HABITAT(S) SENIORS TYPOLOGIE DES LOGEMENTS ADAPTÉS DANS LE CANTON DE GENÈVE - JUIN 2021 - PLATEFORME des associations d ...
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Avant-propos Depuis une année, le rapport que nous entretenons à notre logement prend une significa- tion nouvelle. Les frontières de son utilisation s’estompent doucement, mettant en valeur la nécessité de développer un habitat plus flexible, qui s’adapte aux réalités sociales et démographiques. Si la crise sanitaire actuelle nous touche chacune et chacun dans nos habitudes et nos modes de vie, les personnes âgées l’ont été encore plus particulièrement. De manière générale, le vieillissement de la population est un enjeu important qui sou- lève beaucoup de défis, mais aussi des opportunités pour repenser et innover l’habitat, le logement, le tissu urbain, l’aménagement territorial, le vivre ensemble, en faisant le lien avec d’autres problématiques comme l’isolement social, l’état de santé et de bien- être de la population. Pour ces raisons et parce que nous serons toutes et tous un jour le senior de quelqu’un, le vieillissement doit être pensé de manière transversale dans toutes les politiques publiques. Le rapport de synthèse de l’enquête Genève 2050 est à ce sujet limpide. Afin de réduire les risques d’isolement que nous avons pu éprouver ces derniers mois, les participant·e·s pro- posent la mise en place de « conseils d’ancien·ne·s » et de logements intergénérationnels (plus de 50 % des personnes interrogées s’y déclarent favorables). Favoriser la mobilité est également mentionné, puisqu’une meilleure mobilité augmente le niveau d’activité et donc les interactions sociales. Dans un commentaire spontané, un·e répondant·e décrit un lieu mixte : « Mettre ensemble crèche, EMS ou appartement protégé, espace vert, potager, animaux familiers ou basse-cour, etc. » Tout au long des réponses et de l’atelier spécifique dédié à cette thématique, il s’est agi de renverser à la fois l’image du vieillissement et de la dépendance qui y est liée. Les bonnes idées sont nombreuses et les projets innovants marquent déjà le territoire. Une première étape est de faire l’inventaire de l’existant dans notre canton, car beaucoup se fait à Genève en termes d’habitat. La brochure actuelle en est une preuve. Je vous encourage ainsi vivement à en prendre connaissance et à la considérer comme point de départ pour toute nouvelle initiative. Antonio Hodgers Conseiller d’État, chargé du Département du territoire 1
PLATEFORME des associations d’aînés de Genève La PLATEFORME des associations d’aînés de Genève représente le tissu associatif et ins- titutionnel qui œuvre avec et pour les personnes âgées dans le canton de Genève. Elle a pour mission de soutenir et valoriser le monde associatif, de développer la réflexion pra- tique interprofessionnelle et de coordonner le réseau sur des enjeux importants en lien avec la personne âgée. Pour mener à bien sa mission, elle collabore étroitement avec les institutions, les autorités cantonales et communales, les services cantonaux et les ser- vices sociaux communaux, en faisant le lien avec les réalités du terrain. La PLATEFORME développe des réflexions thématiques au sein de commissions internes créées ad-hoc, notamment sur la question de l’habitat, de l’isolement social ou encore de la politique pour les personnes âgées. La Commission Habitat Seniors La Commission Habitat Seniors de la PLATEFORME a été mandatée par son Comité pour apporter une réponse concrète aux « Recommandations pour l’habitat destiné aux seniors » publiées en 2017. La brochure actuelle est le fruit du travail mené par la Commission entre 2019 et 2021, dont l’objectif est de mettre en place un référentiel typologique des logements existants aujourd’hui à Genève, qui sont adaptés aux besoins d’une population vieillissante en fonction du degré de dépendance de la personne. Membres de la Commission Laurent Beausoleil Association des EMS de Lancy Janine Berberat Pro Senectute Genève, Conseil des Anciens de Troinex Stéphane Birchmeier Ville de Genève, Service social – Cité Seniors Marie-Cécile Cardenoso Experte externe (ergothérapeute retraitée ABA-CIR) Luigi Corrado Expert externe (architecte-conseil, Pro Infirmis) Jacques Cuttat Fondation des logements pour personnes âgées ou isolées Jacques Dentan Expert externe (journaliste retraité, spécialiste en gérontologie) Vincent Giroud insieme Genève Hans Peter Graf Fondation pour la formation des aînées et des aînés de Genève Cyrus Mechkat Fondation pour la formation des aînées et des aînés de Genève Isabel Muñoz Institution genevoise de maintien à domicile Daniel Nicolet Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants Eric Proment, président Expert externe (architecte Burckhardt + Partner SA) Jean-Luc Widler AVIVO Genève Coordination Irina Ionita, secrétaire générale 2
