LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR - Action et Recherche Culturelles

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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR - Action et Recherche Culturelles
CULTURE
                                                      ET
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                                                   PROBLÈME
                                                    CRITIQUE

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          LA FAST-FASHION : VOIR
          AU-DELÀ DES FÉTICHISMES
          POUR AGIR

          Aujourd’hui, environ 130 milliards de pièces de
          vêtement sont produites chaque année dans
          le monde. Mais comment ce secteur industriel,
          régulièrement entaché par des scandales sociaux
Analyse
          et environnementaux, continue à exister et même
          à s’étendre comme il est ? Sans donner tous les
2019
          éléments de réponse à cette question complexe,
          cette analyse invite à penser le rôle des différents
CÉCILE    processus d’occultation à travers lesquels se
PIRET     déploie la production globalisée de la fast-fash-
          ion. Pour passer à travers les couches opaques
          qui séparent les consommateurs des producteurs,
          il semblerait qu’une arme efficace soit avant tout
          de nous interroger sur le sentiment d’impuissance
          qui façonne notre représentation du changement
          social.

          UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES ASBL
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

                                                   quent, acheter un vêtement est un
                                                   geste devenu banal, perçu comme
                                                   une simple transaction, un échange
                                                   d’argent contre un bien de consom-
                                                   mation considéré comme désirable.
      INTRODUCTION                                 C’est en réalité le dernier acte, indis-
                                                   pensable, pour conclure un cycle de
  En quelques décennies à peine, le                création de valeur. Des semences
mode de production et de consom-                   génétiquement modifiées de coton
mation dans le secteur du textile et               à l’envahissement de la pratique
de l’habillement a été redéfini par la             du « shopping » dans les centres-
fast-fashion : produire rapidement                 villes légitimée par une propagande
des vêtements dans de grandes                      publicitaire omniprésente, tout est
quantités, à bas coûts, pour des col-              méthodiquement conçu pour que
lections destinées à être constam-                 l’accumulation de la marchandise
ment renouvelées. Le prêt-à-por-                   se transforme en accumulation de
ter est devenu le prêt-à-jeter : les               profits. Le secteur est, d’ailleurs, en
vêtements sont vendus à un prix                    pleine expansion. La croissance du
très abordable et sont conçus pour                 groupe H&M, un des acteurs ma-
une durée de vie très courte. Les                  jeurs de la fast-fashion, est à cet
effets sont bien réels : le consom-                égard emblématique. De 613 maga-
mateur moyen achète 60% plus                       sins en 1999, le groupe en compte
de vêtements et les garde moitié                   4739 en 20172 :
moins qu’il y a 15 ans1. Par consé-

1 Chiffres de Mc Kinsey pour la période entre 2000 et 2014. URL : https://www.mckinsey.com/
business-functions/sustainability/our-insights/style-thats-sustainable-a-new-fast-fashion-formula
2 Rapports annuels du groupe H&M (H&M, &Other Stories, Weekday, Cos, CheapMonday, Monki,
Arkel, H&M Home), consultables sur leur site internet. URL : https://about.hm.com/en/about-us/cor-
porate-governance/annual-report.html

                                             UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES   3
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

