L'ERMITE HERBU No54 avril2017 - Journal de l'Association Des Amis du Jardin botanique de l'Ermitage ADAJE
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L’ERMITE HERBU No 54 avril 2017 Journal de l’Association Des Amis du Jardin botanique de l’Ermitage A D A J E
Sommaire Françoise Février Editorial.................................................... 3 Excursions botaniques 2017 ..................... 4 Ermite herbu Rédaction N° 54, avril 2017 Michel Horner Les néophytes invasives ........................... 6 Fabienne Mondandon fabienne.k.montandon@bluewin.ch Josette Fallet Portraits : José Richard et Fernando Duarte ADAJE: Gouveia de Macedo ................................ 13 c/o Jardin botanique de Neuchâtel Pertuis-du-Sault 58 Blaise Mulhauser 2000 Neuchâtel Notes de paléobotanique III ................... 17 CCP: 20-5761-9 http://www.adaje.ch Josette Fallet info@adaje.ch Reflets de la Fête d’automne 2016 ......... 25 Maquette Josette Fallet Jason Grant Université de Neuchâtel Assemblée générale 2017 ....................... 27 Page de couverture: Plantes Francis Grandchamp aquatiques. Photo: Jason Grant Clin d’œil de l’écureuil .......................... 28 Ci-dessous: Nymphaea alba. Photo F.Montandon Paul-Etienne Montandon Clin d’œil de l’ermite ............................ 29 Robin Berger, Simon Meier, Baptiste Sneiders et Armand Pelletier Recensement de Vicia orobus dans la région des Verrières (Neuchâtel) ....................... 31
L’Ermite herbu 3 Editorial Lorsque la neige recouvre tout le Cette année, l’ADAJE et la Société de paysage, y compris le Plateau suisse, minéralogie s’associent pour découvrir et que les températures négatives la région de la rampe sud du Lötschberg. s’installent durablement, qui n’a pas Au sortir du train, la promenade rêvé de balades printanières ? Je vous s’éterniserait si nous déterminions toutes invite à nous suivre dans les futures les variétés de rosiers. Dans les prés secs excursions de l’ADAJE. fleurissent les élégants anthérics à fleurs de lis. Les stipes pennées ondulent au Au-dessus d’Orbe, sur le versant vent. Les gypsophiles rampants poussent oriental du Jura central vaudois, près dans les failles de calcaire. Plus loin, le de Bretonnières, nous découvrirons des chemin suit un bisse vieux de 600 ans. pulsatilles communes (mais ô combien rares dans la nature), aux velus soyeux, Qui n’aura pas envie de se baisser pour aux multiples nuances de violet mauve. ramasser un morceau de schiste lustré, brillant ou mordoré, qui étincelle au A la mi-mai, au Fanel, les observations bord du chemin ? d’oiseaux migrateurs sont nombreuses. Les guifettes nous survolent; les grands Avec cette course en Valais s’achèvent gravelots courent sur les berges de la les excursions printanières de l’ADAJE. Broye; des limicoles se nourrissent à la D’autres auront lieu en été. A vous limite des vagues, tandis que les grèbes maintenant de nous rejoindre ! huppés paradent. Françoise Février Fanel, Panures à moustache. Vice-présidente de l’ADAJE
4 L’Ermite herbu Excursions botaniques de l’ADAJE 2017 Etang de Chavornay. Photo: F. Février 8 avril 10 juin BRETONNIÈRES CHARMEY Prairie maigre avec pulsatilles Forêt marneuse, sabots de Vénus. communes. Responsable : E. Gfeller – Responsables : E. Gfeller et J.-C. Clerc départ à 9 h 15 – départ à 8 h 15 13 mai 17 juin FANEL - SORTIE HOHTENN - AUSSERBERG ORNITHOBOTANIQUE (avec la Société de Minéralogie) Grande Cariçaie : forêt riveraine, Pinède, lande sèche. Responsables : roselière et bas marais humides; F. Freléchoux et R. Schmid – départ à oiseaux divers. Responsable : 7 h 15. F. Freléchoux – départ à 9 h 15 En voiture jusqu’à Kandersteg; en train jusqu’à Hohtenn; retour en train au 20 mai départ d’Ausserberg CARRIÈRE BLEUE et MARNIÈRE D’HAUTERIVE 1er juillet Orchidées, ophrys, végétation PLANFAYON – LAC NOIR xérothermophile, dalles calcaires Zone alluviale de la Singine, tour du lac Responsable : J. Bovet – départ à Noir . Responsable : J. Bovet – départ à 9 h 15 8 h 15
L’Ermite herbu 5 Tabouret à feuilles rondes, Thlaspi rotundifolium (Brassicaceae). Photo: F. Février 22 juillet Lieu de rendez-vous pour toutes NIEDERHORN SUR les excursions : parking du Jardin BEATENBERG botanique Téléphérique du Beatenberg au Niederhorn; retour sur la station Inscription aux excursions : intermédiaire. Flore des crêtes et de téléphoner le jeudi avant la course de deux tourbières, forêt sur granit de 18 à 20 heures à Françoise Février, Hohgant. Responsable : E. Gfeller – tél. 032 725 12 45, qui vous inscrira et départ à 8 h 15 confirmera ou non la course du samedi. 12 août Prix de chaque course : 10 CHF à payer VALLÉE DE JOUX : PRAZ RODET sur place Prairie humide et hauts marais. Déplacement en voiture : 40 ct/km pour Responsable : J. Bovet – départ à le chauffeur 8 h 15 Assurance : L’ADAJE décline toute responsabilité en cas d’accident. Les 6 août participants doivent être couverts par PLANTES AQUATIQUES LE leur propre assurance. L’utilisation des LONG DU DOUBS voitures privées engage l’assurance RC Responsable : J. Grant – départ à 9 h 15 du détenteur et du conducteur.
