La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10

La page est créée Patrick Leroy
 
CONTINUER À LIRE
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
1 / 15

La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
                             La solidarité comme mot d’ordre                      13
                                         Rapport annuel de la Brigade blindée 1

                  La sécurité a un prix. L’insécurité a un coût.                  5
                                                       Internationale Situation

                    « MERLE », exercer le combat retardateur                      8
                                                                       ELTAM

Schweizer Armee
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Editorial

   La Tribune du commandant de la brigade blindée 1

   Officiers, sous-officiers, soldats
   et chers lecteurs
   « Ton pays, ta sécurité, ton armée ». Ce sont par ces trois mots forts
   de sens que l’Armée se présente à la population durant toute l’année
   2015, sur 16 sites différents et hors des casernes.

   La Brigade Blindée 1 a le privilège d’être l’Invité d’Honneur du
   Comptoir Suisse, du 12 au 21 septembre prochain, à Lausanne.
   Avec le concours du bat chars 18, engagé entre Bure et Lausanne,
   notre Brigade déploiera ses moyens lourds et organisera des journées
   thématiques en s’adressant à la population mais également aux repré-
   sentants de l’économie et des Hautes écoles.

   Nous tiendrons des conférences sur différents thèmes d’actualité
   tels que les conflits actuels, le rôle de l’exploration, les menaces et
   les tendances de leurs évolutions. De même, nous animerons des
   podiums et séminaires traitant des méthodes de gestion de crise, de
   la communication, en collaboration avec les HES. Nous n’oublierons
   pas les dimensions historiques, car nous y consacrerons discussions
   et conférences tellement important pour comprendre d’où l’on vient
   et où l’on va.

   Aller à la rencontre de la société civile, c’est également défendre
   les valeurs de son armée. Le contexte international nous conduit à
   constater que demain tout peut arriver. Cette dimension nouvelle
   incite à rappeler avec raison et crédibilité notre rôle sécuritaire il est
   bon de rappeler notre rôle.

   L’avancement reste le défi majeur lancé à tous les commandants. Il
   faut donc non seulement parvenir à motiver la relève mais également
   convaincre les employeurs, recteurs et directeurs d’école de permettre       Brigadier Yvon Langel
   à leurs employés, élèves et étudiants d’effectuer dans les meilleures        Commandant de la brigade blindée 1
   conditions les jours de service liés à leur fonction.

   Oui, nous sommes capables de former des cadres qui peuvent ensuite,
   légitimement, occuper des postes importants dans la société civile.

   Dans le contexte actuel, plus que jamais, notre présence est in-
   dispensable. Récemment, nous avons été engagés au profit de la tenue
   de La Conférence sur la Syrie, dans les cantons de Genève et de Vaud.
   Quelque 400 hommes de l’Inf Bat 16 ont mené à bien cette mission.
   « Quand on a son fusil chargé et que devant vous passe John Kerry, il
   ne faut pas trembler » nous disait un officier.

   Une preuve de plus confirmant en effet que l’armée de milice mérite
   le respect, est capable de remplir des missions complexes, tout en
   défendant avec brio les valeurs qui animent le citoyen-soldat. Il faut
   que cela continue ainsi, non ?

   Je me réjouis de vous retrouver nombreux lors du Comptoir Suisse
   et je sais pouvoir compter sur vous pour venir avec vos proches et
   amis, et passer ensemble, dans un esprit convivial, de bons moments.

2 armée.ch     Brigade blindée 1   1/15
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Contenu

  Sommaire                                                                                                    Photo de couverture
                                                                                                              Bat expl 1 en action
                                                                                                              (Photo : app chef Philippe Ballerstedt)

 4 Le renseignement dans la brigade blindée 1

 5 La sécurité a un prix. L’insécurité a un coût.

 6 Le mot du sous-officier
   Adjudant-chef Paul Bron

 7 Le mot du sous-officier
   Sergent chef Mathias Buchwalder

 8 « MERLE », exercer le combat retardateur
   ELTAM

10 La Brigade blindée 1 invitée d’honneur du 96e Comptoir suisse                                         6    Le mot du sous-officier
   Interview                                                                                                  Adjudant-chef Paul Bron

13 La solidarité comme mot d’ordre
   Rapport annuel de la Brigade blindée 1

     L’actualité des corps de troupe :

16 Bat aide cdmt 1

17 Bat expl 1

18 Pz Bat 12

19 Bat chars 17

20 Bat chars 18                                                                                          8    « MERLE », exercer le combat retardateur
                                                                                                              ELTAM
21 Bat Inf 16

22 Bat G 2

23 Gr art 1

                                                                                                         13   La solidarité comme mot d’ordre
                                                                                                              Rapport annuel de la Brigade blindée 1

  Impressum
  armée.ch, le magazine des militaires de la Brigade blindée 1,
  paraît deux fois par année en français et allemand.
  Editeur : Chef de l’Armée et commandant de la brigade blindée 1
  Rédaction : Chef communication, maj Christian Chenaux, of journaliste, of spéc (cap) Baptiste Feuz,
  PIO des bataillons, brigade blindée 1, 1110 Morges
  Traduction : Maj Sibylle Probst, sdt Maxime Ledermann, sdt Mauro Wirz
  Mise en page et production : sdt Louis-Philippe Daven, sdt Gregory Zwygart
  Impression : IRL plus SA, Renens
  Changements d’adresse : Les militaires incorporés les annoncent par écrit au chef de section de leur
  lieu de domicile. Tous les autres les annoncent par écrit au commandement de la Brigade blindée 1.
  Copyright : DDPS, domaine Défense
  Internet : www.armee.ch / www.brbl1.ch
  Facebook : www.facebook.com/brbl1