       Le monde globalisé de la mode                         tion et de consommation sont tou-
    offre une extension particulière-                        jours localisés) camoufle les forces
    ment intéressante du fétichisme                          globales disséminées qui dirigent
    de la marchandise telle que Marx                         en fait le processus de production.
    l’avait analysé3. Selon lui, l’expé-                     D’autre part, le consommateur est
    rience immédiate que nous faisons                        devenu fétiche, parce qu’il est utilisé
    de la marchandise ne permet pas                          comme « un masque pour le siège
    de comprendre les rapports sociaux                       réel de l’opération, lequel n’est pas
    qui déterminent la manière dont elle                     le consommateur, mais bien le pro-
    est produite. Un vêtement nous est                       ducteur et les nombreuses forces
    présenté comme une chose ayant                           qui constituent la production »5. De
    naturellement une valeur et non                          cette manière, le consommateur
    comme un produit du travail. On a                        a l’illusion d’être un acteur de sa
    l’impression que la valeur d’un vê-                      consommation, alors que ce sont les
    tement réside « naturellement »                          producteurs qui définissent l’espace
    dans son prix, alors qu’elle résulte                     possible de la consommation. Les
    d’un rapport de production en rai-                       marques de vêtement jouent cette
    son duquel une certaine quanti-                          carte constamment : leurs symboles
    té de la force de travail humaine a                      sont associés à des valeurs indivi-
    été dépensée et ensuite appro-                           dualistes positives comme la liberté
    priée par ceux qui ont acheté cette                      et l’authenticité, qui augmentent la
    force de travail. Autrement dit, le                      possibilité de personnaliser les vê-
    fétichisme de la marchandise se                          tements portés, tout en véhiculant
    caractérise comme un phénomène                           la culture d’un « capitalisme cool ».
    d’occultation de l’exploitation de
                                                                Ces phénomènes d’occultation de
    la main-d’œuvre. Pour l’anthropo-
                                                             l’exploitation, de la production et des
    logue Appadurai, le fétichisme de
                                                             producteurs sont problématiques
    la marchandise est non seulement
                                                             en ce qu’ils masquent l’impact de
    toujours d’actualité mais a en plus
                                                             l’industrie sur les travailleurs, sur
    été amplifié par deux autres proces-
                                                             les modes de consommation et sur
    sus : le fétichisme de la production
                                                             l’environnement6. C’est pourquoi
    et le fétichisme du consommateur4.
                                                             cette analyse propose de décon-
    D’une part, la production elle-même
                                                             struire ce rapport obscur à l’écono-
    est devenue fétiche par l’invisibili-
                                                             mie de la fast-fashion par l’interroga-
    sation croissante des relations de
                                                             tion suivante : qu’est-ce qui est (re)
    production dans le capitalisme
                                                             produit à travers la fabrication d’un
    transnational. Le localisme (c’est-à-
                                                             vêtement ? Pour y répondre, nous
    dire le fait que les sites de produc-
    3 Marx, K., Le capital – Tome I, Editions Sociales, Paris, 1976.
    4 Appadurai, A., Après le colonialisme, les conséquences culturelles de la globalisation, Payot, Paris, 2001.
    5 Appadurai, op. cit., p. 80
    6 Bien que les dimensions environnementales ne soient pas développées dans cette analyse,
    elles sont assez préoccupantes. La mode est devenue l’une des industries mondiales les plus
    polluantes : usage intensif des matières premières, usage de substances toxiques pour la santé
    et pour les terres, émission massive de CO2 pour le transport.

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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

partons du constat simple que les                   dénommées dans la littérature « ré-
marchandises ne sont pas les seules                 seaux mondiaux de production » ou
choses créées dans le processus de                  « chaines de valeurs mondiales ».
production : à travers la reproduction              L’expansion de ces chaînes dans de
du rapport social entre capitalistes                nombreux secteurs de la production
et salariés, ce sont les conditions                 a été rendue possible par le déve-
de vie des travailleurs, la valeur, les             loppement récent des technologies
inégalités, les résistances, les iden-              de la communication et de l’infor-
tités sociales… qui sont constam-                   mation, ainsi que l’amélioration des
ment produites et reproduites par                   infrastructures permettant l’ache-
ce processus. Notre expérience en                   minement plus rapide et fiable des
tant que consommateur et citoyen                    marchandises. Elles se sont égale-
est également reproduite par l’acte                 ment développées par l’existence
même de l’achat. Et c’est plus parti-               d’accords commerciaux qui facilitent
culièrement à partir de celle-ci que                et réduisent les coûts des échanges.
nous voudrions réfléchir ensemble :                 L’accord de l’OMC sur le textile et
n’y a-t-il pas un lien entre la ma-                 l’habillement de 1995 a mené à la
nière de produire et la perception                  libéralisation du marché en 2005
de notre capacité d’agir en tant que                et à la suppression des restrictions
consommateur occidental ? Autre-                    quantitatives sur les exportations
ment dit, les occultations qu’opère                 des pays à bas coût vers l’Union Eu-
le capitalisme contemporain ne                      ropéenne et les USA. Alors que les
produisent-elles pas également                      chaînes de production des grandes
notre sentiment d’impuissance ?                     entreprises étaient à la base inter-
En prendre conscience serait une                    nalisées (forme de production à
première étape vers des actions                     intégration verticale), elles ont été
d’émancipation sociale et de solida-                progressivement délocalisées, sont
rité avec les travailleurs du secteur.              devenues plus flexibles, plus lon-
                                                    gues et plus dispersées entre dif-
                                                    férentes régions géographiques,
  L’INVISIBILISATION                                de telle sorte qu’elles constituent
                                                    un changement réel dans l’organi-
  DE LA PRODUCTION                                  sation économique mondiale. Elles
                                                    sont organisées selon une parcel-
  Les réorganisations du capital                    lisation poussée des segments de
dans le secteur du textile, de l’ha-                la production, chacun d’entre eux
billement et de la chaussure qui                    impliquant la coordination d’intrants,
ont lieu depuis la fin du XXème                     de force de travail, de transport, de
siècle s’inscrivent dans un nouveau                 distribution, de consommation de
modèle de production structuré                      matières premières7.
en des « chaînes d’approvision-
nement mondiales », également                          Au sein de la chaîne existe une
7 GERREFI, G., KORENIEWICZ, M., Commodity chains and global capitalism, Westport, Coon., Praeger,
1994.

