L'amitié So vielfältig wie das Leben - Université de Fribourg
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DAS MAGAZIN DER UNIVERSITÄT FREIBURG, SCHWEIZ | LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG, SUISSE 03 | 2020/2021 Mikrobenhype im 19. Jahrhundert 42 Mieux manger 46 Live Fast Die Young 50 Erleben wir gerade ein Déjà-vu? Presque un jeu d’enfant Eine Devise im Sinne der Evolution L’amitié So vielfältig wie das Leben
Editorial Impressum universitas Das Wissenschaftsmagazin «T’es plus ma copine. Ch’te coupe la paix!»: Terrible épée der Universität Freiburg Le magazine scientifique de Damoclès qui menaçait ma tête à bouclettes lorsque de l’Université de Fribourg j’avais 8 ans. La sentence était irrévocable … du moins Herausgeberin | Editrice Universität Freiburg jusqu’à la prochaine bisbille, qui avait l’avantage de re- Unicom Kommunikation & Medien www.unifr.ch/unicom battre les cartes et redistribuer les paires d’ami·es. Mon Chefredaktion | Rédaction en chef monde, qui s’arrêtait aux frontières de la cour d’école, Claudia Brülhart | claudia.bruelhart@unifr.ch se faisait et se défaisait au fil de ces chamailleries. Farida Khali (Stv./adj.) | farida.khali@unifr.ch Adresse Universität Freiburg Vient l’adolescence: les frontières s’écartent, les horizons Unicom Kommunikation & Medien s’élargissent. C’est l’heure des coups de foudre amicaux, Avenue de l’Europe 20, 1700 Freiburg www.unifr.ch qui devraient durer toujours et se consument au feu de Online | En ligne paille d’une passion aussi commune qu’éphémère: une www.unifr.ch/universitas lecture, un chanteur préféré, un sport … Il n’en reste bien Autor_innen | Auteur·es Christian Doninelli | christian.doninelli@unifr.ch souvent que les étincelles d’un merveilleux souvenir, mais Matthias Fasel I matthiasfasel@hotmail.com Roland Fischer | wissenschaft@gmx.ch parfois aussi une braise constante qui, malgré les vents Angela Hoppmann | angela.hoppmann@unifr.ch Benedikt Meyer | info@benediktmeyer.ch contraires, vous réchauffe avec bienveillance – même Patricia Michaud | info@patricia-michaud.ch lointaine – toute votre vie. Daniel Saraga | danielsaraga@saraga.ch Konzept & Gestaltung | Concept & graphisme Le Robert donne deux définitions de l’amitié: 1. Sentiment Stephanie Brügger | stephanie.bruegger@unifr.ch Daniel Wynistorf | daniel.wynistorf@unifr.ch réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde Titelbild | Image couverture ni sur la parenté ni sur l’attrait sexuel. 2. Marque d’affec- KEYSTONE-SDA | «Winnetou – Im Tal des Todes», 1968 tion, témoignage de bienveillance. Celles-ci ne cessent de Bilder Dossier | Images dossier KEYSTONE-SDA m’interroger. La première implique une réciprocité, dont Fotos | Photos la mesure, certainement, est à l’origine de nombreuses Stéphane Schmutz | info@stemutz.com Getty Images | www.gettyimages.com relations laissées sur le carreau de l’attente et du ressen Sekretariat | Secrétariat timent. Tandis que l’autre repose sur un don sans exigence Marie-Claude Clément | marie-claude.clement@unifr.ch Antonia Rodriguez | antonia.rodriguez@unifr.ch de retour, mais ponctuel, sans espoir de durée. Druck | Impression Imprimerie MTL SA Me permettra-t-on, à l’orée de ce numéro, de rêver d’une Rte du Petit Moncor 12 1752 Villars-sur-Glâne forme d’amitié qui mélangerait les deux définitions: un Auflage | Tirage sentiment d’affection fondé sur la bienveillance, dans la 9’300 Exemplare | dreimal jährlich 9’300 exemplaires | trois fois par année durée et sans exigence de réciprocité? ISSN 1663 8026 … Oui, je sais, mes ami·es aussi me traitent parfois de Alle Rechte vorbehalten. Bisounours, mais, au fond, c’est pour cela qu’ils Nachdruck nur mit Genehmigung der Redaktion. Tous droits réservés. m’aiment bien. La réimpression n’est autorisée qu’avec l’accord de la rédaction. Die nächste Ausgabe erscheint im November 2021. Avec toute mon amitié, La prochaine édition paraîtra en novembre 2021. Farida Khali Rédactrice en chef adjointe universitas | Editorial 3
Inhalt | Sommaire News 6 Harry, Arnie und kastrierte Hasen Fünf Kandidat_innen slammen um die Wette Portrait 8 Les clés de la liberté Brigitte Pythoud, fondatrice de l’Association Lire et Ecrire 54 10 Dossier L’amitié 10 12 «Normale Beziehungen sind anstrengend!» Serien bieten Freundschaften à la carte 16 «L’amitié est indispensable au bon fonctionnement de la société» Les trois formes d'amitié selon Aristote 19 Gute Freundschaft, schlechte Freundschaft Peers prägen die Pubertät 24 L’amitié face au handicap L’amitié résiste-t-elle aux situations atypiques? 26 Frauenfreundschaften Comeback einer starken Bande 30 Prier, c’est rester avec un ami La prière n'est pas un acte, mais une manière de vivre 32 Politische Freundschaften – darf man das? Aristoteles würde wohl sagen: «Ja!» 34 Les livres peuvent-ils être nos amis? Réflexions au fil des pages et du temps 37 Im Reich der Philia Wann ist ein Freund ein Freund? 39 Souriez, vous êtes salarié·e L’amitié dans la relation-client: un vrai plus marketing 4 universitas | Inhalt
Forschung & Lehre 42 «Microbe entertainment» um 1900 Als Robert Koch und seine Bakterienforschung zum Hype wurden. Klingelt da was? Recherche et enseignement 46 Un jeu vidéo pour manger plus sainement Le premiers pas d’une start-up universitaire Forschung & Lehre 58 50 Leben heisst sterben lernen Warum altern wir? Und in welchem Zusammenhang stehen das Kinderkriegen und die Lebensdauer? Ein Blick zu den Ameisen sorgt für Verwirrung Fokus 54 Mehr als nur ein Garten Ein Ort, um die Seele baumeln zu lassen, Pflanzen zu bestaunen, zu picknicken oder in die Geheimnisse der Flora einzutauchen. Der Botanische Garten der Unifr wächst über sich hinaus Interview 58 «La masculinisation de la langue a des conséquences pour toute la société» La langue peut être un puissant outil pour rééquilibrer une société encore trop genrée People & News 61 Namen und Auszeichnungen Was gibt’s Neues an der Unifr? Du tac au tac 62 Florence Van Hove Maître-assistante et conseillère aux études Master en Sciences de la communication et des médias © KEYSTONE-SDA | «The Adventures of Tom Sawyer» online | en ligne www.unifr.ch/universitas universitas | Sommaire 5