6 L’Ermite herbu Les néophytes invasives Michel Horner, ingénieur-agronome Service de l’agriculture NE, Office phytosanitaire Michel.Horner@ne.ch Photos de l’auteur Introduction – biologie – exemples Les néophytes invasives ne sont pas à confondre avec des plantes indigènes Les néophytes invasives (ou se montrant localement envahissantes envahissantes) sont des plantes non- (exemple: chiendent, cirse, liseron, indigènes (provenant en général d’un prêle, ronce, rumex, …). autre continent) et introduites après la découverte des Amériques (depuis Il n’existe pas de profil type de la plante le XVIème siècle après J.-C.). Elles se envahissante. Il peut s’agir aussi bien répandent massivement aux dépens des d’annuelles, de vivaces, d’arbustes espèces indigènes. Elles sont la 2ème que d’arbres. Toutefois, quelques traits cause de la diminution de la diversité communs peuvent être identifiés: biologique. Photo 1. La renouée du Japon, Reynoutria Photo 2. La renouée du Japon japonica (Polyonaceae)
L’Ermite herbu 7 - reproduction sexuée et/ou végétative (solidages américains ou verge d’or, très performante, ci-après dans le texte) et en jardinage (berce du Caucase). - propagation souvent favorisée par les activités humaines, Exemples d’introduction involontaire: la dispersion par les engins de travaux - période de latence de plusieurs publics ou par les moyens de transport: décennies entre l’introduction de colis, navires, route et rail. La l’espèce et sa prolifération, contamination de produits agricoles et de semences (séneçon du Cap, ambroisie - souvent un caractère de plante photos 3 et 4). pionnière. Les néophytes invasives entraînent une Exemples d’introduction volontaire diminution importante de la biodiversité d’espèces invasives: en horticulture végétale. Ces invasions sont d’autant plus (renouée du Japon (photos 1 et 2), gênantes si l’espèce concurrencée est impatiente glanduleuse, solidages rare. Certaines espèces invasives peuvent américains), en sylviculture (robinier se révéler extrêmement problématiques faux-acacias), la stabilisation des sols pour la santé. C’est le cas de l’ambroisie Photo 3. L’ambroisie, Ambrosia Photo 4. L’ambroisie artemisiifolia (Asteraceae)
8 L’Ermite herbu Photo 5. La berce du Caucase, Heracleum mantegazzianum (Apiaceae) (pollen très allergène) ou de la berce du (Buddleja davidii, Scrophulariaceae), Caucase (la sève provoque des brûlures le robinier faux acacia (Robinia cutanées importantes, (photo 5). pseudoacacia, Fabaceae, photo 7) ou la renouée du Japon (Reynoutria japonica, Dans les champs cultivés, les néophytes Polygonaceae). invasives proprement dites sont plutôt rares. L’ambroisie peut anéantir une Loi – organisation culture de tournesol, car ces deux plantes font partie de la même famille Confédération : La loi aide les des astéracées et les herbicides sont services publics à organiser la sélectifs pour les deux. Le séneçon du lutte. L’ordonnance fédérale sur la Cap (Senecio inaequidens, Asteraceae, dissémination dans l’environnement photo 6), toxique, constitue une mauvaise (ODE, 1 oct. 2008) relève une dizaine de herbe dans les vignobles et dans certaines plantes envahissantes. Il en découle une prairies extensives. De profondes interdiction de vente et de commerce modifications des paysages peuvent de ces espèces. Infoflora cite une être causées par le buddléia de David quarantaine d’espèces en liste noire et
L’Ermite herbu 9 Photo 6. Le séneçon du Cap (Senecio inaequidens, Asteraceae) Photo 7. Le robinier faux-acacia, Robinia pseudoacacia (Fabaceae)
10 L’Ermite herbu une quinzaine en liste d’observation. Des Lutte fiches explicatives sont à disposition : www.infoflora.ch > néophytes. La lutte contre les espèces invasives est d’autant plus efficace qu’elle intervient Canton : Le groupe espèces invasives en début d’invasion. Tant qu’une Neuchâtel (GRINE) existe depuis 15 prolifération est limitée, il est possible ans. Avec une douzaine de spécialistes d’envisager une éradication. Si une il traite de tout ce qui touche les espèces invasion a pris trop d’ampleur, le stock invasives. La coordination du GRINE grainier ou le nombre de rhizomes sont propose des formations théoriques souvent trop importants pour une lutte et pratiques. Ainsi, la plupart des efficace. Une lutte précoce en phase communes, les ponts et chaussées et d’introduction de l’espèce invasive des particuliers ont pu être sensibilisés coûte moins cher qu’une lutte effectuée à la problématique. Il a également tardivement et difficile à mettre en rédigé des informations (posters, flyers) œuvre. La lutte doit être adaptée au lieu à disposition des communes et des et à l’espèce. Il ne faut jamais mettre particuliers. des déchets d’une plante invasive sur le compost ou en bordure de forêt. Il est L’ambroisie à feuilles d’armoise (rare impératif de lire la fiche technique avant chez nous) est la seule plante classée d’organiser sa disparition. sous organisme de quarantaine. Elle doit être signalée à l’office phytosanitaire Un exemple bien répandu : La verge cantonal. Elle sera ensuite détruite d’or ou solidage (Solidago spp.) par incinération (sac à poubelle). La photos 8-9. tolérance pour l’ambroisie est zéro, ainsi que pour la berce du Caucase et Depuis la mise en vigueur de l’ODE, la renouée du Japon qui doivent être la vente et le commerce du solidage ou éliminées. verge d’or est officiellement interdite (tous hybrides inclus!). Le solidage La cartographie est un outil performant peut former des populations étendues et qui permet de connaître la situation, denses inhibant la végétation indigène. de planifier la lutte et d’évaluer Grâce à son système de rhizomes son efficacité. Plusieurs cantons ont souterrains, il forme des populations cartographié les néophytes principales. très denses. De plus, il a la capacité de Canton de NE: Le site www.ne.ch/ produire jusqu’à 20’000 graines par neophytes permet d’annoncer les plantes tige, qui sont dispersées par le vent et observées (carte incomplète). les oiseaux.