Introduction Concevoir des logements qui répondent aux besoins des personnes tout au long de leur vie Vivre chez soi le plus longtemps possible reste une préoccupation et un souhait largement exprimé par les personnes âgées. À Genève, la plupart des personnes vieillissantes, même à un âge très avancé, occupent encore le logement dans lequel elles ont vécu au cours des années passées. Seule une minorité d’entre elles réside dans un lieu de vie spéciale- ment conçu pour les seniors. Les chiffres l’attestent : sur les quelque 83’500 personnes âgées de 65 ans et plus (dont près d’un tiers de plus de 80 ans) recensées dans le canton de Genève à fin 2019, environ 4’000 vivent en EMS et 2’000 en habitat adapté ou protégé. Depuis une quinzaine d’années, l’arrivée massive à la retraite des baby-boomers, nés dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale, modifie considérablement l’évolution démographique. Et le mouvement se poursuivra encore durant la décennie à venir. Plus exigeante, plus entreprenante et sans doute aussi plus individualiste que celles qui l’ont précédée, cette génération de seniors n’entend pas se contenter du choix – qui n’en est pas vraiment un ! – entre domicile ou établissement médico-social. Les pages qui suivent montrent bien qu’on assiste à une diversification, certes encore timide et prudente, des formes d’habitat pour les personnes âgées. Les modèles se mul- tiplient et viennent peu à peu combler les lacunes entre le logement privé classique et l’EMS, répondant ainsi aux attentes en termes de continuité de la trajectoire de vie, de solidarité intergénérationnelle et d’intégration sociale. Les attentes et les besoins des seniors actuels et futurs, ainsi que l’évolution démogra- phique et l’allongement de la durée de vie, obligent à (re)penser l’habitat afin de permettre à chacune et chacun de vivre sa vieillesse à sa façon, malgré les éventuelles pertes pro- gressives liées à l’âge. Une conception adéquate du logement et de son environnement permet aux personnes qui y vivent de renforcer leur autonomie et leurs ressources phy- siques et mentales, de prévenir les fragilités et la dépendance, de lutter contre l’isole- ment, et d’éviter ou de différer une entrée en institution. Offrir l’opportunité de rester chez soi, dans son environnement familier, favorise la continuité de vie et la capacité d’autodétermination. Actuellement, un effort important est consenti pour développer de nouvelles formes d’ha- bitat adaptées à l’avancée en âge : habitat protégé, évolutif, coopératif, communautaire… sans oublier le logement privé classique – puisque c’est là que vit la grande majorité des personnes âgées – qui mérite lui aussi d’être amélioré et réaménagé pour favoriser l’au- tonomie et le maintien à domicile. De façon générale, quel que soit le type de logement, les mesures à mettre en place relèvent davantage d’une approche universelle que d’une réponse à des besoins particuliers. En d’autres termes, il s’agit de concevoir aujourd’hui des logements qui répondent naturellement aux besoins des personnes, sans distinction d’âge, tout au long de leur vie. 3
Cette publication s’inscrit dans le suivi des Recommandations pour l’habitat destiné aux seniors, publiées en 2017 par la Commission Habitat Seniors de la PLATEFORME des associations d’aînés de Genève (document disponible sur www.plateformeaines.ch). Elle se veut un outil de communication présentant les différentes catégories de logements disponibles à Genève en fonction du degré de dépendance de la personne âgée. La brochure ne prétend pas à l’exhaustivité : les types d’habitat présentés dans ces pages constituent une photographie de l’existant au moment de sa production. En revanche, elle a pour ambition de créer un référentiel commun basé sur une liste de critères qui permettent de distinguer les modèles en fonction des besoins, respectivement des prestations proposées en termes d’infrastructures, d’accompagnement social et de soins. Enfin, la publication a pour objectif d’informer sur la diversité des offres actuelles à Genève et de valoriser les initiatives qui tiennent compte des réalités et des parcours de vie multiples. Afin de dépasser le stade conceptuel et théorique, les fiches dédiées à chacune des neuf catégo- ries identifiées proposent un exemple concret de réalisation. La question des modèles d’habitat et d’accompagnement dans l’âge avancé n’est pas nouvelle et fait régulièrement l’objet de réflexions, tables rondes et autres travaux de recherche. Ainsi, en 2003 déjà, invité à Genève par la Fédération genevoise des EMS dans le cadre d’une journée de débats portant sur le sujet, Michel Loriaux, alors professeur à l’Institut de démographie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, s’exprimait en ces termes : « Seules les utopies nous aident à avancer et les grandes révolutions ont souvent été le fruit d’utopies. Nous avons en effet un peu trop tendance dans nos com- portements et nos actions à être raisonnables et réalistes alors qu’il faudrait plutôt être fous et idéalistes. » À méditer… Eric Proment Président de la Commission Habitat Seniors 4
LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE LOGEMENTS 1. La cohabitation privée 07 2. Le logement privé aménagé 11 3. L’immeuble rénové 15 4. La coopérative d’habitation 19 5. Le logement communautaire 23 6. L’habitat intergénérationnel 27 7. L’immeuble à encadrement pour personnes âgées 31 8. L’habitat évolutif pour seniors 35 9. L’établissement médico-social 39 5
