L'ALBIREOSCOPE - Le premier Américain à faire le tour de la Terre SLS, Kuiper, Ariane 6, SKA, etc - Albireo78
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avril 2022
L’ALBIREOSCOPE
Le premier Américain à faire le tour de la Terre
Observatoire Sadr
SLS, Kuiper, Ariane 6, SKA, etcPage 2
en couverture
C/2021 A1 (Leonard)
Constellation : Microscope
Instrument : Lunette 71 mm
Image : 20 x 120 s en LRVB
Total : 40 min
Date : 31 décembre 2021
Fabien
C/2021 A1 (Leonard) était une comète à très longue période : 80 055 ans, découverte le 3
janvier 2021 par Gregory Leonard. Elle est passé au périhélie, le point de sa trajectoire le
plus proche du Soleil le 3 janvier 2022 à seulement 91 millions de km. C’était son dernier
passage, sa trajectoire est devenue hyperbolique, elle n’est maintenant plus périodique et
va quitter définitivement le système solaire. Sur cette photo, on voit de fins détails dans sa
longue queue de plasma. Une queue plutôt bleutée soufflée par le vent solaire. Ce flot de
particules émis par le Soleil n’est pas régulier c’est pourquoi la queue de la comète laisse
apparaître des régions plus ou moins denses qui suivent les sursauts d’activité du vent
solaire.Page 3
Sommaire
4 Le premier Américain a
faire le tour de la Terre.
Michel
22
SLS, Kuiper, Ariane 6,
SKA, Rocket Lab,
etc..
Michel
34
C’est arrivé ce jour-là...
Des évènements en relation avec le monde de
l’astronomie qui se sont déroulés en avril
1952, 1922, etc...
45 Galerie photos
Les photos les plus récentes de nos
membres...Page 4
Le numéro 95 d’Albiréoscope célébrait le vol historique de Youri Gagarine réalisé le 12 avril
1961. Le 5 mai de la même année, Alan Shepard faisait un galop d’essai dans l’espace,
lancé par une fusée Redstone, mais c’était seulement un vol suborbital. Il faut attendre le
20 février 1962 pour que l’Amérique se lance vraiment dans l’espace avec l’équipe Mercury
Seven et c’est John Glenn qui est désigné pour ce premier vol orbital d’un américain :
trois tours de la Terre à bord de la capsule Friendship 7. .Page 5
Sommaire
En 1962, le monde est plongé dans la guerre froide. Cepen- Tout a commencé dans une
dant, l'Amérique convertit un missile nucléaire en un instru- petite ville de l'Ohio…
ment pour la science et la paix : sa nouvelle mission est de
lancer un Américain dans l’espace, et de le ramener sain et
sauf sur Terre. Les Soviétiques avaient fait un bond en avant
en plaçant le premier homme, Youri Gagarine, dans l'espace
le 12 avril 1961, lors d'un vol, en une orbite, autour de la
Terre à bord de son vaisseau spatial Vostok. Les États-Unis
ont alors répondu avec deux missions Mercury
pilotées, qui restaient suborbitales ; les Soviétiques
ont ensuite gardé un cosmonaute dans l'espace
pendant une journée entière. Mais le 20 février
1962, l'astronaute John Glenn devient le premier
Américain à orbiter autour de la Terre lors de la
mission Mercury-Atlas 6 à trois orbites, à bord du
vaisseau spatial qu'il a nommé Friendship 7.
Le projet Mercury a été le premier programme
américain de vols spatiaux habités. Le Space
Task Group du Langley Research Center de la
NASA à Hampton, en Virginie, sous la direc-
tion de Robert R. Gilruth, a lancé le projet en
octobre 1958 avec trois objectifs : mettre en
orbite un vaisseau spatial habité, étudier la
capacité de l'homme à vivre dans l'espace et
Robert Gilruth récupérer en toute sécurité le vaisseau spatial
et son équipage. En avril 1959, la NASA a
John Glenn est né le 18
juillet 1921 à Cambridge,
petite ville de l’Ohio
Siège du Space Task Group (STG) de la NASA à Langley.
La gare en 1914
annoncé la sélection de sept astronautes qui allaient entre-
prendre les missions Mercury. Après quelques échecs de lan- (U.S.A), qui compte
cement précoces, le premier essai réussi sans pilote du aujourd'hui un peu plus de
La maison natale de John Glenn
10 000 habitants.
vaisseau spatial (monoplace) a eu lieu en décembre 1960,
lancé dans un vol suborbital au sommet d'une fusée Redstone. John Herschel Glenn Jr. est le fils de John
Un mois plus tard, un vol similaire a transporté le chimpanzé Herschel Glenn Sr. (1895–1966), qui travaillait
Ham. pour une entreprise de plomberie, et de Clara
Teresa Sproat (1897–1971), une enseignante.
La capsule Mercury Ses parents s'étaient mariés peu de temps
qui devait lancer le avant que John Sr., membre du Corps expédi-
premier Américain dans tionnaire américain, ne parte pour le front
l’espace tenait plus du occidental pendant la Première Guerre mon-
« boulet de canon » diale. La famille a déménagé à New Concord,
que du vaisseau Ohio, peu après sa naissance, et son père
spatial… a lancé sa propre
entreprise : la Glenn
Peu de place pour le Plumbing Company.
« passager », et des
commandes rudimen- Glenn Jr. n'était qu'un tout petit garçon lorsqu'il
taires pour assurer rencontra Anna Margaret (Annie) Castor, qu'il
l’orientation et la stabili- épousera plus tard (les deux ne pouvaient pas
té de l’engin. se souvenir d'un moment où ils ne se connais-
saient pas…).
Projet Mercury - Capsule balistique.Page 6
« Avant la Seconde Guerre mondiale... j'étais à l'université à
ce moment-là... il y avait un avis sur le babillard de physique
disant que vous pouviez prendre des cours de pilotage, le
John Glenn :
gouvernement les paierait, et vous obtiendriez votre licence de
« Quand j'étais enfant, il n'y avait pas de mot tel que celui
pilote privé. Cela s'appelait le Civilian
d’astronaute. Je pensais que ce serait génial d'être pilote un
Pilot Training (CPT program). Et donc,
jour, mais je n'ai jamais... nous n'avions pas assez d'argent
c'est ce que j'ai fait, et j'ai obtenu ma
pour prendre, pour moi, des cours de pilotage ».
licence de pilote privé au printemps
Et pourtant, un jour… 1941 ».