                                              UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES   5
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

    diversité d’entreprises engagées                   propre entreprise, sans être toute-
    dans la réalisation d’un segment de                fois liés juridiquement à la première.
    la production. Dans l’habillement,                 Celle-ci peut alors se décharger
    les réseaux de production sont très                entièrement des responsabilités
    denses, de nombreuses petites en-                  qu’elle devrait avoir en tant qu’em-
    treprises locales pouvant fournir un               ployeur face à ses employés. De
    seul fabricant. Les entreprises dépo-              plus, la sous-traitance en cascade
    sitaires des grandes marques bien                  est fortement développée dans ce
    connues ainsi que la grande distri-                secteur. Tout au bout de la chaine
    bution contrôlent l’ensemble de la                 d’approvisionnement, on retrouve
    chaîne et gèrent la commercialisa-                 une quantité d’ateliers de taille
    tion finale du produit. Si l’entreprise            moyenne, d’usines informelles ou
    principale peut posséder des filiales              de travailleurs à domicile, dépen-
    dans d’autres pays via des investis-               dant aussi d’un cahier de charges
    sements étrangers, le mécanisme                    d’une ou de plusieurs entreprises
    qui s’est largement imposé est ce-                 donneuses d’ordre devenues « fan-
    lui de l’externalisation. Au cours                 tômes ». Les travailleurs de ces
    de ces deux dernières décennies,                   sous-traitants indirects ne peuvent
    l’externalisation est devenue un                   plus réellement savoir pour qui ils
    processus tout à fait intégré dans les             travaillent, d’où vient le textile qu’ils
    pratiques des grandes entreprises,                 reçoivent et où vont les vêtements
    ouvrant des possibilités exaltantes                qu’ils produisent. De cette manière,
    de réduction des couts8. Elle passe                la sous-traitance en cascade in-
    principalement, même si ce n’est                   tensifie l’aliénation des travailleurs
    pas le seul procédé, par la sous-trai-             par l’invisibilisation des relations de
    tance. Le principe est simple : l’en-              production, et donc d’exploitation,
    treprise principale (« donneuse                    engendrées par ce modèle de pro-
    d’ordres ») confie la réalisation                  duction.
    d’étapes de la production à une
    ou plusieurs entreprises sous-trai-                 LES LOGIQUES DE LA
    tantes (« preneuse d’ordres »). L’au-               SPATIALISATION DU
    tonomie des entreprises preneuses                         TEXTILE
    d’ordre est légalement établie alors
    qu’elles sont en réalité disciplinées
    par les exigences de la chaine d’ap-                  Historiquement, les dynamiques
    provisionnement déterminée par                     du capitalisme textile sont caracté-
    les entreprises donneuses d’ordres.                risées par des processus réguliers
    Pour les travailleurs, cela signifie               de délocalisation et de relocalisa-
    que leurs conditions de travail dé-                tion, non seulement en raison des
    pendent bien plus de l’entreprise                  logiques internes de recherche de
    donneuse d’ordre qui fixe les coûts                profits, mais aussi en raison des
    et le cahier de charges que de leur                changements induits par les forces

    8 TSING, A., « Supply Chains and the Human Condition », Rethinking Marxism, 21 :2, pp. 148-176,
    2009.
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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

