Le carême protestant, sous le régime de la grâce - Reforme.net
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Publié le 21 février 2021(Mise à jour le 20/02) Par Luc Perin Le carême protestant, sous le régime de la grâce Le 21 février est le premier dimanche de la période du carême. Pour les protestants, ce temps est à mettre à profit pour développer sa vie spirituelle, lire la Bible, méditer et prier. Du mercredi des Cendres au Samedi Saint, on compte quarante-six jours. Pourtant, comme son étymologie l’indique (du latin, « quarantième »), le carême ne comprend que quarante jours… C’est tout simplement que les six dimanches de la période ne sont pas comptés. Dans l’Église primitive, le carême correspondait à un temps de préparation des catéchumènes au baptême, célébré la nuit de Pâques. C’était un temps de pénitence, c’est-à-dire de repentir des fautes commises, où les chrétiens pratiquaient le jeûne et l’abstinence de viandes. Cette pratique faisait référence aux quarante jours de jeûne de Jésus au désert (Mt 4, 2 et Lc 4, 1-2). Solidarité et sobriété La Réforme n’a pas rejeté le carême mais a pris du recul par rapport aux pratiques pénitentielles. Celles-ci sont restées très strictes dans l’orthodoxie mais
sont devenues moins exigeantes dans le catholicisme. « Au XVIe siècle, la critique des réformateurs a porté sur ces choses que l’on devait faire pour être digne de recevoir le salut, comme les indulgences ou le jeûne, rappelle Nicolas Cochand, maître de conférences en théologie pratique à l’Institut protestant de théologie, à Paris. Aujourd’hui, d’un point de vue protestant, le carême est principalement un temps de solidarité envers les plus pauvres, un temps d’abstinence, par exemple d’alcool, et un temps à explorer pour une quête spirituelle contemporaine, la recherche d’une vie plus simple. Cette idée d’une sobriété heureuse peut tout à fait être rattachée à Calvin. » Approches luthériennes C’est la tradition luthérienne qui accorde le plus de place au carême dans ses liturgies, notamment par la célébration du mercredi des Cendres. « Le carême est un moment où l’on médite le sens ou le non sens de la passion et de la mort de Jésus, explique Sophie Letsch, pasteure luthérienne de la paroisse des Hauts de Bruche (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine, UEPAL), dans le Bas-Rhin. Le fait que le Christ nous rejoigne dans notre faiblesse nous fait prendre conscience de nos limites, et nous pouvons d’autant plus ressentir sa grâce. Le carême est un moment où nous nous recentrons, où nous redéfinissons nos priorités. » Cette année, Sophie Letsch s’est particulièrement investie dans une nouvelle proposition, les « Parenthèses de Carême » : chaque mercredi de carême, l’UEPAL propose sur son site Internet des ressources pour vivre ce temps, dans le contexte de la crise sanitaire. Le « Carême Protestant » 2021 Mais le rendez-vous emblématique du carême des protestants français reste l’émission « Carême Protestant » diffusée sur France Culture. À partir de ce dimanche 21 février et jusqu’au dimanche 28 mars 2021, à 16h, les auditeurs ont rendez-vous avec Samuel Amedro, pasteur de l’Église protestante unie de France à Paris. Le thème de ses conférences ? « Les chrétiens pourraient changer le monde. »
Publié le 23 avril 2020(Mise à jour le 23/04) Par Ousmane Yansané Les musulmans s’apprêtent à vivre un ramadan moins festif mais plus spirituel Cette année, une bonne partie du ramadan aura lieu pendant le confinement. Comment les fidèles musulmans appréhendent-ils ces prochains jours de jeûne ? Le ramadan débute ce vendredi 24 avril. C’est le neuvième mois de l’année lunaire pendant lequel les croyants s’abstiennent de manger, de boire et d’avoir les rapports intimes entre le lever et le coucher du soleil. Une quête spirituelle, un moment de communion, au cours duquel chaque fidèle se tourne vers Dieu pour purifier son âme. C’est aussi l’occasion d’exprimer son amour et son altruisme envers les autres. Situation inédite Pour rappel, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a exhorté le mois dernier dans un communiqué “les responsables musulmans à maintenir les
mosquées fermées et incite les fidèles à accomplir leurs prières journalières chez eux.” “ C’est la seule attitude responsable et conforme aux principes et valeurs de notre religion dans ce contexte d’épidémie,” précise le président du CFCM, Mohammed Moussaoui. C’est une situation inédite. Les lieux de cultes resteront fermer après le 11 mai prochain. Ça sera donc un mois de ramadan sans prière à la mosquée, sans iftar collectif (la rupture du jeûne). Les fidèles musulmans devront se soumettre aux consignes sanitaires pour éviter toute propagation du Covid-19. Cette année, on assistera à un ramadan d’exception, très différent des précédents. L’importance du tarawih Ce ramadan sera à l’épreuve du confinement. Habituellement, ces trente jours de jeûne sont marqués par le tarawih. Ce sont des prières quotidiennes et nocturnes que chaque musulman peut effectuer chez soi ou en groupe à la mosquée pendant le mois sacré du ramadan et ce, en dehors des cinq prières obligatoires. “Les prières nocturnes sont fortement recommandées pendant le mois du ramadan ” explique Moussa Melghaidi, maître d’école coranique à la mosquée de l’Argonne, dans un quartier d’Orléans. “Le Prophète Mohamed a dit, dans des paroles rapportées par Al-Boukhari, que quiconque passe les nuits de ramadan en prière par foi et en espérant la récompense [auprès d’Allah] verra ses péchés antérieurs pardonnés ” ajoute-t-il. Mais pour Mustapha Ettaouzani, président du Conseil départemental du culte musulman du Loiret (CDCM), “ il est important, voire primordial de respecter les consignes du gouvernement et des autorités sanitaires, malgré l’importance du tarawih. Chacun doit faire ses prières chez soi. ” Des adaptations au confinement Au vu des circonstances, les familles musulmanes n’auront pas la possibilité de partager ce quatrième pilier de l’islam avec leur entourage, hormis entre les membres du même foyer. Mais qui dit période exceptionnelle dit solution envisageable. Dans le Loiret,