Catégories de logements Degré de dépendance dans l’habitat Prestations d'infrastructure, d'acc. social et de soins cia e ct é so ové so ion so ire cia l so rs oin s so ial so ne / s ée (so rivé ru ag l / nio l) e) l) l) l) l) ) s) ) e / ta ins l / oc e / at e / on ins cia cia cia e/ n ial âg st én ur ur au ur ré np cia se ur it cia -s ur ti fra am oc es ct ab so ico ct ra ct un ct le so r tio u n ru 'h ru b ru é (in é st mm e/ o e/ n e / éd st én st eu ta riv st e d ur if p ur so ur m bi g fra m tp ct er fra co fra tiv fra er s ct ut ha (in Im ct t ru ru r p ru en en (in int ru l (in éra (in ent Co st évo st ou st m em at op m fra sse fra t p fra at t g ge Co bi Lo (in bit (in en ( in abli Ha Lo em Ha Ét dr ca en eà bl eu m Im Ce graphique illustre l’évolution de l’offre, en termes de Les prestations d’accompagnement social : lutte contre nombre et d’intensité des prestations d’infrastructure, l’isolement social, participation à la vie sociale, activités d’accompagnement social et de soins que chacune de de loisirs, présence, aide pour les actes de la vie quoti- ces différentes catégories propose, en fonction de la dienne, sécurité, mobilisation, etc. progression des besoins des personnes et de leur degré de dépendance. Les prestations de soins : soins corporels, soins de santé, soins palliatifs, soins de fin de vie, etc. Les prestations d’infrastructure : aménagements, réno- vations, architecture sans obstacle, structures spécia- lisées, etc. 6
LA COHABITATION PRIVÉE Contexte Ambition La cohabitation intergénérationnelle a pour ambition de Le concept de la cohabitation intergénérationnelle est • Lutter contre l’isolement social des seniors né aux États-Unis et s’est répandu en Europe, notam- • Faciliter l’accès des jeunes au logement autonome ment en Allemagne, en France, en Belgique ou encore en • Favoriser l’expression de la solidarité et de l’entraide Suisse, où on le retrouve sous des appellations diverses : bienveillante « Ensemble avec toit », « Le Pari solidaire », « 1 Toit 2 Âges », • Renforcer les liens entre les générations et, de ce fait, « Ensemble 2 générations », « Vivre avec » ou « 1h par m2 – la cohésion sociale Un étudiant sous mon toit ». Le principe est simple : réunir • Préparer les hôtes plus jeunes à la cohabitation inter- sous un même toit un·e étudiant·e en quête d’un logement générationnelle pour leurs vieux jours à loyer abordable et une personne âgée vivant souvent seule dans un appartement devenu trop grand et trop vide pour Valeur ajoutée elle au fil des ans. La personne âgée met ainsi une chambre La cohabitation intergénérationnelle a l’avantage de rap- à disposition de l’étudiant·e en échange de sa présence et procher des personnes issues de deux générations qui ten- de menus services. La cohabitation intergénérationnelle draient plutôt à s’éloigner l’une de l’autre. Les personnes fait généralement l’objet d’une charte ou d’une convention (ré)apprennent le vivre ensemble dans une dynamique à la passée entre les deux parties qui fixe les règles et les moda- fois proche et différente de la cohabitation familiale tradi- lités. Outre le logement, le tandem partage des moments tionnelle et dans le respect de valeurs partagées et d’échange et de convivialité qui permettent un enrichisse- la reconnaissance de leur rôle social respectif. ment mutuel. Spécificités Ce type de cohabitation ne s’adresse pas à tout le monde. Elle requiert une capacité à vivre avec d’autres personnes, et à s’adapter au mode de vie et aux horaires de l’autre par- tie. Il s’agit également de dépasser certains préjugés liés à l’âge de part et d’autre. 7
Les points forts • Mixité sociale et échanges intergénérationnels • Promotion de l’entraide et convivialité • Logements supplémentaires sans nécessité de construire • Présence / lutte contre l’isolement social • Menus services rendus Public-cible • Personne âgée autonome avec chambre à disposition • Étudiant·e à la recherche d’un logement abordable Prestations « accompagnement social » • Toute personne ou famille intéressée à accueillir un·e étudiant·e Une initiative « 1h par m2 – Un étudiant sous mon toit » À Genève, selon l’Office cantonal de la statistique, plus Caractéristiques de 14’000 personnes vivent seules dans de grands loge- • Une chambre offerte contre des coups de main ments de cinq pièces ou plus. Parallèlement, l ’Université • Trois à six heures par semaine de coups de main de Genève accueille plus de 18’000 étudiant·e·s par an (soit 1h par mois par m²) provenant du monde entier. Grâce à la cohabitation • Cent ou cent-vingt francs par mois versés intergénérationnelle, une centaine de résident·e·s et par l’étudiant·e à son hôte pour les charges d’étudiant·e·s expérimentent chaque année cette forme • Des étudiant·e·s de toutes provenances originale de cohabitation. chez des hôtes de tous âges • Pour un semestre, un an ou plus si entente En 2016, l’Université de Genève a créé, en partenariat avec • Le plaisir de l’échange entre générations Pro Senectute Genève et la Fondation BNP Paribas Suisse, • Coordination et encadrement assurés un programme de logement intergénérationnel inspiré du modèle allemand : « 1h par m2 – Un étudiant sous mon Modalités toit ». Le dispositif fonctionne selon un principe de soli- • Visite à domicile de l’hôte darité réciproque : un·e résident·e aide un·e étudiant·e • Mise en contact de l’hôte avec des étudiant·e·s en lui offrant une chambre. En contrepartie, l’étudiant·e • Décision de l’hôte et de l’étudiant·e aide cette personne dans sa vie quotidienne : faire les • Signature d’une convention d’hébergement expli- courses ou le ménage, s’occuper des plantes ou des ani- citant les conditions de l’accueil (mise à disposi- maux, converser en langue étrangère ou aider à naviguer tion d’une chambre meublée, accès à la cuisine sur internet… Toutes sortes de coups de main sont envi- et à une salle de bains) et les coups de main sageables, sauf les soins à la personne. S’il faut assurer souhaités par l’hôte une présence rassurante la nuit, l’étudiant·e s’engagera à dormir sur place six nuits par semaine. Une vingtaine de tandems ont ainsi été constitués en 2016 à Genève. Ils étaient près de 70 à la rentrée universitaire 2020 et ce, malgré la pandémie liée au coronavirus. Si les hôtes qui accueillent un·e étudiant·e sous leur toit sont généralement des seniors, le programme est égale- ment ouvert à toute personne disposant d’une chambre inoccupée. 8
