tout son cœur: «Il y a beaucoup de travail là derrière, mais un travail fait avec passion. Ce sentiment de liber- té sur les skis est unique. Aujourd’hui encore, Ski de compétition est une école de vie le fait de décrire quelques courbes sur la neige inestimable, car l’on vit des extrêmes sur toute me réchauffe le cœur.» Entretemps, c’est un la ligne. L’on apprend à surmonter les défaites, fait, il est devenu un skieur de loisirs qui privi- légie le beau temps. à gérer le stress et à rester les pieds sur terre «La a cérémomo ie d’o mon mo ouvertu ure r sera déjà très spéciale e. direct ect cte eur de course FIS Markus Waldnerr, connu c comm mme e après une victoire. L’élevage de vaches d’Hérens C’eest s unn événement qu q i toucche e au plus profond de soi.» » un homme agréable et sociable. «C C’e’est vrai», affir ffirm me Avant la fin de sa carrière déjà, il avait un Mononnik ika k Zweifel sait dé éjà à très ès pré p cisément à quoi oi re oi res- Monika Zweifel, qui l’a déjà côto oyé en mars dern ernie ier lors sem se semble em un bon début de CHM M FIS F de ski alpi lpin n 2017 à de la finale de Coupe du mon nde de, le grand év événénement de hobby d’un genre particulier: l’élevage de St-Moritz. Monika Zweife fel a en effe effet acqu cquiis une certaine test pour les CHM. vaches d‘Hérens: «A présent je n’ai plus beau- routine: elle était présentte en 200 003 comme «voluntari» Mais comment était ait--ce en 2003? À l’l’époque, Monika ait coup de temps pour ce hobby, mais j’aime et le sera de nouveau 14 4 an ans après. Pourquoi? Elle rit, Zweifel travaillai laitt également au bureau de la course, lai encore bien prêter main forte à mon beau- car seul celui qui ne n l’l’a a jamais vécu peut poser une telle mais pour le less épreuves dame mess – Kurt Hoch était direc- père. C’est fascinant d’observer les vaches question: «C « es es émotions, la possibilité de participer à teur de e course c à la FIS S. Ku Kurt Hoch était évidemment un évé vé énem nement de ce type avec une équipe fantastique, commpétent, mais ce n’ n’ét était pas toujours évident pourr lorsqu’elles se battent, de voir leur fierté après c’’ st que c’e elq lque chose que l’on voudrait absolument re- tout le monde car l’Autrichien bafouillait tellemen to mentt ché avec son entraîneur de slalom Christian donna un conseil déterminant. Avant le sla- je faisais partie des favoris pour le titre. Quelque une victoire ou comment elles réagissent après vivre.» qu’on ne le com comprenait tout simplement pas – et e Huber et l’avait licencié sur le champ. Michi lom, il se leva et prit son petit déjeuner une chose s’est alors passé en moi que je n’avais une défaite. Ces bêtes sont très sensibles, un 1300 0 bénévoles b seront présents en février. Mo oni nika qu’import rtee qu’il q parle anglais ou allemand and,, cela c a ne Bont reprit le poste et, à peine un mois plus heure et demie plus tôt, car lors des entraîne- jamais vécu auparavant. Je savais qu’avec un peu comme le sont les athlètes de pointe.» Zwe weife i l de St-Moritz est un membre de ce groupe faisaiit auc aucune différence. C’est un beau té émo moigna age de joy oyeux et coloré, «le visage des CHM» com omme le sou- om la com compétence du bureau de la cou urse avec Monika tard, fit partie d’une success story marquée par ments, il n’était au mieux de sa forme qu’après slalom ‹normal›, une médaille était dans la L’occasion d’une lutte entre les vaches d’Hé- lignent toujours et encore les représen lig sentants du CO. Il sen Zweifel, car malgré ces difficultés Zwe és,, il il n’y n a jamamais eu de ma des hauts et des bas. le 5e ou 6e parcours effectué. Ainsi, à l’heure poche. Ce savoir m’a complètement cham- rens de Zurbriggen et celles de Martina Schild, suffi ffit de parler avec la bénévolle de d 56 ans pour se problème. Monika Zweifel ritt en se se rappelant nt qu’ q il disait «X», il