L'ERMITE HERBU No54 avril2017 - Journal de l'Association Des Amis du Jardin botanique de l'Ermitage ADAJE

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L'ERMITE HERBU No54 avril2017 - Journal de l'Association Des Amis du Jardin botanique de l'Ermitage ADAJE
L’ERMITE HERBU
No 54                                                        avril 2017

Journal de l’Association Des Amis du Jardin botanique de l’Ermitage A D A J E
L'ERMITE HERBU No54 avril2017 - Journal de l'Association Des Amis du Jardin botanique de l'Ermitage ADAJE
Sommaire
                                    Françoise Février
                                    Editorial.................................................... 3

                                    Excursions botaniques 2017 ..................... 4
Ermite herbu
Rédaction
N° 54, avril 2017
                                    Michel Horner
                                    Les néophytes invasives ........................... 6
Fabienne Mondandon
fabienne.k.montandon@bluewin.ch     Josette Fallet
                                    Portraits : José Richard et Fernando Duarte
ADAJE:                              Gouveia de Macedo ................................ 13
c/o Jardin botanique de Neuchâtel
Pertuis-du-Sault 58                 Blaise Mulhauser
2000 Neuchâtel                      Notes de paléobotanique III ................... 17
CCP: 20-5761-9
http://www.adaje.ch                 Josette Fallet
info@adaje.ch                       Reflets de la Fête d’automne 2016 ......... 25
Maquette
                                    Josette Fallet
Jason Grant
Université de Neuchâtel
                                    Assemblée générale 2017 ....................... 27

Page de couverture: Plantes         Francis Grandchamp
aquatiques. Photo: Jason Grant      Clin d’œil de l’écureuil .......................... 28
Ci-dessous: Nymphaea alba. Photo
F.Montandon                         Paul-Etienne Montandon
                                    Clin d’œil de l’ermite ............................ 29

                                    Robin Berger, Simon Meier,
                                    Baptiste Sneiders et Armand Pelletier
                                    Recensement de Vicia orobus dans la région
                                    des Verrières (Neuchâtel) ....................... 31
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Editorial
Lorsque la neige recouvre tout le        Cette année, l’ADAJE et la Société de
paysage, y compris le Plateau suisse,    minéralogie s’associent pour découvrir
et que les températures négatives        la région de la rampe sud du Lötschberg.
s’installent durablement, qui n’a pas    Au sortir du train, la promenade
rêvé de balades printanières ? Je vous   s’éterniserait si nous déterminions toutes
invite à nous suivre dans les futures    les variétés de rosiers. Dans les prés secs
excursions de l’ADAJE.                   fleurissent les élégants anthérics à fleurs
                                         de lis. Les stipes pennées ondulent au
Au-dessus d’Orbe, sur le versant vent. Les gypsophiles rampants poussent
oriental du Jura central vaudois, près dans les failles de calcaire. Plus loin, le
de Bretonnières, nous découvrirons des chemin suit un bisse vieux de 600 ans.
pulsatilles communes (mais ô combien
rares dans la nature), aux velus soyeux, Qui n’aura pas envie de se baisser pour
aux multiples nuances de violet mauve. ramasser un morceau de schiste lustré,
                                         brillant ou mordoré, qui étincelle au
A la mi-mai, au Fanel, les observations bord du chemin ?
d’oiseaux migrateurs sont nombreuses.
Les guifettes nous survolent; les grands Avec cette course en Valais s’achèvent
gravelots courent sur les berges de la les excursions printanières de l’ADAJE.
Broye; des limicoles se nourrissent à la D’autres auront lieu en été. A vous
limite des vagues, tandis que les grèbes maintenant de nous rejoindre !
huppés paradent.
                                          Françoise Février
Fanel, Panures à moustache.               Vice-présidente de l’ADAJE
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Excursions botaniques de l’ADAJE 2017

Etang de Chavornay. Photo: F. Février

8 avril                                 10 juin
BRETONNIÈRES                            CHARMEY
Prairie maigre avec pulsatilles         Forêt marneuse, sabots de Vénus.
communes. Responsable : E. Gfeller –    Responsables : E. Gfeller et J.-C. Clerc
départ à 9 h 15                         – départ à 8 h 15

13 mai                                  17 juin
FANEL - SORTIE                          HOHTENN - AUSSERBERG
ORNITHOBOTANIQUE                        (avec la Société de Minéralogie)
Grande Cariçaie : forêt riveraine,      Pinède, lande sèche. Responsables :
roselière et bas marais humides;        F. Freléchoux et R. Schmid – départ à
oiseaux divers. Responsable :           7 h 15.
F. Freléchoux – départ à 9 h 15         En voiture jusqu’à Kandersteg; en train
                                        jusqu’à Hohtenn; retour en train au
20 mai                                  départ d’Ausserberg
CARRIÈRE BLEUE et
MARNIÈRE D’HAUTERIVE                    1er juillet
Orchidées, ophrys, végétation           PLANFAYON – LAC NOIR
xérothermophile, dalles calcaires       Zone alluviale de la Singine, tour du lac
Responsable : J. Bovet – départ à       Noir . Responsable : J. Bovet – départ à
9 h 15                                  8 h 15
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Tabouret à feuilles rondes, Thlaspi rotundifolium (Brassicaceae). Photo: F. Février

22 juillet                                      Lieu de rendez-vous pour toutes
NIEDERHORN SUR                                  les excursions : parking du Jardin
BEATENBERG                                      botanique
Téléphérique du Beatenberg au
Niederhorn; retour sur la station               Inscription aux excursions :
intermédiaire. Flore des crêtes et de           téléphoner le jeudi avant la course de
deux tourbières, forêt sur granit de            18 à 20 heures à Françoise Février,
Hohgant. Responsable : E. Gfeller –             tél. 032 725 12 45, qui vous inscrira et
départ à 8 h 15                                 confirmera ou non la course du samedi.

