L'été photographique 2021
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L'été photographique 2021 Guide du visiteur • Sommaire. → p. 2 → 3 L'édition 2021 Les expositions → p. 4 → 6 À la maison de Saint-Louis / Centre d'art et de photographie → p. 7 → 8 À la Cerisaie → p. 9 → 11 À l'école Bladé → p. 12 → 17 À la halle aux grains → p. 18 → 19 Aux allées Montmorency et à la collégiale de La Romieu → p. 20 → 26 Biographies des artistes → p. 28 → 29 Les rendez-vous Tout au long du festival → p. 30 Accueil des scolaires et des groupes Regards croisés avec le Couserans Après le festival... → p. 31 Le Centre d'art et de photographie de Lectoure Informations pratiques → p. 32 Partenaires → p. 33 Poursuivez votre visite ailleurs dans le Gers... En couverture → Julien Coquentin, Tropiques, 2020 © Julien Coquentin 2 1
L'édition 2021 Dans certaines langues, sur certains continents, chez les peuples dits « premiers », le mot nature n’existe pas. Il est incarné par un milieu partagé entre les humains et toutes les autres espèces. C’est L’été photographique constitue un temps fort de la programmation du Centre d’art et de photo- un tissu d’êtres vivants - esprits, humains, animaux et végétaux. De notre point de vue occidental, graphie de Lectoure. Labellisé « centre d’art contemporain d’intérêt national » en septembre 2020, la nature représente plutôt cette part du monde, extérieure à l’espace cultivé, indocile, non domes- le CAPL œuvre toute l’année dans son lieu à Lectoure en programmant expositions, résidences de tiquée que nous n’avons pas créée. Ce mot convoque le vivant que l’on a pris la peine d’étudier, de création, projets d’actions culturelles et de médiation dans un esprit de découverte et d’expérimen- classifier pour mieux cerner et étouffer le sauvage. tation, de partage et de convivialité, avec la conviction profonde que l’art stimule l’esprit critique, la réflexion et constitue un puissant moteur d’interrogation et d’interpellation de la société et du monde. À ce moment de l’histoire où les espaces dits « naturels » sont en péril, de plus en plus dégradés (pol- lutions, perturbations climatiques), où l’on observe une disparition accélérée de la faune, de la flore Le festival convie les visiteurs à une déambulation entre plusieurs lieux patrimoniaux de Lectoure, et que nos actions semblent parfois impuissantes, certaines formes de réappropriation des valeurs invitant à une découverte de la ville tout en lenteur. Depuis l’été 2020, des projets artistiques se du sauvage sont très présentes dans le travail et la démarche de certains artistes, avec une attention, déploient aussi à l’air libre, dans l’espace public. Cette année, une exposition est aussi program- une manière d’être « branché » sur le vivant. mée dans le cloître de la célèbre collégiale de La Romieu. Une offre culturelle riche complète le programme d’expositions. Ces rendez-vous ponctuels activent les liens entre le CAPL, ses visiteurs En cette période sombre et lourde, il semble indispensable et urgent pour bon nombre d’entre nous d’ici et d’ailleurs et Lectoure, sa ville de 3 700 habitants en zone rurale. Soumise à de profondes de faire place aux valeurs du sauvage, force vitale, espace de liberté, outil pour se reconnecter à son mutations, la ruralité est devenue, avec la montée de la sensibilité environnementale, non seulement être profond. un environnement à défendre mais surtout un milieu de vie à protéger. À travers leurs œuvres, leurs démarches, leurs engagements, la dimension parfois collective des Réfléchir à la relation à notre lieu, revisiter la notion ambivalente de « nature » prend toute sa signi- projets menés, ces artistes réinventent une présence active, singulière et personnelle au monde. fication dans ce contexte. L’idée d’un monde fini, doté de ressources épuisables, est devenue une Dans une forme de réappropriation de l’instinctuel, des valeurs du sauvage, les artistes conviés pour réalité incontournable. Cet enjeu à la fois environnemental et sociétal touche nos modes de vie, de cette édition font un pas de côté, prennent des chemins de traverse générant un rapport sidéré et penser et d’être au monde. Il nous pousse à mettre en place de nouveaux modèles et à reconsidé- mouvant au vivant. rer la manière dont nous habitons le monde. Il introduit une compréhension enrichie du vivant, une forme d’association, d’alliance nous amenant à repenser radicalement notre rapport à la nature, entre Cela se traduit parfois par une fascination pour les grands espaces, des territoires isolés et reculés sacralité et exploitation. qui alimentent la vision d’une nature perçue comme immaculée et pratiquée comme initiatique. On décèle aussi une attention à la notion de Genius Loci, l’esprit du lieu, son caractère indiciel, son Lors de l’édition 2019, les artistes s’intéressaient aux images et à l’imaginaire véhiculé par les terri- atmosphère, sa spécificité géographique, géologique, historique, ses couches d’ancestralité. Les toires ruraux, entre la nostalgie d’une ruralité idéalisée, parfois folklorisée, et les pratiques agricoles territoires, les lieux, espaces d’expérimentation, espaces traversés, font ressurgir la dimension histo- nouvelles. La nature devenait sujet de représentation, patrimoine végétal, objet de collecte et d’in- rique, mémorielle et sensorielle inhérente à ces vastes territoires. ventaire mais aussi espace de fiction. On constate aussi chez ces artistes un attrait puissant pour l’expérience physique du monde, à En 2020, la pandémie stoppait net le scénario initial de L’été photographique. C’est en plein air que travers l’usage de la marche. La marche telle une médication pour préserver l'homme moderne des nous réinventions le festival, avec l’édition Circuit court. Interrogeant les écosystèmes, entre global et maux de nos sociétés occidentales contemporaines. Une nouvelle façon de se tenir debout, inters- local, l’impact des projets artistiques sur l’environnement, la nécessaire mise en place d’une sobriété tice de liberté dans un monde privé d'imprévu. La