Le faucon pèlerin oiseau de l'année - AVIFAUNE Chasse à l'arc
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Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 4 avril 2018 AVIFAUNE DOSSIER OUVERTURE DE LA PÊCHE Le faucon pèlerin Chasse à l’arc Sortie avec oiseau de l’année Simon Dorsaz
Les photos insolites Le cerf et le caquelon P ris en flagrant délit le 13 janvier, au lieu-dit le Pre-Job, dans un parc au-dessus des Brenets dans la région du Locle, ce cerf n’a pas échap- pé aux bons réflexes d’Eric Nardin, qui s’est empressé d’immortaliser ce moment avec son téléphone por- table. Présent sur place pour quelques travaux fores- tiers avec une équipe de chasseurs de la section du Locle, le groupe a profité de ce moment de convivialité pour déguster une fondue afin de se réchauffer. Sur le chemin du retour, notre photographe réalise qu’il a oublié ses clés, et dépose le caquelon avant de revenir sur ses pas. A son retour, clés en poches, il tombe nez à nez avec ce cerf, qui se demandait peut-être où étaient passées les fourchettes. Le rude hiver de la faune N ous proposons une deuxième photo insolite, au vu de l’hiver particulièrement rude traversé par la faune. Une vidéo sur le même animal a déjà fait le buzz sur le site du Nouvelliste, mais nous ne pouvions nous abstenir d’en dire un peu plus sur ce qui ressemble à un appel au secours. L’auteur, Nicolas Grand, raconte comment il est tombé sur cette situa- tion pour le moins cocasse : «Après une longue, froide et infructueuse soirée d’affût, sur le chemin du retour, mon regard est attiré par une silhouette. Une statue de cerf à cet endroit ? ! Le doute s’estompe et devient cer- titude. Impossible, il n’y a jamais eu de statue ici. Je dé- cide de rebrousser chemin et constate que je ne me suis pas trompé... Stupéfiant, il y a bel et bien un cerf sur ce balcon. Sans matériel approprié, j’immortalise comme je le peux le tableau. Ce cerf aux magnifiques bois laisse paraître de nombreux signes de faiblesse, décharné, borgne et blessé, il vient chercher de l’aide auprès des habitations. A bout de force, le vieux seigneur se laisse approcher et même caresser par des adolescents qui le nourrissent sans dissimuler leur joie d’assister à un tel elle témoigne de la difficulté face à laquelle la faune sau- phénomène. Cette scène n’a en réalité rien de joyeux, vage se retrouve lors d’hivers tels que celui-ci.» Envoyez vous aussi vos photos bizarres Appel aux photographes ! ou insolites à : vincent.gillioz@gmail.com. Toute photo proposée par un non-abonné Si leur qualité est suffisante pour l’impression, lui vaudra six mois d’abonnement gratuit elles seront publiées ici avec vos explications. en cas de publication…
no 4 avril 2018 | CHASSE ET NATURE | 3 ÉDITO Fin de l’hiver, la sortie du tunnel pour la faune | Vincent Gillioz, rédacteur de Diana Chasse et Nature L’ hiver a été particulièrement rude pour le gibier comme en témoignent de nombreuses images d’animaux faméliques qui ont fait le tour des médias et réseaux sociaux. Privées de nourriture par l’abondance de la neige, plusieurs espèces ont été mises à très rude épreuve ces dernières semaines, et voient l’arrivée des beaux jours comme salutaire. Le Service de la faune du Valais est d’ailleurs intervenu via un communiqué de presse pour en appeler à un respect renforcé de la tranquillité. Les dérangements occasion- nés notamment par les randonneurs à ski et raquette, ainsi que les chiens non tenus en laisse dans les zones d’hivernage ont été fatals à certains individus épuisés. Le plus dur semble heureusement être derrière, et les conditions de survie des chevreuils, cerfs, chamois et bouquetins, tétras-lyres et autre lagopèdes devraient enfin devenir plus clémentes. Foires Plusieurs grands rendez-vous cynégétique et halieu- tique se sont déroulés durant l’hiver. D’abord le Salon «Pêche – Chasse – Tir» de Berne, que nous avons large- ment couvert dans nos pages, et qui a accueilli plus de 27 000 personnes durant quatre jours fin février. Les re- ner le poisson, malgré une météo plutôt maussade. Evé- présentants de ChasseSuisse ont déclaré au terme de nement marquant de l’année, ce début de saison a été l’événement leur satisfaction du succès de la rencontre. A l’occasion pour plusieurs associations de faire part de l’échelle européenne, l’IWA OutdoorClassics de Nurem- leurs revendications et attentes auprès des autorités. berg a quant à elle reçu, entre le 9 et le 12 mars, quel- Ainsi, à Genève, les pêcheurs ont profité de l’ouverture que 47 000 visiteurs essentiellement professionnels, et pour rencontrer plusieurs politiciens et demander l’ar- 1500 exposants. Ces deux bilans plus que réjouissants rêt des éclusées – ces ouvertures de vannes du barrage démontrent, n’en déplaisent à certains milieux, que la du Seujet réalisées dans le seul but de vendre plus de chasse continue d’intéresser et de passionner un très courant électrique aux heures de pointe – qui ont un large public, loin d’être en diminution. impact déplorable sur la faune et la flore des berges du Rhône. Puissent-ils être entendus ! Pêche L’ouverture de la pêche en rivière a encore marqué le mois de mars et de nombreux adeptes sont sortis taqui-