plusieurs dispositifs ont été mis en place. “Nous avons commencé à organiser des prêches vidéo dès le début du confinement et cela va continuer pendant ce mois saint. En plus nous organisons des permanences téléphoniques ouvertes tous les jours et tenues par un collège d’imams qui se relaie” explique Mustapha Ettaouzani. Les fois précédentes, les associations musulmanes avait la possibilité d’organiser l’iftar dans les mosquées pour aider les personnes dans le besoin. Cela va continuer, car cette année, elles mettront en place de la distribution de repas à emporter pour les nécessiteux et les étudiants loin de leur famille. Partout, en France, les musulmans se mobilisent et la solidarité s’organise pour venir en aide aux plus démunis. C’est le cas par exemple à Angers, où Yaya Barry, jeune étudiant et membre de l’association musulmane de la ville, compte s’investir pour soutenir les personnes âgées, musulmanes ou non. “ Nous allons distribuer des paniers-repas dans certaines familles,” explique t-il modestement. Un ramadan à la maison Ce ramadan aux allures particulières est source de motivation pour de nombreux musulmans. Cela va permettre de se recentrer sur l’essentiel, comme nous l’explique Alpha Sow, ressortissant guinéen, marié et père d’une petite fille de presque un an. Il relativise par rapport à cet événement inattendu. Selon lui, le confinement ne viendra pas perturber son mois de jeûne. Car c’est justement l’occasion de se consacrer à l’étude des textes religieux, à la méditation et à la réflexion. “ Lors des ramadans précédents, mon travail et mes nombreuses occupations ne me permettaient guère de me focaliser entièrement à la lecture du Saint Coran. Mais cette année, je pourrai m’investir efficacement à cette tâche” dit-il sereinement. Ousmane Yansané
Publié le 4 juin 2019(Mise à jour le 5/06) Par Ousmane Yansané L’Aïd El-Fitr marque la fin du ramadan Les musulmans célèbrent ce mardi 4 juin la fin du jeûne, l’Aïd El-Fitr. Mais que signifie cette fête pour ces nombreux fidèles de par le monde ? L’Aïd El-Fitr est également appelé « Aïd El-Séghir », la fête de la rupture. Elle correspond chaque année au premier jour du mois Chawwal du calendrier hégirien (islamique). Cette fête, synonyme de partage, de paix et d’amour, est l’occasion pour toute la communauté islamique de se souhaiter mutuellement « Aïd Moubarak ». Cette expression signifie bonne fête de l’Aïd ou “Que Dieu vous bénisse”. C’est l’un des jours les plus importants pour les millions de fidèles dans le monde. Bien plus qu’une rupture du jeûne, c’est un moment chaleureux. Après la prière matinale et collective, les croyants vêtus de leurs plus beaux habits se rendent visite et se réunissent autour d’un repas. Ils se souhaitent les vœux et se félicitent du jeûne accompli et des bonnes actions effectuées.
Une grande fête Les personnes non-musulmanes peuvent aussi participer à cette fête. Certains sont conviés chez leur ami pour déguster les mets, boire du thé, échanger sur les bienfaits de la vie et faire un bilan sur ce mois d’abstinence. D’ailleurs, dans les villes françaises certaines mosquées ouvrent leurs portes après la prière matinale pour laisser place aux visiteurs et personnes désireuses de connaître la tradition islamique. Cette fête religieuse clôture un mois de piété intense. Le ramadan qui a débuté le 5 mai dernier était une aubaine pour chaque musulman de faire une introspection sur sa foi. L’occasion aussi de faire une auto-évaluation dans le but de purifier son âme et son esprit. Il se traduit par une privation alimentaire, d’ascèse physique et morale. C’est un moyen de se repentir, et faire son mea-culpa pour les péchés commis tout au long de l’année. Le ramadan, une période considérée parfois comme contraignante, l’est moins pour certains. C’est le cas de Yaya Diallo, jeune étudiant de Strasbourg, « cette année, le climat a été plutôt clément. J’ai bien vécu le ramadan donc moins ressenti l’impact du jeûne » explique-t-il modestement. Avant la fin du ramadan, tous les musulmans doivent aussi s’acquitter de la Zakat Al-Fitr (aumône légale), troisième pilier de l’islam et sorte d’offrande sans contrepartie. La Zakat, sujet de polémique Chaque croyant a l’obligation de venir en aide à une personne dans le besoin, c’est un acte symbolique. Elle est qualifiée de « taxe sociale purificatrice », car elle permet de partager non seulement avec les plus démunis, mais aussi de purifier son âme contre toutes formes d’avarice. En revanche, la question liée à sa revalorisation allant de 5 euros à 7 euros sous l’impulsion du Conseil théologique musulman de France (CTMF) a suscité le débat cette année. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) quant à lui ne s’est pas prononcé là-dessus. En effet, cette différence se traduit par le fait que le mode d’évaluation prend en compte la variation des prix des denrées alimentaires selon les régions. Un écart qui peut exister entre Paris et les autres régions de France par exemple. Le CFCM « tient à rassurer les musulmans que les différents avis sont probants, légitimes et qu’il n’y a pas lieu d’en faire une polémique
puisque depuis le début de l’islam, les gens sortaient la zakat sous forme de denrées alimentaires différents représentant le même volume, mais pas la même valeur monétaire ». Il faut tout de même rappeler que c’est la somme de 7 euros qui est communiquée à tous les fidèles musulmans de France. Mais cette valeur versée a peu d’importance, car seul l’acte compte pour le fidèle désireux d’accomplir sa foi, comme nous le précise Abdelhafid, jeune agriculteur de 27 ans, près de Marseille : « à défaut de ne pas pouvoir verser de l’argent aux pauvres, il est possible de leur donner de la nourriture, le plus important est d’aider les gens qui sont dans le besoin ». Publié le 6 mars 2019(Mise à jour le 8/03) Par Nathalie Leenhardt Les protestants suivent-ils le Carême ? Les protestants ne tiennent pas le jeûne du Carême comme indispensable. Ces 40 jours avant Pâques sont considérés comme un temps tourné vers la prière. Aujourd’hui, mercredi 6 mars est le mercredi des Cendres, signe du début du Carême pour les catholiques et les orthodoxes. Les protestants n’ont pas le même rapport au Carême.