marche, propice à l’introspection, à la contempla- carbone, le festival nous amenait à réfléchir à des formes d’organisation plus résilientes, expérimen- tion et qui modifie le rapport au temps, à l’espace mais aussi au travail artistique. L’approche in situ et tées entre autres par les collectifs d’artistes. la plongée au long cours dans les territoires deviennent parfois un mode opératoire pour aller au cœur de cette nature qui retient en elle les mémoires invisibles, les traces d’un passé réel ou mythique et L’édition 2021 du festival prolonge ces réflexions, interroge la notion polysémique de nature qui, ouvre les accès dérobés sur l’histoire et la géographie d’un territoire. On retrouve aussi la question depuis des siècles, contribue et conditionne fortement notre rapport au monde. Partant de la relation des mythes, des rituels, du rapport archaïque aux objets, aux lieux, aux odeurs, comme lien privilégié qu’entretiennent les artistes aux territoires inconnus ou familiers, les lieux où ils vivent, les lieux qu’ils entre espaces physiques et métaphysiques. Certains artistes font appel dans leur travail à cette part arpentent le temps d’un projet, cette édition propose de nouvelles pistes de réflexion qui disent archaïque et vitale, soutien de notre vie intérieure, de notre part animale, instinctive et libre. beaucoup sur leur relation au vivant, au monde végétal, au monde animal, aux éléments, aux forces physiques, invisibles, intangibles. Marie-Frédérique Hallin Directrice du Centre d’art et de photographie de Lectoure 2 3
1 À la maison de Saint-Louis À la maison de Saint-Louis / Centre d’art et de photographie de Lectoure, un vent de liberté souffle sur la photographie française. Las du carcan des commandes, avides de retrouver l’idée d’indépen- / Centre d'art et de photographie dance à l’origine du collectif Tendance Floue, ses membres décident de prendre la route. Cheminer, Azimut, une marche photographique du collectif Tendance Floue et ses invité·e·s. battre la campagne, vagabonder dans les villes sans parcours préétabli : nulle autre contrainte que d’avancer un peu chaque jour, transmettre ses impressions par l’image et les mots, puis passer le Avec Bertrand Meunier, Grégoire Eloy, Gilles Coulon, Meyer, Antoine Bruy, Marion Poussier, Denis relais. Plus qu’une parenthèse, c’est une fenêtre ouverte que s’offrent là les photographes. Bourges, Pascal Aimar, Alain Willaume, Patrick Tournebœuf, Flore-Aël Surun, Mat Jacob, Kourtney Roy, Pascal Dolémieux, Michel Bousquet, Julien Magre, Stéphane Lavoué, Léa Habourdin, Frédéric Stucin, Marine Lanier, Clémentine Schneidermann, Mouna Saboni, Guillaume Chauvin, Yann Merlin, Tendance Floue a alors un peu plus de 25 ans. À hauteur d’homme, un quart de siècle. Un âge Gabrielle Duplantier, Olivier Culmann, Laure Flammarion et Nour Sabbagh, Bertrand Desprez, Julien charnière où convergent maturité et liberté. Tout est possible : s’émanciper et parcourir le monde, Mignot, Thierry Ardouin, Yohanne Lamoulère. définir et s’approprier un territoire, seul ou avec des amis. Alors, les membres du collectif convient d’autres photographes à partager l’expérience de la route Le bâtiment qui accueille depuis 2010 le Centre d’art et de photographie servait auparavant d’aumônerie au Cou- avec eux. Avec Azimut, le collectif et la liberté prennent tout leur sens. L’un devient l’écho de l’autre. vent de la Providence, toujours en fonction à côté du centre d’art. Aussi appelé maison de Saint-Louis, le bâtiment est partagé avec l’association des Amis de Saint-Louis qui y occupe un bureau. Le Couvent de la Providence de La situation créée est totalement inédite : une marche relais de six mois, à laquelle prendront part Lectoure est fondé en 1848. L’aumônerie est construite en 1868. Les religieuses vendent le bâtiment de l’aumô- quinze membres du groupe ainsi que seize photographes invités. nerie à la ville de Saint-Louis (Haut-Rhin, Alsace), avec laquelle la ville de Lectoure est jumelée depuis 1981. La maison est inaugurée le 5 septembre 1999 à l’occasion du soixantième anniversaire de l’évacuation des habitants Aller sans but est le trait commun de l’aventure. Si le chemin est accessoire et la destination sans de Saint-Louis à Lectoure. importance, restituer l’Azimut est la règle acceptée par tous. Un carnet Moleskine recueillant les notes est transmis de la main à la main comme un bâton de relais et constitue un fil rouge entre les photographes. Être en marche ici c’est savoir s’arrêter pour écrire, commenter, exprimer ses angoisses, partager ses rencontres et parfois consigner ses rêves. Le chemin se raconte en photographies et en mots. Les réseaux sociaux sont les témoins quotidiens de leur avancée : chaque jour une photographie est publiée sur un fil Instagram et commentée par son auteur. Des cahiers auto-publiés, quasi en temps réel, participent au partage et ancrent le projet dans sa temporalité. Quand tant semble avoir été dit sur le paysage français en photographie, de la Mission héliogra- phique (dès 1851) à France Territoire Liquide (2017) en passant par la DATAR (1984), et sans attendre la prochaine campagne du genre, Tendance Floue réinvente la méthode et sort des sentiers battus. Libre à chacun de trouver son chemin, au propre comme au figuré. Ou, pourquoi pas, se perdre et se rejoindre pour tracer peu à peu une cartographie instinctive des paysages traversés. Azimut est un regard libre sur le territoire au sens concret du terme, et une exploration d’autant de territoires intimes. Un sillon collectif où s’exprime chaque individualité. Anne-Céline Borey et Sylvain Besson Musée Nicéphore Niépce Cette exposition est produite par le laboratoire du musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône. Le musée prolonge également l’exposition Azimut dans ses murs, jusqu'au 19 septembre 2021. Azimut, c’est aussi un livre édité chez Textuel. Le Centre d’art et de photographie de Lectoure tient à remercier le musée Nicéphore Niépce et ses partenaires Grégoire Eloy, Azimut, 2017 © Grégoire Eloy pour la production et le prêt de l’exposition ; les membres du collectif Tendance Floue et leurs invité·e·s, particuliè- rement Clémentine Semeria, Grégoire Eloy et Bertrand Meunier. L’exposition Azimut sera prolongée au Centre d’art et de photographie de Lectoure jusqu’au 31 octobre 2021. 4 5
