Jonas Kaufmann Diana Damrau Helmut Deutsch - Dimanche 3 avril 2022 - 18h00

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GR ANDE SALLE PIERRE BOULEZ –­ PHILHAR MONIE

       Dimanche 3 avril 2022 – 18h00

  Jonas Kaufmann
   Diana Damrau
  Helmut Deutsch
Jonas Kaufmann, Diana Damrau et Helmut Deutsch – © Julia Wesely
Programme
Love Songs
Robert Schumann (1810-1856)
Widmung – extrait de Myrthen op. 25 no 1
Jemand – extrait de Myrthen op. 25 no 4
Geständnis – extrait de Spanisches Liederspiel op. 74 no 7
Der Nussbaum – extrait de Myrthen op. 25 no 3
Resignation – extrait de Drei Gesänge op. 83 no 1
Liebeslied – extrait de Lieder und Gesänge op. 51 no 5
Stille Tränen – extrait de 12 Gedichte op. 35 no 10

Johannes Brahms (1833-1897)
Verzagen – extrait de Fünf Gesänge op. 72 no 4
In Waldeseinsamkeit – extrait de Sechs Lieder op. 85 no 6
Nachtigall – extrait de Sechs Lieder op. 97 no 1
Ach, wende diesen Blick – extrait de Acht Lieder und Gesänge op. 57 no 4
Es träumte mir – extrait de Acht Lieder und Gesänge op. 57 no 3
Meerfahrt – extrait de Vier Lieder op. 96 no 4
Anklänge – extrait de Sechs Gesänge op. 7 no 3
Robert Schumann
In der Nacht – extrait de Spanisches Liederspiel op. 74 no 4
Entflieh mit mir und sei mein Weib – extrait de Tragödie op. 64 no 3/1
Es fiel ein Reif in der Frühlingsnacht – extrait de Tragödie op. 64 no 3/2
Auf ihrem Grab, da steht eine Linde – extrait de Tragödie op. 64 no 3/3
An den Abendstern – extrait de Mädchenlieder op. 103 no 4

ENTR ACTE

Johannes Brahms
Vergebliches Ständchen – extrait de Fünf Romanzen und
Lieder op. 84 no 4
Serenade – extrait de Vier Gesänge op. 70 no 3
Therese – extrait de Sechs Lieder op. 86 no 1
O komme, holde Sommernacht – extrait de Acht Lieder
und Gesänge op. 58 no 4
Geheimnis – extrait de Fünf Gesänge op. 71 no 3
Wir wandelten – extrait de Vier Lieder op. 96 no 2

Robert Schumann
Er und sie – extrait de Vier Duette op. 78 no 2
Mein schöner Stern – extrait de Minnespiel op. 101 no 4
Lied der Suleika – extrait de Myrthen op. 25 no 9
Ihre Stimme – extrait de Fünf Lieder op. 96 no 3
Liebster, deine Worte – extrait de Minnespiel op. 101 no 2
Lehn‘ deine Wang an meine Wang – extrait de Vier Gesänge
op. 142 no 2
Verratene Liebe – extrait de Fünf Lieder op. 40 no 5
Johannes Brahms
Weg der Liebe – extrait de Drei Duette op. 20 no 2
An die Tauben – extrait de Lieder und Gesänge op. 63 no 4
Die Liebende schreibt – extrait de Fünf Lieder op. 47 no 5
Sehnsucht – extrait de Acht Lieder und Romanzen op. 14 no 8
Meine Liebe ist grün – extrait de Neun Lieder und Gesänge op. 63 no 5
Versunken – extrait de Sechs Lieder op. 86 no 5
Von ewiger Liebe – extrait de Vier Lieder op. 43 no 1
Die Boten der Liebe – extrait de Vier Duette op. 61 no 4

Jonas Kaufmann, ténor
Diana Damrau, soprano
Helmut Deutsch, piano

Coproduction Les Grandes Voix, Philharmonie de Paris.

FIN DU CO N CERT VERS 20 H 0 0.

Livret page 14.
Les œuvres
Lorsque Johannes Brahms fait la connaissance de Robert Schumann, le 1er octobre 1853,
il lui joue ses compositions pour piano et ses premiers lieder. « Un génie », s’exalte l’aîné,
persuadé d’avoir rencontré son héritier. Mais si le lied occupe une place de premier plan
dans l’œuvre des deux musiciens, dont il reflète les sentiments les plus intimes, il révèle
également une appréhension différente des textes poétiques.

      Pour l’amour d’une femme

Élève de Friedrich Wieck à partir de 1828, Schumann fait la connaissance de sa fille
Clara et noue bientôt une tendre complicité avec l’enfant de 9 ans. Puis l’affection se mue
en un amour partagé. Mais Schumann rêve à des figures inaccessibles et désincarnées.
« Les jeunes filles sont un mélange d’ange et d’être humain », déclare-t-il en 1839. L’année
suivante, il cite l’Ave Maria de Schubert dans le postlude pianistique de Widmung.
Nombre de ses lieder assimilent d’ailleurs la femme aimée à une sainte. En 1851, les
vers d’Elisabeth Kulmann l’enthousiasment parce que cette poétesse, morte à l’âge de
17 ans, représente pour lui un être quasi céleste, un Wunderkind [enfant prodige] comme
l’était Clara vingt ans plus tôt.
Lorsque Schumann brigue la main de sa bien-aimée, il se heurte au refus de Wieck. La
Saxe de l’époque exigeant le consentement des deux parents pour autoriser le mariage, il
engage alors une procédure judiciaire, seule possibilité d’obtenir gain de cause. Éloigné
de Clara que Wieck lui interdit de voir, il compose en 1840 un exceptionnel bouquet
de lieder : plus de 130 numéros, inspirés par sa muse. De telles offrandes comblent
Clara, laquelle répond, après avoir reçu Der Nussbaum : « C’est le lied le plus tendre
qu’on puisse imaginer et, bien que parfaitement naturel, si réfléchi – je l’ai déjà chanté
aujourd’hui je ne sais combien de fois et je l’adore. »
Dans ses lieder, Schumann confie ses espoirs, mais se projette aussi dans le destin tragique
des amants de Tragödie. Au moyen d’harmonies ambiguës et de rythmes instables, il
traduit l’impression d’apparences trompeuses et d’états d’âme changeant sans cesse. Le
1er août 1840, le tribunal tranche définitivement en sa faveur. Le 11 septembre, veille
de son mariage, Robert offre à Clara les lieder de Myrthen, couronne nuptiale tressant
des poèmes de divers auteurs allemands et anglo-saxons. L’intensité de sa lutte l’au-
rait-elle brisé ? « Toi mes délices, toi ma douleur », chante Widmung, au début du cycle.

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En octobre 1840, Schumann confie que « perpétuellement, la balance oscille entre joie
et douleur ». Mais quelques semaines après, il reprend espoir en rêvant à une fusion
entre l’âme et la nature (Stille Tränen).

