Sauvages & Cultivées carnet des plantes du Jardin botanique de la Ville de Lyon numéro 7 2015 - Jardin botanique de Lyon
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carnet des plantes du Jardin botanique de la Ville de Lyon
Sauvages & Cultivées
numéro 7 - 2015
botanique collections Éducation
conservation jardin mÉdiation
recherche musÉographie exposition
Édito
L
a revue « Sauvages et Cultivées », tout comme En l’occurrence, le départ du Directeur du Jardin
les plantes ligneuses de l’arboretum du botanique, Frédéric Pautz pour une nouvelle aventure
Jardin botanique de la Ville de Lyon, prend de professionnelle à Nancy. Son parcours d’une quinzaine
l’épaisseur ! En effet, publication consacrée à l’origine d’années à Lyon aura permis au Jardin de développer
à la botanique, elle s’ouvre aujourd’hui à d’autres tout le volet de la médiation, de l’éducation à la nature
domaines historiques, patrimoniaux et faunistiques. et à l’environnement. Il aura aussi largement contribué
Rien de moins naturel dans l’univers des sciences. à la professionnalisation des agents et à la notoriété
Ainsi, grâce à la participation active des agents du de collections nationales au CCVS (Conservatoire des
Jardin, de leurs collègues des Espaces verts et de Collections Végétales Spécialisées).
nouveaux auteurs associés, cette revue s’étoffe
et valorise non seulement les richesses de notre Côté jardin, notons qu’à l’image de cette revue,
patrimoine mais aussi l’important travail réalisé tout il s’ouvre à d’autres partenaires dont la toute récente
au long de cette année 2015. Association (des Amis) du Jardin botanique de Lyon avec
laquelle nous aurons plaisir à créer des partenariats.
A l’image d’une célèbre enseigne de la distribution,
« il se passe toujours quelque chose »… au Jardin ! Enfin, l’année 2015 aura été celle du vote du Plan
Naturellement, le rythme est marqué par les de Mandat (2014/2020) pour notre collectivité avec
saisons, les contraintes des cultures et la gestion la confirmation de la prise en compte du projet de
des collections et présentations végétales. Toutefois, rénovation des petites serres. Un groupe projet s’est
ce que l’on doit souligner ici, n’est pas seulement le constitué en interne pour définir les orientations
travail du quotidien, mais la dimension dans laquelle futures du Jardin et le cadre du projet de rénovation.
il s’inscrit pour nombre de nos agents : la passion. C’est un travail ambitieux et passionnant que celui
C’est la volonté de partager cette passion qui est à de définir le Jardin de demain, en lien avec le Jardin
l’origine de cette revue, fruit de toute une équipe de zoologique, au cœur du célèbre Parc de la Tête d’Or,
jardiniers botanistes, scientifiques, administratifs et appelé à devenir « Parc du Vivant ».
médiateurs. Car, si la botanique est bien la science
des plantes, de l’environnement et de la nature, c’est 2015 a donc été très riche.
incontestablement, avant tout, dans nos services,
une affaire d’hommes et de femmes qui œuvrent La diversité des articles qui vous est proposée ici
collectivement pour la protection de la biodiversité. en est le reflet. Cette nouvelle revue de Sauvages et
Un travail croisé avec les autres services de la Direction Cultivées est l’œuvre collective des agents du Jardin
des Espaces verts, qui donne toute sa cohérence à nos botanique et des services associés. Ils souhaitent vous
missions et à la façon dont nous les remplissons. faire partager les richesses de notre établissement et
la passion qui les anime.
Comme chaque année, 2015 apporte également
quelques changements dans nos services. Bonne lecture.•
Daniel BOULENS, Directeur des Espaces verts de la Ville de Lyon
Sites Internet : www.lyon.fr - www.jardin-botanique-lyon.com - www.nature.lyon.fr
2 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015
Sommaire
Les brèves p4 Les roses p 30
L’Association du Jardin botanique de Lyon La participation du Jardin botanique pour la
est née ! valorisation de la rose lyonnaise au Festival des
‘Mademoiselle Jeanne Rivière‘ Roses
une pivoine de la région lyonnaise Nicolas-Charles Seringe, herbier de roses p 34
Un lieu d’accueil desséchées au Jardin botanique de Lyon
L’architecte des Grandes serres p5 Les types nomenclaturaux identifiés au cours p 36
de l’étude du genre Rosa de l’Herbier général
Nolina ou Beaucarnea p6
Des QR codes dans la roseraie historique p 38
Bulbophyllum phalaenopsis J. J. Smith, 1937
Un parfum envoûtant... pour les mouches Des roses qui n’en sont pas :
la rose de porcelaine Etlingera elatior
Pearcea hypocyrtiflora p7
Une pergola à la roseraie du Jardin botanique p 39
Installation d’un capteur de pollens
Le patrimoine iconographique p 40
« Roses et Rosiers » du fonds documentaire
Médiation p8 La Rose et Le Vent, une résidence artistique... p 41
La culture des jardiniers-en-herbe, et didactique
techniques de plantation et de multiplication
Du nouveau sur le site Internet p9
Floraisons et plantes remarquables p 42
Évolution des perceptions du Jardin botanique p 10
dans la presse et les guides touristiques
Une bougie et tous ses plants ! p 12 Conservation et recherches p 46
De la formation... à la pratique ! p 13 Découverte des bégonias à Madagascar
Exposition « Fleurs d’Or - Lumière d’automne » p 14 Une récolte de graines de bonne qualité p 49
Art Floral Japonais - École Ohara La phyllotaxie, ou le design selon Dame Nature p 50
Amborella trichopoda et la recherche à Lyon p 52
La vie des plantes p 15 Une plante de Carl Peter Thunberg conservée p 54
dans l’Herbier du Jardin
Les odeurs surprenantes
Quelques spécimens d’herbier remarquables p 57
Historique des jardins extérieurs : Jardin p 16 récemment redécouverts, numérisés et mis en
d’hiver et « carré 4 » ligne sur le site Internet du Jardin botanique
« Sauvages de ma rue » p 18
Expédition en Amazonie équatorienne p 59
Irrigation à l’eau salée dans les milieux arides p 19
L’hépatique des fontaines : p 21
une belle plante mal-aimée de nos cultures
Une année en images p 66
Les palétuviers cultivés dans la Serre Victoria p 23
Ces discrets habitants du jardin de plein air p 24
Les fourmis de nos serres p 26
Du renouveau dans nos bambous… p 28
Sauvages & Cultivées - Carnet du Jardin botanique de la Ville de Lyon
Revue annuelle n° 7 - 2015
Mairie de Lyon - 69205 Lyon cedex 01 - Tél. 04 72 69 47 78 - www.jardin-botanique-lyon.com, jardin-botanique@mairie-lyon.fr
Directeur de la publication : Dominique Déruaz • Rédacteur en chef : Dominique Déruaz • Comité de lecture : Daniel Boulens,
David Scherberich, Gilles Deparis • Réalisation : crayon bleu 04 72 61 09 99 • Tirage : 1000 exemplaires • ISSN : 2105-8032
Photo couverture : Adonis annua est une annuelle messicole (vit en bordure des champs). En France, l’espèce était autrefois présente sur une
grande partie du territoire entre 400 et 1000 m d’altitude, mais son aire s’est contractée et elle est aujourd’hui devenue rare ; elle se maintient
dans le midi et le sud-ouest ; plus au nord, elle ne subsiste que dans quelques stations où elle est très instable.