« En hébergeant un.e jeune, chaque hôte double le nombre de personnes vivant sous son toit et diminue son empreinte carbone… » La clé du succès L’intergénérationnel ne se décrète pas ni ne s’improvise et Contact et informations présuppose, en l’occurrence, l’existence d’une structure « 1h par m2 – Un étudiant sous mon toit » efficace de mise en lien et de gestion. Ainsi, les entretiens Bureau des logements, Université de Genève des étudiant·e·s permettent de déceler les personnali- 7, rue des Battoirs, 1205 Genève tés ouvertes et généreuses et les visites au domicile des Téléphone : +41 22 379 74 00 hôtes de comprendre leurs attentes et leurs éventuelles E-mail : 1hparm2@unige.ch craintes. Chaque semestre, des ateliers sont organisés Internet : www.unige.ch/1hparm2 pour aider les étudiant·e·s à communiquer de façon bien- veillante et les sensibiliser au vieillissement. Enfin, un suivi peut être demandé en tout temps par les hôtes ou les étudiant·e·s. Le plus En hébergeant un·e jeune, chaque hôte double le nombre de personnes vivant sous son toit et diminue son empreinte carbone. Collectivement, les hôtes du programme offrent l’équivalent d’une résidence universitaire de 70 places. Pour son art de loger sans rien construire, le programme a reçu en 2018 le Prix cantonal du Développement durable. 9
Crédits photographiques : Carla da Silva ; Shutterstock Témoignage « Nous avons le paradis ! » Marie-Claude Hochuli, 85 ans, et Maddalena Bugatti, 22 ans Issue d’une famille nombreuse de la région toujours été très active… », raconte-t-elle. de Milan, en Italie, Maddalena Bugatti est Maddalena Bugatti dispose d’une chambre, arrivée à Genève en février 2020, dans d’un bureau et d’une salle de bains au premier le cadre d’un programme Erasmus, avant de étage de la maison d’Onex. En contrepartie, s’inscrire, en septembre de la même année, elle fait les courses, la cuisine et le jardin. au master en astrophysique de l’Université Mais personne ne compte les heures. La de Genève. C’est là qu’elle découvre le cohabitation se déroule dans la simplicité et modèle « 1h par m2 ». « Je cherchais un la spontanéité, sans heurts ni contraintes. logement pas trop cher », explique-t-elle. L’adaptation a été relativement aisée pour D’un naturel tranquille et sociable, elle est l’une comme pour l’autre. Les deux femmes séduite par la formule intergénérationnelle. prennent leur petit-déjeuner et le repas de Le premier contact avec sa future « logeuse », midi ensemble, elles jouent aux cartes et Marie-Claude Hochuli, se fait par Skype. passent de longues heures à discuter et à rire. Et le courant passe au premier sourire. « Chacune, l’une avec l’autre, nous avons le Marie-Claude Hochuli a pourtant longuement paradis ! », s’exclame Marie-Claude Hochuli. hésité avant de s’inscrire comme hôte dans « Maddalena est devenue ma dixième petite- ce programme. Elle qui avait de la peine à se fille. » Et sans se concerter aucunement, remettre du décès de son mari a finalement Maddalena Bugatti affirme pour sa cédé face à l’insistance de sa fille cadette part : « Marie-Claude est ma troisième qui souhaitait sans doute ainsi préserver grand-maman. » À n’en pas douter, ces sa mère de la solitude. « Je ne savais pas deux femmes se sont bien trouvées ! comment j’allais réagir à mon âge, j’étais fatiguée. D’un autre côté, je vivais seule dans cette grande maison alors que j’ai 10
LE LOGEMENT PRIVÉ AMÉNAGÉ Contexte Ambition L’aménagement d’un logement privé a pour ambition de Qu’elles soient propriétaires ou locataires, la plupart des • Préserver l’autonomie de la personne personnes sont attachées à leur logement et souhaitent • Faciliter l’aide et l’assistance dont elle a besoin y vivre le plus longtemps possible. Cependant, avec l’âge • Favoriser son maintien à domicile avançant, les seniors, mais aussi les personnes avec une incapacité temporaire ou permanente, passent de plus en Valeur ajoutée plus de temps chez elles et investissent différemment leur Continuer de vivre dans son logement privé signifie aussi espace de vie. Certains aménagements, même mineurs, maintenir le lien avec son environnement social familier s’imposent afin d’adapter les conditions d’habitation aux et bénéficier de la solidarité des réseaux de proximité déjà limitations physiques, notamment, qui peuvent survenir bien connus de la personne : les voisins, les commerces, les durant la vieillesse. Il s’agit également de supprimer les entreprises de services, les transports publics, les clubs obstacles qui pourraient restreindre l’autonomie des per- d’aînés et autres associations. D’autres réseaux peuvent sonnes, entraver leur mobilité et menacer leur sécurité. aussi se mettre en place, grâce aux proches ou aux médecins de famille. Au besoin, il est toujours possible d’avoir recours L’aménagement concerne aussi bien des modifications aux services d’aide à domicile, notamment pour les soins, simples de l’espace, par exemple améliorer l’éclairage ou les repas ou le ménage. déplacer un meuble pour faciliter l’accès à une fenêtre, que des interventions plus lourdes comme l’installation d’une Spécificités main courante dans l’escalier ou l’équipement de la salle de Les frais d’adaptation sont à la charge des propriétaires, bain avec une douche de plain-pied. respectivement des locataires. Pour ces derniers, certaines adaptations sont soumises à l’autorisation de la régie ou du Ces adaptations peuvent être réalisées par les personnes propriétaire, et, selon les cas, à condition de rendre l’ap- elles-mêmes et leurs proches, de leur propre initiative ou partement conformément à l’état des lieux d’entrée. Pour sur recommandation de professionnel·le·s de la santé. les propriétaires en propriété par étage (PPE), la PPE doit Elles peuvent également être confiées à des spécialistes donner son accord si les adaptations concernent les lieux comme des ergothérapeutes, des architectes conseils, des communs. entreprises spécialisées ou des fournisseurs de moyens auxiliaires. Dans tous les cas, il importe d’informer toutes les personnes concernées des adaptations mises en place. 11