                                                                                                                          armée.ch   Brigade blindée 1   1/15   3
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Le renseignement

   lt col EMG Alexandre Vautravers

   Le renseignement
   « à la Une »
   Texte: lt col EMG Alexandre Vautravers                                          sibilité déterminante pour l’action » où il s’agit d’argumenter en
                                                                                   termes de capacités et d’intensions de l’adversaire dans les quatre
   Le domaine de base de commandement 2 (DBC) fait l’objet, à la brigade           dimensions que sont les forces, l’espace, le temps et l’information
   blindée 1, d’une attention particulière. En effet, le déploiement de forces     (FETI).
   et leur manœuvre n’est pas imaginable sans informations précises sur            • Dans le processus de planification de l’action, le DBC2 n’est
   les risques et les menaces auxquelles elles peuvent être confrontées ;          plus responsable de l’analyse de l’adversaire et du milieu alors que
   les moyens et les possibilités de l’adversaire « dimensionnent » notre          le DBC3 avait la responsabilité d’autres produits intermédiaires.
   propre action ; enfin, la protection des forces revêt une importance            Désormais, des équipes mixtes renseignement/opérations (2/3) sont
   croissante – surtout lorsque l’on parle des éléments de décision tactiques      mises sur pied pour réaliser en parallèle chacun de ces produits.
   et opératifs de notre armée – c’est-à-dire les formations mécanisées. Le        Il nous a semblé pertinent, durant SATURN, que les officiers
   DBC2 à l’échelon de la brigade se compose d’une cellule, elle-même              responsable de l’acquisition se focalisent sur le milieu et que les
   divisée dans les deux composantes traditionnelles du renseignement :            spécialistes de l’analyse se focalisent sur l’adversaire.
   acquisition et analyse.                                                         • Avec le Développement de l’armée (DEVA), un bataillon d’explo-
                                                                                   ration sera supprimé. Mais en contrepartie, chaque bataillon recevra
   Formation continue                                                              une troisième compagnie. Les matériels actuels (véhicules d’explo-
   Le renseignement n’est pas une formation que l’on tamponne dans un              ration Eagle et chasseurs de chars Piranha-TOW) seront remplacés
   livret de service une fois pour toute. C’est une formation continue qui         par une ou plusieurs plateformes de renseignement modernes et
   s’adapte aux changements internationaux. C’est aussi un engagement              capable d’emmener davantage d’équipements – en particulier des
   personnel, des lectures, de la curiosité, des questions, afin de rester         senseurs optroniques et électroniques.
   à jour.                                                                         • A terme, il est prévu que des équipes d’explorateurs soient formés
                                                                                   pour mener la conduite du feu. Ainsi, la conduite des commandants
   En plus de sa fonction de base, la cellule est responsable de la formation      de tir à la brigade blindée 1 est déjà réalisée au travers du DBC2 –
   continue/technique des spécialistes du renseignement au sein de                 sachant que la conduite du feu passe évidemment toujours via le
   la brigade blindée 1 – soit environ 70 officiers et sous-officiers de           système de transmission de données INTAFF, par la batterie CCF
   renseignement incorporés dans les corps de troupes.                             et enfin aux batteries concernées.

   Exercices
   La brigade blindée 1 réalise chaque année des exercices regroupant plu-       Semper Fidelis
   sieurs bataillons lors la troisième semaine de leurs cours de répétition.     Le renseignement devient de plus
   Ainsi, DUPLEX’14 a eu lieu au mois d’août, voyant le déploiement du           en plus un moyen d’action, au
   bataillon d’exploration 1 et du bataillon de chars 18 le long de la vallée    fur et à mesure que l’intégration
   du Rhin, entre Coire au sud et Arbon au nord. Le DBC2 a organisé              entre « senseurs » et « effecteurs »
   la régie ainsi que l’arbitrage de l’exercice, sans oublier l’engagement       se réalise – permettant ainsi la
   des marqueurs.                                                                conduite des feux indirects de
                                                                                 l’artillerie, des mortiers, voire de
   En février 2015, ANGERONA-DUPLEX a vu l’engagement simultané                  l’aviation. Le renseignement est
   du bataillon d’exploration 1 et du bataillon de Génie 2. Un exercice          un «multiplicateur de forces » car
   TRIPLEX est prévu pour 2016.                                                  il permet de surveiller –grâce à
                                                                                 ses senseurs électroniques et ses
   Défis                                                                         drones– de très vastes secteurs, là
   Le monde du renseignement et de l’information est en perpétuel                où auparavant, des forces impor- lt col EMG Alexandre Vautravers
   changement. Certains vont nous toucher à court ou moyen terme et              tantes étaient nécessaires. Il est
   il est nécessaire de s’y préparer.                                            un outil indispensable du combat interarmes, où la constitution de
      • Il est ainsi prévu de re-créer un second poste d’officier de rensei-     « groupements de combat » bataillonnaires est la règle ; l’organisation
      gnement dans chacun des corps de troupes. Ceci est une excellente          et les moyens de ceux-ci doivent leur permettre de gagner en autono-
      nouvelle, permettant une véritable redondance et une meilleure             mie, d’être adaptés aux menaces et capables de remplir toute la palette
      capacité à durer. Mais il nous faut recruter et former ces officiers       de leurs missions. Il « protège » nos forces avant l’action et permet
      en conséquence.                                                            leur engagement au moment opportun, leur donne le temps et leur
      • La brigade blindée 1 a déjà introduit la Conduite et organisation        permet de réagir face aux surprises et aux actions de l’adversaire. La
      des états-majors 17 (COEM 17). Le langage et les processus changent.       filière du renseignement est passionnante. Elle est adaptée à l’armée de
      Ainsi il n’est plus question de possibilités adverses « la plus dange-     milice car elle requiert et met en valeur de nombreuses compétences
      reuse » ou « la plus probable. » Il n’y a plus de distinction entre les    et savoir-faire civils comme militaires.
      processus de planification des actions de défense ou subsidiaires.
      Aujourd’hui, on se concentre donc sur l’élaboration d’une « pos-             → L’article complet sur www.brbl1.ch

4 armée.ch     Brigade blindée 1   1/15
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
International

lt col EMG Alexandre Vautravers

La sécurité a un prix.
L’insécurité a un coût.
Texte: lt col EMG Alexandre Vautravers