Harry, Arnie und kastrierte Hasen Harry Potter, Wall-E, der Terminator … Diese und weitere Referenzen auf die Popkultur fanden sich im diesjährigen Science Slam wieder. Fünf Kandidat_innen – Franziska Raaflaub, Alessandro Parisotto, Kaziwa Raim, Petra Bleisch und Trevor Kalkus (v.l.) – traten mit den unterschiedlichsten Themen auf der Bühne des Nouveau Monde im Zentrum von Freiburg auf und versuchten, das Publikum mit Witz und wissenschaftlichen Fakten für sich zu gewinnen: Was haben Rotkäppchen und Hasen mit einem Sachschaden zu tun? Warum sind Schneckenbilder in Kinderbüchern eine blöde Idee? Und sind wir vielleicht alle ein bisschen Roboter? Überzeugt hat am Ende Alessandro Parisotto, der sich mit seinem Slam «Why I study Bugs» den ersten Platz holte. Wer diesen unterhaltsamen Abend verpasst hat, muss nicht lange traurig sein. Wir sehen uns in einem Jahr wieder! events.unifr.ch/scienceslam 6 universitas | News
Les clés de la liberté Durant plus de trente ans, Brigitte Pythoud a mené un combat acharné contre l’illettrisme. Depuis la fin 2020, la fondatrice de l’Association Lire et Ecrire est à la retraite. Cette ancienne étudiante de l’Unifr la passera à réaliser cent rêves. Patricia Michaud Lorsqu’elle était enfant, à Cologne, Brigitte helvétique (selon des chiffres datant de «Les surcoûts des démarches papier sont Pythoud se rendait tous les lundis à la biblio- 2003). Désormais, Lire et Ecrire compte six d’ores et déjà importantes.» thèque. «J’empruntais sept livres, que je ren- sections réparties dans l’ensemble de la dais le lundi suivant.» Quant à l’écriture, «au- Suisse romande, ainsi que plus de 40 lieux Cent rêves pour la retraite jourd’hui encore, elle m’aide à clarifier mes de cours, 80 formatrices et formateurs à En plus d’avoir contribué à faire sortir de pensées». On n’a aucune peine à imaginer la temps partiel et une quarantaine d’em- l’ombre le problème de l’illettrisme dans dynamique sexagénaire au look décontrac- ployé·es permanent·es. En trois décennies, notre pays, l’Association Lire et Ecrire peut té, attablée devant un petit carnet, en train ce sont quelque 27’000 personnes qui ont se targuer d’autres jolis succès, notamment de coucher ses idées sur le papier. Lorsqu’on eu accès à des formations. «Je suis convain- au niveau législatif. Ainsi, depuis 2012, le le lui fait remarquer, elle rit: «En fait, j’écris cue que chacune d’entre elles a acquis da- combat contre l’illettrisme est inscrit dans principalement sur l’ordinateur! Je fais partie vantage d’autonomie dans sa vie.» La loi fédérale sur l’encouragement de la de la génération de gauchers qu’on a forcée à culture. Cinq ans plus tard, il a également écrire de la main droite; du coup, je ne suis Le tabou demeure fait son entrée dans La loi fédérale pour la pas très à l’aise en mode manuscrit.» Mais au fond, à l’ère des grandes théories formation continue, qui porte une atten- La fondatrice de l’Association Lire et sur l’accès à l’éducation pour toutes et tous, tion particulière à la promotion des com- Ecrire en est convaincue: maîtriser la lec- ce combat demeure-t-il pertinent? «Si l’on pétences de base des adultes. Et en 2020, ture, l’écriture et le calcul «constitue la clé définit l’illettrisme comme le décalage entre comme pour saluer le départ à la retraite de de la liberté». Couplée à son amour des les connaissances acquises et celles qu’exige Brigitte Pythoud, le soutien financier alloué lettres, cette certitude a alimenté son com- la société, alors oui, le combat est plus per- à cette promotion a triplé. bat durant plus de 30 ans passés à la tête de tinent que jamais.» En effet, «avec le boom Même s’il reste «énormément de choses la structure basée à Dompierre. Une asso- des nouvelles technologies, ce décalage est à faire» dans la lutte contre l’illettrisme, la ciation dont elle a lâché les rênes fin 2020 plutôt en augmentation qu’en baisse». Par Fribourgeoise d’adoption peut donc passer pour prendre sa retraite. ailleurs, «même si l’illettrisme a gagné en à une nouvelle étape de sa vie en ayant la visibilité grâce à notre association, il reste conscience tranquille, celle de s’être enga- 800’000 personnes concernées un sujet hautement tabou pour les per- gée sans relâche pour une cause «qui fait Petit retour en arrière, à la fin des années sonnes concernées». A noter qu’en Suisse, vraiment sens». Pas question pour autant 1970. Etudiante en travail social à l’Uni- l’évolution récente du taux d’illettrisme n’est de se tourner les pouces. «Ma retraite, je l’ai versité de Fribourg, Brigitte Pythoud ar- pas connue, «car la dernière étude d’enver- soigneusement préparée durant deux ans», rondit ses fins de mois dans un foyer pour gure date d’une vingtaine d’années». confie-t-elle. Au programme, une liste de apprenti·es. Un jour, l’un des résidents lui L’une des craintes que nourrissent ac- cent rêves que Brigitte Pythoud souhaite raconte avoir passé la soirée précédente à tuellement les personnes qui luttent pour réaliser ces prochaines années. Parmi eux? lire. «Qu’as-tu lu?», demande-t-elle. «Une l’accès généralisé aux connaissances de Ecrire tous les jours un mot gentil à quel page!», répond-il. «Ce qui m’a surprise, ce base, c’est que «le tabou dont souffre l’illet- qu’un sans rien attendre en retour, dormir n’est pas tant le fait que ce jeune homme trisme s’étende aux compétences numé- chaque année au moins une fois à la belle soit illettré, c’est le fait que cela me touche riques». Pour l’instant, «il est encore consi- étoile ou encore fabriquer un sapin de Noël autant», se souvient celle qui est arrivée en déré comme acceptable d’avoir de la peine avec du bois flottant trouvé au bord de la Suisse avec sa famille en 1971. à faire certaines démarches en ligne ou à mer. Après tout, son rêve avec un grand R, A partir de là, tout s’enchaîne. La jeune télécharger des formulaires». Mais d’ici quel celui d’œuvrer pour un monde plus juste, femme consacre son travail de mémoire à ques années, «on n’osera plus demander de elle l’a déjà réalisé. l’illettrisme puis, en 1988, fonde une asso- l’aide dans ce domaine, ce qui pourra s’avé- ciation visant à lutter contre ce fléau qui rer très pénalisant». Brigitte Pythoud donne touche quelque 800’000 personnes en terre l’exemple des procédures administratives: Patricia Michaud est journaliste indépendante. 8 universitas | Portrait
