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ombres blanches www.ombres-blanches.fr librairie en ligne à toulouse – librairie en ville programme janv./fév. 2021 156 © Françoise Nuñez.
Du 8 janvier au 27 février 2021 jeudi 21 janvier/16 h 30 mardi 2 février/17 h 30 Après l’arrêt de nos rencontres le 28 octobre dernier, il y a eu l’édition d’un l’Atelier d’Ombres Blanches Théâtre Garonne Ivan Jablonka, beau programme, demeuré fictif, que nous avions consacré aux semaines de Exposition Bernard Plossu/ Laure Adler, Un garçon comme vous et moi Françoise Nuñez La voyageuse de nuit p. 32 p. 22 novembre et de décembre. Nous y avons répété les mêmes suspensions que dans Modus Vivendi (photographies) vendredi 22 janvier/17 h 30 jeudi 4 février/17 h 30 celui d’avril dernier. Au printemps et à l’automne, ces deux séries d’annulations p. 27 à 31 Philippe Forest, Après tout, Hugo Lindenberg, lundi 11 janvier/17 h 30 Aplomb et Napoléon Un jour ce sera vide p. 12 auraient pu nous convaincre de lâcher cet exercice de l’élaboration d’un car- Yves Le Pestipon, p. 8 et p. 9 vendredi 5 février/17 h 30 net de rendez-vous, nous aurions pu être gagnés par la lassitude et finalement Mensuel de la Librairie Ombres Blanches 50, rue Gambetta, 31000 Toulouse – Tél. : 05 34 45 53 33. E-mail : info@ombres-blanches.fr Internet : http://www.ombres-blanches.fr Classiques au détail samedi 23 janvier/11 h Alain Schnapp, Ruines p. 17 attendre des jours plus certains avant d’imaginer de nouvelles rencontres. Mais p. 14-15 Marie-José Latour, Phillipe Forest, samedi 6 février/16 h mercredi 13 janvier/17 h 30 Lire ce qui ne cesse pas de ne pas Rencontre avec Françoise Nunez renoncer serait abandonner non seulement l’espoir de revoir réunis nos publics, Pierre Petremann, s’écrire p. 9 p. 27 à 31 mais aussi d’oublier ce qui depuis quarante ans nourrit quotidiennement la vie Raymond Naves, un humaniste samedi 23 janvier 15 h 30 samedi 6 février/17 h 30 de la librairie. Aussi avons-nous pris la décision d’inviter dès janvier les auteurs en résistance p. 21 Mathilde Larrère, Que Pascal Ory, jeudi 14 janvier/17 h 30 signifie l’occurence simultanée Qu’est-ce qu’une nation ? p. 16 de livres que nous aimons à venir en parler. Santiago Mendieta, de révoltes populaires sur tous mardi 9 février/17 h 30 Le présent bulletin de nos rencontres voudrait être le premier de l’année Histoires retrouvées les continents ? p. 15 Ariane Puccini, 2021, année II de la Covid. Le conditionnel appliqué au verbe vouloir ne sera ici de la guerre d’Espagne samedi 23 janvier/17 h 30 Mauvais traitements p. 20 p. 19 Serge Joncour, Nature humaine mercredi 10 février/16 h 30 que le reflet de l’incertitude dans laquelle nous vivons tous depuis bientôt un jeudi 14 janvier/17 h 30 p. 5 Théâtre Garonne an, et dont les conséquences ont déjà provoqué les deux arrêts très longs, trop Cinémathèque de Toulouse mardi 26 janvier/17 h 30 Cynthia Fleury, Ci-gît l’amer Présenté par Luc Béraud, L'armée Jean-François Simonin, p. 26 longs, de nos activités. Vous trouverez dans ce programme ce que nous avons des ombres p. 25 L’innovation frénétique jeudi 11 février/17 h 30 imaginé pour accompagner vos lectures, en ces premiers jours de 2021, pour y vendredi 15 janvier/17 h 30 p. 20-21 Gisèle Sapiro, Peut-on dissocier éveiller vos désirs de connaissances, voire vous distraire d’une actualité trop Luc Béraud, mercredi 27 janvier/17 h 30 l’œuvre de l’auteur ? Les Lumières de Lhomme Robert Bober, Par instants la vie et Dictionnaire international volontiers anxiogène. Ce 20 décembre, nous le mettons sous presse, et même si p. 25 n’est pas sûre p. 4 Bourdieu p. 14 les nouvelles semblent indiquer un possible troisième confinement, nous choi- samedi 16 janvier/16 h jeudi 28 janvier/14 h 30 vendredi 12 février/17 h 30 sissons de vous inviter à retrouver ces brefs moments partagés en fin de jour- Geneviève Dreyfus Armand, Emmanuel Carrère, Yoga p. 24 Ariane Ascaride, Les Républicains espagnols vendredi 29 janvier/17 h 30 Bonjour pa' : lettres au fantôme née à la librairie. Quitte à les voir empêchés par de nouvelles interdictions. à Rivesaltes p. 18 Jean-Philippe Toussaint, de mon père Parce qu’associé au commerce des livres et aux librairies, le secteur de Mise en pages : Petits Papiers,Toulouse Impression : Groupe reprint – Parchemins du midi samedi 16 janvier/18 h La disparition du paysage p. 11 l’édition aura été (un peu) plus épargné que les autres industries culturelles par Rencontre avec Bernard Plossu et Les émotions p. 6 samedi 13 février/16 h p. 27 à 31 samedi 30 janvier/11 h Philippe Aigrain, Sœur(s) la crise économique et sanitaire, du moins hors de l’univers désormais "digi- mardi 19 janvier/17 h Serge Vallon, Café Psy p. 9 p. 12-13 talisé" et financiarisé de la production culturelle (et de loisirs). Pourtant ici, Djaïli Amadou Amal samedi 30 janvier/17 h samedi 13 février/17 h 30 Les impatientes Tiffany Tavernier, L’ami p. 10 Mika Biermann, nous n’avons jamais imaginé la lecture des livres sans ses liens avec le monde p. 23 lundi 1er février/17 h 30 Trois nuits dans la vie de la recherche et de l’enseignement, sans ses liens avec le patrimoine, avec le mercredi 20 janvier/17 h 30 Yves Le Pestipon, de Berthe Morisot théâtre et le cinéma, avec la musique et les musiciens. Aucun de tous ces uni- Manuel Vilas, Alegria p. 7 Classiques au détail p. 10-11 p. 13 vers ne peut se réduire à la taille de l’écran d’un ordinateur, d’un téléphone. C’est ainsi la ville, où naissent les œuvres, qui nous manque, c’est la vie dont nous Bernard PLOSSU sommes privés par chacune des fermetures des salles de spectacle, par chacune Françoise NUÑEZ des interdictions de "recevoir du public", de "réunir". Les raisons sanitaires Modus vivendi actuelles ne sont en rien opposables, puisqu’elles ont pour vocation de protéger nos vies, mais le contrat social qui nous lie aux pratiques culturelles et à ceux qui y sont engagés, est depuis un an bouleversé comme jamais il ne le fut. Et Photographies rien de ce corps à corps qui nous lie, sur les gradins des théâtres et dans les rangées de fauteuils des cinémas, ne saurait se résoudre à des chiffres et à des solutions de gestion. En janvier 2021, il reste à garder l’espoir de retrouver le chemin qui mène aux comédiens, aux artistes et aux écrivains, là où leurs voix du 8 janvier 2021 se mêlent aux nôtres et où leurs silences savent nous interroger. au 27 février 2021