L’Ermite herbu 11 Photo 8. La verge d’or ou solidage, Solidago spp. (Asteraceae) Le solidage pose d’importants indigènes et concurrentielles (mélange problèmes dans des zones naturelles, de prairie sèche dans une zone sécharde, mais aussi sur les terrains abandonnés. etc.).Il ne faut jamais mettre une plante Dans l’agriculture, il peut s’introduire invasive sur un compost ou en bout dans des jachères florales et y former de champ, mais la brûler ou la faire des peuplements denses, très difficiles à incinérer. détruire. Appel : La prévention et la lutte efficace Pour une lutte efficace, il faut éliminer contre les espèces invasives est de la ou au minimum affaiblir les rhizomes. responsabilité de chaque citoyen. La production de graines doit également être empêchée. Différentes luttes Pour en savoir plus mécaniques existent. En général on www.ne.ch/neophytes | peut dire qu’une coupe répétée avant la www.infoflora.ch | www.ambrosia.ch floraison épuise les rhizomes et réduit voir aussi : OFEV/Biodiversité/Espèces les peuplements (mais ne les détruit envahissantes pas !).On peut concurrencer la plante en Référent cantonal (par secteur) : voir sur ensemençant un mélange de semences le site du canton
12 L’Ermite herbu Photo 9. La verge d’or ou solidage, Solidago spp. (Asteraceae)
L’Ermite herbu 13 Portraits : José Richard et Fernando Duarte Gouveia De Macedo Josette Fallet Secrétaire de l’ADAJE Nous avons rencontré deux des entrepris un travail de muséologie en chevilles ouvrières de l’exposition créant une base de données. « Terre d’outils » : José Richard, responsable de la collection, et Fernando Doté d’un esprit encyclopédique, José Duarte Gouveia De Macedo, chargé Richard a pu s’appuyer sur l’enquête d’entretenir et de restaurer les outils. ethnographique menée dans les années Outre une collaboration fructueuse 1940 par Wilhelm Egloff pour le au Jardin botanique de Neuchâtel, ils compte du Glossaire des patois de ont un point commun. Tous deux ont la Suisse romande, qui participe à connu les affres du chômage à un âge l’exposition. L’ethnologue a recueilli où les portes du monde professionnel de précieuses informations sur la vie se ferment. Grâce aux affaires sociales agricole et artisanale de l’époque. Il était et à l’aide d’une entreprise d’insertion, accompagné du peintre Paul Boesch qui ils sont actuellement au bénéfice d’un a dessiné 2000 esquisses représentant contrat de deux ans. les objets de la vie paysanne. Cette précieuse documentation a permis à Depuis son arrivée au Jardin botanique José Richard d’identifier les outils et de en 2014, José Richard a acquis une connaître leur dénomination dans les connaissance approfondie des outils. Ses différents cantons. débuts ont presque coïncidé avec l’idée d’une collection et d’une exposition à partir de la collection dont Willy Haag Une collection riche d’un millier de a fait don au Jardin botanique (voir les pièces éditions Nos 51 et 52 de L’Ermite herbu). Chaque pièce du Fonds Haag portait D’autres donateurs plus anonymes ont une étiquette indiquant l’époque de aussi contribué à enrichir la collection l’achat et le corps de métiers concerné. d’outils. José Richard a ainsi eu Avec le temps, certaines étiquettes – en l’occasion de remonter à la source, particulier celles qui accompagnaient autrement dit aux artisans encore en les outils de la terre – étaient devenues mesure de se servir des outils désormais illisibles. José Richard a commencé remplacés par des machines. C’est ainsi par s’entretenir avec Willy Haag pour que certains d’entre eux, par exemple se familiariser avec les outils, puis il a les scieurs de long, ont pu démontrer
14 L’Ermite herbu José Richard. Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel leur savoir-faire à l’occasion des fêtes Sa préférence va aux outils des métiers du Jardin botanique ou ont participé au du bois. tournage des films sur l’utilisation des outils. « Terre d’outils » englobe aussi une publication (à la fin de l’année) et une Nous avons demandé à José Richard de encyclopédie filmée. José Richard anime mentionner un outil qui lui tient à cœur. des visites guidées de l’exposition. En 2016, il a notamment rencontré les Il en cite deux : représentants du Musée rural jurassien - la presse à semis créée par (Les Genevez JU) et de l’Arboretum Mme Pierrette Verdon (longtemps (Aubonne (VD). Contrairement aux fleuriste à la gare de Neuchâtel), autres manifestations organisées par résultat d’un cheminement inventif, le Jardin botanique, « Terre d’outils » - la hache à équarrir (épaule de mouton) attire davantage les gens de la terre que exposée à la villa, pour l’esthétique. les habitués du vallon de l’Ermitage.
L’Ermite herbu 15 Dates clés Macedo était créateur de produits. Il est José Richard aussi devenu formateur à l’île Maurice pendant de nombreuses années, dans un 1958 : contexte fort différent de l’Europe. Il a naît à La Chaux-de-Fonds transmis son savoir-faire à plus de 60 jeunes gens. 1990-2000 : responsable du Laboratoire des argiles Dans son activité actuelle, il restaure de l’Université de Neuchâtel des pièces anciennes, traite d’autres matières que le cuir, démonte et remonte 2004-2012 : entièrement certains outils; il leur donne chômage, mesures d’insertion, aide une nouvelle jeunesse. Quelque 350 sociale outils divers sont passés entre ses mains. Son travail a surtout consisté à les 2013 : nettoyer et à gratter, sans trop insister, à chargé de la saisie informatique d’une l’aide de papier de verre. collection de minéralogie au Museum d’histoire naturelle, Neuchâtel 2014-2018 : engagé au Jardin botanique grâce à un contrat d’insertion Fernando De Macedo Créateur et restaurateur de produits De la maroquinerie à la restauration d’outils, il y a un pas que Fernando De Macedo a franchi en arrivant au Illustration serpe avant et après restauration. Jardin botanique en 2015. Après des Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel allers et retours entre le Portugal, son pays d’origine, l’Italie, la Suisse et La serpe qui illustre ces lignes témoigne l’île Maurice, Fernando a notamment de ce labeur. Remises presque à neuf, travaillé pour l’industrie horlogère, les pièces restaurées par Fernando dans le canton de Neuchâtel. La faillite De Macedo font sa fierté. Il cite en de son dernier employeur l’a entraîné au particulier une cardeuse à balancier chômage. exposée à la Villa de l’Ermitage. Au moment de l’interview, il remettait en Par sa formation de maroquinier, acquise état un dévidoir dont les clous ont été et exercée en Italie, Fernando De forgés à la main au XVIII siècle. ème
16 L’Ermite herbu Fernando de Macedo. Photo Marc Villard©JBotNeuchâtel Fernando De Macedo exprime le Dates clés plaisir qu’il trouve dans son activité Fernando Duarte Gouveia De Macedo et sa collaboration avec l’équipe du Jardin botanique. Il espère pouvoir la 1955 : naît à Lisbonne (Portugal) poursuivre jusqu’à l’âge officiel de la retraite. 1979-1988 : apprend le métier de maroquinier à Milan et le pratique en Les outils non encore traités sont stockés Italie pendant neuf ans dans un congélateur pour détruire les insectes xylophages. 1989-2012: exerce son activité professionnelle au Portugal, en Suisse et L’exposition « Terre d’outils » est ouverte à l’île Maurice jusqu’au 15 octobre 2017. Des visites guidées sont proposées le dimanche; la 2013 : perd son emploi pour cause de première aura lieu le 23 avril, de 14 h à faillite de l’entreprise 15 h 30. A six reprises au cours des mois prochains, la villa mettra en évidence 2015-2017 : travaille au Jardin botanique une famille d’outils, par exemple ceux du sabotier lors de la Fête de printemps.