sociales qui s’opposent à ou régu-                   avait permis d’obtenir – certes pen-
lent les effets néfastes de l’indus-                 dant un laps de temps très court
trie. Les États eux-mêmes ont lar-                   – une amélioration des conditions
gement intégré, voire promu, l’idée                  d’emploi et une consolidation du
d’une mobilité accrue du capital                     statut salarial par des mécanismes
et mettent en place des politiques                   redistributifs nationaux (cfr. le pacte
d’incitation fiscale pour séduire les                social en Belgique de 1945).
investisseurs, comme l’illustre la
                                                        Si cette histoire est assez bien
prolifération des zones franches9
                                                     connue, on est généralement moins
depuis les années 1970.
                                                     au courant du fait que les chaînes
   Durant le dernier quart du XXème                  d’approvisionnement de la fast-
siècle, nous constatons globalement                  fashion qui fournissent le marché de
la mise en concurrence de pays aux                   l’Europe Occidentale impliquent au-
salaires élevés où s’est construit le                jourd’hui des flux de capitaux et de
modèle fordiste de l’accumulation                    main d’œuvre bien plus multidirec-
avec des régions géographiques                       tionnels qu’un déplacement simple
où l’accumulation flexible est pos-                  Nord-Ouest/Sud-Est. En fait, le sec-
sible10. Les systèmes de protection                  teur produit un double mouvement
sociale des pays du Nord (Europe                     dans le capitalisme global : d’un
Occidentale et Amérique du Nord)                     côté il absorbe un grand nombre
sont détournés par les entreprises                   d’entités dans un mouvement de
du textile par le déplacement mas-                   standardisation (implantations com-
sif, en quelques décennies seule-                    merciales, infrastructures, zones
ment, des industries vers des pays                   franches, etc.) ; de l’autre, il utilise,
où les salaires sont bas et les pro-                 accentue ou produit des fragmenta-
tections sociales faibles ou inexis-                 tions entre les États, entre les races,
tantes (pays d’Asie principalement)11.               entre les travailleurs, entre les riches
L’externalisation au sein des chaines                et les pauvres, etc. Tout en mainte-
d’approvisionnement mondiales a                      nant des relations transnationales
grandement facilité la stratégie pa-                 inégalitaires et hiérarchiques entre
tronale d’évitement des conquêtes                    les États du Nord et du Sud, les
ouvrières. Bien sûr, les conditions                  chaînes d’approvisionnement créent
de travail dans l’industrie textile du               de nouvelles relations de subordina-
Nord étaient pénibles, les cadences                  tion et de mise en concurrence gé-
de travail rapides, l’exposition à des               néralisée des travailleurs. Au moins
produits toxiques tout aussi dange-                  trois autres types de déplacements
reuse, mais le mouvement ouvrier                     spatiaux induits en sont caractéris-
9 Les zones franches sont des territoires géographiques destinés à attirer les investisseurs par la
mise en place d’un régime fiscal et réglementaire très avantageux par rapport à l’environnement
normal.
10 HARVEY, D., Spaces of Capital : Towards a Critical Geography, Routledge, Edinburgh Université Press,
Edinburgh, 2001.
11 Rappelons que 66 000 personnes travaillent dans le secteur du textile et de la confection en
Belgique au début des années 1980.

                                               UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES      7
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

    tiques et révèlent la dimension ten-                         Deuxièmement, depuis la fin
    taculaire de la chaîne de production                      des années 1990, une partie de la
    mondiale.                                                 confection s’installe aux frontières
                                                              de l’Union Européenne ou en son
      Premièrement, il y a des proces-
                                                              sein. Les entreprises tirent avantage
    sus très rapides de délocalisations
                                                              de ce qui est appelé dans le jargon
    et de sous-traitances entre pays
                                                              managérial l’approvisionnement de
    asiatiques émergents. La Chine est
                                                              proximité (« near-shoring » ou « near
    actuellement le principal exporta-
                                                              offshore »). Comme le montre l’il-
    teur mondial du textile et de l’habil-
                                                              lustration suivante, la fast-fashion,
    lement. Cependant, l’industrie textile
                                                              basée sur une vitesse accrue de
    chinoise, face à l’augmentation des
                                                              fabrication, implique une spécialisa-
    salaires dans le pays, déplace pro-
                                                              tion territoriale de la chaîne d’appro-
    gressivement ses procédés de finis-
                                                              visionnement en fonction du type
    sage et de confection vers d’autres
                                                              de produits12. Certains vêtements,
    pays de la région. Le Bangladesh,
                                                              dépendant d’une mode saisonnière
    le Cambodge, l’Inde et le Vietnam
                                                              très courte par exemple, doivent
    sont devenus depuis les années 90
                                                              être disponibles sur le marché ra-
    de nouvelles niches de marché pour
                                                              pidement. À l’opposé, les produits
    les fournisseurs chinois. Au Bangla-
                                                              standards peuvent être acheminés
    desh, on estime qu’il y aurait ainsi
                                                              par le fret marin depuis l’Asie.
    3800 sous-traitants indirects. En Tur-
                                                              En Europe de l’Est particulièrement,
    quie, pays également très important
                                                              la chute du mur de Berlin a ouvert
    de production textile, les entreprises
                                                              de nouveaux marchés et de nom-
    de confections sous-traitent dans
                                                              breuses industries d’État, dont celles
    les pays frontaliers, dans les pays du
                                                              du textile, ont été privatisées. Un
    Sud Caucase et d’Afrique du Nord.
    12 Sheng, L., « Apparel Industry Is Not All About Labor Cost », 2014. URL : https://shenglufashion.
    com/2014/12/14/apparel-industry-is-not-all-about-labor-cost/