était entièrement réveillé et son corps boulé mentalement et j’étais dans une zone la vice-championne olympique de Turin, qui rendre compte de son caracttèr ère ouvert et chaleur ureux eux. toujours quelque chose comm omme «Mademo oiselle, merci Le conseil de Karl Freshner s’était mis en mode compétition. limite au niveau émotionnel. Lorsque j’ai eu affectionne le même passe-temps, ne s’est ja- En 2003, elle œuvrait enc nccor ore à l’Office de tourisme sme de de m’apporter ceci» ou u «de «de faire cela». Pour Zurbriggen, quatre points forts ont mar- enfin la médaille en main, c’était un énorme mais présentée jusqu’alors. St-Moritz; sa particip pati ation au bureau de la co cour urse était Elle se souvient aussi ssi qu q e Kurt Hoch av avait passé beau- logique. À l’heure re actuelle, la native de e Lint intthal, pas- coup de temp ps en en Norvège, ce qui av avait des répercus- qué sa carrière. La médaille d’argent de St-Mo- 500e victoire suisse passée inaperçue soulagement.» sionnée de ski ki, travaille à la commu munene de Samedan sions sur sess souh sou aits du petit-déje jeuner: «Tôt je T le matin, ritz, la médaille de bronze du combiné aux Jeux Après son triomphe au combiné de Kitzbühel, Il mise sur cinq médailles après une ne e période à Corvatsch Mar Markeketing. La question il voulaitt touj toujours une soupe auxx nouilles et une boîte olympiques d’hiver à Vancouver/Whistler la consécration pour un skieur polyvalent, il «Chuter, se relever, vaincre» Encore une question concernant les «autres» de sa participation comme «vol voluntari» à cet événe- de sar sardin dines.» Encore aujourd’h d’hui, Monika Zweifel ne d’h Mountain en 2010, la victoire du combiné à aurait pu fêter un autre jubilé. C’était en effet «La victoire à Val Gardena», dit Zurbriggen, athlètes, ceux sur deux lattes: combien de mé- ment unique qui a débuté il y a 14 ans ne s’est toutefois me pou ourra rr it s’imaginer prendre e un u tel petit-déjeuner au pas posée. Cette fois,, Mon Monika Zweifel a accepté sans beau milieu d’une froide nu be uit de février, au saut du lit. Kitzbühel en 2009 et la victoire en descente à la 500e victoire suisse en Coupe du monde. «avait ceci de particulier que j’avais fait une dailles y aura-t-il au final pour la Suisse à St- sourciller de sacr crifie ifierr deux semaines de vacancess. Non, c’était sans doute déj éjà un défi d’apporter ces vic- éj Val Gardena en 2010. Il fait ainsi partie de la Mais personne ne s’en est aperçu. Ce n’est chute grave sur cette même piste par le passé. Moritz? «Deux chez les femmes et deux chez les Voilà qui a le mér érite ite d’être clair! tuailles de bon matin. demi-douzaine de skieurs suisses ayant obte- qu’après coup que quelqu’un l’a remarqué. Mon genou était complètement détruit. Suivit hommes», répond Zurbriggen, puis se corrige: Ces deux sem emain aines avec le bureau de la course se si s gni- Markus Waldner est un T Tyrolien du Sud. Il mange autre- nu des médailles à des JO et à des mondiaux A Whistler Mountain, après avoir décroché la le long chemin de la remise sur pieds puis le «Non, plutôt cinq médailles, j’avais oublié fient surt rtout out une chose: se lever tôt. «Oui» ui», déclare ment. Et Monika Zwe weifel espère qu’en simple bénévole we PHOTO: KESTONE ainsi que des victoires en Coupe du monde ce médaille de bronze, ses sentiment ont été en- retour à la compétition et enfin – trois ans plus l’épreuve par nation. Et là nous sommes forts.» Monika ika Zweifel, «à cinq heures et demie mie, la nuit est cette fois, elle aur ura ur ra encore plus à célébrer et pourra terrmi minée.» Elle doit veiller à ce que le juryju de la course nouer des conta acts «dans la rue». Elle sait également dernier quart de siècle. core plus forts qu’à St-Moritz, dévoile le Valai- tard – je remportais la victoire sur cette même Cette épreuve n’existait pas encore en 