Gabrielle Duplantier, Azimut, 2017 © Gabrielle Duplantier Nía Diedla, Mythos / La maison sans nom, 2015 - 2021 © Nía Diedla 6
2 3 À la Cerisaie À l'école Bladé Mythos / La maison sans nom de Nía Diedla Entre fleuve et rivière de Christophe Goussard et Charles-Frédérick Ouellet Une aventure canadienne de François Méchain Juchée sur la pointe des remparts sud de la ville de Lectoure, la Cerisaie comprend un jardin et une petite maison attenante. Sa dénomination est liée à sa création : c’est un dramaturge de passage à Lectoure qui a déposé de la Située à l'angle de la rue des Frères Danzas et de la rue Dupouy, dans la partie sud de la ville, l’ancienne école terre provenant du jardin de Tchékhov à cet endroit. On y planta ensuite des cerisiers. En contrebas se trouve la primaire publique Jean-François Bladé se présente comme un grand ensemble de bâtiments en pierre calcaire. Fontaine Diane qui a fourni en eau l’artisanat du quartier de Hountélie, notamment les ateliers de tanneurs situés en Anciennement école des filles, au moment de sa construction en 1883, d'importantes parties de l'hôtel particulier contrebas, la Tannerie royale de Lectoure et une grande quantité de foyers domestiques jusqu’à l’installation des Saint-Géry, attenant et daté du XVIIIéme siècle, ont été rattachées à l'école. Les différents bâtiments forment un U réseaux d’eau courante. La maison actuelle qui accueille les expositions du festival en été est un vestige d’une tour autour d’une belle cour intérieure, qui servait de cour de récréation jusqu'en décembre 2020. L'école porte le nom plus imposante. Elle était probablement celle du fontainier et était habitée jusque dans les années 1970. de Jean-François Bladé, né à Lectoure en 1827 et mort à Paris en 1900. Magistrat, historien et folkloriste français, son œuvre majeure est sa collecte des traditions orales de la Gascogne qu’il publie en gascon et en français. À la Cerisaie, Nía Diedla, nourrie de l’esprit du lieu, continue sa course sur le fil d’une autobiographie réinventée. Avec l’installation Mythos / La maison sans nom (2021), elle s’interroge sur la maison, la Au rez-de-chaussée de l’école Bladé, Christophe Goussard et Charles-Frédérick Ouellet pré- maison mythique, celle de son enfance. Qu’est-ce que la maison ? Est-ce que ce sont nos racines ? sentent Entre fleuve et rivière (2019), projet photographique mené en résidence au Pays Basque Est-ce que c’est l’arbre que l’on porte en soi ? À partir de constellations d’images, de mots, d’ob- et dans les provinces du Québec et du Labrador. Un dialogue entre deux photographes, deux écri- jets, films, bandes sonores, elle propose l’histoire d’une maison voyageuse, d’une maison nomade tures photographiques, une immersion dans les paysages, une manière de se retrouver soi, d’être habitée par une femme coupée en deux par son exil pourtant volontaire. Elle dessine une géographie au monde dans une marche solitaire. Un va-et-vient entre deux territoires, une quête des traces en mue permanente, un lieu entrouvert, suspendu dans le temps, un lieu chargé d’une mythologie immatérielles, des preuves fictives ou réelles, des forces originelles. Les deux photographes ont propre, celle de l’enfance et de son souvenir réel ou inventé, un lieu où le passé et le présent habitent chacun découvert le territoire de l’autre. Il s’agit d’une envie d’explorer une histoire commune à ces une même maison. Pour cette conteuse-monteuse, un peu chamane, un peu sorcière, adepte de deux régions, celle des pêcheurs de baleine venus puiser les ressources du golfe du Saint-Laurent. poésie, de métaphores, d’analogies et de symboles, il est question d’exil, de racine, des cycles de Il est question de chasse à la baleine, de la traite des fourrures mais aussi de l’emprise que les vie et d’une plongée dans ses territoires intimes. fleuves Adour et Saint-Laurent exercent sur les habitants qui peuplent leurs berges. Dans l’édition, les poèmes en prose et en langue basque d’Itxaro Borda invitent à un troisième regard sur ces images. Entre fleuve et rivière est le fruit d’une résidence croisée menée pendant deux années entre les deux photographes et la commissaire et critique d’art Émilie Flory. Cette collaboration a donné lieu à une édition et à des exposi- tions en France, au DIDAM à Bayonne, et au Québec lors des Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, sous la direction artistique de Claude Bélanger et Claude Goulet. Dans le livre éponyme, édité chez Filigranes, les photographies sont associées aux poèmes d’Itxaro Borda. Porté par le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA (Bordeaux) et Manif d’art (Québec), ce projet est une collaboration avec la ville de Bayonne et les Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie. Il a été réalisé grâce au soutien financier de la région Nouvelle-Aquitaine, de la ville de Bayonne, du gouvernement du Québec et de la ville de Québec (dans le cadre de l’Entente de développement culturel), avec l’aide de l’Institut culturel basque et du labo Photon (Toulouse). Entre fleuve et rivière a été soutenu par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international de la République française (Consulat général de France à Québec) dans le cadre du Fonds franco-québécois pour la coopération décentralisée (FFQCD) et par le Musée basque de Bayonne. 8 9