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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

nombre croissant de travailleurs de                     tiques de ce phénomène, reposent
ces pays au taux de chômage élevé                       sur le recours à une main-d’œuvre
(certains appartenant à l’Union Euro-                   immigrée, parfois en situation irré-
péenne comme la Roumanie, la Bul-                       gulière et souvent recrutée sur une
garie ou la Croatie, d’autres n’y étant                 base communautaire. Ces lieux
pas comme la Macédoine, la Bosnie                       fonctionnent comme des « infra-so-
Herzégovine, la Georgie, la Molda-                      ciétés » où le droit du travail n’a au-
vie, etc.) se chargent presqu’exclu-                    cun impact car il n’est simplement
sivement d’assembler et de coudre                       pas mobilisé par les travailleurs par
des parties de vêtement importées                       crainte de voir les ateliers clandes-
et pré-coupées. Comme dans les                          tins fermer15.
pays en développement, l’industrie
                                                           Deux effets communs émergent
textile de ces pays a été réduite à
                                                        de ces logiques de spatialisation.
des ateliers de couture intégrés
                                                        Premièrement, l’atelier de confec-
dans les filières d’approvisionne-
                                                        tion est un facteur fondamental de
ment13.
                                                        déplacement et de circulation de
                                                        la main d’œuvre immigrée. Là où
   Troisièmement, il y a le phéno-                      l’industrie textile s’installe, elle capte
mène de « délocalisation sur place »                    des travailleuses et des travailleurs
qui, comme le terme l’indique, « ren-                   vulnérables, installés de manière
voie à la combinaison de conditions                     précaire dans un pays ou dans une
de production qui s’approchent de                       situation de transit induite par l’exis-
celles qu’offrirait la délocalisation                   tence de conflits armés, d’instabilité
dans les pays du Sud et d’une pro-                      politique ou de dérèglements cli-
duction ‘sur place’ répondant aux                       matiques. Suite à la guerre en Sy-
exigences de rapidité de réaction                       rie, des réfugiés syriens, dont des
à la demande : les ouvriers doivent                     mineurs d’âge, s’étaient notamment
être géographiquement proches à                         retrouvés dans des ateliers clandes-
la fois des ‘fabricants’ (les concep-                   tins en Turquie16. Cela signifie, fon-
teurs) et des grossistes qui reçoivent                  damentalement, qu’il y a toujours de
en dépôt les modèles pour tester                        nouvelles personnes, vulnérables
les nouvelles tendances »14. Les cas                    et corvéables, pour travailler à des
du quartier du Sentier à Paris ou de                    prix fixés très bas. Deuxièmement,
la ville de Prato en Italie, pour ne ci-                la circulation du capital déplace
ter que les lieux les plus embléma-                     les conditions d’emploi et de tra-

13 Rapport du (CCC) « Salaires de misère. La production de vêtements en Europe de l’Est et en Turquie »,
Rapport Clean Clothes Campain (CCC), 2014. Le CCC est une large campagne de sensibilisation initiée en 1989
par des organisations syndicales du secteur et des ONG.
14Brun, F., « Usages d’entreprise et inactivation du droit du travail : l’exemple du Sentier », Quatre pages,
Centre d’Etudes de l’Emploi, n°49, p.1, janvier/février 2002.
15Ibidem
16«Turquie : le calvaire des réfugiés syriens dans les ateliers Mango ou Zara », L’OBS, octobre 2016.
URL : https://www.nouvelobs.com/monde/20161026.OBS0343/turquie-le-calvaire-des-refugies-syriens-dans-
les-ateliers-mango-ou-zara.html

                                                  UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES         9
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

