Israël-Palestine : que faire après le cessez-le-feu ? - Reforme.net
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Publié le 26 mai 2021(Mise à jour le 28/05) Par Guillaume de Morant Israël-Palestine : que faire après le cessez-le-feu ? Alors qu’un énième cycle de violence vient de prendre fin en Israël, se pose la question d’une solution politique à long terme. Sur ce chemin de paix, le rôle de la communauté internationale sera déterminant. Après onze jours de bombardements entre Gaza et Israël, un fragile cessez-le-feu a été établi par l’intermédiaire de l’Égypte. Le Hamas n’envoie plus ses roquettes sur Jérusalem et l’armée israélienne, qui répliquait de manière disproportionnée en détruisant des immeubles à Gaza, a cessé elle aussi ses attaques aériennes. Sur le plan humain, le bilan est inégal : en Israël, le « Dôme de fer » déployé par l’armée de défense israélienne a permis d’éviter des dizaines de victimes. On compte 12 tués, parmi lesquels un enfant de 6 ans et une adolescente arabe israélienne de 16 ans. Il n’en va pas de même à Gaza, où 243 Palestiniens dont des familles et 66 enfants ont été tués par les frappes israéliennes. Le calme semble être revenu, mais le problème reste entier : quel avenir pour la Palestine ? Vingt-huit ans après les accords d’Oslo, plus personne n’entend parler de ce processus de paix, de cette solution à deux États qui devait conduire à créer un État palestinien indépendant. « À voir la situation actuelle, même s’il y avait
deux États réellement constitués et reconnus, l’État palestinien ne serait pas viable, analyse Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Moyen-Orient. La prolifération des colonies avec 700 000 colons juifs, les routes réservées que les Palestiniens n’ont pas le droit d’emprunter, spécialement en Cisjordanie, rendent l’hypothèse intellectuelle d’un État palestinien assez peu probable. Sauf si les Israéliens acceptaient le démantèlement de toutes les colonies, ce qui est inenvisageable à ce stade. » Recomposition politique en Palestine Alors que la cocotte monte à ébullition, que des affrontements ont eu lieu entre musulmans et juifs dans des villes dites mixtes, où ils cohabitent habituellement sans heurts, la politique israélienne apparaît de plus en plus au grand jour. Didier Billion assume le terme d’« apartheid », qui est maintenant utilisé par des organisations comme B’Tselem, Human Rights Watch et même repris par Jean- Yves Le Drian ce lundi. La France a été étonnamment silencieuse et les tardives déclarations du ministre des Affaires étrangères ont été reçues avec beaucoup de scepticisme. « C’est le cavalier de la 25e heure. Mais que propose la France pour créer cet État palestinien et que propose la communauté internationale ? » se demande le spécialiste. L’exaspération, ajoutée aux souffrances dues au blocus de Gaza, est telle que la Palestine est proche d’une recomposition politique. Cisjordaniens, Gazaouites, Palestiniens d’Israël, appuyés par la diaspora, pourraient constituer un front commun. « Pas mal d’indicateurs montrent que cette réunification politique pourrait avoir lieu, poursuit Didier Billion. Aux élections législatives annulées [par Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, NDLR], il y avait 36 listes de la société civile. Ce n’est pas l’apathie ! Il y a de fortes mobilisations citoyennes, avec toute une graduation de recompositions politiques. Le citoyen palestinien a d’autres choix que de jeter des pierres ou assassiner des Juifs dans la rue. » En toile de fond se dessine une virulente contestation de l’Autorité palestinienne, devenue inaudible et qui ne pèse plus rien, ainsi qu’un essor du Hamas, « avec lequel il faudra bien un jour négocier », selon le spécialiste. Une solution politique ne pourra naître sans de très fortes pressions de la communauté internationale. La faiblesse de l’ONU est patente, des dizaines de