Les grands thèmes du romantisme allemand reflètent également les sentiments intimes de
Brahms : l’amour parfois confiant (Geheimnis, Weg der Liebe, Die Boten der Liebe), souvent
déçu, ou du moins tourmenté (Serenade, Versunken, Ach, wende diesen Blick) ; la nuit,
propice aux confidences (Geheimnis, Von ewiger Liebe, O komme, holde Sommernacht) ;
la solitude dans la nature, miroir des états d’âme (Verzagen, Meerfahrt, Meine Liebe ist
grün). Mais jamais le musicien n’épousera l’une des femmes qu’il aime, ni Julie Schumann
(fille du compositeur), ni Agathe von Siebold (inspiratrice de Weg der Liebe, Die Liebende
schreibt et Sehnsucht). Soit ses sentiments ne sont pas partagés, soit il hésite à s’engager
et finit par renoncer. Ou bien l’aimée tourne le dos, découragée par les atermoiements
du velléitaire. Pouvait-il en être autrement ? Brahms voue son seul véritable amour à
l’épouse de Schumann, de quatorze ans son aînée. L’écart pouvait lui rappeler celui
entre ses propres parents, puisque sa mère avait dix-sept ans de plus que son père. En
1873, il met en musique Meine Liebe ist grün. Le poème de Felix Schumann, son filleul
(né en juin 1854, alors que Schumann était déjà interné à l’asile d’Endenich), lui inspire
l’un de ses lieder les plus ardents, qu’il dédie à Clara. « Je t’aime plus que moi-même,
plus que quiconque et plus que tout au monde », écrit-il à celle-ci. Mais sa passion rime
avec dévotion, envers Robert et sa veuve, par conséquent inaccessible. Quant à Clara,
elle reste fidèle à l’époux par-delà la mort. Si le jeune musicien aux allures androgynes
l’éblouit lorsqu’il fait irruption dans son existence en 1853, c’est aussi parce qu’il incarne
une sorte de fils idéal.

Les lieder de Schumann et de Brahms sont avant tout l’expression d’un « je » masculin.
Mais ils donnent de temps en temps la parole aux femmes, sur des vers de poètes mas-
culins toutefois : Jemand, Liebeslied, Er und sie et Liebster, deine Worte chez Schumann ;
Therese et Die Liebende schreibt chez Brahms. Quelques rares poétesses, comme Elisabeth
Kulmann, se glissent çà et là. Quant à Marianne von Willemer, ses poèmes furent attribués
à Goethe jusque dans les années 1870. Lorsque Schumann compose Lied der Suleika,
il croit donc mettre en musique l’auteur de Faust.
Poésie et vérité

Tandis que Schumann puise chez les plus grands poètes de son temps (tels Heine, Rückert,
Kerner), Brahms choisit souvent des poèmes d’écrivains secondaires. Empruntant quelques
rares textes à Heine (Meerfahrt), Eichendorff (Anklänge) ou Goethe (Serenade et Die
Liebende schreibt), il semble craindre que leur perfection n’entrave son imagination plus
qu’elle ne la stimulerait. D’ailleurs, il transpose le climat général des textes – non leurs
détails – dans un esprit de musique de chambre similaire à celui de ses œuvres instrumen-
tales. Il affirme en outre une prédilection pour le Volkston [ton populaire] : phrases brèves,
ambitus réduit, ligne vocale diatonique sans grands intervalles, débit syllabique, rythme
simple, harmonisation parfois colorée de modalité. Brahms exploite ces caractéristiques
pour des textes issus de la tradition orale (Weg der Liebe transmis par Herder, Vergebliches
Ständchen et Sehnsucht collectés et édités par Kretzschmer et Zuccalmaglio), mais aussi
pour des poèmes d’auteurs contemporains (Therese de Gottfried Keller).

Bien que Schumann manie le Volkston avec moins de naturel que son cadet, il se montre
soucieux, à partir de 1849, de s’adresser à un plus large public. La catégorie du Liederspiel,
à laquelle appartiennent les Opus 74 et 101, affirme un désir d’immédiateté. Il s’agit de
recueils destinés à une pratique ludique en famille ou entre amis, contenant des pièces
pour effectif variable (voix seule, duo ou quatuor vocal), souvent sur des poèmes d’origine
populaire (les Volkslieder und Romanzen der Spanier traduits de l’espagnol par Emanuel
Geibel pour l’Opus 74).
Mais la douleur demeure tapie dans l’ombre. « Il commence à faire sombre », écrit
Schumann au violoniste Joseph Joachim le 6 février 1854, trois semaines avant de se
jeter dans le Rhin. À partir de 1849, le crépuscule avait peu à peu envahi ses lieder.
Resignation use d’une harmonie chromatique caractéristique de son style tardif. Restent
alors l’espoir d’une étoile qui l’entraînerait « vers les hauteurs célestes » (Mein schöner
Stern) et, dans l’obscurité préludant à la nuit éternelle (In der Nacht), le rêve d’une fusion
des âmes qui défie le temps.

                                                                                   Hélène Cao

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Les
Robert Schumanncompositeurs
Né en 1810, le jeune Schumann grandit au              Gewandhaus de Leipzig) et de la musique de
milieu des ouvrages de la librairie de son père.      chambre (Quatuors à cordes op. 41, œuvres
Bien vite, il écrit drames et poèmes et découvre      avec piano). En 1843, la création de son ora-
la musique avec les leçons de piano données par       torio Le Paradis et la Péri est un succès, il prend
l’organiste de la cathédrale. À l’âge de 18 ans, il   poste au tout nouveau Conservatoire de Leipzig
part étudier le droit à Leipzig. Mais il prend vite   et refuse la direction de l’Allgemeine musika-
conscience de son désir de devenir musicien.          lische Zeitung. Mais, souffrant depuis longtemps
Il commence alors les leçons de piano avec            d’angoisses et d’insomnies, Schumann s’enfonce
Friedrich Wieck, dont la fille Clara, enfant pro-     dans la dépression. Il abandonne sa revue et
dige, est la meilleure vitrine. Mais un problème      le couple déménage à Dresde, où il se plaît
à la main anéantit ses rêves de pianiste virtuose.    assez peu. Des pages essentielles voient tout de
L’année 1831 le voit publier ses premières compo-     même le jour : le Concerto pour piano op. 54
                                                                           o
sitions pour piano (Variations Abegg et Papillons)    et la Symphonie n 2. La fin de la décennie
et signer sa première critique musicale dans          est attristée par la mort de son premier fils et
l’Allgemeine musikalische Zeitung. En 1834, il        celle de Mendelssohn en 1847. Le compositeur
fonde sa propre revue, la Neue Zeitschrift für        reprend son projet sur Faust (achevé en 1853) et
Musik, qu’il dirigera durant presque dix ans et       commence Manfred. L’installation à Düsseldorf,
dans laquelle il fera paraître des articles essen-    en 1850, où Schumann prend ses fonctions en
tiels sur Schubert, Berlioz ou Chopin. Il compose     tant que Generalmusikdirektor, se fait sous de
la Fantaisie op. 17, les Kreisleriana, le Carnaval    bons augures. Genoveva, l’opéra tant rêvé, est
de Vienne… Il part pour Vienne dans l’espoir          un échec, mais la création de la Symphonie
de s’y établir, mais les déconvenues le poussent      rhénane, en 1851, panse la blessure. En 1853,
à revenir en terres leipzigoises. Il épouse Clara     il rencontre Brahms, tout juste âgé de 20 ans.
Wieck malgré l’opposition du père de la pia-          Cependant, l’état mental du compositeur empire.
niste, et est l’ami de Mendelssohn. C’est le          Il se jette dans le Rhin en février 1854, et est
temps des lieder (L’Amour et la vie d’une femme,      interné à sa propre demande quelques jours plus
Dichterliebe…), des œuvres pour orchestre (créa-      tard à Endenich, près de Bonn. Il finit par refuser
                         o
tion de la Symphonie n 1 par Mendelssohn au           de s’alimenter et meurt en juillet 1856.