     vail déplorables dans des espaces                 – sont précaires, le travail à domicile
     peu organisés du monde du travail,                est courant, les semaines de travail
     y compris lorsque la production se                peuvent monter jusqu’à 60h, les pro-
     rapproche des marchés occiden-                    tections sociales sont inexistantes,
     taux ou lorsqu’elle y est discrète-               le harcèlement moral et sexuel sur
     ment implantée.                                   le lieu de travail est généralisé, le
                                                       droit du travail n’est pas respecté,
           TRAVAILLER ET                               les paies aux quotas de production
          LUTTER DANS LA                               sont fréquentes, l’état des bâtiments
           FAST-FASHION                                dangereux, etc. Au sein même d’une
                                                       usine, les travailleuses peuvent être
                                                       dans une zone grise, certaines tra-
        Le secteur du textile et de l’habil-           vaillant dans la légalité et d’autres
     lement est à forte intensité de main-             sans contrat ni protection. Les dis-
     d’œuvre. À échelle mondiale, plu-                 criminations salariales envers les
     sieurs millions de travailleuses et de            minorités ethniques, les travailleurs.
     travailleurs dépendent de sa chaîne               euses migrant.e.s et les réfugié.e.s
     d’approvisionnement,        le   chiffre          politiques sont systématiques. Se-
     exact étant difficile à estimer en rai-           lon les contextes géographiques, les
     son de l’importance de l’économie                 travailleuses ont de multiples stra-
     informelle17. Les principales concer-             tégies pour « faire face » aux condi-
     nées sont les travailleuses, le sec-              tions du secteur : elles laissent leurs
     teur étant essentiellement féminisé.              enfants à la famille restée au village,
     De plus, la proportion de femmes                  font systématiquement des heures
     augmente en descendant dans la                    supplémentaires, prennent un deu-
     chaîne d’approvisionnement, dans                  xième emploi, ont une activité agri-
     les maillons où les conditions sont               cole de subsistance, contractent
     les plus déplorables. Toutes les                  des dettes, etc. Le salaire perçu par
     études le montrent : la fast-fashion,             le travail dans le secteur textile est
     par l’intensification du travail qu’elle          tellement faible qu’il fait parfois of-
     implique, n’a fait qu’empirer les                 fice de salaire « d’appoint »18.
     conditions de travail et d’emploi déjà
     médiocres des travailleuses du tex-                  Il serait facile et avantageux pour
     tile : les salaires permettent à peine            les grandes marques du secteur de
     de survivre et ne sont pas toujours               l’habillement de considérer ces si-
     versés, les contrats – lorsqu’il y en a           tuations comme étant anormales,
                                                       le fait de sous-traitants locaux peu

     17 En 1996 (information sur des chiffres récents non-trouvée), on estimait que 23,6 millions de
     travailleurs étaient employés dans le secteur structuré, mais que ce chiffre pouvait être cinq à
     dix fois plus élevé en tenant compte de l’économie informelle.
     18 « Salaires de misère. La production de vêtements eu Europe de l’Est et en Turquie », Rapport
     Clean Clothes Campain (CCC), 2014

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LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

scrupuleux19, ou des problèmes si-                   sanglante des travailleuses et des
tués en marge des chaînes d’appro-                   syndicats qui contestent pour amé-
visionnement qui échappent à leur                    liorer les conditions de travail. Bien
contrôle. En réalité, les entreprises                que les menaces de délocalisations
donneuses d’ordre choisissent dé-                    et la crainte de perdre leur emploi
libérément de contrôler certains                     étouffent les travailleuses, des ac-
aspects de la production (le prix, la                tions s’organisent régulièrement
commercialisation et la logistique)                  dans les usines. En 2006, au Ban-
et de ne pas en contrôler d’autres                   gladesh, avant l’effondrement du
(les relations collectives de travail,               Rana Plaza, des dizaines de milliers
les pratiques sociales et environ-                   d’ouvrières se sont mises en grève.
nementales des sous-traitants).20                    L’association patronale des vête-
Les éléments précités, l’opacité de                  ments du Bangladesh a eu recours
la chaine d’approvisionnement, la                    aux forces de police, qui ont tué
sous-traitance en cascade et l’exter-                trois ouvriers, on fait des centaines
nalisation, les menaces en tout lieu                 de blessés et en ont mis en prison
de délocalisation21, l’utilisation d’une             encore plus. Même scénario au
main-d’œuvre immigrée et vulné-                      Cambodge en 2014, où quatre ou-
rable sont des facteurs structurels                  vriers ont trouvé la mort lors d’une
et organisés de la production qui                    grève réprimée par la police. Pour-
fabriquent les conditions de pos-                    tant, la plupart des actions de grève
sibilité du traitement inhumain des                  sont déclenchées pour revendiquer
travailleuses. En d’autres termes, les               une augmentation des salaires de
conditions d’exploitation dans les                   quelques unités supplémentaires à
ateliers clandestins les plus « margi-               peine, augmentation qui semble dé-
naux » sont en réalité indissociables                risoire par rapport aux énormes bé-
du cahier des charges fixé en amont                  néfices engrangés par l’industrie de
de la chaîne.                                        l’habillement, mais qui est suffisante
                                                     pour museler par la violence ou par
   Il ne faudrait cependant pas voir
                                                     le chantage à la délocalisation22.
les travailleuses du secteur comme
                                                     Ainsi, l’industrie du textile ne se sou-
uniquement des victimes. La dialec-
                                                     cie pas vraiment de la manière dont
tique de l’exploitation et du conflit
                                                     les États autoritaires répriment les
se déplace également avec l’ins-
                                                     combats, voire d’une certaine ma-
tallation des usines. Il faut ainsi
                                                     nière soutient et utilise cet autorita-
ajouter un mot sur la répression