Steve : « Si vous lui parlez, on comprend
qu’il a eu une éducation assez modeste
dans l'Ohio. Et il est entré dans le Corps
des Marines à un âge précoce puis s'est
marié aussi à un âge précoce. En fait, lui
et Annie, je pense, partageaient les ber- Steve Lindsey
ceaux dans la même chambre d'hôpital (astronaute /
quand ils sont nés, croyez-le ou non... ». navette spatiale)
Pearl Harbor est surve-
nu en fin d’année
1941. John Glenn va
abandonner l'université
au milieu de sa pre-
mière année, pour s'en-
« En grandissant, avec
rôler dans l'U.S. Army
mon père, une fois, nous sommes passés
Air Corps, et partir
devant un champ où il y avait un avion :
outre-mer un an. Glenn
un vieux biplan, cockpit ouvert, qui
était un pilote de
emmenait les gens faire des prome-
chasse qui s’est distin-
nades. Et donc, mon père et moi
gué pendant la Se-
sommes montés dans cet avion. Et je
conde Guerre mon-
n'avais que huit ou neuf ans environ, et
diale, la guerre civile
je trouvais ça chouette. C'était la pre-
chinoise et la guerre de
mière fois que je prenais les airs. Et John et sa future femme Annie. Corée. Il a abattu trois
regarder de haut toutes les maisons, les Ils se sont mariés en avril 1943.
MiG-15 et a reçu six Dis-
gens, les voitures et tout, c'était vrai-
tinguished Flying Crosses et dix-huit Air Medals. En 1957, il
ment quelque chose ».
va effectuer le premier vol transcontinental supersonique à
travers les États-Unis. Son appareil photo embarqué a pris la
première photographie panoramique continue des États-Unis.
Steve : « Il était pilote de chasse lors de la Seconde Guerre
mondiale et il était aussi en Corée comme pilote de chasse...
Et puis, il a été pilote d'essai pour le Corps des Marines... ».
Gleen a été officier des
opérations du VMF-311,
l'un des deux escadrons
de chasse des Marines en
Corée. Son avion portait le
nom de sa femme et de
ses enfants...Page 7
Sommaire
LA NASA ENTRE DANS LA COURSE À L'ESPACE.
John Glenn : « La NASA s'est finalement inté-
ressée à envoyer quelqu'un dans l'espace.
C'était tellement nouveau. Tout était très, très
secret à l'époque ».
Au milieu de la guerre froide, l'Union sovié-
tique et les États-Unis sont sur le point de
s'annihiler avec des armes nucléaires. Mais ce
fut cependant une période extraordinaire…
Iles Marshall - l’outre-mer pour se former au pilotage
John Glenn a volé pendant un certain temps
avec le réserviste de la Marine Ted Williams
(un futur et célèbre joueur de baseball des Red
Sox de Boston) comme ailier. Williams a dit
plus tard à propos de Glenn : « Absolument
sans peur. Le meilleur que j'aie jamais vu. Ce
fut un honneur de voler avec lui ».
Ted Williams
Défilé militaire sur la Place Rouge...
Glenn a effectué 63 missions de com-
bat en Corée avec le VMF-311, et Scott Carpenter : « Bien sûr, nous
avait été avons tous reçu des ordres, censés être
surnommé secrets, de venir à Washington et de ne
"Magnet discuter de la raison de ces ordres
Ass" (« cul avec personne, pas même nos
aimanté ») femmes... ».
en raison
du nombre Scott Carpenter, astronaute. Un des
de coups de astronautes de Mercury Seven. Il a été le
feu qu'il a subis lors de missions second américain a tourner autour de la Terre.
d'appui aérien rappro-
ché à basse altitude ; Il fallait que les Américains rattrapent les
deux fois, il était soviétiques… Alan Shepard était parti dans
retourné à la base avec l’espace peu après Youri Gagarine mais ce
plus de 250 trous dans n'était sur un vol suborbital. Les Russes
son avion... devaient être assez convaincus qu'ils
étaient loin devant.
Bill Barry : « Le président Kennedy, dans
un discours mémorable en 1962, avait fait
l'annonce d'aller sur la Lune dans la
décennie mais les Soviétiques n'ont pas
Bill Barry pris cela très au sérieux ; ils sont partis et
(Historien – NASA) ont lancé un autre cosmonaute. C'était
donc une toute nouvelle expérience pour
tout le monde. Personne n'avait vécu cela auparavant ».
Pour les astronautes américains, un long processus de sélection
commençait, qui comprenait des tests physiques et psycholo-Page 8
giques, ainsi que toutes les mesures que l’on savait faire sur le Bill Nelson : « Les sept
corps humain. finalistes étaient, bien sûr,
des personnages vénérés,
mais aussi les ingénieurs qui
faisaient les conceptions, les
équipes de lancement qui
faisaient le travail jour après
jour ; puis l'équipage se glissait
dans ces petites boîtes de
conserve, appelées capsules,
qui allaient parler aux cieux... ».
Bill Nelson : « Ces premiers pionniers de
Bill Nelson
(aujourd’hui Adminis-
trateur de la NASA) Les astronautes de Mercury Seven devant un Convair F106-B,
au centre de recherche Langlley de la NASA.
Cape… c’était autre chose, car ils concevaient souvent des
fusées au dos d'une enveloppe, mais tout le temps ils écrasaient
les moustiques et esquivaient les serpents à sonnette et les
alligators ».
