ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES

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ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
L’ AC T UALI T E D E S CO N C ERTS E T D E L’ O PE R A
         © Felix Broede

                                                         Isabelle Faust
[ n° 318 Novembre 2018 ]

                                                                             Le calendrier
                                                         violon              de s   co nc e rts
                                                         François Couperin   à   p Aris    et en

                                                         + Alagna & Kurzak   Île-de-France
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
© Fondation Louis Vuitton/Marc Domage.

 CONCERTS – RÉCITALS – MASTER CLASSES

Retrouvez la programmation complète de l’Auditorium
              sur fondationlouisvuitton.fr

   8, AVENUE DU MAHATMA GANDHI, BOIS DE BOULOGNE, PARIS.
                   #fondationlouisvuitton
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
Anniversaire
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                                                                                                                                   Debussy, Images                           10

                                                                       © David Ignaszewski
               © afc/Leemage

                                                                                                                                   à Paris
                                                                                                                                   Portrait                                   6
                                                                                                                              2    Isabelle Faust
  Il y a 350 ans…                                                                                                                  L’actualité des concerts                   8
  Naissait François Couperin le 10 novembre                                                                                        voix                                      12
  1668 à Paris, au sein d’une longue lignée                                                                                        Alagna & Kurzak
  familiale de musiciens étalée sur plus d’un
  siècle, tout comme les Bach en Allemagne                                                                                         contemporain                              14
  ou les Scarlatti en Italie. Si l’on trouvait au                                                                                  Gérard Grisey
  xviie siècle nombre de virtuoses du clavier,
  comme Clérambault ou Dandrieu, les                                                                                               piano                                     16
                                                                     © SONY

  Couperin furent assurément les plus grands                                                                                       Henri Barda
  maîtres du clavecin et lui assurèrent ses plus
  belles heures. François Couperin fut organiste
                                                                                                                              12   en fa mille                               18
  à Saint-Gervais presque toute sa vie, mais
  également organiste du roi et musicien de
                                                                     © Betty Freeman – Lebrecht/Leemage

  la Chambre du Roi. La musique qu’il nous                                                                                         les concerts
  a léguée rayonne d’élégance, de finesse                                                                                          à paris et
  et d’esprit, mais aussi de naturel. François
                                                                                                                                   en île-de-f rance                         19
  Couperin se chargeait aussi de former les
  jeunes gens de l’aristocratie, et ses leçons
  étaient, semble-t-il, très prisées. On raconte                                                                                   CD                                        26
  que lorsqu’une carafe de vin bien remplie
  était apportée à côté du clavecin avec une
  miche de pain, le cours pouvait se prolonger
  indéfiniment !                                E.G.
                                                                                                                              14   Médias                                    28

     Cadences • ISSN 1760 - 9364 • édité par les Concerts Parisiens • SARL au capital de 10 000 euros • 21, rue Bergère 75009 Paris • Tél. 01 48 24 40
     63 • Fax 01 48 24 16 29 • Siret 44156960500013 • Directeur de la publication  : Philippe Maillard • Publicité  : Alexia Dufayet, tél. 01 48 24 40 63,
     adufayet@cadences.fr • Rédacteur en chef : Yutha Tep • Chef de rubrique : Élise Guignard • Ont participé à ce numéro : Floriane Goubault,
     Michel Fleury, Michel Le Naour • Conception graphique : fujiyama@wanadoo.fr • Diffusion : Sophie Borgès, sborges@cadences.fr •
     Impression : RPN. Livry-Gargan • Tirage : 50 000 exemplaires • Abonnement : 9 nos 40 €

                                                PIANO
                                                                                                                                                                              www.philippemaillardproductions.fr
                                  SALLE

                                             À GAV EAU                                                                         CLAIRE
                                                                                                                       6
                                                                                                                      DÉC      DÉSER
                                                                                                                                     T
            HEN
                                                                                                                      20:30

        HAOC NG                                                    16
          ZHA                                                   NOV
                                                                 20:30
                                                                SALLE
                                                               G AV E A U

                                                                                                                                                13 C
                                                                                                                                                 D É: 30
                                                                                                          30                                      20  E
                                                                                                          NOV                              P H I LIPP
                                                                                                                                         -            D
               16                                                                                         20:30
                                                                                                                                     JEAN COLLAR
          NOV                                    VA DYM
                                                                                                                                                                      22 €
          20:30
                                                 KHOLODENK                                                                           PRIX DES PL
                                                                                                                                                 ACES       55   38
                                                                                                                  O
                                                                                                                                     R É S E RVAT I O N S    01 48 24 16 97

                                                                                                                                                     novembre 2018 cadences                                        1
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
DO s s i e r

     François Couperin
      l’esprit français
      De l’homme on sait peu de choses : discret dans sa carrière,                cants ? Ou au caractère réservé et peu mon-
             moins prolifique que certains de ses contemporains,                  dain de Couperin qui néglige de les solliciter
             François Couperin n’en est pas moins un compositeur                  pour lui-même ? Quoi qu’il en soit, il mènera
               de talent, reconnu et admiré de son vivant. Auteur                 une carrière discrète à la cour jusqu’à la mort
                                                                                  de Louis XIV en 1715 : il donne des concerts,
         d’un important corpus de pièces pour clavecin, il aspire,
                                                                                  occupe le poste de claveciniste pour la musique
        dans sa musique de chambre surtout, à l’union des styles
                                                                                  de chambre du roi (à titre de remplaçant puis
                                              français et italien.

     F
                                                                                  officiellement au décès du titulaire) et publie
              rançois Couperin naît                                               de nombreuses œuvres, s’imposant comme
              en 1668, dans une                                                   un compositeur majeur de son époque. Après
              famille de musiciens                                                1715, l’insouciante légèreté de la Régence lui
              dont il sera le plus il-                                            convenant probablement moins que le sérieux
     lustre représentant : son père                                               des dernières années de règne de Louis XIV,
     est organiste à Saint-Gervais                                                Couperin s’implique de moins en moins dans
     et son oncle, Louis Couperin                                                 les activités musicales de la cour. Il continue
     (décédé en 1661), laisse de                                                  à enseigner le clavecin mais, sachant sa santé
     nombreuses compositions. À                                                   fragile, prépare déjà sa succession en confiant
     la mort de son père en 1679,                                                 ses charges à des membres de sa famille (sa
     le jeune François est désigné                                                charge d’organiste de Saint-Gervais à son cou-
     pour le remplacer à l’orgue de                                               sin Nicolas Couperin, le poste de claveciniste
     Saint-Gervais (trop jeune, et                                                du roi à sa fille Marguerite-Antoinette). Usé,
     malgré son indéniable talent                                                 Couperin cesse progressivement de compo-
                                        © afc/Leemage

     au clavier, il attendra cepen-                                               ser durant ses dernières années et s’éteint le
     dant sa majorité pour succé-                                                 12 septembre 1733.
     der à son père, tandis qu’un
     jeune musicien du nom de
     Richard Delalande assure l’in-
                                                                                           Couperin,
     térim). Bientôt, il publie ses premières compo-     François Couperin             maître du clavecin
     sitions (deux messes d’orgue, curieusement les      est le membre le plus