12 août                                  Prix de chaque course : 10 CHF à payer
VALLÉE DE JOUX : PRAZ RODET              sur place
Prairie humide et hauts marais.          Déplacement en voiture : 40 ct/km pour
Responsable : J. Bovet – départ à        le chauffeur
8 h 15                                   Assurance : L’ADAJE décline toute
                                         responsabilité en cas d’accident. Les
6 août                                   participants doivent être couverts par
PLANTES AQUATIQUES LE                    leur propre assurance. L’utilisation des
LONG DU DOUBS                            voitures privées engage l’assurance RC
Responsable : J. Grant – départ à 9 h 15 du détenteur et du conducteur.
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Les néophytes invasives
Michel Horner, ingénieur-agronome
Service de l’agriculture NE, Office phytosanitaire
Michel.Horner@ne.ch
Photos de l’auteur

Introduction – biologie – exemples      Les néophytes invasives ne sont pas à
                                        confondre avec des plantes indigènes
Les     néophytes    invasives      (ou se montrant localement envahissantes
envahissantes) sont des plantes non- (exemple: chiendent, cirse, liseron,
indigènes (provenant en général d’un prêle, ronce, rumex, …).
autre continent) et introduites après
la découverte des Amériques (depuis Il n’existe pas de profil type de la plante
le XVIème siècle après J.-C.). Elles se envahissante. Il peut s’agir aussi bien
répandent massivement aux dépens des d’annuelles, de vivaces, d’arbustes
espèces indigènes. Elles sont la 2ème que d’arbres. Toutefois, quelques traits
cause de la diminution de la diversité communs peuvent être identifiés:
biologique.

Photo 1. La renouée du Japon, Reynoutria        Photo 2. La renouée du Japon
japonica (Polyonaceae)
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- reproduction sexuée et/ou végétative (solidages américains ou verge d’or,
très performante,                        ci-après dans le texte) et en jardinage
                                         (berce du Caucase).
- propagation souvent favorisée par les
activités humaines,                      Exemples d’introduction involontaire:
                                         la dispersion par les engins de travaux
- période de latence de plusieurs publics ou par les moyens de transport:
décennies entre l’introduction de colis, navires, route et rail. La
l’espèce et sa prolifération,            contamination de produits agricoles et
                                         de semences (séneçon du Cap, ambroisie
- souvent un caractère de plante photos 3 et 4).
pionnière.
                                         Les néophytes invasives entraînent une
Exemples d’introduction volontaire diminution importante de la biodiversité
d’espèces invasives: en horticulture végétale. Ces invasions sont d’autant plus
(renouée du Japon (photos 1 et 2), gênantes si l’espèce concurrencée est
impatiente     glanduleuse,    solidages rare. Certaines espèces invasives peuvent
américains), en sylviculture (robinier se révéler extrêmement problématiques
faux-acacias), la stabilisation des sols pour la santé. C’est le cas de l’ambroisie

Photo 3. L’ambroisie, Ambrosia            Photo 4. L’ambroisie
artemisiifolia (Asteraceae)
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Photo 5. La berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum (Apiaceae)

(pollen très allergène) ou de la berce du (Buddleja davidii, Scrophulariaceae),
Caucase (la sève provoque des brûlures le robinier faux acacia (Robinia
cutanées importantes, (photo 5).           pseudoacacia, Fabaceae, photo 7) ou la
                                           renouée du Japon (Reynoutria japonica,
Dans les champs cultivés, les néophytes Polygonaceae).
invasives proprement dites sont plutôt
rares. L’ambroisie peut anéantir une Loi – organisation
culture de tournesol, car ces deux
plantes font partie de la même famille Confédération : La loi aide les
des astéracées et les herbicides sont services publics à organiser la
sélectifs pour les deux. Le séneçon du lutte. L’ordonnance fédérale sur la
Cap (Senecio inaequidens, Asteraceae, dissémination dans l’environnement
photo 6), toxique, constitue une mauvaise (ODE, 1 oct. 2008) relève une dizaine de
herbe dans les vignobles et dans certaines plantes envahissantes. Il en découle une
prairies extensives. De profondes interdiction de vente et de commerce
modifications des paysages peuvent de ces espèces. Infoflora cite une
être causées par le buddléia de David quarantaine d’espèces en liste noire et
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Photo 6. Le séneçon du Cap (Senecio inaequidens, Asteraceae)

Photo 7. Le robinier faux-acacia, Robinia pseudoacacia (Fabaceae)
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une quinzaine en liste d’observation. Des Lutte
fiches explicatives sont à disposition :
www.infoflora.ch > néophytes.               La lutte contre les espèces invasives est
                                            d’autant plus efficace qu’elle intervient
Canton : Le groupe espèces invasives en début d’invasion. Tant qu’une
Neuchâtel (GRINE) existe depuis 15 prolifération est limitée, il est possible
ans. Avec une douzaine de spécialistes d’envisager une éradication. Si une
il traite de tout ce qui touche les espèces invasion a pris trop d’ampleur, le stock
invasives. La coordination du GRINE grainier ou le nombre de rhizomes sont
propose des formations théoriques souvent trop importants pour une lutte
et pratiques. Ainsi, la plupart des efficace. Une lutte précoce en phase
communes, les ponts et chaussées et d’introduction de l’espèce invasive
des particuliers ont pu être sensibilisés coûte moins cher qu’une lutte effectuée
à la problématique. Il a également tardivement et difficile à mettre en
rédigé des informations (posters, flyers) œuvre. La lutte doit être adaptée au lieu
à disposition des communes et des et à l’espèce. Il ne faut jamais mettre
particuliers.                               des déchets d’une plante invasive sur le
                                            compost ou en bordure de forêt. Il est
L’ambroisie à feuilles d’armoise (rare impératif de lire la fiche technique avant
chez nous) est la seule plante classée d’organiser sa disparition.
sous organisme de quarantaine. Elle doit
être signalée à l’office phytosanitaire Un exemple bien répandu : La verge
cantonal. Elle sera ensuite détruite d’or ou solidage (Solidago spp.)
par incinération (sac à poubelle). La photos 8-9.
tolérance pour l’ambroisie est zéro,
ainsi que pour la berce du Caucase et Depuis la mise en vigueur de l’ODE,
la renouée du Japon qui doivent être la vente et le commerce du solidage ou
éliminées.                                  verge d’or est officiellement interdite
                                            (tous hybrides inclus!). Le solidage
La cartographie est un outil performant peut former des populations étendues et
qui permet de connaître la situation, denses inhibant la végétation indigène.
de planifier la lutte et d’évaluer Grâce à son système de rhizomes
son efficacité. Plusieurs cantons ont souterrains, il forme des populations
cartographié les néophytes principales. très denses. De plus, il a la capacité de
Canton de NE: Le site www.ne.ch/ produire jusqu’à 20’000 graines par
neophytes permet d’annoncer les plantes tige, qui sont dispersées par le vent et
observées (carte incomplète).               les oiseaux.
L’Ermite herbu 11

Photo 8. La verge d’or ou solidage, Solidago spp. (Asteraceae)