Malgré les progrès réalisés dans le domaine du désarmement, il faut
constater que le monde de 2015 n’est pas plus sûr que celui de 1995. Si
l’Europe désarme –plus en raison de la conjoncture économique et d’ar-
guments populistes qu’en fonction de priorités stratégiques– il n’en va
pas de même dans le reste du monde. Depuis l’an 2000, le nombre de
conflits armés à travers le monde connaît une croissance inquiétante.
D’opérations humanitaires ou de maintien de la paix, nous assistons dé-
sormais à de véritables guerres conventionnelles, allant jusqu’à utiliser
                                                                                                                  Scènes de conflits armés dans le monde
des armes lourdes à longue portée, voire des armes chimiques improvi-
sées, sans parler des nouvelles technologies : virus informatiques, opé-       la laisse des traces et explique, en partie, l’essor du djihadisme armé, de
rations d’influence et d’information. Enfin les conflits ne sont plus lo-      plus en plus internationalisé. La Suisse n’est pas épargnée par ce phé-
caux, mais prennent désormais une ampleur globale. Peut-on limiter les         nomène de radicalisation et d’actions terroristes. Une vingtaine de cas
conflits et les armements ? Un traité pour l’interdiction des mines an-        sont en train d’être instruits. La loi sur les services de renseignement
ti personnelles existe depuis 1997. Le Statut de Rome établit la Cour pé-      est en passe d’être renforcée.
nale internationale (CPI) en 1998. Une Convention signée en 2008 in-
terdit l’usage de munitions à sous-munitions (cargo). Le traité de Prague      L’Est
(New START) vise la réduction de moitié des armements nucléaires amé-          La situation la plus préoccupante sur le plan stratégique reste cepen-
ricains et russes. Un traité sur le commerce des armes (ATT) de 2014 a         dant la crise ukrainienne. Après un renversement du pouvoir à Kiev,
pour but de rendre chaque Etat responsable de ses ventes et transferts         l’UE, la Russie puis l’OTAN se sont impliqués dans un conflit qui a
d’armements, ainsi que de l’utilisation qui en sera faite. Peut-être les né-   vu successivement la Crimée puis le Donbass se séparer de l’Ukraine.
gociations P5+1 à Genève, Montreux puis Lausanne aboutiront-elles à            Cette guerre est « hybride » dans le sens où des forces irrégulières, des
empêcher la prolifération nucléaire iranienne et à un apaisement des           pressions diplomatiques et un contrôle de l’information ont permis
tensions entre Washington et Téhéran. Bien sûr, certains seront plus           d’influencer les populations ; des forces spéciales ont été employées
ou moins sceptiques sur la valeur ces papiers, ou plus généralement sur        pour recruter, encadrer et engager des moyens irréguliers ; enfin, à
le poids du droit ou de la communauté internationales. Car ce système          tout moment des forces conventionnelles peuvent intervenir, par-de-
connaît, depuis l’été 2013, une paralysie politique, une crise de légitimi-    là la frontière si nécessaire, afin de mener une action décisive. Lors de
té et une profonde détérioration sur le terrain.                               son indépendance en 1991, l’Ukraine a abandonné la totalité de ses
                                                                               armes nucléaires à la Fédération de Russie – alors qu’elle avait droit
Le Sud                                                                         à 33% des armes stratégiques et conventionnelles de l’ex URSS. Du-
L’usage en Syrie d’armes chimiques en août 2012 n’a pas été suivi d’ac-        rant une décennie, Kiev a été célébré comme un champion du désar-
tion. Pire, on parle à nouveau de l’utilisation d’armes chimiques impro-       mement, ne consacrant que 0,7% de son PIB à la défense. Aujourd’hui,
visées à base de chlore... Le conflit syrien s’est entre-temps internationa-   cependant, l’Ukraine est bien seule et son armée dans un état d’impré-
lisé. L’Irak a peine redevenue indépendante a été aussitôt plongé dans         paration incroyable. Un tiers de son armée a déserté – en particulier
un conflit sectaire entre un Gouvernement pro-shiite/Iran et des mino-         les cadres. En mai 2014, le pays n’a d’autre choix que de réintroduire
rités indépendantistes. Aux quelque 133’000 victimes depuis l’invasion         le service militaire obligatoire. En août, l’offensive de Kiev est stoppée
américaine de 2003, en moins d’un an les luttes internes contre l’Etat         net par les forces pro-russes, soutenues par-delà la frontière par des
islamique ont probablement doublé ce chiffre. A quelques centaines de          bombardements massifs. Depuis, les rebelles pro-russes gagnent du
kilomètres de là, l’insurrection shiite au Yémen a poussé le Gouverne-         terrain, au mépris des accords de paix internationaux. Cette guerre a
ment –soutenu par Washington– à l’exile et a mis l’Arabie saoudite à la        déjà fait plus de 6’000 morts.
tête d’une coalition lourdement armée mais qui peine à mener une ac-
tion coordonnée et décisive. Les crises que les Occidentaux ont cru « ré-      Et la Suisse ?
gler » par des bombardements ciblés et le soutien à des factions locales,      Nous sommes aujourd’hui bien loin de l’euphorie des « dividendes de la
en Lybie ou au Mali, sont loin d’être stabilisées. Les communautés sont        Paix » de 1995. Si les pays européens ont réduit et professionnalisé leurs
polarisées et peuvent s’embraser à n’importe quelle étincelle. Le conflit      forces, ils ont parfois bien de la peine à « mutualiser » celles-ci pour en
civil s’étend par ailleurs en République centre africaine et au Nigéria.       faire un véritable outil de sécurité cohérent. L’OTAN est désormais en-
La situation sécuritaire et économique pousse par ailleurs des cen-            gagé dans un nouveau bras de fer avec la Russie, à la demande des pays
taines de milliers de personnes à l’exile vers les pays du Nord. Des di-       de l’Est – car il faut rappeler que cinq Etats membres de l’OTAN ne dis-
zaines de personnes trouvent la mort chaque jour en Méditerranée. La           posent d’aucune force aérienne ; et qu’un nombre similaire ne dispose
lutte contre le terrorisme ne connaît pas de frontières. En Afghanistan        que de capacités très réduites. Malgré la promesse de « pivot vers l’Asie »
et au Pakistan, l’action des Américains comme celle du Gouvernement            les forces américaines sont donc bel et bien de retour en Europe.
pakistanais, incapables de stabiliser et d’installer un Etat de droit, ont
provoqué plus de 170’000 et 50’000 victimes civiles respectivement. Ce-          → L’article complet sur www.brbl1.ch

                                                                                                                        armée.ch   Brigade blindée 1   1/15   5
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Interview