résolutions n’ont jamais été appliquées. Joe Biden, le nouveau président américain, s’est opposé à ce qu’une résolution du Conseil de sécurité puisse être présentée et les autres pays ont obtempéré. « Je ne vois pas de solution politique, encore moins de solution militaire. Il faut renouer avec la négociation diplomatique et la pression des sociétés civiles, poursuit Didier Billion. Par exemple, on sait que les stratèges militaires israéliens craignent les mouvements comme Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) parce qu’ils s’attaquent à l’image d’Israël à l’international. C’est ce type de rapport de force qui pourrait contraindre Israël à changer de politique. » Lire également : Israël-Palestine : « Rien n’est figé, pour le meilleur ou pour le pire » Le secrétaire d’État américain Antony Blinken en Égypte : “le Hamas n’a apporté que misère et désespoir à Gaza” Israël-Palestine: les deux camps revendiquent le cessez-le-feu comme une victoire Israël-Palestine : « Rien n’est réglé sur le fond », entretien avec Alain Dieckhoff L’ONG Human Rights Watch accuse Israël de “crimes d’apartheid” contre les Palestiniens Aïd el-Fitr : des festivités assombries par la crise israélo-palestinienne
Publié le 15 mai 2019(Mise à jour le 15/05) Par Guillaume de Morant Tests ADN : réflexions de généticiens français Des généticiens français pointent les limites des tests et contestent la méthode et l’interprétation. Une chose étonnante avec les tests ADN, c’est qu’ils reposent sur une littérature scientifique parfaitement valide. « Les données ethniques, c’est très sérieux, en analysant un profil ADN, nous n’avons aucun problème pour discerner les groupes d’origine, des Bretons, des Basques, des Chinois ou des Pygmées », explique Guillaume Vogt, généticien, chargé de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), directeur du laboratoire Neglected Human Genetics (NHG). « On sait que les gens ne se mélangeaient pas, donc on peut observer l’évolution génétique de groupes sur une certaine période. » Mais si les données historiques sont sérieuses, pour Guillaume Vogt, la constitution des bases de données l’est beaucoup moins : « Les informations personnelles recueillies reposent sur les déclarations invérifiables des clients. Le déclaratif, ce n’est pas scientifique, car c’est improuvable. Et il existe de nombreux biais de recrutement. Comme ces bases de données ont du succès auprès de populations
blanches nord-américaines, elles sont très pauvres en renseignements sur d’autres populations, d’autres peuples encore peu ou jamais testés, quasiment rien sur l’Afrique et peu d’analyses fiables encore sur l’Asie. » Paul Verdu, généticien chargé de recherche au CNRS, au laboratoire du Muséum national d’histoire naturelle – musée de l’Homme, à Paris, fulmine : « C’est vrai, tout cela a un fond scientifique, les données brutes et l’analyse ADN sont fiables. Et pour cause, ces laboratoires utilisent mes propres équations ! Ce qui ne va pas, c’est la méthode et l’interprétation. Je veux bien que certains collègues fassent du business, mais là, c’est très superficiel. Obtenir de vrais résultats nécessiterait beaucoup de travail et d’énormes moyens en laboratoire. La génétique des populations, c’est très complexe, c’est une discipline en soi. » Car les méthodes utilisées pour faire de la recherche et celles utilisées par les opérateurs commerciaux de l’ADN sont très différentes. « Quand nous faisons du séquençage des parties codantes du génome, eux font du génotypage très rapide avec des puces haute densité », détaille Guillaume Vogt. Faire du séquençage revient d’ailleurs beaucoup plus cher, entre 200 et 300 euros le test, tandis que le génotypage coûte dans les 30 euros. « Le séquençage est précis et fiable, car nous revenons suffisamment de fois sur la même séquence pour avoir des certitudes. Le génotypage est beaucoup plus flou. La capture par hybridation, cela provoque des erreurs, environ une pour 500 à 1 000 cas. Mais obtenir de faux résultats à cause de la marge d’erreur, finalement ce n’est pas très important, si c’est juste pour retrouver ses origines ethniques. » C’est en revanche beaucoup plus grave s’il s’agit de savoir si l’on a des prédispositions à certaines maladies. Paul Verdu bondit : « Les résultats proposés par 23andMe par exemple sont beaucoup trop vagues. Ils mélangent des choses certaines et incertaines. Ils ont d’ailleurs été un temps interdits par le gendarme américain de la santé, la Food and Drug Administration. De plus, c’est très léger de la part de ces entreprises de vendre des analyses comme celles-ci, sans conseil d’un généticien ni d’un médecin .»