Les raisons en sont d’abord historiques et théologiques. Convaincus qu’ils sont portés par la Sola Gratia, la grâce seule, les luthériens et les réformés, héritiers de Luther et de Calvin, refusent l’idée de pénitence et de “gagner son ciel” en jeûnant. Sauvés par grâce, une grâce offerte inconditionnellement à toutes et tous, ils n’expriment pas le besoin de poser des actes pour se rapprocher de Dieu. Cette attitude est inspirée de la geste de Luther, qui, rejetant l’idée de l’achat du salut par les œuvres et donc les indulgences, pose les fondements de la Réforme. Au fil du temps pourtant, les choses ont pu évoluer et le temps de Carême est aujourd’hui perçu comme un temps à part, pour se préparer pendant 40 jours à Pâques. Ces 40 jours renvoie au temps passé par Jésus au Désert. Beaucoup de protestants considèrent cette période comme “un moment privilégié d’écoute, de prière et d’engagement renouvelé au cours duquel chacun essaie de mieux suivre la voie et la voix du Christ, de prier, d’entrer dans son enseignement” comme l’explique la pasteure Jane Stranz. Le Carême, temps de prière et de méditation La sobriété, la modération et la simplicité ont toujours tenu des places importantes dans la spiritualité protestante. Depuis quelques années et face aux enjeux du réchauffement climatique un jeûne pour le climat a été lancé au niveau mondial par la Fédération luthérienne mondiale, rejointe par d’autres Églises chrétiennes ainsi que par des représentants d’autres religions. D’autres initiatives sont prises ici et là dans les paroisses comme le jeûne informatique. Pour encourager à la réflexion, la méditation et la prière, ont été créées les Conférences de Carême protestant. Cette émission de radio est diffusée chaque dimanche sur France Culture, cette année du 10 mars au 14 avril 2019 de 16h à 16h30 (rediffusion sur Fréquence protestante le lundi suivant à 21h30, ou en podcast sur le site de France Culture). Cette année, ces conférences sont assurées par le pasteur Bruno Gaudelet, membre de l’Église protestante unie de France de Neuilly-sur-Seine (92). Bruno Gaudelet propose de cheminer avec six personnages touchés dans leur existence par leur rencontre avec Jésus. Solidement étayées par l’exégèse
biblique, ces relectures narratives, de facture théâtrale, feront partager les remises en cause intérieures de ces premiers témoins selon leur ancrage social et théologique. En chemin vers Pâques, ces conférences se veulent un moyen d’entrer dans l’espérance ! Voici le programme des conférences : 10 mars : LE TÉMOIGNAGE DE PIERRE Apprendre à se pardonner soi-même Luc 5.1-11, Marc 8.27-33, Matthieu 26. 69-75, Jean 21.14-25 17 mars : LE TÉMOIGNAGE DE MARIE-MADELEINE La Bonne Nouvelle qui relève Luc 8.1-3, Jean 20.1-18 24 mars : LE TÉMOIGNAGE DE THOMAS Croire au-delà du voir Jean 11.16, 14.1-14 et 20.24-31 31 mars : LE TÉMOIGNAGE DE NICODÈME Il faut naître de nouveau Jean 3.1-12 et 19.38-42 7 avril : LE TÉMOIGNAGE DE PAUL De la haine à l’amour Actes 9.1-22, 1 Corinthiens 15.1-11, 2 Corinthiens 11.18-32, Galates 1.11-24 14 avril : LE TÉMOIGNAGE DE JÉSUS Père me voici ! Matthieu 26.36-46, Marc 14.32-42, Luc 22.39-46 Les 6 conférences sont publiées en une brochure au prix de : 18 € pour la France et les DOM/TOM et de 21 € pour l‘étranger et sont enregistrées sur 3 CD indivisibles au prix de : 27 € pour la France et les DOM/TOM et de 32 € pour l’étranger.
Publié le 14 novembre 2018(Mise à jour le 2/07) Par Collectif COP24 : Jeûnons ensemble pour le climat ! Des femmes et des hommes de tous horizons lancent un appel à toutes celles et ceux qui se sentent concernés par les défis du changement climatique. Appel au jeûne avant la COP24 Jeûner, c’est prendre soin de soi, des autres et de notre environnement. Prendre soin de soi en offrant à son corps et son esprit un temps différent. Prendre soin des autres en témoignant de notre capacité à nous limiter pour une meilleure répartition des ressources. Prendre soin de ce que certains appellent nature, d’autres création, en nous montrant capables de résister à l’avidité encouragée par nos sociétés de consommation. Jeûner pour le climat, c’est répondre à l’alerte lancée par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et interpeller les citoyens et les gouvernements à l’occasion de la COP24 :
Oui, nous avons entendu qu’il est à la fois urgent et possible d’agir pour limiter le réchauffement climatique en cours. Continuant à évoluer sur sa trajectoire actuelle, il engagerait à court terme des dérèglements dévastateurs et irrémédiables pour l’ensemble du vivant. Oui, nous avons conscience que les conséquences du dérèglement climatique pour l’humanité touchent et toucheront d’abord les populations les plus vulnérables. Chacun et tous devons nous mobiliser pour prévenir les injustices et les violences locales qui sont le résultat d’une irresponsabilité collective. Oui, nous avons une plus belle ambition que celle de « tirer notre épingle du jeu » : que la crise que nous traversons à une échelle inédite soit l’occasion d’une transformation positive de l’humain, conscient d’appartenir à un monde, à une histoire, à une communauté avec lesquels il interagit pour le meilleur et non plus pour le pire. Jeûner pour le climat, c’est saisir l’occasion de réfléchir à notre manière d’habiter le monde et de décider de changements concrets dans nos modes de vie (choisir, par exemple, de manger, se déplacer, ou consommer autrement). Jeûner ensemble, c’est rassembler des femmes et des hommes de tous horizons, d’appartenance confessionnelle ou non, militants ou non, autour d’une pratique ancestrale et d’une identité commune : habitants d’un monde en surchauffe, en résistance devant la fatalité et en espérance pour un changement au bénéfice de tous. Jeûner pour le climat, c’est sortir de la fascination du désastre, témoigner de la capacité humaine au changement, à la solidarité avec sa propre espèce et l’ensemble du vivant et encourager les gouvernements à faire des enjeux climatiques le point giratoire de leur politique. Rendez-vous le vendredi 30 novembre, samedi 1er décembre et dimanche 2 décembre, jour d’ouverture de la COP24. Jeûnons un jour ou plusieurs. Jeûnons seul ou en groupe. Jeûnons de nourriture ou d’autre chose (de sa voiture, de son smartphone, etc.). Et pourquoi ne pas rompre son jeûne par un repas joyeux, qui célèbre nos engagements actuels et à venir ? Proposons et rejoignons des événements locaux de jeûne et/ou de repas de rupture partout en France, grâce au site : jeunepourleclimat.net