Le     solidage    pose     d’importants      indigènes et concurrentielles (mélange
problèmes dans des zones naturelles,          de prairie sèche dans une zone sécharde,
mais aussi sur les terrains abandonnés.       etc.).Il ne faut jamais mettre une plante
Dans l’agriculture, il peut s’introduire      invasive sur un compost ou en bout
dans des jachères florales et y former        de champ, mais la brûler ou la faire
des peuplements denses, très difficiles à     incinérer.
détruire.
                                          Appel : La prévention et la lutte efficace
Pour une lutte efficace, il faut éliminer contre les espèces invasives est de la
ou au minimum affaiblir les rhizomes. responsabilité de chaque citoyen.
La production de graines doit également
être empêchée. Différentes luttes Pour en savoir plus
mécaniques existent. En général on www.ne.ch/neophytes |
peut dire qu’une coupe répétée avant la www.infoflora.ch | www.ambrosia.ch
floraison épuise les rhizomes et réduit voir aussi : OFEV/Biodiversité/Espèces
les peuplements (mais ne les détruit envahissantes
pas !).On peut concurrencer la plante en Référent cantonal (par secteur) : voir sur
ensemençant un mélange de semences le site du canton
12   L’Ermite herbu

Photo 9. La verge d’or ou solidage, Solidago spp. (Asteraceae)
L’Ermite herbu 13

Portraits : José Richard et
Fernando Duarte Gouveia De Macedo
Josette Fallet
Secrétaire de l’ADAJE

Nous avons rencontré deux des               entrepris un travail de muséologie en
chevilles ouvrières de l’exposition         créant une base de données.
« Terre d’outils » : José Richard,
responsable de la collection, et Fernando  Doté d’un esprit encyclopédique, José
Duarte Gouveia De Macedo, chargé           Richard a pu s’appuyer sur l’enquête
d’entretenir et de restaurer les outils.   ethnographique menée dans les années
Outre une collaboration fructueuse         1940 par Wilhelm Egloff pour le
au Jardin botanique de Neuchâtel, ils      compte du Glossaire des patois de
ont un point commun. Tous deux ont         la Suisse romande, qui participe à
connu les affres du chômage à un âge       l’exposition. L’ethnologue a recueilli
où les portes du monde professionnel       de précieuses informations sur la vie
se ferment. Grâce aux affaires sociales    agricole et artisanale de l’époque. Il était
et à l’aide d’une entreprise d’insertion,  accompagné du peintre Paul Boesch qui
ils sont actuellement au bénéfice d’un     a dessiné 2000 esquisses représentant
contrat de deux ans.                       les objets de la vie paysanne. Cette
                                           précieuse documentation a permis à
Depuis son arrivée au Jardin botanique José Richard d’identifier les outils et de
en 2014, José Richard a acquis une connaître leur dénomination dans les
connaissance approfondie des outils. Ses différents cantons.
débuts ont presque coïncidé avec l’idée
d’une collection et d’une exposition à
partir de la collection dont Willy Haag Une collection riche d’un millier de
a fait don au Jardin botanique (voir les pièces
éditions Nos 51 et 52 de L’Ermite herbu).
Chaque pièce du Fonds Haag portait D’autres donateurs plus anonymes ont
une étiquette indiquant l’époque de aussi contribué à enrichir la collection
l’achat et le corps de métiers concerné. d’outils. José Richard a ainsi eu
Avec le temps, certaines étiquettes – en l’occasion de remonter à la source,
particulier celles qui accompagnaient autrement dit aux artisans encore en
les outils de la terre – étaient devenues mesure de se servir des outils désormais
illisibles. José Richard a commencé remplacés par des machines. C’est ainsi
par s’entretenir avec Willy Haag pour que certains d’entre eux, par exemple
se familiariser avec les outils, puis il a les scieurs de long, ont pu démontrer
14   L’Ermite herbu

José Richard. Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel
leur savoir-faire à l’occasion des fêtes Sa préférence va aux outils des métiers
du Jardin botanique ou ont participé au du bois.
tournage des films sur l’utilisation des
outils.                                   « Terre d’outils » englobe aussi une
                                          publication (à la fin de l’année) et une
Nous avons demandé à José Richard de encyclopédie filmée. José Richard anime
mentionner un outil qui lui tient à cœur. des visites guidées de l’exposition.
                                          En 2016, il a notamment rencontré les
Il en cite deux :                         représentants du Musée rural jurassien
- la presse à semis créée par (Les Genevez JU) et de l’Arboretum
   Mme Pierrette Verdon (longtemps (Aubonne (VD). Contrairement aux
   fleuriste à la gare de Neuchâtel), autres manifestations organisées par
   résultat d’un cheminement inventif,    le Jardin botanique, « Terre d’outils »
- la hache à équarrir (épaule de mouton) attire davantage les gens de la terre que
   exposée à la villa, pour l’esthétique. les habitués du vallon de l’Ermitage.
L’Ermite herbu 15

Dates clés                                 Macedo était créateur de produits. Il est
José Richard                               aussi devenu formateur à l’île Maurice
                                           pendant de nombreuses années, dans un
1958 :                                     contexte fort différent de l’Europe. Il a
naît à La Chaux-de-Fonds                   transmis son savoir-faire à plus de 60
                                           jeunes gens.
1990-2000 :
responsable du Laboratoire des argiles Dans son activité actuelle, il restaure
de l’Université de Neuchâtel           des pièces anciennes, traite d’autres
                                       matières que le cuir, démonte et remonte
2004-2012 :                            entièrement certains outils; il leur donne
chômage, mesures d’insertion, aide une nouvelle jeunesse. Quelque 350
sociale                                outils divers sont passés entre ses mains.
                                       Son travail a surtout consisté à les
2013 :                                 nettoyer et à gratter, sans trop insister, à
chargé de la saisie informatique d’une l’aide de papier de verre.
collection de minéralogie au Museum
d’histoire naturelle, Neuchâtel

2014-2018 :
engagé au Jardin botanique grâce à un
contrat d’insertion

Fernando De Macedo
Créateur et restaurateur de produits

De la maroquinerie à la restauration
d’outils, il y a un pas que Fernando
De Macedo a franchi en arrivant au         Illustration serpe avant et après restauration.
Jardin botanique en 2015. Après des        Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel
allers et retours entre le Portugal, son
pays d’origine, l’Italie, la Suisse et   La serpe qui illustre ces lignes témoigne
l’île Maurice, Fernando a notamment      de ce labeur. Remises presque à neuf,
travaillé pour l’industrie horlogère,    les pièces restaurées par Fernando
dans le canton de Neuchâtel. La faillite De Macedo font sa fierté. Il cite en
de son dernier employeur l’a entraîné au particulier une cardeuse à balancier
chômage.                                 exposée à la Villa de l’Ermitage. Au
                                         moment de l’interview, il remettait en
Par sa formation de maroquinier, acquise état un dévidoir dont les clous ont été
et exercée en Italie, Fernando De forgés à la main au XVIII siècle.
                                                                     ème
16   L’Ermite herbu