Les points forts • Aménagements adaptés aux besoins de la personne • Conseils à la personne par les intervenant·e·s asso- ciatifs et institutionnels • Coordination des intervenant·e·s associatifs et institutionnels • Maintien des habitudes de vie • Possibilité donnée au plus grand nombre de rester chez soi Public-cible Prestations « infrastructure » • Personne âgée et/ou à mobilité réduite • Tout public ayant besoin d’aménagements adaptés Une initiative « Un logement privé aménagé pour une personne malvoyante » Monsieur Jean-Luc Widler est malvoyant. Afin de pouvoir Caractéristiques vivre dans son appartement de façon autonome, il a un • Adaptations uniques et individuelles selon besoin accru de lumière ainsi que d’un environnement qui les besoins de la personne améliore les contrastes. Parallèlement aux adaptations • Recours à des spécialistes – ergothérapeutes, proposées par une ergothérapeute spécialisée dans le architectes conseils, etc. – des entreprises, déficit visuel, Monsieur Widler a également trouvé des des fournisseurs de matériel solutions par lui-même. • Accompagnement de la personne dans les démarches administratives nécessaires En plus des luminaires choisis pour augmenter la lumière – régies, assurances sociales, services de l’État sans éblouir, la salle à manger a été nouvellement agen- • Aide à la recherche de financement si cée avec une moquette jaune qui renforce les contrastes la personne ne peut pas subvenir elle-même aux avec les meubles. De ce fait, l’espace est plus lumineux frais d’aménagement et crée une atmosphère qui convient bien à Monsieur • Accompagnement des conjoint·e·s ou des proches Widler. Il a également acquis de la vaisselle de couleur faisant ménage commun pour les aider à s’adapter foncée dans laquelle il peut plus facilement localiser les aux aménagements aliments. Modalités Pour accéder aux informations écrites, des moyens auxi- • Identification des adaptations souhaitées liaires spécifiques ont été mis à disposition par des ergo- ou nécessaires thérapeutes et par le Service romand d’informatique pour • Le cas échéant, visite du domicile de la personne handicapés de la vue (SRIHV). par un·e spécialiste pour l’évaluation de ses besoins Enfin, des repères ont été placés par cette même ergothé- • Constat, solution, test de la solution, accompa- rapeute sur les boutons de l’ascenseur pour permettre à gnement jusqu’à la réalisation Monsieur Widler de retrouver plus facilement son étage. • Information à propos des aménagements aux Et pour que ces repères restent en place, cela implique personnes de l’entourage et du voisinage d’informer les voisins et le personnel de nettoyage de leur utilité et de leur importance. 12
« Certains aménagements s’imposent afin d’adapter les conditions d’habitation aux limitations physiques qui peuvent survenir durant la vieillesse. » La clé du succès Afin que le maintien à domicile soit une perspective à Contact et informations long terme, les solutions envisagées doivent prendre en ABA/CIR Association pour le Bien des Aveugles considération les ressources physiques et cognitives de et malvoyants la personne, ainsi que ses éventuelles difficultés et limi- Centre d’Information et de Réadaptation tations liées à l’âge. Téléphone : +41 22 349 10 64 Internet : www.abage.ch Le plus L’adaptation du logement permet à la personne de pré- HAU – Association Handicap Architecture server à la fois son autonomie et sa qualité de vie. « Pou- Urbanisme voir rester chez soi, c’est rester maître de sa vie et de ses Téléphone : +41 77 521 28 08 choix », affirme Jean-Luc Widler. E-mail : secretariat@hau-ge.ch Internet : www.hau-ge.ch imad Service d’ergothérapie Avenue Cardinal-Mermillod 36 1227 Carouge Téléphone : +41 22 420 27 10 E-mail : pge-ergo@imad-ge.ch Internet : www.imad-ge.ch Pro Infirmis Direction cantonale de Genève Route du Grand-Lancy 6 1227 Les Acacias Téléphone : +41 58 775 31 08 E-mail : geneve@proinfirmis.ch Internet : www.proinfirmis.ch/fr/prestations/ geneve.html 13