                                                                                                       9
Johannes Brahms
Né à Hambourg en 1833, Johannes Brahms               qui s’accumulent (trois sonates, quatre ballades),
doit ses premières leçons de musique à son père,     témoignent de son don. En 1857, il compose ses
musicien amateur qui pratiquait le cor d’harmo-      premières œuvres pour orchestre, les sérénades
nie et la contrebasse. Plusieurs professeurs de      et le Concerto pour piano op. 15, qu’il crée en
piano prennent ensuite son éducation en main,        soliste en janvier 1859. De nombreuses tournées
notamment Eduard Marxsen, qui lui donne une          de concert en Europe jalonnent ces années d’in-
solide technique de clavier et lui enseigne la       tense activité, riches en rencontres, telles celles
composition et l’harmonie. En 1853, une tournée      de chefs qui se dévoueront à sa musique, comme
avec le violoniste Eduard Reményi lui permet de      Hermann Levi et Hans von Bülow. En 1868, la
faire la connaissance de plusieurs personnalités     création à Brême d’Un requiem allemand achève
musicales allemandes, tel Liszt (à qui il déplaît)   de le placer au premier rang des compositeurs de
et de nouer des relations d’amitié avec deux         son temps. C’est également l’époque des Danses
musiciens qui joueront un rôle primordial dans       hongroises, dont les premières sont publiées en
sa vie : le violoniste Joseph Joachim et le compo-   1869. La création triomphale de la Symphonie
                                                      o
siteur Robert Schumann, qui devient son mentor       n 1 en 1876 ouvre la voie aux trois symphonies
et l’intronise dans le monde musical. L’époque,      suivantes, composées en moins de dix ans, ainsi
                                                                                     o
qui voit Brahms entretenir avec la pianiste Clara    qu’au Concerto pour piano n 2 (1881) et au
Schumann une relation passionnée à la suite de       Double Concerto (1887). La fin de sa vie le
l’internement puis de la mort de son mari, est       trouve plus volontiers porté vers la musique de
celle d’un travail intense : exercices de composi-   chambre et le piano. Un an après la mort de son
tion et étude des partitions de ses prédécesseurs    grand amour Clara Schumann, Brahms s’éteint à
assurent au jeune musicien une formation tech-       Vienne en avril 1897.
nique sans faille, et les partitions pour piano,

10
Les
Jonas Kaufmann  interprètes
Jonas Kaufmann interprète plus de 70 rôles sur          de lieder, Jonas Kaufmann est également très
les plus grandes scènes d’opéra où il impose sa         demandé en concert. Sa carrière et sa discogra-
remarquable maîtrise vocale doublée d’une forte         phie lui valent de multiples récompenses parmi
présence dramatique. Excellant dans une grande          lesquelles huit prix ECHO et OPUS Klassik. Élu
variété de répertoire, il est reconnu pour son inter-   Chanteur de l’année par Opernwelt, Diapason ou
prétation de l’opéra français, allemand et italien      Musical America, il est fait chevalier de l’ordre
comme pour ses talents en récital et en concert.        des Arts et des Lettres. Sa saison 2021-2022
Parmi ses rôles de prédilection, citons Don José,       comprend le rôle-titre d’Otello au Teatro di San
Werther, Don Carlo, Otello, Andrea Chénier,             Carlo de Naples, le rôle-titre de Peter Grimes à
Cavaradossi, Siegmund, Lohengrin, Parsifal et           la Staatsoper de Vienne, Calaf dans Turandot
Florestan, qu’il incarne dans des maisons aussi         à l’Accademia di Santa Cecilia de Rome pour
prestigieuses que la Scala de Milan, le Covent          ses débuts dans le rôle, ainsi que Turiddu dans
Garden de Londres, la Bayerische Staatsoper de          Cavalleria Rusticana et Canio dans Pagliacci au
Munich, le Metropolitan Opera de New York,              Covent Garden. Sur la scène de concert, Jonas
l’Opernhaus de Zurich, l’Opéra National de              Kaufmann est actuellement en tournée de récitals
Paris et la Staatsoper de Vienne. Comptant parmi        avec Diana Damrau et Helmut Deutsch.
les plus grands interprètes actuels du répertoire

www.jonaskaufmann.com
Management artistique de Jonas Kaufmann : Zemsky/Green Artists Management, Inc, www.
zemskygreenartists.com
Jonas Kaufmann est un artiste exclusif Sony Music Entertainment.

                                                                                                     11
Diana Damrau
Depuis plus de vingt ans, la soprano Diana            Klassik. Elle est présente dans de nombreux
Damrau se produit sur les meilleures scènes           enregistrements d’opéras en CD et en DVD.
d’opéra et de concert comme dans les plus             Très demandée dans le domaine du concert et
grands festivals. Également à son aise dans           du récital, Diana Damrau se voit offrir des rési-
les rôles de soprano lyrique et de colorature,        dences dans des métropoles d’Europe comme
elle interprète un vaste répertoire comprenant        au Barbican Centre de Londres, et se produit
les rôles-titres de Lucia di Lammermoor (Scala        lors de nombreuses tournées en Amérique du
de Milan, Bayerische Staatsoper de Munich,            Sud et en Asie. Lors de la saison 2019-2020,
Metropolitan Opera de New York, Covent                rappelons sa participation aux concerts du
Garden de Londres), Manon Lescaut (Staatsoper         Nouvel An avec les Berliner Philharmoniker sous
de Vienne, Metropolitan Opera) et La tra-             la baguette de Kirill Petrenko. La saison 2021-
viata (la Scala, Metropolitan Opera, Covent           2022 est celle de ses débuts en Anna Bolena
Garden, Opéra National de Paris, Bayerische           à l’Opernhaus de Zurich et à la Staatsoper de
Staatsoper), sans oublier le rôle de la Reine de      Vienne. 2022 ajoute un nouveau rôle à son
la Nuit dans La Flûte enchantée (Metropolitan         répertoire avec la Comtesse dans Capriccio
Opera, Festival de Salzbourg, Staatsoper de           de Strauss dans une nouvelle production de la
Vienne, Covent Garden, Bayerische Staatsoper).        Bayerische Staatsoper. La soprano interprète
Diana Damrau prête régulièrement ses talents à        un programme de lieder de Strauss entourée
des œuvres contemporaines dans des rôles spé-         de la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême
cialement composés à son intention. Elle s’im-        sous la direction de Jérémie Rhorer. Après une
pose par ailleurs comme l’une des interprètes         tournée européenne aux côtés du ténor Jonas
les plus recherchées du répertoire de lieder,         Kaufmann et du pianiste Helmut Deutsch dans
invitée en récital dans les cadres les plus presti-   l’Italienisches Liederbuch d’Hugo Wolf, elle
gieux. Enregistrant en exclusivité pour Warner /      retrouve de prestigieuses scènes d’Europe en
Erato, elle fait ses débuts discographiques avec      mars-avril dans le programme de lieder de
Arie di bravura, recueil d’airs de Mozart et          Schumann et Brahms Love Songs. À cette occa-
de Salieri. Ses parutions suivantes en soliste        sion, l’artiste est habillée par Talbot & Runhof
lui valent notamment les prix ECHO et OPUS            et porte des bijoux de Chopard. Nommée

12
Kammersängerin de la Bayerische Staatsoper            Elle est élue chanteuse de l’année à diverses
(2007), Diana Damrau est décorée de l’ordre           reprises (Opernwelt, International Opera Award
bavarois de Maximilien pour la Science et             à Londres, Opera News, Editor’s Choice de
l’Art (2010) et de l’ordre du Mérite de la            Gramophone). Un astéroïde porte son nom
République Fédérale d’Allemagne (2021).               depuis 2020.

www.diana-damrau.com
Diana Damrau est une artiste exclusive Erato/Warner Classics.
Management général des concerts, tournées et médias de Diana Damrau : CCM Classic Concerts
Management GmbH, www.ccm-international.de