2003. ne manque de rien et puisse fa aire re so s n travail; elle est une chose: la a chan nce de participer encore une fois Il garde des souvenirs précis de chacun de ces san, qui a un lien de parenté lointain avec Pir- piste où ma carrière avait failli se terminer C’est sûrement pour cela qu’il n’y eut «que» en général la première surr le pont. Cette fois, elle d’aussi prèss à un CH HM est très mince. points forts. A St-Moritz, Karl Frehsner lui min Zurbriggen: «Après une bonne descente, abruptement.» A ce sujet il fait aujourd’hui des quatre médailles. RICHARD HEGGLIN s’occupe des courses hom omm mes, avec comme chef le C HR I STIAN AN D IEL 14 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVR É R IER FÉVRII ER R 2017 7 SNOWACTIVE 15 5
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 1400 de dénivelé au départ de 150 0% la descente collaborateurs de aides volontaires 32 la SSR assurent le hommes signal international de St-Moritz 140 000 15 10 cabines de commentateurs radio et TV, 22 zones de mixage, 5 plateformes TV et 3 studios stations de radio et de TV spectateurs sont attendus TV dans l’aire d’arrivée sur place 1974 2003 2017 600 10 900 Pour la troisième fois, la SSR est Head Broadcaster à des mondiaux de ski à St-Moritz. Elle a également produit les courses alpines aux Jeux Olympiques 38 km athlètes personnes accréditées d’hiver de Turin, Vancouver et Sotchi. de filets de protection B installés de 80 nations 23 000 mètres de câbles à fibres optiques 40 000 litres de boissons chaudes 35 000 38 SOURCE: SRF / OK ALPINE SKI-WM 2017 litres de boissons froides 25 000 caméras en action, dont des caméras Hyper- Motion, SuperMotion, d’hélicoptère et montées sur câble y compris 37 km de câbles posés sur Plus de 50 conteneurs abritent litres de bière la piste et dans l’aire d’arrivée. le centre international de radio-TV 16 SNOWACTIVE FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 17
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 1974 «BOUBOU» MOREROD ÉVITE LA DÉBÂCLE 2003 UN CHAMPION ET UNE CHAMPIONNE EN TITRE MALCHANCEUX Les opinions sur les Championnats de ski alpin de Saint-Moritz 2003 sont M ike von Grünigen en particulier s’était fixé de grands objectifs pour sa dernière participation à des mondiaux. Il avait annoncé au 7e rang. «C’est la défaite la plus amère de toute ma carrière», dit-il la gorge nouée dans l’aire d’arrivée. Petite consolation: lors de la partagées: un succès ou des mondiaux vouloir mettre un terme à sa carrière sportive finale de la Coupe du monde en Norvège, il réussis tant bien que mal? Sonja Nef et à la fin de la saison. Après ses médailles d’or monta une dernière fois sur le podium pour Michael von Grünigen, venus alors en obtenues à Sestriere en 1997 et à Saalbach en sa toute dernière course. Et lors de sa fête Engadine pour défendre leur titre, ne 2001, St-Moritz devait être un dernier point d’adieux, le plus grand skieur de tous les temps, gardent certainement pas un bon sou- fort. Après la première manche, tout semblait Ingemar Stenmark lui fit l’honneur de sa pré- encore possible. Ayant réalisé le troisième sence. venir de St-Moritz ’03. Les deux sont temps, il n’accusait que 0,58 seconde de retard Sonja Nef pour sa part était déjà battue après repartis bredouille. Mais avec quatre sur Hansi Knauss et Benjamin Raich. la première manche. «Je n’avançais quasiment médailles, le bilan suisse était malgré Mais lors de la deuxième manche, MvG com- pas», décrivit-elle sa manche. Elle occupait la A seulement 17 ans, Lise-Marie Morerod remporte le tout respectable. mit une faute grave sur le plat et fut rétrogradé 12e place avec 1,50 seconde de retard. Pourtant bronze en slalom et sauve la Suisse d’un résultat nul. Comme les temps changent. Deux ans championne olympique Marie-Theres Nadig fut promu, fit carrière et dirigea finalement auparavant