Charles-Frédérick Ouellet, Vague, Socoa, 2018 - 2019, © Charles-Frédérick Ouellet François Méchain, La Rivière des Eaux Volées, Parc des Laurentides, Québec, Canada, 1990 © François Méchain Diptyque photographique noir & blanc sur dibond, chiffres et lettres blancs : 160 x 120 cm chaque image. In situ, sculpture éphémère, bois d’épinettes : 1100 x 700 x 480 cm. Au premier étage, l’exposition de François Méchain s’intitule Une aventure canadienne et se com- pose de plusieurs œuvres réalisées au Canada entre 1990 et 2007 dans le cadre de commandes. Les œuvres canadiennes, monumentales et réalisées dans des lieux ni sublimes, ni pittoresques, des lieux surtout difficiles d’accès, parlent d’espace, d’énergie, de bois, de la forêt boréale. Il est question d’in situ et d’une relation quasi symbiotique entre l’in situ et sa reproduction photographique, deux moments d’une même œuvre, photo-sculpture. On note un grand souci de composition dans ces in situ constitués de déchets de foresterie et soumis inévitablement à cette loi d’entropie qui condamne énergie et matière à l’usure et à la dégradation. Dans ces grands espaces canadiens, c’est le corps de l’artiste qui regarde et prend la mesure du monde. La nature n’est plus un modèle mais un moyen, un outil, un matériau, un signifiant. Face à lui, le défi du « lieu », le lieu dans sa matérialité, son histoire, sa construction physique. On retrouve aussi dans l’exposition les fac-similés des carnets de croquis ainsi qu’un film documentaire de Vladimir Vatsev réalisé quelques semaines avant le décès de François Méchain en 2019. Christophe Goussard, Le dernier monstre, 2018 - 2019, © Christophe Goussard 10 11
4 À la halle aux grains Et les fauves ont surgi de la montagne et La rivière s'est brisée de Julie C. Fortier Les chiens de fusil de Léa Habourdin Le Soleil des loups et Les Contrebandiers de Marine Lanier Rêve de cheval d'Ariane Michel Anima Obscura de Thomas Cartron, Laurent Martin et Sylvain Wavrant Édifice bâti entre 1842 et 1846, la halle aux grains flanquée de quatre tours a été construite sur les décombres de la précédente halle détruite par un incendie en 1840 et qui accueillait les boucheries de la ville de Lectoure. De style néo-classique, la nouvelle halle, plus moderne, fut propice au développement des échanges commerciaux. La halle aux grains est, depuis les années 1960, devenue polyvalente et accueille différentes manifestations de la ville dont l'Été photographique de Lectoure. À la halle aux grains, on est aspiré par un dispositif scénographique complexe, parfois ouvert, parfois immersif. À l’entrée du lieu, une expérience polysensorielle se met en place avec la réactivation d’une large installation olfactive, Et les fauves ont surgi de la montagne (2018) de Julie C. Fortier com- plétée par une seconde installation, au sol, La rivière s’est brisée (2018). Un long collier brisé, dont les perles sont éparpillées au sol et qui dessine une sorte de rivière sinueuse serpentant entre les manteaux. La québécoise Julie C. Fortier explore des territoires odorants peu traversés. L’installation est composée de neuf manteaux de fourrure, neuf portants, neuf colliers en porcelaine et de neuf parfums. La dimension tactile fait écho à la dimension olfactive. Le parfum renvoie à une ancestralité profonde, mémorielle. Les formes sculpturales constituées par les vêtements et les supports en bois noir préparent et guident notre œil. Un portrait olfactif de celles et ceux qui auraient pu porter ces manteaux mais surtout un récit sensoriel qui nous reconnecte à notre milieu et à tout ce qui – humain et / ou animal – en fait partie. Julie C. Fortier, La rivière s'est brisée et Les fauves ont surgi de la montagne, 2018 © Julie C. Fortier Léa Habourdin, Les chiens de fusil, 2011 © Léa Habourdin 12
À quelques pas de là, nous découvrons Les chiens de fusil (2009 - 2011), une exposition réalisée à partir des pages d’un carnet de recherche de Léa Habourdin qui rassemble photographies, dessins, textes, collages. L’artiste établit avec ce travail une analogie entre les forces qui sous-tendent les rap- ports humains et celles qui sont à l’œuvre dans le règne animal. L’observation du monde sauvage lui permet de mieux comprendre les humains, qui ont aussi un mode de relation fondé sur la parade et la prédation. Par analogie et métaphore, des significations surgissent de ces rapprochements subtils entre les différentes sources (photographies, mots, phrases, dessins, assemblage d’images collées) qui composent le corpus, alternant violence et douceur. Ce projet constitue une quête de nos ins- tincts ataviques, la part animale que nous croyons perdue mais qui nous gouverne inconsciemment. Exposition produite avec le soutien du laboratoire Photon Toulouse. Au loin apparaissent et cohabitent sur deux grands murs plusieurs suites photographiques de Ma- rine Lanier. Avec Le Soleil des loups (2018), un corpus d’images baigne dans une lumière d’éclipse, sans début et sans fin. Un rapport à la robinsonnade se dessine et dévoile la vie sauvage de deux enfants, en transition et transformation vers l’adolescence sur le relief inversé d’un plateau volca- nique devenu terrain de jeu, espace initiatique et lieu de toutes les transformations et expériences. Se mêlent au Soleil des loups quelques images d’une série plus ancienne, Construire un feu (2010). Les Contrebandiers (2020 - 2021) évoque la figure mythique, controversée, marginale du contrebandier, emprunte de légendes et de mythes. Exposition produite avec le soutien du laboratoire Photon Toulouse et de La Fabrique de l’image à Montélimar. La série Les Contrebandiers a été réalisée dans le cadre de Flux, une société en mouvement, une commande pho- tographique du Ministère de la Culture conduite par le Centre national des arts plastiques, en partenariat avec le CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France et Diaphane, pôle photographique des Hauts-de- France. Édité aux éditions Poursuite, accompagné d‘un texte d‘Étienne Hatt, présenté au Quadrilatère à Beau- vais durant les Photaumnales, ce projet a également été réalisé avec le soutien du jardin du Lautaret et du dépar- tement écologie de l’Université de Grenoble dans le cadre d’une résidence avec l’écrivain américain Dan O’Brien. Le Soleil des loups a obtenu en 2015 l’aide à la création du Conseil général de la Drôme, l’aide à la création de la Région Auvergne / Rhône-Alpes et le Fonds de dotation Impact (collectif Les Climats). Le Soleil des