John Glenn : « Donc, quand
nous sommes finalement arri-
vés, nous étions enfin sélection-
nés, nous étions très heureux
d'être là et nous nous sommes
sentis honorés d'être parmi les
sept à être sélectionnés ».Page 9
Sommaire
Formation pour l’inconnu... jungle, nous sommes allés
au Panama et en Colombie
« La mission devait revenir et atterrir sur et nous sommes allés dans
l'eau. Et donc, nous avons fait aussi beau- la jungle à haute canopée
coup de formation sur l'eau… que se passe- où nous avons survécu
rait-il si vous aviez une fuite dans le vais- pendant trois jours. Et
seau spatial après avoir touché l'eau une donc, nous avons fait beau-
fois ? Quel serait l'impact ? Si vous êtes coup d'entraînements de
sous l'eau, pourriez-vous sortir ? Etc... cette façon…
Nous sommes allés dans la piscine, avons
retourné le vaisseau spatial avec nous, et ce De sorte, si jamais vous… il était
n'était qu'un vaisseau spatial pour une seule personne à ce nécessaire de revenir sur Terre
moment-là. Mais, ils l’ont lors d'un atterrissage d'urgence,
renversé... la chose ! Puis vous seriez capable de survivre,
vous avez dû vous échapper, quelles que soient les conditions,
sortir sous l'eau et remonter. que vous tombiez dans la jungle ou
Et un entraînement comme le désert ou la terre... quelque
part ».
ça, c’est fait pour voir et
essayer toutes les possibilités,
toutes les éventualités... ».
Les « 7 » dans le désert...
Steve Lindsey : « Quand j'ai pris la navette spatiale,
je savais à quoi m'attendre. Je pense que lorsque
John a effectué son premier vol, il ne savait pas à
quoi s'attendre. Et c'est une énorme différence ».
J. Glenn : « À l'époque, nous et les Soviétiques utilisions des
propulseurs qui avaient été conçus comme des ICBM, des
missiles balistiques intercontinentaux, pour le lancement
d'armes nucléaires autour de... quelle que soit la cible. Eh
Mais des imprévus sont toujours possibles… comme retourner
sur terre plutôt que sur mer. Aussi, les astronautes sont allés
s’entraîner dans des endroits pas trop accueillants comme
l’Outback en Australie, la jungle de Papouasie-Nouvelle-
Guinée, ou en Afrique du sud-ouest, comme la Namibie…
J. Glenn : « Nous nous sommes entraînés pour tout cela aussi,
avec une formation dans le désert où
nous sortions, étions isolés dans le
désert pour savoir comment nous allions
survivre pendant plusieurs jours avant
qu'ils ne puissent venir nous chercher. bien, quand est venu le temps d'envoyer un homme dans
Nous nous sommes entraînés dans la l'espace, nous n'avions pas le propulseur séparé conçuPage 10
uniquement pour cela. Nous avons utilisé les ICBM qui J. Glenn : « Le jour où j'y suis finalement allé, c'était mon...
avaient été fabriqués dans un but différent ». c'était la troisième fois que je m'habillais... et j'étais au top,
enfermé et prêt à partir. Mais cela avait été annulé une fois à
Spoutnik
Un choc
pour
l’Amérique.
Bill Nelson : « C'était un grand jour pour l'Amérique. Les
Soviétiques nous avaient non seulement devancés dans John Glenn sort du quartier équipage avec Joe Schmitt, son technicien
l'espace avec Spoutnik, mais ils nous avaient devancés en scaphandre, et va partir vers le pad 14 avec le véhicule de transfert.
orbite avec Gagarine, avant même que nous ayons envoyé
Alan Shepard en suborbital... Nous étions en retard dans le
programme spatial habité en ce qui concerne la capacité à
soulever des charges importantes, parce que nous avions été
meilleurs qu'eux techniquement. Nous avions pu fabriquer de
petites armes nucléaires, des armes nucléaires plus légères, et
eux devaient concevoir un gros lanceur pour leurs grosses
armes de type Hiroshima. Et donc, quand ils ont utilisé ce
booster pour un programme spatial, celui-ci pouvaient empor-
ter une énorme charge, là où nous ne pouvions pas. Nos
lanceurs étaient plus petits parce que nous avions des armes
nucléaires miniaturisées... ».
Steve Lindsey : « Lorsque John s'est lancé pour la première
fois, il était sur une toute nouvelle fusée, jamais mise en orbite
auparavant.
Peu rassurant : la fusée Atlas avait eu
plusieurs échecs lors de lancements.
cause de problèmes avec le vaisseau,
et une autre fois à cause de la météo.
Mais, quand vous entrez enfin dans la
"chose" et que vous êtes prêt à partir,
vous êtes très, très occupé ».
Nous ne savions « Les gens pensent peut-être que vous
pas comment les êtes là, en train de rêver, d’avoir de
humains réagiraient grandes pensées. Mais je pense que c'est plus comme si vous
en zéro G. Nous ne étiez là-dedans, comme moi, en train de revérifier toute
savions pas s'ils l'instrumentation et de parler aux gens de l'équipe au sol pour
seraient capables de vous assurer que tout va bien pour le lancement ».
manger. Certaines
personnes ont dit
que leurs yeux ne se
focalisaient pas...
Toutes sortes d'histoires folles que John m'a racontées et
qu'ils lui avaient dit, avant qu'il ne parte. Il n'en croyait
aucune et la plupart n'étaient pas vraies. Mais, nous ne
savions tout simplement pas
à l'époque ».Page 11
Sommaire
Bon courage, John Glenn.
Six, cinq, quatre, trois, deux,
un, zéro...
La côte de la Floride photographiée par
John Glenn peu après le décollage
• Roger.
• Le retournement a commencé.
• Roger.
Les trois
moteurs de La capsule se retourne. Et John Glenn peut voir le booster
la fusée pendant le revirement, à quelques centaines de mètres derrière
Atlas lui... « C'est beau », dit-il. Les contrôleurs suivent le vaisseau
crachent
toute leur sur le gigantesque synoptique animé de la salle de contrôle :
puissance.
Scott Carpenter : « J’étais au blockhaus à ce
moment-là, et le dernier à lui parler avant le
décollage… Gus et Al avaient tous les deux
fait cela, mais ils n’était pas sur ce gros, gros • Roger Seven. Vous avez un essai, au moins sept
réservoir de carburant qui avait la capacité de orbites.
donner plus de vitesse que ce qu'Al et Gus • Roger.
n’avaient eu... Ils n’en avaient pas assez pour • Comprenez aller pour au moins sept orbites.
faire le tour du monde. Ils en ont eu juste • Roger. Aller pour au moins sept orbites.
assez pour monter un peu et retomber sur
Terre ».
NB : Al : Alan Shepard, Gus : Virgil Grissom.
