Vers des balles plus légères - ARMES - OPTIQUE - MUNITIONS du bouquetin
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Revue mensuelle | www.chassenature.ch | N° 4 – Avril 2016 ARMES – OPTIQUE – MUNITIONS PRINCE DES SOMMETS PRÉDATEURS Vers des balles Mon tir Des loups plus légères du bouquetin partout
n° 4 avril 2016 | CHASSE ET NATURE | 3 ÉDITO Les chasseurs, gestionnaires avisés | Jean Bonnard, rédacteur de «Diana Chasse et Nature» L e hasard du calendrier nous conduit à vous pro- poser ce mois deux sujets sans liens apparents, si ce n’est qu’ils mettent en lumière le rôle positif du chasseur pour notre société. Un collectif chargé de veiller à la bonne santé de nos forêts appelle de ses vœux à une meilleure collabora- tion avec les chasseurs. La faune exerce une pression non négligeable sur l’état sanitaire de nos forêts, sur- tout en hiver. Une étude au plan national tend à dresser un tableau objectif de l’impact de la faune sur la forêt, parfois protectrice contre les avalanches. Au plan suisse, un canton donne des résultats inquié- tants: Genève (canton où la chasse est bannie depuis plus de quarante ans). A la demande d’explication de cette situation, notre interlocuteur répond: «Genève, canton sans chasse jouant un rôle de refuge entouré de territoires chassés, se caractérise par un prélève- ment extrêmement restreint d’ongulés sauvages par les rentes colonies. Au retour, le chasseur présentera son gardes-faune, alors que le chevreuil et le cerf en par- bouquetin pour contrôler s’il correspond bien au plan ticulier sont très présents. La très forte incidence de de tir. Une journée qui valorise le chasseur promu régu- l’abroutissement sur la régénération forestière est à in- lateur responsable d’une espèce protégée et une jour- terpréter à la lumière de cette situation particulière». née de gagnée pour le garde. Le deuxième est révélateur de la complémentarité La modification en cours de la loi fédérale sur la chasse heureuse entre le chasseur et les services de la faune met en œuvre un cadre juridique régissant la régulation quand il s’agit de prélever – hors chasse – des animaux. des grands prédateurs. ChasseSuisse s’est battu pour Il n’y a pas longtemps, le tir d’un bouquetin, animal pro- que l’on tienne compte non seulement des dommages tégé mais dont la population doit être gérée, impliquait occasionnés aux animaux de rente, mais aussi pour des qu’un garde sacrifie sa journée pour accompagner un effets sur les différentes populations d’animaux sau- chasseur dans sa quête du bouquetin à tirer. vages. L’effondrement des populations de chevreuils et Aujourd’hui en Valais notamment, le chasseur qui a de chamois constaté dans plusieurs régions nécessite suivi une formation adéquate informe le garde du jour une réduction des populations de lynx. Pourquoi ne pas choisi pour son tir de prélèvement et le garde lui in- étudier une solution y associant les chasseurs, comme dique la zone du tir en fonction de l’évolution des diffé- on le fait déjà avec bonheur pour le bouquetin? Errata Dans la précipitation d’un bouclage «sportif», 2. C’est notre collègue Chasie (Charly Sierro) qui nous avons commis deux erreurs: est l’auteur du texte et des photos du sujet «Bas 1. La superbe photo de couverture du numéro de les Masques» publié en mars en pages 19 à 22. mars est l’œuvre de Claude Morerod. Avec nos excuses et nos regrets. J. B.