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5 SOMMAIRE Revue mensuelle fondée en 1883 6 Dans le rétro... L’Oscar… Organe officiel de la Société suisse des chasseurs «La Diana» www.chassenature.ch de la capture ÉDITEUR Diana Romande du gibier ! Texte Jean Bonnard, photos DR Les Crettets 21 1342 Les Charbonnières Technique ÉDITEUR DÉLÉGUÉ AdVantage SA Editions & Régie publicitaire Munitions, Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne RÉDACTION trois histoires de familles 9 Vincent Gillioz Chemin des Frênes 24 1927 Chemin-Dessus Texte et photos Daniel Girod Tél. 076 370 83 91 vincent.gillioz@gmail.com ABONNEMENTS AdVantage SA 12 Dossier Avenue d’Ouchy 18, 1006 Lausanne Tél. 021 800 44 37 Vous avez dit : «chasse à l’arc ?» abo.chassenature@advantagesa.ch PUBLICITÉ Marianne Bechtel Texte et photos Henri-Armand Meister Tél. 079 379 82 71 mac@bab-consulting.com AdVantage SA Tél. 021 800 44 37 regie@advantagesa.ch Délai de réservation: Destinations Aller chasser le 1er du mois pour parution dans l’édition du mois suivant MISE EN PAGES ailleurs ! l’atelier prémédia Sàrl Chemin de la Fin du Clos 39 1616 Attalens 20 Texte et photos Alain Rossier IMPRESSION 28 Imprimerie Saint-Paul Boulevard de Pérolles 38 Le coin du pêcheur 1700 Fribourg A la pêche avec Tirage: 4000 exemplaires Simon Dorsaz N° 4 AVRIL 2018 Texte et photos Vincent Gillioz Photo de couverture : Hans Glader Photo de 4e de couverture : Odile Curchod Recette de chasse Noisette Les articles publiés dans Diana Chasse et Nature n’engagent que leurs auteurs. Les documents envoyés ne sont pas restitués, sauf de chevreuil 46 accord préalable avec la rédaction. Tous droits de reproduction (articles de Jean-Marie Pelletier et illustrations) réservés pour tous pays. La reproduction de tout ou partie de textes et d’illustrations doit 27 faire l’objet d’un accord préalable avec la rédaction. 2 Les photos insolites par Eric Nardin et Nicolas Grand | 17 Passion chasse : Faire le pied par Théia | 23 Poster : Le faucon pèlerin, oiseau de l’année par BirdLife | 26 Portfolio par Christian Fosserat et Hans Glader | 31 Les infos | 47 Jeu Scannez ce code avec votre smartphone et consultez notre site Internet
6 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 DANS LE RÉTRO… L’Oscar… de la capture du gibier ! | Texte Jean Bonnard | Photos DR EN FÉVRIER, L’ANCIEN GARDE-CHASSE BERNARD REYMOND CONSACRAIT UN ARTICLE AU RETOUR DU CERF EN TERRE VAUDOISE. IL ÉVOQUAIT UNE BICHE TIRÉE EN 1993 À LA VALLÉE DE JOUX PORTANT, À L’OREILLE DROITE, UNE MYSTÉRIEUSE MARQUE : VS 162… L’AUTEUR DU LÂCHER DE CETTE BICHE EST IDENTIFIÉ : C’ÉTAIT OSCAR DARBELLAY, LÉGENDE DE LA CHASSE VALAISANNE ! B ernard Reymond rappelait que la loi interdit de lâcher des lynx, loups ou gibier et concluait : «J’imagine un groupe de chasseurs passionnés, désireux d’activer le repeuplement du cerf et d’amener du sang neuf… Je ne leur en veux absolument pas, bien au contraire. Si l’un d’eux lit ces lignes, qu’il sache que la marque VS 162 nous a bien fait cogiter. Tony Roduit, dit l’Indien, garde- chasse valaisan fraîchement retrai- té, n’a pas eu à chercher bien long- temps : «La VS 162 a été capturée au Chanton, commune d’Orsières, le 10 mars 1981, et relâchée le 25 avril dans la région de Vouvry avec la marque VS 162.» Tony Roduit avait succédé à une légende de la chasse valaisanne, le garde et ancien braconnier Oscar Darbellay. J’avais eu le bonheur de rencontrer Oscar en 2003, il avait alors 83 ans, pour une interview des- tinée au Nouvelliste. Il avouait alors avoir tué deux mille chamois, «mille à la braconne et mille en tant que Oscar Darbellay. © Le Nouvelliste garde-chasse». Circonstance atté-
7 nuante : la plupart de ses méfaits, il les avait commis pen- dant la guerre. Mineur au fortin de Commeire, il gagnait 1 fr. 30 de l’heure, alors qu’un chamois valait facilement 100 francs au marché noir : «J’étais en contact avec un bou- cher de Liddes, une fois le chamois chez lui, je ne risquais plus rien. Il expédiait la viande à un commerce de Genève (qui avait pignon sur rue), c’était intéressant parce qu’il n’y avait pas besoin de ticket de rationnement…» Premier chevreuil à 13 ans… Oscar m’avait avoué aussi son premier méfait : «J’ai tiré mon premier chevreuil à 13 ans avec une arbalète que j’avais fabriquée, j’avais creusé la glissière (pour y dépo- ser la flèche) au rabot. C’était précis, jusqu’à 20 mètres je garantissais à tous les coups…» Oscar braconnait le Tony Roduit et Oscar: la prise du soir... plus souvent seul et s’était fait pincer quatre ou cinq fois. «On passait le plus souvent entre les gouttes… En 1945, j’ai fait huit mois de prison à Crêtelongue et j’ai payé une ... emballée pour être amenée.... amende de 2100 francs pour deux chamois.» C’est connu : les braconniers font souvent de bons gardes-chasse, l’Etat du Valais le nomma donc à ce poste en 1963. Et pendant vingt ans, Oscar fut redoutable. «Une année, j’ai dressé trente-quatre PV pour infractions de chasse et braconnage…» Mais c’est surtout pour son efficacité à capturer vivant le gibier pour le relâcher ailleurs qu’il a passé à la pos- térité. Il s’était spécialisé : «Les cerfs, je les suivais à ski dans la neige et quand j’arrivais à les rattraper, je leur pas- sais un bandeau noir sur les yeux, après ils me suivaient comme une vache. Je les rassemblais dans une écurie, j’ai eu jusqu’à douze biches ensemble. Ce sont celles-là qui ont été relâchées au vallon de Réchy.» Dès juin 1968, l’usage du fusil hypodermique allait lui faciliter la tâche. «Nous procédions aux captures en mars-avril, le gibier est affaibli par l’hiver, il se rapproche des zones habitées et des routes, ce qui nous facilitait la tâche» explique Tony Roduit, qui a hérité du matériel de capture, fusil et seringues. Des seringues qui n’ont que très peu évolué et qui servaient à injecter le Rompun, un anesthésiant utilisé en médecine vétérinaire. Le frein de seringue… L’usage du fusil hypodermique n’allait pas de soi, Oscar fit œuvre de pionnier et c’est lui qui rédigea en 1974 le mode d’emploi à l’intention du Service valaisan de la chasse, précisant les doses de Rompun pour les bouque- tins, cerfs, chamois, en fonction de leur âge et de leur poids. «Au début, on s’entraînait à tirer sur de vieux ma- telas pour mesurer la dose des charges qui projetaient les ... aux écuries! seringues pour éviter de transpercer les animaux et de les