Signataires L’appel est signé par plus de 90 personnalités venues de tous les horizons : Emmanuel Carrère, écrivain ; Alexandre Jollien, philosophe et écrivain ; Radia Bakkouch, présidente de Coexister ; Dominique Bourg, philosophe, université de Lausanne ; Véronique Fayet, présidente du Secours catholique ; Pauline Bebe, rabbin ; Olivier de Schutter, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation et membre du comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU ; Siham Tamansourt, Assises musulmanes de l’écologie ; Patrick Viveret, philosophe et cofondateur des Dialogues en Humanité ; Kankyo Tannier, bouddhiste et vegan ; Jon Palais, militant climat ; Alexandra Breukink, pasteure ; Natacha Cros-Ancey, pasteure ; Marion Muller-Colard, théologienne et écrivaine ; Martin Kopp, écothéologien et militant climat ; Dominique Lang, prêtre assomptionniste et journaliste ; Sandrine Pires, comédienne et metteur en scène ; Dany Schmidt, agriculteur bio ; Antoine Nouis, théologien ; Colette Nys-Mazure, écrivaine ; Jean-Claude Guillebaud, écrivain et journaliste ; Isaac Doude van Troostwijk, guide de haute montagne UIAGM ; Jacob Rogozinski, professeur de philosophie, université de Strasbourg ; Jenny Litzelmann, directrice de la Maison Schweitzer ; Dominique Schoenheitz, viticultrice ; Isabelle Czernichowski-Lauriol, chercheuse en stockage géologique de CO2 ; Sylvie Lander, artiste-peintre ; Pascal Poirot, artiste-peintre ; Olivier Abel, philosophe ; Éric Tillette de Clermont- Tonnerre, religieux dominicain et théologien ; Gabriel Farhi, rabbin ; Frédéric Rognon, professeur de philosophie, université de Strasbourg ; Patrick Cabanel, historien et directeur d’études EPHE ; Marc Félix-Faure, médecin généraliste, diplômé en soins palliatifs ; Marie-Hélène Cahuzac-Feron, formatrice ; Jacques Verseils, enseignant, berger en Cévennes et fondateur de l’association Abraham Mazel ; Bernard Dugas, consultant en entreprise ; Daniel Arnera, sociologue d’entreprise ; Caroline Sarra-Gallet, psychologue ; Olivier Wang-Genh, abbé du monastère bouddhiste zen de Weiterswiller en Alsace ; Bertrand Hériard, jésuite ; Stéphane Lavignotte, pasteur ; Pierre Muckensturm, artiste-plasticien ; Robin Sautter, pasteur ; Laura Morosini, Chrétiens Unis pour la Terre ; Marcel Ngirinshuti, coordinateur de la Toile des Églises vertes en Afrique ; Caroline Bauer, théologienne et économiste ; Fabien Revol, théologien de l’écologie ; Jean- Pierre Rive, pasteur et militant climat ; Alain Prin, diacre et agriculteur bio ; Loïc Lainé, professeur de commerce international, diacre permanent et théologien de l’écologie ; François Prouteau, président de Fondacio ; Gérard Siegwalt,
professeur émérite de théologie ; Anne-Claire Bucciali, psychologue ; Michel Hutt, écrivain ; Bernard Rodenstein, président fondateur de l’association Espoir ; Bertrand Gaufryau, chef d’établissement (64) ; Armelle Nouis, chef d’établissement (75) ; Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran ; Matthieu Fuchs, archéologue et directeur général de collectivité territoriale ; Marie-Olga Cros, médecin généraliste ; Antoine Lecomte, banquier ; Nathanaël Wallenhorst, maître de conférences, université catholique de l’Ouest ; Farid Grine, imam traducteur et aumônier pénitentiaire ; Francis Roess, informaticien ; Bruno Lamour, ancien président du Collectif Roosevelt ; Alberto Ambrosio, dominicain ; Caroline Riegel, réalisatrice et ingénieure ; Bernard Stoehr, guid nature ; Dominique Ley, professeure de lettres et laïque dominicaine ; Andreas Seyboldt, pasteur ; Nicolas Beziaux, médecin généraliste, diplômé en soins palliatifs ; Chris Doude van Troostwijk, philosophe ; Jean-Marc Ferry, philosophe ; Mohamed Latahy, aumônier des hôpitaux de l’université de Strasbourg ; Jean-Louis Hoffet, conseiller régional d’Alsace honoraire ; Marie Christmann ; Caroline Runacher, religieuse dominicaine et doyenne de la faculté de théologie de l’université de Lille ; Anne Soupa, écrivaine et présidente de la Conférence catholique des baptisé-e-s francophones et du Comité de la jupe ; Corinne Lanoir, enseignante à l’Institut protestant de théologie et pasteure ; Marie-Laure Denès, religieuse dominicaine et provinciale de la Congrégation romaine de Saint-Dominique ; Marco Baumann, propriétaire de l’Hôtel des Berges à Illhaeusern ; Steven Weinberg, biologiste spécialiste du monde sous-marin et voyageur curieux de nature ; Isabelle Ullern, faculté libre d’études politiques et en économie solidaire ; Chiara Villa, metteur en scène ; Valérie Rodriguez, directrice de la Fraternité mission populaire de Trappes ; Thierry Truillet, lama enseignant-formateur, ermitage bouddhiste du bocage normand ; Luk Bouckaert, SPES-Forum Belgique ; Johan Van der Walt, professeur en philosophie du droit au Luxembourg ; Stéphane Reitter, enseignant; Silvère Lataix, coordinateur de Bible et Création ; Michel Maxime Egger, sociologue et écothéologien d’enracinement orthodoxe ; Jean Jouzel, climatologue.