Auteur : L. Carré
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 3
Les brèves
L’Association ‘Mademoiselle Un lieu d’accueil
du Jardin botanique Jeanne Rivière’ une Le Jardin botanique de la Ville
de Lyon est un lieu de culture et
de Lyon est née ! pivoine de la région d’agrément au service du public,
A l’initiative de Frédéric Pautz, lyonnaise mais il est aussi un lieu d’accueil
Directeur du Jardin botanique, de La collection de pivoines horticoles pour de nombreux apprenants.
nombreux volontaires ont répondu du Jardin botanique de Lyon agréée
favorablement à l’appel lancé sur le par le CCVS présente 245 taxons. En 2015, ce sont presque 30 sta-
site du Jardin, dès septembre 2014. 18 d’entre eux font partie des giaires qui ont sillonné les allées
A l’issue de plusieurs réunions, les variétés obtenues par la lignée des du Jardin ou usé les chaises de
7 membres fondateurs ont travaillé Rivière, pépiniéristes de père en ses bureaux. Une grande partie est
sur les statuts de l’association fils. Parmi elles Paeonia lactiflora constituée de futurs jardiniers et, qui
déposés finalement en préfecture ‘Mademoiselle Jeanne Rivière’. sait, peut-être de futurs botanistes.
début juillet 2015. Cette pivoine herbacée à fleurs Quelques élèves de 3e viennent
L’association est ouverte à tous doubles présente un cœur dense aussi dans nos murs découvrir
les amoureux des jardins et, d’une de pétaloïdes blanc crème entouré le « monde de l’entreprise ».
manière générale, à tous les d’une corolle de pétales légèrement Ces stages d’observations, choix de
botanistes amateurs. L’adhésion incurvés rose translucide. Sa forme cœur ou de raison, sont pour eux
2016 est fixée à 12€. tient à la fois de l’anémone et de l’occasion de découvrir ce qu’est un
la couronne. Elle fut obtenue par « service » et, de surcroît, un service
Benoit Rivière en 1908 qui la dédia avec de fascinantes singularités.
à sa fille Jeanne. A cette époque, Les étudiants ne sont pas en reste.
la pépinière familiale se situe à Des scientifiques, qui distillent leur
Caluire-et-Cuire et se spécialise énergie dans le projet e-RecolNat
ou la gestion et la valorisation
dans la culture des pivoines.
des collections, aux masters en
Le catalogue Rivière proposait
« Patrimoine Architectural et Urbain »
déjà 360 variétés herbacées et
ou en « Relations Internationales,
240 arbustives. Le fils Antoine
Traduction et Langues Étrangères
Rivière entretiendra par la suite
Appliquées », tous sont toujours
des liens étroits avec le Parc de la
d’une grande richesse pour notre
Tête d’Or qui donneront lieu à de
institution.
nombreux échanges comme celui-
ci et qui enrichiront nos collections
Au sein de ce vivier bigarré,
jusque dans les années 90, date à
notons que quelques stagiaires
laquelle la pépinière déménage à
en situation de handicap sont
Crest dans la Drôme. •
accueillis. Cela témoigne des
efforts accomplis par la collectivité
Logo de l’Association en faveur des déficients quels
qu’ils soient, ainsi que de la
De nombreuses activités sont déjà motivation et de l’engagement
envisagées, pour les adhérents des tuteurs qui se proposent
mais également en direction du d’encadrer ces personnes. En
public : visites commentées et effet, l’investissement personnel
découverte des jardins de Lyon et est souvent important, notamment
des environs, aspects historiques dans l’accompagnement d’handicaps
des collections, connaissance de lourds comme l’autisme.
plantes rares ou particulières,
participation à la restauration d’un Le Jardin accueille aussi des
sentier botanique, expo photos … apprentis jardiniers botanistes.
Toutes les idées et suggestions seront Ils sont la plupart du temps en
les bienvenues. alternance au CFPPA 1 de Chât-
Soyez nombreux à nous rejoindre ! eaufarine (Doubs). Ce centre
associationjardinbotaniquelyon@ propose d’ouvrir les jardiniers à
© F. Muller
gmail.com la dimension environnementale,
https://associationjardinbotanique économique et scientifique ainsi
lyon.worpress.com • Paeonia lactiflora ‘Mademoiselle Jeanne
qu’à la gestion et à la valoris-
Rivière’ ation des collections végétales.
Alain MENAGER, 1- Centre de Formation Professionnelle et
Président de l’Association du Jardin botanique de Lyon Sophie TURCAT, Jardinier botaniste Promotion Agricole
4 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015
Une formation taillée sur mesure sujet. Les quelques informations
pour les jardins botaniques en L’architecte des obtenues proviennent des Archives
somme. Grandes serres municipales de Lyon.
Pour finir, n’oublions pas nos
bénévoles. Ils sont peu nom- Né le 17 juin 1821 à Perpignan, il est
breux, triés sur le volet, et élève ingénieur à l’Ecole Royale des
participent activement à la Ponts et Chaussées, avant d’être
valorisation scientifique de l’her- affecté, par arrêté ministériel
bier. Même si culturellement du 16 août 1844, au Service de
(et administrativement !) nous l’arrondissement de Lameth dans
sommes frileux vis-à-vis du le Morbihan.
bénévolat, nous pouvons penser Il devient par la suite ingénieur en
qu’il se développera certainement chef des Ponts et Chaussées au
d’une manière ou d’une autre à Service Ordinaire (nom donné à
l’avenir. Il se dit que le Jardin a certains services de l’Etat tels les
trouvé de nouveaux Amis (cf. article Mines, les Ponts et Chaussées et
d’A. Ménager p4)… Mais ça, c’est les Eaux et Forêts, de la fin du XVIIIe
une autre histoire ! siècle jusqu’au milieu du XXe).