J. Glenn : « Les gens regardent tout
ce feu et cette fumée au sol et ils
pensent que vous subissez un stress
énorme à l'intérieur. Vous n'y êtes
pas... la poussée est à peine supé-
rieure au poids du vaisseau spatial, vous
décollez donc très doucement. Et plus le carbu-
rant brûle en bas, plus il devient léger et la
poussée reste toujours élevée. Donc, plus vous
montez pour atteindre l'espace, plus vous
ressentez de G à l'intérieur ».
Dans la salle de contrôle, le « cap com » dialogue avec
Glenn :
• Roger
La salle de contrôle, comme du temps de la mission Mercury 7,
• Zero G et je me sens bien... La capsule se retourne. a été restaurée, et reste visible au « complexe visiteur » du
Oh, cette vue est formidable ! Kennedy Space Center en Floride.Page 12
J. Glenn : « Quand j'ai été placé en • Elles ont cependant un mouvement différent de
orbite, la première chose qu'il a moi, car elles tourbillonnent autour de la capsule
faite... a été que le vaisseau spatial puis repartent dans la direction que je regarde.
s'est retourné pour que le bouclier • Recevez-vous ? Over.
thermique soit en avant, dans la
direction où j'allais. C'était pour se John Glenn : « Je n'avais pas entendu de bruit d’impact
protéger. Et je pouvais regarder en associé sur le vaisseau spatial, ni constaté un dysfonctionne-
arrière dans le nord de la Floride et ment. Je pouvais contrôler à partir de l'instrumentation... ».
remonter le long de la côte du golfe. Scott Carpenter : « C'étaient des flocons de givre qui prove-
Et c'était une belle vue, et assez im- naient de l'eau que la cabine et les échangeurs de chaleur
pressionnante aussi. La première fois expulsaient... et ils sont devenus des morceaux de glace
que je voyais ça... à ce genre d'alti- inanimés. Ce fut une découverte intéressante ».
tude, bien sûr. Et vous parcourez
presque cinq miles par seconde (plus de 28 000 km/h) pour John Glenn : « Je ne sais pas si quelqu'un a jamais pleine-
rester là-haut en orbite, ce qui vous fait faire le tour de la ment expliqué pourquoi la lumière du soleil est venue sur ces
Terre en environ une heure et 29 minutes... environ toutes les petites particules... parce que c'était la partie étrange de tout
heures et demie, vous faites le cela. Mais c'était surprenant et cela ne posait aucun danger.
tour de la Terre. Donc, c'est… Mais c’était là, à chaque lever de soleil ».
vous avez des journées très Peu de temps après
courtes et des nuits courtes, s'être séparé du boos-
d'environ 45 minutes chacune. ter, Friendship 7 a fait
Ici sur Terre, vous regardez demi-tour, volant avec
un coucher de soleil ou un son bouclier thermique
lever de soleil, vous voyez les dans le sens du vol. En
couleurs orange, jaune et regardant par sa
rouge. Mais, vous ne voyez fenêtre, Glenn a
pas l'autre extrémité du spectre : rouge, orange, jaune, vert, observé l'état de la
bleu, indigo, violet... tout le long du spectre. Et ce bleu, indi- Floride et l'a photographié avec son appareil photo. Il a suivi le
go, violet... vous voyez ce genre de qualité lumineuse dans la booster pendant huit minutes alors qu'il tombait lentement hors
couleur lors du coucher et du lever du soleil dans l'espace. de vue. Il a déclaré se sentir bien en apesanteur et la vérifica-
Donc, cela le rend différent de tout ce que vous avez pu voir tion des systèmes de son vaisseau spatial a révélé que tout
ici sur Terre ». fonctionnait comme prévu. Au cours de sa première orbite,
alors qu'il survolait les sites au sol suivants, Glenn a continué à
Caméra automatique dans la capsule
leur rendre compte de son état et de celui du vaisseau spatial,
• C'est Friendship Seven. Je vais contrôlant avec succès l'attitude de la capsule. Il a observé son
essayer de décrire ce qui se premier coucher de soleil orbital sur l'océan Indien et son lever
passe ici. Je suis entouré d’une de soleil sur l'océan Pacifique, y compris le phénomène des
masse de très petites particules, "lucioles", des particules de glace voyageant avec son vaisseau
qui sont brillamment éclairées comme si elles spatial illuminé par le soleil
étaient luminescentes. Je n'ai jamais rien vu de tel. levant. Il a mangé son seul
Ça tourne un peu… elles arrivent près de la capsule repas pendant la mission (un
et ça ressemble à des étoiles... toute une pluie de tube de compote de
pommes), et a pris une pilule
particules qui passent.
de xylitol (un édulcorant
fabriqué à partir du bois de
bouleau) dans le cadre d'une
expérience sur la digestion
?
pendant les vols spatiaux.
Glenn avait pris le traditionnel petit
déjeuner avant le vol avec le Avec tous les systèmes fonc-
Dr William K. Douglas (gauche), et tionnant bien, grâce à la sta-
G. Merritt Preston, chef des opéra- tion de suivi de Guaymas, au
tions de contrôle pré-vol. Mexique, le MCC (Mercury
Control Center) a don-
né à Glenn un « go »
pour sa deuxième or-
bite. Lorsque son vais-
Scott Carpenter : « Beaucoup d'ingénieurs et de seau spatial a com-
brillants scientifiques, bien formés sur le terrain, mencé à dériver hors
ont entendu John dire : "Je peux voir des choses de son attitude nor-
là-bas, qui ressemblent à des lucioles"… Ces male, Glenn l'a facile-
experts se sont tout d'un coup demandé : ment ramené à sa
bonne orientation.
"Y a-t-il des créatures vivantes là-bas" ?
Le MCC lors de la mission Mercury 7.
Parce que John les appelait des lucioles ! ».Page 13
Sommaire
Cap Canaveral - Nous avons un problème.
• Atlantic ship, ici Friendship 7. Pouvez-vous me
passer Cap ?
John Glenn a laissé la capsule dériver vers la position 180
degrés et doit à présent la réorienter correctement. Il informe
le contrôle pour mieux connaître sa situation.
• Quand je suis tout aligné avec l'horizon dans le
périscope, mes indications d'attitude sont mainte-
nant très éloignées. Mon roulis indique trois-zéro
degrés à droite, mon lacet indique trois-cinq à droite
et le tangage indique plus quatre-zéro. Je répète,
plus quatre-zéro quand je suis en orbite. Over.