loups sera édité aux éditions Poursuite en 2021. Construire un feu est une série réalisée lors d‘une résidence d‘artiste Écritures de Lumière (Ministère de la Culture avec le soutien de la galerie Angle art contemporain à Saint-Paul-Trois-Châteaux). En 2021 et 2022, plusieurs structures culturelles de la région Occitanie s’associent (la Résidence 1+2 à Toulouse, le Centre d’art et photographie de Lectoure, Traverse à Bagnères-de-Bigorre, la Communauté de Communes Couserans-Pyrénées et Le Bus – espace culturel mobile), et accompagnent, lors de plusieurs séjours, Marine Lanier, pour le second volet de la série Les Contrebandiers, cette fois-ci dans les Pyrénées. L’exposition à Lectoure constitue une première occurrence de ce projet. Tous les partenaires du projet se retrouveront autour de l’émission radiophonique Portfolio, consacrée à la photographie et proposée tous les mois par Philippe Guioni (Résidence 1+2) sur l’incomparable radio toulousaine, Campus FM. L’émission aura lieu en direct de Lectoure lors du week- Marine Lanier, La Cascade, Les Contrebandiers, 2020 © Marine Lanier end d’inauguration du festival. 14 15
Ariane Michel, Rêve de cheval, 2004 © Ariane Michel Pour la plasticienne Ariane Michel, la notion de « nature » du point de vue occidental aurait laissé l’être humain au-dehors. Son travail artistique s’apparente à celui d’une chamane dans la lignée des mouvements éco-féministes initiés dans les années 1970, comme Starhawk. Dans ses films, mettant en scène des animaux mais aussi des pierres, des rochers, des végétaux, voire même la force des éléments (vent, pluie…), il s’agit de retrouver les fondements de nos perceptions, de notre imaginaire et de proposer aux visiteurs une expérience de déterritorialisation de la perception. Dans un antre quasi imperceptible de l’extérieur de la halle sera projetée la pièce vidéo et sonore Rêve de cheval réalisée en 2004. Ils sont là, ils dorment. Des chevaux. D’une jambe sur l’autre, calmes et solides, tapis dans l’hiver. Une rumeur monte au loin. Les oreilles se dressent, tous l’ont entendue. Dans leur langage secret, ils se mettent d’accord pour galoper, ils ont peur. De la panique surgit un animal, ni cheval, ni zèbre, un zhorse, contraction anglaise de zèbre et de horse, un hybride inquiétant comme une énigme. Thomas Cartron et Sylvain Wavrant, tous deux plasticiens et directeurs artistiques de l’association rouennaise Nos Années Sauvages, réactivent les œuvres réalisées pendant la résidence de création Anima Obscura à l’automne 2020 au Centre d’art et de photographie de Lectoure. Le plasticien Laurent Martin, l’un des membres actifs de l’association, les accompagne et imagine une scénogra- phie labyrinthique et rocailleuse pour le projet qui prend comme point de départ le mythe de Diane et Actéon. Animaux naturalisés, images argentiques tirées sur peaux d’animaux, fresque dessinée au fusain, installation filmique et sonore… Cette proposition collaborative réunit les enjeux de leurs pratiques respectives (photographie pour le premier et taxidermie pour le second) et leur permet d’inventer un nouveau langage plastique mettant en relief les sujets visibles et cachés du mythe gréco-latin. Un projet qui interroge ce qu’est devenu notre rapport à un monde sauvage dont nous cherchons sans cesse à nous distancier. Anima Obscura, mené pendant une résidence de création au Centre d’art et de photographie de Lectoure fin 2020, se décline sous la forme d’une édition publiée en 2021 par Nos Années Sauvages et le CAPL. Thomas Cartron, Diane, 2020 © Thomas Cartron 16
5 6 Aux allées Montmorency à Lectoure & cloître de la collégiale de La Romieu Tropiques de Julien Coquentin Henry II, dernier duc de Montmorency, révolté contre le roi Louis XIII, vaincu et fait prisonnier à la bataille de Castel- naudary et conduit à Lectoure pour attendre son procès a donné son nom aux allées Montmorency. Montmorency a conservé la faveur d’une grande partie de la population, et la légende locale, très connue mais appuyée par au- cun document historique, veut que les « dames de Lectoure », émues par son sort, lui aient fait passer, dissimulée dans un gâteau, une échelle de soie. Côté ouest de la ville, situées au pied du rempart et des restes de fortifications de la ville, les allées constituent aujourd’hui une longue promenade appréciée des lectourois et des visiteurs de passage et qui surplombe la vallée côté ouest sous les contreforts du Château des comtes d’Armagnac. La collégiale Saint-Pierre de La Romieu est un ensemble constitué d'un cloître, d'une église, de deux tours et des restes d'un ancien palais. Elle est située dans le village de La Romieu, proche de Lectoure. Au XIVème siècle, le village prit de l’importance lorsque Arnaud d’Aux, haut dignitaire de la Cour Pontificale et enfant du pays, éleva dans le village la Collégiale Saint-Pierre (1312-1318), le cloître et le palais. Il transforma la communauté Bénédictine en un collège de 14 chanoines réguliers, dirigés par un doyen et un sous-doyen. L’église et le cloître de la collégiale sont classés au titre des Monuments Historiques depuis 1901, la collégiale est également classée au Patrimoine Mondial par l’Unesco depuis 1998, dans le cadre de l’inscription des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le projet Tropiques (2020) du photographe Julien Coquentin, un livre composé de photographies et de textes, se déploie ici au format exposition que l’on peut découvrir décliné en deux chapitres, dans l’espace public, aux allées Montmorency à Lectoure et dans le cloître de la collégiale de La Romieu. Julien Coquentin transforme souvent les territoires lointains, les « ailleurs » en territoire intime. Ici, il appréhende de manière sensitive le territoire de La Réunion, ce milieu tropical où il a vécu en famille pendant plusieurs années. Imprégnés d’une dimension initiatique puissante, ancienne, ces paysages semblent être le siège du danger et le miroir de l’immensité. On ressent une sorte de captation atmosphérique de ces espaces liés aux conditions de relief, de végétation, de climat. Un présent pur semble se dérouler dans un imaginaire lointain. La silhouette humaine s’impose parfois dans cet espace archaïque dominé par l’organique et le végétal. Une attention infime aux êtres humains qui arpentent ces territoires, que l’on aperçoit souvent au loin comme tout droit sortis d’un autre temps, celui des chasseurs-cueilleurs, et qui semblent s’enfoncer dans des couches sédimentaires de plus Julien Coquentin, Tropiques, 2020 © Julien Coquentin en plus lointaines. Expositions construites à partir du livre Tropiques, publié aux éditions lamaindonne en 2020. L’exposition proposée dans le cloître de la collégiale de La Romieu est produite en partenariat avec la commune de La Romieu et avec le soutien du laboratoire Photon Toulouse qui réalise l’ensemble des tirages des deux expositions de Julien Coquentin. 18 19