                                                                                  C
     seules œuvres destinées à cet instrument dont       illustre d’une grande        ’est incontestablement la musique pour
     il jouera toute sa vie) et se fait rapidement une   dynastie de musiciens.       clavecin qui participe à la grande renom-
     réputation en tant que musicien : en 1693, il est                            mée de Couperin. Excellent claveciniste, pro-
     nommé organiste de la Chapelle de Versailles ;                               fesseur apprécié, il a pourtant déjà plus de
     l’année suivante, il est choisi pour enseigner                               quarante ans lorsqu’il publie, en 1713, le pre-
     le clavecin à plusieurs membres de la famille                                mier de ses Quatre livres de clavecin dédiés à
     royale. C’est à cette époque qu’il compose l’es-                             cet instrument (au total 27 suites, soit plus de
     sentiel de sa musique sacrée, en particulier les                             200 pièces). Ses nombreuses occupations, ainsi
     sublimes Leçons de ténèbres. Pourtant, mises                                 qu’une santé fragile, sont les raisons invoquées
     à part sa charge d’organiste et sa fonction de                               par Couperin dans la préface pour expliquer
     maître de clavecin, et malgré les faveurs dont                               le retard de sa publication : « J’aurais voulu
     il jouit à la cour, Couperin n’accèdera jamais                               pouvoir m’appliquer il y a longtemps à l’im-
     aux hautes charges de Versailles. La faute en                                pression de mes pièces, quelques-unes de mes
     incombe-t-elle à l’ambitieux Delalande qui                                   occupations qui m’en ont détourné sont trop
     accapare une grande majorité des postes va-                                  glorieuses pour moi pour m’en plaindre. […] ces

2    cadences novembre 2018
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
paris

                                                      Maurice Ravel
                                                      Le Tombeau
                                                      de Couperin
© François Berthier

                                                      16 novembre – Maison
                                                      de la Radio
                                                      Philharmonique de Radio
Gaëtan Jarry dirigera son                             France. Dir. : Pascal Rophé.
Ensemble Marguerite Louise.                           Nelson Goerner, piano ; Hélène
occupations, celles de Paris, et plusieurs mala-      Collerette, violon ; Nadine Pierre,

                                                                                               © B.-Ealovega
dies, doivent être des raisons suffisantes pour       violoncelle.
persuader que je n’ai pu trouver au plus que le
temps de composer un aussi grand nombre de            Hersant, Stravinski.
pièces ». Ce Premier Livre contient donc des
pièces composées depuis quelques années déjà,
                                                      1917. La guerre fait rage. Ravel qui, malgré sa constitution chétive, avait
tandis que d’autres paraissent vraisembla-
                                                      tant bien que mal réussi à participer au conflit en intégrant le service des
blement contemporaines de l’année de publi-
                                                      convois automobiles, est tombé malade. Convalescent, accablé par la mort
cation. Couperin s’émancipe déjà de la coupe
                                                      de sa mère qui survient le 5 janvier 1917, il se retrouve seul à Paris : « Mo-
classique des suites pour instrument seul de
                                                      ralement, c’est affreux », écrit-il à son amie et marraine de guerre, Mme
l’époque, dont le noyau principal est la tradi-
                                                      Fernand Dreyfus. Définitivement réformé en juin, Ravel s’installe à Lyons-
tionnelle succession « allemande, courante,
                                                      la-Forêt et se remet doucement à la composition : « Enfin, je travaille. Ça fait
sarabande, gigue ». Ses suites, qu’il appelle
                                                      supporter tant de choses. » Il entreprend de terminer une suite pour piano
« ordres », comprennent de nombreuses pièces
                                                      commencée avant la guerre à Saint-Jean-de-Luz, Le Tombeau de Couperin,
intercalées entre les pièces habituelles (allant
                                                      qu’il achève en novembre 1917.
parfois jusqu’à près de vingt morceaux) : des
danses mais aussi des pièces de caractère, par-       Contrairement à ce que le titre laisse   donc, mais également hommage à
fois de forme libre, uniquement liées par une         penser, l’œuvre n’est pas exclusi-       ceux qui sont tombés sous le feu de
tonalité commune. Avec le Second Livre (1717),        vement un hommage à Couperin.            l’ennemi. Car le compositeur dédie
Couperin commence à stabiliser la forme de            Ravel déclare qu’il « s’adresse moins    chacun des mouvements de la pièce
ses ordres : le nombre de pièces dans chaque,         au seul Couperin lui-même qu’à la        à l’un de ses amis morts au com-
moins nombreuses mais plus longues et réu-            musique française du xviiie siècle ».    bat : les lieutenants Jacques Char-
nies par une même atmosphère, se fixe entre           Sa forme rappelle effectivement les      lot (Prélude), Jean Cruppi (Fugue)
six et douze. Couperin accorde de plus en plus        suites de danses de cette époque,        et Gabriel Deluc (Forlane), Pierre et
d’importance aux pièces descriptives dont les         très prisées dans la musique instru-     Pascal Gaudin (Rigaudon), le fils de
titres, souvent explicites (des portraits, des évo-   mentale : Prélude, Fugue, Forlane,       sa marraine de guerre Jean Dreyfus
cations de la nature…), reflètent l’imagination       Rigaudon, Menuet et enfin Toccata.       (Menuet) et le capitaine Joseph de
du compositeur. Il n’est certes pas le premier        Bien que l’œuvre ait été composée        Marliave (Toccata). C’est l’épouse
à doter ses pièces de titres, mais il va plus loin    pendant la guerre (et malgré l’urne      de ce dernier, la pianiste Margue-
que quiconque dans la caractérisation musi-           funéraire, dessinée de la main           rite Long, qui jouera l’œuvre pour
cale de ses sujets. Tantôt tendres et charmants,      même de Ravel, en couverture de          la première fois le 11 avril 1919 à la
tantôt burlesques voire satiriques, les portraits     l’édition), il n’y a aucune connota-     salle Gaveau. La même année, Ravel
des personnages qu’il dépeint sont facilement         tion funèbre au terme « tombeau ».       orchestre quatre des six pièces (Pré-
identifiables grâce à l’ingéniosité du composi-       Au xviiie siècle, le tombeau est un      lude, Forlane, Menuet et Rigaudon)
teur à traduire en musique les qualités person-       genre musical en un ou plusieurs         pour un ensemble se rapprochant
nelles de chacun. Couperin use d’une variété          mouvements en hommage à une              de ceux du xviiie. Cette version sym-
infinie d’ornements, les enchaine, les super-         personne, parent, ami ou person-         phonique, créée le 28 février 1920
pose, et surtout les note consciencieusement          nage public. L’œuvre de Ravel            aux Concerts Pasdeloup, est réuti-
sur la partition (habituellement, les ornements       s’inscrit parfaitement dans cette        lisée quelques mois plus tard par
étaient laissés à la libre interprétation des mu-     tradition puisque le Tombeau de          les Ballets suédois pour une version
siciens). Dans la préface de son Troisième Livre      Couperin se présente même comme          dansée de la Forlane, du Menuet et
(1722), il insiste d’ailleurs sur l’importance de     un double hommage : hommage à            du Rigaudon.
ces ornements et déplore les trop nombreuses          la musique française du xviiie siècle
interprétations qui n’en tiennent pas compte :

