LE DIEU AU MAILLET GAULOIS ET CHARUN
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LE DIEU AU MAILLET GAULOIS ET CHARUN « Beaucoup cherchâmes et rien n’imaginâmes » fait dire Voltaire à quelqu’abbé Trublet. Je suis parti d’une hypo- thèse qui, d’ailleurs n’a rien de nouveau; j’ai cherché, au moins quelque peu, et n’ai pas trouvé de preuve décisive. Je ne puis donc offrir à mon ami Minto qu’une hypothèse insuffisamment étayée et c’est comme telle que je présente cette note à la critique ou à des recherches plus approfondies de mes confrères archéologues. Nous trouvons en Gaule un dieu assez énigmatique dont l’at- tribut est le maillet. Il porte en Narbonnaise le nom familier et bien latin de Silvain ; dans le centre de la Gaule, en Bourgogne surtout, chez les Eduens, il apparaît comme le dieu au tonneau ; dans l’Est, il est Sucellus, le bon frappeur et son attribut essentiel est toujours le maillet (i). Sucellus est nettement un dieu de l’outre- tombe; l’exégèse du dieu au tonneau est plus complexe (2); de son maillet, certains ont pensé faire un simple outil de tonnelier mais ses tonneaux devaient contenir la boisson d’immortalité (3). Je m’en tiendrai ici au Silvain narbonnais. Son nom est latin mais lui-même ne l’est plus qu’occasionnelle- (1) Voir en particulier le relief de Sarrebourg (Moselle), Es pè r a n d ie u , Recueil des bas-reliefs, statues et bustes de la Gaule romaine, t. VI, n. 4566. Sur Su c e l l u s , Da r e m b e r g -Sa g l io -Po t t ie r , Diet, des Antiquités et J. B. Ke u n e , Pa u l y -Wis s o w a , Real-Encyclo-p., s. v. ; P. La m b r e c h t s , Contribu- tion à l’étude des divinités celtiques (Gand, 1942), p. 108 ss. (2) H. Hu b e r t , Nantosuelta, la déesse à la ruche (Nantosuelta est la parèdre de Sucellus, cf. E. Lin c k e n h e l d , dans Rev. Hist, des religions, 1929), l’article de Hu b e r t dans Mélanges Cagnat (1912) p. 281-296, parti- culièrement, p. 284 sq. ; W. DÉo n n a , Quand le dieu roule ses tonneaux, dans Genova, 1946, To u t a in , Les cultes -païens dans l’Empire romain. III, (1920), p. 230 sq. En dernier-lieu, E. Th é v e n o t , Gallia, XI, 2, 1953, p. 293-306; tonneau et amphore, régions d’Autun et de Sens. (3) C’est la thèse de H. Hu b e r t , art. cité, p. 287-290. D’après Thévenot, art. cité, il s’agirait de vin qui peut d’ailleurs être conçu comme boisson d’immortalité. 9.
130 A. Grenier ment. Les fonctionaires romains délégués en Gaule retrouvent en lui leur aimable dieu des jardins et des bosquets, tel ce procurateur d’Aime-en-Tarantaise dont une église de Saint-Martin qui succéda, sans aucun doute, à un sanctuaire indigène, nous a conservé une jolie dédicace en vers: Silvane, sacra semicluse fraxino Et hujus alti summe custos hortuli, Tibi hasce gratias dedicamus musicas ....... C. XII, 103. Les images du dieu romain ne manquent pas du reste en Gaule où on le trouve adossé à un arbre avec lequel il semble faire corps ou couronné d’aiguilles de pin (4). Il est le dieu de l’arbre et de la forêt et aussi, le dieu de la chasse (5). Il se prête aisément à des offices divers. Mais que signifie son maillet? Ce n’est assurément pas à titre d’outil qu’il figure sur tant de monuments à Silvain ou à Sucellus. Il en est deux modèles: le maillet à hampe longue et le maillet à manche court. Lorsque le dieu est représenté debout il s’appuie généralement du bras gauche sur un maillet aussi haut que lui, comme sur un sceptre. C’est cette attitude majestueuse qu’il à le plus généralement en Narbonnaise. Tels sont, à Nîmes par exemple; quatre petits autels (6) : dieu gaulois barbu, vêtu d’une tunique serrée à la taille et d’un manteau flottant (le sagum, donc vêtu à la