Après réglage, tout marchait
bien. Cependant, alors qu'il
passait au-dessus de Cap Le « pack rétrofusées » en cours d’installation sur la capsule.
Canaveral, au début de sa
deuxième orbite, les contrô- rait cet événement. Près de la côte californienne, le vaisseau
leurs ont remarqué un signal spatial a mis à feu ses trois rétrofusées pour ralentir sa vitesse,
indiquant que le système avec Glenn rapportant : « Garçon, j'ai l'impression de retour-
d'atterrissage du vaisseau ner à mi-chemin à Hawaï ! ». Les ingénieurs ont surveillé de
spatial, utilisé pour amortir près la rentrée de Friendship 7 dans l'atmosphère terrestre. La
l'impact lors de l’amerris- panne radio temporaire
sage, s'était déployé, ce qui
signifie que le bouclier ther-
mique nécessaire à la rentrée n'était plus en place. Bien que
les ingénieurs aient sup-
posé que le signal était
erroné, ils ont proposé
de garder le pack de
rétrofusées pour sa causée par l'accumula-
rentrée atmosphérique tion de gaz ionisés au-
après son usage, en Contrôleurs au sol & station de repérage tour du vaisseau spatial
espérant que les sangles alors qu'il traversait les
seraient suffisamment couches supérieures de l'atmosphère s'est produite comme
solides pour maintenir prévu, et a duré quatre minutes et 20 secondes.
le bouclier thermique en • Friendship 7. Mon état est bon, mais c'était une
place si ce système vraie boule de feu, mon garçon. J'ai eu de gros
avait en fait été déployé. morceaux de ce pack rétro qui se sont cassés tout
Mais si l’indication était du long. Ça bouge un peu. J'ai peut-être encore
exacte, Friendship 7 se Images prises par les
une partie de ce pack.
désintégrerait lors de sa rentrée... caméras embarquées
J. Glenn : « Au lieu de jeter ce pack rétrofusées
John Glenn n'avait pas été explicitement informé du pro-
pour avoir un bouclier thermique propre pour la
blème, mais il a été conseillé, par toutes les stations au sol, de
rentrée, nous l'avons laissé pour que ce bouclier
s'assurer que l'interrupteur de déploiement du système d'atter-
thermique soit maintenu en place jusqu'à ce que la
rissage était en position « off ». Sinon, la deuxième orbite de
force aérodynamique de la rentrée ait tendance à
Glenn autour de la Terre s'est déroulée sans incident, l'astro-
tenir la protection en place. Maintenant, la rentrée allait être
naute menant des expériences et photographiant la planète
pendant qu'elle filait sous lui.
Alors qu'il passait au-dessus d'Hawaï, il reçoit le « go » pour
procéder à sa troisième mais dernière
orbite. Les contrôleurs ont demandé
à Glenn de placer l'interrupteur du
système d'atterrissage en position
automatique et, si une lumière s'allu-
mait, de maintenir le pack de rétrofu-
sées en place après son usage. Ayant
maintenant déduit quel était le pro-
blème, Glenn a signalé qu'il n'avait Christopher C. Kraft
entendu aucun bruit de choc pendant Directeur du vol au MCC
les manœuvres d'attitude qui indique-
Angoisse et anxiété en salle de contrôle...Page 14
intéressante de toute façon, mais c'était encore plus intéres- à débriefer avec les contrôleurs et les ingénieurs qui sont
sant parce que, comme je regardais de temps en temps par le venus pour les séances de débriefing ».
hublot, je pouvais voir les morceaux se briser. Et je ne Friendship 7 a amerri à 14h43 E.T., à environ 1 200 km au
pouvais pas être absolument certain alors si c'était le bouclier sud-est de Cap Canaveral, à proximité de l'île Grand Turk dans
thermique qui se brisait ou le pack rétro. Et évidemment les îles Turques et Caïques, après un vol d'une durée de
c'était le pack rétro car je ne serais pas là aujourd'hui. Mais... 4 heures, 55 minutes et 23 secondes.
ce genre de rentrée était le deuxième problème que nous
avions, en plus de la panne du système de contrôle ».
Après coup, il est assez clair que John Glenn sait qu'il se passe
quelque chose, et que ce qui lui est demandé de faire ne cor-
respond pas aux procédures normales. Il savait que ce pack
rétrofusées aurait dû disparaître. Mais, pour les responsables
au sol, cela semblait être probablement le seul plan d'action
décent dont ils disposaient et qui soit chose raisonnable.
La chute a l’air bonne… Mon état est bon… fait un peu chaud...
Effectivement, la capsule Mercury
était petite, et même avec le bouclier
thermique, John était près de la paroi
et il devait faire assez chaud là-
dedans. C’est une descente difficile
parce que vous subissez un énorme Grand Turk est un territoire
changement de vitesse, d'altitude et britannique d’outre-mer.
de forces G… et toutes ces choses se Une réplique de Friendship 7
combinent. Et, bien sûr, personne ne l'avait fait auparavant à est à l’entrée de l’aéroport
cette vitesse, à partir de la vitesse orbitale. Les astronautes, qui International de Grand Turk.
ont suivi, ont bénéficié des informations de John Glenn à ce
sujet. Mais, il aura été le premier à le faire, et c’était pour lui La marine américaine a
une balade intéressante. désigné le porte-avions U.S.S. Randolph (CVS-15) en tant que
principal navire de récupération, mais parce que Friendship 7 a
Bill Nelson : « Sortir de la période de black-out et atterri à 65 km à l'ouest et à 30 km au nord de la cible prévue,
dire : "Houston, c'est Friendship Seven" ; bien sûr, le navire le plus proche, le destroyer
la nation est devenue folle. Le monde est devenu U.S.S. Noa (DD-841), a terminé la
fou ». récupération de la capsule. Les
John Glenn : « Plus tard, au sol après avoir récu- marins à bord de Noa ont repéré
péré le vaisseau spatial et effectué des tests dessus, Friendship 7 descendant sous son
ils ont découvert que ces deux signaux qui étaient parachute à une altitude de 1 500 m
envoyés au contrôle au sol et qui avaient indiqué et à une distance d'environ 10 km.
un écran thermique non fixé… c'étaient des Le Noa s'est immobilisé le long de
signaux défectueux ». la capsule, maintenant le contact
radio avec Glenn tout au long de
• C'est Friendship Seven qui attend l'impact. l'opération de récupération qui a
• Cap com, restez dans la capsule à moins que vous pris 21 minutes entre l'amerrissage
n'ayez une raison impérieuse de sortir. et le placement de la capsule sur le
• Roger. pont latéral du navire. Assis dans la
• Friendship Seven. Friendship capsule encore chaude, Glenn a fait
Seven se rapproche. Debout. sauter la trappe latérale, préférant
Nous y voilà ! cette voie de sortie à celle de la
trappe supérieure, plus difficile.