Publié le 26 septembre 2018(Mise à jour le 9/10) Par Nathalie Leenhardt Protestants et musulmans “Que sait-on de l’islam, en milieux protestants ? À quelques exceptions près, globalement, peu de choses.” Que sait-on de l’islam, des musulmans, en milieux protestants ? À quelques exceptions près, globalement, peu de choses. Il y a bien le jeûne et sa très médiatique rupture, les prières quotidiennes, la séparation des hommes et des femmes dans les mosquées, le pèlerinage à La Mecque. Mais du Coran, de son contenu, de sa constitution, que sait-on ? Rien ou presque. C’est pourquoi la démarche de la Fédération protestante de France, consistant à organiser une rencontre sur les rapports entre Bible et Coran, paraît judicieuse. C’est pourquoi aussi nous avons interrogé un certain nombre des orateurs de la soirée : comment aborder cette épineuse question ? C’est en effet ouvrir, une sacrée (si j’ose dire) boîte de Pandore que de poser la question des relations entre christianisme et islam, au-delà du beau – et utopique ? – discours de l’interreligieux : « Nous sommes deux religions monothéistes, frères et sœurs en Abraham, nous pouvons prier ensemble. » Sauf, comme l’explique le pasteur Pierre Lacoste, qui vit au Liban, que rien n’est aussi simple tant demeurent deux réalités éloignées : d’un côté un texte sacré, révélé, intouchable pour la majorité des musulmans -mais pas tous, de l’autre une bibliothèque riche de 66 livres, dont 4 évangiles, comme pour signifier aux protestants que c’est bien dans la confrontation, le débat, les différences d’approches que se situe le chemin de la foi, même si d’aucuns préfèrent une voie fondamentaliste. C’est également un vrai défi tant on sait que, dans nos banlieues, mosquées et
communautés évangéliques se retrouvent en « concurrence », œuvrant sur le même terrain pour convertir ou évangéliser. Pourtant, cette familiarisation avec l’autre est indispensable. Les musulmans constituent la seconde religion en France. Et parce que si tous les musulmans ne sont pas des islamistes – faut-il encore le rappeler ? – tous les tenants du djihad et autres horreurs le font au nom de Dieu. Mais lequel ? Publié le 23 mai 2018(Mise à jour le 23/05) Par Antoine Nouis Islam : qu’est-ce que le ramadan ? Le ramadan, qui a commencé cette année le 17 mai, est une prescription religieuse et un marqueur identitaire pour les musulmans. Le meilleur moyen de construire une communauté est de permettre à ses membres de célébrer ensemble. Lorsqu’en plus les fidèles d’une religion surmontent ensemble une épreuve, cela renforce les relations. Si, vu de l’extérieur, le ramadan est une obligation religieuse difficile, pour les musulmans, c’est un marqueur identitaire qui permet une relation privilégiée avec le divin et avec ses proches.
Pour Omero Marongiu-Perria, sociologue spécialiste de l’islam, le ramadan a une fonction sociale très forte dans les pays musulmans. La société vit un temps spécial, les cafés et les restaurants sont fermés, des espaces sont aménagés autour des mosquées, les temps de rupture du jeûne sont festifs. Pourtant certains musulmans préfèrent vivre le ramadan en France, car le climat est moins chaud – donc l’abstinence d’eau moins difficile – et la pratique plus intériorisée, donc plus authentique. Le ramadan dans le Coran L’origine du jeûne se trouve dans une sourate : « Le Coran a été révélé durant le mois de Ramadan. C’est une direction pour les hommes : une manifestation claire de la direction et de la loi. Quiconque d’entre vous verra la nouvelle lune jeûnera le mois entier. Celui qui est malade ou celui qui voyagera jeûnera ensuite le même nombre de jours. Dieu veut la facilité pour vous, il ne veut pas pour vous la contrainte. » (Coran, II,185-187). Au commencement de la vie du Prophète, il avait adopté le jeûne pratiqué par les juifs. Lorsqu’il a voulu se distinguer, il a institué un mois de jeûne et il le voulut plus sévère que le carême des chrétiens. Le mot ramadan signifie grande chaleur. Il est le nom du neuvième mois du calendrier musulman. Comme l’année est composée de douze mois lunaires, le mois avance de dix jours chaque année par rapport à un calendrier basé sur le soleil. Si bien que la « grande chaleur » peut parfois être célébrée en plein hiver ! Pendant ce mois, le croyant s’abstient de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles du lever du soleil (dès que l’on peut distinguer un fil blanc d’un fil noir, dit le Coran), à son coucher. Les jeunes enfants, les personnes âgées, les malades, les personnes en voyage, les femmes enceintes et celles qui allaitent ne sont pas tenus de respecter le jeûne, mais ils doivent rattraper par un jeûne de remplacement à un autre moment de l’année. S’ils ne peuvent rattraper, ils compensent alors le jeûne par une aumône destinée aux nécessiteux, l’équivalent d’un repas par jour de jeûne. Le jeûne est plus difficile en été, car les jours sont plus longs. Dans les pays nordiques où le soleil peut encore briller à minui,t des aménagements sont prévus. Les sages disent que l’idéal est un jeûne de seize heures, soit les deux tiers de la journée.