8 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 Tony Roduit avec le fusil hypodermique. Les freins de seringue, ouvert et fermé. © J. Bonnard © J. Bonnard blesser gravement, mais ce n’était lée «Frein de seringue pour fusil de N.B. Oscar Darbellay tenait pas évident» explique Tony Roduit. capture». Il décrit, photos à l’appui, une liste de ses captures. Oscar étudia le problème et, grâce l’ingénieux dispositif qui consistait à Son bilan est impressionnant : à un ami, Camille Lattion mécani- fixer en tête de la seringue quatre 1211 captures documentées et cien de précision à Liddes, une solu- ailettes mobiles qui s’ouvrent après datées, dont : 365 cerfs, 395 bou- tion allait s’imposer. La découverte le tir, empêchant que la seringue quetins, 240 chamois, 95 daims, connut un beau succès : la revue pénètre dans le corps de l’animal et 60 mouflons, 18 chevreuils et Archives suisses de médecine vé- le blesse. Le dispositif, légèrement quelques rennes, bisons térinaire de 1974 (pages 111-112) amélioré, est toujours utilisé et et même 3 loups ! a en effet publié une information d’une efficacité reconnue. signée par Oscar Darbellay et intitu- La fin de la VS 162 Début décembre 1993, à l’âge respectable de 18 ans, la biche VS 162, avec sa marque rouge à l’oreille, tombait sous la balle d’un chasseur et inspirait quelques lignes remarquables à notre ami Charles-Louis Rochat, futur et estimé président de Diana Romande. Court extrait du texte publié dans la Diana : L’équipe se rassemble et contemple avec beaucoup d’émotion la superbe et impressionnante biche arrêtée par un maître coup de fusil en plein cœur… Quelle bête énorme, fascinante, infiniment respectable, irréelle presque dans ce Risoud qui n’a jamais sans doute connu pareil moment… Interpellé, le Service valaisan de la chasse avait révélé que c’était Oscar Darbellay qui l’avait capturée en 1981 et relâchée à Vouvry. Charles-Louis Rochat conclut que cette bête arrivée à 18 ans et d’un poids de 107 kilos vidée, avait passé la frontière française pour remonter le Jura, via le Pays de Gex… admirable animal, fascinante nature… Avant de conclure, un brin malicieux: Ironie du sort, le garde-chasse valaisan Oscar Darbellay est l’oncle du propriétaire de la montagne vaudoise sur laquelle la biche a fini ses jours. Pour nous, l’affaire est claire, la bête aura pris le train…
9 TECHNIQUE Munitions, trois histoires de familles | Texte et photos Daniel Girod MALGRÉ L’ÉMERGENCE DE NOUVEAUX CALIBRES, TROIS GRANDES FAMILLES ONT MARQUÉ DE FAÇON INDÉLÉBILE L’HISTOIRE DES MUNITIONS DE CHASSE. LE 8x57, LE 30.06 ET LE 308 ONT ENGENDRÉ UNE DESCENDANCE IMPORTANTE MAIS TROP SOUVENT MAL CONNUE. L a mère des douilles modernes bord en français. Le 8x57 JRS est du 6x55 suédois dont la trajectoire est sans doute la douille du fu- certainement le plus connu de cette tendue fait merveille pour la chasse sil de guerre allemand modèle famille destinée aux armes bascu- en montagne, le 6,5x57 R remporte 1888. Cette douille de 57 millimètres lantes. Parmi la liste précédemment encore de nombreux suffrages au- de longueur sert de base à une multi- énumérée, trois munitions sortent du près des chasseurs montagnards. Sa tude de calibres, tels les 5,6x57, 244 lot. Il s’agit du 6,5x57 R, du 7x57 R et douceur est très appréciée par les et 6 mm Remington (6x57), 257 Ro- du 8x57 JRS. Malgré la concurrence possesseurs de carabines mono-coup berts (6.35x57), 6,5x57, 7x57, 8*57 J et 8x57 JS, 9x57 et 9,3x57. La muni- tion initiale mise en service en 1888 était munie d’un projectile à nez rond de 8,09 millimètres de diamètre pour un fond de rayure du canon à 8,07 millimètres. La pression s’éta- blissait quant à elle à 3300 bars. En 1905 apparaît une nouvelle munition équipée d’un projectile ogival dit «S» de 8,20 millimètres de diamètre pour un fond de rayure à 8,20 millimètres. Avec 3400 bars, la pression reste tout de même modérée malgré la montée en puissance du calibre. Cependant, les Allemands ayant une forte pré- dilection pour les fusils «drilling», il a fallu développer une munition à bourrelet pour permettre l’extrac- tion de la douille. C’est ainsi que sont Trois munitions pour l’histoire. De gauche à droite 8x57 JRS, 30.06 Springfield, 308 Winchester. nées les munitions avec le suffixe R On peut noter qu’étant destinée aux armes à canon basculant, la douille du 8x57 JRS est dotée d’un bourrelet. Par contre, le 30.06 et le 308 sont munis d’une gorge car ils sont prévus pour pour Rand qui signifie bourrelet en des armes à culasse mobile. allemand, ou Rim en anglais et Re-
10 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 à canon basculant, comme les Kiplauf qui allient la finesse, la légèreté et l’efficacité. Quant au 7x57, si certains pensent qu’«après lui on n’a rien fait de mieux», force est de constater que le 6,5x57 le supplante en montagne et que le 8,5x57 JRS lui est préféré pour la battue. Par ailleurs, le 6,5x57 offre des munitions équipées de balles légères, notamment avec des ogives de 6 grammes. Le tableau de De gauche à droite – le 8x57 JRS, le 7x57 R, le 6,5x57 R et le 5,6x57 R. la page 11 fait une synthèse des trois calibres précédemment cités. La deuxième famille Celle-ci, très prolifique, va naître quelques années après la douille de 57 millimètres. En effet, en 1903, inspirés par la 8x57 JS, les Etats- Unis adoptent la cartouche 30.03 (voir encadré Deux systèmes de mesures). Rapidement, à savoir trois ans plus tard, la 30.03 devient la 30.06 Springfield. A cette