Née à Cologne en 1956, Brigitte Pythoud a déménagé en Suisse (plus précisément au Tessin) en 1971. Après avoir décroché sa maturité à Lugano, elle a entamé des études de travail social à l’Unifr, qui ont débouché sur un mémoire consacré à l’illettrisme. En 1988, elle a fondé l’Asso- ciation Lire et Ecrire. Huit ans plus tard, elle a donné naissance à sa fille. Depuis la fin 2020, Brigitte Pythoud est à la re- traite et se consacre à ses cent rêves. © STEMUTZ.COM universitas | Porträt 9
L’amitié Sie ist so viel zitiert wie vage: Die sogenannt wahre Freundschaft. Lässt sie sich messen? Bestimmen? Oder gar beweisen? Erkennt man sie an ihrer Dauer? Arten der Freundschaft gibt es viele. So etwa die Frauenfreundschaft. Die politische Freundschaft. Peer-Freundschaften. Allen gemein ist die Reziprozität. Was aber, wenn Freundschaft nur von einer Seite empfunden werden kann, etwa zu einer Medienfigur? Zu einer Serienheldin. Oder zu einem Buch. Wie definieren Sie Freundschaft? 10 universitas | Dossier
«Normale Beziehungen sind anstrengend!» Haben Sie geweint, als Ihr Lieblingscharakter in einer Serie getötet wurde? Fühlen Sie sich als vollwertiges Mitglied der «Friends»-Clique? Denken Sie, dass Ihr Partner durchaus etwas mehr wie Archie aus «Riverdale» sein dürfte? Zwei Expert_innen erklären, warum Sie parasoziale Beziehungen führen. Angela. S. Hoppmann Was sind parasoziale Beziehungen? Beziehung zu ihnen über Medien vermittelt ist. Eine dritte Andreas Fahr: Parasoziale Beziehungen sind kein neues Kategorie sind Avatare oder nicht menschliche Figuren. Phänomen. Das erste Mal aufgetaucht ist es in den Michelle Möri: Bei parasozialen Interaktionen geht man 50er-Jahren des vergangenen Jahrhunderts, als zwei So- per Definition davon aus, dass die Interaktion einseitig ziologen feststellten, dass Personen mit Nachrichtenspre- ist. Ich als Zuschauer_in kann auf die Person reagieren. chern zu sprechen begannen und sich freuten, sie jeweils Wenn z.B. ein Nachrichtensprecher sagt «Guten Abend, im Fernsehen wiederzusehen, sich ihnen zuwenden zu meine Damen und Herren», kann ich auf ihn reagieren können und auf sie zu reagieren. Die Wissenschaftler wer und «Guten Abend, Lieber Herr xy» antworten, aber die teten diese Interaktionen nicht als echte Beziehungen, Person kann nicht direkt auf mich reagieren. Sie kann aber sondern als parasoziale Beziehungen. Man unterscheidet erahnen, wie die Zuschauer_innen reagieren werden. Das weiter zwischen parasozialen Beziehungen und parasozia- wird in gewissen Sendungen auch genutzt, z.B. wenn ein len Interaktionen. Parasoziale Interaktionen sind Situatio- Moderator in einem Teleshopping-Programm Sätze sagt nen, wo ich konkret auf eine Medienperson interagiere wie «Sie fragen sich jetzt bestimmt, warum das so ist», aber und sie vielleicht auch auf mich. Das wäre deshalb paraso- die Reaktionen des Publikums sind für ihn nicht sichtbar. zial, weil man nicht im gleichen Raum sitzt oder es die Diese Definition passt auf eine unglaublich grosse Vielzahl Medienperson in Wirklichkeit gar nicht gibt. Über Bezie- von Charakteren, die in den Medien vermittelt werden. hung spricht man dann, wenn sich das Ganze über die Die Vielfalt, mit wem wir medienvermittelte Freundschaf- Zeit entwickelt. ten aufbauen können, ist extrem gross. Andreas Fahr: Warum sind Mediencharaktere eigentlich so Können Medienpersonen also auch fiktiv sein? attraktiv für uns? Wegen der Vielfalt! Unter den fiktiona- Andreas Fahr: Man unterscheidet zwischen fiktionalen und len und non-fiktionalen Mediencharakteren haben wir ein non-fiktionalen Personen. Ich kann also beispielsweise viel grösseres Angebot an unterschiedlichen Personen und eine Beziehung zu einer Figur wie Harry Potter aufbauen Figuren mit Merkmalen, die für uns interessant sein kön- oder zu Moderatorinnen, Sportlern, Politikerinnen, Mu- nen im Vergleich zu unserer realen Welt, zumindest gene- sikern etc., die es auch im echten Leben gibt, wobei die rell. Unser Freundeskreis ist uns tendenziell eher ähnlich 12 universitas | Dossier
und weist nicht eine solche Varianz vor. Für uns ist das vergleichen uns auch im realen Leben mit anderen Perso- natürlich attraktiv, zusätzlich parasoziale Beziehungen nen, um uns selbst einschätzen zu lernen und uns gege- und Interaktionen in der Medienwelt zu haben, weil sie benenfalls zu verbessern. Von Medienpersonen können eine Art Ergänzung sind. wir viel lernen, wenn sie bestimmte Merkmale haben. Sie sind z.B. besonders klug, besonders attraktiv, erfolgreich Besser: Und worüber forscht ihr genau? usw. So kann ich mich zu ihnen in Beziehung setzen und Michelle Möri: In meinem Dissertationsprojekt möchte diese Eigenschaften vielleicht in mein eigenes Leben in- ich parasoziale Beziehungen mit Medienfiguren vor allem tegrieren. Umgekehrt gibt es auch Abwärtsvergleiche. aus Filmen und Serien untersuchen. Dies aus dem Grund, Man kann sich Personen in den Medien anschauen, die weil parasoziale Beziehungen bisher in Wellen erforscht deprimiert, übergewichtig, drogenabhängig sind und sich wurden. Eine erste Welle war mit Nachrichtensprecher_ sagen: «Na ja, mir geht’s eigentlich relativ gut.» Das geht innen, später eine zweite im Teleshopping-Bereich und Richtung Selbstwertstabilisierung. danach gab es kleinere Forschungsprojekte in verschiede- nen Themenbereichen. Jetzt besteht eine Forschungslücke Kann das auch negative Effekte auf unsere realen Bezie- in Bezug auf die neue Art, wie wir Medien konsumieren, hungen haben? Weil wir z.B. eine bestimmte Medienfi- z.B. über online Streaming-Dienste. Dazu haben wir erste gur mit unserer Partnerschaft vergleichen? Studien durchgeführt. Im klassischen linearen Fernsehen Andreas Fahr: Wenn du ein Fan von romantischen Be- hatten die Rezipient_innen viel weniger Macht, denn frü- ziehungen bist und dir viele romantische Komödien an- her wurde von jeder Serie meistens pro Woche nur eine schaust, wo die wunderbarsten Dinge passieren, kann es Folge veröffentlicht. Dann hatten die Leute erst nach ei- sein, dass du in deinem realen Leben unzufriedener bist, ner Woche Warterei wieder die Möglichkeit, mit der Figur weil es diese permanenten grossen Gefühle nicht