L’Ermite herbu 17 Notes de paléobotanique III. La flore du Miocène du massif de Coiron (Ardèche, France) Blaise Mulhauser Directeur du Jardin botanique de Neuchâtel Abstract restes organiques, les momifiant plutôt Terrestrial plant fossils of the upper que les minéralisant, si bien qu’il a été Miocene from the Coiron massif possible d’extraire de l’ADN de tissus (Ardèche, France) have an exceptional non dégradés et de le comparer à celui preservation due to the presence of de génome de plantes d’aujourd’hui. diatomite acid and anaerobic sludge. In Cette note de paléobotanique présente la some case, extration of DNA material flore qui s’épanouissait en Ardèche, sur has been possible because leaves are le massif du Coiron, il y a un peu moins preserved in the antibiotic diatomit de 8 millions d’années. layers. Diatomite of the Coiron massif is deposited during the upper Miocene Les dépôts de diatomite du Coiron (Tortonien), between 8,5 and 7,2 millions of years. The flora is rich of more than 96 La diatomite est une roche sédimentaire species. The main paleohabitats of this formée par l’accumulation des region of Ardèche are 1) a subtropical frustules de diatomées. La frustule forest at level of the sea, witness for a est un « squelette » siliceux externe warm and humid climate; 2) a mixed formé de deux thèques s’emboîtant forest with oaks in the collinean stage ; l’un dans l’autre et enveloppant 3) another mixed forest with coniferous, totalement la cellule de ces organismes beeches and elms trees to the mountain photosynthétiques microscopiques1. Une layer. fois morte, la diatomée se décompose, ne laissant qu’une « coquille » vide. Introduction 1 Selon les dernières études phylogénétiques, les diatomées (ou Bacillariophytes) Conservées dans des conditions sont classées dans le grand groupe des taphonomiques particulières, les Chromophytes (algues jaunes et brunes) dont la caractéristique principale est la empreintes fossiles de plantes se révèlent présence de pigments complémentaires à la précieuses pour l’étude de l’évolution des chlorophylle donnant un aspect jaune ocre espèces. Grâce aux conditions anoxiques au chloroplaste. Ces clades rejoignent l’infra- et acides de la roche, une gangue de règne des Straménopiles ou Hétérocontes protection s’est formée autour des (Pawlowski, 2014), très éloigné de la lignée verte (Mulhauser & Tritz, 2016).
18 L’Ermite herbu De ce fait, la diatomite est une roche très de diatomite, pratiquée par la méthode légère et poreuse. Elle ne se forme que Potassium-argon, donne un âge de 7,8 dans des milieux aquatiques entourés ± 0,6 millions d’années. Ces couches se de matériaux volcaniques, propices à sont donc formées au Miocène supérieur, la seule profusion des diatomées. Les durant le Tortonien. Du point de vue frustules les plus abondantes dans les stratigraphique, le massif du Coiron est diatomites du massif du Coiron sont un plateau basaltique qui a commencé à celles de Navicula sp. (Riou 1999). se créer il y a 10 millions d’années et a continué à s’épaissir par succession de Des lacs de cratères (ou maars) existaient dépôt de 7 coulées de laves recouvrant dans le massif du Coiron il y a 7 à 8 des matériaux volcaniques divers tels millions d’années (Grangeon, 1960). Une que des scories ou des dépôts d’alluvions datation absolue des couches fossilifères de lacs de cratère (voir fig. 1). Fig. 1. Plateau basaltique du Coiron et principaux gisements de diatomite (points verts). Modifié d’après Grangeon (1958)
L’Ermite herbu 19 A cette époque, la mer Méditerranée, Composantes de la flore fossile et déjà formée, se faufile dans le couloir paléohabitat rhodanien au moins jusqu’à la région de l’actuelle ville de Lyon. Les poches La plupart des fossiles sont constitués de actives des lacs de cratère du Coiron sont feuilles et de graines isolées, montrant donc à quelques kilomètres seulement que la végétation ne croissait pas à d’une zone marine, mais restent bien proximité des lacs de cratère mais que isolées sur le massif volcanique. Il les végétaux étaient surtout apportés y a 6 millions d’années, des coulées par le vent. Toutefois, certains fruits de basalte recouvrent les dépôts de tels que des glands (Quercus sp.), diatomites, les protégeant de l’érosion. des châtaignes (Castanea sp.) et des pommes de pin (Pinus sp.), enfouis dans La qualité exceptionnelle des fossiles les sédiments, témoignent d’une relative proximité des milieux boisés au milieu Aujourd’hui, quelques-unes de ces de conservation. Le mode de transport couches affleurent en bordure du plateau éolien des principaux vestiges rend très basaltique du Coiron (Fig.1). Elles aléatoire la reconstitution des différentes livrent une riche faune et flore fossiles végétations de la région. Les recherches en parfait état de conservation. Les palynologiques confirment toutefois plus connus sont ceux de la montagne une prédominance des conifères sur les d’Andance et les gisements d’Alissas feuillus (Firtion in. Grangeon, 1958), ce et du Mont Charay. Nous devons la que ne laisse pas supposer la proportion parfaite conservation des fossiles - du nombre d’espèces des différents ou plutôt des momies de plantes et groupes représentés (Fig.2). L’espèce la animaux – à l’absence d’oxygène dans plus fréquente semble être un pin proche un milieu acide pratiquement stérile. du pin sylvestre Pinus sp. type silvestris. Tout organisme tombant dans ces boues En abondance de grains de pollen, il est siliceuses de squelettes de diatomées suivi par le sapin Abies sp., un autre pin était rapidement recouvert d’une gangue Pinus haploxylon, un cyprès Taxodium protectrice, empêchant, dans un élément sp., le bouleau Betula sp. et l’épicéa Picea anaérobique, la décomposition des tissus. sp. Chez les feuillus, outre le bouleau, Dans quelques cas, de l’ADN a pu être les prélèvements révèlent des quantités extrait de fossiles de plantes. Dans le cas importantes de pollens de chêne Quercus d’une feuille de châtaignier Castanea sp., de tilleul Tilia sp., d’orme Ulmus sp. sp. du Coiron, les paléogénéticiens ont (ces trois genres caractérisant la chênaie pu amplifier 15 séquences différentes du mixte), d’aulne Alnus sp. et de zelkova gène chloroplastique rbcL, démontrant Zelkova sp. Véritable relique, ce dernier une similarité de 99,6% avec le gène genre est encore présent dans certaines rbcL du châtaignier commun Castanea îles de Méditerranée (Sicile et Crête), sativa (Manen et al., 1995). dans le Caucase et dans l’Est de l’Asie.