T.J.F Domenget travaille alors à
l’exploitation des chemins de fer
de Paris-Lyon-Méditerranée. De
1875 à 1878 on le retrouve détaché
auprès de la Ville de Lyon pour être
nommé Directeur de la Voirie en
remplacement de M. Gobin. Son
mandat lyonnais comprend, entre-
Portrait de T.J.F Domenget autres, la gestion du Parc de la Tête
À l’image des plus belles villes d’Or. Après avoir créé une direction
d’Europe, Lyon construit de botanique, c’est lui qui rédige en
1877 à 1882, ses Grandes serres 1880 le règlement des services du
© G. Cianfarani
tropicales, véritable musée vivant Parc tant pour la voirie que pour la
de plantes exotiques. Plantes, que direction technique des collections
seuls les gens fortunés pouvaient, botaniques. De même, c’est lui
Cédric et Hugo, apprentis 2015-2016
jusque-là, découvrir dans leur qui dresse les plans de la future
au Jardin botanique
milieu d’origine. grande serre en remplacement des
L’accueil est une des missions Si Théodore Jean-François Domenget anciennes architectures de bois
fondamentales du Jardin botanique (1821-1894) est bien l’architecte devenues trop vétustes.•
qui doit se poursuivre. À l’avenir, de nos Grandes serres, nous ne
nous allons aussi travailler à res- savons que peu de choses à son Franck LARDIERE, Jardinier botaniste
serrer les liens avec l’enseigne-
ment local.
Que vous soyez en 3e, en lycée
horticole, en BTS, à Châteaufarine,
en école du paysage, ou en Master
dans une discipline qui a un lien
avec les activités d’un Jardin
botanique, n’hésitez pas à répondre
à nos annonces disponibles sur le
site Web ou sur la plate-forme de
recrutement de la Ville de Lyon.
Attention : beaucoup de demandes,
peu d’élus ! •
Remerciements
Merci à Séverine Chenavier,
Blandine Boucheix, Léonce Carré et
Gilles Deparis pour le complément
d’information.
Projet de Domenget d’agrandissement des 3 serres centrales pour relier la serre Pandanus
Grégory CIANFARANI, Technicien botaniste à la serre aux camélias, toutes 2 construites l’année précédente
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 5
Les brèves
aujourd’hui, réparties du Sud des Au Jardin botanique de Lyon, un
Nolina ou Beaucarnea Etats-Unis à l’Amérique centrale, exemplaire de cette orchidée est
Le genre Nolina est décrit pour mais surtout au Mexique et en cultivé en serre chaude et humide,
la première fois par le botaniste Californie, pays abritant le plus fixé sur une plaque de liège
français M. André Michaux en 1803 d’espèces. maintenue constamment humide,
qui récolte les premiers plants sur La plupart sont issues de régions support limitant la croissance des
la côte Sud-Atlantique des Etats- assez arides et indifférentes à la feuilles (4 au maximum) ; les plus
Unis. Il dédie la plante en l’honneur nature du sol, mais recherchent grandes frôlent les 50 cm de long
de CP. Nolin, un botaniste français un maximum d’ensoleillement sur 9 cm de large.
mort en 1755, auteur d’ouvrages comme beaucoup de plantes L’inflorescence en grappe compacte
agronomiques au XVIIIe siècle. de ces régions difficiles. Les est très particulière.
Nous possédons aujourd’hui peu habitants ont tiré le maximum de
d’éléments sur l’introduction ces espèces ainsi, leurs feuilles
des Nolina dans nos régions. On très fibreuses sont-elles utilisées
sait seulement que M.H. Galeotti d’une part, pour le tissage
ramène de ses voyages au Mexique (paniers, sets, chapeaux, rabanes,
« une sorte de Liliacée arborescente etc.) d’autre part, comme matériau
dont la tige est fortement épaissie à de couverture pour les toits.•
sa base en une espèce de volumineux
oignon ou tubercule ligneux, et qui Bibliographie
lui parurent devoir être recherchées Jacquemin D., Les Succulentes ornemen-
comme plantes ornementales ». tales, 2000, Ed ; Champflour, 272 p.
© P. Avoscan
Il en fit un envoi chez un horticulteur
belge M. Van der Maclen qui les
multiplia et les commercialisa en Détail de l’inflorescence à poils imitant
1859. M.H. Galeotti avait pris soin des asticots
d’étiqueter les graines pensant
qu’il s’agissait de Freycinetia, mais Les fleurs de couleur rouge brun,
de manière surprenante c’est sous comme de la viande, sont couvertes
le nom de Pincenectia que furent de poils blanchâtres imitant la
commercialisés les premiers présence d’asticots.
Nolina, erreur peut-être due à une Le parfum nauséabond que les
mauvaise lecture de l’horticulteur fleurs dégagent semble loin
belge. d’être un atout pour cette plante.
En 1861, un pied de Pincenectia Cependant, les mouches, y compris
tuberosa fleurit en Belgique chez un celles de nos régions, pollinisateurs
amateur, M. Beaucarne d’Uname « officiels » raffolent de cette odeur
et c’est alors que Ch. Lemaire pestilentielle.
© J.M. Colodeau
fut d’avis que ce Pincenectia L’espèce fut nommée par Johann
devait être regardé comme le Jacob Smith en 1937 : Bulbophyllum
type d’un nouveau genre, voisin
Nolina longifolia au Jardin mexicain
des Dasylirion. Il dédia donc à
M. Beaucarne, amateur de Jean-Michel COLODEAU, Jean-Marie TETE,
végétaux, le groupe de plantes Jardiniers botanistes
originaires du Mexique et du Texas
aujourd’hui désigné par Benthour
Bulbophyllum
et Hooker sous le nom de Nolina. phalaenopsis
On retrouve aujourd’hui dans un
catalogue du Jardin botanique de
J.J. Smith, 1937
Lyon datant de 1904, la présence Un parfum envoûtant…
du genre Pincenectia tuberosa et pour les mouches
Pincenectia glauca.