Fernando de Macedo. Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel

Fernando De Macedo exprime le              Dates clés
plaisir qu’il trouve dans son activité     Fernando Duarte Gouveia De Macedo
et sa collaboration avec l’équipe du
Jardin botanique. Il espère pouvoir la     1955 : naît à Lisbonne (Portugal)
poursuivre jusqu’à l’âge officiel de la
retraite.                                   1979-1988 : apprend le métier de
                                            maroquinier à Milan et le pratique en
Les outils non encore traités sont stockés Italie pendant neuf ans
dans un congélateur pour détruire les
insectes xylophages.                        1989-2012: exerce son activité
                                            professionnelle au Portugal, en Suisse et
L’exposition « Terre d’outils » est ouverte à l’île Maurice
jusqu’au 15 octobre 2017. Des visites
guidées sont proposées le dimanche; la 2013 : perd son emploi pour cause de
première aura lieu le 23 avril, de 14 h à faillite de l’entreprise
15 h 30. A six reprises au cours des mois
prochains, la villa mettra en évidence 2015-2017 : travaille au Jardin botanique
une famille d’outils, par exemple ceux
du sabotier lors de la Fête de printemps.
L’Ermite herbu 17

Notes de paléobotanique III.
La flore du Miocène du massif de Coiron
(Ardèche, France)
Blaise Mulhauser
Directeur du Jardin botanique de Neuchâtel

Abstract                                      restes organiques, les momifiant plutôt
Terrestrial plant fossils of the upper        que les minéralisant, si bien qu’il a été
Miocene from the Coiron massif                possible d’extraire de l’ADN de tissus
(Ardèche, France) have an exceptional         non dégradés et de le comparer à celui
preservation due to the presence of           de génome de plantes d’aujourd’hui.
diatomite acid and anaerobic sludge. In       Cette note de paléobotanique présente la
some case, extration of DNA material          flore qui s’épanouissait en Ardèche, sur
has been possible because leaves are          le massif du Coiron, il y a un peu moins
preserved in the antibiotic diatomit          de 8 millions d’années.
layers. Diatomite of the Coiron massif
is deposited during the upper Miocene         Les dépôts de diatomite du Coiron
(Tortonien), between 8,5 and 7,2 millions
of years. The flora is rich of more than 96   La diatomite est une roche sédimentaire
species. The main paleohabitats of this       formée      par   l’accumulation      des
region of Ardèche are 1) a subtropical        frustules de diatomées. La frustule
forest at level of the sea, witness for a     est un « squelette » siliceux externe
warm and humid climate; 2) a mixed            formé de deux thèques s’emboîtant
forest with oaks in the collinean stage ;     l’un dans l’autre et enveloppant
3) another mixed forest with coniferous,      totalement la cellule de ces organismes
beeches and elms trees to the mountain        photosynthétiques microscopiques1. Une
layer.                                        fois morte, la diatomée se décompose,
                                              ne laissant qu’une « coquille » vide.
Introduction                                  1 Selon les dernières études phylogénétiques,
                                              les    diatomées     (ou     Bacillariophytes)
Conservées dans des conditions                sont classées dans le grand groupe des
taphonomiques        particulières,    les    Chromophytes (algues jaunes et brunes)
                                              dont la caractéristique principale est la
empreintes fossiles de plantes se révèlent
                                              présence de pigments complémentaires à la
précieuses pour l’étude de l’évolution des    chlorophylle donnant un aspect jaune ocre
espèces. Grâce aux conditions anoxiques       au chloroplaste. Ces clades rejoignent l’infra-
et acides de la roche, une gangue de          règne des Straménopiles ou Hétérocontes
protection s’est formée autour des            (Pawlowski, 2014), très éloigné de la lignée
                                              verte (Mulhauser & Tritz, 2016).
18   L’Ermite herbu
De ce fait, la diatomite est une roche très   de diatomite, pratiquée par la méthode
légère et poreuse. Elle ne se forme que       Potassium-argon, donne un âge de 7,8
dans des milieux aquatiques entourés          ± 0,6 millions d’années. Ces couches se
de matériaux volcaniques, propices à          sont donc formées au Miocène supérieur,
la seule profusion des diatomées. Les         durant le Tortonien. Du point de vue
frustules les plus abondantes dans les        stratigraphique, le massif du Coiron est
diatomites du massif du Coiron sont           un plateau basaltique qui a commencé à
celles de Navicula sp. (Riou 1999).           se créer il y a 10 millions d’années et a
                                              continué à s’épaissir par succession de
Des lacs de cratères (ou maars) existaient    dépôt de 7 coulées de laves recouvrant
dans le massif du Coiron il y a 7 à 8         des matériaux volcaniques divers tels
millions d’années (Grangeon, 1960). Une       que des scories ou des dépôts d’alluvions
datation absolue des couches fossilifères     de lacs de cratère (voir fig. 1).

Fig. 1. Plateau basaltique du Coiron et principaux gisements de diatomite (points verts).
Modifié d’après Grangeon (1958)
L’Ermite herbu 19