4 lire c’est vivre entre l’homme et la nature 5 Par instants la vie n’est pas sûre Nature humaine ROBERT BOBER SERGE JONCOUR mercredi 27 janvier à 17 h 30 samedi 23 janvier à 17 h 30 Rencontre avec Robert Bober à l’occasion de la parution aux éditions P.O.L. de son ouvrage Rencontre avec Serge Joncour autour de Nature humaine, son ouvrage paru aux éditions Flammarion, Par instants la vie n’est pas sûre. La rencontre sera précédée à 16 h 30 d’une projection d’un film de et récompensé par le Prix Femina 2020. Robert Bober consacré aux émissions réalisées en compagnie de Pierre Dumayet. SERGE JONCOUR est né à ter davantage l’arrivée des gen- notre humanité en péril. À moins ROBERT BOBER est né en 1931 Paris en 1961. En 1998, son pre- darmes. Seul dans la nuit noire, il que la nature ne vienne reprendre à Berlin. En août 1933, sa famille mier roman, Vu (Le Dilettante) le va revivre la fin d’un autre monde, certains de ses droits… J. Leclercq. Portrait de P. DUMAYET réalisé en 1986 à l’occasion de la présentation de son livre Narcisse, éditions Talus d’Approche.Wikipedia. fuit le nazisme et s’installe à Paris. propulse sur le devant de la scène les derniers jours de cette vie pay- Dans sa jeunesse, il est successive- littéraire. Depuis, il a publié une sanne et en retrait qui lui paraissait Extrait ment tailleur, potier, éducateur… Et douzaine d’ouvrages dont, aux édi- immuable enfant. Entre l’homme « On avait abandonné tous ces assistant de François Truffaut. Réa- tions Flammarion, L’Idole (2005), et la nature, la relation n’a cessé de travaux qui supposaient d’être lisateur pour la télévision depuis Combien de fois je t’aime (2008), se tendre. À qui la faute ? en nombre, ces tâches qui avant 1967, il est l’auteur de près de cent L’Amour sans le faire (2012), Dans ce grand roman de « la rassemblaient les familles, de vingt films documentaires. Aux L’Écrivain national (prix des nature humaine », Serge Joncour même, pour les patates, il n’y éditions P.O.L., il a publié Quoi de Deux Magots 2014), Repose-toi sur orchestre presque trente ans d’his- avait plus besoin de passer deux neuf sur la guerre ? (1993), Berg et moi (prix Interallié,2016) et Chien- toire nationale où se répondent jours à quatre pattes, à présent la Beck (1999), Laissées-pour-compte Loup (prix Landerneau 2018). jusqu’au vertige les progrès, machine faisait la récolte cent fois (2005), On ne peut plus dormir les luttes, la vie politique et les plus vite, si bien que les grands- tranquille quand on a une fois Humanité en péril catastrophes successives qui ont parents avaient triplé leur surface ouvert les yeux (2010) et Vienne La France est noyée sous une tem- jalonné la fin du xxe siècle, per- de Bintje et de Rosa dans les terres avant la nuit (2017). pête diluvienne qui lui donne des cutant de plein fouet une famille du bas. Pour remplir les rayons en airs, en ce dernier jour de 1999, de française. En offrant à notre vrac du Mammouth, il fallait coller Souvenirs communs fin du monde. Alexandre, reclus monde contemporain la radiogra- à la demande, voir de plus en plus « Si j’ai choisi de t’écrire Pierre, dans sa ferme du Lot où il a grandi phie complexe de son enfance, il grand. » n c’est que j’ai préféré m’adresser à avec ses trois sœurs, semble redou- nous instruit magnifiquement sur toi plutôt que de parler de toi. Il m’a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort. » Il y eut une rencontre décisive dans la vie de Robert Bober, celle avec Pierre Dumayet (1923-2011), journaliste, écrivain, qui a intro- duit les livres et la littérature à la télévision avec Lecture pour tous, puis Lire c’est vivre, qu’il présen- tera pendant plus de quinze ans. Robert Bober devenu réalisateur à la télévision collabore étroite- ment avec Pierre Dumayet. Et le Cardinal Lustiger, Alechinsky, santes. C’est un jeu sur le souve- c’est à lui, aujourd’hui, que Robert Hartung…). À la façon d’un puzzle nir, qui interprète et raconte les John H.Twachtman, La rivière (détail). Bober s’adresse dans une longue jamais fini, Robert Bober revisite sa silences, les oublis, qui raccorde lettre-récit, accompagnée de nom- propre existence, les lieux, les his- des histoires entre elles et avec breuses images (photographies, toires, les images et les textes qui la vie, s’interroge sur la langue, films, illustrations). l’ont marqué. Il nous fait partager l’écriture, le yiddish bien sûr, Il raconte leur amitié, leurs souve- ses admirations et ses indigna- l’art et les mots. Robert Bober, en nirs communs sur les tournages tions parfois. Le livre épouse les adressant cette lettre-souvenir en des films, leurs lectures, leurs ren- caprices de la mémoire familiale hommage à son ami disparu, fait contres (le grand rabbin Safran, et historique, s’égare, s’interroge aussi le récit éclaté, émouvant, de André Schwarz-Bart, Perec, Duras, et fait des découvertes boulever- son existence. n
6 une claustration une mise à nu 7 La disparition du paysage Alegría JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT MANUEL VILAS vendredi 29 janvier à 17 h 30 mercredi 20 janvier à 17 h 30 Rencontre avec Jean-Philippe Toussaint autour de ses parutions récentes aux éditions de Minuit : Rencontre Manuel Vilas à l’occasion de la parution de son nouveau roman, Alegría, publié La disparition du paysage, et Les émotions. En présence d'Aurélien Bory – metteur en scène. aux éditions du Sous-Sol. JEAN-PHILIPPE TOUSSAINT de la Cité, à l’automne prochain. les escaliers ? Ou un attentat ? Se MANUEL VILAS est né à Bar- par le prix Premio Planeta 2019 berg), sa part sombre, son ange de est né à Bruxelles en 1957. Il est « Je passe ma convalescence à peut-il que j’aie été victime d’un bastro, en Espagne, en 1962. en Espagne. la dépression. Le passé coule par- écrivain, cinéaste et photographe. Ostende. Une aide-soignante, attentat ? Je ne sais pas. Je n’ai Figure