John Glen : « Un destroyer est venu à côté et a posé un câble Friendship 7, cinq minutes Après son évacuation, une équipe
et un bossoir, et m'a récupéré et a placé le vaisseau spatial après l’amerrissage. de médecins a escorté Glenn
sur le pont du navire. Et j'ai fait sauter la trappe latérale et je Les marins de l’U.S.S. Noa
jusqu'à l'infirmerie du navire où il a
suis sorti, puis j'ai été pris en charge par un hélicoptère. J'ai récupère la capsule avec retiré sa combinaison spatiale, a
décollé plus tard et suis allé sur le porte-avions, puis j'ai volé Glenn encore dedans. pris une douche bien méritée et a
cette nuit-là vers Grand Turk. Et nous avons passé trois jours subi un bref examen médical qui aPage 15
Sommaire
la Marine, qui l'a également déclaré en forme et en bonne san-
té. Glenn a ensuite été transporté par avion sur l'île de Grand
Turk, où il est arrivé environ cinq heures après l'amerrissage.
Après un nouvel examen médical, Glenn s'est finalement
endormi, plus de 23 heures après s'être
réveillé ce matin-là pour cette journée
historique.
Glenn a passé les deux jours suivants sur
l'île de Grand Turk, subissant des exa-
mens médicaux plus approfondis par la
même équipe de médecins qui l'ont exa-
Mercury Friendship 7 accolée au destroyer U.S.S. Noa. miné avant le vol. Il a également com-
mencé ses débriefings d'ingénierie après
montré qu'il était légère- le vol. Cinq de ses collègues astronautes
ment déshydraté mais en de Mercury l'ont rejoint sur l'île de Grand Turk.
excellente condition phy-
sique. Il a mangé son Glenn entouré de ses compagnons.
premier repas (autre
chose que le tube de com-
pote de pommes) depuis
le petit-déjeuner tôt ce
matin-là. Vêtu d'une
combinaison de vol,
John Glennn se relaxe sur le pont en
attendant l’hélicoptère du porte-avions
Randolph qui doit venir le chercher.
Glenn est revenu inspecter son vais-
seau spatial et a ensuite attendu
qu'un hélicoptère le conduise au
Randolph. Scott Carpenter : « Il y avait un merveilleux... grand sentiment
d'unité et d'accomplissement, que nous avons tous ressenti
J. Glenn hissé à bord de tout au long de cette période ».
l’hélicoptère
John Glenn : « Ils voulaient
L'hélicoptère de l’U.S.S. organiser des célébrations à
Randolph a survolé le Washington ».
pont du Noa et a hissé Avant l'aube du 23 février, le vice-
Glenn à bord pour le président Lyndon B. Johnson est
ramener au porte-avions arrivé pour récupérer Glenn pour le
où il a subi un nouvel vol de retour aux États-Unis. Malgré
examen physique, plus l'heure matinale, une grande partie J. Glenn (centre) et le vice-
approfondi, par une J. Glenn est accueilli à bord du de la population locale s'est dépla- président Lyndon Johnson
équipe de médecins de porte-avions U.S.S. Randolph cée pour voir Johnson et Glenn. (à droite).
Ils sont arrivés à Patrick Air Force Base (AFB), près de Cap
Canaveral, plus tard dans la matinée. La femme de Glenn,
Annie, et leurs deux enfants, David et Lynn, l'ont rencontré à
la base aérienne. De Patrick AFB, les Glenn et le vice-
président Johnson ont remonté la côte jusqu'à Cap Canaveral,
participant
à un défilé
à travers
Cocoa
Beach.
Le Glenn et
Johnson
défilent
sur
Cocoa
Beach.
J. Glenn (centre) est entouré par l’équipe
médicale à bord du porte-avions.Page 16
Skid Strip (piste glissante)
est le nom de la piste de
l’aéroport qui existe aujour-
d’hui, et qui avait été
nommée ainsi car sa
destination initiale était de
servir à l’atterrissage sur
patin de missiles SM-62
Snark lors de leurs tests.
L’aéroport se nomme :
Cape Canaveral
Space Force Station
Skid Strip
Cérémonie d’accueil et remise de médaille devant le bâtiment S.
Cape Canaveral Space Force Station Remise de la NASA Distinguished Service Medal.
(Wernher von Braun derrière le Président)
Au Skid Strip de Cap Canaveral, ils ont rencontré le président
John F. Kennedy Ils ont ensuite visité le MCC (le centre de contrôle de la
qui venait d'arriver. mission Mercury), où le directeur de vol, Kraft, et l'astronaute
Glenn est alors mon- Shepard ont commenté la visite, puis fait un tour du LC-14
té dans la limousine (complexe de lancement 14), où Glenn a présenté au président
présidentielle pour
aller jusqu'au Hangar
S, où le président
Kennedy lui a remis
la NASA Distinguis-
hed Service Medal.
Glenn a répondu
Glen entouré du Président Kennedy et du
général Leighton Davis, commandant de
avec son humilité
l’Atlantic Missile Range habituelle :
« J'aimerais considérer que j'ai été une figure de proue pour
la totalité de ce grand et énorme effort, et je suis très fier de la
médaille que j'ai sur mon revers ».Page 17
Sommaire
Malgré la pluie, des milliers de personnes sont venues les voir
alors qu'ils montaient dans un cortège avec le vice-président
Johnson jusqu'au Capitole des États-Unis, où Glenn s'est
adressé à une session conjointe du Congrès.