encore héros olympiques, en descente, l’autre pour le médaillé d’argent l’entreprise Rossignol. La sincérité paye! qui avaient fait vibrer la nation en- du combiné Walter Tresch en slalom et la troi- tière lors des jours dorés de Sapporo, sième pour Engelhart Pargätzi en slalom géant. L’isolement comme point faible les skieuses et skieurs suisses se retrou- Lors de l’analyse de cette déconfiture subie lors «Rien n’y fit» de ces mondiaux à domicile, les responsables vaient sur le banc des perdants lors des La descente devint une véritable débâcle. surent reconnaitre les erreurs commises et mondiaux de 1974 à St-Moritz. Les L’équipe suisse de vitesse était déjà dans une identifièrent l’isolement des athlètes suisses, premiers Championnats du monde de passe difficile depuis le début de la saison, mis volontairement choisi, comme point faible. Les ski alpin en Suisse après la guerre – à part Collombin, qui à son habitude connais- Suisses étaient logés à Salastrains même, juste ceux de 1948 étaient en fait des Jeux sait une hausse de forme en janvier et remporta en bordure de piste, mais bien loin du cœur de olympiques avec remise simultanée les quatre dernières courses avant les mon- l’action à Saint-Moritz. Il était donc inévitable des titres mondiaux – tournaient diaux. Mais le chef du ski d’alors, Adolf Ogi, avait que de joyeux lurons comme Collombin et son au fiasco. Trois jours avant la fin, de sérieux doutes et engagea temporairement pote Roux ne fassent le mur de temps à autres. Lise-Marie Morerod dit «Boubou» le guru du fartage Paul Berlinger. Celui-là même Surtout qu’en raison des bancs de brouillard sauva l’honneur de la troupe de qui avec sa légendaire action de grattage du tenaces sur la piste, la descente fut quasiment fartage avait permis à Bernhard Russi de rem- reportée d’une semaine. Après la chute de Col- Sapporo en débandade. porter le titre mondial. lombin lors de la descente, le journal spécialisé Mais cette fois, la «roue de secours» Berlinger, «Sport» parla d’une chandelle brulée par les A vec le dossard numéro 39, la Vaudoise de 17 ans, encore trop jeune pour Sapporo, décrocha la médaille de bronze en slalom à la qu’Adolf Ogi avait dû emprunter à son em- ployeur Rossignol le temps des mondiaux, n’eut pas le résultat escompté. Collombin chuta après deux bouts. Le fait est que le remake espéré de Sapporo partit en sucette. Par contre, les représentants surprise générale. Alors que sa discipline de seulement 40 secondes de course et les autres du petit Liechtenstein eurent l’occasion de faire prédilection était le slalom géant. Lors de celui- pilotes de Rossignol Bernhard Russi et Philippe la fête. Avec les médailles de Hanni Wenzel (l’or ci elle fut éliminée. Puis elle réussit ce grand Roux terminèrent 12e, respectivement 13e. Seul en slalom et l’argent au combiné) et de Willi coup en slalom, alors qu’elle n’avait jamais vu Walter Vesti avec des skis Fischer aux pieds se Frommelt (le bronze en descente) ils damèrent la ligne d’arrivée de tout l’hiver dans cette disci- plaça tout juste dans les dix premiers, terminant le pion à leur partenaire d’entraînement et hôte pline. neuvième. Et pourtant, Ogi avait sorti le grand de surcroît. Avec du retard, la Suisse put finale- Trois ans plus tard, elle fut la première Suissesse jeu: il fit recouvrir les chaussures et les fixations ment se vanter d’avoir deux titres mondiaux. à remporter le classement général de la Coupe d’une enveloppe aérodynamique en matière re Peter Lüscher épousa la double championne du du monde, peu avant qu’un tragique coup du synthétique et remplacer les paniers des bâtons ns monde Fabienne Serrat. Mais évidemment, les sort mette fin à sa carrière. Lors d’un accident de ski par des boules. «Rien n’y fit, le problèmeme statistiques n’en tiennent pas compte. de voiture elle se brisa deux vertèbres cervicales, était