Le but du jeûne est d’abord personnel, afin de se libérer de la dépendance matérielle et de la consommation aveugle. Il renforce la spiritualité et la soumission au divin. Le Prophète a dit que le jeûne est un bouclier qui protège la personne du péché et des passions. La famille et l’aumône Le jeûne a aussi une dimension communautaire. C’est un acte social qui permet de renforcer les liens entre musulmans. Le repas de rupture du jeûne, après le coucher du soleil, est souvent un temps de convivialité très fort. C’est enfin une période privilégiée pour l’aumône et le partage. C’est un moment de prédilection pour rappeler aux riches la solidarité avec les pauvres. Jadis, les maisons étaient ouvertes et les tables offertes aux indigents. Pour beaucoup de musulmans, le ramadan appartient à leur identité religieuse. Comme pour toutes les prescriptions, certains vivent le jeûne dans toute sa rigueur, d’autres en ont une pratique plus souple. Ils jeûnent certains jours, ce qui ne les empêche pas de participer quotidiennement aux festivités de rupture du jeûne pour sa convivialité. Comme pour tous les jeûnes, une attention doit être portée à la reprise de l’alimentation, nécessairement progressive. Il est recommandé de commencer par se réhydrater, puis par prendre un repas léger en évitant les sucres et pâtisseries. Dans les pays du Moyen-Orient, les services d’urgence des hôpitaux sont souvent débordés par des pics de diabète pendant le mois du ramadan. Normalement, le jeûne n’est prescrit qu’à partir de la puberté, mais on voit des enfants jeûner de plus en plus tôt. En France, les collèges tiennent compte de la période de ramadan pour leur service de cantine, car certains collégiens jeûnent. Ils le font parfois contre l’avis de leurs parents, par imitation de leurs aînés ou sous l’influence d’une radicalisation religieuse. On voit aussi parfois des non- musulmans faire le ramadan par solidarité avec leurs amis.
Témoignage d’un journaliste syrien réfugié en France “C’est la deuxième année que je passe en France, la deuxième fois que je vivrai le ramadan loin de mon pays. Pour les musulmans, le ramadan est un mois consacré au culte et à l’obéissance à Dieu, mais c’est aussi un temps de célébrations familiales. En Syrie, la télévision diffuse un programme spécial pendant cette période. Les voisins s’invitent et partagent leur nourriture. C’est cette atmosphère particulière que j’ai connue dans mon pays qui me manque pendant le ramadan en France. Le jeûne est une épreuve. Ne pas manger ni boire pendant dix-sept heures tout en poursuivant son travail est un défi. Mais le plus difficile pour moi est de ne plus avoir ces moments particuliers du petit déjeuner en famille avant le lever du soleil, et de retrouvailles le soir pour la rupture du jeûne. J’aimais ces ambiances de fête, avec le sentiment d’avoir traversé ensemble une épreuve difficile. En France, j’ai parfois des craintes que la société dans laquelle je vis maintenant n’accepte pas ma pratique religieuse. J’ai peur qu’elle me considère comme un extrémiste, surtout dans cette période d’attentats. Si j’ai parfois peur, je suis aussi reconnaissant, car j’ai le sentiment d’être sur un chemin d’intégration. J’ai noué des relations avec des personnes d’autres religions. J’ai même reçu des messages d’encouragement pour m’aider à vivre mon ramadan.” Mahmoud Alhaji Othman
Publié le 18 décembre 2017(Mise à jour le 6/08) Par Frédérick Casadesus Cuisine et plaisirs de la table : “Luther ne méprisait pas les bonnes choses” Le professeur Matthieu Arnold explique de quelle façon Martin Luther appréhendait la cuisine et les plaisirs de la table, entre gourmandise et invite à la modération. Entretien. Matthieu Arnold est professeur d’histoire moderne et contemporaine à la faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg Quelles sont les conceptions de Luther à l’égard des plaisirs de la table ? Il faut distinguer le Luther de la jeunesse, qui a été moine et qui reste marqué par l’ascétisme de celui qui, mûr et marié, qui se comporte comme les autres hommes de son temps. Martin Luther estime qu’il n’y a pas deux sortes de chrétiens, le clerc et le laïc. Il ne se conforme donc plus à des règles qu’il juge inutiles. Ainsi a-t-il congédié le
jeûne comme œuvre méritoire, même s’il n’empêche personne de s’y adonner, si le chrétien pense que c’est bon pour son corps ; mais il conteste que cela puisse aider au salut. De surcroît, cette pratique n’apporte rien à autrui. Dès lors, Martin Luther entretient des relations beaucoup plus détendues, c’est le moins que l’on puisse dire, avec la nourriture et la boisson. Luther aimait-il bien manger ? Il ne méprisait nullement les bonnes choses de la Création. Dans ses fameux Propos de tables comme dans ses lettres, il dévoilait nombre de détails concernant cet aspect de son rapport au monde. À la table des Luther, il y a avait bien souvent du monde : outre Martin, son épouse Catherine et leurs enfants, venaient des étudiants, les collègues de Wittenberg. Ils constituaient de grandes tablées chaleureuses. Il semblerait que Catherine ait été très douée pour la cuisine, beaucoup plus que madame Mélanchthon. Martin, par exemple, donne à des amis la recette par laquelle elle accommode les pommes. Ceci étant posé, des gens venaient l’aider à faire fonctionner la maisonnée. Quels étaient les plats servis chez les Luther ? Nous savons pas mal de choses à ce sujet. Luther remercie le prince de Danemark de lui avoir envoyé des tonneaux de hareng, il mange souvent des poissons d’eau douce – des brochets, des carpes – et des volailles, en particulier des poules. À l’approche d’une soutenance de thèse d’un étudiant, Luther demande du gibier aux princes, pour fêter l’événement. Nous savons par ses lettres que lorsqu’il voyage, il veille à bien se nourrir – il écrit à Catherine un jour qu’il mange comme un Bohémien et boit comme un Allemand. Par ailleurs, son épouse bénéficiait, par sa famille, du privilège de brasser de la bière. Quand la ville de Wittenberg a voulu lui retirer cet avantage, Martin s’est indigné, en a réclamé officiellement le maintien et bien sûr obtenu gain de cause.