   Le mot du sous-officier

   «On est en constant processus
   d’évolution.»
   Texte: sdt Sylvain Bachmann                                                         utiliser ces connaissances pour développer certains outils qui ont pour
   Photos:sdt Julien Ston                                                              objectif de faciliter la gestion des délais, par exemple. Pour cet aspect, je
                                                                                       bénéficie de l’appui de certains militaires de la brigade.
   Quelle est votre place au sein de la brigade blindée 1 ?
   Je travaille pour la brigade au niveau professionnel. J’y occupe un poste           Face à ces nombreuses tâches, quelle est la clé pour être efficace ?
   d’employé civil avec utilisation du grade d’adjudant-chef dans tous les             Il est essentiel de collaborer avec l’Etat-major de brigade. Le partage
   contacts et port de l’uniforme lors des contacts avec la troupe. Je suis            de données et de documents par le biais de l’informatique facilite bien
   remplaçant du colonel Doninelli, chef de service de la brigade blindée 1.           entendu l’échange d’informations. Cette dimension s’est accrue ces cinq
   Je ne suis donc pas incorporé à l’Etat-major de cette dernière et effectue          dernières années. Il est toutefois aussi nécessaire que nous connaissions
   mon travail de milicien pour la Rég ter 2.                                          les travaux en cours afin de répondre aux questions qui nous parviendront
                                                                                       ensuite. Nous essayons donc d’être présents au moins un jour durant
   Concrètement, quelles sont les tâches qu’il vous faut accomplir                     les cours d’Etat-major. Dans mon travail quotidien, je suis en relation
   au bureau de brigade ?                                                              presque permanente avec l’officier supérieur adjoint de la brigade, ce qui
   Mon travail serait plutôt celui d’un « généraliste ». Il me faut en effet jongler   est une bonne façon de coordonner les aspects militaire et administratif.
   entre plusieurs tâches. Il y a tout d’abord un aspect administratif pur et dur
   (correspondance, tenue de l’agenda du commandant de brigade, relais de              Votre engagement en tant que milicien possède d’ailleurs certaines
   l’information) qui me demande souvent de faire le lien entre les comman-            particularités.
   dants et les adjudants de bataillons et le QG. Je dois donc effectuer un rôle       En effet, dans mon engagement de milice, je suis vérificateur à temps partiel
   de triage des questions et des l’informations pour pouvoir transmettre              pour le compte des relations internationales de défense dans le cadre de
   celles-ci au bon endroit et à la bonne personne. A côté de cela, je m’occupe        l’OSCE. Concrètement, il s’agit soit d’aller faire des inspections ou des
   du domaine non officier, c’est-à-dire de tout ce qui concerne l’avancement          vérifications à l’étranger, soit d’accueillir et accompagner des militaires
   pour autant qu’il ne s’agisse pas des officiers. Le dossier d’un soldat qui         étrangers en Suisse. Selon sa définition officielle, la vérification « sert au
   veut devenir sergent doit par exemple passer par moi. Potentiellement,              contrôle et au respect des accords et des traités internationaux portant
   les candidats à l’avancement représentent plus de 6500 militaires. Je dois          sur la maîtrise des armements. » Ces engagements sont de courte durée,
   ainsi être en liaison quasi permanente avec les adjudants des bataillons            de l’ordre d’une semaine environ. Il m’est par exemple été donné de partir
   pour le domaine du personnel puisque ceux-ci établissent les dossiers que           en mission au Kazakhstan. Je suis également expert en armes légères et
   je contrôle ensuite. Pour terminer, je suis responsable informatique du             de petit calibre (ALPC). Ici, l’objectif est de traiter de la prévention, de
   QG de brigade. J’étais informaticien avant d’entrer à la brigade et je peux         la sécurité, du transport d’armes, des divers types d’armes et munitions.
                                                                                       Il est aussi question du processus de vieillissement des munitions et de
                                                                                       leur « délaboration », c’est-à-dire leur élimination. Il m’est ainsi arrivé
                                                                                       d’accompagner des officiers russes en Suisse afin qu’ils puissent voir
                                                                                       comment nous procédons à l’élimination des munitions ou de donner
                                                                                       un cours de deux semaines au Burundi.

                                                                                       Pour terminer, comment voyez-vous l’évolution de votre travail
                                                                                       au bureau de brigade ?
                                                                                       L’armée se réduit, c’est un fait, et la brigade va devoir évoluer en tenant
                                                                                       compte de cette donnée. Notre objectif sera de trouver des solutions qui
                                                                                       nous permettront de continuer à garantir une cohérence et une stabilité
                                                                                       entre l’Etat-major, le commandement et les bataillons. Face aux défis que
                                                                                       le futur nous réserve, j’essaie d’adopter la devise du brigadier Langel. Je
                                                                                       dois être calme face aux nombreuses tâches entre lesquelles il faut jongler,
                                                                                       droit car il y a une ligne de conduite à respecter et aller de l’avant car on
                                                                                       est en constant processus d’évolution.

                                                                                        Name: Paul Bron
                                                                                        Grade: adjudant-chef
                                                                                        Fonction: sous-officier territorial
                                                                                        Incorporation: Rég ter 2
                                                                                        Ecole de recrue: 1990, ER inf 202, canonnier lance-mines
                                                                                        Age: 44 ans
                                                                                        Domicile: Gimel
                                                                                        Profession: remplaçant du chef de service de la brigade blindée 1
                                                                                        Famille: compagne Sniejana, 2 garçons
                                                                                        Passions: famille, ski, histoire, cuisine, tir

6 armée.ch    Brigade blindée 1     1/15
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Interview

Le mot du sous-officier

«Le grade de sous-officier
est le plus beau du monde»
Texte: sdt Edouard Lebedinsky
Photo: sdt Julien Ston

                                                                                      Nom: Buchwalder
                                                                                      Prénom: Mathias
                                                                                      Grade: sergent chef
                                                                                      Fonction: Sof équipage
                                                                                      Incorporation: Cp 18/4
                                                                                      Ecole de recrue: Pz RS Pz Gren Bes KP 21 (2005)
                                                                                      Année de naissance: 1985
                                                                                      Domicile: Leysin
                                                                                      Profession: Informaticien
                                                                                      Hobbies: Downhill, Snowboard

Quelles étaient vos motivations pour entrer à l’école de sous-officiers ?       Que cherchez-vous à transmettre aux soldats lorsque vous êtes en
Avant toute chose, ma première motivation a été la possibilité de faire         service ? Quel état d’esprit essayez-vous d’instaurer ?
plus que les autres et de saisir cette chance qui m’était offerte, alors que    J’essaie de leur transmettre ma bonne humeur, mon expérience et
je n’avais que 20 ans. Ensuite, je savais que ce n’était pas une école facile   mes connaissances techniques, mais aussi certaines valeurs, surtout
et je voulais voir ce dont j’étais capable et jusqu’où je pourrais aller.       aux plus jeunes. A la « 4 », l’état d’esprit vient du commandant, c’est
Enfin, j’ai toujours entendu dire autour de moi qu’être sous-officier           sa compagnie. A nous, sous-officiers, de le transmettre. C’est un état
est l’une des plus belles fonctions à l’armée, je voulais donc le vérifier      d’esprit qui m’a toujours correspondu et qui peut se résumer simple-
par moi-même; je n’ai pas été déçu!                                             ment : « En avant tous ensemble et toujours devant ».