occa- sion, la douille évolue en s’allongeant à 63 millimètres tout en conservant le même culot. La munition militaire 30.06 est dotée d’une balle pointue de 150 grains dont la vitesse dépasse De gauche à droite – le 308, le 7.08 Remington et le 243 Winchester. alors légèrement le seuil des 800 m/s. Les excellentes performances de ce calibre ont largement contribué à son le célèbre 35 Whelen2. Pour ce der- merciale du 7,62 OTAN. A cette adoption dans le monde de la chasse. nier, le collet de la douille du 30.06 époque ce choix avait deux objec- Encore aujourd’hui, le calibre 30.06 voit son diamètre élargi à 9,09 milli- tifs. Tout d’abord unifier les muni- est probablement la munition la mètres, soit 358 millièmes de pouce. tions des alliés et ensuite possé- plus vendue dans l’univers des mu- Le tableau de synthèse no 2 pré- der une cartouche plus légère et nitions destinées aux armes à canon sente trois calibres dont deux poids surtout plus courte que certaines rayé. Ce succès va pousser les fabri- de balles pour le 30.06. munitions alors en usage, en parti- cants à proposer un important panel Les balles SST et Interloc sont de culier le 30.06. Il est à noter que le de munitions dont l’extraordinaire marque Hornady, la Powerschok est nombre 308 représente le diamètre éventail de balles évolue entre 110 fabriquée quant à elle par Federal. réel de la balle 0.30, à savoir 0.308 et 220 grains. Cependant, certains Ce tableau montre la grande poly- qui, multiplié par 25,4 (un pouce), pays comme la France ont interdit le valence du 30.06, l’extrême tension donne 7,82 millimètres. Malgré la ré- 30.06 au motif que c’était un calibre de trajectoire du 270 Winchester et duction du volume de la douille, les de guerre1. Pour contourner cette la très bonne adaptation du 35 Whe- qualités balistiques du 308 sont ab- règlementation, les fabricants ont len au tir de battue. solument remarquables. A tel point alors mis au point plusieurs calibres que, même encore de nos jours, ce dérivés du 30.06. Ainsi, avec la même Et le 308 calibre équipe un grand nombre douille, sont nés le 270 Winchester, Créé en 1952 par Winchester, le de tireurs d’élite, les célèbres sni- le 280 Remington, le 25.06, le 8.06 et 308 est en fait la désignation com- pers. Pour ce qui concerne l’usage
11 sportif, la 308 Winchester s’est ré- Les trois munitions sont encar- nitions et, d’autre part, traverser al- vélée comme l’une des meilleures touchées par Norma. On peut re- lègrement les siècles tout en résis- cartouches de tir jamais produites. marquer les très bonnes tensions tant aux effets de mode. Deux munitions célèbres utilisent la de trajectoire des trois balles, avec douille du 308 – le 243 Winchester bien sûr une flèche plus importante 1 En France, depuis le décret de sep- et le 7.08 Remington. Pour le 243, pour le 308 puisque la balle est plus tembre 2013, le calibre 30.06 est désor- mais autorisé à la chasse. le poids des projectiles évolue entre lourde. Par contre, ce qui n’est pas 2 Le nom de Whelen a été donné à 60 grains (3,9) grammes et 100 grains visible sur le tableau, le 308 tient cette cartouche en hommage au colo- (6,48 grammes). Ce calibre est donc son succès de sa régularité. nel Townsend Whelen (1867-1961), parfait pour le tir d’ongulés comme En conclusion, ces trois familles commandant du Frankford Arsenal et le chevreuil ou le chamois. Pour ce de munitions montrent qu’une ex- passionné de tir longue distance. dernier, les projectiles à fort pouvoir cellente munition peut, d’une part, de pénétration sont conseillés car engendrer d’autres excellentes mu- l’animal est très résistant. Avec le 7.08, Remington propose un calibre Calibres Balle et poids VO en M/S EO en joules DRO Trajectoire qui fait écho au 243. Cependant, le 6,5x57 R TMS 6 g 960 2765 189 m -1,3 cm à 200 m calibre passe de 6 à 7 millimètres. 7x57 R KS 8 g 890 3168 179 m -3 cm à 200 m Comme son prédécesseur, le 7.08 8x57 JRS DK 11,7 g 760 3379 153 m -17,6 cm à 200 m s’avère être un excellent calibre pour le tir à longue distance. C’est Tableau no 1 avec des balles de 150 grains qu’il est le plus efficace. Les performances Calibres Balle et poids VO en M/S EO en joules DRO Trajectoire du 7.08 ne sont pas très éloignées de 30.06 120 g SST 820 2750 166 m -5,7 cm à 200 m celles du 7x64. Le tir de nos quatre 30.06 220 g Interloc 740 3950 151 m -10,3 cm à 200 m ongulés peut donc se faire sans pro- 270 blème avec le 7.08, pourvu que l’on 130 g Interloc 930 3600 196 m -0,4 cm à 200 m Winchester choisisse les balles adaptées à l’ani- 35 Whelen 220 g Pschok 790 4500 120 m -12,5 cm à 200 m mal. Sans publicité aucune, une ca- rabine Remington Seven en calibre Tableau no 2 7.08 constitue un excellent choix pour la montagne, car l’arme est à la Calibres Balle et poids VO en M/S EO en joules DRO Trajectoire fois courte et légère. 308 Ory 165 g 835 3730 200 m -290 mm à 300 m Le tableau no 3 synthétise les per- 243 Vmax 75 g 1015 2505 200 m -185 mm à 300 m formances du 308 et de ses deux 7.08 BST 140 g 860 3360 200 m -240 mm à 300 m descendants, le 243 Winchester et le 7.08 Remington. Tableau no 3 Deux systèmes de mesures La désignation des munitions est différente selon que l’on se réfère au système européen ou au système anglo-saxon. Premier exemple, dans le système européen, la désignation 7x64 signifie que la douille mesure 64 millimètres de longueur pour une balle de 7 millimètres de diamètre, en réalité 7,25 mm. Deuxième exemple, dans le système anglo-saxon la désignation 30.06 signifie que la balle mesure 30 centièmes de pouce de dia- mètre et que la munition est apparue en 1906. Là encore, le diamètre annoncé de 30 centièmes de pouce (7,62 mm) est en réalité de 7,85 mm).