Regards croisés… Un objectif : le maintien de l’autonomie de la personne Daniel Nicolet, ergothérapeute spécialisé en basse-vision et locomotion et chargé de projets adjoint à la direction de l’Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants (ABA). Luigi Corrado, architecte conseil et chef de projets chez Pro Infirmis Genève « L’ergothérapeute spécialisé en basse-vision dans l’adaptation de son lieu de vie. Là aussi, intervient dans le lieu de vie de la personne, l’objectif est de supprimer les barrières que ce soit son domicile, l’environnement architecturales pour maintenir l’autonomie immédiat ou une résidence secondaire. de la personne. Les interventions visées par L’objectif est d’adapter son espace de l’architecte conseil touchent généralement au Crédits photographiques : ABA-CIR ; Shutterstock ; AdobeStock vie de façon à maintenir son autonomie. bâti dans son ensemble. Pour ce faire, le spécialiste développe des solutions personnalisées, adaptées au déficit, En collaboration avec l’ergothérapeute, il qui tiennent compte de l’ensemble des peut prévoir l’aménagement d’une rampe activités du quotidien et qui s’appuient sur d’accès, d’une main courante ou d’une plate- les ressources et les capacités d’agir de la forme élévatrice. Mais il peut aussi s’agir de personne. L’ergothérapeute spécialisé procède faciliter les accès internes et externes à la généralement à des aménagements légers : propriété, avec un éclairage adéquat du chemin enlever un tapis, placer une lampe d’appoint, ou l’automatisation des portes d’entrée, par installer un rehausseur de WC ou suggérer exemple. L’architecte conseil coordonne des moyens auxiliaires. Il s’assure que la les interventions avec les propriétaires personne sait et peut utiliser les moyens mis et les régies. Les locataires comptent en place. Au besoin, il fait appel à d’autres généralement sur lui pour constituer un corps de métiers ou spécialistes, comme solide dossier, qui présente les constats et des éclairagistes ou des physiothérapeutes. les recommandations, avec photos, certificat De même, lorsqu’il est question d’intervenir médical et chiffres à l’appui, ainsi que la sur la structure du logement, comme pour garantie que les coûts engendrés seront pris l’installation d’un élévateur ou d’un ascenseur, en charge par les assurances sociales. » il se tournera vers un architecte conseil. » « L’architecte conseil de Pro Infirmis informe et accompagne la personne à mobilité réduite ou atteinte d’une maladie chronique invalidante 14
L’IMMEUBLE RÉNOVÉ Contexte Ambition • Contribuer à la politique de maintien à domicile De façon générale, le vieillissement démographique observé des personnes âgées depuis quelques décennies a des répercussions sur le mar- • Saisir l’opportunité des rénovations nécessaires pour ché du travail, la santé publique, la prévoyance sociale, la adapter les immeubles aux attentes et aux besoins politique de la vieillesse ou encore sur les relations sociales. des seniors Mais il a également un impact en termes de logement. • Contribuer à l’intégration et à la participation En effet, l’augmentation de la part des personnes âgées au sociale des seniors dans la cité sein de la population, combinée à la politique de maintien • Anticiper le vieillissement démographique à domicile telle que pratiquée dans le canton de Genève, en termes d’habitat a pour conséquence un nombre croissant de seniors vivant à • Viser une accessibilité universelle de l’habitat qui doit domicile jusqu’à un âge avancé, avant une éventuelle transi- s’ouvrir à d’autres publics que les seniors – familles tion dans une structure d’accueil adaptée ou de long séjour. avec poussette, personnes en fauteuil roulant, etc. Cette évolution devrait donc inciter à revoir l’aménagement Valeur ajoutée des immeubles d’habitation pour répondre aux besoins de Le parc immobilier de la Ville de Genève compte un nombre locataires vieillissants toujours plus nombreux et dont la important d’appartements, dont 90% de logement social. mobilité et l’autonomie se réduisent. Les travaux planifiés sont donc une opportunité pour pen- ser ces rénovations en termes d’adaptation des logements Les collectivités publiques sont souvent propriétaires d’un aux normes actuelles du vieillissement, pour les aîné·e·s parc immobilier plus ou moins important et pour lequel des qui les occupent actuellement et pour celles et ceux qui rénovations régulières sont planifiées. Dans ce cadre, les vont y vieillir à l’avenir, mais aussi pour toute personne à communes sont appelées à jouer un rôle prépondérant dans mobilité réduite. les années à venir. Certaines ont d’ailleurs déjà conduit de remarquables projets de rénovation. C’est aussi le cas de Spécificités la Ville de Genève, dont la Gérance immobilière municipale La pratique des collectivités publiques en matière prévoit une série de rénovations de grands ensembles éta- de rénovation et d’adaptation d’immeubles peut être lées sur plusieurs années. davantage encouragée et accompagnée, et constitue un excellent exemple à suivre pour le secteur privé. 15
Les points forts • Mise à jour des normes législatives et techniques • Adaptation ad hoc et accessibilité des logements durant les travaux • Espaces communs dans l’immeuble • Promotion de l’entraide et convivialité • Synergies entre domicile et institutions de proximité Public-cible • Personnes âgées autonomes ou fragilisées • Personnes à mobilité réduite Prestations « infrastructure » et « accompagnement social » Une initiative « L’ensemble des Minoteries » L’ensemble des Minoteries, situé entre la rue des Caractéristiques Minoteries et la rue de Carouge, a fait peau neuve au • 329 appartements rénovés et adaptés aux normes printemps 2020, après trois ans de travaux hors normes. actuelles pour les personnes en situation de fragi- Construit dans les années 1970, l’ensemble compte lité ou à mobilité réduite 329 appartements répartis dans sept immeubles de huit • Équipements spécialisés des salles de bains étages ainsi que divers équipements socio-culturels – une et cuisines, accessibles en fauteuil roulant crèche, des ateliers d’artistes, une infirmerie, une biblio- • Buanderies installées au rez-de-chaussée pour thèque, des locaux fonctionnels et des espaces communs. favoriser les contacts entre locataires • Containers à poubelles enterrés intégrés