ailleurs», dit Ogi aujourd’hui à propos de RICHARD HEGGLIN subit 14 fractures du bassin et des blessures à la cette débâcle. Le collaborateur de Rossignol ol tête. Elle passa six mois à l’hôpital. Lise-Marie Paul Berlinger, faisant preuve d’une sincérité té té tenta plus tard un retour à la compétition, mais remarquable, aborda le sujet ouvertement: «Le Le PHOTO: KEYSTONE ne fut plus en mesure de suivre les meilleures. fartage n’était pas le problème, mais bien les es Mis à part cette médaille, l’équipe de Suisse skis eux-mêmes.» Autrement dit: «ses» skis Ros- s- pourtant très bien dotée dut se contenter de signol. Personne dans l’entreprise ne lui repro- o- trois cinquièmes places. L’une pour la double cha cette autocritique. Au contraire: Berlinger er 18 SNOWACTIVE SNOW FÉVRIER 2017 FEBRUAR FÉVRIER 2017 SNOWACTIVE 19
Focus // CMS St-Moritz 2017 Focus // CMS St-Moritz 2017 la manche avait été piquetée par son entraî- dernier. La seule médaille chez les femmes fut la médaille de Marlies Oester fut la dernière réalisée en slalom, se plaçant derrière Ivica placés devant. Mais en haut il y avait encore et en combiné) et Janica Kostelic (slalom et neur Sepp Brunner. Grâce au quatrième temps jadis réalisée par Sonja Nef. médaille d’une Suissesse à des mondiaux, qui Kostelic. Deux fois, les Suisses durent se Michael Walchhofer et Kjetil Andre Aamodt, combiné) se distinguèrent particulièrement. réalisé lors de la deuxième manche, où elle n’a pas été réalisée par Lara Gut. Corinne Rey- contenter de la médaille en chocolat: Ambrosi qui prirent le départ si tard parce qu’ils avaient Janica et Iciva Kostelic furent le premier duo de accrocha une porte avec la main, elle améliora Le succès après un départ difficile Bellet frôla la médaille d’or en terminant à Hoffmann en super G, quatre centièmes der- sauté une porte lors de l’entraînement. Jadis, frère et sœur à s’attribuer un titre mondial sa position et termina 8e. Le début des compétitions à St-Moritz s’avéra seulement onze centièmes de seconde derrière rière les deux exæquo Hermann Maier et Bode l’ordre de départ correspondait à l’ordre inver- chacun. Et avec Aksel Svindal, Hannes Rei- L’enthousiasme pour ces mondiaux avait du difficile. Puis enfin, après trois courses sans la victorieuse Canadienne Melanie Turgeon, Miller et Didier Cuche en descente, 16 cen- sé du classement du dernier entraînement. chelt, Felix Neureuther, Erik Guay, Peter Fill ou mal à s’installer. La presse de boulevard tira médaille, les Suisses réalisèrent trois médailles qui surprit tout le monde. Trois ans plus tard, tièmes derrière son coéquipier Bruno Kernen. Lors de celui-ci j’ai d’ailleurs dû mettre plein Fabienne Suter, des athlètes prirent jadis le à boulets rouges sur le chef des hommes de suite. Bruno Kernen s’assura tout d’abord le Corinne perdit la vie dans une tragédie fami- Celui-ci avait remporté la descente du Laube- gaz car je me battais contre Didier Défago pour départ, qui aujourd’hui encore donnent le ton Karl Frehsner. Celui-ci avait remplacé Dieter bronze en descente, puis Corinne Rey-Bellet liale. rhorn au préalable. Un moment donné, une la dernière place de départ encore disponible.» en sport du ski. Mais parmi eux, seuls Svindal Bartsch après les Jeux olympiques de Salt Lake l’argent – également en descente – et finale- Le dernier jour des joutes, Silvan Zurbriggen double victoire helvétique se dessinait même. Finalement, Walchhofer et Aamodt repous- (5e en géant) et Guay (6e en descente) réali- City qui s’étaient terminés par un résultat nul, ment, Marlies Oester réalisa la médaille de (voir l’article Nostalski) couronna ces mon- «Après 30 compétiteurs», se souvient Didier sèrent les deux Suisses au 3e et 4e rang. Sur le sèrent des places de pointe. avec comme conséquence la démission de ce bronze en combiné. Remarquons au passage: diaux par sa