Publié le 15 mai 2019(Mise à jour le 15/05) Par Guillaume de Morant L’avis de la pasteure Esther Lenz sur les tests génétiques Esther Lenz, pasteure et inspectrice ecclésiastique, s’interroge sur l’utilité des tests ADN à but récréatif. Quel regard portez-vous sur ces nouvelles utilisations « récréatives » de l’ADN ? Je ne suis absolument pas une spécialiste, j’insiste sur mon incompétence dans ce domaine scientifique, mais je veux bien y apporter mon regard de pasteure. Par les réseaux sociaux, j’ai vu arriver des publications sur l’ADN. Des gens font tester leur génome, ils publient leurs résultats, et comme cela, des commentaires arrivent, des discussions s’amorcent sur leurs origines géographiques ou ethniques. Cela ne me pose pas de question, si le sens de tout ça ne leur échappe pas, si ça leur permet de poser un regard sur la mixité de leurs origines, la mixité de leur réalité humaine. Cependant vous redoutez des dérives ? En réalité, ces analyses ADN répondent à une profonde interrogation, celle de notre identité. Est-elle génétique, biologique ou d’abord relationnelle ? Ce que je
redoute le plus, puisque nous ne vivons pas dans le Royaume de Dieu, c’est que cette utilisation de l’ADN réduise ce que je suis à ma simple identité génétique. Il ne faudrait pas qu’elle m’induise en erreur pour finalement comprendre de moi- même uniquement l’addition de mes composantes corporelles, chair, sang et os, analysée jusqu’au plus profond de chacune de mes cellules. Or, comme me l’enseigne la lecture de la Bible, mon identité est d’abord relationnelle. Ce n’est pas une simple somme de gènes, ni une analyse de mes variations génétiques, aussi instructive soit elle. Mon identité, c’est ma relation à mon monde, à mon Dieu et à mes frères et sœurs en humanité. Quelles limites éthiques poser à l’utilisation des données de notre corps ? Il faudra certainement encadrer l’utilisation de ces tests. Dans l’interprétation des données, il faudra faire en sorte qu’une finalité soit bien respectée, celle de toujours protéger le plus faible. Il faudra aussi beaucoup informer, éduquer et faire comprendre que ces données ne sont rien en soi. Elles doivent rester un simple outil, il ne faut pas les absolutiser, leur donner plus d’importance ou de sens qu’elles n’en ont. Va-t-on vers une domination de l’inné sur l’acquis, une domination des relations imposées par l’ADN sur la construction des relations au fil du temps ? Oui, il y a danger à se réduire à l’homme naturel au galop et affaiblir ce que la force biblique nous dit : être appelé à devenir un autre par la relation que l’on tisse. Notre avenir ne dépend pas de notre capital génétique, mais il dépend de l’avenir ouvert dans la rencontre. Cela va-t-il changer la façon d’être ensemble ? Si l’on absolutise, si on hiérarchise, oui cela va changer notre manière d’être ensemble. Mais il faut nuancer. J’ai l’impression que cette manière ludique d’aborder les origines peut provoquer des prises de conscience. Si j’accepte la mise en lien avec moi-même, c’est cohérent. Découvrir que je suis africain à 15 %, hongrois à 22 % ou que j’ai un pourcentage de gènes indonésiens, cela me ramène à mon lien vers l’universalité. Mais la découverte peut être inversée, retournée. Tout est une question d’interprétation. Certains pourraient être tentés de croire que tel gène l’a emporté parce qu’il était supérieur. Mais il n’y a pas de
supériorité d’un génome sur un autre. Propos recueillis par Guillaume de Morant Publié le 15 mai 2019(Mise à jour le 15/05) Par Guillaume de Morant ADN et généalogie : faut-il prendre au sérieux les tests génétiques ? La recherche généalogique via les tests ADN pose de nombreuses questions. L’ADN généalogique permet des retrouvailles étonnantes. Parmi des dizaines d’exemples, celui de David Zapatta est hors norme. Cet enfant, né au Vietnam en 1968 et adopté en 1970 par une famille française, a retrouvé son père biologique, 50 ans plus tard… par l’ADN ! La cinquantaine venue, ce comptable de la Côte d’Azur, métis eurasien, était tourmenté par la question de ses origines. Hélas, les registres de l’orphelinat de Saigon tenus par les sœurs de Saint-Paul de Chartres laissaient filtrer peu d’informations : rien sur son père tandis que sa mère était inscrite sous un faux nom.