A cette époque, la mer Méditerranée,          Composantes de la flore fossile et
déjà formée, se faufile dans le couloir       paléohabitat
rhodanien au moins jusqu’à la région
de l’actuelle ville de Lyon. Les poches       La plupart des fossiles sont constitués de
actives des lacs de cratère du Coiron sont    feuilles et de graines isolées, montrant
donc à quelques kilomètres seulement          que la végétation ne croissait pas à
d’une zone marine, mais restent bien          proximité des lacs de cratère mais que
isolées sur le massif volcanique. Il          les végétaux étaient surtout apportés
y a 6 millions d’années, des coulées          par le vent. Toutefois, certains fruits
de basalte recouvrent les dépôts de           tels que des glands (Quercus sp.),
diatomites, les protégeant de l’érosion.      des châtaignes (Castanea sp.) et des
                                              pommes de pin (Pinus sp.), enfouis dans
La qualité exceptionnelle des fossiles        les sédiments, témoignent d’une relative
                                              proximité des milieux boisés au milieu
Aujourd’hui, quelques-unes de ces             de conservation. Le mode de transport
couches affleurent en bordure du plateau      éolien des principaux vestiges rend très
basaltique du Coiron (Fig.1). Elles           aléatoire la reconstitution des différentes
livrent une riche faune et flore fossiles     végétations de la région. Les recherches
en parfait état de conservation. Les          palynologiques confirment toutefois
plus connus sont ceux de la montagne          une prédominance des conifères sur les
d’Andance et les gisements d’Alissas          feuillus (Firtion in. Grangeon, 1958), ce
et du Mont Charay. Nous devons la             que ne laisse pas supposer la proportion
parfaite conservation des fossiles -          du nombre d’espèces des différents
ou plutôt des momies de plantes et            groupes représentés (Fig.2). L’espèce la
animaux – à l’absence d’oxygène dans          plus fréquente semble être un pin proche
un milieu acide pratiquement stérile.         du pin sylvestre Pinus sp. type silvestris.
Tout organisme tombant dans ces boues         En abondance de grains de pollen, il est
siliceuses de squelettes de diatomées         suivi par le sapin Abies sp., un autre pin
était rapidement recouvert d’une gangue       Pinus haploxylon, un cyprès Taxodium
protectrice, empêchant, dans un élément       sp., le bouleau Betula sp. et l’épicéa Picea
anaérobique, la décomposition des tissus.     sp. Chez les feuillus, outre le bouleau,
Dans quelques cas, de l’ADN a pu être         les prélèvements révèlent des quantités
extrait de fossiles de plantes. Dans le cas   importantes de pollens de chêne Quercus
d’une feuille de châtaignier Castanea         sp., de tilleul Tilia sp., d’orme Ulmus sp.
sp. du Coiron, les paléogénéticiens ont       (ces trois genres caractérisant la chênaie
pu amplifier 15 séquences différentes du      mixte), d’aulne Alnus sp. et de zelkova
gène chloroplastique rbcL, démontrant         Zelkova sp. Véritable relique, ce dernier
une similarité de 99,6% avec le gène          genre est encore présent dans certaines
rbcL du châtaignier commun Castanea           îles de Méditerranée (Sicile et Crête),
sativa (Manen et al., 1995).                  dans le Caucase et dans l’Est de l’Asie.
20   L’Ermite herbu
Dans les prélèvements polliniques,              bilinicus, S. falcifolius, Gordonia sp.)
il faut encore relever la présence              rappellent un climat plus chaud et plus
importante de pollens du genre Carya,           humide, certainement sous influence de
un groupe d’arbres de la famille des            la frange marine de la Méditerranée. Les
noyers (Juglandacées) n’existant plus           étages de végétations passaient donc
aujourd’hui qu’en Amérique du Nord et           d’une forêt subtropicale au niveau de
dans le Sud-ouest de la Chine. A propos         la mer, à une forêt mixte de chênes
de la Chine, et plus généralement des           (Quercus drymeja), d’érables (Acer
provinces méridionales et centrales             decipiens), de tilleuls (Tilia mastajana),
d’Extrême-Orient situées entre les              de micocouliers (Celtis auriculata) et
31e et 35e degrés de latitude Nord,             d’arbres de Judée (Cercis siliquastrum),
Grangeon (1958) signale que c’est               puis une forêt de l’étage montagnard
dans ces régions actuelles « que l’on           dominée par les conifères (Pinus
trouve des associations végétales qui           sp. Abies sp., Picea sp.) mélangés à
rappellent la forêt miocène vivaroise ».        de nombreuses Fagacées (Quercus
Toutefois, plusieurs espèces d’affinités        hispanica, Fagus pliocenica, Castanea
subtropicales (Engelhardtia sp., Ardisia        vesca) et Ulmacées (Ulmus braunii,
sp.,    Cinnamomum       polymorphum,           Zelkova acuminata, Zelkova crenata).
Berchemia      multinervis,    Sapindus         Les zones alluviales étaient peuplées

Fig. 2. Proportion (en %) des différents groupes de végétaux de la flore fossile des diatomites
du massif du Coiron (Miocène supérieur, Tortonien / 8,4-7,2 Millions d’années).
L’Ermite herbu 21

par les saules Salix sp., les peupliers      La collection du Jardin botanique
Populus sp., les aulnes Alnus sp. et les
frênes Fraxinus ornus. Dans les coteaux      Une dizaine de pièces de la flore du
secs, on trouvait une forêt buissonnante     Miocène de Coiron sont présentes
rappelant la chênaie méditerranéenne         dans la collection paléobotanique du
(dont les représentants contemporains        Jardin botanique de Neuchâtel. Neuf
sont Quercus coccifera, Quercus ilex et      de ces témoins, contenant au total plus
Acer monspessulanum).                        de vingt empreintes, proviennent du
                                             Mont Charay et ont été collectés par
A noter encore que, dans les sous-           Louis Villars (Mulhauser et al. 2016).
bois de basse et moyenne altitude,           Certaines empreintes étaient bien trop
de nombreuses espèces grimpantes             lacunaires pour qu’on puisse assurer
croissaient telles que les vignes (Vitis     leur identification. Huit espèces ont
teutonica, V. betulifolia, V. vivariensis,   toutefois pu être déterminées. Deux
V. proevinifera, V. thunbergii), le lierre   espèces appartiennent à la famille des
Hedera helix et Berchemia multinervis.       Ulmacées : Zelkova ungeri et Ulmus
Une grande faune, aujourd’hui disparue,      cochii et trois autres à la famille des
s’épanouissait à l’ombre des arbres          Bétulacées (Betula subpubescens,
géants : celle des rhinocéros, des           Carpinus suborientalis et Alnus sp.)
antilopes, des Hipparions (Hipparion         Nous remarquons encore la présence
mediterraneum, ancêtre des chevaux),         d’une Rosacée (Rosa charayri), d’une
des sangliers Microstonyx major, des         Hammamélidacée (Parrotia persica)
cerfs et des tigres à dents de sabre         et enfin d’une Cannabacée (Celtis
Machaidorus sp.                              auriculata). La dixième pièce est un
                                             échantillon de Saint Bauzile comprenant
                                             au recto une feuille de peuplier Populus
                                             palaeomelas (JBN.Pal.003a) et au verso
                                             l’extrémité d’une penne secondaire
                                             d’une fougère Pteris oeningensis (JBN.
                                             Pal.003b).
22   L’Ermite herbu

Fig. 3. Carpinus suborientalis             Fig. 5. Rosa charayri (JBN.Pal.1653b),
(JBN Pal.1653d), Mont Charay (Tortonien,   Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche
Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise   (France). Photo Blaise Mulhauser
Mulhauser

Fig. 4. Betula subpubescens                Fig. 6. Zelkova hungeri (JBN.Pal.1653a),
(JBN Pal.1653c), Mont Charay (Tortonien,   Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche
Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise   (France). Photo Blaise Mulhauser
Mulhauser
L’Ermite herbu 23

Fig. 7. Alnus sp. (JBN.Pal.1654a). Mont     Fig. 9. Populus palaeomelas
Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche        (JBN Pal.0003a), St Bauzile (Tortonien,
(France). Photo Blaise Mulhauser            Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise
                                            Mulhauser