surprenante médaille d’argent Cuche, «Bruno et moi-même étions encore plan international, Bode Miller (l’or en géant RICHARD HEGGLIN Une rétrospective particulière 30 ans entre souvenirs et objectifs A l’aube des Championnats du monde de St-Moritz, Quatre filles et trois garçons Bournissen, qui a remporté le globe de cristal de la trente ans après Crans-Montana, que reste-t-il des Du travail, du talent et surtout l’étincelle en plus ont descente (1991), ont laissé des traces indélébiles. Mondiaux de 1987? Des souvenirs. Des émotions qui, permis aux Helvètes versions 1987 de construire un si elles symbolisent le point de départ d’un chapitre mythe. De devenir à l’époque des eighties les terreurs Travail de longue haleine mythique du ski suisse, permettent encore au Haut- des superlatifs dans les médias. Il y a 30 ans, le ski Main de fer dans un gant de velours, Jean-Pierre Plateau de surfer sur une déferlante glorieuse. Où alpin suisse connaissait son âge d’or. Et était une véri- Fournier, épaulé dès ses débuts par Hans Schwein- championnes et champions d’alors avaient endossé table religion dans notre pays. gruber et Rolf Hefti, deux ténors au niveau de la for- leur habit de lumière. Pour mémoire, elles avaient pour nom Erika Hess, mation, a mis en place un plan décliné sur deux et trois Terre de conquête, le Valais a rassemblé des foules Maria Walliser, Michela Figini et Vreni Schneider. Karl lustres. Grosso modo, avant la période héroïque de de supporters. Provoqué un enthousiasme collectif. Alpiger, Peter Müller, Pirmin Zurbriggen, ont fait le job Crans Montana. Confirmé de légitimes ambitions. Avec, en finalité, huit au masculin. Alors que le Morginois Gaspoz, une va- Pédagogue instinctif, le Nendard n’évoque pas les titres sur dix possibles. Quatorze médailles sur trente! leur sûre au style inimitable en géant, s’est dessiné moments de haute tension Maria-Michela par Dans un contexte différent, évidence, sentiments miti- une mise en scène épique. En s’offrant une cabriole à exemple. Avec les court-circuit d’alors. Seuls les gés avant les joutes grisonnes! trois portes de l’arrivée. souvenirs sympas lui restent en mémoire! Les résul- Fleuron d’une génération triomphante, filles et gar- Au grand dam de ses supporters valaisans. Dont tats obtenus avec une poignée de championnes talen- çons des années 80 pouvaient donner libre cours à l’ancien crack Philippe Roux, qui s’était pour l’occasion tueuses, à la personnalité marquée, ont mis la barre 1 2 3 leurs qualités. Une raison à cela, du talent à revendre fendu d’un «incroyable, on ne fait pas une faute pa- tellement haute qu’il a fallu plus tard remettre l’ou- et surtout l’effet de groupe. Jean-Pierre Fournier et reille en classe 3 d’école de ski». Pas joyeux Joël. vrage sur le métier pour perdurer. Une fois les stars Karl Freshner, entraîneurs des filles, respectivement Quoique entré dans la légende! Ouvrant ainsi la porte de 1987 rentrées dans le rang. Démontrant, si néces- des garçons, ont su communiquer enthousiasme et à Pirmin. Qui doublait sa mise en or après le super-G. saire, qu’on ne s’est pas simplement contenté de faire plaisir de gagner. Les équipes étaient redoutables. Les défiler l’Histoire. patrons ont pratiqué le mélange des styles. La fusion Jean-Pierre Fournier version décontractée des genres. Trente ans plus tard, Jean-Pierre Fournier n’a guère En attendant St-Moritz Le Valaisan et l’Autrichien ont créé des synergies changé. Toujours sympa et actif. Et d’avouer que cette Comparaison n’est pas raison. Néanmoins, à l’aube propres à propulser leurs protégés vers les sommets. page d’histoire du ski suisse écrite en Valais lui fait des Championnats du monde de St-Moritz, la Suisse «Helvète» depuis plus d’un demi-siècle, Karl Frehsner toujours «show» au cœur. Nendard pur sucre, bien aura un titre unique de champion planétaire à dé- misait sur un certain esprit dogmatique. Derrière le- dans sa peau, il précise que la mise sur orbite de fendre. Celui de Patrick Küng en descente au Colorado. quel se cache toujours un sens aigu de la compétition. l’équipe féminine relevait d’un travail collectif intense. Sur la piste des Oiseaux de proie, à Beaver Creek! Beat De longue haleine. Lorsqu’il est entré en fonction, des Feuz, avec sa médaille de bronze, a permis d’écrire un Un faiseur de champions jeunes prétendantes se bousculaient au portillon. Les chapitre du ski helvétique. 