12 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 DOSSIER Vous avez dit : «chasse à l’arc ?» | Texte et photos Henri-Armand Meister BIEN QU’INTERDITE EN SUISSE DEPUIS 1876, LA CHASSE À L’ARC CONNAÎT PLUSIEURS ADEPTES QUI PRATIQUENT À L’ÉTRANGER. PETIT TOUR D’HORIZON D’UNE PRATIQUE ALTERNATIVE, QUI NOUS RAMÈNE À NOS ORIGINES. D epuis longtemps, je songeais Quelques mots pour comprendre vécu de chasse, d’une part et, d’autre à partager mon expérience Dès les années 90, je me suis in- part, à une expérience personnelle en bousculant un peu les téressé à cette forme de chasse. Ma qui m’a valu de passer deux bonnes idées préconçues et briser quelques première préoccupation a été d’ap- heures dans une harde de sangliers lances en faveur de cette forme de prendre à tirer correctement. Cela sans pouvoir lâcher une seule flèche chasse originelle. Et si beaucoup m’a pris quatre ans, avec, à l’issue de car mon système de visée, devenu de textes ont déjà été rédigés sur la ce laps de temps, la conviction que la inutilisable à cause de la faible lumi- question, j’apporte avec celui-ci mon seule forme de chasse possible était nosité, ne m’a jamais permis d’ajuster expérience, en plus de me référer à l’arc instinctif. Cette certitude en ré- avec sûreté la bête rousse que j’envi- ce qui a déjà été fait sur le sujet. férence aux peuples du passé qui ont sageais. Je me souviens encore avec L’émotion est telle, lorsque ce géant chancelle et s’effondre à quelque 20 m de notre affût, que nous nous sommes pris la main avec le pisteur.
13 La précision n’était pas son principal souci, contrairement à la recherche Pierre utilisait encore du matériel très primitif de ses trois flèches empoisonnées, fichées dans la litière forestière. en 2007 pour survivre dans la forêt camerounaise. émotion de cette expérience durant chacal et un vieux taureau au bout pointes des flèches ne nécessitait ni laquelle à trois reprises, une laie est de sa vie. un arc puissant ou précis, ni évolué. venue se placer exactement devant Depuis, les succès se sont succé- En Asie centrale, en Amérique du le jeune que j’essayais d’ajuster. dé ; ainsi, c’est une bonne soixan- Nord puis en Europe, au contraire, Donc achat d’un arc instinctif et taine de gibiers que j’ai eu la chance l’homme a développé des arcs pré- travail intensif durant une autre et le bonheur de prélever, du lièvre cis et puissants pour la chasse et année en autodidacte avec la mé- au grand koudou. Mais il m’a fallu la guerre. Ces arcs ont donné nais- thode de feu Jean-Marie Coche, beaucoup travailler et surtout ac- sance à des techniques de tir per- maître d’archerie (La discipline cepter les erreurs qui m’ont permis fectionnées (technique mongole, du tir à l’arc instinctif souple), de progresser. Et en tirer parti ! En Kyudo, techniques anglaises et jusqu’à l’obtention de la précision fait, c’est surtout grâce à elles que amérindiennes). En ce qui concerne que j’avais jugée nécessaire : chaque je puis aujourd’hui être à l’aise avec ces dernières, l’excellent ouvrage de flèche dans une pomme à 18 mètres. cette façon de chasser. Theodora Kroeber, Ishi, testament Cette conviction tomba après une du dernier Indien d’Amérique du désastreuse expédition en Afrique Un peu d’histoire… Nord, fait référence en la matière. du Sud : une flèche (indiscipli- On peut situer la naissance de l’ar- L’invention de la cartouche a mis née ?) dans l’omoplate d’un gnou à cherie au paléolithique supérieur fin aux pratiques des archers. Il fau- 15 mètres. Cette déception faillit me suite aux découvertes de matériel dra attendre presque cinquante ans, faire abandonner l’idée de chasser ou de peintures. De nombreuses soit deux générations, pour que, pas- avec un arc. pointes en pierre ont été retrouvées sionnés par les récits d’Ishi, des chas- Une remise en question débouche sur les sites datant du mésolithique, seurs américains se remettent à utili- sur la décision d’acheter un arc com- soit dix à quinze mille ans avant ser les techniques amérindiennes, et pound, un Matthews Ultra 2, avec le notre ère. plus de cent ans pour que renaisse ce dessein de tenter ce qui m’apparais- Blaise Fontannaz, facteur d’arc même intérêt en France. sait comme un exploit. et instructeur de tir, a effectué une Aujourd’hui, la chasse à l’arc est Il est à noter que dans l’intervalle, intéressante recherche sur la ques- devenue une mode : beaucoup de des progrès techniques avaient été tion. chasseurs lassés d’être relégués faits, notamment sur les viseurs : Selon la partie du monde dans la- au rôle de tireur dans les battues des «pins» avec fibre optique qui quelle se trouvaient les premiers ar- ont souhaité prendre une part plus reléguaient aux oubliettes mes pro- chers, l’archerie a évolué dans deux active à la chasse. Mais cette prati- blèmes de visée en basse luminosité. directions. D’une manière générale, que particulièrement exigeante de- Nouvelle expédition en Afrique dans les régions tropicales et équa- mande de la persévérance, un moral du Sud en 2002, et succès avec un toriales, l’usage de poisons sur les d’acier et un entraînement constant.