Fig. 8. Parrotia persica (JBN.Pal.1654b).
Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche
(France). Photo Blaise Mulhauser
                                            Fig. 10. Pteris oeningensis (JBN.Pal.0003b),
                                            St Bauzile (Tortonien, Néogène), Ardèche
                                            (France). Photo Blaise Mulhauser
24   L’Ermite herbu
Bibliographie                            paléontologique Louis Villars (1919-
                                         2011). Trésors des collections du Jardin
Grangeon P. (1958). Contribution à botanique de Neuchâtel. 1. Ed. Jardin
l’étude de la paléontologie végétale du botanique de Neuchâtel : 80 pages.
massif du Coiron, Ardèche (Sud-Est du
massif central français). Mémoires de la Mulhauser B. & J. Tritz (2016). Le
société d’histoire naturelle d’Auvergne Jardin de l’évolution. Histoire de la
n°6. Ed. G. de Bussac, Clermont- lignée verte. Ed. Jardin botanique de
Ferrand : 299 pages.                     Neuchâtel : 176 pages.

Grangeon P. (1960). Contribution à       Pawlowski J. (2014) : Protist Evolution
l’étude des terrains tertiaires, de la   and Phylogeny. In : eLS. John Wiley
tectonique et du volcanisme du massif    & Sons, Ltd : Chichester.DOI :
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français). Trav. Lab. Geol. Univ.        pub2 : 1-9.
Grenoble 36 : 143-284.
                                         Riou B. (1995). Les fossiles des
Manen J.-F., V. Savolainene, S. De       diatomites du Miocène supérieur de la
Marchi & B. Riou (1995). Séquences       montagne d’Andance (Ardèche, France).
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dépôt de diatomite datant du Miocène     (1) : 1-15.
en Ardèche (France). Comptes rendus
de l’Académie des sciences. Série 3, Riou B. (1999). Les fossiles, empreintes
Sciences de la vie, vol. 318 (9) : 971- du vivant. Toute la faune et la flore,
975.                                    milieu par milieu. Ed. Delachaux &
                                        Niestlé, Lausanne et Paris : 272 pages.
Mulhauser B., C. Rieder, D. Villars
& M. Villars (2016) : La collection
L’Ermite herbu 25

Reflets de la Fête d’automne 2016
Josette Fallet
Secrétaire de l’ADAJE

Les visiteurs ont afflué par un temps         Grâce à une fructueuse collaboration
un peu frais mais beau. Ils ont goûté         entre Olivia Rusconi et Lisa Joly, les
aux diverses animations proposées             jeunes visiteurs se sont initiés à la
par le Jardin botanique dans le cadre         confection de papier végétal à l’aide
de l’exposition « Terre d’outils »,           d’un matériau recyclé (emballages
notamment le battage de céréales à            d’œufs); ils ont ensuite laissé libre cours
l’ancienne. Les coups portés par les          à leur créativité en y insérant une feuille
batteurs de fléau ont à plusieurs reprises    d’arbre (voir illustration).
résonné dans le vallon de l’Ermitage.
                                              Quant à la traditionnelle soupe à la
L’ADAJE a invité ses membres à                courge, servie au stand de l’ADAJE, elle
participer à plusieurs activités, en          a connu le succès habituel et le contenu
premier lieu à une excursion-découverte       du chaudron était déjà épuisé au début
de la végétation dans la forêt proche de      de l’après-midi.
la roche de l’Ermitage, sous la conduite
de Jacques Bovet. A quelques pas du
Jardin botanique, l’accompagnateur a
attiré l’attention sur les dalles calcaires
à l’origine de la garide environnante.

Pour sa part, Otto Schäfer, coauteur
d’un guide illustré des Characées du
nord-est de la France, a donné aux
curieux la possibilité de les découvrir
au moyen de loupes binoculaires. Le
groupe botanique des Characées se situe
entre les algues et les plantes à fleurs;
différentes espèces peuplent les eaux
douces. A titre d’exemple, les canards et
les cygnes y trouvent leur alimentation.

Une des activités proposées en commun
par l’atelier Fleur bleue du Jardin
botanique et l’ADAJE était destinée aux
familles et aux enfants en particulier.
26   L’Ermite herbu

Créations colorées des enfants mises à sécher sur un treillis.
Photos: Lisa Joly
L’Ermite herbu 27

Assemblée générale 2017
Josette Fallet
Secrétaire de l’ADAJE

Près de quarante personnes ont assisté                L’ADAJE a décerné le diplôme de
à l’Assemblée générale du 18 mars                     membre d’honneur à Ernest Gfeller
2017. Après l’ordre du jour statutaire,               en remerciement de sa précieuse
les participants ont suivi avec un vif                contribution à l’organisation et à
intérêt la conférence prononcée par                   l’animation des excursions botaniques,
Caspar Bijleveld van Lexmond, intitulée               en hommage à ses vastes connaissances
« La nature au 21e siècle : situation,                et à son enthousiasme communicatif.
défis et actes concrets ». L’ADAJE y
reviendra dans une prochaine édition de 2017 sera riche en découvertes, tant
L’Ermite herbu.                         parmi les activités figurant dans le
                                        programme du Jardin botanique que
Après la présentation des rapports dans la palette des excursions proposées
d’activités 2016 du Jardin botanique et par l’ADAJE.
de l’ADAJE, l’Assemblée a approuvé
les comptes de l’exercice 2016 et
donné décharge au trésorier ainsi qu’au
                                                    Association Des Amis du Jardin botanique de l’Ermitage
comité. Membre du comité depuis
2007, Otto Schäfer se retire pour des
raisons de santé. Nommé membre du
comité, Hoang Lê reprendra la charge
de trésorier dès l’exercice 2017.

Après l’AG 2017, le comité se présente
comme suit :
                                                                               D iplôm e de m em bre d’honneur
- Georges de Montmollin, président                                                        décerné à

- Françoise Février, vice-présidente                                                   E rnest G feller

- Jason Grant                                                 en rem erciem ent de sa précieuse contribution à l’organisation et

- Philippe Küpfer                                                  à l’anim ation des excursions botaniques proposées par

                                                                    l’A D A JE , en hom m age à ses vastes connaissances
- Hoang Lê, trésorier                                                       et à son enthousiasm e com m unicatif.