Tout récemment en 1993, un Orchidée endémique des régions
botaniste mexicain revoit le genre chaudes et humides de Nouvelle-
totalement et trouve 3 espèces Guinée, cette espèce est surtout
supplémentaires. spectaculaire au niveau de son
feuillage et pour le moins curieuse
© P. Avoscan
De nombreux botanistes aujourd’hui
s’accordent à dire qu’il n’y a plus en ce qui concerne ses fleurs.
qu’un seul genre : Nolina. Les feuilles peuvent atteindre 1 m
Bulbophyllum phalaenopsis : la plante dans
Environ 30 espèces sont décrites de long sur 10 cm de large. son ensemble en serre chaude
6 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015
phalaenopsis. La dénomination de Décrit pour la première fois en
Phalaenopsis est probablement 1867 sous le nom de Gloxinia
due au rapprochement fait par hypocyrtiflora, il a été reclassé dans
le botaniste avec Phalaenopsis le genre Pearcea par la suite. On
gigantea, autre espèce qu’il avait peut aussi le retrouver sous le nom
décrite en 1909, dont les feuilles synonyme d’ Isoloma hypocyrtiflorum
vont jusqu’à 1 m de long sur ou encore Hypocyrta brevicalyx.
20 cm de large. En effet, le terme
de Phalaenopsis est le seul point Toutes les parties de la plante
commun de ces 2 plantes.• sont couvertes de petits poils
Bibliographie glanduleux, les tiges sont dressées
et montent jusqu’à une trentaine de
R.Bellone : Orchidées, Guide de l’amateur, centimètres, les feuilles mesurent
Ed. Belin, 2004.
5 à 10 cm avec des nervures
© S. Monnier
P. Descouruières : Encyclopédie des
orchidées tropicales, Ed. Ulmer, 2011. blanches et un limbe d’une couleur
A. Poliquin : Les orchidées Phalaenopsis,Ed.
variant de vert sombre à marron.
Trécarré, 1996. Ses fleurs sont d’un rouge orangé Capteur SLT installé au Jardin botanique
vif, presque globuleuses avec un Les pollens de bouleau, noisetier,
Patrick AVOSCAN, Jardinier botaniste
rétrécissement à leur base tirant cyprès, platane, ambroisie et chêne
vers le jaune et 4 petits lobes sont parmi les plus allergisants.
Pearcea hypocyrtiflora sombres à leur sommet. Cette étude a pour but d’évaluer la
Planté sur une tablette dans la La plante se multiplie rapidement quantité de pollens et la teneur en
serre des plantes d’ombres et de en émettant des petits rhizomes allergènes dans les parcs publics et,
la canopée voici quelques mois, d’où poussent de nouvelles sur la base des résultats obtenus,
nous avons depuis peu le plaisir rosettes pour former de belles formuler des recommandations en
de le voir fleurir de plus en plus colonies. vue de protéger les personnes
abondamment. allergiques. De plus, en disposant
De par son développement et sa de mesures régulières, des « alertes
De la famille des Gesneriaceae, le taille une fois adulte, cette espèce allergies » pourront être lancées
genre Pearcea regroupe 13 espèces se prête aussi très bien à la culture pour prévenir la population des
réparties dans quelques pays en terrarium.• risques en cours.
d’Amérique du Sud. Au final, la prise en compte du facteur
Endémique d’Equateur, le Pearcea allergisant des espèces implantées
hypocyrtiflora n’est recensé que Adrien DONZET, Jardinier botaniste dans les zones végétales urbaines
dans 5 départements du pays permettra de limiter les allergies de
(Napo, Morona-Sabtiago, Orellana, proximité en ville.•
PastazaTungurahua et Zamora- Installation
Chinchipe).
Classé vulnérable par l’IUCN d’un capteur de pollens
depuis 2011, on le trouve dans les Dans le cadre d’un projet européen
forêts tropicales humides, au pied « AIS Life + » ayant pour objectif
des Andes, à une altitude variant de d’améliorer la gestion des allergiques
200 à 1100 mètres. aux pollens, le Réseau National de
Surveillance Aérobiologique (RNSA)
a mis en place un capteur de pollens
SLT (Sigma Like Trap) au Jardin
botanique de début mars à fin juin
© S. Monnier
2015. Il représente en effet un site
d’étude idéal vue sa richesse en
taxons.
Lame au microscope optique pour identi-
Capturés par gravitation à l’intérieur fier et compter les particules
du capteur SLT, les pollens se
déposent sur des lames enduites.
Relevées tous les jours, elles sont
envoyées au RNSA afin d’identifier et
de compter les pollens. Le capteur
SLT permet ainsi de mesurer quoti-
Gravure de Gloxinia hypocyrtiflora
diennement la nature des pollens
reclassé Pearcea, Curtis’s Botanical allergisants ou non présents dans
Magazine, vol. 93 [ser. 3, vol. 23]: t. 5655 (1867) l’air. Michel THIBAUDON, Directeur du RNSA
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 7
Médiation
La culture des jardiniers-en-herbe,
techniques de plantation et de multiplication
A
u Jardin botanique de Lyon,
nous ne prenons pas seule-
ment soin de nos riches
collections végétales aux caractères
botaniques extraordinaires. Chaque
année, nous ouvrons les portes et
laissons entrer de nouvelles jeunes
pousses. L’espèce la plus répandue
est Hortus herborifolia, appelée
aussi « jardiniers-en-herbe » ou bien
encore « enfants ».
Ce taxon, aux hybridations multiples
présentes sur l’ensemble du
© A. Paba
territoire Rhône-Alpin, est préconisé
dans toute lutte efficace contre
Animatrice en plein semis d’Hortus herborifolia
la fuite des savoirs botaniques
et l’érosion de la biodiversité. Pour les plus jeunes variétés (hybri- tales pour découvrir l’origine des
Cependant, leur culture ne se dations naines, produites par les plantes tropicales consommées au
limite pas à les arroser durant les nombreuses pépinières-maternelles), quotidien ;
longues heures chaudes de l’été. un mélange dit « allégé » est spé- - une volée de Land’art pour créer
La préparation des plantations cialement conçu pour permettre un des œuvres au naturel ;
commence très tôt dans la saison. développement tout en douceur. - des odeurs, des goûts et des
couleurs pour lever le voile sur les
Les graines de Calendrier des cultures mystères du monde végétal.