Quatre opérateurs Faute de documents probants, David a eu l’idée de se procurer un test ADN. Les résultats ont dépassé toutes ses espérances. Après avoir publié son profil sur plusieurs sites, il a eu la surprise de recevoir un message d’un Américain de 30 ans dont l’ADN était incroyablement proche. Et pour cause : c’était son cousin germain ! Mis en contact avec l’oncle de celui-ci, un couvreur à la retraite nommé Kelly, David l’a convaincu de passer à son tour un test ADN. La génétique ne ment pas, cet ex-G.I. au Vietnam était à 100 % son père biologique. Et Kelly, après avoir rassemblé ses souvenirs et levé les derniers doutes, a ouvert ses bras sans réserve à ce fils dont il ignorait l’existence. Sans vouloir vivre une aventure aussi extraordinaire que David Zapatta, des centaines de milliers de curieux se laissent tenter chaque année par les tests génétiques. Début 2019, plus de 26 millions de consommateurs avaient déjà fait leur test, principalement aux États-Unis. En France, on estime entre 100 000 et 200 000 le nombre de nos compatriotes ayant déjà succombé à l’attrait de l’ADN. Quatre principaux opérateurs se disputent ce nouveau secteur : trois américains, 23andMe, Ancestry, et Family Tree DNA et un israélien, MyHeritage. C’est ce qu’on appelle la « génétique récréative », en opposition aux utilisations plus sérieuses de l’ADN, médicales notamment. Mais pourquoi ces tests remportent-ils autant de succès ? L’envie de mieux se connaître soi-même ou de résoudre des énigmes familiales joue certainement. Mais les candidats au profilage ADN sont aussi attirés par un autre facteur : la baisse drastique des prix. Il y a encore 10 ans la moindre analyse génétique était facturée des milliers d’euros, alors qu’on peut aujourd’hui se faire tester pour moins de 100 euros, voire 50 euros en période de promotion. À ce prix, l’ADN est devenu un produit de consommation courante. Aux États-Unis, on l’offre en cadeau de Noël ou d’anniversaire ! En France, cette frénésie de l’ADN est ralentie par un problème de taille, puisque c’est tout simplement interdit. La loi réserve le profilage génétique à la recherche scientifique et médicale ou à l’enquête judiciaire. Selon l’article 226-28-1 du code pénal, tout client s’expose à une amende de 3 750 euros. Il y aurait de quoi faire reculer ceux qui veulent commander leur test par correspondance, aux États- Unis, en Suisse ou en Grande-Bretagne. Mais ce détail est passé sous silence par
les opérateurs qui, comme MyHeritage, font de la publicité à la télévision française. Toutefois, la probabilité d’être poursuivi comme consommateur reste assez faible. Origines ethniques Les opérateurs commerciaux pensent de leur côté ne pas être dans l’illégalité, puisque rien de ce qui est interdit en France n’est réalisé sur le sol français. En effet, pour passer un test, il suffit de le commander par Internet en vous inscrivant sur un site généralement américain, parfois britannique ou suisse. Vous recevez ensuite chez vous par la Poste, un tube et une brossette. Avec celle-ci, vous vous frottez soigneusement l’intérieur de la joue, puis vous glissez votre échantillon dans son emballage stérile et renvoyez le tout à un labo aux États- Unis. Quelques semaines plus tard, vous consultez les résultats en ligne dans votre espace privé. Mais qu’obtient-on pour une poignée d’euros, quels sont les résultats de ces tests génétiques ? Ils proposent trois types de résultats, dont certains sont assez controversés. Arrive en premier la présentation de vos origines géographiques anciennes, les Américains appellent cela des origines ethniques, car cela peut permettre de prouver son appartenance à une minorité, par exemple une ancestralité apache ou comanche qui ouvre des droits. La sénatrice Elisabeth Warren a dû publier son test ADN pour répondre à Donald Trump l’accusant d’être une usurpatrice. L’ADN a parlé, elle mérite bien l’aimable surnom de Pocahontas dont l’avait affublée le président américain. Mais cette notion ethnique