19 Bien souvent, ces petits entrepreneurs locaux sont eux-mêmes des immigrés ou d’anciens
travailleurs de l’atelier, et partagent donc la même origine sociale que les ouvriers. Ils n’ont pas
grand-chose à voir avec les logiques du capital, les prix étant fixés par l’entreprise principale.
20 TSING, A., « Supply Chains and the Human Condition », op. cit.
21 Les menaces à la délocalisation ont des effets tant dans les pays du Nord que du Sud : elles
forcent les organisations syndicales quand elles existent ou les travailleurs à accepter l’intensifi-
cation de la production.
22 Pour reprendre le cas du groupe H&M, celui-ci faisait en 2013 un bénéfice net d’1,94 milliards
d’euros.

                                              UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES     11
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

     risme en y installant sa production,             dans un projet d’émancipation col-
     de telle sorte qu’il faut considérer             lective par l’entrainement dans un
     les modalités de contrôle et de ré-              cercle vicieux : la culpabilité émerge
     pression des conflits dans le secteur            du sentiment de ne pas faire ce qu’il
     comme des éléments intégrés dans                 faudrait pour être en accord avec
     la production de la marchandise.                 nos principes et, en retour, elle pa-
                                                      ralyse et produit davantage de sen-
              CONCLUSION                              timent d’impuissance.
                                                         En plus de facteurs idéologiques
        Cette analyse a tracé, dans les               et sociétaux – qui mériteraient d’être
     grandes lignes, les principaux as-               développés ailleurs –, nous pen-
     pects de la production textile globa-            sons que le système de production
     lisée. On peut dorénavant avoir une              lui-même fabrique notre sentiment
     idée du type de capitalisme inscrit              d’impuissance. D’une part, il produit
     dans les vêtements que nous por-                 de la dissimulation : la traçabilité des
     tons. Ayant dit cela, les lecteur·rice·s         vêtements s’opacifie au fur et à me-
     peuvent surtout ressentir de la                  sure que les sous-traitants se suc-
     culpabilité, tant ils contribuent, à leur        cèdent, les travailleuses semblent
     insu, en tant que consommateurs, à               lointaines ou dispersées dans une
     un système de production nauséa-                 chaîne d’approvisionnement difficile
     bond. Même si nous résistons à la                à visualiser et leurs luttes s’accom-
     surconsommation promue par la lo-                pagnent de formes brutales de ré-
     gique de la fast-fashion par diverses            pression. D’autre part, il produit de
     pratiques (acheter moins et de se-               la mystification : le profit semble
     conde main, faire de la couture), se             être magiquement produit et les
     vêtir est un besoin vital et culturel            marques promettent qu’il est pos-
     de base, de telle sorte que nous                 sible d’acheter du bonheur et une
     dépendons forcément de l’industrie               bonne conscience sans rien chan-
     très monopolistique de l’habille-                ger à l’état du monde. Fabriquer de
     ment, y compris dans les réseaux de              l’impuissance ferait même partie
     vente secondaires. Dé-construire le              des nouvelles stratégies de gou-
     sentiment spontané de culpabilité                vernance des grandes entreprises
     semble par conséquent indispen-                  dont l’activité est régulièrement dé-
     sable, car il risque de nous enfermer            noncée comme étant nuisible pour
     dans une forme de conscience mal-                les travailleurs et l’environnement :
     heureuse qui non seulement n’est                 ne pas nier les dommages, mais
     pas juste (pourquoi les individus de-            les présenter comme inévitables ;
     vraient se sentir coupables d’un sys-            ne pas nier les contestations des
     tème qu’on leur impose ?), mais qui              consommateurs, mais les intégrer
     de plus a peu de chance d’aboutir