Quelles ont été vos plus grandes satisfactions au cours de cette                Trouvez-vous aisé de concilier les devoirs liés à votre grade, qui
période d’avancement ?                                                          comprennent le fait de donner des ordres, à l’esprit de camaraderie
Je crois que les plus grands moments de satisfaction arrivent quand on          souvent valorisé et recherché à l’armée ?
se rend compte de quoi on est capable à 20 ans, autant physiquement             Le grade de sous-officier est le plus beau du monde, car il permet de
que mentalement, et qu’on parvient à dépasser ses limites dans ces deux         rester proche du terrain et de la troupe tout en ayant des responsa-
domaines et à aller encore plus loin qu’on ne l’avait jamais imaginé.           bilités. Je tente de suivre une idée simple pour concilier l’esprit de
Plus concrètement, je pense aussi à deux événements qui m’ont apporté           camaraderie et le devoir lié au grade: prouver aux gens dont vous êtes
beaucoup de satisfaction. Le premier est d’être arrivé à la fin de la           responsable et qui vous entourent qu’ils peuvent avoir confiance en
marche des 50 km après une semaine d’endurance particulièrement                 vous, qu’ils peuvent vous suivre les yeux fermés et que vous êtes là pour
éprouvante. Le second est la cérémonie durant laquelle on reçoit                eux. Il ne faut pas oublier non plus que nous sommes dans une armée
(enfin!) son grade de Sergent, même si à ce moment-là on ignore                 de milice et que chacun peut par son expérience civile apporter un
encore que le plus dur reste à venir avec le payement de galon. Je tiens        plus. Si vous réussissez cela, vous commandez et vous travaillerez avec
à préciser que quand j’ai fait mon école de Sof elle durait 14 semaines.        des camarades, des “frères d’armes” et vous irez de l’avant ensemble.

Quelles sont pour vous les qualités que doit avoir un bon sous-                 Pour finir, pourriez-vous nous dévoiler certains de vos projets, tant
officier ?                                                                      militaires que civils ?
Un Sof est avant tout un spécialiste technique qui doit connaître               Ma carrière en tant que milicien arrive presque à sa fin, il me reste
parfaitement son domaine et être une personne de référence pour                 encore 5 jours de service que je vais effectuer cette année. Il sera
ses supérieurs ainsi que pour les hommes de la troupe. Il doit aussi            ensuite temps de laisser la place aux « jeunes » et les laisser perpétuer
pouvoir gérer n’importe quelle situation de manière autonome et faire           l’esprit de la « 4 », en espérant que les fondements de cette dernière
preuve de créativité face au problème. La dernière chose, de mon point          restent toujours les mêmes. Je me lance par contre dans une nouvelle
de vue la plus importante, est qu’il doit être proche de ses hommes,            aventure du côté professionnel: je reprends des études et espère obtenir
les soutenir et être une personne de confiance pour son officier. Ce            un brevet fédéral à la fin de celles-ci.
lien entre la troupe et les officiers est primordial.

                                                                                                                      armée.ch   Brigade blindée 1   1/15   7
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
ELTAM

   ELTAM

   « MERLE », exercer le combat retardateur
   Les officiers du Bat chars 12 et du Bat inf 16 ont passé trois jours à Thoune pour parfaire la conduite des bataillons.