gibt. zu interagieren. Mit den technischen Möglichkeiten von Michelle Möri: Es kann zwar negative Effekte haben, aber heute kann ich jederzeit und von jedem Ort aus, wenn über parasoziale Beziehungen können wir auch sehr viel ich gerade Lust habe, meine Lieblingsfigur zu sehen, mein lernen, z.B. wie wir uns in sozialen Beziehungen zu verhal- Smartphone oder meinen Laptop hervornehmen und mir ten haben. Wenn ich eine romantische parasoziale Bezie- eine Folge über online Streaming anschauen. Uns interes- hung zu einer Figur habe und sehe, wie sie ihre Partnerin siert, welchen Einfluss diese Verschiebung auf parasoziale gut behandelt, ihr Blumen bringt etc., kann ich daraus z.B. Beziehungen hat. Führt das dazu, dass man stärkere hat? auch lernen: «Wenn ich meine_n Partner_in beschenke, Oder flacht dieser Effekt mit der Zeit eher wieder ab, so kann ihn_sie das freuen.» dass es an Reiz verliert? Baut man, wenn man eine Staffel in relativ kurzer Zeit schaut, eine stärkere Beziehung auf? Bin ich eigentlich gestört, wenn ich vor allem Beziehun- Und ist sie so langfristig wie damals, als man ein Jahr lang gen zu Antagonist_innen aufbaue? jede Woche nur eine Folge schaute? Andreas Fahr: Dieser Aspekt ist in der Forschung erst in den letzten Jahren in den Vordergrund getreten. Früher hat Das klingt ja alles wie bei normalen Beziehungen. Dort man parasoziale Beziehungen vor allem vor dem Hinter- erhalte ich aber auch Liebe zurück, kann den Menschen grund virtueller Freundschaften untersucht. Irgendwann physisch spüren … Wo sind denn die Vorteile einer pa- kam man dazu, sich auch die Villains und die ambivalen- rasozialen Beziehung? ten Charaktere anzuschauen. Die Schurken, mit denen Andreas Fahr: Die Kontrollierbarkeit. Normale Beziehun- man eine Beziehung aufbaut, findet man faszinierend, weil gen sind messy, anstrengend und herausfordernd. Wenn man sie verstehen möchte, um sich z.B. davon abzugren- du dich mit deiner Frau oder deinem Mann unterhältst, zen, weil man diese Verhaltensrepertoires ablehnt. Oder kriegst du zum Beispiel auch mal Kontra. Bei Medienper- man möchte die eigenen dunklen Seiten erforschen. Ich sonen ist das alles nicht so anstrengend: Du kannst selbst bin aber kein Tiefenpsychologe! entscheiden, wann du beginnst oder aufhörst. Normaler- weise enttäuschen sie dich nicht, fordern dich nicht her- Michelle, du beschäftigst dich vor allem mit parasozi- aus. Insgesamt hast du also eine grössere Kontrolle über alen Beziehungen in Bezug auf Serien. Welche Alters- die Situation als in einer unberechenbareren echten so- gruppen untersuchst du? zialen Situation. Das hat für viele gewissermassen einen Michelle Möri: In der ersten Studie, die wir durchgeführt positiven Unterhaltungswert. Man weiss, worauf man sich haben, haben wir uns vor allem auf ein studentisches einlässt, kann Binge-Watching betreiben und quasi mit Sample verlassen. Der Altersdurchschnitt lag bei knapp dem Lieblingscharakter in Urlaub fahren, ohne dass man 24 Jahren. Das ist sinnvoll, weil wir eine Studie über Net- mit grossen negativen Rückmeldungen rechnen muss. flix gemacht und dort das Nutzungsverhalten getrackt Ein zweiter wichtiger Punkt sind Aufwärtsvergleiche. Wir haben. Dies haben wir mit Fragebotendaten ergänzt, wo universitas | Dossier 13
die Proband_innen erfassen mussten, mit wem und wie Michelle Möri: Dort, wo freundschaftliche Beziehungen stark sie mit den Figuren interagiert haben. Netflix ist aufgebaut werden, können sie auch wieder enden. Unter einer der grössten online Streaming-Anbieter und hat parasocial breakups versteht man den Abbruch von para- das Kernpublikum eher bei den jüngeren Leuten. Das sozialen Beziehungen. In der Forschung ist dieser Aspekt verändert sich aber zunehmend. Wenn man parasoziale eher kürzlich aufgekommen. Wie bei normalen sozialen Beziehungen untersucht, spielt das Alter schon eine we- Beziehungen kann auch eine parasoziale Beziehung zu sentliche Rolle. Viel Forschung fand zum Beispiel bei Se- Ende gehen. Dies aus verschiedenen Gründen. Vielleicht nior_innen statt, weil man davon ausging, dass viele von einfach, weil mich die Figur, der Film oder die Serie nicht ihnen einsam sind und nicht mehr viele soziale Freund- mehr interessiert. Für die Forschung spannend sind vor schaften haben. allem solche Fälle, in denen die Rezipientin oder der Rezi- pient keinen Einfluss darauf hat, z.B. wenn ein Schauspie- Könnte die Pandemie dieses Phänomen noch verstärkt ler stirbt und die Rolle dann aus der Serie rausgescripted haben, da die meisten gerade weniger Kontakte haben? wird, oder wenn eine Schauspielerin aus welchen Gründen Michelle Möri: Wir haben noch keine Studie dazu gemacht, auch immer die Serie verlässt oder die Serie gar ganz abge- aber ich kann mir vorstellen, dass die Phasen des harten setzt wird. Da hat sich gezeigt, dass man als Rezipient_in Lockdowns einen Einfluss auf die medienvermittelten ähnliche Symptome erlebt wie beim Abbruch einer rea- Freundschaften hatten. Man geht heute in der Forschung len sozialen Freundschaft: Verlassensein, Einsamkeit und davon aus, dass diese parasozialen Beziehungen meist kein auch physiologische, körperliche Reaktionen können fol- Ersatz sind, sondern als Ergänzung dienen. Es ist reizvoll, gen, was sehr beeindruckend ist, da es nur parasoziale Be- mit Leuten zu interagieren, denen man in der Realität nie ziehungen waren. Wir reagieren zwar sehr stark auf solche begegnen würde. Ich kann mir vorstellen, dass zwar nicht Beziehungsabbrüche, aber im Gegensatz zum Verlust eines mehr parasoziale Beziehungen entstanden, sondern eher, Freundes, wo sich die Trauer meist über längere Zeit hin- dass zu dieser Zeit bereits geführte parasoziale Beziehun- zieht, ist diese Zeitspanne bei parasozialen Beziehungen gen intensiver waren. deutlich kürzer. Andreas Fahr: Es zeigt sich schon eine leichte quantitative Andreas Fahr: Und es gibt auch die Möglichkeit, das Gan- Zunahme. Ein Studienergebnis: Das Zusammengehörig- ze wieder zu erleben, in dem man eine Serie oder Staffel keitsgefühl und die Diskussionen über Charaktere haben nochmals anschaut, um die Leute wieder in sein Leben zugenommen, wenn eine Familie nicht rausgehen konnte zurück zu holen. Was wir im normalen Leben schlechter und der gemeinsame