Outils nécessaires : une équipe A partir du mois de mars, la culture
jardiniers-en-herbe pédagogique, des bureaux suré- sous serre d’Hortus herborifolia
Les graines de jardiniers-en-herbe quipés, des supports d’animations peut commencer, pour fleurir en
proviennent essentiellement des ultramodernes et des collections avril et ce, jusqu’à début juillet. Elle
pépinières scolaires du Grand Lyon, botaniques flamboyantes. nécessite la présence des beaux
fournisseurs partenaires spécialistes La culture des jardiniers-en-herbe jours, où le soleil favorise une
de la flore urbaine. Cependant, du débute dans les bureaux du ser- dissémination vers les secteurs
fait de la position géographique vice Médiation. Etrange ? Non pas extérieurs, arboretum et Jardin
privilégiée du Jardin botanique, du tout. Pour accueillir ces plantes alpin en tête.
il n’est pas rare de recevoir des extraordinaires que sont les jar-
spécimens alpins ou messicoles. diniers-en-herbe, il faut préparer
Les commandes sont passées très le terrain et élaborer de nouveaux
en amont des périodes de culture protocoles de semis d’animations.
qui se déroulent de mars à juillet et Chaque année, de nouveaux thèmes
lors du redoux automnal. apparaissent, venant compléter
l’offre existante. Pour cela, cette
Le substrat année encore, le Jardin botanique
a pu compter sur une potée d’an-
La grande diversité des hybrides
imatrices rompues aux techniques
cultivés nécessite de confectionner,
de médiation végétale.
pour chaque catégorie, des mélan-
Cette fine équipe de médiateurs
ges de substrats bien dosés, scientifiques a pu travailler et
alliant savamment observations, réfléchir aux activités à réaliser
réflexions, connaissances et pra- et aux supports de culture durant
tiques. Le mélange basique est très les mois hivernaux. Les thèmes
largement imposé par les mises actuels sont :
à jour régulières des normes ISO - des carrés de potager pédag-
© A. Paba
(Information Scolaire Obligatoire) ogique pour faire le lien entre sol et
en vigueur, détaillées sous la forme assiette ;
de programmes scolaires. - une jardinière d’expéditions végé- Jardiniers-en-herbe sous serre tunnel
8 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015
Traitement en cas d’invasion de Nouvelles variétés acquises
parasites par multiplication :
Lors d’animations, il n’est pas rare les hybridations « Adultes »
que les cultures d’Hortus herborifolia Du nouveau chez les jardiniers-en-
contractent quelques parasites, herbe, une nouvelle obtention entre
parfois favorisés par un substrat dans le calendrier des cultures : les
trop riche. Les plus fréquemment Hortus herborifolia var. grand public.
observés sont Kidsurvitam minae, Il a été décidé d’ouvrir les champs
Lapelledupi knicus ou dans une des possibles en accueillant dans
moindre mesure quelques Ptima nos godets les adultes et familles
lellevae, perturbant les jeunes intéressés par les thématiques
pousses qui se dispersent alors très proposées. Sur la table de
rapidement. Sans intervention, tous rempotage, quelques essais de
les jardiniers-en-herbe risquent multiplication par les techniques
© A. Paba
alors d’être perdus. Il est donc dites de la « Visite familles » ou de
important de traiter pour reprendre « Rencontre avec un professionnel »
Rencontre avec un professionnel :
les cultures en main grâce à une viennent d’être lancés. Grâce à
atelier de bouturage de plantes carnivores
dose d’autorité (bio) dans un grand elles, l’année prochaine risque
Suivi de culture volume de pédagogie. d’être encore plus fructifiante !...
Lors de la saison estivale, il est D’ordre général, ces invasions Bref, être animateur au Jardin
souvent de bon aloi de retravailler se font rares si les cultures sont botanique de Lyon demande d’avoir
le substrat d’animations afin bien suivies et cadrées par les la main verte ! •
d’optimiser la croissance de ces pépiniéristes-enseignants et les
Aurore PABA, Sarah ROBERT, Florian EYZAT,
plantes au cycle annuel. animateurs du Jardin botanique. animateurs
Du nouveau sur le site Internet
L
e Jardin botanique souhaite écologiques pour entretenir votre l’aventure avec notre mascotte,
toujours plus s’ouvrir vers jardin ou des plantes capables de Coty, dans un voyage de plante en
ses publics. Pour y parvenir, s’adapter à des milieux extrêmes… plante, autour du monde.
nous avons décidé en 2015 de Les enfants ne seront pas en « Besoin de conseils ? »
retravailler la façon dont nous reste puisqu’ils pourront partir à Si la culture de votre cactus vous
annoncions nos activités sur le questionne, que vous ne parvenez
site Internet du Jardin. La nouvelle pas à identifier une plante de votre
rubrique « Le jardin et vous » jardin ou qu’un parasite met à mal
vient remplacer la précédente votre Dracaena préféré sans que
« Visiter le jardin ». Elle offre un vous ne sachiez comment réagir,
accès facilité à l’ensemble des interrogez notre jardinier botaniste
prestations à destination de tous, grâce à la rubrique « Besoin de
tant des familles que des publics conseils ? » (cf. article de J.P.
adultes ou des groupes constitués. Grienay p.12)
Les activités sont réparties en
« La plante du moment »
4 rubriques :
Suivez les flèches et partez à la
« Que faire au Jardin botanique de découverte des plantes du moment
Lyon ? » que les jardiniers souhaitent vous
Ne tardez pas et allez découvrir ces faire découvrir pour leur floraison
nouvelles pages. Inscrivez-vous à spectaculaire, leur rareté, leur utilité
une visite des coulisses du Jardin ou tout simplement leur beauté.
botanique ou apprenez à entretenir
« Restez connecté ! »
vos orchidées. Faites participer
Enfin, emmenez le Jardin botanique
vos enfants à un atelier « Tous au
avec vous dans votre smartphone
potager » ou laissez les devenir
en retrouvant sur cette page les
explorateurs…
réseaux sociaux sur lesquels vous
Envie de vous promener sans
pouvez nous suivre.
guide ? Profitez de nos parcours
en QR-codes et téléchargez les
A très vite sur le site du Jardin
plans de ces circuits qui vous
botanique ! •
emmèneront à la découverte des Capture d’écran du site Internet du Jardin
plantes médicinales, des gestes botanique de Lyon Léonce CARRE, Webmaster
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 9
Médiation
Évolution des perceptions du Jardin botanique
dans la presse et les guides touristiques
Dans le cadre d’une étude universitaire intitulée « Le Jardin botanique de Lyon.
Apports et pertinence des sources imprimées lyonnaises »1, un corpus de 420
documents - 342 articles de presse et 73 guides touristiques - datant des années
1790 à aujourd’hui, a été étudié : il nous permet un premier état des lieux sur la
question des perceptions du Jardin botanique par ses contemporains.