Helmut Deutsch
Helmut Deutsch compte parmi les accompagna-           Diana Damrau, Michael Volle et le jeune ténor
teurs de récital les plus talentueux et demandés      suisse Mauro Peter. Sa discographie compte
du moment. Né à Vienne où il se forme au              plus d’une centaine de CDs – certains reflétant
conservatoire, à l’Académie de musique et à           l’une des missions les plus chères à son cœur : la
l’université, il reçoit le prix de composition de     résurrection de compositeurs du passé injustement
la ville de Vienne en 1965 avant d’être engagé        méconnus. Ces dernières années, le pianiste
comme professeur à l’âge de 24 ans. S’il a pu         s’engage fortement en faveur des jeunes talents.
côtoyer d’éminents instrumentistes au sein de         Après ses années de professorat à Vienne, il
formations de musique de chambre, c’est à l’ac-       poursuit sa carrière d’enseignant principalement
compagnement de récitals vocaux qu’il choisit de      à la Hochschule für Musik und Theater de Munich
consacrer sa carrière. Il travaille d’abord avec la   où il enseigne l’interprétation du lied durant vingt-
soprano Irmgard Seefried puis devient pendant         huit ans. Il est professeur invité dans plusieurs
douze ans le partenaire permanent d’Hermann           universités et sollicité pour un nombre croissant
Prey. Il collabore ensuite avec les plus grands       de master-classes en Europe et en Extrême-Orient.
chanteurs, invité à se produire en récital dans les   Parmi ses élèves figurent Juliane Banse, Jonas
cadres les plus prestigieux. Parmi ses principaux     Kaufmann, Dietrich Henschel, Christian Gerhaher
collaborateurs actuels, citons Jonas Kaufmann,        et Wolfram Rieger.

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Livret
       Robert Schumann
       Myrthen op. 25

 1. Widmung                                     1. Dédicace
 Du meine Seele, du mein Herz                   Toi mon âme, toi mon cœur,
 Du meine Wonn’, o du mein Schmerz,             Toi mon bonheur, ô toi ma douleur,
 Du meine Welt, in der ich lebe,                Toi mon univers dans lequel je vis,
 Mein Himmel du, darein ich schwebe,            Mon ciel, toi, dans lequel je m’épanouis,
 O du mein Grab, in das hinab                   Ô toi mon tombeau dans lequel
 Ich ewig meinen Kummer gab!                    J’ensevelis à jamais mon chagrin !
 Du bist die Ruh, du bist der Frieden,          Tu es le repos, tu es la paix,
 Du bist der Himmel, mir beschieden.            Tu es le ciel, qui me furent offerts.
 Daß du mich liebst, macht mich mir werth,      Que tu m’aimes me rend précieux
                                                           [à mes propres yeux,
 Dein Blick hat mich vor mir verklärt,          Par ton regard, je suis transfiguré,
 Du hebst mich liebend über mich,               Toi, en m’aimant, tu m’ennoblies,
 Mein guter Geist, mein beßres Ich!             Mon bon esprit, le meilleur de moi-même !

 Texte : Friedrich Rückert

       Robert Schumann
       Myrthen op. 25

 4. Jemand                                      4. Quelqu’un
 Mein Herz ist betrübt – ich sag’ es nicht --   Mon cœur est affligé – je n’en dis rien –
 Mein Herz ist betrübt um Jemand;               Mon cœur est affligé du fait d’une
                                                          [personne ;
 Ich könnte wachen die längste Nacht,           Je pourrais veiller la plus longue des nuits,

 Und immer träumen von Jemand;                  Et toujours rêver à cette personne ;
 O Wonne! von Jemand;                           Ô délice ! venu d’une personne
 O Himmel! von Jemand;                          Ô ciel ! venu d ‘une personne ;

 14
Livret
Durchstreifen könnt’ ich die ganze Welt,         Je pourrais parcourir le monde entier,
Aus Liebe zu Jemand.                             Par amour pour cette personne.

Ihr Mächte, die ihr der Liebe hold,              Vous, puissances qui à l’amour
                                                            [portez chance,
O lächelt freundlich auf Jemand!                 Ô, souriez joliment à cette personne !
Beschirmet ihn, wo Gefahren drohn;               Protégez-la des dangers qui menacent ;
Gebt sicher Geleite dem Jemand!                  Soyez un rempart pour cette personne !
O Wonne! dem Jemand;                             Ô délice ! pour cette personne ;
O Himmel! dem Jemand;                            Ô ciel ! pour cette personne ;
Ich wollt’ – ich wollte – was wollt’ ich nicht   Je voulais – je voudrais – que ne
                                                            [voudrais-je pas
Für meinen Jemand!                               Pour cette mienne personne !

Texte : Wilhelm Gerhard

      Robert Schumann
      Spanisches Liederspiel op. 74

7. Geständnis                                    7. Aveu
Also lieb’ ich Euch, Geliebte,                   Je vous aime tant, mon aimée,
Daß mein Herz es nicht mag wagen,                Que mon cœur n’oserait
Irgend einen Wunsch zu tragen,                   Exprimer le moindre désir,
Also lieb’ ich Euch!                             Je vous aime tant !

Denn wenn ich zu wünschen wagte,                 Car si j’osais désirer,
Hoffen würd’ ich auch zugleich;                  Je finirais aussi par espérer ;
Wenn ich nicht zu hoffen zagte,                  Et si j’hésitais à ne pas espérer,
Weiß ich wohl, erzürnt’ ich Euch.                Je sais que je vous fâcherais.

Darum ruf’ ich ganz alleine                      C’est pourquoi j’implore seul
Nur dem Tod, daß er erscheine,                   La mort, pour qu’elle vienne,

                                                                                          15
Livret
 Weil mein Herz es nicht mag wagen,         Car mon cœur n’oserait
 Einen andern Wunsch zu tragen,             Exprimer d’autre désir,
 Also lieb’ ich Euch!                       Je vous aime tant !

 Texte : Emanuel Geibel

       Robert Schumann
       Myrthen op. 25

 3. Der Nussbaum                            3. Le noyer
 Es grünet ein Nussbaum vor dem Haus        Devant la maison, un noyer verdoie,
 Duftig, luftig, breitet er blättrig die    Il déploie son feuillage, camaïeu de
 Blätter aus.                               vert vaporeux.

 Viel liebliche Blüten stehen dran;         Ses fleurs délicates sont en abondance ;
 Linde Winde kommen, sie herzlich           Qu’une brise légère vient
 zu umfahrn.                                affectueusement caresser.

 Es flüstern je zwei zu zwei gepaart,       Deux par deux, les fleurs chuchotent,
 Neigend, beugend, zierlich zum Kusse die   Inclinant leurs charmantes corolles pour un
 Häuptchen zart.                            doux baiser.

 Sie flüstern von einem Mägdlein,           Elles chuchotent à propos d’une
                                                      [jeune demoiselle,
 Das dächte die Nächte und tagelang,        Qui pense des nuits durant, des
                                                      jours entiers,
 Wüsste, ach! selber nicht was.             Mais à quoi, oh ! le sait pas elle-même.

 Sie flüstern – wer mag verstehn so gar     Elles chuchotent – qui pourra saisir leur
                                                      [timide mélodie ?
 Leise Weise – flüstern von Bräut’gam und   Elles chuchotent à propos d’un fiancé et de
          [nächstem Jahr.                             [l’année à venir.

 16
Livret
Das Mägdlein horchet, es rauscht im Baum;   La jeune demoiselle écoute le bruissement
                                                      [des feuilles dans les arbres ;
Sehnend, wähnend, sinkt es lächelnd in      Alanguie, tout à sa chimère, elle sourit et
        [Schlaf und Traum.                            [plonge dans le sommeil et
                                                      [le rêve.
Texte : Julius Mosen

      Robert Schumann
      Lieder und Gesänge op. 83

1. Resignation                              1. Résignation
Lieben, von ganzer Seele,                   T’aimer de tout mon cœur,
Lieben herzinniglich;                       T’aimer de toute mon âme,
Daß nimmer ich’s verhehle,                  Je ne puis le cacher,
Heiß lieben muß ich dich!                   Je dois t’aimer toujours.