gauloise) ; il tient de la main droite un vase en forme à’olla et, de l’autre, un maillet à long manche ; à sa droite, parfois, un chien assis à ses pieds le regarde. Le maillet à manche court apparaît sur un petit autel de provenance nimoise (7) et, au même Musée, sur une demie douzaine d’autres (4) La plus caractéristique est une statuette de Vichy (Allier), Es pè - Recueil, III, 2750; cfr 2234, 2553 - ou 2458 : une couronne de pe- r a n d ie u , tites branches de pin; I, 93 (Aix); - 833 (Toulouse), III; r 1769 (Autun)... (5) C’est peut-être ce rôle que rappelle le chien qui, très souvent l’ac- compagne ; Silvain est parfois armé de la lance ou d'un couteau de chasse. C’est comme chasseur surtout qu’il est honoré, pays Rhénan ; Es pè r a n d ie u , Recueil, VIII, 6072 (Kaiserslautern, Silvain debout entre deux animaux couchés à terre) = Corp. XIII, 6146; 6433 (Cologne); 6583 (Birten), avec dédicace d’un ursarius, chasseur d’ours de la XXX’ Légion = Corp. XIII, 8639, (6) Es pè r a n d ie u , Recueil, I, 434-437. (7) Ibid., 440; les petits autels, n. 511. A Vaison, quatre petits maillets sont gravés sur les montants de la niche qui abrite le dieu, ibid., 276.
Le dieu au maillet Gaulois et Charun 131 trouvés dans la région. A manche court ou à manche long, les maillets sont le même symbole. Les monuments de Nîmes sont ané- pigraphes mais un exemplaire plus grand (haut. 0,85, mutilé du haut) trouvé à Saint-Gilles, sur le bas Rhône porte, sur la face prin- cipale, la dédicace Deo Silvano, sur celle de droite, une olla et, à gauche, un grand maillet surmonté de trois autres plus petits (8). Un très beau petit bronze de Vienne (Isère) qui a émigré au Musée de Baltimore (9) présente la même association des maillets des deux types. Le dieu, en majesté, coiffé d’une peau de loup, devait du bras gauche s’appuyer sur un grand maillet-sceptre (disparu) tandis que de la main droite abaissée, il présente Folla. Derrière la tête et au dessus d’elle un cylindre figurant le corps d’un gros maillet est planté de cinq petits maillets, qui forment comme les rayons d’une auréole (fig. 1). Le nombre élevé des monuments consacrés à ce Silvain au maillet suffirait à montrer qu’il était devenu un très grand dieu. Bien plus, nous le trouvons associé à Jupiter sur un très bel autel de Psalmodi près d’Aigues-Mortes (10): sur la face principale se lit une dédicace Jovi et Silvano et, au dessous, sont associés les attri- buts des deux divinités : le foudre et la roue de Jupiter et le maillet de Silvain ; sur l’une des faces latérales, de nouveau le foudre et la roue et, sur l’autre, ie maillet, l’olla et une serpe. Comment le modeste dieu des jardins est-il devenu l’égal de Jupiter? Son nom, Silvanus, lui a valu d’être assimilé à quelque très grand dieu indigène qui faisait des forêts son séjour préféré et l’on ne peut s’empêcher de penser à ce dieu jadis innomé et d’autant plus redouté qu’il était plus mystérieux qu’adoraient les Ligures voisins de Marseille; (on dit à tort: la forêt des Marseillais). Lu- cain en fait une description romantiquement horrifique. Lorsque César eut besoin de bois pour ses travaux du siège de Marseille il dut lui-même y donner le premier coup de hache, tellement ses légion- naires avaient peur du dieu qui était censé l’habiter (11) L’aimable (8) Ibid., 497 = Corp. XII, 4173. (9) Haut., 0,247; avec le socle, 0,328; S. Re in a c h , Bronzes figurés de la Gaule romaine (1896); en dernier lieu, Miss Do r o t h y Ke n t Hil l , dans Gallia, XI, 2, 1953, p. 205-224. (10) Es pè r a n d ie u , Rec., IX, 6849 = Inscriptions latines de la Gaule Narbonnaise (1929): supplément au Corpus, n. 516. (11) Lu c a in , Phars., III, v. 399 sq.