   Texte: sdt Sylvain Bachmann                                                        fidèles de compartiments de combat dotées d’une vision panoramique à
   Photos:sdt Julien Ston                                                             360° ». Les chefs de section se trouvent quant à eux devant des écrans qui leur
                                                                                      permettent d’avoir une vision du terrain et d’accéder à des cartes. Il faut être
       Deux bataillons doivent faire face à un ennemi cinq fois supérieur dont        à l’aise avec le système informatique qui, d’un oeil extérieur et non exercé,
   il faut freiner l’avancée afin de gagner du temps pour permettre à une autre       impressionne par sa complexité et la marge de manoeuvre qu’il laisse aux
   formation de se préparer au combat, se mettre en sécurité ou se réorganiser.       participants. D’autant plus que les opérations sont scrutées par la direction
   Dans le jardon tactique, on parle de combat retardateur. Voici, présentée très     de l’exercice qui aura ensuite la tâche d’évaluer la performance des militaires
   schématiquement, la donnée initiale de l’exercice « MERLE », du nom du             engagés. Trois sessions sont d’ailleurs prévues et permettent soit de tout
   Général Pierre Hugues Victoire Merle, officier sous Napoléon Ier qui s’est         reprendre à zéro en cas d’échec ou de grosse erreur, soit de poursuivre le
   illustré durant la campagne de Russie (1812) par une manoeuvre du même             scénario jusqu’à son terme. La progression dépend ainsi des décisions prises
   genre. Pour le Bat chars 12 et le Bat inf 16, il n’y a toutefois pas de terrible   par les acteurs. Chaque session est suivie d’une critique durant laquelle il est
   hiver à braver, mais le Centre d’instruction des troupes mécanisées (CIM)          possible de convoquer des enregistrements des transmissions et des captures
   de Thoune à rejoindre, du 24 au 26 novembre, pour s’entraîner.                     d’écran prises durant l’exercice. Grâce à ces outils, les participants obtiennent
                                                                                      un retour rapide sur les choix qu’ils ont faits et peuvent prendre les remarques
               Au total, ce sont environ 150 hommes, en grande majorité des           en considération pour la session suivante. Ainsi, dans un temps restreint, il
   officiers, qui vont travailler durant trois jours sur cette situation de crise à   est possible de planifier, d’engager et de voir les résultats des choix tactiques
   l’aide du système ELTAM (Simulateur électronique tactique pour les forma-          sur le terrain virtuel. Les trois sessions passées et la discussion finale réalisée,
   tions mécanisées). C’est donc virtuellement que les mouvements de troupes          l’exercice est terminé.
   et les affrontements ont lieu, même si l’emploi de simulateurs et d’écrans
   d’ordinateurs vise un réalisme aussi poussé que possible. Face à l’ennemi,                     Ecrans et simulateurs, on est bien loin du terrain! Pourtant,
   joué par les membres de la direction de l’exercice, les deux bataillons devront    les exercices sur le système ELTAM sont ce qu’il y a de plus proche d’un
   prouver qu’ils sont prêts pour ce type d’engagement.                               engagement véritable. En effet, les places d’armes et de tir en Suisse, si elles
                                                                                      permettent d’instruire et d’entraîner un bataillon échelon par échelon,
               L’exercice débute par une phase de préparation qui s’étend sur         n’offrent pas la possibilité d’entraîner un exercice comme « MERLE » qui
   un jour et demi, du lundi matin jusqu’au mardi midi. Les participants,             demande un espace trop important et une logistique particulièrement lourde.
   répartis en plusieurs groupes, se familiarisent avec ELTAM, mais travaillent       Le simulateur est donc le moyen le plus efficace lorsqu’il s’agit de réunir
   surtout sur les données qui leur ont été transmises (mission, cartes, troupes      plusieurs bataillons pour s’instruire au combat interarmes. Lors du travail
   à disposition), grâce auxquelles ils mettent sur pied les éléments tactiques       sur ELTAM, sont réunis les commandants de bataillon, les commandants
   qui seront suivis lors de l’engagement. Trois sessions, appelées « Baserun »,      de compagnie et les chefs de section. Car il ne faut pas l’oublier, l’objectif
   se succèdent pour permettre aux officiers de se familiariser au système.           principal est que tous progressent dans la conduite. Le colonel EMG Brönni-
   Les états-majors des bataillons sont, pendant ce temps, eux, en phase de           mann ne manque pas de le rappeler: « ce qui est exercé et évalué en priorité,
   planification puis transmettent le fruit de leurs réflexions aux techniciens       c’est la conduite du bataillon par ses officiers. Ces derniers doivent pouvoir
   d’ELTAM qui entrent toutes les données dans le système informatique. La            se rendre compte que de leurs décisions, bonnes ou mauvaises, découlent
   planification et la mise en place sont terminées, l’heure de l’engagement a        toutes les actions suivantes qui peuvent conduire à la réussite ou à l’échec
   sonné.                                                                             de la mission. Ainsi, pour réussir l’exercice, il ne faut pas obligatoirement
                                                                                      vaincre l’adversaire, ce qui n’arrive presque jamais, mais surtout avoir bien
             « MERLE » commence véritablement, tous les participants                  mené ses hommes. » Selon le colonel EMG, un autre aspect important de la
   retrouvent leurs troupes où ils ont voulu les placer. Pendant l’engagement,        conduite est aussi entraîné et évalué: le respect des hiérarchies et des niveaux
   les commandants de bataillon et de compagnie « disposent de reproductions          d’intervention.

8 armée.ch    Brigade blindée 1     1/15
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Interview du colonel L. Bovay
Texte: sdt Sylvain Bachmann                                                   conduite et c’est elle que nous mettons à l’épreuve durant l’exercice. Je
Photos:sdt Julien Ston                                                        participe d’ailleurs aussi à l’évaluation de ce dernier tout comme une
                                                                              dizaine d’autres personnes qui appartiennent au groupe de direction
                                                                              de l’exercice.
Mon colonel, pourriez-vous nous expliquer quel est le lien entre votre
fonction au sein de la brigade blindée 1 et l’exercice « MERLE » ?            Quels sont les critères qui fondent l’évaluation?
Je suis le commandant remplaçant de la brigade blindée 1. Comme               Il faut bien distinguer la phase de planification qui permet d’évaluer le
le veut la coutume, c’est l’homme qui occupe cette fonction qui a la          travail de l’EM et la phase d’exercice durant laquelle c’est la conduite
responsabilité d’ELTAM. Je suis donc présent à Thoune pour super-             qui est jugée. Pour la première, l’évaluation se fait presque en direct,
viser l’exercice. Toutefois, il faut préciser que cette année fait office     lors des critiques intermédiaires. Les officiers sont poussés à justifier
de transition puisque j’assiste le colonel EMG Brönnimann, mon                leurs choix et à les expliquer clairement.
prédécesseur, qui a accepté de suivre encore un exercice afin de faciliter
le transfert des responsabilités. J’ai donc la chance de bénéficier de son    Pour la seconde, certains critères précis peuvent être pris en considéra-
expérience avant d’être seul à diriger l’année prochaine.                     tion, comme les pertes ou le nombre de cibles atteintes, même si ce sont
                                                                              les prises de décisions et leur application qui sont observées en priorité.
Un exercice comme celui-ci doit demander une importante prépara-
tion ?                                                                        Quelle est selon vous la plus-value des simulateurs utilisés pour
En effet, il faut y travailler plusieurs mois avant qu’il devienne opé-       l’exercice?
rationnel. C’est tout d’abord à la création de l’exercice au niveau           Il ne serait pas envisageable d’exercer en réel deux bataillons et tous
tactique qu’il s’agit de s’atteler, afin que le concept corresponde à ce      leurs échelons. ELTAM offre cette possibilité, ce qui est essentiel car
que le commandant de brigade a fixé comme objectifs. Le plus gros du          cela permet aussi d’entraîner la coordination entre les bataillons. C’est
travail reste ensuite à réaliser: élaborer l’exercice dans tous ses détails   également l’occasion d’intégrer à l’exercice de nouveaux règlements et
en collaboration avec l’EM de brigade et les techniciens ELTAM.               de les mettre immédiatement en application.
Plus concrètement, nous avons présenté le concept pour le prochain
exercice durant l’été 2014, alors qu’il ne sera testé qu’au printemps         Pour finir, les retours peuvent se faire presque en temps réel et de
2015. Néanmoins, dès le départ, l’idée est de préparer un exercice qui        manière très précise par le biais des captures d’écran et des enregistre-
pourra être utilisé par tous les bataillons, dans le but d’entraîner tous     ments des transmissions. Ceci est une plus-value pour l’apprentissage.
les corps de troupe de la brigade. Le thème reste donc le même, mais
est déclinable en plusieurs versions.                                         Au contraire, voyez-vous des limites à ce type d’entraînement?
                                                                              Certains individus justifient leurs erreurs en mettant le système infor-
Quel est votre rôle durant l’exercice ?                                       matique en cause. Or, les règles sont claires dès le départ: les machines
Je dois guider et intervenir si nécessaire dans le processus de planifica-    fixent un cadre, proposent des fonctionnalités avec lesquelles il faut
tion. Il faut en effet garantir que ce qui est produit soit non seulement     savoir jouer et contre lesquelles il ne s’agit pas de se battre. En ce sens,
réalisable une fois que l’exercice à proprement parler débutera, mais         les contraintes techniques ne sont pas pour moi des limites.
aussi en accord avec le respect des hiérarchies et des échelons d’action.
Dans le plan horaire, des périodes sont réservées aux critiques inter-        D’autres relèvent que la dimension émotionnelle est absente de ce type
médiaires qui permettent de recadrer le travail s’il le faut. L’objectif      d’exercice en simulateur. S’il est vrai qu’être sur le terrain ou devant
est que tout le monde progresse, pas que l’exercice tourne au fiasco.         un écran n’est pas comparable, il faut noter qu’en Suisse, même en
Par contre, je n’influe pas sur les décisions qui sont prises par les         extérieur, nous ne faisons jamais face à une situation de conflit réel
commandants de bataillon lors de la phase d’action. Ceci relève de la         où nous risquons notre vie. De ce fait, reproduire cette dimension
                                                                              émotionnelle à l’identique de ce qu’elle serait en cas d’engagement face
                                                                              à un véritable ennemi n’est possible ni sur le terrain ni en simulateur.