                                                                                                                novembre 2018 cadences   3
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
DO s s i e r

                      © David Ignaszewski

                                                          © Marc Borggreve
                                                                                                              expressifs tels qu’on en trouve fréquemment
                                                                                                              chez Corelli), Couperin insuffle à ses pièces un
                                                                                                              esprit typiquement français avec des mélodies
                                                                                                              gracieuses et élégantes, et des airs tendres dans
     « C’est une négligence qui n’est pas pardonnable,    De gauche à droite,                                 le style de Lully. Chaque pièce est dotée d’un
     d’autant qu’il n’est point arbitraire d’y mettre     Jordi Savall sera à la                              titre qui reflète son caractère principal : La
     tels agréments qu’on veut. Je déclare donc que       tête de son Concert des                             Pucelle (pour la première sonate), La Superbe…
     mes pièces doivent être exécutées comme je les       Nations et Skip Sempé du                            Les Concerts royaux (joués entre 1714 et 1715)
     ai marquées ». Si le ton des pièces s’allège dans    Capriccio Stravagante.                              sont « d’une autre espèce » comme le souligne
     ce Troisième Livre, il retrouve un peu de gra-                                                           Couperin dans sa préface : composées pour un
     vité au fil du Quatrième Livre, publié en 1730,                                                          petit ensemble dont l’orchestration n’est pas
     soit trois ans avant la mort de Couperin.                                                                définie, destinées au divertissement du roi, les
                                                          25 novembre – Chapelle
     En 1716, entre le Premier et le Second Livre,                                                            pièces sont très françaises dans leur écriture.
                                                          Royale, Château de Versailles
     Couperin publie L’Art de toucher le clavecin                                                             Mais l’union des styles revient dans le recueil
                                                          Ensemble Marguerite Louise. Dir. :
     dans lequel il s’adresse à quiconque souhaite        G. Jarry. C. Achille, V. Thomas, sopranos ;         suivant, les fameux Goûts réunis ou Nouveaux
     aborder son œuvre. Dans la préface de son            J. Spicher, haute-contre ; D. Witczak,              Concerts : « Le goût italien et le goût français ont
     Second Livre, il indique que ce traité est « abso-   basse-taille ; F. Desenclors, grand orgue.          partagé depuis longtemps (en France) la Répu-
     lument indispensable pour exécuter mes pièces        Couperin, Messe Royale.                             blique de la Musique ; à mon égard, j’ai toujours
     dans le goût qui leur convient ». Riche d’infor-                                                         estimé les choses qui le méritaient, sans accep-
                                                          28 novembre – Salon
     mations sur le jeu du clavecin (sur la position                                                          tion d’auteurs, ni de nation » (préface). Encore
                                                          d’Hercule, Château de
     à adopter au clavier, sur les doigtés, les orne-                                                         très proches du style français, ces pièces pos-
                                                          Versailles
     ments…), il témoigne des exigences de Coupe-         Capriccio Stravagante. Dir. : Skip Sempé.           sèdent néanmoins quelques accents italiens.
     rin quant à l’interprétation de ses pièces.          Perinne Devillers, Adèle Carlier, Rachel            Mais surtout, Couperin clôt son recueil avec
                                                          Redmond, sopranos. Virgile Ancely, basse.           une « grande Sonade en Trio » intitulée Le Par-
                                                          Couperin, Dans un goût théâtral.
      La musique de chambre                                                                                   nasse ou l’Apothéose de Corelli, sonate à l’ita-
                                                                                                              lienne donc, et dans le plus pur esprit corellien.
                                                          4 décembre – Chapelle
        ou l’union des styles                             Royale, Château de Versailles
                                                                                                              L’œuvre trouvera son pendant dans L’Apo-
                                                          Le Concert des Nations. Basse de viole &            théose à la mémoire de l’incomparable M. de

     L   e titre explicite du recueil Les Goûts réunis
         (1724) affiche sans équivoque le souhait de
     Couperin de conjuguer les styles français et ita-
                                                          dir. : Jordi Savall. Couperin, Les Nations.         Lully : presque œuvre de théâtre à programme
                                                                                                              (chacun des mouvements étant doté d’un titre),
                                                                                                              ce trio grandiose se fait le défenseur des idées
     lien. Mais cette volonté émerge dès les années                                                           de Couperin lorsque « Apollon persuade Lully
     1690 avec la composition de ses premières                                                                et Corelli que la réunion des goûts français et
     sonates en trio. Celles-ci s’inspirent ostensible-               repères                                 italiens doit faire la perfection de la musique ».
     ment de Corelli, « dont j’aimerai les œuvres tant                                                        Enfin, dans son recueil Les Nations (1726), Cou-
                                                                     1668 : naissance de François Couperin
     que je vivrai » déclare Couperin (préface du                                                             perin poursuit son but ultime de fusion des
                                                                     1693 : organiste de la Chapelle du roi
     recueil de sonates Les Nations). Avec ces pre-                                                           styles : quatre suites de danses à la française,
                                                                     1694 : maître de clavecin à Versailles
     mières sonates en trio, Couperin est l’un des                                                            chacune associée, en prélude, à une sonate en
     premiers à mettre en avant le violon dans des                   1696 : est fait chevalier par le roi     trio à l’italienne (dont trois appartiennent aux
     pièces de musique de chambre (jusque-là can-                    1713 : publication du Premier Livre      premières sonates du compositeur mais dont
                                                                     de clavecin
     tonné au répertoire de danse, on lui préfère, en                                                         les titres ont été changés pour l’occasion).
     France, le luth ou la viole considérés comme                    1714 : publication des Leçons            Les dernières œuvres de musique de chambre
                                                                     de ténèbres du mercredi saint
     « plus nobles »). Il revendiquera d’ailleurs plus                                                        de Couperin seront des pièces pour viole (1728),
                                                                     1716 : obtient la survivance de
     tard le caractère inédit de ces œuvres : « La                                                            deux suites réunissant une dernière fois les
                                                                     la charge de claveciniste royal
     Première sonade de ce recueil fut aussi la pre-                                                          nations : la première est une suite de danses
                                                                     1722 : publication des Concerts
     mière que je composais, et qui ait été composée                 royaux
                                                                                                              à la française tandis que la seconde, une suite
     en France » (préface des Nations). Si la forme                                                           de pièces libres, rappelle la coupe d’une sonate
                                                                     1724 : publication des Goûts réunis
     de ces sonates est calquée sur le style italien                                                          italienne. Graves de caractère, elles seront
                                                                     1726 : publication des Nations
     (écriture en trio, structure da chiesa avec une                                                          publiées l’année même de la mort de Marin
                                                                     12 septembre 1733 : mort
     succession de mouvements plutôt qu’une suite                                                             Marais, illustre maître de la viole de gambe.
                                                                     de Couperin
     de danses, sans compter l’utilisation de retards                                                                                     • Floriane Goubault
4    cadences novembre 2018
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
Le Danube bleu en musique
                                                                                                                                     Sur les pas de Mozart, Schubert et Strauss
                                                                                                                                                                                            Du 8 au 19 juin 2019