132 A. Grenier forestier Silvain s’est rencontré pour identifier ce dieu terrible de la forêt gauloise. Les documents de l’époque romaine permettent de reconnaître la véritable nature de ce Silvain. Comme Sucellus dans le Nord-Est Fig. 1: Sil v a l n . Petit bronze de Vienne (Isère). Musée de Baltimore (U.S.A.). Restaure par Mis. Dorothy Kent Mill, Gallia, XI, 2, 1953. Pag. 206, Fig. 1. de la Gaule, il est en Narbonnaise un dieu chtonien, le maître des régions souterraines qui reçoivent les morts et nourrissent les vi- vants. C’est à ce titre qu’il est associé à Jupiter le dieu du ciel. Sur l’un des autels de Nîmes, un serpent s’enroule autour de le hampe du maillet que tient le dieu, marquant cette communica- tion avec le monde souterrain. IJ olla, le vase, parfois de grandes
Le dieu au maillet Gaulois et Charun 133 dimensions, qui offre la nourriture, complète les attributs de Silvain; c’est le sous-sol qui fait la vie des plantes, des animaux et des hommes. Lorsque le dieu est occompagné d’une parèdre celle-ci porte toujours la corne d’abondance. Depuis longtemps S. Reinach n’avait pas hésité à identifier ce dieu au maillet et à l’olla avec Dispater, le père de la race gauloise (12) et son idée s'est trouvée confirmée par la découverte à Sulzbach (Bade) d’un relief figurant un dieu très semblable au dieu au maillet, assis comme lui, souvent, à côté de sa parèdre, avec l’inscription D(eae)S(anctae}Aericura(e) et Diti Patri (13). Dis Pater, ici, ne porte sans doute pas le maillet mais un autre relief de la même région figure ce même couple et le dieu, portant couronne et à la poitrine ornée d’un collier, tient de la main droite levée un long maillet sur le manche duquel, vers le bas, est le fer d’une double hache (14). De même à Sarrebourg,. en Lorraine, Sucellus, debout à côté de sa parèdre Nantosuelta tient, selon le geste rituel, son maillet d’une main tandis que de l’autre, il présente l’olla. Silvain, Sucellus, Dis Pater, ne sont qu’un seul et même dieu sous des noms différentes. L’attribut essentiel de cette divinité maîtresse du monde in- fernal est le maillet et si l’on cherche un analogue, on ne peut penser qu’au maillet de Charun. S. Reinach l’avait déjà dit, c’est bien un maillet et tout semblable à celui de Charun ou de Tuchulcha que nous trouvons entre les mains du Silvain gaulois (15). Mais Charun et Tachulcha n’étaient que des démons subalternes du monde in- fernal ; Silvain au contraire en est le maître ; il a laissé aux démons étrusques leur laideur grimaçante ; ses traits et ses attitudes ne respirent que la bonhommie, la sérénité et, parfois, la majesté (16). L’idée de la mort ne s’accompagnait pas, chez les Gaulois de l’hor- reurs et des terreurs dont elle s’était entourée pour les Etrusques à partir du IVe siècle; la mort n’était pour les dévots de Silvain, comme pour leurs ancêtres, que le passage d’une vie à une autre ; (12) Bronzes figurés de la Gaule rom., p. 137; Ca e s ., B. G. VI, 18, I : Galli se omnes ab Dite -pâtre prognatos -praedicant. (13) Es pè r a n d ie u , Recuil... Germanie rom., 347 = Corp. XIII, 6322. Drexel, Bericht der Röm. - Germ., Kommission, XIV, 1922, p. 36. (14) Es pè r a n d ie u , Germ, rom., 352; cf. un autel de Carpentras, Corp. XII 1179; sur une face, un maillet, sur l’autre, une bipenne. (15) Cf. F. de Ru y t , Charun démon étrusque de la mort, Bruxelles, 1934; particul. fig. 3 à p. 13; fig. 4, 5 à p. 16-17. (16) Par exemple, outre le beau bronze de Vienne, un autre de Nîmes, Es pè r a n d ie u , Recueil, IX, 7482 ou une sculpture de Vaison, ibid., I, 301.