de l’avant-garde de la lit- tout, vague sans cesse rabattue, il Son premier roman, La Salle de qui ne parle pas français (peut- pas mal, pas de souffrance phy- térature espagnole, écrivain et Mise à nu est dans les machines à presser les bain, est paru en 1985 aux Éditions être ne parle-t-elle que néerlan- sique, mais un étonnement – un poète, trois de ses ouvrages ont « Je suis arrivé par la douleur à la oranges, dans les chemises jamais de Minuit. Il est l’auteur de quinze dais), vient tous les jours, qui étonnement inébranlable. » fait l’objet de traductions en joie », écrit le poète José Hierro. assez blanches, dans les cours livres, tous publiés chez Minuit, me couche le soir et m’assiste français : Le poète de cinquante De chambres d’hôtel en aéro- d’eau, comme sous le sol que l’on dont, récemment, Made in China pour mon lever. J’ai le sentiment Je connais ans (Al Manar, 2014) – un recueil ports, assailli par une profusion foule. et M.M.M.M. (2017), ainsi que La qu’il n’y a pas de discontinuité Jean-Philippe de poésie -, ainsi que son roman de souvenirs, Manuel Vilas pour- « La joie venait toujours après la clé USB (2019). Il a obtenu le prix dans ma vie, que cela fait des Toussain On Air (Passage du Nord-Ouest, suit la mise à nu de son narrateur. peine », chante Apollinaire, Ale- Médicis en 2005 pour Fuir et le mois maintenant que je suis « Je connais Jean-Philippe Tous- 2012), et Ordesa, (Sous-Sol, 2019), Il orchestre la symphonie de la gría tend résolument du côté de prix Décembre en 2009 pour La immobilisé ici dans un fauteuil saint depuis quelques années, je phénomène littéraire en Espagne, mémoire et enrichit son tableau la lumière et Manuel Vilas offre, Vérité sur Marie. Ses romans sont roulant et que les journées se le lis depuis 1984, accueillant cha- avec quatorze éditions en moins de nouveaux motifs comme celui après Ordesa, un grand livre traduits en plus de vingt langues. succèdent, identiques, devant cune de ses œuvres avec émotion. d’un an et plus de cent mille de l’allégresse. Toujours entouré solaire. Son audace littéraire et sa la fenêtre de cet appartement. J’aime son style, son humour, sa exemplaires vendus, et véritable de ses musiciens, ombres de son capacité à transfigurer l’intime en La disparition Combien de temps va durer clarté même dans la mélancolie. succès en France, couronné par passé, en dialogue incessant avec universel le désignent comme un du paysage ma convalescence, je l’ignore. Je Il me fit don de ce texte il y a un le Prix Femina étranger 2019. Ale- les doubles de ses fantômes, aux- de nos écrivains contemporains Ce texte, dans une mise en scène n’ai pas froid, je ne manque de peu plus d’un an dans un café à gría a quant à lui été récompensé quels il ajoute Arnold (pour Schön- majeurs. n d’Aurélien Bory, sera joué par rien. Je n’ai aucun souvenir de Paris, où il voulait me le remettre Denis Podalydès du 12 au 30 jan- l’accident. Ai-je été renversé par en mains propres. J’étais étonné vier au théâtre des Bouffes du une voiture ? Ou était-ce une de cette discrétion, comme si nous Nord, et à Toulouse au théâtre chute ? Ai-je fait une chute dans étions dans un film d’espionnage.Il ne l’avait pas publié (chez Minuit, comme tous ses livres), et ne le publierait pas encor : seulement, sans doute, quand je le jouerais. Bon, très bien, je le reçus comme le début d’une missio : faire passer ce texte dans la chambre d’écho d’un théâtre. Comment donner à entendre (à voi ?) ce flux de pensées, de sen- sations, de réminiscence ? Et com- ment faire avec la mort, toujours Léon Spilliaert, Les galeries royales d'Ostende (détail). présente, déjà là, ombre et instan ? Sir John Lavery, Jeune femme en rouge (détail). Il fallait un espace particulier, iné- dit.Aurélien Bory s’est intéressé au projet. Dans le café où nous nous sommes aussi rencontrés, il s’est mis à griffonner de petits croquis autour du thème de la fenêtre qui s’obture peu à peu. Quantité d’es- paces différents ont affleuré dans l’imaginaire commun qui s’édifiait doucement. » n Denis Podalydès
8 l’expérience de la perte littérature et inconscient 9 Après tout Lire ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire PHILIPPE FOREST MARIE-JOSÉE LATOUR, PHILIPPE FOREST vendredi 22 janvier à 17 h 30 samedi 23 janvier à 11 h Rencontre avec Philippe Forest à l’occasion de la parution de son ouvrage Après tout aux Presses Uni- Rencontre avec Marie-José Latour, auteure de l’ouvrage Lire ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire. versitaires de France et de la publication, aux éditions Gallimard, de ses livres Éloge de l'aplomb Autour de l'œuvre de Philippe Forest, articles et entretiens (Étude de psychanalyse), et Napoléon. La fin et le commencement. paru aux Éditions nouvelles du Champ Lacanien. En présence de Philippe Forest. Organisée en lien avec les Forums du Champ Lacanien – Midi-Pyrénées. Débat animé PHILIPPE FOREST est né en Décembre, 2004), Le Nouvel mais pour porter témoignage de la par Yvette Jolzelson et Anne Castelbou. 1962 à Paris. Écrivain, il est l’auteur Amour (2007) et, plus récem- part d’irréparable, d’irrémédiable de nombreux romans parus aux ment, L’Oubli (2018) et Je reste que comporte l’existence. Pointer avec des mots par l’infigurable, le nouage du désir éditions Gallimard, dont L’Enfant roi de mes chagrins (2019). On Si la littérature et la psychanalyse et du deuil, le témoignage néces- éternel (Prix Femina du premier lui doit également de nombreux Éloge de l’aplomb. partagent le même outil, le langage, saire bien qu’impossible, le recours roman, 1997), Sarinagara (Prix essais, dont Philippe Sollers (Seuil, Et autres textes sur elles n’en font pas le même usage. à l’étranger d’une langue, la répéti- 1992), Aragon (Prix Goncourt de l’art et la peinture Il se trouve cependant certains tion, les dangers de l’espoir, etc. la biographie, Gallimard, 2015), « Tout a commencé sur un malen- auteurs qui partagent avec les psy- On pourra lire dans cet ouvrage Une fatalité de bonheur (Grasset, tendu », explique Philippe Forest chanalystes le souci de se préoccu- les articles suscités par la lec- 2016) ou encore