Était-il gourmand ? Oui, on peut le dire. Mais Luther insiste sur la nécessité de rester modéré dans son comportement. Certaines prédications contiennent des condamnations sans appel de ceux qui s’empiffrent ou s’enivrent à toute occasion. En 1541, il reconnaît que l’électeur de Saxe, neveu de Frédéric le Sage, est trop porté sur la boisson, même s’il essaie de lui trouver des circonstances atténuantes. Il critique les ripailles de taverne, tout en ne voulant pas les empêcher. Son attitude est donc plutôt prudente. Il est vrai qu’à la fin de sa vie Luther avait de l’embonpoint, souffrait de la goutte et se soignait… en buvant de la bière ! L’historien Lucien Febvre l’a beaucoup critiqué pour cela. En allait-il de la même façon pour les autres Réformateurs ? Il est difficile de comparer. Calvin n’était pas de la même eau, si j’ose dire. Il paraissait un ascète, puisqu’il ne prenait qu’un repas par jour. Durant son séjour à Strasbourg, il s’est un jour tellement mis en colère contre le théologien Pierre Caroli qu’il en perdit l’appétit. Pareille situation aurait été impensable pour Luther. Il est difficile de savoir si Martin Bucer ou d’autres aimaient la cuisine. Peut-on dire que les protestants, dans leur ensemble, ont une culture spécifique à l’égard de l’art culinaire ? Je resterai prudent sur ce point. Je peux certes témoigner que dans la tradition luthérienne le goût de la gastronomie, d’une gourmandise tempérée, s’est transmis. Aujourd’hui encore, dans les fêtes paroissiales, tout particulièrement en Alsace évidemment, les plaisirs de la table constituent un héritage important et tout à fait assumé. Cela dit, je suis bien certain que l’on mange bien aussi dans les familles calvinistes ou évangéliques. J’incline à penser que les traditions régionales y
tiennent un rôle. Propos recueillis par Frédérick Casadesus À lire Luther Matthieu Arnold Fayard, 685 p., 25 €. Publié le 28 juin 2017(Mise à jour le 28/06) Par Frédérick Casadesus Le président Macron à la rencontre des responsables musulmans du CFCM À l’occasion de la rupture du jeûne, Emmanuel Macron a invité les musulmans de France à lutter contre le terrorisme sur le terrain spirituel et culturel.
La fraternité favorise la franchise. Le 20 juin dernier, le président de la République est venu assister à l’iftar, dîner de rupture du jeûne, organisé par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Une première depuis dix ans. Soucieux sans doute de donner du sens à sa présence, Emmanuel Macron a prononcé un discours vigoureux. Après avoir rendu hommage à la fermeté de l’instance représentative quand il s’est agi de dénoncer les crimes perpétrés au nom de l’islam et de maintenir la cohésion nationale face au terrorisme, le chef de l’État n’a pas manqué d’inviter les musulmans de France à prendre leur part à la lutte sur un plan plus large : « La réponse à ce terrorisme contemporain est évidemment dans la mobilisation de nos forces de l’ordre et je veux saluer ici la présence du ministre de l’Intérieur. Mais elle est aussi dans la réponse civilisationnelle, morale, qu’ensemble nous leur apporterons. Il vous appartient vous, acteurs du culte, de combattre pied à pied sur le terrain théologique et religieux, de démasquer chaque fois que nécessaire l’usurpation de vos valeurs, la captation de l’histoire de votre religion, la négation de quinze siècles de travail, d’interprétation réalisés par vos savants. » Se mobiliser davantage Une telle injonction, constructive et vigilante, soulève des interrogations. Le président voulait-il accroître la pression sur le CFCM ? Ou simplement rappeler quelques évidences en début de mandat ? « J’ai écouté le discours du président et j’ai trouvé qu’il était à la hauteur des enjeux, déclare sans ambages Habib Kaaniche , aumônier des prisons à Marseille. Nous devons aller de l’avant, tous ensemble, pour combattre l’ignorance des musulmans et construire un islam commun à tous. Les civilisations humaines ont été fabriquées par des apports multiples, il nous faut, nous aussi, accepter les différences. » Pour beaucoup d’observateurs, les propos convenus « sur des actes barbares qui n’ont rien à voir avec l’islam », religion d’amour et de paix, ne sont plus d’actualité. « Dire que l’on refuse les amalgames, c’est bien gentil, mais cela me paraît totalement décalé, prévient l’islamologue Ghaleb Bencheikh. Jusqu’à présent, la communauté nationale a su faire preuve de sang-froid, de solidarité, mais les musulmans doivent se mobiliser davantage et, sous cet angle aussi, le discours présidentiel a le mérite de la clarté. Nous devons nous demander, sur un plan théologique mais aussi scientifique, comment nous en sommes arrivés là. »
Tout le monde cependant ne partage pas cet engouement. Sans marquer d’opposition à l’égard d’Emmanuel Macron, l’imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, souligne que les principes de la laïcité française reposant sur la séparation des Églises et de l’État, le pouvoir politique ne peut pas dépasser certaines limites : « La République impose à chacun le respect de la Constitution et du droit. Il n’est pas du ressort du président de la République de définir le droit canon, les orientations théologiques ou de dire comment les religions doivent se transformer. Les religions sont souveraines tant qu’elles ne troublent pas l’ordre public. » Dans ce contexte, les réformes restent possibles. « Il faut développer la soif de connaissance chez les musulmans, quel que soit leur niveau de culture, estime Habib Kaaniche. Faire comprendre que la science, l’analyse des textes coraniques et la foi se situent sur des chemins différents, quoique parallèles, est indispensable. Nous vivons dans un pays qui nous permet de dire un certain nombre de vérités, nous devons nous saisir de cette opportunité. » Mais ces évolutions théoriques suffiront-elles ? Pour Tareq Oubrou, l’islam doit se réformer sinon il va disparaître, mais c’est l’amélioration des conditions de vie des jeunes musulmans qui permettra de lutter de manière efficace contre l’ignorance : « Comme autrefois les anarchistes, les terroristes qui se réclament de l’islam ont choisi la stratégie du désespoir et de l’effondrement. L’islam est déjà en train de s’adapter, mais il faut de la patience, parce que le temps des religions n’est pas celui des politiques. » Un tel point de vue ne calme pas toujours les impatiences parmi les Français, musulmans ou non. Tablant sur l’efficacité d’une meilleure formation des imams pour écarter tout esprit de repli identitaire, Emmanuel Macron a réitéré la volonté de l’État d’accompagner la construction d’un islam de France pleinement inscrit dans la logique républicaine. Peut-il aller plus loin ? « Pour l’instant, rien dans la loi ne l’y autorise, explique le philosophe Philippe Gaudin, président de la commission des relations avec l’islam de la Fédération protestante de France. Pour intervenir sur le fond des problèmes, il faudrait que le président définisse ce qu’est le vrai islam. » On devine que telle n’est pas l’intention du président. Tout juste peut-il espérer que le CFCM, qu’il reconnaît comme interlocuteur privilégié, gagne en influence pour entamer de vraies réformes. On ne peut exclure que cette visite ait allié à la courtoisie cette intention tactique. En même temps !