                                                               © Jean-François Leclercq

 Frédéric Lodéon, Invité exceptionnel

 Trio Hélios, violon-piano-violoncelle
                                                                                               Du Danube à la mer Noire, embarquez sur notre croisière « Musicalia » à bord de l’élégant
                                                                                               MS Vivaldi (88 cabines seulement) pour une fête musicale au cœur de l’Europe. Pendant 12 jours,
                                                                                               vous naviguerez au rythme des concerts proposés par nos invités de renom : Adriana Gonzalez,
                                                                                               Sophie Lemonnier-Wallez, Aurélien Pontier, le Quatuor Goldoni et le Trio Helios, qui auront
                                                                                               l’honneur de jouer à bord sur l’un des prestigieux pianos de la Maison Blüthner, et vous assisterez
 Sophie L.-Wallez                       Frédéric Moreau
 Directrice artistique                  Violon (Quatuor Goldoni)                               aux conférences de notre invité exceptionnel Frédéric Lodéon.

                                                                                                OFFRE SPÉCIALE 200 € de réduction, soit la croisière à partir de 3 890 € 3 690 € /pers.*
                        PARIS
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                 RÉP. SLOVAQUE                                                                 au départ de Paris, à bord du MS Vivaldi pour toute réservation avant le 15 nov. 2018 (code
   VIENNE
 AUTRICHE             BUDAPEST
                                                                                               REVE)
            HONGRIE
                                    ROUMANIE
                                                    TULCÉA                                     *vols depuis Paris, pension complète, concerts à bord, conférences et taxes inclus.
                             PORTES DE FER
                 BELGRADE
                                                            MER
                                                                                               Demandez la brochure au 01 75 77 87 48, par mail à contact@croisieres-exception.fr
                                         Danube
                          SERBIE
                                                           NOIRE
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ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
les concerts
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     Isabelle Faust
                         en toute liberté
                       Rares sont les artistes servant avec un tel génie – et                           Mais ces musiciens arrivaient avec une pratique
                      une telle humilité – un répertoire allant de Bach aux                             affutée du répertoire antérieur. Pour eux, Men-
                          créations contemporaines, en passant par Mozart,                              delssohn s’est révélé une expérience musicale
                       Beethoven, Schumann et Berg. Le monde musical voue                               aux allures de mini-tremblement de terre. Ils
                                                                                                        en ont tiré un sentiment extrêmement fort et je
                     à Isabelle Faust une véritable adulation, à la hauteur
                                                                                                        crois que des orchestres de ce type sont plus sus-
                                        d’une personnalité exceptionnelle.
                                                                                                        ceptibles de ressentir pleinement les nouveautés
                                                                                                        contenues dans ces partitions, nouveautés que le
                                                                                                        public d’aujourd’hui connaît par cœur et qui ne
                                                                                                        le surprennent donc plus. » C’est précisément ce
                                                                                                        saisissement d’alors qu’Isabelle Faust tente de
                                                                                                        ressusciter. Le disque qui paraît en ce mois de
                                                                                                        novembre chez Harmonia mundi, des sonates
                                                                                                        de Mozart aux côtés de son cher Alexander
                                                                                                        Melnikov au pianoforte, apporte une pierre de
                                                                                                        plus à un édifice passionnant.

                                                                                                                    Renouveler
                                                                                                                   son approche

                                                                                                        L    e concerto de Beethoven, qu’elle joue si
     ©Felix Broede

                                                                                                             souvent, a bénéficié de cette cure de jou-
                                                                                                        vence : « Il a été très important pour moi de re-
                                                                                                        nouveler cette même approche dans Beethoven,

    D
                                                                                                        de questionner par exemple la manière d’articu-
                ans sa glorieuse maturité, Isabelle                                                     ler, d’utiliser le vibrato et mille autres choses.
                                                           28 et 29 novembre –
                Faust n’hésite pourtant jamais à                                                        Mes deux enregistrements de cette œuvre me
                                                           Philharmonie de Paris
                tout remettre en cause, soucieuse de       Orchestre de Paris. Dir. : Daniel Harding.   semblent être tous les deux valables et j’en suis
                servir chaque partition avec la plus       Beethoven, Concerto pour violon ;            extrêmement fière. Je pense notamment à celui
    grande honnêteté possible. Cette démarche              Mahler, Symphonie n° 1                       que j’ai réalisé avec mon maître bien-aimé,
    passe par une attention minutieuse accordée,                                                        Claudio Abbado, mais il y a indiscutablement
    pour la musique des xviiie et xixe siècles, à ce que   16 avril 2019 – Théâtre                      d’autres façons de jouer ce concerto qui me sont
                                                           des Champs-Élysées
    l’on appelle de manière imparfaite mais utile                                                       aujourd’hui très chères et qui me viennent des
                                                           Bach : intégrale des Sonates et partitas
    « l’interprétation historiquement informée »,          pour violon seul                             formations familières d’une musique antérieure
    tâtant avec génie des cordes en boyau – ce que                                                      à Beethoven. » Avec l’Orchestre de Paris, elle
    Isabelle Faust appelle, avec humour, « regar-                                                       pourra compter sur la baguette de son vieux
    der à gauche ». Dans ce domaine, elle compte                                                        complice Daniel Harding : « Ce qui est inté-
    des partenaires chers à son cœur, notamment                                                         ressant, c’est que ce sera notre première colla-
    le brillant Freiburger Barockorchester pour le                                                      boration dans ce concerto. Je sais que Daniel
    classicisme et le romantisme : « Avec eux, j’ai                                                     a beaucoup d’interrogations sur cette œuvre
    eu une expérience marquante dans le concerto                                                        auxquelles il n’a pas forcément encore trouvé
    de Mendelssohn lorsque nous l’avons enregis-                                                        de réponses. Il m’a toujours dit : « Je veux voir
    tré ensemble. De manière tout à fait incroyable,                                                    comment toi tu le fais », c’est un sujet de plai-
    c’était la première fois qu’il jouait cette œuvre.                                                  santerie fréquent entre nous. Je suis sûr qu’à

6   cadences novembre 2018
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
en couverture

                                                                                         prend certains lors de ses études, parce qu’évi-
                                                                                         demment on les travaille auprès d’un professeur.
                                                                                         On s’adapte, on imite éventuellement d’autres
                                                                                         grands musiciens. L’œuvre est techniquement
                                                                                         tellement redoutable qu’on est obligé de décou-
                                                                                         vrir une manière de simplement la conquérir, ce
                                                                                         qui vous pousse dans une certaine direction – il
                                                                                         s’agit en fait de la voie la plus facile. Mais si l’on
                                                                                         n’y prend pas garde – surtout lorsque l’on est
                                                                                         très jeune –, les doigts et les muscles trouvent
                                                                                         leur propre chemin et il y a des automatismes
                                                                                         qui s’installent. » L’enregistrement pour Har-
© Felix Broede