Medienkonsum an Bedeutung ge- können, ausser wir schauen uns Fotoalben an und erin- wann. Wenn man sich also sonst nichts mehr zu sagen nern uns zurück. Da geht es auch wieder um Berechenbar- hatte, weil man den ganzen Tag aufeinander hockte, konn- keit und Kontrolle: Ich weiss jetzt, was passiert, bin nicht te man gemeinsam in eine andere Welt flüchten und über mehr so stark herausgefordert und das kann als Genuss die Figuren darin reden. und Unterhaltung oder beruhigend erlebt werden. Wie findet ihr es, dass mittlerweile auch parasoziale Bei Sense8 war es doch auch so, dass nach Absetzen der Beziehungen zu Wissenschaftler_innen, aktuell Viro- Serie noch ein Film produziert werden musste, weil die log_innen, aufgebaut werden? Fans das Absetzen nicht ertragen haben. Andreas Fahr: Das ist ein typisches Selektionsphänomen Andreas Fahr: So ist das! Man war ja in die Geschichte in- der Medien. Um wissenschaftliche Erkenntnisse zu ver- volviert, hat mitgedacht und mitgefühlt wie im richtigen mitteln, brauchen sie Fachpersonen. Dann suchen sie Leben auch. Wir sind dann traurig und enttäuscht, dass jemanden, der das machen kann und wenn sie jemanden die Staffel vorbei ist. Es ist zum Glück meistens und für die finden, der telegen ist und etwas gut erklären kann vor meisten zwar kurz und heftig, aber nicht so langfristig und der Kamera, ist das für die Medien ein interessanter Ge- tiefgehend. sprächspartner. Wenn man einen wie Christian Drosten Michelle Möri: Gerade spannend finde ich, dass, wenn gefunden hat, dann muss man nicht mehr neu suchen. eine Staffel zu Ende ist, es für die meisten Zuschauenden Das hat einen gewissen Glaubwürdigkeitseffekt beim derselbe Effekt ist. Aber: In einer Studie mit einer ande- Rezipienten. Es geht in dem Bereich aber nicht darum, ren Doktorandin im Lead waren bei «The Biggest Loser» © nadjabaltensweiler.ch dass das mein Freund wäre und ich mit ihm gern ein Bier zwei Personen in den Fokus gestellt. Man hat die Leute trinken würde. Da geht es eher um die Zuschreibung von diese Sendung bzw. sieben Folgen davon schauen lassen Glaubwürdigkeit. Wenn die sympathisch sind und gut er- und jede Woche die parasozialen Beziehungen zu diesen klären können, ist das für uns natürlich auch eine Form beiden Figuren gemessen. Damals waren es Eheleute, die von Beziehung, aber noch keine freundschaftliche. Dafür gemeinsam in dieses Biggest Loser Camp gezogen waren braucht es ein bisschen mehr. und später auch gemeinsam ausgeschieden sind. Das ist 14 universitas | Dossier
auch eine Form des Beziehungsabbruchs: Die Sendung Letzte Frage: Euer Lieblingscharakter? geht zwar weiter, aber wenn man mit gewissen Protago- Michelle Möri: Ich habe eine sehr starke parasoziale Bezie- nist_innen eine Beziehung aufgebaut hat, und nur diese hung zu Sheldon Cooper aus «The Big Bang Theory». Ich Figuren die Sendung verlassen, was heute in vielen Sen- habe alle Staffeln sicher schon sieben Mal geschaut, aber dungskonzepten so ist, kann die Reaktion sein: «Stopp, ich ich bin noch lange nicht am Ende. sehe die Sendung jetzt nicht mehr! Mein Lieblingscharak- Andreas Fahr: Das liegt einfach daran, dass Michelle Möri ter ist draussen, es kann nur noch schlimmer werden.» Die auch so eine hervorragende Wissenschafterin ist! Mir fällt Forschung ist diesbezüglich zwar noch nicht so weit, aber nicht wirklich jemand ein. Ich habe tatsächlich lange Zeit man könnte diese parasocial breakups auch gezielt einset- mit Kevin Spacey geliebäugelt, aber das kann ich jetzt nicht zen und mit ihnen spielen. Denkbar ist, dass der Schau- mehr sagen, weil er wegen sexual harassment angeklagt ist. spieler, der für ein besseres Angebot die Serie verlässt, ei- In der Serie ist er ein bad guy, der die Leute manipuliert. nen Teil des Publikums gleich mitnimmt. Ich wollte das nicht selbst lernen, aber die Faszination war Andreas Fahr: Eine der erfolgreichsten Serien überhaupt da, weil ich mir vorstellen konnte, dass das auch im echten war und ist «Game of Thrones». Das Besondere daran war, Leben funktioniert. Aber eine Freundschaft zu ihm würde dass im Laufe der ersten paar Staffeln auf einen Schlag ich nicht haben wollen. plötzlich mehrere Protagonist_innen einfach umgebracht wurden. Weil das nicht üblich ist, gab es deshalb einen rie- sen Aufschrei. «Game of Thrones» ist trotzdem erfolgreich, Angela S. Hoppman ist Wissenschaftsredaktorin bei Unicom. weil es zwei Komponenten gibt, die bewirken, dass man dabeibleibt. Das eine ist, dass sie character-driven sind, also dass die Personen wichtig sind. Das andere ist aber, dass die Geschichte weitererzählt wird. Es kommen neue Figu- ren rein und wenn die Geschichte spannend ist und das Setting passt, kann man als Zuschauer_in durchaus auch wechseln und sich neue Charaktere suchen. Bezogen auf «The Biggest Loser» kann es auch sein, dass man nicht auf- hört zu schauen, sondern dass man sich einen neuen Cha- rakter sucht, vielleicht den zweitbesten, weil man wissen will, wie es weitergeht. Warum werden manchmal tote Charaktere wieder zu- rückgeholt, z.B. in Form eines Geistes? Kaum habe ich Unser Experte Andreas Fahr ist um eine Figur fertig getrauert, ist sie schon wieder da! Professor für Empirische Kommuni- Andreas Fahr: Das ist die sogenannte willing suspension of kationsforschung am Departement disbelief. Man muss, um einer Geschichte folgen zu können, für Kommunikationswissenschaft und bereit sein, bestimmte Dinge, die im normalen Leben physi- Medienforschung. Er forscht zu Me kalisch, sozial, psychologisch normalerweise nicht so statt- diennutzung, -rezeption und -wirkung, finden, auf sich zu nehmen, weil man sonst die Geschichte insbesondere Gesundheitskommu- nicht geniessen kann. Wenn plötzlich wieder Leute aufer- nikation, Persuasion, Kultivierung, emotionale Medien- stehen, die ich tot geglaubt habe, ist das enttäuschend, weil wirkungen und Beziehungen von Mediennutzer_innen retrospektiv meine Gefühle und das was ich investiert habe, zu Medienpersonen. enttäuscht wird. Ich wurde quasi an der Nase herumgeführt. andreas.fahr@unifr.ch Es kann also schon passieren, dass sich Leute deswegen von den Inhalten abwenden. Bei «House of Cards» war Kevin Spacey der Hauptprotagonist. Die Serie war sehr erfolg- Unsere Expertin Michelle Möri ist reich, aber nachdem die Staffeln abgedreht waren, wurde Diplomassistentin am Departement der Schauspieler wegen sexueller Übergriffe angeklagt. Das für Kommunikationswissenschaft und hat retrospektiv einen massiven Effekt auf die Bewertung ei- Medienforschung. In ihrer Doktorar- ner Serie, die man sehr gemocht hat. Dann kommen auch beit forscht sie zu parasozialen Be- kognitive Prozesse, wie z.B. eine Entschuldigung: «In der ziehungen von Mediennutzer_innen Serie war es nur der Charakter und nicht der Schauspieler!». zu Serienfiguren. Über ein solches Stabilisierungsverhalten versucht man, michelle.moeri@unifr.ch sich retrospektiv noch den Genuss zu erhalten. universitas | Dossier 15