134 A. Grenier elle devait les conduire aux Iles Bienheureuses; le monde des morts n’était pas irrémédiablement séparé de celui des vivants et des dieux; les fêtes de Silvain devaient les réunir dans une confusion mystique. On trout-e plusieurs dédicaces à Silvain pour un père ou pour un affranchi (17). Ne seraient elles pas déjà des sortes de prières pour les morts? Il paraît difficile d’imaginer une origine indépendante et une simple rencontre fortuite entre le maillet étrusque et le maillet gaulois si semblables. Mais le chemin est long de l’un à l’autre et il demeure obscur. Les contacts, sans doute, ont été fréquents entre Etrusques et Gaulois. Les tombes des Senons dans le Pice- num montrent des Gaulois complètement étrusquisés. Après les heurts de la conquête, des rapports tout aussi étroits durent s’éta- blir, dans l’ensemble de la Cisalpine, entre les anciens et les nouveaux occupants. Les relations d’autre 'part n’ont jamais été rompues entre les Gaulois d’Italie et ceux de la Gaule. Dans les sculptures du Ile s., av. notre ère récemment découvertes à Entremont près d’Aix-en-Provence, M. F. Benoit reconnaît avec raison l’influence sinon proprement de l’Etrurie du moins de l’Italie (18). Cependant dans aucun des sites explorés jusqu’ici ne s’est trouvé trace du maillet (19); il n’apparaît qu’à l’époque romaine. Ne serait-ce pas par l’intermédiaire romain qu’il aurait été connu en Gaule? Le mythe étrusque de l’intervention de Charun consacrant d’un coup de son maillet la fin de l’existence terrestre avait dû se conserver à Rome. Le maillet n’apparaît-il pas, aujourd’ hui encore, dans un office semblable, au Vatican? S’ils l’ont em- prunté aux Romains, les Gaulois ont en tout cas prêté au maillet une diffusion et un développement original. La nouveauté fut de le donner comme attribut de Silvain, le dieu de la forêt devenu chez (17) A Saint-Remy-de-Provence, (Glanum) Corp. XII, 662, et 1002 = H. Ro l l a n d , Inscriptions de Glanum, dans Gallia, III, 1944, p. 179 n. 28 et 29. Le n. 28 = C, XII, 662, trouvé à Arles cf. Es pè r a n d ie u , Rec., IX 6711, se trouvait à la base d’une statue, brisée lors de la Révolution et dont un fragment est parvenu au Musée de S'. Remy. (18) Gallia, V, 1, 1947, p. 81-87 et L’Art primitij méditerranéen, 1945, p. 31 et passim, pl. XXXVIII-XLIII ; cf. R. La n t ie r , Rev. Arch., 1943, II, p. 145-151 ; Mommi. Piot, t. XL (1944), p. 87-106 Supplém. au Recueil d’EspÈRANDlEU, t. XI, 1947, n. 7833-7845. (19) Je n’ose compter comme témoins d’une tradition ancienne, quatre corps de maillets en pierre tendre d’époque gallo-romaine, ex voto provenant de sanctuaires rustiques de la Côte d’Or, E. Th Év e n o t , Rev. Arch. Est. Gaule, III, 1952 p. 99-103, fig. p. 100.
Le dieu au maillet Gaulois et Charun 135 eux le maitre de l’autre monde et d’en faire, en l’associant à l’olla, un symbole de la fécondité de la terre et du bien être des hommes. Le maillet est devenu un sceptre et, même lorqu’il reste marteau au manche court, il est l’insigne de la royauté infernale. Le dieu san- glant des forêts indigènes a transmis sa puissance à Silvain et Sil- vain malgré son attribut funèbre l’a humanisé ; un culte fervent et confiant a remplacé les terreurs d’autrefois... et si j’osais, j’adresse- rais à ce Silvain tuscogaulois mon voeu pour les Manes de mon collè- gue et ami Minto. A. Gr e n ie r Fig. 2: Sil v a in d e Ga n n a t (Allier). L’olla est remplacée par un gobelet. Aux pieds du dieu un tonnelet.