                                                      3 CD                               monia mundi publié en 2010 a provoqué un
                                                                                         réexamen radical de son approche : « Cela a
                                                                                         demandé un grand travail de recherches très
                                                                                         approfondies et j’ai essayé d’être la plus sérieuse
                                                                                         possible, de questionner le plus intelligemment
tous les deux, nous allons trouver quelque chose
                                                                                         et surtout le plus honnêtement possible tout ce
de très particulier dans Beethoven. Je suis une
                                                                                         que je savais sur Bach. Une fois tout ce travail
admiratrice totale de Daniel, nous avons une es-      Johann Sebastian Bach              complété, j’ai essayé de faire tabula rasa et de
time immense l’un à l’égard de l’autre. Je trouve     Intégrale des Sonates & partitas
                                                                                         réapprendre dans une esthétique qui n’était pas
qu’il s’est développé d’une manière fantastique       pour violon seul
                                                      2 CD Harmonia mundi                forcément celle avec laquelle j’avais grandi. Na-
ces dix dernières années. Nous avons fait tant
                                                                                         turellement, au début, cela sonnait un peu forcé,
de choses ensemble : nous avons enregistré le
                                                                                         artificiel. J’ai dû remettre toutes les cartes sur
concerto de Brahms, ceux de Bartók, nous avons
                                                                                         la table et reformer une certaine interprétation,
fait des tournées avec Dvorák, Berg et surtout
                                                                                         puis la faire vivre émotionnellement. Ce travail
Schönberg. »
                                                                                         commencé il y a dix ans murit toujours davan-
                                                                                         tage et me donne toujours plus de liberté. »
    Toujours plus de liberté                          Beethoven
                                                      Concerto pour violon.
                                                                                         Regardant « à gauche », Isabelle Faust s’émer-
                                                                                         veille de la beauté des Sonates du Rosaire de

E
                                                      Alban Berg : Concerto
     n avril 2019, cette fois au Théâtre des          « À la mémoire d’un ange »         Biber qu’elle a abordées à Salzbourg cet été,
     Champs-Élysées, Isabelle Faust s’avancera        Orchestra Mozart,                  avec cinq violons différents dans ses bagages.
seule, avec la simple compagnie de son violon         Claudio Abbado (direction).        Se tournant « à droite », elle défend avec pas-
et de son archet, pour l’Himalaya de la littéra-      1 CD Harmonia mundi                sion le concerto d’Ondřej Adamek qu’elle a
ture pour son instrument. Les Sonates et Parti-                                          créé à Munich en décembre 2017 puis repris
tas de Bach ont trouvé en elle un porte-parole                                           au Festival Musica de Strasbourg il y a peu,
incomparable : « Mon travail sur ce recueil est                                          en attendant celui que Peter Eötvös lui a écrit.
similaire à celui que j’ai effectué avec Beethoven.                                      Loin de s’effrayer d’un répertoire aussi large,
Il s’agit bien sûr d’une œuvre majeure dans le ré-                                       elle s’enthousiasme : « Cela ne peut qu’être enri-
pertoire du violon et j’ai touché à cette musique     Mendelssohn                        chissant, une chance fantastique. Avec chaque
à l’âge de sept ans. Depuis, je n’ai jamais passé     Concerto pour violon,              œuvre que je découvre ou redécouvre, j’ai le sen-
une période prolongée sans jouer au moins une         Symphonie n° 5, Les Hébrides.      timent d’ajouter une couleur supplémentaire à
                                                      Freiburger Barockorchester,
sonate ou une partita. Elle est donc inscrite dans                                       un kaléidoscope, un autre élément à ma person-
                                                      Pablo Heras-Casado (direction).
mon ADN, dirais-je. Certains éléments se déve-        1 CD Harmonia mundi                nalité musicale, à ma personnalité tout court ».
loppent sans que l’on se rende compte. On en ap-
                                                                                                                                • Yutha Tep
                                                                                                                   novembre 2018 cadences         7
ISABELLE FAUST VIOLON FRANÇOIS COUPERIN + ALAGNA & KURZAK - LE CALENDRIER DES CONCERTS ÀPARIS ETEN ÎLE-DE-FRANCE - CADENCES
les concerts
    du mois

                             Ensemble Les Surprises
                             Le 16 novembre (Auditorium du Louvre)
                                                      Le jeune ensemble Les Surprises,
                                                      sous la direction de Louis-Noël Bes-
                                                      tion de Camboulas, a le vent en
                                                      poupe et émerveille par ses couleurs,
                                                      son souffle et la complicité évidente
                                                      qui unit les musiciens. Il propose un
                                                      concert sur la nature dans le réper-

                             © D.R.
                                                      toire baroque. Un thème qui a su
                                                      inspirer bien des compositeurs de
                             l’époque, s’amusant dans le mimétisme des éléments naturels :
                             fracas des tempêtes, murmure des ruisseaux, ondulations du
                             vent… Grandiose, menaçante ou apaisante, la nature paraîtra
                             sous tous ses visages dans des œuvres instrumentales de Ra-
                             meau (extraits de Platée, Les Surprises de l’Amour…), Rebel ou
                             encore de Destouches.

                             Martina Batič, direction
                             Le 18 novembre (Maison de la Radio)
                                                       Arrivée à la tête du Chœur de Radio
                                                       France il y a deux mois, succédant à
                                                       Sofi Jeannin, la cheffe slovène dirige
                                                       un programme romantique alle-
                                                       mand. Elle a déjà eu l’occasion de tra-
                                                       vailler ce répertoire avec le chœur
                                                       l’année dernière, lors d’un concert
                             © Picasa

                                                       qui avait fait parler de lui et qui pro-
                                                       met une collaboration fructueuse
                             pour les trois années à venir. Pour ce concert seront donnés
                             entre autres des Psaumes de Mendelssohn, des Lieder et des
                             Valses de Brahms, Der Feuerreiter de Wolf… Pour accompagner
                             le chœur dans ce voyage musical passionné, deux pianistes
                             seront de la partie : David Selig et la jeune Caroline Marty.

                             Orchestre Français des Jeunes baroque
                             Le 19 novembre (Théâtre des Bouffes du Nord)
                                                     L’Orchestre Français des Jeunes ba-
                                                     roque permet à de jeunes musiciens
                                                     de travailler le répertoire des xviie et
                                                     xviiie siècles sur instruments anciens,

                                                     et auprès des plus grands chefs du
                                                     milieu baroque (Christophe Rousset,
                                                     Paul Agnew…). Aujourd’hui il conti-
                             © D.R.