Biographies → Nía Diedla est née à Santiago du Chili en 1979, → Christophe Goussard est né à Blaye en 1970, il → Charles-Frédérick Ouellet est né à Chicoutimi elle vit et travaille à Paris. vit et travaille à Bordeaux. au Québec, il vit et travaille à Québec (Canada). → Tendance Floue Après des études de sciences, Nía Diedla se Photographe auteur, Christophe Goussard s’est Le travail de Charles-Frédérick Ouellet est le fruit de tourne vers la poésie, qui la passionne, puis étudie formé à la photographie par le reportage et une ap- l’alliance entre une démarche documentaire et une Fondé en 1991, Tendance Floue est un collectif de le théâtre et les marionnettes contemporaines. Il proche documentaire de l’image. La rencontre et la pratique artistique plus proche de l’essai d’auteur. seize photographes français primé internationale- paraît que la photographie relie l’homme au sacré. proximité avec les peuples, travailleurs et habitants Il est tourné vers les lieux chargés d’histoire, de ment pour ses réalisations à la croisée du social, Nía Diedla prend alors les chemins de traverse de des territoires dans lesquels il s’immerge sont es- symboles ; leur mémoire, leur identité intéressent le du culturel, du documentaire et de l’artistique. la photographie. En observatrice intérieure per- sentiels dans son travail. Ce dernier, répondant à photographe qui y cherche des traces persistantes Tendance Floue s’est construit sur une envie de manente, elle questionne le temps, les racines qui des commandes ou issu de recherches plus per- à travers le temps. Les thèmes de la mer, de l’eau, travailler collectivement sur des projets photogra- la tiennent debout sans la figer, toutes ces vies sonnelles, reflète un récit photographique fondé sur de la pêche y sont très présents. Depuis 2010 il phiques, de disposer d’un espace de liberté sans qu’elle n’a pas vécues. Elle s’intéresse aux objets, des sensations. Les espaces auxquels il s’intéresse s’intéresse au fleuve Saint-Laurent, à l’histoire des concession et de préserver son indépendance. aux images et aux traces du passé, aux arbres sont chargés d’histoire et intimement liés à leurs hommes qui y sont associés, qu’ils soient pêcheurs Faire ressentir plutôt que donner à voir, explorer le généalogiques et aux différentes manières de ra- habitants. Les expériences humaines ne sont donc ou « coureurs de bois » (entrepreneurs canadiens monde à contre-courant d’une image globalisée, conter la mémoire. Partant de souvenirs vrais ou jamais loin, et sont l’objet de l’attention du photo- français qui parcouraient au XVII et XVIIIèmes siècles regarder dans l’ombre des sujets exposés, susciter inventés, mélangeant fiction et réalité, ses images graphe même si elles ne sont pas au premier plan. les espaces peu peuplés d’Amérique du Nord et la réflexion plutôt qu’imposer une réponse, saisir en noir et blanc proposent des fragments de rêves, L’immersion rendue possible grâce aux résidences commerçaient avec les Amérindiens), aux mythes des instants à part : Tendance Floue est un labo- de souvenirs qui ressemblent à des visions venues fait partie intégrante de sa démarche, dans laquelle et légendes gravitant autour de ces thèmes. Son ratoire unique en son genre. Depuis trente ans, une de territoires fantomatiques. Entre la poétique de nature et humanité trouvent un écho. Que ce soit projet Le naufrage nous plonge dans la vie quo- indéfinissable alchimie d’idées et d’énergies a per- la mémoire et la matérialité de la photographie, dans le Blayais paisible ou au bout du monde tidienne des hommes de la mer, qui travaillent le mis de créer un langage photographique singulier, arbres, plantes, tissus, objets ou visages aux iden- dans un pays en guerre, le récit photographique se long des côtes du fleuve Saint-Laurent. Il cherche et de renouveler le terrain de la narration. Au-delà tités complexes ou partielles, tracent ensemble construit autour d’espaces riches de ses habitants à capter ces moments où l’homme et la nature se de leur démarche individuelle, les photographes une étrange perception du temps. Passionnée de dans une proximité et une empathie témoignant de hantent mutuellement. se lancent ensemble dans des aventures photo- papiers, de textures et de livres anciens, Nía Diedla toute l’attention du photographe. graphiques d’un autre ordre, aux allures de perfor- aime explorer les possibilités narratives des sup- Son travail a été présenté au Canada à la galerie mances. Confrontation des images, assemblages, ports matériels qui répondront le mieux à chaque Le travail photographique de Christophe Goussard Lacerte art contemporain à Québec en 2013 ; aux combinaisons... Du travail mis en commun sort une corpus d’images. Elle est très sensible à l’édition a fait l’objet de nombreuses expositions ; dès 1999 Rencontres internationales de la photographie en matière neuve. La valorisation du fonds d’archives de l’œuvre sur papier, qu’elle présente sous la au musée des Beaux-Arts de Bordeaux dans le Gaspésie en 2015 ; à la Maison de la culture Fronte- des photographes par la structure est également forme de livres d’artiste. cadre d’Itinéraire des Photographes Voyageurs ; au nac à Montréal en 