P
resse et guides touristiques à la nature dans laquelle le récepteur
répondent à des problé- se place comme spectateur de
matiques distinctes, bien qu’ son environnement. Le promeneur
elles se rejoignent autour d’ob- expérimente un lieu par ailleurs
jectifs communs. La première hon- chargé d’une histoire organisée
ore des impératifs d’information à autour de 2 personnages majeurs :
l’intention des citoyens lyonnais : à l’abbé Rozier - dont le buste se trouve
ce titre, elle nous transmet des à l’entrée du Jardin dès 1812 - et
© BM de Lyon, Doc. régionale, 5752
indications sur les travaux, les l’impératrice Joséphine - qui a visité
budgets ou la gestion du Jardin le Jardin des Plantes vers 1805 et
botanique, signale les dates d’inau- lui a fait don de collections. Alors
guration et d’ouverture au public, qu’est en train de se constituer en
et permet de suivre l’évolution France « une mémoire historique
de projets, depuis leur première nationale (…) [qui] fix[e] ses lieux
ébauche jusqu’à leur réalisation et figures communs, dans l’effort
« Choses lyonnaises », Le Progrès illustré,
ou leur abandon. Cependant, ces 31 mai 1891, n°24, p. 5
commun des érudits et de l’État »3,
informations sont à considérer avec ces personnages deviennent des
réserve : leurs auteurs manquent de posent la question de la fiabilité symboles reconnus pour leurs
recul sur les évènements rapportés des sources considérées. Plus actions, leurs apports et les valeurs
et ne vérifient que ponctuellement qu’une réalité factuelle, elles nous qu’ils incarnent. Le Jardin des Plantes
leurs sources. D’un article à l’autre offrent le regard d’observateurs tire par ailleurs son importance de
sont reprises les mêmes données contemporains. Leur étude serait à son utilité aux botanistes, peintres en
- souvent déformées - dans une approfondir ; elle donne cependant fleurs et en soierie, et étudiants en
présentation stéréotypée du Jardin un aperçu de l’ancrage du Jardin médecine ou pharmacie : la presse
botanique, résumée à des éléments dans les problématiques de la offre à ces publics particuliers des
phares : sa surface, celle des serres, société et ainsi une évolution de ses annonces de cours, d’herborisations
la hauteur des Grandes serres, le perceptions par ses contemporains. publiques, des informations sur les
nombre de taxons, la date de création Cinq périodes nous semblent alors règlements d’expositions… Enfin,
du Jardin botanique sur les Pentes de se distinguer. le débat urbanistique intègre les
la Croix-Rousse (1796), puis celle de Dans la première moitié du XIXe publications à la fin de la période,
son transfert au Parc de la Tête d’Or siècle, articles de presse et guides autour des enjeux de la création
(1856). touristiques sont le fait d’érudits dont d’une promenade publique, dans
le savoir légitime les opinions quant le contexte des travaux d’embel-
La presse rejoint par ailleurs les aux aménagements en cours ou lissement menés par le préfet Vaïsse
guides touristiques dans leur réalisés. Dans les guides, le Jardin à Lyon dès 1853.
démarche de communication : botanique, alors situé sur les pentes La seconde période commence dans
tous deux offrent ainsi au Jardin de la Croix-Rousse, est perçu com- les années 1860-1870, lorsque presse
botanique une visibilité, tant auprès me un espace de déambulation et guides deviennent le fait d’auteurs
des Lyonnais que des étrangers pittoresque : cette notion, issue de professionnels. La première s’ouvre
à la ville et incitent leur lectorat la peinture du XVIIIe siècle , induit à un lectorat plus populaire, auquel
à se rendre sur les lieux. Ces une composition artistique, à la elle offre des contenus élargis au
« messages intéressés, visant une manière de la construction d’un divertissement4: sont alors mises en
influence »2 sur un potentiel public tableau selon un rapport particulier avant les floraisons remarquables, les
1- BOUCHEIX, Blandine, « Le Jardin botanique de Lyon. Apports et pertinence des sources imprimées lyonnaises », mémoire de Master
Professionnel d’Histoire de l’Art, Université Lumière Lyon 2, sous la direction de Nathalie MATHIAN, 2015.
2- NEVEU, Érik, « Presse. Sociologie de la presse », Encyclopædia Universalis, en ligne : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/presse-
sociologie-de-la-presse/.
3- SAUNIER, Pierre-Yves, « Lyon du fauteuil à la poche. Le guide touristique au XIXe siècle », Revue française d’histoire du livre, 1996, n°93, p. 302.
10 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015cherche une temporalité nouvelle,
soucieuse d’être la première à
annoncer les évènements, quitte à le
faire avant qu’ils n’arrivent6. Guides
et journaux s’attachent à créer un
lien privilégié avec leur lectorat, au
travers de références à une culture
populaire commune. L’histoire du
Jardin botanique se résume quant à
elle à des stéréotypes de plus en plus
nombreux. S’ouvrent néanmoins
de nouvelles perspectives vers
la découverte des coulisses, du
personnel et du fonctionnement
du service : grâce à la presse,
le public connaît le quotidien du
© BM de Lyon, Doc. régionale, 5752
Jardin. Les lecteurs sont invités à le
visiter, même s’il reste discret dans
les guides touristiques, souvent
dissimulé par le Parc de la Tête d’Or.
L’arrivée d’Internet et de l’infor-
mation gratuite en libre accès
« Au Parc de la Tête d’Or », Le Progrès illustré, 8 octobre 1899, n° 460, p. 8 force une nouvelle fois la presse à
s’adapter à la concurrence à la fin
anecdotes d’ordre ethnobotanique, Les 2 guerres mondiales marquent des années 1990. Quant aux guides,
etc. En parallèle, les guides se le début d’un déclin pour la ils misent sur la découverte insolite
standardisent autour de la forme de presse, tandis que les guides pour rester attractifs aux yeux de
l’itinéraire. Leurs pages accueillent poursuivent leur essor, portés par leurs lecteurs. En parallèle, la prise
des résumés de l’histoire du Jardin, le développement des moyens de de conscience écologiste7 coïncide
tandis que la presse se tourne vers transport puis par l’arrivée des avec la mise en avant des rôles du
l’inventaire chiffré des collections : congés payés. L’expansion du Jardin botanique nouvellement
ces 2 formes participent à la mise tourisme après la Libération amène définis comme suit : conservation,
en valeur du lieu. L’usage du chiffre la presse à pointer les défauts de recherche et pédagogie. Cette
semble augmenter le crédit des comportement des visiteurs, en dernière mission profite de la mise
données transmises et le lecteur même temps qu’elle cherche à en place de la médiation8 amenant
referme son journal convaincu de la réorienter ses contenus : ce sont à la redéfinition du Jardin comme
supériorité du lieu décrit5, par ailleurs les prémices de l’évocation du musée vivant.