- Fabienne Montandon, rédactrice de                                            N euchâtel, le 18 m ars 2 0 17

  L’Ermite herbu
- Rodolphe Schmid
- Josette Fallet, secrétaire
28   L’Ermite herbu

Clin d’œil de l’écureuil
Francis Grandchamp
Photographe amateur

Écureuil roux (Sciurus vulgaris).            L’écureuil roux est arboricole. On le
Photo F.Grandchamp                           trouve donc à proximité des bois et
                                             dans les forêts, notamment dans les
L’écureuil d’Eurasie pèse en moyenne         forêts anciennes où il mène une vie
600 grammes pour une taille totale (sans     individualiste, marquant ses itinéraires
la queue) de 18 à 25 cm, plus 16 à 20        de repères olfactifs - qu’il semble être
cm pour sa queue aussi longue que le         seul à reconnaître - et cachant des stocks
corps. Son pelage s’épaissit et s’allonge    de graines ici et là. Il ne perd son aversion
en hiver, ce qui rend les « pinceaux »       pour ses congénères que lorsque la
des oreilles plus visibles. Sa couleur       nourriture abonde, comme dans certains
varie du roux clair au brun-noir selon les   parcs. Pour faire sa toilette et éliminer
individus; le ventre est toujours blanc.     les parasites de son pelage, il prend
Une longue queue « en panache » lui sert     des bains de poussière ou d’herbe et il
de balancier et de gouvernail lorsqu’il      amasse des herbes, des mousses et des
grimpe ou bondit, mais aussi de signal       lichens dans des trous ou des souches
optique en période d’accouplement            d’arbres pour « se baigner »… ! En hiver
ou pour exprimer certaines émotions.         l’écureuil roux ralentit simplement son
L’Ermite herbu 29

activité. Il n’hiberne pas et les grands       au printemps). Les accouplements ont
froids peuvent lui être fatals. Dans ce        lieu de décembre à juillet, mais surtout de
cas il peut migrer massivement vers            janvier à mars. Le mâle se met en chasse
des régions où les températures sont           et entre dans le territoire des femelles.
plus clémentes. La maturité sexuelle est       Celles-ci sont réceptives pendant 1 seul
atteinte vers un an, à la fin de l’hiver,      jour et, une fois fécondées, bannissent le
entre 10 et 12 mois; en moyenne 296            mâle du nid. Seule la femelle s’occupe
jours pour les femelles et 320 pour les        des petits : elle les transporte ailleurs en
mâles (parfois 6 mois pour les mâles nés       cas de dérangement.

Clin d’œil de l’ermite
(Rellerli, Bodmen, Schönried)
Paul-Etienne Montandon
Privat-docent, Université de Neuchâtel. Photos de l’auteur.
Connaissez-vous le Rellerli, un sommet         diversité florale. Fin juillet 2016, nous
de l’Oberland bernois qui culmine à            y avons découvert, au cours d’une
1833 m au-dessus de Schönried ? Une            excursion, le long du chemin, quelques
belle région où l’on trouve, près du           pieds d’orchis moucheron à fleurs rose
sommet encore quelques prairies peu            violacé et, oh surprise, un pied à fleurs
engraissées et qui présentent une belle        blanches, une forme d’albinisme.

Arnica (Arnica montana),                       Campanule barbue (Campanula barbata),
Rellerli au-dessus de Schönried                Rellerli au-dessus de Schönried
30   L’Ermite herbu

Orchis moucheron (Gymnadenia conopsea) avec des fleurs rose violacé et un pied avec des
fleurs blanches, Bodmen au-dessus de Schönried. Photo Paul-Etienne Montandon
L’Ermite herbu 31

Recensement de Vicia orobus dans la
région des Verrières (Neuchâtel)
Robin Berger, Simon Meier, Baptiste Sneiders et Armand Pelletier
Etudiants à l’Université de Neuchâtel
Rapporteur: Jason Grant
Laboratoire de botanique évolutive, Université de Neuchâtel

Introduction                              trouvée qu’à un seul endroit, une lisière
                                          isolée à la frontière de la Suisse et de
Durant le semestre d’automne 2015, dans la France, à côté d’un pâturage et d’une
le cadre du cours de Floristique avancée exploitation agricole plus en aval.
à l’Université de Neuchâtel, nous avons
choisi de recenser la population d’une Vicia orobus est une plante pérenne,
plante légumineuse particulière, Vicia vivace, pouvant atteindre jusqu’à
orobus, ou Vesce orobe, plante de la soixante centimètres. Elle ne possède
famille des Fabaceae/ Fabacées dans pas de vrille au sommet de sa feuille,
différentes régions. La zone de départ se ce qui est un caractère ancestral. Ses
situe près de la frontière franco-suisse, corolles sont blanches et veinées de
entre La Grosse Ronde et La Petite pourpre. On la retrouve au nord-ouest de
Ronde, à 1110 mètres d’altitude.          l’Espagne et au sud-ouest de la France,
                                          où elle n’est pas menacée, ainsi qu’au
Le projet consiste tout d’abord à sud-ouest de la Norvège, en Angleterre
émettre des hypothèses quant à la et en Allemagne, où les populations sont
possible répartition de Vicia orobus. Ces en revanche plus vulnérables, isolées et
hypothèses ont ensuite confirmé nos menacées, tout comme en Suisse.
observations in situ. Nous avons ensuite
défini des zones de recherches, selon nos La population située à la frontière de
hypothèses et les avons donc vérifiées la Suisse se trouve dans l’arc jurassien.
par une recherche approfondie sur le Elle affectionne les lisières ensoleillées
terrain. Par groupe, nous avons parcouru et les prairies maigres, sur des sols
les forêts et observé leurs lisières. frais à humus acide, maigre et humide.
Nous avons utilisé des cartes, parfois D’après la publication de Ph. Druart,
d’époques différentes, pour définir les Vicia orobus pousse, en France, dans des
zones où nous devions concentrer nos associations du Nardo-Galion saxatilis,
recherches de Vicia orobus.               Erico-genistetalia, Calamagrostidion;
                                          en Allemagne, elle est considérée
Cette plante, Vicia orobus, est très rare comme caractéristique de l’association
en Suisse, étant donné qu’elle n’a été Trifolium-Vicietum orobi. En Suisse, la
32   L’Ermite herbu