20 L’Ermite herbu Dans les prélèvements polliniques, bilinicus, S. falcifolius, Gordonia sp.) il faut encore relever la présence rappellent un climat plus chaud et plus importante de pollens du genre Carya, humide, certainement sous influence de un groupe d’arbres de la famille des la frange marine de la Méditerranée. Les noyers (Juglandacées) n’existant plus étages de végétations passaient donc aujourd’hui qu’en Amérique du Nord et d’une forêt subtropicale au niveau de dans le Sud-ouest de la Chine. A propos la mer, à une forêt mixte de chênes de la Chine, et plus généralement des (Quercus drymeja), d’érables (Acer provinces méridionales et centrales decipiens), de tilleuls (Tilia mastajana), d’Extrême-Orient situées entre les de micocouliers (Celtis auriculata) et 31e et 35e degrés de latitude Nord, d’arbres de Judée (Cercis siliquastrum), Grangeon (1958) signale que c’est puis une forêt de l’étage montagnard dans ces régions actuelles « que l’on dominée par les conifères (Pinus trouve des associations végétales qui sp. Abies sp., Picea sp.) mélangés à rappellent la forêt miocène vivaroise ». de nombreuses Fagacées (Quercus Toutefois, plusieurs espèces d’affinités hispanica, Fagus pliocenica, Castanea subtropicales (Engelhardtia sp., Ardisia vesca) et Ulmacées (Ulmus braunii, sp., Cinnamomum polymorphum, Zelkova acuminata, Zelkova crenata). Berchemia multinervis, Sapindus Les zones alluviales étaient peuplées Fig. 2. Proportion (en %) des différents groupes de végétaux de la flore fossile des diatomites du massif du Coiron (Miocène supérieur, Tortonien / 8,4-7,2 Millions d’années).
L’Ermite herbu 21 par les saules Salix sp., les peupliers La collection du Jardin botanique Populus sp., les aulnes Alnus sp. et les frênes Fraxinus ornus. Dans les coteaux Une dizaine de pièces de la flore du secs, on trouvait une forêt buissonnante Miocène de Coiron sont présentes rappelant la chênaie méditerranéenne dans la collection paléobotanique du (dont les représentants contemporains Jardin botanique de Neuchâtel. Neuf sont Quercus coccifera, Quercus ilex et de ces témoins, contenant au total plus Acer monspessulanum). de vingt empreintes, proviennent du Mont Charay et ont été collectés par A noter encore que, dans les sous- Louis Villars (Mulhauser et al. 2016). bois de basse et moyenne altitude, Certaines empreintes étaient bien trop de nombreuses espèces grimpantes lacunaires pour qu’on puisse assurer croissaient telles que les vignes (Vitis leur identification. Huit espèces ont teutonica, V. betulifolia, V. vivariensis, toutefois pu être déterminées. Deux V. proevinifera, V. thunbergii), le lierre espèces appartiennent à la famille des Hedera helix et Berchemia multinervis. Ulmacées : Zelkova ungeri et Ulmus Une grande faune, aujourd’hui disparue, cochii et trois autres à la famille des s’épanouissait à l’ombre des arbres Bétulacées (Betula subpubescens, géants : celle des rhinocéros, des Carpinus suborientalis et Alnus sp.) antilopes, des Hipparions (Hipparion Nous remarquons encore la présence mediterraneum, ancêtre des chevaux), d’une Rosacée (Rosa charayri), d’une des sangliers Microstonyx major, des Hammamélidacée (Parrotia persica) cerfs et des tigres à dents de sabre et enfin d’une Cannabacée (Celtis Machaidorus sp. auriculata). La dixième pièce est un échantillon de Saint Bauzile comprenant au recto une feuille de peuplier Populus palaeomelas (JBN.Pal.003a) et au verso l’extrémité d’une penne secondaire d’une fougère Pteris oeningensis (JBN. Pal.003b).