rapproché d’exemples prestigieux personnel, du lien entre le Jardin
comme le jardin botanique royal botanique et ses correspondants Une étude systématique permettrait
de Kew (Angleterre). Le Jardin est à travers le monde, d’une nouvelle aujourd’hui de confirmer ces pre-
mis en lumière aux yeux d’un mise en valeur des plantes par mières observations. L’élargisse-
public auquel est présentée une l’iconographie, tandis que dispa- ment du corpus pris en compte
image conforme à ses attentes : raissent les mentions de l’utilité aux donnerait ainsi une meilleure com-
certains secteurs sont ainsi privi- étudiants et professionnels. préhension des perceptions du Jar-
légiés et les Grandes serres, la Serre Un tournant s’amorce dans les din botanique au fil de son histoire. •
Victoria et le Jardin alpin deviennent années 1970, lorsque la télévision
des archétypes du Jardin botanique, fait son entrée dans les foyers Blandine BOUCHEIX, titulaire d’un Master 2
Professionnel Patrimoine architectural et urbain du
ce que confirme l’iconographie français. Pour résister à cette Moyen Âge à la période contemporaine,
naissante. nouvelle concurrente, la presse Université Lumière Lyon 2.
4- Voir B.N.F., Exposition « La Presse à la une », du 11 avril 2012 au 15 juillet 2012, dossier en ligne : http://expositions.bnf.fr/presse/index.htm et
DUVAL, Julien, « Presse. La presse et ses lecteurs », Encyclopœdia Universalis, en ligne : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/presse-
la-presse-et-ses-lecteurs/.
5- Voir SAUNIER, Pierre-Yves, « Lyon au XIXe siècle : les espaces d’une cité », thèse de Doctorat en Histoire, Université Lumière Lyon 2, dirigée
par Yves LEQUIN, 1992.
6- MARCHETTI, Dominique, « Presse. Journalisme et journalistes », Encyclopœdia Universalis, en ligne : http://www.universalis-edu.com/
encyclopedie/presse-journalisme-et-journalistes/.
7- BARBAULT, Robert, « Écologie et société », Encyclopœdia Universalis, en ligne : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/ecologie-et-
societe/.
8- BORDEAU, Marie-Christine, « La Médiation culturelle en France, conditions d’émergence, enjeux politiques et théoriques », Culture pour tous
(actes de colloque : Montréal, 2008), en ligne : http://www.culturepourtous.ca/forum/2008/PDF/11_Bordeaux.pdf.
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 11Médiation
Une bougie et tous ses plants !
Toute l’équipe du Jardin botanique vous annonce
“Le premier anniversaire de sa messagerie” née le 10 juillet 2014
conseil.botanique@mairie-lyon.fr
La messagerie se porte bien et grandit de jour en jour
N’hésitez pas à lui rendre visite.
© J.P. Grienay
© J.P. Grienay
Question botanique ? Question jardinage ?
P
ourquoi une messagerie Qui vous répond ? On observe que les questions sont
de conseils ? Un jardinier botaniste répond à la plus fréquentes au printemps et à
Depuis sa création, la Direc- plupart des questions. Parfois, pour l’automne.
tion des Espaces verts reçoit nombre des sujets plus spécialisés, il fait ap-
d’appels pour des conseils de jardi- pel au Pôle scientifique du Jardin ou Les domaines évoqués
nage, avec parfois quelques difficultés aux collègues de la cellule « arbres ». 30% des questions concernent le
à mettre en contact public et terrain. Le jardinier répond également aux jardinage, 30% l’identification des
Dorénavant il est possible, via inter- questions botaniques et horticoles sujets. Viennent ensuite les ques-
net, de poser sa question au Jardin transmises par « Le guichet du savoir » tions phytosanitaires (20%), les
botanique, ceci en toute confiance de la Bibliothèque municipale de la plantes d’intérieur (12%), les plan-
et gratuitement ! En effet, face aux Part-Dieu dans le cadre d’un parte- tes tropicales (4%), le potager (2%).
réponses parfois divergentes des nariat efficace.
nombreux sites, il offre au public une Les questions les plus
garantie professionnelle qui rassure. Ce que nous pouvons préciser… fréquemment posées
En tant qu’agents municipaux de la Le record est détenu par les chenilles !
Quelles sont vos questions ? Ville de Lyon, nos conseils restent Actualité oblige, la pyrale du buis
La grande majorité des questions neutres et de ce fait, nous ne pou- représente, à elle seule, 5 % du to-
posées concerne le jardinage et l’en- vons recommander ni fournisseurs, tal de toutes les questions posées :
tretien des plantes, parmi lesquelles ni marques de produits. le sommet de la pyramide pour la
les maladies des plantes ornemen- De même, nous ne recevons aucun pyrale…
tales et la lutte phytosanitaire sont don de plantes.
des sujets récurrents. Curieuse- En conclusion…
ment, de très nombreuses questions, Petit bilan chiffré de la De nombreux mails de remer-
ciements et d’encouragements nous
photos à l’appui, sont également messagerie
sont régulièrement envoyés pour
posées à propos de la détermination Du 10 juillet 2014 au 9 juillet 2015,
que ce service gratuit, souvent qual-
de plantes. Qu’elles soient tropicales nous avons comptabilisé pas moins
ifié de « très bonne idée »,continue.•
ou locales, il y a forcément un spé- de 273 questions. La moyenne an-
cialiste capable de répondre. nuelle est d’environ 2 questions/jour. Jean-Pierre GRIENAY, Jardinier-botaniste
12 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015De la formation... à la pratique !