                                                                              Des exercices comme MERLE continueront d’être conçus. Que peut-on
                                                                              imaginer de l’avenir?
                                                                              Il s’agit en priorité d’adapter l’exercice futur aux réalités actuelles,
                                                                              c’est-à-dire à un adversaire non conventionnel, hybride, donc diffici-
                                                                              lement reconnaissable, et à un combat en zone urbaine. Dans ce type
                                                                              d’affrontement, on ne peut plus ignorer la présence des civils, favorables
                                                                              ou hostiles à l’intervention militaire, et les lois inhérentes aux conflits.
                                                                              Il faut donc intégrer ces dimensions à l’exercice, être fidèle aux règles
                                                                              d’engagement afin de rester réaliste et de ne pas tomber dans une version
                                                                              « jeu vidéo » des missions. Je suis pour ma part convaincu de la plus-
                                                                              value des exercices en simulateurs, d’autant plus qu’ils ne s’adressent
                                                                              pas qu’au public militaire. Dans le privé aussi, il faut apprendre à gérer
                                                                              des situations de crise et travailler à leur résolution. Les simulateurs
                                                                              sont un outil de plus pour s’y entraîner.

                                                                                                                     armée.ch     Brigade blindée 1   1/15   9
La brigade blindée 1 au Comptoir Suisse 10
Interview

     Comptoir Suisse

     La Brigade blindée 1 invitée d’honneur
     du 96e Comptoir Suisse

     Texte: sgt Nicolas Gex                                                     MCH du Palais de Beaulieu a proposé que l’armée, respectivement la
     Photos: Sylvain Fasel, app chef Ballerstedt, sdt Julien Ston               Brigade blindée 1, figure comme invité d’honneur de la manifestation.
                                                                                Pour moi, cela montre l’intérêt du Comptoir suisse, parce que l’armée
     Après plus d’un quart de siècle d’absence, la Brigade blindée 1, et à      intéresse et attire toujours du monde. Il s’agit d’une opportunité pour
     travers elle l’Armée suisse, est l’invitée d’honneur du 96e Comptoir       les deux parties. Cette intégration au Comptoir Suisse est naturelle à
     suisse. Retour sur l’organisation d’une telle manifestation et aperçu du   plus d’un titre ; notre armée est une armée de milice et Lausanne et
     programme que les visiteurs pourront découvrir du 12 au 21 septembre       le Canton de Vaud sont des régions culturellement imprégnées par le
     à Beaulieu en compagnie du Brigadier Yvon Langel, commandant de            militaire. L’occasion était de saisir cette opportunité. Je dois dire que
     la Brigade blindée 1, et de son commandant remplaçant, le Colonel          le fait d’être l’invité d’honneur est un honneur pour nous, honneur
     Laurent Bovay.                                                             qui implique des exigences d’excellence, afin d’être à la hauteur des
                                                                                diverses attentes.
     Mon Brigadier, du 12 au 21 septembre 2015, la Brigade blindée
     1 est l’invitée d’honneur du Comptoir suisse, que signifie cette           Qu’attendez-vous de cette présence au Comptoir, vous en tant que
     invitation pour vous, son commandant ?                                     cdt de la Brigade blindée 1 ?
     Cette invitation a nécessité un long cheminement. Suite à la mission       Tout d’abord, j’attends que la prestation que nous fournirons soit à la
     du Chef de l’Armée (projet Présence 15), il nous est apparu opportun       hauteur des attentes du Comptoir Suisse et du public. Nous devons
     d’approcher le Comptoir suisse. Sa dernière présence date de 25 ans, du    l’attirer et profiter de cette opportunité pour, à nouveau, montrer
     temps de la Division mécanisée 1, dont la Brigade blindée 1 est la digne   ce que fait l’armée, ce que fait la Brigade blindée 1, représentée sur
     descendante. Je me suis dit que si l’opportunité nous était donnée, nous   place par le Bataillon de chars 18, qui exposera ses moyens et son
     devions nous y inscrire comme exposant. Par la suite, la direction du      personnel. Nous devons pouvoir expliquer au public la manière dont

10 armée.ch     Brigade blindée 1   1/15
de l’arme blindée. Tout cela doit être mené, et c’est ma devise dans la
                                                                                  Brigade blindée 1, en étant calme, droit et avec un esprit dynamique,
                                                                                  tourné vers l’avant. J’attends cela de mes soldats et de moi-même.

                                                                                  Quelle(s) démonstration(s) recommandez-vous plus particulière-
                                                                                  ment au public ?