L’U.S.S. Noa ramène la
capsule au port de Grand
Turk.
un casque de protection
porté par les travailleurs
de la rampe de lance-
ment. La capsule Mer-
cury avait été ramenée
au port de Grand Turk Inspection à Cape.
par l’U.S.S. Noa, puis
envoyé par avion cargo à la base aérienne de Cap Canaveral
en Floride où elle a été inspectée par les ingénieurs sur place. Joie et bonne humeur malgré la pluie pour la famille Glenn…
Ce qui a permis au président Kennedy d’y jeter un coup d’œil
en compagnie de John Glenn : John Glenn : « Et il y a eu un discours lors
d'une réunion combinée du Congrès, le Sénat
et la Chambre se réunissant ensemble ».
Le 26 février, Glenn et sa famille se sont rendus à Washington
DC, où ils ont assisté à une réception à la Maison Blanche
organisée par le président Kennedy.
John Glenn s’adresse au Congrès.
Plus tard dans la journée, ils
ont assisté à un dîner en leur honneur au département d'État,
où le dessert comprenait de la glace "Mercury" qui, nous
Réception à l’espérons, ne contenait aucune trace de mercure.
la Maison
Blanche Le 1er mars, accompagnés du vice-président Johnson, les
John Glenn Glenn ont participé à un défilé à New York, où la police a
décrit ici aux estimé que quatre millions de personnes se sont
invités la amassées pour les voir, lançant une quantité
trajectoire de record de bouts de papier.
survol de la
capsule sur
un globe ter- John Glenn : « Et puis, il a eu le défilé à New
restre, lors de York, c'était une... c'était toute une nouvelle
cette mission expérience. C'était comme une tempête de
historique papier qui tombait ! ».
Mercury.
Glenn a prononcé un discours à l'hôtel de ville, a assisté à
plusieurs réceptions et a reçu plusieurs prix, dont la médaille
d'honneur de la ville de New YorkPage 18
La défilé à New York.
1er mars 1962
John Glenn : « Quelqu'un m'a dit, il n'y a
pas longtemps, que c'était le plus grand
"défilé de papier" qu'il y aura jamais. Et
j'ai dit : "Non, il y aura toujours un plus
grand défilé de papier". Et ils ont dit
"non", parce qu'à l'époque, vous aviez
encore des rubans telex, et vous aviez en-
core beaucoup de papier… ce qui n'est
plus utilisé dans les bureaux aujourd'hui.
Et donc, maintenant, quand ils ont un
défilé de papier à New York, ils -- les gens
de l'entretien -- vont ramasser les poubelles de papier et la
monter sur le toit pour jeter par dessus. De plus, les
immeubles de New York sont construits de manière à ce que
vous ne puissiez pas ouvrir les fenêtres pour jeter des choses.
Et en plus, il n'y a plus le même genre de papier dans les
bureaux maintenant que nous sommes à l'heure de l'informa-
tique. Donc, ils ont mesuré le tonnage de ce que les nettoyeurs
de rue ramassent après quelque chose comme ça… donc, je ne
sais pas si cela a établi un record qui sera là pour toujours ou Scott Carpenter :
non. Je n'ai aucune idée... ».
Le Télex connaît son apogée autour de
« Ce fut un succès
1990 avec plusieurs millions d'abonnés. retentissant total, et
Premier réseau de l'écrit, il est alors utilisé
ce fut un grand,
dans le monde entier, particulièrement en grand honneur et
Europe, où ce système de communication plaisir de faire partie
a été très utilisé. Transpac, Télétex, Vidéo- d'un programme
tex, télécopieurs et micro-informatique aussi merveilleux et
engageront le déclin vertigineux du Télex
réussi ».
Un Télex Siemens moderne. au moment même de son apogée.Page 19
Sommaire
Deux jours plus tard, Concord City dans l’Ohio, la ville l'US Air Force arborant les mots "Around the world with
natale des Glenn, les a accueillis avec un défilé et plusieurs Friendship 7" (Autour du monde avec Friendship 7) a trans-
événements spéciaux. porté le vaisseau spatial
dans différents endroits,
en commençant par
Hamilton, aux Bermudes,
le 20 avril 1962, puis
à travers l'Amérique
latine, l'Europe, l'Afrique,
l'Asie et l'Australie.
Friendship 7 - Londres 14 mai 1962
Les Glenn sont accueillis à Concord City...
Bill Nelson : « Bien plus tard, le
président Clinton lui a donné une
chance de voler à nouveau. Vous
voyez, le président Kennedy n'a plus
laissé voler John, parce qu'il était
devenu un "trésor national". Cepen-
dant, des années après, le président
Clinton a dit : "John, je veux que tu
retournes dans l'espace" ».
Friendship 7 à Colombo, Ceylan, juillet 1962
Après sa « quatrième tournée en orbite », le 6 août
1962, le célèbre vaisseau spatial a été exposé
temporairement dans le hall d'exposition de la
NASA lors de l'exposition Century 21, également
connue sous le nom de World's Fair (Exposition
Universelle), à Seattle qui s’est tenue du 21 avril
au 21 octobre 1962 ; le site est connue pour sa
« Space needle », avec son restaurant en forme de
Kennedy avait son trésor national... soucoupe volante.
La quatrième orbite… Le 23 février 1963, la NASA a officiellement remis le
vaisseau spatial, ainsi que la combinaison
spatiale de Glenn et d'autres artefacts, à la
Trois mois après son vol Smithsonian Institution à Washington, D.C.,
orbital terrestre, la où il réside depuis. Il est actuellement expo-
capsule Friendship 7 sé au Stephen F. Udvar-Hazy Center du
entamait sa prochaine Smithsonian's National Air and Space
mission, connue sous le Museum à Chantilly, en Virginie. En ce qui
nom de « tournée de la concerne le MCC de Cap Canaveral, bien
quatrième orbite ». que le bâtiment qui l'abrite ait été démoli en
L'agence d'information 2010, la salle de contrôle a été supprimée,
américaine et la NASA déplacée, minutieusement restaurée, et ex-
ont organisé un tour du Friendship 7
exposée au posée au centre de conférence Kurt Debus
monde de trois mois qui Stephen F. Udvar- du centre des visiteurs du centre spatial
l'a emmenée dans plus de Hazy Center Kennedy de la NASA en Floride. Une
20 pays, y compris tous réplique gran-
ceux qui hébergeaient deur nature de Friendship 7 est
Le cargo C-130 de l'US Air Force une station de suivi de la exposée à l'entrée de l'aéro-
pour le transport de la capsule spatiale. NASA. On estime que 4
port international Jags McCart-
Friendship 7 arrive le 18 mai 1962 millions de personnes ney sur l'île de Grand Turk, où
à Paris. l'ont vu en personne et 20 les autorités ont renommé la
millions de plus sur les route d'entrée principale :
programmes de télévision locaux. Un avion cargo C-130 de John Glenn Drive.Page 20
Steve Lindsay : « Donc, j'ai été très, très Et c’est l’envol du pad-39B, avec Discovery et la mission
surpris d'apprendre qu'ils voulaient que je STS-95, le 29 octobre 1998 ; une mission très médiatisée par
commande cette mission, c'était un immense le fait même que le sénateur Glenn, âgé de 77 ans, faisait
privilège pour moi d'avoir la chance de le partie de l’équipage.