14 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 Arc compound Mathews Héli M équipé pour la chasse. Arc traditionnel, Great Plain 65 livres Le décocheur est indispensable car l’angle formé par la corde avec les accessoires nécessaires au tir. à pleine allonge est trop étroit pour les doigts. D’autant plus avec un arc tradition- tion des obstacles (branches / brin- Depuis 2000, j’ai utilisé trois com- nel. Si bien que certains «chasseurs dilles / herbes sur la trajectoire de la pounds achetés tous les six ans en- à l’arc» se contentent de promener flèche) et, surtout, l’émotion, celle viron ; ils sont chaque fois plus évo- leur matériel en forêt, racontant de se trouver à une dizaine de mètres lués et plus agréables à manier, mais partout des exploits galvaudés. d’une proie. Cette émotion peut être j’avoue que le côté technique de ce Parallèlement, la technologie per- si forte qu’elle va faire trembler au matériel ne m’intéresse pas, pourvu met la fabrication d’arcs de plus en point qu’on ne pourra même plus te- que ma flèche vole là où je vise ! Je plus perfectionnés. Les Américains, nir son allonge, elle est connue sous laisse le soin aux spécialistes de me historiquement les plus proches à le nom de «buckfever». Et, en plus, conseiller. avoir côtoyé d’authentiques chas- il faut encore tromper les sens de la seurs à l’arc, ont cultivé l’archerie proie pour qu’elle ne perçoive pas le Matériel et coût (Howard Hill - L’Homme et la Lé- tout petit prédateur outrecuidant. Pour un «trad», il faut compter gende, de Craig Ekin). Ils se sont Le lecteur comprendra mieux entre 200 et 1200 francs, plus 200 à lancés dès les années 90 dans la fa- maintenant la difficulté de l’archerie 400 francs pour les divers acces- brication de «machines infernales» traditionnelle en chasse pratique. soires (flèches, carquois, cible, gan- pour la chasse. Si j’avais la possibilité de chasser telet et brassard). deux cents jours par année, alors Pour un compound, il faut comp- Compound versus traditionnel oui, j’abandonnerai le compound ter entre 400 et 1500 francs, plus Pour comprendre le tir à l’arc tra- au profit de l’arc traditionnel, pur 500 à 1200 francs pour les acces- ditionnel, il faut envisager la même et dénudé de tout artifice. Mais ce soires (flèches, carquois d’arc, cible, aptitude qui fait lancer un papier n’est pas le cas et ne disposant que décocheur, viseur, stab et divers). chiffonné dans la poubelle du coin d’un temps défini et relativement La bonne nouvelle, c’est que des de la pièce : on ne réfléchit pas, le bref, j’ai opté pour l’efficacité. «kits» complets sont proposés par cerveau donne au bras des indi- Je tire avec les deux types d’arc, les marchands à des prix inférieurs. cations de direction et de force en mais ne chasse qu’avec le compound. La vieille règle est toujours valable : fonction de paramètres qu’il a enre- Son avantage réside, premièrement, le bon marché est toujours trop cher. gistrés auparavant. dans la possibilité de viser au moyen Mais je pense que des occasions Le même phénomène se produit d’un système tel qu’il existe sur une vraiment intéressantes peuvent se avec l’arc instinctif : le cerveau com- carabine et, secondement, dans la trouver car ce matériel se dévalo- mande à la musculature un position- vitesse très élevée de la flèche. De rise très rapidement, vu l’incessante nement du corps (gauche / droite), nos jours, ce projectile quitte l’arc à évolution de ce marché. du bras d’arc (haut / bas) et du bras plus ou moins 100 mètres / seconde. Les pointes de chasse se déclinent de corde (moteur de propulsion). A Au niveau précision, avec un peu en de très nombreuses variantes. cela, il faut ajouter les conditions mé- d’entraînement, on tient la pièce de Néanmoins le principe est toujours téo (humidité / chaleur / gel), la ges- 2 francs à 20 mètres. le même : des lames tranchantes
15 cause d’une situation économique risent aujourd’hui cette pratique très dure et de la chasse trop in- que dans les chasses affermées. tense. Cette interdiction est confir- mée dans l’ordonnance du 26 fé- Réflexions personnelles vrier 1988 à l’art. 2 al. f) et dans la sur la chasse à l’arc dernière mouture, dans son état au De manière inattendue, la chasse à 1er mars 2018 art. 1 al. g). Dès lors, il l’arc est mieux tolérée par les milieux faudrait modifier cette ordonnance anti-chasse. Il y est probablement pour obtenir l’autorisation de chas- vu un côté rétro qui plaît, un côté ser avec un arc en Suisse. Tâche dif- sécurité qui rassure, des difficultés Lame de chasse G5 Montec, ficile et délicate. qui économisent le gibier et un côté non aiguisée, coulée en une seule Néanmoins, il existe une Asso- idéaliste qui rallie. Tant mieux ! pièce, en acier inox et développée par un ingénieur en aérodynamique. ciation des chasseurs à l’arc de Ro- Si le chasseur au fusil a une grande mandie et une Association suisse responsabilité au niveau de la sécu- des chasseurs à l’arc (Verband rité, le chasseur à l’arc en a une tout qui coupent les tissus, les vaisseaux Schweizer Bogenjäger). aussi grande par rapport au gibier. sanguins et qui créent une hémor- Sur la fiche d’inscription à cette Tuer avec une flèche présente un ragie mortelle. Personnellement, je association, le candidat s’engage à côté aléatoire non négligeable, aus- ne tire que le modèle G5 Montec car respecter les autres usagers de la si l’archer doit-il tout mettre de son son vol est parfait, il est très solide, nature, le gibier, la faune et l’envi- côté pour assurer une mort digne à peut se réutiliser après un tir et s’ai- ronnement, appliquant une éthique ses proies admirées et convoitées. guise très facilement. Son coût est comportementale. Cela est très bien Les quelques situations suivantes d’environ 18 francs la pièce. Mais et démontre la volonté des archers vécues témoignent des mystères d’autres lames sont tout aussi va- de se distinguer de l’image des chas- auxquels l’archer sera confronté : lables et de nouveaux modèles sont seurs véhiculée par les médias ou - Même avec une vitesse de