dans L’enveloppe et les toitures des immeubles ont été réno- les aménagements extérieurs vées et assainies et les installations techniques mises aux • Espaces collectifs de proximité pour une meilleure normes énergétiques. L’espace de quartier des aîné·e·s, qualité de vie commune la bibliothèque, la crèche et les espaces communs ont • Présence de concierges professionnels en journée été réaménagés. • Divers aménagements pour améliorer la sécurité, l’accessibilité et la convivialité des lieux La rénovation conséquente de l’ensemble visait plusieurs objectifs : il s’agissait d’assurer la transition énergétique Modalités de l’ensemble, de mettre en valeur le patrimoine bâti • Réalisation des travaux dans le respect dans le respect de l’architecture des années 1970 et de des normes fixées dans la législation genevoise et favoriser la qualité de vie et la sécurité des habitant·e·s avec le concours d’un architecte conseil et usager·ère·s. de Handicap Architecture Urbanisme (HAU) • Maintien dans les murs des 600 locataires, déménageant à tour de rôle dans un appartement provisoire durant la rénovation de leur logement • Adaptation des lieux et des espaces au plus près des normes en vigueur pour les locataires à mobi- lité réduite 16
« Outre les aspects techniques et énergétiques, la véritable réussite de l’opération réside dans l’approche humaine du projet ». La clé du succès Toutes les parties prenantes ont été associées au pro- Contact et informations jet avant et pendant les travaux. Le service social de la Direction du patrimoine bâti (DPBA) Ville de Genève a veillé au maintien de la cohésion sociale Département de l’aménagement, durant toute la durée du chantier. des constructions et de la mobilité rue du Stand 25 Le plus 1204 Genève L’isolation de l’enveloppe du bâtiment, la pose d’éléments Internet : www.geneve.ch photovoltaïques et l’optimisation des installations tech- niques permettent à l’ensemble d’être en conformité avec Architecture sans obstacles la stratégie genevoise du « 100 % renouvelable ». Le centre spécialisé suisse Téléphone : +41 44 299 97 97 E-mail : centre@architecturesansobstacles.ch Internet : www.architecturesansobstacles.ch HAU – Association Handicap Architecture Urbanisme Téléphone : +41 77 521 28 08 E-mail : secretariat@hau-ge.ch Internet : www.hau-ge.ch 17
Crédits photographiques : Didier Jordan, Ville de Genève Le point de vue de… Une approche humaine du projet Sébastien Schmidt, adjoint de direction, Direction du patrimoine bâti de la Ville de Genève Les constructions humaines ont toujours Genève d’assainissement d’immeubles cherché à s’adapter au mieux à la physionomie d’habitation des années 1960. de leurs habitant·e·s, y compris à leur taille « Là, nous avons appris tous les jours. moyenne qui tend à évoluer à la hausse. Partout où nous avons pu, nous avons « Par exemple, la hauteur des plans des appliqué la norme SIA 500. cuisines d’aujourd’hui est bien mieux adaptée à mon mètre quatre-vingt-sept qu’un meuble Par exemple, un gros investissement a été d’il y a cinquante ans ! Il en va de même consenti pour l’aménagement des salles pour les constructions sans obstacles, de bains et pour les accès intérieurs et nettement mieux définies aujourd’hui grâce extérieurs. » Selon Sébastien Schmidt, outre aux normes telles que la norme SIA 500. » les aspects techniques et énergétiques, la véritable réussite de l’opération réside Entrées larges, ascenseurs spacieux, rampes certainement dans l’approche humaine du d’accès, textes en relief… Ce sont-là quelques projet. « Nous nous sommes inspirés des exemples des exigences légales pour créer expériences menées lors de la rénovation un environnement accessible. Si leur mise de l’immeuble des Libellules, à Vernier, et en œuvre est aisée dans les nouvelles d’autres barres d’immeubles en France : nous constructions, elle se heurte à certaines avons travaillé en étroite collaboration avec limites structurelles et financières dans le bâti des médiateurs assermentés ainsi qu’avec existant. « Dans les rénovations d’immeubles, l’association des habitants des Minoteries. nous travaillons au plus près des normes, Un tel chantier est difficile pour tout le mais nous ne pouvons pas repousser les murs ! monde – locataires et ouvriers – et lié à Par exemple, il est difficile de loger beaucoup d’incertitudes. Notre démarche a un ascenseur dans une construction permis de rassurer et d’être à l‘écoute des de la fin du 19e siècle… » préoccupations des habitant·e·s. » Les premiers échos sont très positifs. De bonne augure pour L’ensemble des Minoteries est la première le prochain grand projet d’assainissement, grande opération conduite par la Ville de celui des tours de la Jonction. 18