4 6 En prenant langue avec lui, il dit encore à qui veut bien anciennes criaient pouce! Pour mémoire, il faut remonter à 1991, à Saalbach, en l’écouter que l’évolution des athlètes doit tout ou Au même titre que Frehsner chez les hommes, Four- Autriche, pour retrouver deux représentants suisses presque au travail d’équipe. Lui l’inoxydable qui a ré- nier a su manier l’art du contrepied pour écrire une sur le podium de la discipline reine. Il s’agissait de 1 Avec Alpiger, Müller et Zurbriggen, Karl sisté à l’épreuve du temps. Toujours présent dans les nouvelle histoire. En amalgamant défauts et qualités Franz Heinzer et Daniel Mahrer. Des garçons portés Freshner a réussi un triplé mondial dans aires d’arrivées, ce gourou du sport professe que rien de championnes confirmées ou en devenir, pour aux nues par un public en panne d’émotions. la discipline reine en Valais. n’est écrit. Tout reste à faire. concrétiser une dynamique de groupe. Dans son team, Sur le plan féminin, en 2015, seule Suissesse médail- 2 Erika Hess ou encore une reine portée en Néanmoins, lorsque Peter Müller est monté sur la plus des conquérantes branchées vitesse. A l’instar de lée, le bronze en descente, Lara Gut avait sauvé l’hon- triomphe par deux princes du ski qui valent haute marche du podium de la descente à Crans-Mon- Maria Walliser, Michela Figini. neur chez les filles. Deux ans plus tard, avec une leur poids de médailles. tana, Frehsner avait réussi à imposer une vision Où des techniciennes comme Erika Hess, au palmarès montée en puissance évidente, la Tessinoise semble 3 Sept Helvètes pour 14 médailles et huit titres propre à booster le Zurichois. Pour l’occasion, le étincelant. Elle qui a quitté le Haut-Plateau avec deux en mesure de réussir un ou deux bons coups dans les mondiaux à Crans Montana. Michela Figini, champion du monde tout neuf avait trouvé un carac- titres majeurs en bandoulière. Et son futur mari Grisons. A condition que tous les paramètres soient Karl Alpiger, Maria Walliser, Pirmin Zurbriggen, tère plus rugueux que le sien. Tout en acceptant les Jacques Reymond, entraîneur technique, à son bras. réunis. Confiance, son staff veille au grain! Erika Hess et Vreni Schneider. Quel triomphe. contraintes de son entraîneur. Il avait attendu une Découverte des Mondiaux, Vreni Schneider mise sur Globalement, inutile de tirer des plans sur la comète 4 Peter Müller, dix ans d’attente pour le titre PHOTOS: LDD. décennie avant de réaliser son rêve. Prenant le meil- une spirale ascendante en Valais. et jouer au devin. Des jeunes, talentueux, sont en suprême dans la discipline reine. leur sur Pirmin Zurbriggen et Karl Alpiger. Franz D’autres athlètes, engagées en Coupe du monde, Bri- embuscade. Reste juste à assumer le poids de leur 5 Pirmin Zurbriggen, l’or en super-G, une première Heinzer complétant la razzia avec une 4e place! Sou- gitte Oertli, Zoé Haas, Corinne Schmidhauser, ga- popularité. mondiale, l’argent de la descente et l’or du géant. venirs. gnante du cristal en slalom (1987), ainsi que Chantal ALDO H. RUSTICHELLI 6 Jean-Pierre Fournier, un esthète du ski qui a su couvrir ses championnes de titres et de médailles à Crans-Montana. 5 20 SNOWACTIVE SNOW FÉVRIER 2017 FÉVRIER 2017 SNOWACTI SNOWACTIVE CTIVE VE 21
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