           «Notre public cible                                                    Vous pourrez voir une démonstration permanente de nos moyens
                                                                                  durant les dix jours. Par exemple les fameuses cuisines mobiles, qui

              est les jeunes.                                                     délivreront, espérons-le, entre 1000 et 2000 croûtes au fromage par
                                                                                  jour. Nos moyens seront exposés de manière statique et expliqués par

             Ils sont l’armée                                                     des cadres du Bataillon de chars 18, à la manière de ce qui s’est fait à
                                                                                  AIR 14. Chaque jour, nous offrirons au public des prestations militaires

               de demain.»
                                                                                  différentes. Par exemple, une cellule de planification de la brigade
                                                                                  sera mise à disposition du public, prête à régler tous les problèmes
                                                                                  de tous les visiteurs. Admettons que vous vouliez construire une
                                                                                  maison, comment s’y prendre ? Le chef des opérations de la brigade
                                                                                  s’occupera de cette question, la décortiquera et proposera une solution.
                                                                                  Bref, il appliquera les procédures militaires à la vie et aux problèmes
                                                                                  quotidiens. Des débats, des conférences et des forums seront régu-
                                                                                  lièrement organisés sur la scène, d’ailleurs montée par le Bataillon de
l’armée vit aujourd’hui et la manière dont elle va se développer. Il y            génie 2, c’est-à-dire par nous-même. Je ne vous donnerai pas tout le
a là un effet de levier magnifique à saisir. Nous devons l’actionner              menu, car je souhaite garder quelques surprises. Tout cela pour vous
par la qualité de la présentation et évidemment par la qualité du                 dire que le programme sera varié durant ces dix jours. Il changera
partenariat avec la direction du Comptoir Suisse.                                 tous les jours, mais les deux prestations de base seront toujours là : le
                                                                                  cœur de communication de la Défense, et la démonstration statique
A qui s’adresse une telle manifestation, quel en est le public cible ?            de nos moyens.
Nous ciblons avant tout les jeunes et, si je puis dire cela ainsi, les seniors.
Ces derniers, peut-être avec une pointe de nostalgie, savent, par leurs
diverses expériences, que l’armée fait partie de notre société, qu’elle
en est une dimension active. Mais il s’agit également de toucher les
cadres d’entreprises et l’économie de façon générale. En effet nous
voulons démontrer la grande plus-value de la formation des officiers
dans le domaine de la conduite et du processus de décision. Ces
qualités acquises par les officiers de milice représentent un apport
de connaissances important qui peut être appliqué dans la gestion
de toutes les entreprises privées. Nous devons de manière naturelle
rendre l’armée de milice conviviale et attractive. Nous souhaitons
montrer aux jeunes et aux chefs d’entreprise combien cette armée,
dans le contexte actuel et futur, est utile et pourrait être utile. C’est
une démarche citoyenne, de Confédérés à Confédérés. Evidemment,
nous nous adressons également à tous les étrangers qui viendront
visiter le Comptoir. C’est peut-être un deuxième effet de levier de
montrer combien notre armée, donc la Suisse, dispose d’un instrument
de sécurité digne et efficace et qui présente son évolution future. En
résumé : de sept à septante-sept ans bien sûr, mais notre public cible
est les jeunes. Ils sont l’armée de demain.

Quel message souhaitez-vous adresser aux visiteurs qui fréquente-
ront le stand de la brigade blindée 1, respectivement au public et à
vos soldats ?
Il y a deux types de messages. Premièrement, celui de l’armée, qui
prendra la forme de plusieurs pavillons (Mon pays, Ton armée, Ta
sécurité). Ce cœur de communication présente la manière dont l’armée
fonctionne et se développe, en ciblant le jeune public en priorité. Ce
message s’incarne aussi dans la présence concrète de la Brigade blindée
1. Le second message passe par l’intermédiaire du Bataillon de chars
18. Il sera présent à travers des retransmissions « en direct » de la place
d’armes de Bure, où cette unité effectuera son cours de répétition.

Il sera ainsi possible de découvrir divers aspects d’un cours (instruc-
tion, combat, etc.), ainsi que des interviews de soldats ou de cadres,
brefs de citoyens. Par ce biais, l’invité d’honneur apparaîtra pour ce
qu’elle est : une grande unité, capable d’agir vite, fort et bien ; propriétés

                                                                                                                        armée.ch   Brigade blindée 1   1/15   11
Interview

                 «La participation
                     à ce genre
                 de manifestation
                   nous rappelle
                aux bons souvenirs
                 de la population.»

     Mon Colonel, que représente cet engagement dans la planification
     habituelle des activités de la Brigade blindée 1 ?
     Dans sa préparation, cette manifestation peut être considérée comme
     un exercice, l’état-major de la Brigade étant engagé dans sa conception.
     Il le sera également sur la durée du Comptoir afin d’y présenter une
     partie de ses activités de planification et de conduite. Ce souhait d’être
     plus visible auprès de la population est louable et c’est avec plaisir que
     je participe à cette manifestation.

     En quoi cet engagement diffère-t-il d’un cours de répétition
     « classique » ?
     Dans ce genre d’engagement, nous mettons quelque peu le but pre-
     mier des cours, à savoir l’instruction, de côté. Heureusement, cela
     ne concerne qu’un petit détachement. L’engagement y est différent,
     rythmé par les horaires de la manifestation. Il faut aussi planifier sur la   Comment planifie-t-on une telle manifestation ?
     durée, le Comptoir s’étendant sur dix jours d’affilée. L’engouement de        Prévu à l’avance, cet engagement est intégré dans la planification
     la population est important, les dernières manifestations où l’armée          annuelle et, par chance, coïncide avec le service d’un de nos corps de
     s’est engagée ou qu’elle a organisé (AIR 14) nous le montre ; ces rendez-     troupe. Sans cela, nous aurions dû prendre des mesures différentes,
     vous permettent d’ancrer davantage notre institution dans le pays.            afin de garantir cette présence. Dans le cadre de ma planification
     Depuis quelques temps, nous avions disparu des villages de notre              personnelle, en qualité d’officier de milice, je dois jongler avec mes
     pays. La réintroduction d’exercices de troupes dans les différentes           engagements et les répartir selon les besoins du service. J’ai la chance
     régions et la participation à ce genre de manifestation nous rappelle         d’occuper une fonction où la flexibilité est de mise et j’arrive sans
     aux bons souvenirs de la population comme composante indiscutable             grandes difficultés à m’adapter. De plus, ce Comptoir se déroule
     de notre paysage national. L’accueil positif nous motive à poursuivre         chez moi, Vaudois d’origine et habitant la région lausannoise, c’est
     dans cette direction.                                                         un réel plaisir.

     L’affiche officiel du Comptoir Suisse

12 armée.ch     Brigade blindée 1     1/15
Vous pouvez aussi lire