L’université en préfaçant ses « textes sur l’art ». per d’élaborer les effets du langage ture des livres de Philippe Forest première ligne. À l’heure de la dic- Allant de Hubert Robert et Hippo- sur le réel. Cela n’implique pas comme autant de façons de saluer tature numérique (2020, collec- lyte Flandrin pour le passé, Picasso de continuité entre ces deux pra- sa façon remarquable de pointer tion Tracts). et Chagall pour le xxe siècle, tiques mais bien plutôt la mise en avec des mots ce que les mots ne jusqu’à Fabrice Hybert et Yayoi évidence de ce point qui ne cesse savent pas dire. Grâce à la généro- Après tout Kusama pour le contemporain, ils d’inquiéter tout récit. sité avec laquelle il a lu ces textes Dans le cadre de la collection du se trouvent réunis dans l’ouvrage L’œuvre de Philippe Forest en est et grâce à la fidélité avec laquelle il centenaire des Puf, ouverte à des qui paraît aujourd’hui. un paradigme. Depuis son premier a soutenu nos échanges, on pourra récits de vie et des savoirs de Comme ses essais sur Raymond roman écrit pour répondre au réel lire également les entretiens qu’il chercheurs, penseurs et écrivains Hains ou Araki Nobuyoshi, publiés et répondre de lui, Philippe Forest nous a accordés durant ces quinze voués à esquisser des horizons et déjà dans la collection « Art et décline le défaut structural du lan- dernières années. n ouvrir des voies d’espérance pour Artistes » en 2004 et 2008, ils sont gage, la représentation inquiétée l’avenir, le romancier et essayiste nés des chroniques littéraires Philippe Forest revient sur son que le romancier donnait dans le œuvre traversée par l’idée de magazine d’art contemporain art Café psy / Serge Vallon deuil, l’expérience de la perte et la press et qui lui ont valu, depuis question de la survie. vingt ans, d’être régulièrement ALAIN LAFAGE, LIN GRIMAUD « J’écris pour recevoir du monde sollicité afin d’écrire également samedi 30 janvier à 11 h une réponse à la question que je sur un domaine qui, pourtant, a Cinéma et psychanalyse. lui pose et qui est identique à celle priori, n’était pas le sien. que, tous, écrivains ou pas, sous L’art, reconnaît Philippe Forest, LE CINÉMA ET LA PSYCHA- des abstractions de la psychana- une forme ou sous une autre, nous appartient d’abord aux artistes NALYSE sont nés vers la fin du xixe lyse une présentation plastique siècle et s’ils sont contemporains qui ne la dénature pas. Pourtant Auguste Renoir, Frédéric Bazille peignant Le Héron (détail). lui adressons. », confie-t-il dans une et aux historiens de l’art, aux conversation habitée par les sou- créateurs et aux critiques. « Mais, il faudra du temps pour que les depuis cinéma et psychanalyse venirs de jeunesse, par l’intérêt ajoute-t-il, à côté de celui qu’ils champs nouveaux qu’ils ouvrent ont montré que la rencontre est pour les avant-gardes, par une cer- tiennent, un autre discours sur se croisent et révèlent par leurs non seulement possible mais taine conception de la littérature l’art est également possible qui échanges de nouvelles potentiali- qu’elle produit une confrontation et de l’éthique politique. Au fil de assume explicitement sa dimen- tés culturelles. Freud est resté très enrichie de leurs différences dans l’entretien, l’écrivain met à nu tout sion subjective et l’ignorance rela- méfiant envers cet art plastique, l’abord du réel. ce qui l’anime et l’habite dans le tive sur laquelle il repose. » qui pour lui, utilise l’illusion et Alain Lafage Psychologue Clini- fait d’écrire, de lire, de croire en C’est pourquoi Éloge de l’aplomb le trucage pour distraire. Il s’est cien, membre du CA de la Société la littérature, qui même si elle ne appartient de plein droit à l’œuvre opposé à collaborer avec les réali- Française de Thérapie Familiale sauve de rien, porte sur les choses littéraire de Philippe Forest, à sateurs du cinéma pour produire Psychanalytique, Président de la essentielles de la vie, de l’amour, l’intérieur de laquelle ce nouveau des œuvres qui seraient inspirées Céphéide qui organise les Ren- de la mort. Pour lui, la littérature livre entre en résonance avec tous par la psychanalyse car il pensait contre Internationales CinéPsy à n’est pas là pour réparer la réalité les autres. n qu’il n’était pas possible de faire Gaillac. n
10 l’horreur à sa porte r e t r o u v e r u n e b i e n v e i l l a n c e 11 L’ami Bonjour pa' TIFFANY TAVERNIER ARIANE ASCARIDE samedi 30 janvier à 17 h vendredi 12 février à 17 h 30 Rencontre avec Tiffany Tavernier à l’occasion de la parution de son roman L’ami aux éditions Rencontre avec Ariane Ascaride autour de son ouvrage Bonjour pa' : lettres au fantôme de mon père, Sabine Wespieser. paru aux éditions du Seuil. TIFFANY TAVERNIER est (Tallandier, 2017) et Roissy (Sabine temps de l’intervention. Sa femme ARIANE ASCARIDE est née Olmi. Ariane Ascaride reprendra de fille d’immigré italien à Mar- romancière et scénariste. Née en Wespieser, 2018). le rejoint. En état de choc, ils à Marseille. Après des études en prochainement au Théâtre de seille à des réflexions brutes, enga- 1967, elle est la fille de la scénariste apprennent l’arrestation de Guy et sociologie à Aix-en-Provence, Paris Le Dernier jour du jeûne, gées, passionnées et vibrantes sur Colo Tavernier et du réalisateur Des âmes Chantal, leurs voisins si serviables, elle monte à Paris pour entrer au écrit et mis en scène par Simon le présent. Bertrand Tavernier. Son premier tourmentées les seuls à la ronde, avec qui ils ont Conservatoire, où elle a pour pro- Abkarian. La comédienne porte un regard roman, Dans la nuit aussi le ciel C’est un samedi matin comme partagé tant de bons moments. fesseurs Antoine Vitez et Marcel critique mais tendre sur ses (Paroles d’aube, 1999), retrace son un autre, dans la maison isolée où Tenu par le secret de son enquête, Bluwal. Mais elle délaisse bientôt Éclairages sensibles contemporains et sur elle-même. expérience dans les mouroirs de Thierry, le narrateur, s’est installé le capitaine Bretan ne leur donne les planches pour se consacrer au Au cours de cette trentaine de Elle nous livre des lettres intimes Calcutta, à dix-huit ans. Depuis lors, des