12
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

dans les choix de consommation23.                                    tés par le capitalisme contemporain,
                                                                     c’est tout autant de résistances lo-
  Par conséquent, il semblerait que
                                                                     cales qui peuvent avoir une portée
consommateurs et travailleuses
                                                                     globale. C’est sans doute dans ce
soient en fait victimes des mêmes
                                                                     sens qu’il faut imaginer les espaces
processus d’occultation. Si ces der-
                                                                     de contestation. Nous terminerons
nières sont régulièrement en lutte,
                                                                     par deux exemples : les luttes so-
tout nous éloigne de leur réalité,
                                                                     ciales des travailleuses et leurs ré-
alors que nous sommes constam-
                                                                     pressions manquent de manière
ment en lien avec elles par les vête-
                                                                     évidente de visibilité. Les média-
ments mêmes que nous achetons et
                                                                     tiser à travers les réseaux sociaux
portons. Contre les fétichismes, ne
                                                                     est à la fois solidaire et utile, tant les
faut-il pas repenser la solidarité in-
                                                                     grandes marques sont soucieuses
ternationale que peuvent véhiculer
                                                                     de leur image publique. En outre, les
ces objets transitifs, et ceci au-
                                                                     ateliers de confection étant parfois
delà des systèmes de protection
                                                                     plus près de chez nous qu’on ne le
nationale qui sont très vite mis en
                                                                     pense, il est possible de faire pres-
concurrence ? Lors de sa création
                                                                     sion directement sur les gouverne-
à Manchester en 1894, l’Internatio-
                                                                     ments occidentaux, par des mobi-
nale des travailleurs du textile pré-
                                                                     lisations sociales, en exigeant de
voyait la création d’une caisse de
                                                                     faire respecter, au minimum, la lé-
grève transnationale24… Aujourd’hui,
                                                                     gislation du travail et de régulariser
les organisations syndicales luttent
                                                                     les personnes immigrées, premières
pour créer des espaces de négo-
                                                                     victimes de ces lieux de non-droit.
ciation collective et de contre-pou-
voir à échelle mondiale et donc,
de manière très significative, pour
forcer le patronat à devenir visible25.                                Cécile Piret,
Si l’organisation de la production en                                  Chargé de recherche à l’ARC asbl
chaîne d’approvisionnement mon-
diale complexifie les luttes sociales,
elle peut aussi contenir la force d’un
nouveau mouvement : autant de
pays, de travailleuses, de travailleurs
et de consommateurs interconnec-

23 BENSON, K., et KIRSCH, S., « Capitalism and the Politics of Resignation », Current Anthropology,
vol. , n°4, pp. 459-486, 2010. Ce qu’on peut appeler la marchandisation de la contestation (construire l’image
du consommateur « engagé » et « rebelle » ou créer des campagnes de greenwashing ou de genderwashing
selon les critiques dominantes) est une stratégie assez évidente des grandes marques de vêtements.
24 BAURAIND, B., « Mondialisation syndicale ? 2ème volet : survol historique », Analyse du Gresea, 2014. URL : http://www.gresea.be/
Mondialisation-syndicale-2eme-volet-survol-historique

25 La fédération syndicale internationale IndustriAll lutte pour imposer des cadres contraignant
de négociation collective dans les chaînes d’approvisionnement mondial. Après la catastrophe
du Rana Plaza en 2013, IndustriAll et d’autres acteurs syndicaux ont notamment imposé un
accord juridiquement contraignant sur la sécurité des bâtiments au Bangladesh. URL : http://
www.industriall-union.org/fr/enquete-justice-au-sein-des-chaines-dapprovisionnement-par-le-biais-daccords-
mondiaux-contraignants                           UNE PUBLICATION ARC - ACTION ET RECHERCHE CULTURELLES                                 13
LA FAST-FASHION : VOIR AU-DELÀ DES FÉTICHISMES POUR AGIR

14
Analyse

2019
  L’ARC – Action et Recherche Culturelles asbl – s’est donné pour mis-
  sion de contribuer à la lutte contre les inégalités et d’oeuvrer à la pro-
  motion et à la défense des droits culturels.

  À travers notre travail d’éducation permanente, nous entendons par-
  ticiper à la construction d’une société plus humaine, démocratique,
  solidaire et conviviale. Offrir à notre public les outils de son éman-
  cipation, permettre à chacun de gagner en autonomie et en esprit
  critique, inviter tout un chacun à prendre une part active à la société
  sont autant de défis que nous tentons, avec d’autres, de relever.

  Ce travail passe par des projets et animations développés sur le ter-
  rain, mais aussi par des publications qui proposent une analyse des
  enjeux, une sensibilisation à certains facteurs d’exclusion, un encou-
  ragement à l’engagement citoyen, des clés de compréhension.

        Vous souhaitez contribuer à nos débats et enrichir nos réflexions ?
                 Contactez-nous par mail : recherche@arc-culture.be

   Editeur responsable : Jean-Michel DEFAWE | ARC asbl - rue de l’Association 20 à 1000 Bruxelles

           Toutes nos analyses sont diponibles en ligne sur www.arc-culture.be/analyses
04
Analyse

 2019

          « Ces phénomènes d’occultation de l’exploitation, de la pro-
          duction, et des producteurs sont problématiques en ce qu’ils
          masquent l’impact de l’industrie sur les travailleurs, sur les mo-
          des de consommation et sur l’environnement »
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