l’ordre périodiquement mis sur le marché. par certains comiques. de 90 mètres / seconde, une flèche L’association propose, en plus, un peut passer par-dessus un che- Quid de la Suisse ? manifeste du chasseur à l’arc que vreuil qui a le réflexe de se baisser La loi de 1876 interdit l’utilisation les personnes intéressées pourront à moins de 10 m de soi. de l’arc comme moyen de chasse. lire sur le site. Les chasseurs à l’arc - Une flèche peut entrer dans le On comprend bien la volonté du suisses sont obligés de trouver des flanc gauche d’un phacochère de- législateur qui souhaitait mettre en solutions à l’étranger. La France voi- puis l’arrière vers l’avant et ressor- place des mesures de protection sine offre des possibilités, tant dans tir dans l’autre sens du flanc droit. d’une faune devenue rarissime à les chasses communales qui auto- - Une flèche peut revenir en arrière exactement d’où elle vient lors- On distingue très aisément sur l’épaule de ce bubale femelle qu’elle frappe une surface dure. la pointe du coude et l’arête inférieure de l’omoplate. - Une flèche peut traverser un léo- pard juste au-dessus des poumons et au-dessous de la colonne, le laissant totalement indemne. Le mystère fut résolu deux semaines plus tard lorsque le même léopard, sur le même affût, fut fléché pro- prement par un autre chasseur. La première blessure était totale- ment cicatrisée. - Et il y a des jours où les animaux ne veulent pas mourir, même par- faitement fléchés. Le 19 juillet 2015, un élan du Cap mâle, un
16 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 ter tranquillement. Cette théorie farfelue a été prônée comme publi- cité pour la chasse à l’arc. Je n’ai rien vu de tel en vingt années de chasse : un animal tou- ché par une flèche a un réflexe de fuite important, parfois il s’arrête après quelques dizaines de mètres, d’autres fois, le plus souvent, il fuit jusqu’à la chute finale. En deux oc- casions, j’ai retrouvé le gibier cou- Ou plus simplement dit : sur la droite patte antérieure / garrot ché en position fœtale. au premier tiers inférieur de ce segment. Il est possible de pratiquer la chasse à l’arc à la billebaude, en «pirschant» ou en battue. Dans ce bubale femelle et un oryx femelle mort peut survenir. Si malheureu- dernier cas, il est possible de trou- à Okahandja en Namibie, bien sement la flèche est mal placée et ver des postes où le gibier va se dé- que parfaitement touchés dans les que l’atteinte est musculaire, la ci- filer discrètement et lentement, se poumons et au cœur, ne voulaient catrisation sera très rapide, contrai- dérober. Mais l’affût représente la pas quitter ce monde. rement à une blessure par balle qui forme la plus sûre pour se trouver à - Et il y a les flèches indisciplinées détruit les tissus et déclenchera le bonne portée d’un gibier immobile. qui ne volent pas où on veut… plus souvent une infection. Le lecteur doit se demander pour- - Et il y a la poisse qui colle parfois… Mais une atteinte dans le ventre quoi le continent africain a tellement La zone à viser sur un animal aura pour conséquence une mort de place dans mon article. C’est sim- de profil doit obséder l’archer : le lente et horrible. plement parce que je suis tombé centre du cercle inscrit du triangle, Le lecteur chasseur comprendra amoureux de certains de ses pays délimité par l’omoplate en haut et immédiatement les limites de la (Afrique du Sud, Cameroun, Bénin, l’humérus en bas, avec pour sommet chasse à l’arc. Mauritanie, Namibie et Zimbabwe), principal l’articulation de l’épaule, Les Amérindiens utilisaient une que je m’y sens bien et que le climat la pointe postérieure de l’omoplate formule pour décrire l’animal qui me convient parfaitement. Il est plus et la pointe du coude comme deux venait de recevoir une flèche : «Il est facile d’attendre à l’affût par des tem- derniers sommets. mort mais ne le sait pas». Certains pératures douces et une hygrométrie Dans le cas d’un tir de l’arrière vers ont imaginé que l’animal qui rece- plutôt sèche que sur un treestand al- l’avant, il faut viser en arrière du vait une flèche restait sur place et sacien dans le brouillard et la neige… centre inscrit du triangle (à imagi- mourait sans se rendre compte de Mais les principes d’archerie sont ner peint sur l’épaule), de telle sorte rien, qu’il continuait même à brou- les mêmes partout sur notre globe. que la pointe de la flèche atteigne, au centre de l’animal, la droite qui relie les deux centres peints sur l’épaule gauche et l’épaule droite. Il n’y a pas d’alternative ! Le tir de face est à oublier, de même que le tir de l’avant vers l’ar- rière. Ces deux tirs ont pour consé- quence certaine un animal blessé. La flèche n’a aucune force d’im- pact (stop power) sur un gibier de Un tir plus difficile à ajuster mais intéressant la taille d’un chevreuil et plus gros. car l’archer a la certitude que l’animal ne verra aucun mouvement. Ce n’est que par hémorragie que la
17 PASSION CHASSE Faire le pied | Texte et photos Théia LA TRAQUE DU SANGLIER : UN ART DE FAIRE, UN ART DE VIVRE ! UNE ACTIVITÉ SI UTILE À LA COLLEC- TIVITÉ ! QUELLE VOLUPTÉ DANS CES GESTES QUI SEMBLENT SI INSTINCTIFS ! J e la suis, cette passionnée qui est si attentive à son nez. Pas le sien mais celui de son chien, sans lequel dans la situation pré- sente elle ne serait rien ! Bien sûr l’humain regarde : son œil aiguisé permet d’interpréter les traces qui ont été laissées lors de la nuit qui vient de s’écouler. Il arrive même que la chienne passe tout droit, trop enjouée au petit matin, laissant derrière elle une coulée aux signes à détecter. Une fois remise sur la sente fraîche par sa maîtresse, qui sait ce qu’elle veut trouver, la chienne repart comme si elle avait dès le départ suivi ces traces. Des odeurs que nous ne sentons que si le gibier est à deux pas alors que les canidés les reniflent des heures plus tard, même si l’effica- cité dépend des conditions : tempé- rature, pluviométrie, fréquentation, etc. La truffe est en alerte : chercher toutes les odeurs, dans l’air, au sol, sur les branchettes des buissons, pour trouver ce qui est le plus frais. Tenter de déterminer où sont pas- sés ces sangliers dont les traces de la nuit sont partout réparties. Dans le cas précis, il est évident qu’ils ont batifolé dans le pré des vaches les cinq dernières nuits. Les ruminantes, si elles étaient là, se- raient bien ennuyées de voir tant