2016 ; à l’Espace F à Matane au une pierre essentielle de l’édifice. Centre culturel français d’Alexandrie en 2001 ; aux Québec et à la Maison de la littérature à Québec Le travail de Nía Diedla a été présenté dans le Rencontres photographiques de Damas en 2002 en 2018. Son travail a également été présenté en Le travail du collectif Tendance Floue a fait l’ob- cadre d’expositions et de festivals au Chili, en ; au Carré Amelot et à l’Institut du monde arabe France dans le cadre des Promenades Photogra- jet d’expositions tant en France qu’à l’étranger : France, en Belgique et en Espagne. La série Pe- en 2009 ; à l’Artothèque de Pessac en 2013 ; aux phiques de Vendôme ainsi qu’au Didam à Bayonne au musée Nicéphore Niépce en 2020 - 2021 ; au dazos est présentée au festival Voies Off à Arles en archives départementales de Gironde en 2016 ; en 2019. Il a gagné plusieurs prix et bourses au Goen Museum of Photography en Corée du Sud en 2017. La série Maleza jouit d’une première expo- à la galerie Arrêt sur l’image à Bordeaux en 2019 Canada. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages qui 2016 ; à la biennale internationale de Changjiang à sition aux Itinéraires des Photographes voyageurs ainsi qu’au Didam à Bayonne et aux Rencontres rendent compte de sa démarche photographique Chongqing en Chine en 2015 ; au Centre Atlantique en 2017, aux Rencontres de la Jeune Photographie internationales de la photographie en Gaspésie (Le Naufrage en 2017 aux Éditions du renard, La de la photographie à Brest en 2007. Les membres Internationale de Niort en 2018 et au festival Mani- au Québec. Son travail est présent au sein de col- quiétude des atomes auto-édité en 2014 et SIL- du collectif sont régulièrement invités dans les festO en 2019. En 2018, elle est invitée au Festival lections privées et publiques comme l’artothèque LAGE auto-édité en 2013 avec le soutien de la foires (Unseen Photo Fair à Amterdam en 2017 ; international de photographie de Valparaiso et à la de Pessac, le Conseil départemental de Gironde, galerie Lacerte art contemporain). Charles-Frédé- Paris Photo en 2016) et les festivals (Rencontres EKHO gallery à Santiago du Chili. Voies Off l’invite le musée d’Aquitaine à Bordeaux, le service Patri- rick Ouellet est représenté par la galerie Lacerte internationales de la photographie en Gaspésie en en 2019 à la maison de la Tapisserie à Arles. La moine culturel du Conseil départemental du Lot- art contemporain au Québec et par Hans Lucas en 2013 ; Rencontres d’Arles en 2011 ; Fotofest à Ko- même année, elle participe aussi à Artlibris à Bar- et-Garonne. Il travaille régulièrement sur des com- Europe. sice en Slovaquie en 2011 ; Rencontres de la Photo celone puis est invitée à la Galerie L’Aberrante dans mandes auprès de collectivités et d’entreprises, Africaine à Bamako au Mali en 2006…). Ils ont éga- l’Hérault et à la Galerie Détour à Namur. A l’au- collabore avec la presse nationale et régionale. Il lement gagné plusieurs bourses : celle du CNAP tomne 2020, elle crée un projet inédit pour Le Bus est distribué par l'agence Vu à Paris. en 2019 ; du ministère de la Culture en 2017 ; de - espace culturel mobile dans le Couserans tout en la SAIF en 2017… Le collectif a été lauréat de plu- bénéficiant d’une résidence d’expérimentation au sieurs prix (prix Eurazéo en 2017 ; prix Niépce en Château de Seix. Le projet Maleza se déploie aussi 2017, 2019 et 2021 ; prix Nadar en 2005…) qui sont sous la forme d’un livre publié en 2018 aux éditions venus récompenser son travail. Il est également La Visita et Filigranes. présent sous la forme d’éditions telles que Joue- la comme Saint-Ouen aux éditions Loco en 2021 ; Azimut aux éditions Textuels en 2020 ; Villes du monde aux éditions Louis Vuitton en 2020 ; Korea On/Off aux éditions Tendance Floue en 2016... 20 21
→ François Méchain est né en 1948 à Varaize en sur l’île de Toronto au Canada en 1996 ; la Maison → Julie C. Fortier est née en 1973 à Sherbrooke au → Léa Habourdin est née en 1985 dans le Nord de Charente, il est décédé en 2019. Européenne de la Photographie en 1998 ; le Centre Québec, elle vit et travaille à Rennes. la France, elle vit et travaille à Malakoff. de Sculpture contemporaine Est-Nord-Est à Saint- Artiste nomade, fils d’agriculteur, botaniste et agro- Jean-Port-Joli au Québec en 2000 ; le Musée de la La question de la perte est au cœur du travail de Explorant des champs tels que l’éthologie, la re- nome, fin dessinateur, passionné par les choses de photographie / Centre d’art contemporain de Char- Julie C. Fortier. Elle s’intéresse au temps qui passe cherche en science appliquée ou encore la bota- la terre, François Méchain accordait une grande leroi en 2000 ; à Saugatukc près du Lac Michigan à travers la mise en évidence de processus d’ef- nique, Léa Habourdin déploie un travail en dessin importance aux lieux et à leur histoire dans sa dé- aux USA en 2001 ; la Biennale Internationale du Lin facement et d’évidement qui l’amènent à explorer et photographie où la place du livre et de l’objet marche artistique. Il s’intéressait à l’archéologie de Portneuf au Cap Lauzon au Québec en 2007 ; à différentes manières de construire des images. Elle imprimé est cruciale. Attentive à la diversité des et à la toponymie, à la culture et aux parlés des Sentier Arte e Natura dans le Parc du Queyras et à utilise pour cela une diversité de médiums : la vi- formes de vies, sa pratique dessine d’autres ma- territoires traversés. On décèle aussi dans son tra- Valle Varaita en Italie en 2011 ; au Festival interna- déo, la photographie, la performance, la sculpture nières d’entrer en résonance avec les mondes. vail une connivence forte entre l’arbre et l’humain. tional des Jardins de Chaumont en 2009 et 2012 ou l’installation. Depuis 2013 elle intègre à son tra- Elle observe le rapport que nous entretenons aux Le bois dans toutes ses formes et ses usages ; à la première Biennale d’Art Environnemental de vail sur la mémoire une dimension olfactive. Elle autres animaux, aux paysages, et convoque les no- tient