                                                     nue sur sa lancée avec Rinaldo Ales-
                                                     sandrini à sa tête. Pour ce concert, on
                             pourra entendre les Water Music de Händel, composées pour
                             le roi de Grande-Bretagne George 1er. Ce sont des musiques
                             d’apparat, qui furent jouées pour accompagner une fête sur
                             la Tamise. Les mouvements lents sont empreints d’une grande
                             douceur, tandis que les mouvements de danse brillent de vir-
                             tuosité dans l’ornementation et le rythme. Un monument.

8   cadences novembre 2018
paris

Festival La Dolce Volta
Le 24 novembre (Salle Gaveau)
                          Apparu en 2011, le label La Dolce Vol-
                          ta a toujours mis la barre très haut,
                          ne sortant que quelques albums par
                          an mais qui sont chacun l’aboutisse-
© Jean-Baptiste Millot

                          ment d’un long travail marqué d’une
                          identité forte. Pour son premier fes-
                          tival, le label réunit lors de quatre
                          concerts plusieurs artistes avec qui
                          il collabore : Geoffroy Couteau et le
Quatuor Hermès, qui font partie des jeunes artistes français les
plus en vue de la scène internationale, le jeune prodige belge
Florian Noack, Philippe Cassard et Cedric Pescia qui joueront
du Schubert à quatre mains avec cette élégance racée qu’ils
ont en commun, et Vanessa Wagner, toujours époustouflante
de justesse dans ses interprétations. Le piano est à l’honneur !

Elisabeth Leonskaja, piano
Le 27 novembre (Théâtre des Champs-Élysées)
                         C’est un programme entièrement
                         dédié à Schubert que présente Elisa-
                         beth Leonskaja. Elle interprètera la
                         Wanderer-Fantasie, qui est probable-
© Marc Borggreve

                         ment l’une des œuvres pour piano
                         les plus virtuoses que composa le
                         musicien. Avec son thème tiré du
                         Lied Der Wanderer, la pièce montre
                         une brillance peu commune chez lui.
La Sonate n° 21 D. 960, l’un des autres monuments que Schu-
bert nous a laissés composé deux mois avant sa mort, est aussi
au programme. La Sonate n° 3 D. 459 complète cet ambitieux
concert, à la mesure de la pianiste russe autrichienne, dont
l’aboutissement artistique n’a d’égal que la modestie.

Salieri, Tarare
Le 28 novembre (Cité de la Musique)
                          Bien souvent laissée dans l’ombre de
                          celle de Mozart, la musique d’Antonio
                          Salieri était pourtant appréciée à sa
                          juste valeur de son temps. Elle est au-
© Eric Larrayadieu

                          jourd’hui réhabilitée peu à peu et l’on
                          redécouvre de vrais trésors, comme
                          ce Tarare. Basé sur un livret de Beau-
                          marchais qu’on pourrait dire révolu-
                          tionnaire, l’opéra est une critique du
despotisme et fut pendant longtemps l’un des plus grands suc-
cès de l’Opéra de Paris ! On a hâte de l’entendre par les Talens
Lyriques de Christophe Rousset et les Chantres du CMBV de
Versailles, qui entourent un casting de chanteurs de première
classe. Une première représentation aura lieu à l’Opéra Royal
de Versailles le 22 novembre.

                                                                    novembre 2018 cadences   9
DO s s i e r

                        Debussy
                                                                     Images                                    quatrième prélude du Livre I, renvoie d’ail-
               Les Images sont l’aboutissement du projet musical
         impressionniste de Debussy. Leur matière musicale, tour                                               leurs à Baudelaire (« Les sons et les parfums
        à tour pointilliste ou fauviste, anticipe sur Stravinski et                                            tournent dans l’air du soir »). En effet, il s’agit
                  même, sur la musique aléatoire des années 1960.                                              pour le musicien de faire ressentir non seule-

     D
                                                                                                               ment des impressions auditives, mais aussi des
                onner à la percep-                                                                             perceptions visuelles ou olfactives. Il est pos-
                tion sensorielle la                                                                            sible, par un raisonnement analogique, de défi-
                prééminence sur le                                                                             nir une technique musicale de l’impression-
                mécanisme intellec-                                                                            nisme, la couleur (harmonie, timbre) prenant
     tuel de la conceptualisation et                                                                           comme en peinture le pas sur la ligne (mélodie,
     parvenir ainsi à un authen-                                                                               contrepoint). L’impressionnisme de Debussy a
     tique réalisme : tel fut le projet                                                                        soulevé des polémiques, certains le contestant
     du courant artistique que l’on                                                                            au point de faire du musicien français l’incar-
     dénomme aujourd’hui « im-                                                                                 nation du symbolisme en musique. Ce point de
     pressionnisme ». Il s’illustra                                                                            vue scolastique oppose artificiellement deux
     au départ dans la littérature                                                                             notions qui ne se situent pas sur le même plan.
                                         © United Archives-Leemage

     (Edmond et Jules de Goncourt,                                                                             L’impressionnisme est davantage une question
     Verlaine) ; la peinture emboîta                                                                           de technique ; le symbolisme concerne plutôt
     le pas (Monet et ses amis ex-                                                                             des thèmes d’inspiration. Ainsi L’Après-midi
     posent au salon de 1874). La                                                                              d’un faune ou Pelléas sont-ils des œuvres d’ins-
     prééminence de la couleur                                                                                 piration symboliste utilisant une technique
     sur la ligne et la restitution du                                                                         impressionniste pour traduire les images, les
     stimulus à l’état brut (en pein-                                                                          sentiments et les sensations associés au sujet.
     ture au moyen de la touche
     divisée) s’accompagnent de la dissolution des
     cadres formels fournis par la raison conceptua-
                                                                      Tissée de rêves
                                                                      insaisissables, la musique
                                                                                                                        L’archétype
     lisante. Le flou accompagnant la dilution des                    de ce magicien des sons
                                                                      semble écrite par les fées ou
                                                                                                                  de l’impressionnisme
     formes précises jusqu’ici prévalentes a pour
     conséquence d’accroître l’emprise du rêve sur                    le Dieu Pan en personne…                          en musique
     l’art. L’impressionnisme dissout le réel dans
     le rêve, et débouche même, chez Whistler ou
     le dernier Monet, sur l’art abstrait. Il pourrait
     prendre pour devise cette phrase de l’écrivain
                                                                                                               L    e triptyque orchestral intitulé Images est
                                                                                                                    d’ailleurs, du propre aveu de l’auteur,
                                                                                                               l’aboutissement de ses recherches en matière
     anglais Richard Jefferies : « Ces pensées et ces                                                          d’impressionnisme : il essaie en effet « de faire
     sentiments qui ne sont pas définis avec précision,                                                        autre chose, en quelque sorte des réalités, que les
     mais qui s’entourent d’une brume de distance                                                              imbéciles appellent impressionnisme, terme aus-
     et de beauté, sont toujours les plus précieux. »                 24 novembre –­ Philharmonie              si mal employé que possible, surtout par les cri-
     Compte tenu du décalage avec les autres disci-                   Orchestre National Bordeaux Aquitaine.   tiques qui n’hésitent pas à en affubler Turner, le
     plines artistiques, en musique, le coup d’envoi                  Dir. : Paul Daniel. Henri Demarquette,   plus beau créateur de mystère qui soit en art ! »
     ne fut donné qu’en 1892 par Debussy avec son                     violoncelle. Dutilleux, Tout un monde    (lettre de mars 1908 à l’éditeur Durand) éter-
                                                                      lointain ; Ravel, Boléro.
     Prélude à l’après-midi d’un faune. La théorie                                                             nel provocateur et contempteur des critiques,
     des correspondances est la pierre angulaire                                                               Debussy rejette la terminologie qui demeurait
     de l’impressionnisme musical : l’un des chefs-                                                            alors entachée de la connotation négative de
     d’œuvre de l’impressionnisme debussyste, le                                                               l’exposition de 1874. Dans son livre sur Debussy,