LA COOPÉRATIVE D’HABITATION Contexte Ambition Proposer Dans le domaine du logement, la coopérative se situe à • Une structure juridique emprunte de solidarité mi-chemin entre la propriété et la location : le coopérateur • Un logement abordable, sans but lucratif ni caractère est copropriétaire de la structure (la société coopérative et spéculatif son ou ses bâtiments) et locataire d’un bien particulier (son • Une démarche démocratique qui favorise logement) auprès de la coopérative. Le principe coopératif la participation permet aux individus de mettre leurs ressources (finances, • Un habitat qui respecte les principes compétences, etc.) en commun de manière à construire l’ha- du développement durable bitat dont ils ont besoin et qu’ils n’auraient pas les moyens • Une nouvelle vision de la société de réaliser individuellement. Valeur ajoutée Les décisions prises par la coopérative reviennent à ses Les coopératives dites « participatives » intègrent large- membres coopérateurs, qui ont donc l’opportunité de par- ment leurs membres dans la conception des logements, ticiper aux orientations générales de la coopérative et de infrastructures et aménagements extérieurs et dans la contrôler que le conseil d’administration assure une ges- gestion des espaces communs : une manière de favoriser un tion respectueuse de leurs priorités, valeurs, intérêts et mode de vie collectif basé sur les échanges, la convivialité aspirations. et la création de liens sociaux. Les coopératives favorisent une nouvelle manière d’habiter, prenant en considération De plus en plus de coopératives inscrivent leurs choix et les besoins et les envies des habitant·e·s. leurs actions dans une démarche de construction et d’ha- bitat durable. L’objectif général est de limiter leur impact Spécificités sur l’environnement et d’aménager l’espace urbain de sorte Les coopératives permettent de construire des logements que leur intégration dans un quartier bénéficie à tout le environ 30% moins cher que ceux proposés par les acteurs monde. Promotion d’une mobilité durable, autogestion immobiliers privés traditionnels. En effet, conformément des espaces communs et préférence aux commerces de à leurs statuts, les coopératives s’interdisent tout but proximité sont autant de démarches qui permettent aux lucratif, évitant du même coup la spéculation immobilière. coopératives d’améliorer la qualité de vie de leurs membres Par ailleurs, les membres coopérateurs, qui sont à la mais également de tout un quartier. Sur ce terrain-là, les fois propriétaires et locataires, n’ont aucun intérêt à communes ont aussi un rôle à jouer car sans les coopé- rechercher une plus-value financière puisque celle-ci se ratives certaines personnes âgées seraient obligées de répercuterait sur leur loyer. Le modèle coopératif tend au quitter leur quartier pour s’installer dans une structure contraire à rechercher le meilleur rapport entre qualité plus adéquate, et les jeunes et les familles seraient tentés et prix de l’habitat. d’aller s’installer ailleurs. 19
Les points forts • Intégration dans la planification urbaine • Équipements et commerces à proximité • Mixité sociale et échanges intergénérationnels • Promotion de l’entraide et convivialité • Accessibilité financière Public-cible • Personnes âgées autonomes • Personnes souhaitant participer à la conception et au fonctionnement de leur immeuble Prestations « infrastructure » • Personnes intéressées par la mixité sociale, le vivre et « accompagnement social » ensemble et le développement durable Une initiative « La Société coopérative d’habitation Voisinage » Voisinage est une coopérative participative créée en 2008 Caractéristiques par un groupe composé principalement de sexagénaires • Ambition intergénérationnelle qui souhaitaient créer un lieu de vie réunissant différentes • Implication des coopérateur·trice·s dans générations, proche des transports publics, dans une zone l’élaboration et le suivi du projet piétonne et verdoyante, et mettre leurs compétences au • Participation aux activités sociales de l’immeuble service du voisinage, pour favoriser l’entraide et lutter et du quartier ainsi qu’à la gestion des espaces ainsi contre l’isolement social. « Nous ne concevons pas communs l’habitat comme un empilement de logements au bord • Construction économique et écologique d’une rue, mais voulons nous associer avec les voisins pour • Projet alimentaire unique liant paysans et artisans, étendre notre cadre de vie au quartier, créer un véritable producteurs et mangeurs pour repenser espace extérieur et cultiver les contacts et la convivialité notre alimentation et participer à la transition entre habitants », écrivent les coopératives sur leur site agricole de Meyrin internet. • Construction d’une auberge ouverte sur le quartier avec un bistrot, une salle de spectacles Sur un terrain attribué en 2012 par la Commune de Meyrin, et des chambres d’hôtes dans le nouvel éco-quartier des Vergers, la coopérative Voisinage a construit une soixantaine de logements Modalités dans un des deux immeubles qu’elle partage avec la • Le Conseil d’administration décide de l’admission Coopérative de l’habitat associatif (CODHA). Dix ans après des membres sa fondation, le rêve de Voisinage a enfin été réalisé ! Une • Les membres adhèrent à la Charte, souscrivent vingtaine d’espaces communs mutualisés entre les deux une part sociale de membre de 500 francs et coopératives permettent des rencontres entre les habi- s’acquittent d’une cotisation annuelle fixée par tant·e·s autour d’un grand nombre d’activités : salles de l’Assemblée générale fêtes, grimpe, danse, yoga, fitness, sauna, bibliothèque, • L’attribution des logements s’effectue selon un espace création, serre, bricolage, etc. Une auberge au Règlement d’attribution qui doit respecter les pied de l’immeuble, un supermarché paysan participatif règles de l’Office du logement puisque la majorité accueille les pauses café et des ateliers d’artistes et arti- des logements de Voisinage sont des logements sans au rez-de-chaussée complètent un ensemble vivant HM et LUP où la mixité intergénérationnelle, sociale, culturelle et • Les candidatures au logement sont examinées fonctionnelle est un enrichissement vécu au quotidien. par la Commission d’attribution des logements qui les accepte ou les refuse 20
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