faire et d'aller voler avec cette légende
vivante. Quand il est revenu... une des
premières choses que j'ai remarquées, c'est
qu'il est revenu dans le programme spatial
comme s'il ne l'avait jamais quitté, comme
s'il n'avait rien oublié ».
Steve : « Le temps s’était écoulé, mais il comprenait tous les
principes du vol spatial, comment le faire, quoi faire,
comment s'entraîner. À l'époque, il occupait deux emplois. Il
s'entraînait pour notre vol et il était également toujours au
Sénat des États-Unis... Ainsi, il courait dans les deux sens, à
Washington DC pour différentes réunions, des audiences et
des votes, puis il revenait en courant et s'entraînait...
Bill Nelson :
« Ensuite, il a eu la
chance de voir et
de vraiment observer
avec attention les sites
sur lesquels il n'avait
pas eu l'occasion de
s'attarder au cours de
"ses trois orbites". Et
si quelqu'un méritait
d'y aller... à 77 ans...
et de montrer comment le corps humain, à cet âge, peut
s'adapter, eh bien, John était celui qui méritait d'y aller ».
Il a maintenu un programme rude, brutal que je Steve : « Beaucoup de gens pensent que John est un astro-
ne connaissait pas… que je ne supporterais naute. Ceux d'entre nous qui ... avec des antécédents simi-
pas... et je suis beaucoup plus jeune que lui ». laires... le considèrent comme un pilote d'essai, peuvent le
considérer comme un pilote de chasse. Vous savez, un ancienPage 21
Sommaire
Marine… je suis sûr que la plupart de ses copains du Corps
des Marines le considèrent comme tel. Et certains d'entre
nous le considèrent comme un sénateur ou un politicien. Je
pense que son héritage est dans tous ces domaines, car, très
franchement, il a excellé dans tous ces domaines. On se
souviendra probablement toujours de lui pour avoir été
célèbre dans son rôle d'astronaute. Mais, je… quand je pense
à John, je ne pense pas à l'astronaute ; je pense à toutes ces
autres choses qui sont associées à John. Le plus grand
compliment que je puisse faire à John est que lui et Annie sont
les personnes avec qui vous voulez vivre. Son héritage est
vraiment un exemple de ce que devrait être tout Américain ».
Bille Nelson : « John Glenn est le garçon totale-
ment américain, qui est devenu le héros totalement
américain, qui est devenu le fonctionnaire
totalement américain ». Discovery est rentrée le 7 novembre 1998 à Kennedy, piste 33.
Distance parcourue : 5 800 000 km en 9 jours, 19h et 54 mn.
La chose la plus importante que nous puissions faire est d'inspirer les jeunes
esprits à progresser en sciences, en mathématiques et en éducation.
Si nous le faisons, les jeunes seront les moteurs économiques qui propulseront
l'Amérique vers un avenir meilleur.Page 22
La nouvelle fusée géante SLS de la Nasa a fait ses débuts
en allant se promener jusqu’au pas de tir.
Il y a peu, l'agence spatiale américaine, la NASA, déployait Ces missions font partie de ce que la NASA appelle son
pour la première fois sa nouvelle fusée géante ; le véhicule, programme Artemis.
connu sous le nom de Space Launch System (SLS), a été L'administrateur de l'agence, Bill Nelson, a déclaré que nous
emmené au Pad 39B du Kennedy Space Center en Floride entrions dans une ère dorée de l'exploration spatiale humaine.
pour effectuer un compte « La génération Artemis se prépare à atteindre de nouvelles
à rebours fictif, qui devait frontières », a-t-il déclaré aux nombreux spectateurs rassem-
s’arrêter après le remplis- blées à Kennedy pour l’occasion. « Cette génération renverra
sage des réservoirs avec des astronautes sur la Lune et cette fois, nous ferons atterrir
de l’hydrogène liquide et la première femme et la première personne de couleur à sa
de l’oxygène liquide surface, pour mener une science révolutionnaire. Le
notamment. Si cela se programme Artemis de la NASA ouvrira la voie au pas de
passait bien, la fusée était géant de l'humanité vers les futures missions vers Mars ».
déclarée prête pour une
mission au cours de la- SLS est un colosse… un peu moins de 100 m de haut, cette
quelle elle devait envoyer fusée a été conçue pour être plus puissante que les véhicules
une capsule de test Bill Nelson, administrateur de la NASA, Apollo Saturn de la fin des années 1960 et du début des
(Orion), sans équipage, présente SLS à la presse et aux spec- années 1970. L’objectif est non seulement d'envoyer des
autour de la Lune ; une tateurs ; il était un fervent défenseur du astronautes bien au-delà de la Terre, mais aussi tellement
affaire qui pouvait arriver projet lorsqu’il était encore sénateur. d'équipements et de marchandises que ces équipages pourront
dans les deux prochains partir pendant de longues périodes.
mois. Ce déploiement de mi-mars depuis le bâtiment d'assemblage
En fin de compte, on espère que les astronautes monteront à de véhicules (VAB) de Kennedy est le début de la fusée, dans
bord des fusées SLS prochaines, pour revenir à la surface de le sens où c'est la toute première fois que le monde peut voir
la Lune, au cours de la seconde moitié de cette décennie. tous ses différents éléments entièrement « empilés ».Vous pouvez aussi lire