«L’amitié est indispensable au bon fonctionnement de la société» Aristote classait l’amitié selon trois formes. Mais, surtout, le philosophe grec l’imbriquait complètement dans sa vision éthique et politique. Des théories qui, remises en contexte, sont plus pertinentes que jamais, selon la chercheuse Maude Ouellette-Dubé. Patricia Michaud Sandra et Julie sont amies depuis sept ans. Plus préci- logiquement, si cette raison n’est plus d’actualité, l’amitié sément, depuis qu’elles ont fait connaissance lors d’un se dissout». Dans le cas de Sandra et Julie, l’amitié était stage de grimpe dans les Dolomites. Les deux sportives cimentée par une activité commune. «Chez les seniors, se donnent régulièrement rendez-vous au pied d’une on rencontre souvent des amitiés utilitaires portées falaise rocheuse ou dans une salle d’escalade. Souvent, par un besoin de sécurité, de réconfort, de soutien et/ou elles récompensent leurs efforts physiques communs en de compagnie.» allant boire une bière, voire en s’offrant un ciné ou un concert. Mais voilà qu’un jour, Julie annonce à sa copine Le travail de toute une vie que pour elle, la grimpe, c’est fini: un pépin de santé ré- Maude Ouellette-Dubé relève qu’Aristote ne portait pas current l’oblige à renoncer définitivement à cette activité. un jugement négatif sur l’amitié par intérêt. Reste qu’il Après la déception vient le réconfort: c’est sûr, les deux considérait ce type comme doté de la moins grande va- amies continueront à se voir, que ce soit pour aller ran- leur. Un cran au-dessus dans l’échelle du philosophe an- donner, manger au restaurant ou simplement papoter. Les tique se trouve l’amitié par plaisir, celle qui, comme son semaines passent, les jeunes femmes ne se donnent pas nom l’indique, lie des personnes souhaitant profiter d’ins- rendez-vous. Fréquents au début, leurs échanges de textos tants de bonheur à plusieurs. «Les adolescents, toujours à deviennent de plus en plus sporadiques. Pas si amies que la recherche de nouveaux types de plaisir, sont particuliè- ça, finalement, Sandra et Julie? rement adeptes de ce genre d’amitiés très fluctuantes.» Et Pas si vite, dirait Aristote. Selon le célèbre philosophe de préciser que, comme dans le cas de l’amitié utilitaire, grec (384–322 avant notre ère), il existe différentes formes l’amitié par plaisir aura tendance à se dissoudre aussitôt d’amitié. Celle liant Sandra et Julie fait partie «du premier que le but n’est plus rempli. type d’amitié, celle motivée par l’intérêt», rapporte Maude Parallèlement à ces deux sortes d’amitiés dites acciden- Ouellette-Dubé, assistante-diplômée en éthique et philo- telles, Aristote évoque une troisième forme, qu’il considère sophie politique à l’Unifr. Tout comme celle du deuxième comme ayant le plus de valeur: l’amitié achevée ou accom- type (l’amitié par plaisir), l’amitié par intérêt «est acciden- plie. «Ce type d’amitié lie deux personnes qui s’apprécient telle, c’est-à-dire qu’elle est basée sur un événement de la pour ce qu’elles sont», souligne la philosophe. A l’inverse vie et non pas sur le lien entre deux personnes ‹pour ce des amitiés par intérêt ou par plaisir, l’amitié accomplie qu’elles sont›». Dans une relation utilitaire, «les ami·es ont «se construit sur la durée, demande d’apprendre à bien besoin l’un·e de l’autre pour une raison particulière et, connaître l’autre». Maude Ouellette-Dubé poursuit: «On 16 universitas | Dossier
rentre ici dans une vision de l’amitié très éthique: l’amitié tions hommes-femmes: on s’écarte tout gentiment du mo- achevée, c’est celle au sein de laquelle les partenaires sont dèle traditionnel judéo-chrétien, selon lequel la relation égaux et s’aident à s’épanouir réciproquement.» Or, selon conjugale doit forcément tendre vers une relation amicale Aristote, «tendre vers la vertu, c’est le travail de toute une accomplie.» A l’inverse, «on commence à trouver accep- vie». Sans surprise, autant de temps et d’engagement ont table qu’elle se base sur une amitié utilitaire, par exemple pour finalité qu’on ne développe généralement une amitié dans le but d’avoir des enfants ou de ne pas être seul, et que de ce type qu’avec une poignée de personnes au cours de les amitiés accomplies se bâtissent ailleurs». Plus perti- l’existence. nente encore, tout particulièrement dans un pays semi-dé- mocratique comme la Suisse, «la vision d’Aristote nous Amitié universelle rappelle que l’amitié est indispensable au bon fonctionne- De tous temps, les philosophes se sont intéressés à l’amitié, ment de la société». rapporte la chercheuse. Dans le cas d’Aristote, deux chapi tres de sa fameuse œuvre Ethique à Nicomaque y sont même dédiés. «Il s’agissait, en quelque sorte, d’une réponse – sous Patricia Michaud est journaliste indépendente. forme de clin d’œil – au Lysis (Sur l’amitié) de Platon, avec lequel il avait des désaccords.» Ce qui est particulièrement intéressant chez Aristote, et qui a largement marqué l’his- toire de la pensée sur l’amitié, «est le fait qu’il l’imbrique complètement dans sa vision éthique et politique». Selon Les animaux sont-ils nos amis? le philosophe, «les relations d’amitié précèdent les relations Un adage veut que l’animal soit le meilleur ami de l’homme. de justice, voire leur servent de socle». Au sens le plus lar- Vraiment? Maude Ouellette-Dubé a été mandatée – dans ge, l’amitié est donc perçue comme la relation entre tous les le cadre de la publication d’une collection en éthique ani- citoyen·nes, «du moins si l’on part du principe qu’une so- male – pour se pencher