22 L’Ermite herbu Fig. 3. Carpinus suborientalis Fig. 5. Rosa charayri (JBN.Pal.1653b), (JBN Pal.1653d), Mont Charay (Tortonien, Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise (France). Photo Blaise Mulhauser Mulhauser Fig. 4. Betula subpubescens Fig. 6. Zelkova hungeri (JBN.Pal.1653a), (JBN Pal.1653c), Mont Charay (Tortonien, Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise (France). Photo Blaise Mulhauser Mulhauser
L’Ermite herbu 23 Fig. 7. Alnus sp. (JBN.Pal.1654a). Mont Fig. 9. Populus palaeomelas Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche (JBN Pal.0003a), St Bauzile (Tortonien, (France). Photo Blaise Mulhauser Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise Mulhauser Fig. 8. Parrotia persica (JBN.Pal.1654b). Mont Charay (Tortonien, Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise Mulhauser Fig. 10. Pteris oeningensis (JBN.Pal.0003b), St Bauzile (Tortonien, Néogène), Ardèche (France). Photo Blaise Mulhauser
24 L’Ermite herbu Bibliographie paléontologique Louis Villars (1919- 2011). Trésors des collections du Jardin Grangeon P. (1958). Contribution à botanique de Neuchâtel. 1. Ed. Jardin l’étude de la paléontologie végétale du botanique de Neuchâtel : 80 pages. massif du Coiron, Ardèche (Sud-Est du massif central français). Mémoires de la Mulhauser B. & J. Tritz (2016). Le société d’histoire naturelle d’Auvergne Jardin de l’évolution. Histoire de la n°6. Ed. G. de Bussac, Clermont- lignée verte. Ed. Jardin botanique de Ferrand : 299 pages. Neuchâtel : 176 pages. Grangeon P. (1960). Contribution à Pawlowski J. (2014) : Protist Evolution l’étude des terrains tertiaires, de la and Phylogeny. In : eLS. John Wiley tectonique et du volcanisme du massif & Sons, Ltd : Chichester.DOI : du Coiron (Sud-est du massif central 10.1002/9780470015902.a0001935. français). Trav. Lab. Geol. Univ. pub2 : 1-9. Grenoble 36 : 143-284. Riou B. (1995). Les fossiles des Manen J.-F., V. Savolainene, S. De diatomites du Miocène supérieur de la Marchi & B. Riou (1995). Séquences montagne d’Andance (Ardèche, France). d’ADN chloropastique isolées d’un Géologie méditerranéenne. Tome XXII dépôt de diatomite datant du Miocène (1) : 1-15. en Ardèche (France). Comptes rendus de l’Académie des sciences. Série 3, Riou B. (1999). Les fossiles, empreintes Sciences de la vie, vol. 318 (9) : 971- du vivant. Toute la faune et la flore, 975. milieu par milieu. Ed. Delachaux & Niestlé, Lausanne et Paris : 272 pages. Mulhauser B., C. Rieder, D. Villars & M. Villars (2016) : La collection
L’Ermite herbu 25 Reflets de la Fête d’automne 2016 Josette Fallet Secrétaire de l’ADAJE Les visiteurs ont afflué par un temps Grâce à une fructueuse collaboration un peu frais mais beau. Ils ont goûté entre Olivia Rusconi et Lisa Joly, les aux diverses animations proposées jeunes visiteurs se sont initiés à la par le Jardin botanique dans le cadre confection de papier végétal à l’aide de l’exposition « Terre d’outils », d’un matériau recyclé (emballages notamment le battage de céréales à d’œufs); ils ont ensuite laissé libre cours l’ancienne. Les coups portés par les à leur créativité en y insérant une feuille batteurs de fléau ont à plusieurs reprises d’arbre (voir illustration). résonné dans le vallon de l’Ermitage. Quant à la traditionnelle soupe à la L’ADAJE a invité ses membres à courge, servie au stand de l’ADAJE, elle participer à plusieurs activités, en a connu le succès habituel et le contenu premier lieu à une excursion-découverte du chaudron était déjà épuisé au début de la végétation dans la forêt proche de de l’après-midi. la roche de l’Ermitage, sous la conduite de Jacques Bovet. A quelques pas du Jardin botanique, l’accompagnateur a attiré l’attention sur les dalles calcaires à l’origine de la garide environnante. Pour sa part, Otto Schäfer, coauteur d’un guide illustré des Characées du nord-est de la France, a donné aux curieux la possibilité de les découvrir au moyen de loupes binoculaires. Le groupe botanique des Characées se situe entre les algues et les plantes à fleurs; différentes espèces peuplent les eaux douces. A titre d’exemple, les canards et les cygnes y trouvent leur alimentation. Une des activités proposées en commun par l’atelier Fleur bleue du Jardin botanique et l’ADAJE était destinée aux familles et aux enfants en particulier.
26 L’Ermite herbu Créations colorées des enfants mises à sécher sur un treillis. Photos: Lisa Joly
L’Ermite herbu 27 Assemblée générale 2017 Josette Fallet Secrétaire de l’ADAJE Près de quarante personnes ont assisté L’ADAJE a décerné le diplôme de à l’Assemblée générale du 18 mars membre d’honneur à Ernest Gfeller 2017. Après l’ordre du jour statutaire, en remerciement de sa précieuse les participants ont suivi avec un vif contribution à l’organisation et à intérêt la conférence prononcée par l’animation des excursions botaniques, Caspar Bijleveld van Lexmond, intitulée en hommage à ses vastes connaissances « La nature au 21e siècle : situation, et à son enthousiasme communicatif. défis et actes concrets ». L’ADAJE y reviendra dans une prochaine édition de 2017 sera riche en découvertes, tant L’Ermite herbu. parmi les activités figurant dans le programme du Jardin botanique que Après la présentation des rapports dans la palette des excursions proposées d’activités 2016 du Jardin botanique et par l’ADAJE. de l’ADAJE, l’Assemblée a approuvé les comptes de l’exercice 2016 et donné décharge au trésorier ainsi qu’au Association Des Amis du Jardin botanique de l’Ermitage comité. Membre du comité depuis 2007, Otto Schäfer se retire pour des raisons de santé. Nommé membre du comité, Hoang Lê reprendra la charge de trésorier dès l’exercice 2017. Après l’AG 2017, le comité se présente comme suit : D iplôm e de m em bre d’honneur - Georges de Montmollin, président décerné à - Françoise Février, vice-présidente E rnest G feller - Jason Grant en rem erciem ent de sa précieuse contribution à l’organisation et - Philippe Küpfer à l’anim ation des excursions botaniques proposées par l’A D A JE , en hom m age à ses vastes connaissances - Hoang Lê, trésorier et à son enthousiasm e com m unicatif. - Fabienne Montandon, rédactrice de N euchâtel, le 18 m ars 2 0 17 L’Ermite herbu - Rodolphe Schmid - Josette Fallet, secrétaire