Publié le 8 février 2017(Mise à jour le 8/02) Par Holger Wetjen Sept bonnes pratiques pour le jeûne informatique Après le jeûne climatique, pourquoi ne pas tenter le “jeûne informatique” pour appréhender autrement nos relations par courriel et autres réseaux sociaux ? Deux amis se rencontrent : « Tu as eu mon texto ? », demande le premier. « Non. Qu’est-ce que tu as écrit ? », répond l’autre. « Que je ne viens pas à ta soirée », dit le premier. « Je ne te l’avais pas écrit ?, dit l’autre. La soirée tombe à l’eau. » Textos, courriels, messages sur Facebook : trop d’informations tue l’information. Pour ne pas se noyer dans les messages, il peut être utile de s’imposer un « jeûne informatique », en ces temps de début de carême. Après le « jeûne climatique », mis en place au moment de la COP21 et initié notamment par Martin Kopp, on peut très bien imaginer un « jeûne informatique », qui consisterait à réduire le nombre de messages émis par téléphone, SMS, courriel ou sur Facebook et de travailler sur la qualité humaine du message pour entendre, dans le dialogue avec l’autre, la parole de Dieu. Voici quelques astuces que je vous propose :
1 – Si votre message est important, n’écrivez pas de texto, mais téléphonez à l’autre et invitez-le à un vrai dialogue. Préparez bien ce que vous avez envie de lui dire. Vous pouvez pour cela noter sur un papier les questions que vous allez poser avant de téléphoner. Pendant ce temps de préparation, éteignez votre ordinateur, ne regardez pas votre portable. Quand vous êtes au téléphone avec lui, soyez fidèle à votre plan, notez ses réponses. Votre dialogue aboutira à un résultat précis, peut-être à un rendez-vous, et surtout, vous ressentirez dans la présence de l’autre la présence de Dieu. 2 – Vous attendez une réponse par courriel d’un ami ou d’un client lors d’une transaction. Elle se fait attendre : n’écrivez pas une deuxième fois ! Attendez au moins deux jours avant de le rappeler. Soyez patient ! Appréciez l’autre, restez serein : la bonne relation avec l’autre est plus importante que le petit premier résultat que vous visez dans votre entretien. Laissez la relation primer sur votre angoisse intime. Dans 99 % des cas, la raison du retard est que votre interlocuteur a du travail et qu’il n’a pas encore eu le temps de lire votre message et de réfléchir à votre proposition. Simplement, parce que sa boîte courriel déborde. N’ajoutez pas de courriel à son déluge de courriels ! Vous ne feriez que l’irriter davantage. 3 – Prenez votre temps pour bien lire, réfléchir et répondre aux messages que vous recevez vous-même, et qui arrivent souvent par surprise. Ces messages sont des signes. Un ami vous propose de venir chez lui pour partager avec lui le déjeuner : ne dites pas non ! Suivez son invitation ! Elle sera la base pour d’autres rencontres et d’autres relations humaines ! 4 – Réduisez le nombre de vos courriels et travaillez davantage sur la qualité humaine de chacun. Préparez vos courriels (ou vos messages à publier sur Facebook), le matin, quand vous avez l’esprit clair. Laissez votre tablette ou ordinateur éteints. Préparez vos courriels à la main, au stylo sur un papier. La touche personnelle de votre main vous permet pendant la rédaction d’y insérer une touche personnelle. Prenez votre temps pour souhaiter à votre correspondant une bonne journée, un bon week-end, pour vous renseigner sur sa vie et ses amis. Vous allez voir : quand vous passez, plus tard, aux questions plus professionnelles et « sérieuses », vous dialoguez dans une ambiance d’écoute et d’intérêt sincère. Vous devenez plus
efficace. 5 – Sur Facebook, il y a le risque de révéler dans une humeur des secrets de votre vie privée qui auraient dû rester privés. Pour rester discret sur Facebook : avant de répondre à un message, faites une pause. Posez-vous la question : que veut savoir l’autre ? Est-il nécessaire de répondre ? Puis, qu’est-ce que je vais répondre ? Levez-vous de votre fauteuil et marchez dans votre bureau : préformulez votre réponse. Ensuite seulement, rasseyez-vous, et répondez à votre correspondant. 6 – Avec vos clients et contacts professionnels : convenez d’un rythme pour votre correspondance par courriel : tenez-vous à ce rythme. Par exemple, fixez des règles pour limiter le nombre d’allers-retours sur un texte qu’il faut relire et remanier ou traduire. 7 – Respectez une fois par semaine un « sabbat informatique » : peut-être le dimanche. Pendant cette journée, vous n’allez pas sur Internet, votre boîte courriel se repose. La Bible dit : « L’homme ne vit pas seul du pain, mais de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu. » Soigner notre parole peut nous permettre d’entendre la parole de Dieu, au milieu de nos médias modernes que sont le téléphone, les SMS, les courriels ou Facebook. Ce « jeûne informatique » s’inscrit dans la tradition protestante : il est une « ascèse dans le monde » et permet d’appliquer la sagesse de la Bible dans la vie quotidienne.
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