sur la possibilité d’amitié avec cer- ciété est constituée de personnes bienveillantes, désireuses tains animaux. Pour ce faire, elle a repris la vision d’Aristote de collaborer et de se faire confiance». «selon laquelle l’amitié et la réciprocité sont indisso- Aristote va encore plus loin, ouvrant la porte à une ciables». D’entrée de jeu, on se heurte à un double pro- amitié qui pourrait s’étendre «à la race humaine au com blème, puisqu’il existe «une relation de dépendance de plet», donc une amitié «qui serait la règle», même si elle se l’animal envers l’homme et qu’il n’est pas possible pour l’animal de se retirer de la relation d’‹amitié›». Donc, en segmente en divers degrés. Et, comme toute règle, celle-ci l’état, «les conditions ne sont, à mon avis, pas réunies pour comporte des exceptions. Parmi elles, on peut citer le cas que cette réciprocité puisse exister, sauf éventuellement «des vilains, des bandits et, de façon générale, des gens qui avec les chats». se sont exclus de la communauté et vivent selon d’autres Mais, au fond, pourquoi cette réflexion est-elle impor- lois, dictées, par exemple, par la peur». Ou encore des psy- tante? «Actuellement, la question de l’exploitation des ani- chopathes, «avec lesquels il n’est pas possible d’être ami·e maux fait couler beaucoup d’encre; or, en assimilant notre en raison de leur incapacité à être bienveillant·e». Car la rapport aux animaux à de l’amitié, on peut facilement ca- bienveillance, c’est le fil rouge qui sous-tend l’amitié selon moufler la nature asymétrique de ce rapport.» Selon la Aristote. «Et selon la plupart des autres grands courants chercheuse, une amitié entre hommes et animaux n’est de pensée à travers les âges, de celle de Mencius à celle de pas complètement exclue. Mais pour ce faire, «il faudrait David Hume.» sortir de cette asymétrie, ainsi que du lien de pouvoir». Bref, repenser fondamentalement le type d’attentes que Plus pertinente que jamais nous avons envers les animaux: «Est-il acceptable qu’un Maude Ouellette-Dubé en est convaincue, la vision de cheval refuse d’être monté ou un chien d’obéir? Voilà les l’amitié, telle que décrite par Aristote, a conservé sa perti- questions que nous devons nous poser.» nence au fil des siècles. «A condition, bien sûr, de faire abs traction du contexte dans lequel ces théories ont été écri- tes, à savoir une époque où les femmes étaient considérées Notre experte Maude Ouellette-Dubé est assistante- comme inférieures et l’esclavagisme comme justifié.» diplômée en éthique et philosophie politique à l’Unifr. Ori- Donc où les seules amitiés dignes d’intérêt étaient celles ginaire de Mirabel au Québec, elle a étudié la philosophie à qui liaient les hommes. l’Université McGill (Montréal) et à l’Université de Genève. La chercheuse fait remarquer que, à l’ère contempo- Ses recherches portent principalement sur l’attention, les raine, les catégories décrites par le philosophe antique ap- émotions et l’éthique. portent un éclairage intéressant sur les nouvelles formes maude.ouellette-dube@unifr.ch de relations entre individus. «Prenez l’exemple des rela- universitas | Dossier 17
© KEYSTONE-SDA | «Laurel and Hardy» 18 universitas | Dossier
Gute Freundschaft, schlechte Freundschaft Warum sind Freundschaften für Jugendliche wichtig? Wann können sie gefährlich werden? Wer ist besonders beeinflussbar? Und welche Rolle spielen die sozialen Medien? Christoph Müller, Professor für Sonderpädagogik, gibt im Interview Antworten. Matthias Fasel Christoph Müller, was verstehen Sie unter Freundschaft? Es ist davon auszugehen, dass sich Jugendliche gegensei- Es gibt verschiedene Merkmale, die eine Freundschaft de- tig nicht nur positive Dinge abschauen. finieren. Freundschaften sind immer freiwillig, das ist ein Tatsächlich kann sowohl prosoziales als auch antisozia- entscheidender Unterschied zu Familienbeziehungen, die les Verhalten gefördert werden. Prosozial ist ein Verhal- man sich nicht aussuchen kann. Zudem besteht eine emo- ten, wenn es helfend und unterstützend ist. Zu antisozi- tionale Nähe. Ebenfalls wichtig: Freundschaften beruhen alem Verhalten zählen beispielsweise Aggression und auf Gegenseitigkeit. Delinquenz. Studien zeigen, dass in beiden Bereichen die Peergruppen und speziell die Freund_innen eine wichtige Welche Rolle spielen Freundschaften in der Entwicklung Rolle spielen. Anders als Kinder befinden sich Jugendliche von Jugendlichen? während eines Grossteils ihres Alltags unter Peers, sei es in Eine sehr wichtige! In der Jugend stehen körperlich und der Schule oder in der Freizeit. Dadurch entstehen prägen- geistig grosse Umbrüche an, gleichzeitig werden wichtige de Lernerfahrungen und soziale Vergleiche. Entscheide gefällt, was die Zukunft betrifft. In dieser Si- tuation bieten Freund_innen eine interessante Alternative Was entscheidet darüber, welches Verhalten gefördert zu der Perspektive der Eltern. Freundschaften bieten aus wird? serhalb der Erwachsenenwelt einen geschützten Raum, Beim Peereinfluss muss unterschieden werden zwischen in dem Jugendliche experimentieren können – auch mit Selektion und Sozialisation. Identitäten. Wollen sie eher zu den Punks in der Klasse gehören? Oder doch zu den Sportbegeisterten? Dieses Beginnen wir bei der Selektion. Was entscheidet darü- Ausprobieren ist wichtig für die Entwicklung einer eige- ber, mit wem Jugendliche befreundet sind? nen Identität. Das wird erst mal durch die Begebenheiten vor Ort be- stimmt. Das kann in der Nachbarschaft sein oder in der In einer zunehmend individualisierten Gesellschaft Schule. Der wichtigste Ort zum Aufbau von Freundschaf- wird es teils auch als negativ empfunden, sich einer ten ist in der Jugend die Schulklasse. Es geht sogar so weit, Gruppe zuzuordnen. Zu Unrecht? dass die Sitzposition in der Klasse eine Rolle spielt, weil Das kommt natürlich auf die Gruppe an. Aber grundsätz- diese beeinflusst, mit wem man viel Kontakt hat. Innerhalb lich bieten Gruppen Jugendlichen viele Möglichkeiten, dieses Kontexts hat dann durchaus das Sprichwort «Gleich Sachen voneinander zu lernen – zu kooperieren zum Bei- und gleich gesellt sich gern» seine Richtigkeit. Wer ähnliche spiel, Kompromisse einzugehen, gemeinsam etwas auf die Verhaltensweisen und Interessen aufweist, findet sich eher. Beine zu stellen. Dadurch erleben Jugendliche Selbstwirk- Es kann aber auch andere Beweggründe geben, etwa, dass samkeit. Wenn sie sich etwa via Musik, Sport oder einer sich Jugendliche erhoffen, von einer Freundschaft zu pro- Umweltschutzbewegung zu einer grösseren sozialen Iden- fitieren, weil die andere Person einen höheren Status hat. tität zusammenfügen, ist das gut für ihr Selbstbewusst- sein. Man weiss auch, dass Freundschaften gegen Mobbing Und wie wird im Zuge der Sozialisation prosoziales oder schützen. Problematisch ist es, wenn Gruppen sehr hierar- antisoziales Verhalten gefördert? chisch sind und wenige Figuren alles bestimmen, während Ein wichtiger Mechanismus ist das Lernen am Modell. der Rest gehorchen muss. Häufig imitieren Jugendliche ein Verhalten, bei dem sie universitas | Dossier 19