Vicia orobus en fleur. Photo Jason Grant

population de Vicia orobus est limitée au   répandus, et très localisés, situés
nord-ouest des Verrières, soit la zone où   généralement sur des versants ouest
nous avons fait notre recensement. Cette    ou des crêtes arrondies, à des altitudes
région connaît un climat subocéanique,      supérieures à 1100 mètres. Vicia orobus
particulièrement marqué par la régularité   fructifie de juillet à septembre; les fruits
et l’abondance de précipitations en         mûrissent en septembre-octobre.
été (1).
                                            Matériel et Méthodes
Concernant son écologie, Vicia orobus
ne peut grandir que sur des sols acides     Pour commencer, nous avons planifié
et pauvres en carbonates, ce qui est un     les sorties durant lesquelles nous
facteur édaphique limitant pour cette       allions recenser les populations de Vicia
espèce. Elle peut s’associer avec des       orobus. Nous sommes allés sur le terrain
spécialistes de ces milieux, comme le       six fois: 31 octobre 2015, 3 novembre
fenouil des Alpes, Meum athamanticum        2015, 4 novembre 2015, 5 novembre
(Apiaceae), la potentille dressée ou        2015, 12 novembre 2015, 17 novembre
Tormentille, Potentilla erecta (Rosaceae)   2015. Les 12 et 17 novembre 2015,
et la centaurée des bois, Centaurea         nous avons pu bénéficier de l’aide de
nemoralis (Asteraceae). Dans le Jura,       Laureline Meylan sur le terrain. Grâce
ces sols décalcifiés sont moyennement       aux données, utilisant les données de
L’Ermite herbu 33

Site de Vicia orobus. Photo Jason Grant

l’herbier de Neuchâtel, nous avons          Le site internet utilisé nous a également
appris que l’on trouvait la plante aux      permis de confirmer le choix de nos
lieux-dits de la Grosse Ronde et de la      zones de recherche grâce à des cartes
Petite Ronde.                               géologiques suisses (3). Nous savions
                                            en effet que Vicia orobus affectionne
En consultant l’herbier de l’Université     les sols acides et les prairies maigres;
de Neuchâtel, nous avons remarqué           c’est pourquoi nous avons sélectionné
que certaines informations concernant       les zones potentiellement pauvres en
le lieu de la cueillette de la plante à     carbonates, proches du point où se trouve
une période donnée étaient légèrement       la lisière de la population de référence, et
différentes de celles de la lisière où on   dont la forêt était, en majorité, composée
la trouve actuellement. Nous avons          de conifères.
consulté des cartes mises à disposition
sur le site de la Confédération suisse      Nous avons pris des photographies des
(2) pour trouver le lieu référencé dans     individus que nous avons rencontrés lors
l’herbier, soit les Prés Roullier. Nous     de la première excursion. Nous avons
avons donc déterminé les coordonnées        relevé les positions GPS de chaque
géographiques de la zone que nous           plante, en indiquant à chaque fois le
avons identifiée comme correspondant        nombre de tiges et les particularités de
au lieu-dit les Prés Roullier.              son environnement. Nous avancions le
34   L’Ermite herbu

Vicia orobus en fruit. Photo Jason Grant

long des lisières en groupe, puis dans Résultats
les forêts en nous espaçant de plusieurs
mètres (en général une dizaine) afin de Nous n’avons trouvé Vicia orobus que
couvrir la plus grande surface possible. dans une seule zone avec 60 individus,
                                             à l’endroit stipulé dans l’herbier de
Lors de l’excursion du 17 novembre Neuchâtel. Nous n’en avons pas trouvé
nous nous sommes rapprochés, en à Prés Roullier, mais il faut relever que
voiture, des alentours des Verrières, afin le terrain avait été très abîmé par des
de sonder rapidement l’environnement. coupes de bûcherons, et nous ne savons
En effet, sur le site infoflora.ch, la carte donc pas s’il n’y en pas véritablement.
(4) porte un gros point. Nous ne savions
pas s’il ne s’agissait que de la zone que Nous avons observé qu’à l’emplacement
nous avions identifiée, ou si celle-ci de notre deuxième limite, il y avait près
est plus vaste. De plus, il est important de 20 plantes dans un rayon d’environ 2
de souligner que la carte fournie par mètres. Il s’agissait d’une petite clairière
infoflora.ch     mentionne       également à l’intérieur de la forêt, située à environ
d’autres lieux sans qu’on sache avec 2 mètres de la lisière. Toutes les autres
certitude si Vicia orobus s’y trouve.        plantes ont été trouvées en lisière de
                                             forêt. De plus, une bande de 3 mètres
                                             non broutée et protégée par une seconde
L’Ermite herbu 35

barrière isolait la lisière du champ. A    augmenté. De plus, nous pensons que
chaque fois, nous avons trouvé une vesce.  les travaux forestiers sont néfastes à la
La plupart du temps, des éricacées et des  plante, mais comme elle est pérenne, on
épicéas poussent dans l’entourage, voire   peut espérer qu’elle repousse l’année
juste à côté d’une vesce.                  suivante. Nous sommes sûrs que la
                                           présence d’une bande de protection a eu
Ces résultats mériteraient d’être plus une réelle influence sur l’augmentation
approfondis. En effet, il faudrait tout du nombre de Vicia orobus.
d’abord pouvoir réaliser plus de sorties,
peut-être avec plus de participants, car Références informatiques
il est possible que nous ayons manqué
des individus, surtout en forêt. Cela 1.http://www.jbneuchatel.ch/images/docs/
reste tout de même très peu probable, coor/Vicia-orobus.pdf
si l’on prend comme référence la
                                           2.https://map.geo.admin.ch/?topic=swisstop
densité de population en lisière et les o&X=190000.00&Y=660000.00&zoom=1&
exigences écologiques de l’espèce. Il lang=fr&bgLayer=ch.swisstopo.pixelkarte-
faudrait aussi identifier, de manière plus farbe&catalogNodes=1392&layers=ch.
précise et systématique, les espèces qui swisstopo.zeitreihen&time=1864&layers_
croissent dans l’entourage des vesces, timestamp=18641231
et peut-être soumettre l’ensemble à Consulté en novembre 2015
des tests statistiques. Hélas, le temps
                                           3.https://map.geo.admin.ch/?topic=geol&l
nous a manqué, et le mois de novembre ang=fr&bgLayer=ch.swisstopo.pixelkarte-
compliquait notre travail. Enfin, nous g r a u & l a y e r s = c h . s w i s s t o p o . g e o l o g i e -
n’avons pas pu vérifier tous les sites où geocover&layers_opacity=0.75
l’espèce avait été signalée, sites donnés Consulté en novembre 2015
par infoflora.ch.
                                       4.https://www.infoflora.ch/assets/content/
Quoiqu’il en soit, 60 individus est un documents/maps/raster/f/446500.pdf
                                       Consulté en novembre 2015
nombre très limité (Ph. Druart affirme
qu’il en faudrait 250). Cependant, il
semblerait qu’en comparant le rapport
de Ph. Druart (2009), la population ait
Jardin                        botanique

    Fête de printemps 2017
            Dimanche 7 mai, 11h - 17h

Jardin botanique de Neuchâtel
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                                                            A
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