Wie’s kommt?                                Pourquoi cela ?
Wie kann ich’s wissen?                      Comment savoir ?

Wohl höher schlägt mein Herz,               Mon cœur bat plus fort
Wenn deine Augen grüßen:                    Lorsque tu me regardes,
Gehst du, erbebts im Schmerz,               Mais saigne lorsque tu pars.
Erbebt im heißen Glühen,                    Saisi d’un silencieux émoi,
Im still verschwiegnen Rausch,              Je frissonne, fébrile
Und Tränen überziehen                       Et de discrètes larmes
Den Blick im Wechseltausch.                 Me voilent ta vision.

Lieben, von ganzer Seele,                   T’aimer de toute mon âme,
Muß ich dich!                               Tel est mon sort.
Du wirst mich nie umschließen,              Jamais tu ne m’embrasseras,
Nie wird dein Aug’ mir glühn!               Jamais tes yeux ne se poseront sur moi.

                                                                                      17
Livret
 Der Sehnsucht still Vermissen           Jamais désir et silencieuse attente
 Wird nie dich zu mir ziehn!             Ne t’amèneront à moi.

 So hoffnungslos mein Lieben?            Amour sans espoir ?
 Gewiß! doch trostlos nicht!             Oui, mais sans désolation.
 Will Gegenwart nicht trüben—            Je ne ternirai pas le présent,
 Zukunft? kenn’ ich ja nicht!—           Mais l’avenir ? Je ne sais pas.

 Will auch der Trennungsstunde Schmerz   L’intense douleur de la séparation
 Düster mich umwehn,                     Cherche sur moi son emprise,
 Lächle mit bleichem Munde:              Et je souris pourtant,
 Jenseits ist Wiedersehn!                Nous nous retrouverons dans l’au-delà !

 Texte : Julius Buddeus

       Robert Schumann
       Lieder
       und Gesänge op. 51

 5. Liebeslied                           5. Chants d’amour
 Dir zu eröffnen                         De t’ouvrir
 mein Herz verlangt mich;                Mon cœur, je brûle ;
 Hört’ ich von deinem,                   D’entendre le tien,
 darnach verlangt mich;                  Je brûle ;
 Wie blickt so traurig                   Le monde me regarde
 die Welt mich an!                       Si tristement !

 In meinem Sinne                         Dans mon esprit
 wohnet mein Freund nur,                 Ne demeure que mon ami,
 Und sonsten keiner                      Et personne sauf lui,
 und keine Feindspur.                    Et nulle trace d’un ennemi.
 Wie Sonnenaufgang                       Telle l’aube,

 18
Livret
ward mir ein Vorsatz!                Me vint une résolution !

Mein Leben will ich                  Je veux que ma vie,
nur zum Geschäfte                    Dès ce jour,
Von seiner Liebe                     Ne soit dédiée
von heut an machen.                  Qu’à son seul amour.
Ich denke seiner,                    Je pense à lui,
mir blutet’s Herz.                   Mon cœur saigne.

Kraft hab’ ich keine                 De force, je n’ai point d’autre
als ihn zu lieben,                   Que pour l’aimer,
So recht im Stillen.                 Dans le secret.
Was soll das werden!                 Qu’adviendra-t-il ?
Will ihn umarmen                     Je veux l’embrasser
und kann es nicht.                   Et ne le peux pas.

Texte : Johann Wolfgang von Goethe

      Robert Schumann
      Zwölf Gedichte op. 35

10. Stille Tränen                    10. Larmes silencieuses
Du bist vom Schlaf erstanden         Tu t’es levée de ton sommeil
Und wandelst durch die Au’.          Et te promènes dans les prés.
Da liegt ob allen Landen             Là, par-dessus tous les pays,
Der Himmel wunderblau.               S’étend le ciel d’un bleu merveilleux.

So lang du ohne Sorgen               Lors que, sans aucun souci,
Geschlummert schmerzenlos,           Tu dormais, indolente,
Der Himmel bis zum Morgen            Le ciel, avant le point du jour,
Viel Tränen niedergoß.               Versait des flots de larmes.

                                                                              19
Livret
 In stillen Nächten weinet                  Durant les nuits silencieuses,
 Oft mancher aus dem Schmerz,               Nombreux s’affligent de leur malheur,
 Und morgens dann ihr meinet,               Et le matin venu espèrent
 Stets fröhlich sei sein Herz.              Retrouver un paisible bonheur.

 Texte : Justinus Kerner

       Johannes Brahms
       Fünf Gesänge op. 72

 4. Verzagen                                4. Détresse
 Ich sitz’ am Strande der rauschenden See   Assise sur le rivage où murmure la mer
 Und suche dort nach Ruh’,                  J’y cherche le repos,
 Ich schaue dem Treiben der Wogen           Je contemple le va-et-vient des flots
 Mit dumpfer Ergebung zu.                   Avec une sombre résignation.

 Die Wogen rauschen zum Strande hin,        Les flots viennent murmurer sur le rivage,
 Sie schäumen und vergehn,                  Ils écument et s’effacent,
 Die Wolken, die Winde darüber,             Au-dessus, les nuages chassés par les vents
 Die kommen und verwehn.                    Passent et disparaissent.

 Du ungestümes Herz sei still               Toi, ô mon cœur ardent, tais-toi,
 Und gib dich doch zur Ruh’,                Et va enfin trouver le repos ;
 Du sollst mit Winden und Wogen             Avec vents et vagues,
 Dich trösten, – was weinest du?            Il faudra te consoler – pourquoi pleures-tu ?

 Texte : Karl von Lemcke

 20
Livret
      Johannes Brahms
      Sechs Lieder op. 85

6. In Waldeseinsamkeit              6. Dans la solitude de la forêt
Ich saß zu deinen Füßen             À tes pieds, je fus assis
In Waldeseinsamkeit;                Dans la solitude de la forêt ;
Windesatmen, Sehnen                 Le souffle du vent et la langueur
Ging durch die Wipfel breit.        Frémissaient dans les cimes.

In stummen Ringen senkt’ ich        Dans un muet combat, je baissai
Das Haupt in deinen Schoß,          Ma tête vers ton giron,
Und meine bebenden Hände            Et de mes mains tremblantes
Um deine Knie ich schloß.           J’entourai tes genoux.

Die Sonne ging hinunter,            Le soleil se coucha,
Der Tag verglühte all,              Le jour s’évanouit partout,
Ferne, ferne, ferne                 Loin, loin, loin,
Sang eine Nachtigall.               Un rossignol chanta.

Texte : Karl von Lemcke

      Johannes Brahms
      Sechs Lieder op. 97

1. Nachtigall                       1. Rossignol
O Nachtigall,                       Ô rossignol,
Dein süßer Schall                   Le doux son de ta voix
Dringt mir durch Mark und Bein.     Me bouleverse le cœur.
Nein, trauter Vogel, nein!          Non, mon cher oiseau, non !
Was in mir schafft so süße Pein,    Ce qui me cause tant de douce peine,
Das ist nicht dein, –               Ce n’est pas ton chant –
Das ist von andern himmelschönen,   C’est l’écho infime

                                                                           21
Livret
 Nun längst für mich verklungenen Tönen          D’autres sons célestes et beaux
 In deinem Lied ein leiser Widerhall.            Pour moi depuis longtemps évanouis.

 Texte : Christian Reinhold

       Johannes Brahms
       Acht Lieder
       und Gesänge op. 57

 4. Ach, wende diesen Blick                      4. Ah, détourne ce regard
 Ach, wende diesen Blick,                        Ah, détourne ce regard, détourne ce
           [wende dies Angesicht!                         [visage !
 Das Inn’re mir mit ewig neuer Glut,             N’emplit pas mon cœur de braises
                                                          [toujours renouvelées,
 Mit ewig neuem Harm erfülle nicht!              De tourments toujours renouvelés !