10   cadences novembre 2018
© Roberto Giostra
                                                                                                                                          paris

                                                                                                   © Roberto Giostra
Koechlin contestera encore l’usage du terme ;           L’Orchestre National                       partie centrale, « Iberia », est elle-même un trip-
aujourd’hui, avec le recul, toute nuance péjora-        Bordeaux-Aquitaine sera                    tyque (« Par les rues et par les chemins », « Les
tive a disparu. Cette phrase cruciale constitue         placé sous la direction de                 Parfums de la nuit » et « Le Matin d’un jour de
l’aveu sans équivoque d’un projet de musique            son chef attitré Paul Daniel.              fête »). « Les Parfums de la nuit » est la plus lan-
« impressionniste » ; elle réduit à néant les pon-                                                 goureuse, la plus sensuelle et la plus évocatrice
cifs négationnistes de l’impressionnisme de                                                        de toutes les pièces que l’Espagne inspira à De-
Debussy, aujourd’hui bien éculés. Les Images                                                       bussy. Le début (« lent et rêveur ») rend compte
se composent de trois parties sans liens directs,                                                  des rumeurs les plus ténues flottant dans l’air
chacune se rapportant à un folklore imaginaire           repères                                   de la nuit avec la précision d’un sismographe
propre à trois pays : le Royaume Uni (et plus                                                      (une plainte mélancolique du hautbois perçant
                                                         1862 : naît le 22 août à Saint-Germain-
spécialement : l’écosse) (« Gigues »), l’Espagne         en-Laye
                                                                                                   le voile des accords tenus par les cordes dans
(« Iberia ») et la France (plus spécialement l’Île-                                                le registre aigu, le rythme d’une habanera loin-
                                                         1872-1882 : études au Conservatoire
de-France) (« Rondes de printemps »). Leur               de Paris                                  taine aux bassons et au tambourin). Réfrac-
caractère disparate encourage à les exécuter             1880 : devient précepteur de musique      tant la moindre vibration de l’atmosphère, la
séparément ; « Iberia » est la plus souvent jouée        à Saint-Pétersbourg chez Madame von       musique reste longtemps dans un état de tor-
et a acquis une relative célébrité. Le caractère         Meck, égérie de Tchaïkovski               peur somnolente, de vagues fragments théma-
insaisissable et presque immatériel de leur              1885-1887 : séjour à la Villa Médicis     tiques tissant de leurs fugitives apparitions une
substance musicale (dans ses derniers avatars            à Rome (Prix de Rome)                     texture sonore insaisissable, jusqu’à ce qu’un
(Images et Jeux), l’impressionnisme debus-               1888 : La Damoiselle élue, cantate        motif de tierces fasse irruption, frémissant
syste visait à une « dématérialisation » du son          sur un poème préraphaélite de Dante       de passion, pour mener à un climax intense
                                                         Gabriel Rossetti
et à une trame musicale « tissée de rêves » : un                                                   et expressif. à la fin, avec la transition vers le
aboutissement à mettre en parallèle avec le              1889 : Arabesques pour piano              finale (« Le Matin d’un jour de fête »), dans la
dernier Monet) a dérouté plus d’un auditeur et           1890 : Suite bergamasque pour             joyeuse résonance de cloches et de fanfares par
                                                         piano
l’audition de l’intégralité du triptyque au cours                                                  ton entier, l’impressionnisme atmosphérique
d’un même concert peut être difficile. Turner et         1894 : Prélude à l’après-midi
                                                                                                   fait place à un impressionnisme « truculent »,
                                                         d’un faune
Constable ont été les précurseurs de l’impres-                                                     véritable torrent sonore où jouent des coudes,
                                                         1899 : Trois Nocturnes, premier
sionnisme pictural, et les brumes noyant de                                                        dans une clarté aveuglante, des fragments dé-
                                                         mariage (Lilly)
rêve tel paysage londonien nocturne de Whist-                                                      cousus de chants et de danses. Aucun plan ne
                                                         1902 : Pelléas et Mélisande
ler s’accordent bien avec la prédilection pour le                                                  régit ces lambeaux sonores culbutant les uns
                                                         1903 : Estampes pour piano
rêve, le flou et l’indécis d’une part importante                                                   sur les autres pour se combiner en une sublime
                                                         1904 : Images pour piano, cahier I
de l’art et de la littérature britanniques. Debus-                                                 confusion ; ce véritable « mardi gras » sonore,
sy montra un penchant constant pour cette am-            1905 : La Mer                             conjuguant la technique pointilliste aux coloris
biance très « british » telle qu’elle est décrite par    1907 : Images pour piano, cahier II       rutilants des fauves, anticipe sur les musiques
son ami Gabriel Mourey dans son livre Passé le           1908 : divorce de Lilly, second mariage   aléatoires des années 1960. Dans les « Rondes
                                                         (Emma Bardac)
détroit (Ollendorf, Paris, 1895), et cette atmos-                                                  de printemps », il émane de l’introduction une
phère, humour anglais inclus, imprègne bon               1911 : Le Martyre                         étrange sensation de froid : le printemps est
                                                         de Saint Sébastien
nombre de ses compositions. Les « Gigues » (qui                                                    perçu comme un prolongement de l’hiver au
                                                         1912 : Images pour orchestre,
s’inspirent d’authentiques gigues écossaises)                                                      travers duquel le retour de la vie peine à se
                                                         Préludes pour piano
sont particulièrement illustratives d’un état                                                      frayer une voie. Des particules thématiques aux
                                                         1913 : Jeux (poème chorégraphique)
d’esprit ambigu, à la fois triste et doucement                                                     bois sont gagnées par une effervescence ver-
                                                         1915 : Etudes pour piano
ironique, qui laisse entrevoir les évolutions                                                      nale au-dessus d’un trémolo en harmoniques
                                                         1917 : Sonate pour violon
d’un Pierrot triste au travers des volutes d’un                                                    des cordes, qui suggère le dégel : un passage
                                                         et piano
brouillard londonien moiré de soleil à l’image                                                     prémonitoire du Sacre du printemps.
                                                         1918 : meurt d’un cancer
de certaines vues londoniennes de Whistler. La
                                                                                                                                    • Michel Fleury
                                                                                                                            novembre 2018 cadences        11
voix

     Alagna & Kurzak
     Les voix de l’amour
            L’un et l’autre au sommet de
             leur art, Roberto Alagna et
            Aleksandra Kurzak forment
          un couple lyrique qui fait les
         délices de la cohorte de leurs
         admirateurs. Dans le cadre des
            Grandes Voix au Théâtre des
          Champs-Élysées, ils proposent
           un récital commun, reflet de
         leur enregistrement puccinien
           qui paraît en ce moment sous
                          étiquette Sony.