MIV/ VITRUVIO ED IL « TEMPIO TUSCANICO » Colgo il privilegio offertomi di poter collaborare al volume in onore del prof. Antonio Minto con una breve nota, aggiungendo alla discussione sulle tuscanicae disposition's di Vitruvio (4, 6 sg.) il mio punto di vista personale, senza la minima pretesa di com- piutezza. Parto dal libro ispiratore di L. Polacco, Tuscanicae disposi- tiones (1) e da C. J. Moe, Numeri di Vitruvio (2), il quale secondo me è stato ben valutato dal Polacco (3) e meno bene da altri critici (4). Ormai dovrebbe essere evidente che Vitruvio non era soltanto un antiquario desideroso di fare ricostruzioni dotte dell’architettura classica. Vitruvio credeva all’esistenza di forme originarie greche e toscane, proprio come Aristotele pensava nella sua poetica, e perciò voleva ritrovare le regole preesistenti. Amava le forme tradizionali, si, ma voleva a sua volta correggerle e farle vivere emendatae et sine vitiis (5} in un’architettura adattata alle esigenze moderne ed alla consuetudo italica cioè, l’architettura urbana, italica elleniz- zata, alla quale dedica in special modo il suo quinto libro. Tipica è la sua premura di spostare colonne in favore dell’assialità : sia per aprire lo aspectus (= visibilità) verso Vaedes Augusti nella basilica di Fano (6) o nel Tempio dorico aggiustato adversus si- mulacra deorum (7), sia per creare un aditus (= transito) sine impeditionibus ad deorum simulacra (8). La descrizione del cosidetto tempio tuscanico (9) secondo me (1) Padova, 1952. (2) Milano, 1945. (3) L. c., pag. 129. (4) Ad es. Gnomon, 25, 1953, p. 248. (5) 4, 3- 3· (6) 5, I- 7· (?) 4, 3· 8. (8) 4, 3- 4· (9) 4, 7-
138 A. Boethius de\e essere perciò capita come una revisione moderna di un tipo tradizionale. Il modello prevalente era con ogni probabilità il tem- pio Capitolino, rifatto dopo l’incendio dell’83 av. Cr. senza cam- biare la pianta (io) ma con tale lusso ut Ma fiamma, divini tus etitisse videatur, non quae deleret, Iovis Optimi Maximi templum, sed quae praeclarius, magnificentiusque deposceret, per parlare con. Cicerone (11). Come ha mostrato il Castagnoli (12) una moneta contemporanea attesta la fama dell’opera del tempio, benché il frontone rappresentato sulla moneta è di un tipo convenzionale già conosciuto dai vasi italici a figure rosse ecc. Il tipo tuscanico a tre celle ebbe la sua più grande fioritura per i Capitolia eretti in tutte le colonie romane in Italia e nell’impero, proprio negli ultimi secoli della repubblica e nei primi tempi imperiali. Come le piante delle città con cardini e decumani, le statue di Marsia nei fori, anfiteatri, circhi ed altre forme dell’architettura e della vita cittadina romana, così era anche il tempio a tre celle un elemento tipicamente romano nell’impero romano. Non fa perciò meraviglia che Vitruvio si specializzi su questo tipo di grande attualità per l’epoca sua. Quando voleva in usum posteritatis stabilire le regole vere e proprie ha ideato misure ideali per colonne, celle, pronao, tetto ecc., senza dubbio basandosi su osservazioni della architettura vista. Questo prontuario di formule astratte era senza dubbio una novità. In altri rispetti sorprende il conservatorismo di Vitruvio. Egli non ammette architravi di pietra (come li vediamo nella architettura contemporanea ad esempio nel tempio detto della Fortuna Virile a Roma, in Cori, Tivoli ecc. ecc.), ne discute i disvantaggi (13) rife- rendosi anche ad altri templi decorati more tuscanico- aedium spe- cies... varicae, barycephalae, humiles, latae. Un tetto ligneo largo e basso come lo descrive Vitruvio po- trebbe sembrare arcaico per il nuovo tempio capitolino lodato da Cicerone, ma credo con E. Wistrand (14) che Tacito (15) parlando delle sustinentes fastigium aquilae vetere Ugno nella sua grande descrizione dell’incendio del tempio capitolino (69 d. Cr.) parla (10) Dio n ig i di Al ic a r n a s s o , 4, 61. (11) In V errem 2, 4. 31 [69]. (12) Archeologia Classica, 5, 1953, pag. 104. (13) 3, 3- 5- (14) Eranos, 40, 1942, pag. 167 seg. (15) Hisloriae, 3, 71.