 Wenn einmal die gequälte Seele ruht,            Quand enfin mon âme torturée s’apaise,
 Und mit so fieberischer Wilde nicht             Et que la fougue exaltée cesse de
                                                           [bouillonner
 In meinen Adern rollt das heiße Blut –          Dans mes veines au sang ardent –

 Ein Strahl, ein flüchtiger, von deinem Licht,   Le moindre rayon fugace de ta lumière
 Er wecket auf des Wehs gesamte Wut,             Réveille toute l’intensité de la douleur,
 Das schlangenhaft mich in das Herze sticht.     Qui tel un serpent me fend le cœur.

 Texte : Georg Friedrich Daumer

 22
Livret
      Johannes Brahms
      Acht Lieder
      und Gesänge op. 57

3. Es träumte mir                            3. Je rêvai
Es träumte mir,                              Je rêvai
Ich sei dir teuer;                           Que tu me chérissais ;
Doch zu erwachen                             Mais il ne fallait guère
Bedurft’ ich kaum.                           Que je m’éveille.
Denn ach im Traume                           Car, ô, en rêve
Bereits empfand ich,                         Je savais déjà
Es sei ein Traum.                            Que c’était un rêve.

Texte : Georg Friedrich Daumer, d’après un
poème espagnol

      Johannes Brahms
      Vier Lieder op. 96

4. Meerfahrt                                 4. Voyage en mer
Mein Liebchen, wir sassen beisammen,         Ma bien-aimée, nous étions tendrement
                                                        [assis ensemble
Traulich im leichten Kahn.                   Dans une barque légère.
Die Nacht war still, und wir schwammen       La nuit était calme, et nous voguions
Auf weiter Wasserbahn.                       Sur de vastes eaux.

Die Geisterinsel, die schöne,                L’île si enchantée où règnent les esprits
Lag dämm’rig im Mondenglanz;                 Se détachait dans la pénombre du clair
                                                         [de lune ;
Dort klangen liebe Töne,                     Là résonnaient des sons merveilleux,
Dort wogte der Nebeltanz.                    Là tourbillonnaient des danses chatoyantes.

                                                                                     23
Livret
 Dort klang es lieb und lieber,        Là, les sons se faisaient de plus en
                                                  [plus merveilleux,
 Und wogt’ es hin und her;             Et le tourbillon dansant ondulait
                                                  [de plus belle ;
 Wir aber schwammen vorüber,           Nous deux cependant voguions au large,
 Trostlos auf weitem Meer.             Sans espoir sur la vaste mer.

 Texte : Heinrich Heine

       Johannes Brahms
       Sechs Gesänge op. 7

 3. Anklänge                           3. Réminiscences
 Hoch über stillen Höhen               Très loin sur les hauteurs silencieuses,
 Stand in dem Wald ein Haus;           Se trouvait une maison au cœur de la forêt ;
 So einsam war’s zu sehen,             Si solitaire et éloignée de tout,
 Dort übern Wald hinaus.               Même au-delà de la forêt.

 Ein Mädchen saß darinnen              Une jeune fille s’y tenait assise,
 Bei stiller Abendzeit,                Seule, au soir silencieux,
 Tät seidne Fäden spinnen              En tissant des fils de soie
 Zu ihrem Hochzeitskleid.              Afin de coudre sa robe de mariée.

 Texte : Joseph von Eichendorff

       Robert Schumann
       Spanisches Liederspiel op. 74

 4. In der Nacht                       4. Dans la nuit
 Alle gingen, Herz, zur Ruh,           Tous, mon cœur, sont allés se reposer,
 alle schlafen, nur nicht du.          Tous dorment, sauf toi.

 24
Livret
Denn der hoffnungslose Kummer             Car le chagrin désespéré
scheucht von deinem Bett den Schlummer,   Chasse de ton lit le sommeil,
und dein Sinnen schweift in stummer       Et ton esprit erre dans une muette
Sorge seiner Liebe zu.                    Crainte vers son amour.

Texte : Emanuel Geibel

      Robert Schumann
      Romanzen und Balladen
      op. 64

3/1. Tragödie                             3/1. Tragédie
Entflieh mit mir und sei mein Weib,       Viens t’enfuir avec moi et sois ma femme,
Und ruh’ an meinem Herzen aus;            Repose-toi sur mon cœur ;
Fern in der Fremde sei mein Herz          Loin de chez toi, que mon cœur soit
Dein Vaterland und Vaterhaus.             Ta patrie et ton foyer.

Entflieh’n wir nicht, so sterb ich hier   Si tu ne viens pas avec moi, je mourrai ici
Und du bist einsam und allein;            Et tu seras seule et oubliée ;
Und bleibst du auch im Vaterhaus,         Et même si tu restes dans ton foyer,
Wirst doch wie in der Fremde sein.        Tu seras comme en pays étranger.

3/2. Tragödie                             3/2. Tragédie
Es fiel ein Reif in der Frühlingsnacht,   Le givre tomba pendant la nuit
                                                     [de printemps,
Es fiel auf die zarten Blaublümelein:     Il tomba sur les délicates fleurs bleues :
Sie sind verwelket, verdorrt.             Elles se fanèrent, les voilà disparues.

Ein Jüngling hatte ein Mädchen lieb;      Un jeune homme aimait une jeune fille ;
Sie flohen heimlich von Hause fort,       Ils s’enfuirent en secret de leur foyer,
Es wußt’ weder Vater noch Mutter.         Sans le dire ni à leur père ni à leur mère.

                                                                                       25
Livret
 Sie sind gewandert hin und her,                Ils errèrent un peu partout, de-ci de-là,
 Sie haben gehabt weder Glück noch Stern,       Ils n’eurent ni chance ni bonne étoile,
 Sie sind verdorben, gestorben.                 Ils allèrent à leur ruine, puis ils moururent.

 3/3. Tragödie                                  3/3. Tragédie
 Auf ihrem Grab, da steht eine Linde,           Sur leur tombe se dresse un tilleul,
 Drin pfeifen die Vögel und Abendwinde,         Y chantent les oiseaux et les vents du soir,
 Und drunter sitzt, auf dem grünen Platz,       Et dessous sont assis, sur la placette verte,
 Der Müllersknecht mit seinem Schatz.           Le valet du meunier et sa bien-aimée.

 Die Winde, die wehen so lind und               Le souffle du vent est si doux et si sinistre,
          [so schaurig,
 Die Vögel, die singen so süß und so traurig:   Le chant des oiseaux est si suave et si triste :
 Die schwatzenden Buhlen,                       Les amoureux bavards se taisent,
          [ die werden stumm,
 Sie weinen und wissen selbst nicht warum.      Ils pleurent, ne sachant pas pourquoi.

 Texte : Heinrich Heine

       Robert Schumann
       Mädchenlieder op. 103

 4. An den Abendstern                           4. À l’astre du soir
 Schweb’ empor am Himmel,                       Lève-toi dans le ciel,
 Schöner Abendstern!                            Bel astre du soir !
 Sieht im Glanzgewimmel                         Tout un chacun aime te voir
 Jeder dich ja gern.                            Là-haut, parmi les lueurs scintillantes.

 Gehn sie auf, gehn nieder                      Qu’ils se lèvent, qu’ils se couchent,
 Sie am Himmelsrand,                            Au confins du ciel,

 26
Livret
Keinen deiner Brüder          Aucun de tes frères
Schmückt ein solch Gewand.    N’est paré d’un tel habit.

Texte : Elisabeth Kulmann

      Johannes Brahms
      Fünf Romanzen
      und Lieder op. 84

4. Vergebliches Ständchen     4. Sérénade inutile
Er                            Lui
Guten Abend, mein Schatz,     Bonsoir, mon trésor,
guten Abend, mein Kind!       Bonsoir, mon enfant !
Ich komm’ aus Lieb’ zu dir,   Par amour je viens te chercher,
Ach, mach’ mir auf die Tür,   Ah, ouvre-moi la porte,
Mach’ mir auf die Tür!        Ouvre-moi la porte !