28 L’Ermite herbu Clin d’œil de l’écureuil Francis Grandchamp Photographe amateur Écureuil roux (Sciurus vulgaris). L’écureuil roux est arboricole. On le Photo F.Grandchamp trouve donc à proximité des bois et dans les forêts, notamment dans les L’écureuil d’Eurasie pèse en moyenne forêts anciennes où il mène une vie 600 grammes pour une taille totale (sans individualiste, marquant ses itinéraires la queue) de 18 à 25 cm, plus 16 à 20 de repères olfactifs - qu’il semble être cm pour sa queue aussi longue que le seul à reconnaître - et cachant des stocks corps. Son pelage s’épaissit et s’allonge de graines ici et là. Il ne perd son aversion en hiver, ce qui rend les « pinceaux » pour ses congénères que lorsque la des oreilles plus visibles. Sa couleur nourriture abonde, comme dans certains varie du roux clair au brun-noir selon les parcs. Pour faire sa toilette et éliminer individus; le ventre est toujours blanc. les parasites de son pelage, il prend Une longue queue « en panache » lui sert des bains de poussière ou d’herbe et il de balancier et de gouvernail lorsqu’il amasse des herbes, des mousses et des grimpe ou bondit, mais aussi de signal lichens dans des trous ou des souches optique en période d’accouplement d’arbres pour « se baigner »… ! En hiver ou pour exprimer certaines émotions. l’écureuil roux ralentit simplement son
L’Ermite herbu 29 activité. Il n’hiberne pas et les grands au printemps). Les accouplements ont froids peuvent lui être fatals. Dans ce lieu de décembre à juillet, mais surtout de cas il peut migrer massivement vers janvier à mars. Le mâle se met en chasse des régions où les températures sont et entre dans le territoire des femelles. plus clémentes. La maturité sexuelle est Celles-ci sont réceptives pendant 1 seul atteinte vers un an, à la fin de l’hiver, jour et, une fois fécondées, bannissent le entre 10 et 12 mois; en moyenne 296 mâle du nid. Seule la femelle s’occupe jours pour les femelles et 320 pour les des petits : elle les transporte ailleurs en mâles (parfois 6 mois pour les mâles nés cas de dérangement. Clin d’œil de l’ermite (Rellerli, Bodmen, Schönried) Paul-Etienne Montandon Privat-docent, Université de Neuchâtel. Photos de l’auteur. Connaissez-vous le Rellerli, un sommet diversité florale. Fin juillet 2016, nous de l’Oberland bernois qui culmine à y avons découvert, au cours d’une 1833 m au-dessus de Schönried ? Une excursion, le long du chemin, quelques belle région où l’on trouve, près du pieds d’orchis moucheron à fleurs rose sommet encore quelques prairies peu violacé et, oh surprise, un pied à fleurs engraissées et qui présentent une belle blanches, une forme d’albinisme. Arnica (Arnica montana), Campanule barbue (Campanula barbata), Rellerli au-dessus de Schönried Rellerli au-dessus de Schönried
30 L’Ermite herbu Orchis moucheron (Gymnadenia conopsea) avec des fleurs rose violacé et un pied avec des fleurs blanches, Bodmen au-dessus de Schönried. Photo Paul-Etienne Montandon
L’Ermite herbu 31 Recensement de Vicia orobus dans la région des Verrières (Neuchâtel) Robin Berger, Simon Meier, Baptiste Sneiders et Armand Pelletier Etudiants à l’Université de Neuchâtel Rapporteur: Jason Grant Laboratoire de botanique évolutive, Université de Neuchâtel Introduction trouvée qu’à un seul endroit, une lisière isolée à la frontière de la Suisse et de Durant le semestre d’automne 2015, dans la France, à côté d’un pâturage et d’une le cadre du cours de Floristique avancée exploitation agricole plus en aval. à l’Université de Neuchâtel, nous avons choisi de recenser la population d’une Vicia orobus est une plante pérenne, plante légumineuse particulière, Vicia vivace, pouvant atteindre jusqu’à orobus, ou Vesce orobe, plante de la soixante centimètres. Elle ne possède famille des Fabaceae/ Fabacées dans pas de vrille au sommet de sa feuille, différentes régions. La zone de départ se ce qui est un caractère ancestral. Ses situe près de la frontière franco-suisse, corolles sont blanches et veinées de entre La Grosse Ronde et La Petite pourpre. On la retrouve au nord-ouest de Ronde, à 1110 mètres d’altitude. l’Espagne et au sud-ouest de la France, où elle n’est pas menacée, ainsi qu’au Le projet consiste tout d’abord à sud-ouest de la Norvège, en Angleterre émettre des hypothèses quant à la et en Allemagne, où les populations sont possible répartition de Vicia orobus. Ces en revanche plus vulnérables, isolées et hypothèses ont ensuite confirmé nos menacées, tout comme en Suisse. observations in situ. Nous avons ensuite défini des zones de recherches, selon nos La population située à la frontière de hypothèses et les avons donc vérifiées la Suisse se trouve dans l’arc jurassien. par une recherche approfondie sur le Elle affectionne les lisières ensoleillées terrain. Par groupe, nous avons parcouru et les prairies maigres, sur des sols les forêts et observé leurs lisières. frais à humus acide, maigre et humide. Nous avons utilisé des cartes, parfois D’après la publication de Ph. Druart, d’époques différentes, pour définir les Vicia orobus pousse, en France, dans des zones où nous devions concentrer nos associations du Nardo-Galion saxatilis, recherches de Vicia orobus. Erico-genistetalia, Calamagrostidion; en Allemagne, elle est considérée Cette plante, Vicia orobus, est très rare comme caractéristique de l’association en Suisse, étant donné qu’elle n’a été Trifolium-Vicietum orobi. En Suisse, la