     À
                 la question de savoir à quels extraits
                 de leur nouveau disque Puccini publié
                 par Sony Classical, vont leurs préfé-
                 rences, Roberto Alagna et Aleksandra
                                                               © SONY

     Kurzak répondent d’une seule voix : « Fanciulla
     et Tabarro ! ». Il s’agit bien sûr des duos Minnie
     che dolce nome de La Fanciulla del West et E bel
     altro il moi sogno de Il Tabarro. Tout au long de
     l’entretien, les signes de complicité se multiplie-
                                                               Aleksandra Kurzak et
                                                               Roberto Alagna forment
                                                                                                                  La musicienne
     ront, illustrant les affinités humaines naturelle-        un couple, à la scène
                                                               comme à la ville, mais
                                                                                                                  et le chanteur
     ment, mais aussi artistiques que ces deux-là par-

                                                                                                       À
     tagent. Cet enregistrement s’affirme le résultat          les Parisiens devront                         vrai dire, cet enregistrement constitue
                                                               attendre mars 2019 pour
     d’une passion commune, en premier lieu pour                                                             certainement une entreprise singulière,
                                                               les voir réunis de nouveau.
     Aleksandra : « Pour moi, ce disque est un rêve qui                                                comme le souligne le ténor tout en décrivant
     se réalise. Je suis tombée amoureuse de Puccini                                                   leurs intentions musicales : « Il me semble que
     dès la tendre enfance. J’ai eu un plaisir presque                                                 c’est la première fois que l’on fait un disque de
     animal à l’enregistrer ». Son Roberto adoré n’est                                                 duos de Puccini, ce qui prouve sans doute la diffi-
     pas moins satisfait : « Avec tout ce que j’ai chanté                                              culté de la démarche. On peut faire beaucoup d’ef-
     jusqu’à maintenant, je trouve presque miracu-                                                     fets dans Puccini mais cela peut devenir un peu fa-
     leux d’avoir encore la possibilité de faire quelque                                               tiguant. Nous avons cherché au contraire à rester
     chose comme ce disque. Il y a évidemment une dif-                                                 sobre, aussi bien dans le chant qu’à l’orchestre.
     férence d’âge, une différence de répertoire aussi.                                                Nous avons cherché également des tempi qui ne
     Malgré tout cela, nous entrons dans une musique                                                   s’étirent pas, avec du mouvement, et de chanter
     commune avec des voix qui s’accordent parfaite-                                                   avec des voix fraîches sans effet appuyé ». Et Alek-
     ment. Cela semble un détail mais je vous assure                                                   sandra de renchérir : « L’intention était de vrai-
     que pour des chanteurs, c’est essentiel. Je pourrais                                              ment traduire la musique telle qu’elle est écrite
                                                               6 novembre – Théâtre
     par exemple avoir une voix plus sombre, moins                                                     dans la partition. Quand il est écrit mezzo voce, je
                                                               des Champs-Élysées
     brillante qui n’irait pas avec la sienne, un phrasé                                               chante mezzo voce. Si je lis pianissimo, je chante
                                                               Roberto Alagna, ténor ; Aleksandra
     ou un goût complètement différents du sien. Or, ce        Kurzak, soprano. Orchestre Lamoureux.   pianissimo. Souvent, nous avons un Puccini chan-
     n’est pas le cas et j’en suis tous les jours le premier   Dir. : Emmanuel Plasson.                té avec une grande voix, mais en permanence
     surpris ».                                                Puccini, airs et duos d’opéras.         dans la nuance forte et sans changement de cou-

12   cadences novembre 2018
paris

leur. Or, la musique de Puccini, c’est la couleur ».
Cette rigueur musicale a toujours figuré parmi
les éminentes qualités de la soprano, un fait que
son époux ne manque pas de mettre en avant :
« Aleksandra a un passé d’instrumentiste que l’on
entend dans son chant et dans sa phrase musicale.
Elle a été premier violon dans un orchestre et elle
est habituée à mener. Nous avons fait récemment
un Falstaff tous les deux et il était impressionnant
de constater à quel point Aleksandra en Alice tient
tout le monde dans les ensembles. Dans les duos,
elle insuffle toute cette rigueur alors que moi,
j’apporte peut-être le brin de folie, de flamme de
l’interprète ». L’affection de la soprano polonaise
pour son passé d’instrumentiste est patente :
« J’avoue que je suis une obsédée du rythme. Toute
ma jeunesse, et j’ai commencé le violon à l’âge de
sept ans, j’ai fait de la musique avec mon père à
côté de moi. Il était corniste et dans un orchestre,
le corniste doit être très précis. Mon père était un
véritable dictateur sur ce point. Roberto, lui, c’est
le chanteur. Il m’a dit un jour : tu sais, Aleksan-
dra, tu es une musicienne mais il faudrait que tu
sois aussi une chanteuse. Il a raison : un musicien
manque parfois d’un certain laisser aller ».

          Une voix claire

O     n n’attendait peut-être pas Aleksandra Kur-
      zak dans des rôles tels que Minie de La Fan-
ciulla del West ou encore Tosca, rôles distribués
à des sopranos dramatiques. Roberto Alagna
n’adhère pas totalement à cette tradition : « Le
problème est que les héroïnes pucciniennes sont
des jeunes filles mais avec des parties vocales dra-
matiques. Même Minnie dans La Fanciulla est une
jeune fille ! C’est la même chose pour les ténors :
on aime beaucoup aujourd’hui les voix sombres
et dramatiques, et moi-même j’adore certains
chanteurs comme Jon Vickers. Mais en réalité, les
personnages sont des jeunes hommes qui doivent
avoir une voix claire, comme l’étaient celles de Pa-
varotti ou Georges Thill, parce qu’ils représentent
la jeunesse ». Il va sans dire qu’Aleksandra a
mûrement réfléchi sur cette question : « Quand
on regarde vraiment l’écriture du rôle de Butter-
fly, on constate que c’est très différent de ce qu’on
a maintenant l’habitude d’entendre. Dans ce rôle,
je trouve qu’on a besoin de ressentir une certaine
fragilité. Quant au duo de Tosca, j’ai essayé de
chercher pas tant la légèreté de la voix que celle
du texte. Dans chaque mot que Tosca chante
dans ce passage, elle est coquette et séductrice ».
Vous savez ce qui vous attend le 6 novembre.
                                      • Yutha Tep
                                                        novembre 2018 cadences   13
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