une grande place dans sa pratique. D’abord Jumièges en Normandie en 2013 ; au Château de aborde le parfum dans son rapport au temps, à tions de survie, de fracture, de reconstruction pour photographe, il se détache d’une pratique assez Trévarez en Bretagne en 2014 ; par le musée des l’espace et à la mémoire et déploie des disposi- recomposer une autre vue de ce que nous appe- traditionnelle de la photographie au profit d’une Beaux-Arts de Pau pour un projet le long du Gave tifs d’exposition ou de performance incluant des lons le sauvage. Exploration de l’humain dans sa approche plus complexe, en quête d’une forme en 2015 ; au Parc de la Bégraisière à Nantes Saint- odeurs pour faire revivre les sensations d’un lieu, relation au non-humain, en l’occurrence l’animal, plastique qui puisse faire coïncider ses préoccu- Herblain en 2016. les émotions d’un temps. Julie C. Fortier compose le projet Les Immobiles, à la fois livre et création pations – esthétiques, humaines, intellectuelles et des récits, joue sur la perception que l’on peut avoir photographique est emblématique du travail de politiques. Il élabore peu à peu un type de travail d’un espace, perception que l’expérience olfactive Léa Habourdin. Ses œuvres interrogent souvent ce in situ où la photographie, conjuguée à la forme qu’elle propose au public va modifier, voire renver- qu’est devenu notre rapport à un monde sauvage d’une sculpture ou d’une installation, perdure, mais ser. Elle aborde aussi la question de l’attachement, dont nous cherchons sans cesse à nous distancier. explorée à des fins autres que son image. Il a be- de la mélancolie, de l’évolution de l’odeur dans le « On parle beaucoup de solastalgie, une forme soin de se saisir physiquement et mentalement du temps, ou encore dans l’espace, au travers des d’anxiété à voir le vivant s’effondrer » mentionne- lieu, de le comprendre et de le restituer. Chacun différences culturelles. L’artiste traduit en odeurs t-elle dans un entretien. Même si ce n’était pas son de ses travaux met en œuvre un site dans toutes les oppositions entre absence et présence, entre propos quand elle a commencé à travailler sur ce ses dimensions : physique, humaine, matérielle, le permanent et l’éphémère, entre l’inquiétude d’un type d’images, sans qu’elle l’ait prémédité, son tra- politique, historique, économique, météorologique. collet (Le piège) et le réconfort rassurant d’une vail rencontre une nouvelle vision du monde. L’ap- Les œuvres de François Méchain témoignent de odeur familière (Immunité). Par une expérience proche poétique se transformerait en revendication son engagement et de sa sensibilité aux problèmes physique de l’œuvre, elle invite le visiteur à dépas- politique. environnementaux : réchauffement climatique, pol- ser le visuel. lutions, déforestation, qui sont autant d’agressions Léa Habourdin découvre le dessin à l’Atelier de de l’homme privilégiant ses intérêts économiques Après des études à l’École des arts visuels et mé- Sèvres et étudie ensuite l’estampe à l’École supé- au détriment de la nature. diatiques de l’Université du Québec à Montréal, elle rieure Estienne des arts et industries graphiques obtient en 2015 un diplôme de l’école de parfume- (ESAIG), avant d’entrer à l’École nationale supé- François Méchain a étudié à l’École nationale des rie Le Cinquième Sens à Paris. Son travail artistique rieure de photographie d’Arles. Plusieurs de ses beaux-arts de Bourges, puis a enseigné la photo- fait l’objet d’une exposition personnelle au Château livres d’artiste ont rejoint les collections presti- graphie et son histoire à l’Ecole supérieure d’art d’Oiron pendant l’été 2020. Elle a également par- gieuses de la BNF, du Centre Pompidou ou encore et design de Saint-Étienne. En véritable passeur ticipé à des expositions au centre d’art Rurart à de la Franklin Furnace Foundation. Lauréate de la culturel, il intervient toute sa carrière comme pro- Rouillé en 2019, à Micro-Onde à Vélizy Villacoublay Carte Blanche PMU – le BAL en 2015, de la bourse fesseur invité dans des universités en France et à et à la Tôlerie à Clermont-Ferrand en 2018, au Mu- de recherche du CIPGP en 2019, et de la bourse l’étranger et implique ses étudiants dans de nom- sée des beaux-arts de Rennes en 2017, lors de La d’aide à la création du CNAP en 2020, son travail breux projets artistiques. Il a reçu plusieurs prix et nuit blanche de Toronto en 2016, à Lille 3000 au a été présenté dans plusieurs festivals : Photo bourses : prix Léonard de Vinci du Ministère des Tripostal en 2015, au CNEAI à Chatou et à la Pa- Phnom Penh au Cambodge, Lianzhou festival en Affaires Etrangères au Québec ; bourse Fiacre de nacée à Montpellier en 2014 et à l’exposition Art Chine, Photo Saint-Germain à Paris. Elle présente la Délégation aux arts plastiques ; bourse de re- by Telephone à la Emily Harvey Foundation à New Survivalists au Musée GoEun en Corée du Sud en cherche au Banff Art Center du gouvernement ca- York en 2012. En 2020 est publié l’ouvrage Voici 2018. C’est à cette occasion qu’elle lance sa mai- nadien. Il a été invité pour des projets dans de nom- des feuilles, des fauves et des oiseaux, une mono- son d’édition Mille Cailloux, à travers laquelle l’acte breux lieux en France et à l’étranger. On peut citer graphie co-écrite par Caro Verbeek, Olivier R.P. Da- d’éditer est pensé comme une pratique artistique. par exemple : le Centre de foresterie de l’Université vid, Fabien Vallos, Vanessa Theodoropoulou et Cla- de Lava au Québec en 1990 ; le Banff Art Cen- ra Muller chez Nez éditions. Depuis janvier 2020, ter dans les montagnes rocheuses au Canada en elle est représentée par la galerie Luis Adelantado 1991 ; la galerie de l’Imagerie à Lannion en 1992 ; (Espagne et Mexique). la Galerie Séquence et l’Université de l’UQAC à la rivière du Moulin à Chicoutimi au Québec en 1995 ; le Château de Bailleul en Normandie en 1995 ; la Winnipeg Art Gallery et le Saint-Norbert Art Cen- ter à Winnipeg au Canada en 1996 ; la Gallery 44 22 23
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