années auparavant. Thierry aucune explication, il se contente cinéma. Elle est surtout connue missives, Ariane Ascaride s’adresse et universelles, qui sont autant elle n’a cessé de voyager de par le s’apprête à partir à la rivière, quand de solliciter leur coopération. Au pour ses interprétations depuis avec émotion à son père depuis d’éclairages sensibles sur notre monde, notamment en Arctique, il entend des bruits de moteur. bout de vingt-quatre heures de quarante ans dans les films de longtemps disparu. Le confine- époque, sur la violence de notre où elle situe son roman suivant, La scène qu’il découvre en sor- sidération, réveillé à l’aube par des son mari Robert Guédiguian, ment l’incite à se tourner vers société néolibérale mais aussi sur L’Homme blanc (Flammarion, tant de chez lui est proprement coups frappés à la porte, Thierry dont la majorité se passe dans les cette figure rassurante qui a tou- les petits plaisirs du quotidien 2000). Parmi ses romans, citons impensable : cinq ou six voitures réalise enfin, filmé sur son seuil quartiers populaires de Marseille. jours su, malgré ses « étrangetés », et les joies des liens qui nous notamment Holy Lola (Feryane, de police, une ambulance, des par une journaliste à l’affût de À travers ses rôles, elle défend calmer ses angoisses enfantines. unissent contre vents et marées. n 2005), coécrit avec Dominique hommes casqués et vêtus de gilets sensationnel, que Guy Delric est un cinéma social et engagé. Elle Elle mêle ses souvenirs d’enfance Sampiero, La Menace des miroirs pare-balles surgissant de la forêt. le tueur de jeunes filles qui dispa- a reçu le César de la meilleure (Le Cherche Midi, 2006), Isabelle Un capitaine de gendarmerie lui raissent depuis des années. Avec actrice pour Marius et Jeannette Eberhardt. Un destin dans l’islam demande de se coucher à terre le ce magnifique portrait d’homme, en 1998 et vient d’être primée à la la romancière, subtile interprète Mostra de Venise dans son dernier des âmes tourmentées, continue film, Gloria Mundi (2019). Elle a d’interroger – comme elle l’avait publié en 2018, aux éditions de fait dans Roissy (2018) –, l’infinie L’Observatoire, Une force et une Joseph Wright of Derby, Jeune fille lisant une lettre, vieil homme lisant par dessus son épaule (détail). faculté de l’être humain à renaître consolation, livre rassemblant les à soi et au monde. n entretiens réalisés par Véronique Classiques au détail YVES LE PESTIPON lundi 1er février à 17 h 30 Rencontres proposées par Yves Le Pestipon. LUNDI 1ER FÉVRIER À 17 H 30 sité toulousain, sut voir en lui un Malherbe, Poésies, « Dessein de expérimentateur audacieux, et il Dennis Miller Binker, Lacroix-St-Ouen, Oise (détail). quitter une dame »… osa composer son Pour un Mal- « Enfin Malherbe vint »… Cha- herbe. Osons à notre tour lire un que lycéen français a, en prin- délicieux, drôle, et quelque peu cipe, rencontré cet hémistiche de scandaleux « Dessein de quitter Boileau. Peu cependant ont lu, et une dame qui ne le contentait encore moins, relu Malherbe. Cet que de promesses »… auteur n’a pas bonne réputation. Très petite bibliographie : C’est pour les surréalistes et leurs Malherbe, Poésies, édition d’An- successeurs un exemple d’anti- toine Adam, Poésie/Gallimard. poète, mais Francis Ponge, mal- Francis Ponge, Pour un Mal- gré même un professeur d’univer- herbe, Gallimard. n
12 l u m i è r e e t o m b r e d e l a m e r couleurs et ombres sur la toile 13 Un jour ce sera vide Trois nuits dans la vie de Berthe Morisot HUGO LINDENBERG MIKA BIERMANN jeudi 4 février à 17 h 30 samedi 13 février à 17 h 30 Rencontre avec Hugo Lindenberg autour de Un jour ce sera vide, son roman paru aux éditions Rencontre avec Mika Biermann à l’occasion de la publication de son ouvrage Trois nuits dans la vie de Christian Bourgois. Berthe Morisot aux éditions Anacharsis. HUGO LINDENBERG est né les méandres des sentiments et le certain soulagement. Le regard MIKA BIERMANN est né Il a développé, en français, une Méditations en 1978. Il est journaliste. Un jour poids des traumatismes de l’His- de cet enfant sur les marqueurs en Allemagne. Après des études œuvre littéraire des plus origi- corrosives ce sera vide est son premier roman. toire. sociaux qui l’écartent de ses cama- à l’université des Beaux-Arts de nales dans le paysage contempo- Voilà l’été. Berthe Morisot, Il vit et travaille à Paris. rades de plage est surprenant, par- Berlin, il s’installe à Marseille où rain. Il a détourné les codes du peintre impressionniste, et Regard de cet enfant faitement lucide, amusant souvent. il apprend le français. Il explore western dans Booming (2015), Eugène Manet, son mari affable, Méandres « Quel étonnant premier roman ! Sans avoir totalement l’innocence successivement la peinture, la l’arrêtant, l’accélérant, le retour- quittent Paris pour une partie des sentiments On est d’abord saisi par la langue, d’un jeune garçon il ne cède pas photo, le dessin et l’écriture. nant à sa guise et sans coup férir. de campagne. Ils posent valises C’est un été en Normandie. Le cette langue qui semble ne pas non plus au fatalisme des adultes, Aujourd’hui, il est conféren- Avec Un Blanc (2013), expédi- et chevalet dans une maison narrateur est encore dans cet état pouvoir être celle du narrateur à un personnage d’enfant complexe cier aux musées de la ville de tion polaire déjantée, l’espace champêtre, havre d’une douceur de l’enfance où tout se vit inten- peine haut comme trois pommes, comme on en voit peu en littéra- Marseille dans des domaines s’est trouvé sens dessus dessous. estivale propice à toutes sortes sément, où l’on ne sait pas très ça coince un peu, ça grince, c’est ture. Voilà un premier roman par- aussi variés que la mythologie Puis dans Roi (2017), les per- d’expérimentations nocturnes. bien qui l’on est ni où commence bizarre, c’est étrange. Et puis on ticulièrement réussi, une voix sin- de l’ouest dans l’art américain, sonnages sont venus brouiller les Dans ce roman formant un dip- son corps, où une invasion de se laisse porter, parce qu’intrigué, gulière et qui laisse un écho dans Van Gogh-Monticelli, Bernard pistes… Enfin, Trois