Vitruvio ed il » Tempio Tuscanico * 139 di un timpano, άετός di legno e conferma che il tempio dedi- cato nel 69 av. Cr., in contrasto ad altri templi dell’epoca, che conosciamo — aveva un tetto come lo descrive Vitruvio per il suo tempio di Tuscanicae dispositiones. Tacito ci dice anche espres- samente (16) che il vecchio tempio era troppo basso: altitudo aedibus adiecta (in epoca flavia) : id solum... prioris templi ma- gnifvcentiae defuisse credebatur. In ogni modo la pianta racco- mandata da Vitruvio era una sistemazione della forma vetus, τά αύτά θ-εµέλια dei quali parlano Tacito e Dionigi descrivendo il tempio Capitolino del 69 av. Cr. Vitruvio (17) parla dei templi fabbricati secondo le disposi- tiones tuscanicae con tre celle e con alae. Le ricerche archeologiche della generazione del Minto, dello Stefani, del Mengarelli, come le vediamo riassunte dalla Agnes Kirsopp Michels (18), dallo Arvid Andrén (19) ed altri, non danno nessun appoggio al primato, spesso fatto derivare dalla descrizione vitruviana, del tempio a tre celle nell’architettura sacrale della κοινή culturale etrusco- italica. Il materiale archeologico non ci permette di fissare altre caratteristiche, generali che : frontalità, accesso solo sul davanti e parete postica chiusa. E questo in ogni caso : sia nel tipo a tre celle sia in quello ad una cella ed ali. A ciò che dice Vitruvio riguardo un pronao largo, corrisponde, nel materiale archeologico, una tendenza di diminuire le celle ed allargare i pronai contraria all’architettura greca. I templi della piazza Argentina in Roma ci danno esempi di templi con una cella ad alae. Là si vedono anche altari avanti le scale ed una innata âssialità costituita dalla rigorosa frontalità. Un paragone col templum in antis greco non dà una spiegazione esauriente e soddisfacente. Gli atria col loro asse centrale dal tablinum al vestibulo ed i templi italici vanno insieme e rappresentano anche nella loro veste completamente greca una tradizione fondamentalmente diversa dalla consuetude greca, come si sente nelle descrizioni del tempio capitolino con la sua pianta tradizionale, o dovunque Vitruvio parla (16) Historiae, 4, 53. (17) 4. 7- 2. (18) Memoirs of the American Academy in Rome, 12 (1935, pag. 89 sgg- (19) Architectural terracottas from Etrusco-italic temples. Acta insti- tuti Romani Regni Sueciae 6, 1940, pag. I segg.
140 .4. Boethius di una tuscanicorum el graecorum operum com-munis ratiocina- tio (20). Da parte mia rimango convinto, che questi elementi fon- damentali dell’architettura italica appartenevano all’eredità di forme orientali sviluppate e pronte che gli etruschi prima e poi gli altri italici adoperavano nei villaggi sulle colline toscane e latine nei secoli ottavo, settimo e sesto av. Cr. — sia che gli etru- schi le avessero portate con loro da qualche paese nativo orien- tale, sia che le avessero ricevute insieme con le altre influenze orientali, che nei secoli ottavo e settimo ispiravano la cultura ar- caica greca (come illustra anche Omero) e parallelamente la cul- tura etrusca nel primo periodo del suo più alto sviluppo in Italia. Col Gjerstad (21) ritengo probabile che tutta questa architettura arcaica in Italia abbia avuto una affinità originale all’architettura orientale a cortili tipo «Liwan». Quando si tratta di templi mi limiterei ai tratti generali or ora esposti. Gli studi fondamentali della Banti (22), del Ca- giano (23) e del Polacco (24) mi persuadono che il tempio a tre celle nasceva 0 veniva adoperato soltanto là dove le esigenze del culto lo richiedevano. Dobbiamo sempre tener presente un fatto certo : in Italia aveva luogo un ricco sviluppo degli elementi fonda- mentali orientali : basta pensare alle fasi di decorazione fittile dei templi italici, fasi che rispecchiano i successivi stili greci, altri- menti, si pensi all’arredamento ellenistico degli atria degli ultimi secoli av. Cr. Il primo tempio capitolino sembra sia stato il più grande 0 fra i più grandi del sesto secolo av. Cr. ed è senz’altro verosimile che abbia contribuito molto allo sviluppo del tipo a tre celle. Vi- truvio, come ancora nel primo secolo dopo Cristo Plinio (25), ha naturalmente visto vecchi templi e le loro variazioni, come mostra la sua precisazione sulle alae. Però lo splendore del tempio capito- lino rifatto e l’importanza dei ca-pitolia rendono naturale che Vi- truvio abbia dedicato interesse speciale al tempio con tre celle. Vitruvio voleva ridare al tipo capitolino tutta l’autorità delle vec- chie regole tradizionali, delle dispositiones tuscanicae adattate al- (20) 4, 8. 5. (21) The sweetish Cyprus expedition, 4, 2, 1948, pag. 232 segg. (22) Studi Etruschi, 17, 1943, pag. 187 seg. (23) Pont. Accad. di archeologia, Memorie, 5, 1940, pag. 1 seg. (24) L. c., pag. 94. (25) N. H., 35, 158.