32 L’Ermite herbu Vicia orobus en fleur. Photo Jason Grant population de Vicia orobus est limitée au répandus, et très localisés, situés nord-ouest des Verrières, soit la zone où généralement sur des versants ouest nous avons fait notre recensement. Cette ou des crêtes arrondies, à des altitudes région connaît un climat subocéanique, supérieures à 1100 mètres. Vicia orobus particulièrement marqué par la régularité fructifie de juillet à septembre; les fruits et l’abondance de précipitations en mûrissent en septembre-octobre. été (1). Matériel et Méthodes Concernant son écologie, Vicia orobus ne peut grandir que sur des sols acides Pour commencer, nous avons planifié et pauvres en carbonates, ce qui est un les sorties durant lesquelles nous facteur édaphique limitant pour cette allions recenser les populations de Vicia espèce. Elle peut s’associer avec des orobus. Nous sommes allés sur le terrain spécialistes de ces milieux, comme le six fois: 31 octobre 2015, 3 novembre fenouil des Alpes, Meum athamanticum 2015, 4 novembre 2015, 5 novembre (Apiaceae), la potentille dressée ou 2015, 12 novembre 2015, 17 novembre Tormentille, Potentilla erecta (Rosaceae) 2015. Les 12 et 17 novembre 2015, et la centaurée des bois, Centaurea nous avons pu bénéficier de l’aide de nemoralis (Asteraceae). Dans le Jura, Laureline Meylan sur le terrain. Grâce ces sols décalcifiés sont moyennement aux données, utilisant les données de
L’Ermite herbu 33 Site de Vicia orobus. Photo Jason Grant l’herbier de Neuchâtel, nous avons Le site internet utilisé nous a également appris que l’on trouvait la plante aux permis de confirmer le choix de nos lieux-dits de la Grosse Ronde et de la zones de recherche grâce à des cartes Petite Ronde. géologiques suisses (3). Nous savions en effet que Vicia orobus affectionne En consultant l’herbier de l’Université les sols acides et les prairies maigres; de Neuchâtel, nous avons remarqué c’est pourquoi nous avons sélectionné que certaines informations concernant les zones potentiellement pauvres en le lieu de la cueillette de la plante à carbonates, proches du point où se trouve une période donnée étaient légèrement la lisière de la population de référence, et différentes de celles de la lisière où on dont la forêt était, en majorité, composée la trouve actuellement. Nous avons de conifères. consulté des cartes mises à disposition sur le site de la Confédération suisse Nous avons pris des photographies des (2) pour trouver le lieu référencé dans individus que nous avons rencontrés lors l’herbier, soit les Prés Roullier. Nous de la première excursion. Nous avons avons donc déterminé les coordonnées relevé les positions GPS de chaque géographiques de la zone que nous plante, en indiquant à chaque fois le avons identifiée comme correspondant nombre de tiges et les particularités de au lieu-dit les Prés Roullier. son environnement. Nous avancions le
34 L’Ermite herbu Vicia orobus en fruit. Photo Jason Grant long des lisières en groupe, puis dans Résultats les forêts en nous espaçant de plusieurs mètres (en général une dizaine) afin de Nous n’avons trouvé Vicia orobus que couvrir la plus grande surface possible. dans une seule zone avec 60 individus, à l’endroit stipulé dans l’herbier de Lors de l’excursion du 17 novembre Neuchâtel. Nous n’en avons pas trouvé nous nous sommes rapprochés, en à Prés Roullier, mais il faut relever que voiture, des alentours des Verrières, afin le terrain avait été très abîmé par des de sonder rapidement l’environnement. coupes de bûcherons, et nous ne savons En effet, sur le site infoflora.ch, la carte donc pas s’il n’y en pas véritablement. (4) porte un gros point. Nous ne savions pas s’il ne s’agissait que de la zone que Nous avons observé qu’à l’emplacement nous avions identifiée, ou si celle-ci de notre deuxième limite, il y avait près est plus vaste. De plus, il est important de 20 plantes dans un rayon d’environ 2 de souligner que la carte fournie par mètres. Il s’agissait d’une petite clairière infoflora.ch mentionne également à l’intérieur de la forêt, située à environ d’autres lieux sans qu’on sache avec 2 mètres de la lisière. Toutes les autres certitude si Vicia orobus s’y trouve. plantes ont été trouvées en lisière de forêt. De plus, une bande de 3 mètres non broutée et protégée par une seconde
L’Ermite herbu 35 barrière isolait la lisière du champ. A augmenté. De plus, nous pensons que chaque fois, nous avons trouvé une vesce. les travaux forestiers sont néfastes à la La plupart du temps, des éricacées et des plante, mais comme elle est pérenne, on épicéas poussent dans l’entourage, voire peut espérer qu’elle repousse l’année juste à côté d’une vesce. suivante. Nous sommes sûrs que la présence d’une bande de protection a eu Ces résultats mériteraient d’être plus une réelle influence sur l’augmentation approfondis. En effet, il faudrait tout du nombre de Vicia orobus. d’abord pouvoir réaliser plus de sorties, peut-être avec plus de participants, car Références informatiques il est possible que nous ayons manqué des individus, surtout en forêt. Cela 1.http://www.jbneuchatel.ch/images/docs/ reste tout de même très peu probable, coor/Vicia-orobus.pdf si l’on prend comme référence la 2.https://map.geo.admin.ch/?topic=swisstop densité de population en lisière et les o&X=190000.00&Y=660000.00&zoom=1& exigences écologiques de l’espèce. Il lang=fr&bgLayer=ch.swisstopo.pixelkarte- faudrait aussi identifier, de manière plus farbe&catalogNodes=1392&layers=ch. précise et systématique, les espèces qui swisstopo.zeitreihen&time=1864&layers_ croissent dans l’entourage des vesces, timestamp=18641231 et peut-être soumettre l’ensemble à Consulté en novembre 2015 des tests statistiques. Hélas, le temps 3.https://map.geo.admin.ch/?topic=geol&l nous a manqué, et le mois de novembre ang=fr&bgLayer=ch.swisstopo.pixelkarte- compliquait notre travail. Enfin, nous g r a u & l a y e r s = c h . s w i s s t o p o . g e o l o g i e - n’avons pas pu vérifier tous les sites où geocover&layers_opacity=0.75 l’espèce avait été signalée, sites donnés Consulté en novembre 2015 par infoflora.ch. 4.https://www.infoflora.ch/assets/content/ Quoiqu’il en soit, 60 individus est un documents/maps/raster/f/446500.pdf Consulté en novembre 2015 nombre très limité (Ph. Druart affirme qu’il en faudrait 250). Cependant, il semblerait qu’en comparant le rapport de Ph. Druart (2009), la population ait
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