Sie                           Elle
Meine Tür ist verschlossen,   Ma porte reste fermée,
Ich laß dich nicht ein;       Je ne te laisserai pas entrer ;
Mutter, die rät’ mir klug,    Mère me donne des conseils avisés,
Wär’st du herein mit Fug,     Si je t’accorde le droit d’entrer,
Wär’s mit mir vorbei!         De moi, c’en sera terminé !

Er                            Lui
So kalt ist die Nacht,        Si froide est la nuit,
so eisig der Wind,            Si froid est le vent,
Daß mir das Herz erfriert,    Que mon cœur se glace,
Mein’ Lieb’ erlöschen wird;   Que mon amour s’efface ;
Öffne mir, mein Kind!         Ouvre-moi, mon enfant !

                                                                   27
Livret
 Sie                                  Elle
 Löschet dein’ Lieb’;                 Alors efface ton amour ;
 Lass’ sie löschen nur!               Va, laisse-le s’effacer !
 Löschet sie immerzu,                 Efface-le sans cesse,
 Geh’ heim zu Bett, zur Ruh’!         Rentre chez toi, va te coucher !
 Gute Nacht, mein Knab’!              Bonne nuit, mon garçon.

 Texte : Chanson populaire de
 la Basse-Rhénanie

       Johannes Brahms
       Vier Gesänge op. 70

 3. Serenade                          3. Sérénade
 Liebliches Kind,                     Ma douce enfant,
 Kannst du mir sagen,                 Peux-tu me dire,
 Sagen warum                          Me dire pourquoi
 Zärtliche Seelen                     Les âmes tendres,
 Einsam und stumm                     Esseulées et muettes,
 Immer sich quälen,                   Toujours se tourmentent,
 Selbst sich betrügen,                Toujours se leurrent,
 Und ihr Vergnügen                    Et toujours répriment
 Immer nur ahnden,                    Leur propre plaisir,
 Da wo sie nicht sind?                Là où elles ne sont pas ?
 Kannst du mir’s sagen,               Peux-tu me le dire,
 Liebliches Kind?                     Ma douce enfant ?

 Texte : Johann Wolfgang von Goethe

 28
Livret
      Johannes Brahms
      Sechs Lieder op. 86

1. Therese                         1. Thérèse
Du milchjunger Knabe,              Jeune blanc-bec,
Wie schaust du mich an?            Quel est ce regard ?
Was haben deine Augen              Tes yeux, quelle question
Für eine Frage getan!              Viennent-ils poser ?

Alle Ratsherrn in der Stadt        Tous les conseillers de la ville
Und alle Weisen der Welt           Et tous les sages du monde entier
Bleiben stumm auf die Frage,       Restent muets à la question
Die deine Augen gestellt!          Que tes yeux viennent de poser !

Eine Meermuschel liegt             Sur l’armoire de ma tante
Auf dem Schrank meiner Bas’:       Se trouve un coquillage :
Da halte dein Ohr d’ran,           Colle ton oreille,
Dann hörst du etwas!               Et tu entendras !

Texte : Gottfried Keller

      Johannes Brahms
      Acht Lieder und Gesänge
      op. 58

4. O komme, holde Sommernacht      4. Ô viens, délicieuse nuit d’été
O komme, holde Sommernacht,        Ô viens, délicieuse nuit d’été,
Verschwiegen;                      Mystérieuse ;
Dich hat die Liebe recht gemacht   L’amour t’a faite comme il se doit,
Zum Siegen!                        Pour triompher !

Da brechen manche Knospen los,     Là, éclosent alors certains bourgeons,

                                                                            29
Livret
 Verstohlen,                             Furtivement,
 Da öffnen ihren süßen Schoß             Là, entrouvrent leur doux giron
 Violen;                                 Les violettes ;

 Da neigt ihr Haupt im Dämmerschein      Là, au crépuscule, incline son fleuron
 Die Rose,                               La rose,
 Da wird mein Liebchen auch noch mein,   Là, ma bien-aimée sera mienne aussi,
 Das lose!                               La délurée !

 Texte : Melchior Grohe

       Johannes Brahms
       Fünf Gesänge op. 71

 3. Geheimnis                            3. Secret
 O Frühlingsabenddämmerung!              Ô crépuscule printanier !
 O laues, lindes Weh’n,                  Ô exquis souffle zéphyrien,
 Ihr Blütenbäume, sprecht, was tut       Vous, arbres en fleurs, dites,
 ihr so zusammensteh’n?                  Que faites-vous là, côte à côte ?

 Vertraut ihr das Geheimnis euch         Vous confiez-vous le secret
 Von uns’rer Liebe süß?                  De notre tendre amour ?
 Was flüstert ihr ein ander zu           Que chuchotez-vous l’un à l’autre
 Von uns’rer Liebe süß?                  De notre tendre amour ?

 Texte : Karl August Candidus

 30
Livret
      Johannes Brahms
      Vier Lieder op. 96

2. Wir wandelten                      2. Nous nous promenions
Wir wandelten, wir zwei zusammen,     Nous nous promenions, tous
                                                  [deux ensemble,
ich war so still und du so stille,    J’étais très silencieux, et toi, très
                                                  [silencieuse aussi,
ich gäbe viel, um zu erfahren,        Je donnerais beaucoup pour savoir
was du gedacht in jenem Fall.         Ce que tu pensais alors.

Was ich gedacht, unausgesprochen      Ce que je pensais moi-même devra rester
         [verbleibe das!                         [caché !
Nur Eines sag’ ich:                   Mais je ne dis qu’une chose :
So schön war alles, was ich dachte,   Tout ce que je pensais était si beau
so himmlisch heiter war es all’.      Et si divinement joyeux.

In meinem Haupte die Gedanken,        Les pensées dans ma tête
sie läuteten wie gold’ne Glöckchen:   Retentissaient telles des clochettes dorées :
so wundersüß, so wunderlieblich       Aucun autre son dans le monde
ist in der Welt kein and’rer Hall.    N’est aussi merveilleusement tendre
                                                [et suave.
Texte : Georg Friedrich Daumer

      Robert Schumann
      Vier Duette op. 78

2. Er und Sie                         2. Lui et elle
Er                                    Lui
Seh’ ich in das stille Tal,           Quand je contemple la vallée silencieuse
Wo im Sonnenscheine                   Où d’innombrables fleurs s’épanouissent
Blumen prangen ohne Zahl,             Sous un soleil rayonnant,

                                                                                 31
Livret
 Blick’ ich nur auf eine.               Je n’en vois qu’une seule.
 Ach! es blickt ihr Auge blau           Ah ! son regard bleu, à présent,
 Jetzt auch auf die Auen;               Se tourne vers les prés ;
 Im Vergißmeinnicht voll Tau            Je l’aperçois nettement
 Kann ich es erschauen.                 Dans le myosotis bordé de rosée.

 Sie                                    Elle
 Tret’ ich an mein Fensterlein,         Quand je m’approche de la petite fenêtre,
 Wann die Sterne scheinen,              Et que les astres brillent,
 Mögen alle schöner sein,               Tous peuvent être plus beaux,
 Blick’ ich nur auf einen;              Mais je n’en vois qu’un seul ;
 Dort gen Abend blickt er mild          Là, vers le soir, son tendre regard
 Wohl nach Himmelshöhen,                Se tourne vers les hauteurs du ciel,
 Denn dort ist ein liebes Bild          Car c’est là, dans l’astre, qu’apparaît
 In dem Stern zu sehen.                 Une image qui m’est chère.