beobachten, dass es zu Erfolg führt. Zweiter wichtiger Vorverurteilung auf die Eltern zukommen können. Grund- Mechanismus ist das Verstärkungslernen. Viele Studien sätzlich können Eltern Jugendliche ermutigen, Freund- zeigen, dass sich Jugendliche im Bereich von antisozialem schaften zu suchen, und ihnen Tipps geben – basierend Verhalten in Gesprächen gegenseitig verstärken. Wenn auf den Interessen und darauf, was die Kinder gut können. zwei Personen stark antisoziales Verhalten zeigen, macht Wenn sich jemand für Joggen interessiert, kann man auf- die eine vielleicht einen Witz mit einer Gewaltfantasie. Die zeigen, wo es einen Lauftreff gibt. So finden Jugendliche andere lacht, setzt eins obendrauf – und so schaukeln sie Gleichgesinnte – auch in einem strukturierten Kontext. sich gegenseitig hoch. Interessant ist, dass sich dieselbe Dy- namik auch in Bezug auf ängstliches und depressives Ver- Wie gross ist der Einfluss von Peers – etwa im Vergleich halten zeigt, obwohl das eigentlich etwas ganz anderes ist zu demjenigen der Eltern? als aggressives Verhalten. Auch dort kann in Freundschaf- Das unterscheidet sich je nach Bereich stark. Eltern blei- ten eine negative Spirale entstehen. Durch exzessives, nicht ben auch in der Jugend sehr einflussreich für gewichtige lösungsorientiertes Diskutieren eigener Probleme erleben Fragen, was die Zukunft betrifft, in Sachen Berufswahl Jugendliche zwar soziale Nähe, bestätigen sich manchmal zum Beispiel. Peers sind sehr wichtig im Bereich Sozial- aber auch gegenseitig in ihrem problematischen Verhalten. verhalten und bei Fragen von sozialen Beziehungen. Was gilt als cool? Was als uncool? Dazu gehören auch Konsu- Eltern wünschen sich für ihre Kinder die richtigen mentscheidungen. Was kauft man? Was nicht? Jugendliche Freund_innen. Woran erkennen sie, welche Peers ihren orientieren sich dabei stark an den Normen, die innerhalb Kindern guttun? einer Gruppe herrschen. Diese repräsentieren eine Art ty- Es gibt beispielsweise zwei Bereiche, auf die Jugendliche pisches Verhalten der Gruppe. Wer von dem zu stark ab- selbst oder auch Eltern bei der Beurteilung von Freund- weicht, muss Sanktionen befürchten durch die Peers und schaften achten können: Der erste ist das Befinden. Wenn droht, weniger populär zu sein. Das Verhalten vieler Ju- Eltern wahrnehmen, dass ihr Kind nach dem Kontakt mit gendlicher ist deshalb stark auf Konformität zu bestimm- den Freund_innen bedrückt nach Hause kommt, sich zu- ten Peergruppen ausgerichtet. rückzieht, unterdrückt fühlt, dann ist das der Moment, sich zu fragen: Was ist los? Der zweite Punkt ist das Verhal- In welchem Alter sind Jugendliche besonders beein- ten. Merkt man, Jugendliche gehen in einer Freundschaft flussbar? auf, entwickeln neue Kompetenzen oder erweitern ihr Zwischen 11 und 16 Jahren gibt es einen Peak. Durch die Interessenfeld, sind das positive Zeichen. allmähliche Ablösung von den Eltern entstehen Unsicher- heit und der Wunsch nach Orientierung. Zudem konnte Sollten Eltern versuchen Einfluss auf die Auswahl der auch neurologisch aufgezeigt werden, dass das Gehirn in Freund_innen Jugendlicher zu nehmen? der Jugendphase eine besonders hohe Sensitivität für so- In der Kindheit spielen Eltern eine grosse Rolle bei der zialen Vergleich und soziale Verstärkung aufweist. Kog- Auswahl der Peers, weil sie im Alltag des Kindes fast al- nitive Kontrollprozesse sind weniger stark ausgeprägt als les strukturieren. In der Jugend lässt dieser Einfluss nach später bei Erwachsenen. Deshalb steigt bei Jugendlichen und das ist auch erst einmal gut so. Es ist eine Entwick- die Risikobereitschaft, wenn sie unter Peers sind. In den lungsaufgabe, dass Jugendliche lernen, positive Beziehun- USA hat zum Beispiel eine Studie aufgezeigt, dass Jugend- gen aufzubauen, Freund_innen zu suchen, Konflikte zu liche viel mehr Autounfälle verursachen, wenn Peers im haben, diese auszuhalten und zu lösen. Gleichzeitig ist Auto dabei sind. es nachvollziehbar und eigentlich auch gut, dass sich El- tern Sorgen machen oder Hoffnungen haben. Haben sie Welche Jugendlichen sind besonders beeinflussbar? das Gefühl, Jugendliche rutschen ab in eine delinquente Unsere Studien in Bezug auf antisoziales Verhalten zei- Laufbahn, sollten sie selbstverständlich versuchen, das zu gen, dass erstens Jugendliche, die eine geringe Impuls- verhindern. hemmung aufweisen – also Mühe haben, sich in einer dynamischen Situation zurückzuhalten – besonders Wie sollten sie dabei vorgehen? beeinflussbar sind. Sie überlegen sich nicht, welche län- Was die Forschung ganz klar zeigt: Drakonische Strafen und gerfristigen Konsequenzen es hat, mit den Peers mit- nur Verbote sind keine Lösung. Am problematischsten ist, zugehen. Zweitens haben wir auch aufgezeigt, dass ri- wenn sich Jugendliche komplett verschliessen, den Eltern sikobereite Jugendliche empfänglicher sind. Genau wie nichts mehr erzählen, sich über Verbote hinwegsetzen und solche, die von sich berichteten, häufig unstrukturier- unerreichbar werden. Deshalb sollte vielmehr in die Be- ten Freizeitaktivitäten nachzugehen – zum Beispiel im ziehung zum eigenen Kind investiert werden. Wichtig ist, Park abhängen. Was ich sehr interessant finde: In unse- dass immer Raum dafür bleibt, wo Jugendliche ohne rer Studie hat sich gezeigt, dass Jugendliche, die von den 20 universitas | Dossier
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