jours dans tyque avec Trois jours dans la fourmis équivaut à la déclaration interrogé par ce gamin pour qui son sillage. » n Buffet… la vie de Paul Cézanne (2020) vie de Paul Cézanne, Mika Bier- d’une guerre qu’il faudra mener les vacances à la plage n’ont ni la Kim Dagron, Ombres Blanches. lui ont suffi pour faire sauter mann confond allègrement mots de toutes ses forces. Un jour, il saveur des beignets aux pommes les écailles de peinture, gratter et couleurs, phrases et perspec- rencontre un autre garçon sur ni le charme des châteaux de sable la trame, ajourer jusqu’à l’os le tives, écriture et peinture. la plage, Baptiste. Se noue entre avalés par la marée. Et ça prend. Ça Sœur(s) portraitiste de la Sainte-Victoire. De ces pages, comme d’autant de eux une amitié d’autant plus forte prend tellement qu’on ne s’arrête Trois nuits dans la vie de Berthe toiles, surgissent des méditations qu’elle se fonde sur un déséqui- plus, qu’on accepte sans conces- PHILIPPE AIGRAIN Morisot est son cinquième corrosives sur la chair comme libre : la famille de Baptiste est sion les bizarreries de ce narrateur samedi 13 février à 16 h ouvrage paru aux éditions Ana- matière à peindre. n l’image d’un bonheur que le narra- qui s’accommode péniblement Rencontre avec Philippe Aigrain à l’occasion de la parution de son roman charsis. teur cherche partout, mais qui se d’une grand-mère attachante mais Sœur(s) aux éditions Temps Réel. Rencontre animée par Dominique Lauze. refuse à lui. qui lui fait parfois honte et d’une Écrit dans une langue ciselée et tante qu’il déteste viscéralement. PHILIPPE AIGRAIN est poète, le nôtre, celui dont le réel a très très sensible, Un jour ce sera La solitude profonde de ce jeune performeur, auteur de fictions largement rattrapé les dystopies vide est un roman fait de silences homme est traversée de moments brèves et traducteur. Sœur(s) est et les anticipations de la fiction. et de scènes lumineuses qu’on lumineux et d’une candeur tantôt son premier roman. Celui qui a fait de la solidarité quitte avec la mélancolie des fins perdue puis retrouvée qui rendent JE SUIS EN MOI comme dans un entre les êtres un délit. de vacances. L’auteur y explore au personnage (et au lecteur) un pays étranger. Se jouant des genres et des On peut naître à soi-même à déjà registres, mélangeant l’enquête 38 ans, sans savoir qui on a pu avec le politique, la technolo- être avant. Avant quoi ? On peut gie et la comédie, la philosophie recevoir un jour un mail d’une et la sensualité du désir amou- prétendue sœur dont on se sait reux, les personnages de Sœur(s) dépourvu et espérer sa présence. osent réinventer des espaces de Pourquoi ? On peut enquêter vie dans lesquels l’espoir de la Berthe Morisot, La jatte de lait (détail). sur des identités suspectes qui fraternité et de la sororité est Whistler, La Mer, Pourville (détail). semblent fictives sans parvenir à possible. Dans cette polyphonie savoir si ces femmes, soupçonnées de voix, le mystère de l’identité d’ébahissement, sont ou non une à l’ère de la surveillance généra- menace pour la sécurité de l’État. lisée se reconnecte à son essence Comment ? Ces personnages, et première : l’humanité de celles et bien d’autres, se rencontrent, se ceux qui se demandent, bien plus cherchent et se découvrent dans légitimement que les services de le monde de Sœur(s). Il est aussi police, qui suis-je ? n
14 responsabilité et morale d o m i n a t i o n s e t r é s i s t a n c e s 15 Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur Que signifie l’occurrence simultanée GISÈLE SAPIRO de révoltes populaires sur tous les continents ? jeudi 11 février à 17 h 30 Rencontre avec Gisèle Sapiro, autour de son ouvrage Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ?, paru MATHILDE LARRÈRE aux éditions du Seuil. Gisèle Sapiro évoquera également le Dictionnaire international Bourdieu, samedi 23 janvier à 15 h 30 CONFÉRENCES DU GREP qui vient de paraître aux éditions du Cnrs, et dont elle a dirigé l’édition. Débat animé par Éric Darras. Le GREP invite Mathilde Larrère pour une conférence-débat autour de Que signifie l'occurrence Rencontre organisée en lien avec Sciences PO. simultanée de révoltes populaires sur tous les continents ? GISÈLE SAPIRO est directrice Du Nobel attribué à Peter Handke loin du « tout se vaut », il tranche, MATHILDE LARRÈRE est tionnels en différents points du des révolutions est leur capacité à de recherche au CNRS et directrice aux César à Roman Polanski, sans offrant à chacun les moyens de historienne, spécialiste des révo- globe. En France, en Algérie, au circuler et tisser des liens au delà d’études à l’EHESS, spécialiste de parler du prix Renaudot à Gabriel cheminer intellectuellement sur lutions du xixe siècle et ensei- Chili, à Hong Kong, au Liban… des frontières, parfois des océans l’engagement des intellectuels et Matzneff, le débat fait rage. De un terrain semé d’embûches. gnante-chercheuse à l’université de Certes, ces soulèvements diffèrent et au dessus des siècles avec les des rapports entre littérature et même, le passé nazi de grands Paris-Est-Marne-la-Vallée. Elle tient par leurs causes. Mais partout autres révolutions. Ceci se vérifie politique. Aux éditions du Seuil, penseurs du xxe siècle, à commen- Dictionnaire également une chronique histo- s’exprime surtout la colère des depuis les révolutions de la fin du elle est l’auteure notamment de cer par Heidegger, trouble notre international rique pour Arrêt sur Image et la classes moyennes et populaires xviiie siècle, en passant par 1830, La Responsabilité de l’écrivain. appréciation de leur legs, tandis Bourdieu rubrique « L’Histoire n’est pas un contre leur dépossession écono- 1848, 1870, 1917, 1968 jusqu’à la Littérature, droit et morale en que l’inscription d’un Céline ou Près de 600 notices, une équipe de roman » pour Politis, avec Laurence mique et démocratique, ainsi que chute du bloc soviétique & aux France. xixe-xxie siècles (2011), du d’un Maurras au livre des commé- 126 auteurs venus de vingt pays et De Cock. Elle a publié aux éditions leurs désirs de justice sociale, de révoltes dans les pays arabes. livre