D
e la formation… Cet atelier technique fut un
Tous les 2 ans, le groupe succès et une vraie découverte
Education de l’association pour beaucoup d’animateurs. Tous
JBF (Jardins Botaniques de France furent marqués par leur passage à
et des pays francophones) se réunit l’arboretum, notamment grâce aux
à l’occasion d’ateliers techniques sensations fortes provoquées par la
dans l’une des structures du réseau. visite encordée « Tout en sensoriel »
Cette année, une quinzaine d’anima- de l’arboretum.
teurs de Jardins botaniques, dont
2 médiateurs du Jardin botanique … à la pratique !
de Lyon, se sont donc retrouvés à Cette visite à l’aveugle des
l’Arboretum national des Barres collections a tellement marqué les
© S. Robert
(Nogent sur Vernisson - Loiret) pour esprits que le groupe Education
suivre cet atelier « Comment animer a décidé d’en faire le thème des
sur la thématique de l’arbre…». actions communes à toutes les Le parcours pieds nus
Cet arboretum, géré par l’ONF, structures JBF pour les « Rendez-
présente une collection botanique vous aux jardins » 2015. Les A Lyon, le Jardin botanique a mis
créée à la fin du XIXe siècle offrant Jardins adhérents à JBF souhaitant en place sa ballade sensorielle
sur 35 ha, 2 600 espèces d’arbres participer à l’évènement se devaient pour tous, à l’occasion des 3 jours
et d’arbustes et près de 8 700 donc de proposer une animation, des « Rendez-vous aux jardins ».
individus. Le service pédagogique atelier ou visite, liés aux sens et à Les visiteurs ont donc pu parcourir
du site, organisateur de ces jour- la découverte du végétal… sans les un sentier, yeux bandés, pieds nus
nées techniques, a pu présenter yeux ! sur des surfaces végétales variées
à l‘ensemble des animateurs pré- (BRF, mousse, paille, plaques
sents ses animations phares, tel d’écorce de chêne liège, feuilles,
son « Sentier des Traces », partant pommes de pins…) ou ont pu se
sur la piste de la faune forestière, questionner sur la nature des
ou encore la découverte du monde objets, toujours végétaux, qu’ils
végétal grâce à Pécan, l’écureuil rencontraient à portée de main, le
mascotte de l’arboretum. long d’une corde entrelacée dans
les méandres de notre arboretum.
Ces journées bien remplies furent Pour finir la promenade en douceur,
également l’occasion d’échanges une déambulation autour de plantes
de pratiques, de présentations et aux parfums remarquables guida
© D. Déruaz
essais des supports pédagogiques les promeneurs vers la sortie… Une
de chacun ainsi que la création de vraie réussite ! •
fiches de synthèse des activités Des visiteurs suivant leur guide...
possibles autour de l’arbre. aveuglément ! Florian EYZAT, Animateur
© D. Déruaz
© F. Eyzat
Des animateurs attentifs à l’Arboretum des Barres Une avancée à tâtons
Décembre 2015 - Sauvages & Cultivées • 13Médiation
Exposition « Fleurs d’Or - Lumière d’automne »
Art Floral Japonais - École Ohara
de plus en plus créatives. Un « Fleur d’Or, Lumière d’automne »
arrangement met en scène le végétal 8 - 11 novembre 2014
et évoque les saisons. La fleur, L’exposition a été conçue en parte-
l’élément privilégié, est mise en nariat avec le Jardin botanique de
valeur grâce aux branches, feuilles, Lyon et le Conservatoire National du
herbes, fruits qui l’accompagnent. Chrysanthème de Saint-Jean-de-
Les formes asymétriques, l’utilisation -Braye*. Une dizaine de « Galeries
de l’espace « vide », une harmonie d’Art » ont permis aux visiteurs de
entre les matériaux, le contenant, le cheminer à l’intérieur de l’Orangerie,
cadre caractérisent les compositions. découvrant les bouquets traditionnels
et des créations spectaculaires. Les
L’esprit de l’Ikebana… « ikebanas » présentés ont couvert
« Le fait que l’Ikebana soit un reflet un large éventail du cursus de l’École
de la nature est chose bien connue… Ohara, des galeries étonnantes
C’est comme si la forme des passant du dragon vert au coin des
arrangements floraux suivait les poètes, de l’atelier du maître aux
métamorphoses d’un paysage ; un installations contemporaines. Une
assemblage de fleurs de printemps seule espèce de fleurs a été utilisée :
ou d’automne reflète le retour le chrysanthème, de variété ancienne
incessant des saisons ; des fleurs de ou de création récente, discret ou
certaines couleurs combinées en un éclatant, échevelé ou sage. Les plus
arrangement peuvent nous apporter beaux spécimens ont été fournis
la quintessence d’un jour d’été ou et présentés par le Conservatoire
évoquer pour nous le mois de juin au National. Les branches délicates ou
cœur de l’hiver… puissantes, les feuillages raffinés
Quiconque désire s’exprimer par ou luxuriants, ont été traités pour
Affiche de l’exposition
cette technique créatrice doit d’abord l’élégance de leurs formes, l’har-
L
’Association Art Floral Japonais regarder la nature, cette nature au monie de leurs couleurs et leur
- Ecole Ohara - est créée à sein de laquelle nous vivons et qui, vitalité naturelle. Considéré comme
Lyon en 1972. L’école compte elle aussi, vit avec nous. Peu importe la fleur la plus noble, symbole de la
les matériaux employés : fleurs de Famille Impériale, dans la tradition
environ 120 adhérents. Elle dispense
chez le fleuriste, simples fleurs de japonaise, le chrysanthème suscite
des cours mensuels de tous niveaux
jardin ou même herbes sauvages ou toujours la même passion et anime
d’initiation, de perfectionnement et
toutes plantes dépourvues de fleurs. par la diversité de ses variétés, ses
de perfectionnement avancé. Il y a
L’essentiel est que l’arrangement créé formes et ses couleurs de nombreux
une dizaine d’écoles et 4 Chapitres
témoigne d’une observation sincère festivals d’automne. •
au niveau national, et les 2 Grands-
Maîtres français, Marcel Vrignaud et d’une compréhension réelle de la *Conservatoire National du Chrysanthème
Paul Lemaire
(1er Chapitre créé en 1967) et Annik nature : c’est là le centre même du
- BP 900 009 - 45801 Saint-Jean-de-Braye
Howa Gendrot sont régulièrement véritable esprit de l’Ikebana. » cedex - https://www.facebook.com/cncsjb
invités par notre association pour Houn Ohara - IIIème directeur de Denis BINAUD, Président de l’Association
Art
animer des stages sur l’évolution des l’école Ohara Floral Japonais
créations japonaises.
L’Ikebana un art traditionnel…
Pratiqué au Japon depuis plus de
600 ans, cet art prend son origine
dans l’offrande de fleurs dans les
temples. Cette expression artistique
qui reste empreinte de nuances
symboliques et philosophiques est
pratiquée à tous les niveaux de la
© D.Binaud
société japonaise. Au fil des siècles
son évolution a donné naissance
à des styles variés et des formes Le Dragon vert
14 • Sauvages & Cultivées - Décembre 2015Vous pouvez aussi lire