18 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 d’herbe gâchée, mais les pâturages encouble. Moi qui n’ai jamais aimé l’élan de son animal : peu de retenue sont trop détrempés pour pouvoir les laisses, même pour mon chien, je existe, l’impulsion est suivie très les accueillir. D’ici à ce qu’elles re- vois à quel point ce lien devient un souvent où qu’elle aille. Les deux, viennent, la nature aura peut-être eu outil efficace lorsqu’il est bien uti- en quête, trottinent pour trouver le temps de faire repousser leur pré- lisé. S’en passer serait ici une héré- leur proie – et il n’est pas facile de cieuse denrée par-dessus les mottes sie : le canidé ne pourrait se retenir suivre leurs enjambées, surtout en soulevées par les chers suidés... de filer lever le beau sanglier tant montée ! La longe de cinq mètres file sous cherché ! Il ne s’agit en rien de s’ar- Ce serpent est parfois lâché, selon les doigts de la chasseuse avec si rêter à chaque poteau pour attendre où la truffe s’est baladée, mais il ne peu de retenue. La chienne donne que son animal de compagnie finisse se prend que très rarement dans des tout pour trouver des bêtes. Un tra- de renifler les effluves de ses congé- ronces ou des bouts de branches, il vail magnifique qu’elle ne juge pro- nères, mais plutôt de suivre le des- est naturellement récupéré pour bablement pas comme tel à en voir cendant du loup dans sa recherche continuer la recherche. Une seule sa queue qui frétille et tous ses sens instinctive. fois en quatre heures, la chasseuse en émoi. Cette longe glisse telle une cou- a écrasé cette laisse qu’elle évite si Je la suis. Elle la suit. Tous nos leuvre dans les gants de la chas- allègrement. Il s’agit d’un vrai guide : gestes sont conditionnés par la seuse qui reconnaît, à la pression le prolongement de la main qui la volonté de ce bel animal, ventre à que sa compagne met dans son cou, relie à son chien. terre, qui renifle tout ce qu’il peut. si le sanglier est passé par là il y a Malgré mon attention et mes Cette corde ne semble point une peu ou pas ! La passionnée souscrit à efforts, je l’ai stoppée quelquefois PUBLICITÉ Du 16 au 30 avril 2018 offre promotionnelle de 20% jusqu’à 50% sur Blanches-fontaines 1 2863 Undervelier plus de 1'200 statues différentes Suisse Ouvertures : Contact : 21 avril 2018 de 13h30 à 19h30 ou sur Tél : +41 79 431 52 83 E-mail : bronzeartsa@gmail.com 28 avril 2018 de 13h30 à 19h30 Rendez-vous Tél : +41 79 375 55 33 Site internet : www.bronzeartsa.ch
19 sous mon pied, n’ayant pas cette habitude et ce doigté. Une quinzaine de kilomètres sont ainsi parcourus en une matinée pour espérer trouver où les sangliers ont décidé de se reposer. Des montées, des descentes, des broussailles, de la boue glissante : que d’efforts pour arriver à les encercler ! Faire le tour d’une potentielle zone de remise et savoir s’ils sont sortis à un autre en- droit ou pas. Laisser volontairement les traces fraîches pour éviter de faire fuir les sangliers avant que tous les collègues soient placés, prêts à tirer. Faire ainsi marche arrière et entourer un lieu probable de repos pour espérer ensuite lever un gros. Etre convaincue que les suidés sont entrés en fin de nuit dans ce bout de bois, c’est bien, mais pouvoir dire qu’ils n’en sont pas ressor- tis de la nuit, c’est mieux ! Quelle joie de pouvoir affir- mer au déjeuner en retrouvant l’équipe : ils sont dans ce bois-là ou cette taille, à cet endroit. Quel bonheur de s’imaginer pouvoir les traquer après avoir crapahuté une demi-journée ! Faire le pied, seule avec sa chienne. Chercher. Sentir, regarder, observer. Etre au milieu de la nature et ne point s’arrêter. Etre guidée par son animal sans jamais y renoncer. Trouver où se sont cachées ces belles bêtes HUNTER XT GRIP à déguster. Déjà imaginer les voir se lever. Décider ensuite où chacun sera placé et qui pren- Fiable. Fonctionnel. Robuste. dra son chien pour sillonner la taille. Deuxième étape qui permettra de savoir si les sangliers étaient bien là ou pas. Mais ceci est une autre histoire ! ESTABLISHED 1884
20 | CHASSE ET NATURE | no 4 avril 2018 DESTINATIONS Aller chasser ailleurs ! | Texte et photos Alain Rossier LA PRATIQUE DE LA CHASSE PEUT PERMETTRE DE DÉCOUVRIR DE NOUVELLES DESTINATIONS, ET DE SORTIR DES SENTIERS HABITUELLEMENT PRATIQUÉS. CHASSER AILLEURS OFFRE AU PRATIQUANT UNE MANIÈRE DE VIVRE SA PASSION AUTREMENT. D eux de mes amis, de passage Un environnement cynégétique particulier dans lequel près de quarante chiens à la maison pour partager un vont être découplés ! moment de convivialité, me racontent souvent leurs escapades cynégétiques et leurs quêtes de gi- bier d’ailleurs. L’un d’eux, passionné de chasse en montagne et en parti- culier de chamois, s’en va souvent bien loin pour prélever des espèces que l’on ne rencontrera jamais dans nos contrées. Originaire du Portugal, il a fait ses premières armes au sud de son pays en accompagnant son père. Pour une battue de grand gibier, Rodrigo nous emmène à Mertola. Une cabine, deux grandes ailes et des moteurs bien rodés, nous voici survolant Lisbonne, forte de six cent mille âmes, après deux heures aé- riennes. Vue d’en-haut, la ville s’étale jusqu’à mettre les pieds dans l’eau. Elle côtoie l’estuaire du Tage traver- sé par deux ponts, «Pont de Vasco de Gama» et «Pont de 25 April», qui s’étirent sur 17 km, dont 12 au- dessus de l’eau. Elle se prolonge sur une série de plages de l’Atlantique de Cascais à Estoril. Comme le ciel est dégagé, on re- marque que les constructions sont de couleur claire, la vieille ville ar- bore des tons pastels favorables à cet environnement plutôt chaud. Le débarquement à l’aéroport se passe
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