Vitruvio ed il « Tempio Tuscanico» 141 l'uso ed alle esigenze moderne. Ciò che Vitruvio dà è una valuta- zione ipotetica del tempio a tre celle come forma principale, una ricostruzione modernizzata ed un programma : non una descrizione archeologica e neanche una descrizione di strutture contemporanee. Voleva mostrare come dovrebbero esser fatti i Capitolia dell'impero Romano per avere l’autorità dell’eredità etrusca e insieme idoneità moderna. Se si ammette che la derivazione, spesso sostenuta nell’archi- tettura sacra toscana, dal tempio a tre celle è una costruzione ipo- tetica neanche in pieno confermata da Vitruvio, bisogna conchiu- dere che noi, studiando i templi toscanici, dobbiamo dedicarci ad uno studio strettamente empirico e descrittivo senza il precon- cetto suddetto come del resto hanno fatto alcuni maestri italiani. Mi sono una volta meravigliato che un autore ostinatamente retrogrado come Vitruvio sia divenuto un grande maestro per sae- cula come mostrano le espressioni nelle lettere di Sidonius Apol- linaris (4,3. 5 e 8,6. io), gli estratti di Plinio, l’epitome di Μ. Cetius Faventinus -(terzo secolo) e tutto il materiale raccolto e bene studiato da H. Koch nell’interessante libro Vom Nachleben des Vi- truv (26). Ho poi dovuto in parte ritirare la mia critica del conser- vatorismo vitruviano riguardante le tecnica strutturale nel secondo libro (27) realizzando che la critica in sè può essere ragionevole ed anche progressista. Lo strano è che Vitruvio quasi mai vede le possibilità di migliorare le tecniche criticate che in realtà erano destinate ad un grande futuro : (opus retìculatum, opus caementi- cium, structura testacea ecc.). Però, ad esempio la critica dei mat- toni cotti (testa) che ci dà Vitruvio (28) pare assai comprensibile quando vediamo come gelicidia et pruina rovinano i mattoni di strutture repubblicane scavate ad Aquileia 0 consideriamo la primi- tiva tecnica greca, recentemente studiata dal Mingazzini nella sua importante relazione sulla fornace di Velia (29). I potenti muri di mattoni crudi scavati a Gela e la fine architettura in opus quadra- tum senza opus caementicium delle tombe di Agrigento ci rammen- tano che la difesa e predilezione per questi materiali che rivela Vitruvio, non sono affatto assurde. (26) Deutsche Beiträge zur Altertumsivìssenschajt, I, Baden Baden 1951, pag. il seg. (27) Eranos, 39, 1941, p. 152 seg. (28) '2, 8. 19. (29) Società Magna Grecia. Atti e Memorie 1954, p. 8 seg.
142 J. Boethius iJopus caementicium divenne il materiale del futuro nel- l’Europa occidentale, ma i vecchi sistemi strutturali mantenevano una vita non meno tenace nelle parti orientali dell’impero ed in Africa come espone J. Ward Perkins discutendo « The art of Severan Age » (30). Ma ormai vorrei tornare a ciò che qui ho voluto sostenere ri- guardo lo spirito attivo e combattente del classicismo vitruviano. La descrizione del « tempio tuscanico » presso Vitruvio è — come lo sono le versioni tarde dei libri Rituales, Haruspicini e Fulgurales etruschi — un risultato finale di un lungo sviluppo e di studi etruschi, non una petrificata eredità nei secoli. E Vitruvio è un esponente del classicismo augusteo, conser- vatore, ma nello stesso tempo pronto per riforme sia dell’archi- tettura classica greca, sia delle tuscanicae dispositìones per renderle vitali e rigorose nella vita moderna. E, evidentemente proprio come campione di questo attuato classicismo suo personale e comune- mente augusteo, ha mantenuto la sua attualità nonostante che in molti casi e questioni tecniche mostra una ritenutezza concepibile ma spesso disapprovata già nell’architettura contemporanea. Ax e l Bo e t h iu s (30) Proceedings of the British Academy, 37, 1951, pag. 276 seg.
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