étant strictement prohibée en France, les sites des vendeurs de kits, traduits en français, parlent pudiquement d’« origines géographiques ». Les mises en relation On vous apprend par exemple que vous êtes à 93,2 % ouest et nord-européen et à 6,8 % ibère, ou bien 73 % irlandais et gallois, 17 % grec et italien du Sud, mâtiné d’un soupçon de gènes juifs ashkénazes ou indonésiens. Certains opérateurs comme 23andMe poussent l’analyse jusqu’au loufoque et vous présentent le nombre de vos segments d’ADN en commun avec l’homme de Néanderthal. En réalité, ces pourcentages géographiques ou ethniques sont un tissu de
banalités bien éloignées de la génétique des populations, la discipline scientifique dont ils empruntent les travaux (lire p. 10). Et ramenés à de la généalogie, ils n’offrent finalement que peu d’intérêt, car ils ne fournissent aucune précision sur les branches de votre famille vous ayant transmis ses gènes, ni les dates de leurs migrations. Beaucoup plus sérieux et utilisables sont les deuxièmes types de résultats, les mises en relation. Après avoir accepté de publier votre profil sur la base de données de votre opérateur, vous recevez des alertes de « présomption de cousinage ». Le site vous met alors en relation par courriel avec des gens partageant un segment d’ADN avec vous. L’unité de mesure génétique est le centimorgan (cM) : plus le nombre de cM est élevé, plus le lien de parenté est proche. C’est comme cela que David Zapatta a retrouvé son cousin germain, puis son père biologique. Des contacts aussi directs sont rares. En général, ce sont plutôt des cousins génétiques très éloignés, dont le lien de parenté est quasi impossible à établir. Mais les bases de données s’étoffant, la probabilité de trouver des parents vraiment proches augmente de jour en jour. Une étude récente parue dans la revue Science affirme que les bases génétiques actuelles permettent déjà d’identifier un Américain sur deux… Mutations génétiques Le troisième et dernier résultat révélé par un test ADN est votre probabilité de développer certaines maladies, cancers de la prostate, du sein, atteintes neurodégénératives, etc. C’est la partie la plus controversée de l’ADN « récréatif ». S’il est tout à fait exact que l’ADN peut permettre de connaître, dans certains cas, les prédispositions à développer ces maladies, ce sont plutôt des exceptions de mutations génétiques, hélas bien connues. La mutation BRCA 1 et 2 a par exemple conduit l’actrice Angelina Jolie à procéder préventivement à l’ablation de sa poitrine. Attention aux résultats parfois affolants présentés par le spécialiste 23andMe : les généticiens disent tous que c’est tellement peu précis, à part ces quelques mutations génétiques bien connues, qu’il est contre-productif d’alerter le grand public pour une probabilité inférieure à 1 %… Le reste des « analyses médicales par l’ADN » est de la même eau : ne va-t-on pas jusqu’à évoquer votre réflexe « cacao-sternuateur », votre probabilité d’éternuer lorsque vous mangez du chocolat ?
Passer un test ADN n’est donc pas sans risques. Toutefois, en France, celui, juridique, d’écoper d’une amende de 3 750 euros est assez faible. À ce jour, aucun procureur n’a encore poursuivi de clients de la génétique récréative. D’ailleurs, l’interdiction des tests ADN en France pourrait être levée cet été à la faveur de la révision de la loi sur la bioéthique. Une étude du Conseil d’État préconise de faire évoluer le droit, tout comme un rapport d’une commission parlementaire qui va dans le même sens. Le principal risque est ailleurs, celui de voir son profil génétique récupéré et vendu pour des utilisations détournées. En 2018, GlaxoSmithKline a payé 300 millions de dollars à 23andMe pour accéder exclusivement aux données de ses 5 millions de clients. Si les tests ne sont pas chers, c’est que c’est vous, le produit ! À lire Généalogie et Génétique. La Saga de l’humanité : Migrations, Climats et Archéologie Jean Chaline Ellipses, 384 p., 39 €.
Vous pouvez aussi lire