Les Écrivains et la politique morations nationales a suscité une réunissant les meilleurs spécialistes du Détour : Il était une fois les justice fiscale et de souveraineté C’est à cette réflexion sur les cir- en France. De l’affaire Dreyfus à âpre querelle. de Pierre Bourdieu, sociologues, révolutions (2019) et, avec Aude réelle. Ces soulèvements donnent culations révolutionnaires, dans le la guerre d’Algérie (2018), et de Faut-il considérer que la morale politistes, philosophes, historiens, Lorriaux, Des intrus en politique l’impression d’un mouvement temps comme dans l’espace, que l’ouvrage Des mots qui tuent. La des œuvres est inextricablement anthropologues, littéraires… Par – Femmes et minorités : domina- global. L’une des caractéristiques vous invite cette conférence. n responsabilité de l’intellectuel en liée à celle de leurs auteurs ? Et sa dimension collective, interna- tions et résistances (2018). temps de crise. 1944-1945 (2020). bannir les œuvres lorsque leur tionale et interdisciplinaire, ce Dic- auteur a fauté ? Loin de l’invec- tionnaire renouvelle en profon- Mouvement global Peut-on dissocier tive, ce court essai entend mettre deur l’état des savoirs sur l’auteur En 2019 nous assistons au phé- l’œuvre de l’auteur ? en perspective, historique, philo- de sciences sociales aujourd’hui le nomène de surgissement simul- Depuis quelques années, la ques- sophique et sociologique, cette plus cité au monde. n tané de mouvements insurrec- tion resurgit avec force : peut-on question, en analysant les prises de séparer l’œuvre de son auteur ? position dans ces « affaires ». Mais Classiques au détail YVES LE PESTIPON lundi 11 janvier à 17 h 30 Rencontres proposées par Yves Le Pestipon. LUNDI 11 JANVIER À 17 H 30 Ce sont les allemands, et en par- Diderot, Le Neveu de Rameau, ticulier Goethe, qui y ont d’abord de « À propos de cet oncle » à trouvé matière. Puis ce Neveu « « n’en jamais revenir »… s’est répandu partout, peu à peu, Voilà un livre étonnant, impur et son parasitisme ne cesse de se mélange des genres, instable outil monter plus efficace. Il détruit et d’attaques contre toutes sortes construit. Il fascine et défascine. d’ennemis, inventif, non résu- Nous tenterons de vagabonder un © Stalker, collectif d’artistes italiens. mable, toujours vif, et qui n’en peu avec son souffle. n Vélasquez, Les Ménines (détail). finit pas d’interroger, de nourrir la pensée, de porter partout le rire Très petite bibliographie : vivifiant. C’est un chef d’œuvre Denis Diderot, Le Neveu de évidemment, mais c’est appa- Rameau, collection folio classique, remment si mal foutu que l’esprit édition de Michel Déon. français, théoriquement clair et Raymond Trousson, Diderot ou le mesuré, ne s’y reconnaît guère. vrai Prométhée, Tallandier, 2005.
16 identité / souveraineté entre mémoire et oubli 17 Qu’est-ce qu’une nation ? VENIR À Une histoire universelle des ruines VENIR À L’HISTOIRE L’HISTOIRE PASCAL ORY ALAIN SCHNAPP samedi 6 février à 17 h 30 vendredi 5 février à 17 h 30 Rencontre avec Pascal Ory autour de son ouvrage Qu’est-ce qu’une nation ? Une histoire mondiale, Rencontre avec Alain Schnapp à l’occasion de la parution de son beau-livre Une histoire universelle paru aux éditions Gallimard. Débat animé par Olivier Loubes. des ruines. Des origines aux Lumières aux éditions du Seuil. PASCAL ORY est historien du au xixe siècle par Ernest Renan au Japon, devient illisible. Il n’y ALAIN SCHNAPP est historien tard « le culte des monuments ». gie systématique de relevé et de xxe siècle et enseignant à l’Univer- en se plaçant dans une perspec- a rien de plus mondial que le et archéologue, professeur émérite Pour les Grecs et les Romains les mise en valeur visuelle de l’héri- sité, mais aussi critique gastrono- tive résolument planétaire ; une national. à l’Université de Paris I. Il a dirigé ruines sont un mal nécessaire qu’il tage antique, jusqu’à ce qu’avec mique, critique de bande dessinée, autre manière de faire de l’his- On la disait imaginée, voire ima- l’Institut national d’histoire de l’art faut apprendre à interpréter et à les Lumières advienne une cinéphile, passionné de théâtre toire globale. ginaire : elle est construite, assu- (Inha) depuis sa création jusqu’en maîtriser. Une part de cet héritage conscience universelle des ruines, et de littérature et surtout grand Car rien n’y fait : de la Révolu- rément, mais ni plus ni moins 2005. Il a récemment codirigé, avec sera prise en compte par les pou- qui est restée la nôtre. n observateur des mouvements de tion d’Octobre à la Pandémie de que l’international, le monde ou Jean-Paul Demoule et Dominique voirs médiévaux. La Renaissance notre société contemporaine. Il 2020 la nation, qu’on disait mori- l’humanité, toutes ces fictions Garcia, l’ouvrage Une histoire des entreprendra un retour d’un type est l’auteur de Ce que dit Charlie : bonde ou – pire – dépassée, est utiles grâce auxquelles – et à civilisations. Comment l’archéolo- nouveau à l’Antiquité, une straté- treize leçons d’histoire, paru en jan- plus vivante que jamais. On ne cause desquelles – les individus gie bouleverse nos connaissances vier 2016 chez Gallimard, La belle compte plus, à la surface de la et les sociétés vivent et meurent. (La Découverte/Inrap, 2018). illusion ; culture et politique sous terre, les mouvements de « libé- Quant à son imaginaire, il touche le signe du Front populaire (Cnrs ration nationale », de l’Écosse à à l’essentiel, puisqu’il est celui Entre la mémoire éditions, 2016), Jouir comme une la Catalogne, de la Palestine au d’une rencontre entre l’identité et l’oubli sainte et autres voluptés (Mercure Kurdistan. Sans la nation comme et la souveraineté : un peuple y Massives ou discrètes, inaltérables De France, 2017) et de Peuple sou- clé d’interprétation l’histoire devient le Peuple. ou fragiles, les ruines font partie de verain ; de la révolution populaire du monde depuis trois siècles Voilà pourquoi on a beau notre environnement, elles condi- à la radicalité populiste (Galli- serait incompréhensible. Sans « déconstruire » la nation tous les tionnent une part de notre action mard, 2017). elle l’irréductibilité