 Texte : Justinus Kerner

       Robert Schumann
       Minnespiel op. 101

 4. Mein schöner Stern                  4. Ma belle étoile
 Mein schöner Stern! ich bitte dich,    Ma belle étoile ! Je t’en supplie,
 O lasse du dein heitres Licht          Ô toi, ne laisse pas ternir ton éclat
 Nicht trüben durch den Dampf in mir,   Par la brume qui envahit mon cœur,
 Vielmehr den Dampf in mir zu Licht,    Aide-moi plutôt à transfigurer,
 Mein schöner Stern, verklären hilf!    Ma belle étoile, cette brume en éclat !

 Mein schöner Stern! ich bitte dich,    Ma belle étoile ! Je t’en supplie,
 Nicht senk’ herab zur Erde dich,       Ne descends pas sur Terre
 Weil du mich noch hier unten siehst,   Où tu me vois toujours,

 32
Livret
Heb’ auf vielmehr zum Himmel mich,      Lève-moi plutôt vers le ciel,
Mein schöner Stern, wo du schon bist!   Ma belle étoile, où toi, tu demeures déjà !

Texte : Friedrich Rückert

      Robert Schumann
      Myrthen op. 25

9. Lied der Suleika                     9. Chant de Suleika
Wie mit innigstem Behagen,              Avec un plaisir infini,
Lied, empfind’ ich deinen Sinn,         Chant, j’éprouve ton esprit,
Liebevoll du scheinst zu sagen,         Tendrement, tu sembles dire
Daß ich ihm zur Seite bin;              Que je suis tout près de lui.

Daß er ewig mein gedenket,              Qu’il pense à moi éternellement,
Seiner Liebe Seligkeit,                 Qu’il m’offre la félicité de son amour
Immerdar der Fernen schenket,           À jamais à sa bien-aimée au loin,
Die ein Leben ihm geweiht.              Qui lui a dévoué sa vie.

Ja, mein Herz es ist der Spiegel,       Oui, mon cœur est le miroir,
Freund, worin du dich erblickt,         Dans lequel, mon ami, tu te reflètes,
Diese Brust, wo deine Siegel            Ce sein où tu as posé ton sceau
Kuß auf Kuss hereingedrückt.            Baiser après baiser.

Süßes Dichten, lautre Wahrheit,         Douce poésie, vérité absolue,
Fesselt mich in Sympathie,              Enchaînez-moi dans l’harmonie,
Rein verkörpert Liebesklarheit          Clarté de l’amour purement incarné,
Im Gewand der Poesie!                   Dans l’habit de la poésie.

Texte : Marianne von Willemer

                                                                                 33
Livret
       Robert Schumann
       Lieder und Gesänge op. 96

 3. Ihre Stimme                     3. Sa voix
 Laß tief in dir mich lesen,        Laisse-moi lire en toi-même,
 Verhehl’ auch dies mir nicht,      Ne garde pas cachée
 Was für ein Zauberwesen            Cette créature féérique
 Aus deiner Stimme spricht!         Qui s’exprime par ta voix !

 So viele Worte dringen             Tant de mots arrivent
 Ans Ohr uns ohne Plan,             Confusément à nos oreilles,
 Und während sie verklingen,        Et tandis qu’ils s’en vont,
 Ist alles abgetan!                 Tout est déjà terminé !

 Doch drängt auch nur von ferne     Même si de loin seulement
 Dein Ton zu mir sich her,          L’écho de ta voix vient à moi,
 Behorch’ ich ihn so gerne,         J’ai tant plaisir à l’écouter,
 Vergess’ ich ihn so schwer.        Et tant de mal à l’oublier.

 Ich bebe dann, entglimme           Je frémis alors, m’enflamme
 Von allzu rascher Glut:            D’un feu bien trop vite lancé :
 Mein Herz und deine Stimme         Mon cœur et ta voix
 Verstehn sich gar zu gut!          S’accordent vraiment à ravir !

 Texte : August von Platen

       Robert Schumann
       Minnespiel op. 101

 2. Liebster, deine Worte stehlen   2. Cher bien-aimé, tes paroles
 Liebster, deine Worte stehlen      Cher bien-aimé, tes paroles
 Aus dem Busen mir das Herz.        Captivent mon cœur dans mon sein.

 34
Livret
O wie kann ich dir verhehlen             Ô comment puis-je cacher
Meine Wonne, meinen Schmerz!             Mon délice, mon supplice !

Liebster, deine Töne ziehen              Cher bien-aimé, le son de ta voix
Aus mir selber mich empor,               Me porte hors de moi,
Laß uns von der Erde fliehen             Viens, fuyons ce bas monde
Zu der selgen Geister Chor!              Pour rejoindre le chœur des bienheureux !

Liebster, deine Saiten tragen            Cher bien-aimé, tes
                                                    [harmonies m’accompagnent
Durch die Himmel mich im Tanz,           À travers le ciel en dansant,
Laß um dich den Arm mich schlagen,       Laisse-moi t’enlacer de mes bras
Daß ich nicht versink im Glanz!          Pour ne pas chavirer dans cet éclat !

Liebster, deine Lieder ranken            Cher bien-aimé, tes chants tissent
Mir ein’ Strahlenkranz ums Haupt,        Une couronne de lumière sur ma tête,
O wie kann ich dir es danken,            Ô comment puis-je te remercier
Wie du mich so reich umlaubt.            De m’avoir si somptueusement choyée.

Texte : Friedrich Rückert

      Robert Schumann
      Vier Gesänge op. posth. 142

2. Lehn deine Wang’                      2. Appuie ta joue
Lehn deine Wang’ an meine Wang’,         Appuie ta joue sur ma joue,
Dann fliessen die Tränen zusammen;       Pour que nos larmes se confondent ;
Und an mein Herz drück fest dein Herz,   Et sur mon cœur presse ton cœur,
Dann schlagen zusammen die Flammen!      Pour qu’ils brûlent d’une même flamme !

Und wenn in die große Flamme fliesst     Et quand dans la grande flamme jaillira
Der Strom von unsern Tränen,             Le torrent de nos larmes,

                                                                                   35
Livret
 Und wenn dich mein Arm gewaltig             Et quand mon bras t’enlacera avec force,
            [umschließt –
 Sterb’ ich vor Liebessehnen!                Alors je mourrai d’un amour tant désiré !

 Texte : Heinrich Heine

       Robert Schumann
       Fünf Lieder op. 40

 5. Verratene Liebe                          5. Amour trahi
 Da nachts wir uns küßten, o Mädchen,        La nuit, ô demoiselle, nous échangions
                                                        [nos baisers,
 hat keiner uns zugeschaut.                  Personne alors n’a pu nous observer.
 Die Sterne, die standen am Himmel,          Les étoiles se tenaient au firmament,
 wir haben den Sternen getraut.              Nous nous fions à eux entièrement.

 Es ist ein Stern gefallen,                  Une étoile soudain tomba,
 der hat dem Meer uns verklagt,              Auprès de la mer, elle nous condamna,
 da hat das Meer es dem Ruder,               La mer, elle, à l’aviron le colporta,
 das Ruder dem Schiffer gesagt.              L’aviron, lui, au batelier le dira.

 Da sang der selbige Schiffer                Alors, ce même batelier,
 es seiner Liebsten vor.                     À sa bien-aimée le chanta.
 Nun singen’s auf Straßen und Märkten        Dans les rues et sur les marchés, d’ores
                                                       [et déjà,
 die Knaben und Mädchen im Chor.             Garçons et filles ensemble le chantent
                                             a cappella.
 Texte : Adelbert von Chamisso, d’après un
 poème populaire grec

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