de la Nor- matins, elle se reconstruit tous et de nos comportements, parfois vège ou de la Suisse, du Brésil les soirs. Cette résistibilité aux sans même que nous en ayons Plus vivante ou de l’Afrique du sud resterait vieilles prophéties religieuses ou connaissance. Elles sont un pont que jamais opaque. Sans elle le destin des laïques, libérales ou marxistes, instable et constamment restauré « Oui, "qu’est-ce qu’une nation ?" puissances d’aujourd’hui, des méritait l’attention. Méritait un entre la mémoire et l’oubli. On reprend ici la question posée États-Unis à la Chine, de l’Inde livre. » n Certaines sociétés comme l’Égypte ancienne confient à des monuments gigantesques et à des inscriptions imposantes la mémoire de leurs souverains ; d’autres préfèrent pactiser avec le Hubert Robert, Démolition de l’église Saint-Jean-en-Grève en 1800 (détail). temps, comme les Mésopotamiens conscients de la vulnérabilité de leurs palais de briques crues et qui enterrent dans le sol les briques de fondation porteuses d’inscrip- tions commémoratives. D’autres encore, comme les Japonais du sanctuaire d’Isé, détruisent puis Cosmographie, Claude Ptolémée (détail). reconstruisent à l’identique, en un cycle infini, leurs architectures de bois et de chaume. Ailleurs comme en Grèce et dans le monde celtique et scandinave, ce sont les poètes ou les bardes qui ont la charge d’entretenir la mémoire. Face à ce socle, l’Occident a inventé ce qu’on a appelé plus
18 passé sous silence les voix retrouvées 19 Les Républicains espagnols à Rivesaltes Histoires retrouvées de la guerre d’Espagne GENEVIÈVE DREYFUS ARMAND SANTIAGO MENDIETA samedi 16 janvier à 16 h jeudi 14 janvier à 17 h 30 Rencontre avec Geneviève Dreyfus Armand à l’occasion de la parution, aux éditions Loubatières, Rencontre avec Santiago Mendieta autour de son nouvel ouvrage, Histoires retrouvées de la guerre de son ouvrage Les Républicains espagnols à Rivesaltes. D’un camp à l’autre, leurs enfants témoignent d’Espagne : de 1931 à nos jours, paru au Papillon Rouge Éditeur. En conversation avec le journaliste – janvier 1941-novembre 1942. Débat animé par Jean-Pierre Amalric, Historien, président de Pascal Alquier. l'Association Présence de Manuel Azaña. SANTIAGO MENDIETA est À l’image de ces histoires, ce livre des témoignages, des archives, des G. DREYFUS-ARMAND est incorporés dans les groupements rés à Rivesaltes, surtout lorsque le né à Toulouse en 1964, dans une réunit de nombreux récits capti- sources historiques que l’auteur conservateur général honoraire de travailleurs étrangers (GTE) camp d’Argelès est évacué suite famille espagnole issue de l’émigra- vants qui retracent des aventures a dénichés et accumulés depuis et docteur en histoire. Elle a coor- mis en place par le régime de aux inondations de l’automne tion économique. Journaliste, direc- et des parcours épiques de per- des années. Un ouvrage remar- donné de nombreux ouvrages, et a Vichy, femmes et enfants restent 1940. Si le camp de Rivesaltes teur de la revue Gibraltar, Un Pont sonnages marquants du conflit quable qui permet de regarder de notamment publié Les Camps sur confinés dans ce lieu inhospitalier, n’est pas le premier pour les réfu- entre deux Mondes, il est l’auteur espagnol, du côté des vaincus l’intérieur les acteurs de ce grand la plage, un exil espagnol (Autre- glacial en hiver et torride en été, giés espagnols, il n’est pas non d’une vingtaine de livres sur les mais aussi des vainqueurs. De conflit du xxe siècle. n ment, 1995), L’Exil des républi- où règnent la promiscuité, l’insalu- plus le dernier, puisqu’ils seront Pyrénées, le patrimoine, l’histoire, 1931 à nos jours, il s’appuie sur cains espagnols en France, de la brité et la faim. Où la mort rôde, pour beaucoup transférés à Gurs l’écologie. Il a notamment signé Guerre civile à la mort de Franco notamment autour des enfants les en novembre 1942. Certains un roman historique, L’or de Can- (Albin Michel, 1999), L’Espagne, plus jeunes, malgré l’aide apportée connaissent ainsi de multiples franc (Privat, 2008), et en 2020, passion française, 1936-1975 (les par des œuvres d’assistance dépas- camps entre 1939 et 1944, transfé- un recueil de récits historiques Arènes, 2015) et Septfonds, 1939- sées par l’ampleur de la tâche. rés sans cesse de l’un à l’autre. avec Hubert Delobette, Histoires 1944. Dans l’archipel des camps Sur les chemins de l’exil depuis Douze témoignages émanant de inouïes en Occitanie (Le Papillon français (Le Revenant, 2019). 1939, parfois depuis plus long- cinq femmes et de sept hommes, Rouge Éditeur) ainsi que l’ouvrage temps, ces familles espagnoles nés entre 1924 et 1939, évoquent Pyrénées, randonnées insolites Douze témoignages ont connu les aléas de centres cet univers d’enfermement et d’ar- (Randos Éditions). Longtemps passé sous silence, cet d’hébergement répartis sur tout le bitraire. Ils sont présentés, contex- enfermement de familles entières territoire puis les camps lorsque tualisés et mis en perspective par Remonter le fil resurgit ici dans les mémoires et ces refuges ferment. Ces femmes une historienne spécialiste de Pour les Français, la guerre d’Es- dans l’histoire. Si les hommes sont et ces enfants sont alors transfé- l’exil républicain espagnol. n pagne (1936-1939) fut cruelle, fratricide, mais ils en ignorent bien souvent les ressorts, les acteurs et les souffrances endurées jusqu’à nos jours des deux côtés des Pyré- nées. L’originalité de cet ouvrage est de remonter le fil de cette longue histoire, surtout à travers de nombreux chemins buisson- niers et peu connus : les tonnes d’or disparues de la Banque d’Es- pagne, l’hôpital Varsovie de Tou- louse, le destin de la Pasionaria de fer, l’épopée des missionnaires de la joie de la République, l’exil poignant du président Manuel Azaña, Juan Negrín, chef du gou- vernement, partisan de la résis- tance à outrance, Pedro Urraca, policier chasseur de réfugiés en France, Jesús Monzón, dirigeant communiste rayé de l’histoire par son propre parti, artisan de l’inva- sion ratée du Val d’Aran, Franco, le conspirateur à l’ambition féroce…
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