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5 SOMMAIRE 6 Armes – Optique – Munitions Revue mensuelle fondée en 1883 Organe officiel de la Société suisse Emergence des munitions légères des chasseurs «La Diana» www.chassenature.ch ÉDITEUR Texte et photos de Daniel Girod Diana Suisse Les Crettets 21 1342 Les Charbonnières ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Le coin du pêcheur AdVantage SA Editions & Régie publicitaire Chemin du Closel 5, 1020 Renens De la pêche RÉDACTION à la mouche 10 Direction-Rédaction Jean Bonnard Texte et photos de Michel Bréganti Rue de Condémines 39, 1950 Sion Tél. 079 252 92 09 jean.bonnard@netplus.ch ABONNEMENTS AdVantage SA Chemin du Closel 5, 1020 Renens Tél. 021 525 48 73 13 Prince des sommets Mon tir de régula- abo.chassenature@advantagesa.ch PUBLICITÉ tion du bouquetin Marianne Bechtel Texte de Maxime Rey et photos de Louis Dasselborne Tél. 079 379 82 71 mac@bab-consulting.com Délai de réservation: le 1er du mois pour parution dans l’édition du mois suivant Prédateurs MISE EN PAGES l’atelier prémédia Sàrl Des loups partout! Chemin de la Fin du Clos 39 1616 Attalens IMPRESSION Imprimerie Saint-Paul Boulevard de Pérolles 38 21 Texte et photos d’Alain Rossier 1700 Fribourg 29 Faune Tirage: 4000 exemplaires Le cycle continue chez les chamois N° 4 – AVRIL 2016 Photo de couverture: Jean Margelisch 2e de couverture: Texte et photos de Georges Laurent Robert Maier Les articles publiés dans Diana Chasse et Nature n’engagent que Recette de chasse Cassolette leurs auteurs. Les documents envoyés ne sont pas restitués, sauf accord préalable avec la rédaction. Tous droits de reproduction (articles Saint-Hubert 49 et illustrations) réservés pour tous pays. La reproduction de tout ou Par Alois Franzen partie de textes et d’illustrations doit faire l’objet d’un accord préalable avec la rédaction. 27 18 Forêt et gibier: Chasseurs et forestiers: vers un dialogue ouvert par un collectif de SFS | 25 Poster: Le retour du gypaète photo de Jean Margelisch | 28 Portfolio photos de Jean Margelisch | 31 Les infos | 50 Jeu | 51 La photo historique DR Scannez ce code avec votre smartphone et consultez notre site Internet
6 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 ARMES – OPTIQUE – MUNITIONS Emergence des munitions légères | Texte et photos Daniel Girod BALLES LOURDES OU LÉGÈRES, UNE TENDANCE SEMBLE SE DESSINER! L e dilemme entre les balles légères et les balles lourdes Les balles Evo_Green RWS, à droite en 9.3x62, à gauche en 30.06. existe depuis des décen- nies et génère très souvent des discussions enflammées entre les tenants de chacune des solutions. Néanmoins, surtout avec l’arri- vée des munitions sans plomb, le choix des constructeurs semble aller vers les balles légères. Sacré Albert! Il s’agit d’Albert Einstein bien sûr! Dès lors qu’il a démontré que l’éner- gie cinétique était proportionnelle au carré de la vitesse, la fameuse formule E = ½ m V2, les balisticiens n’ont cessé de vouloir augmenter la vitesse des projectiles afin d’en ac- croître de façon spectaculaire l’éner- gie. En effet, à partir du moment où la vitesse est multipliée par deux, l’énergie est quant à elle multipliée par quatre! Il devient donc très ten- tant pour les fabricants de proposer des munitions qui développent des énergies importantes sur la base d’un poids plus faible (voir encadré La même cause n’engendre pas les mêmes effets). Cette tendance est dorénavant d’autant plus mar- quée que le plomb devient de plus en plus indésirable (voir encadré
7 Le tir du chamois peut très bien s’envisager avec une balle de dix grammes en 9,3x62. Sans plomb c’est plus léger!) En catalogue du constructeur permet nible uniquement en 10 grammes, effet, la densité du plomb étant éle- de constater que le choix se limite à donc loin derrière les balles de vée1, les balles composées principa- un seul poids de balle par calibre, et 18 grammes proposées habituelle- lement de ce métal pèsent d’autant leur préférence s’est portée sur un ment dans ce calibre. plus lourd que la proportion de ce faible grammage. A titre d’exemple, constituant est importante. la munition de calibre 7x64 n’est Distance optimale proposée qu’avec une balle de Pour le 7x64 comme pour le 9.3x62, Environnement 6,75 grammes soit 104 grains. Très ces munitions affichent des trajec- La notion de balle légère va donc utilisée en battue, la munition de ca- toires très tendues – DRO (Distance tout d’abord s’imposer pour une libre 9.3x62 est quant à elle dispo- de Réglage Optimal) à 208 mètres raison liée à l’environnement. L’in- quiétude liée au saturnisme est passée par là et devient de plus en plus prégnante. La deuxième rai- La même cause n’engendre son est liée aux qualités balistiques des balles qui sont plus légères, à pas les mêmes effets calibre égal bien évidemment. Ce A énergie égale, les dégâts causés à la venaison ne sont pas les mêmes choix a par exemple été fait par un selon que le projectile a une faible masse et une vitesse élevée ou qu’il constructeur allemand peu connu – a une forte masse et une vitesse plutôt faible. Comme l’ont démontré Sax Munitions Gmbh2. Coiffée d’un de nombreux travaux sur la balistique, l’effet hydrodynamique de la balle bout plastique, la balle est réalisée augmente avec la vitesse. Comme le corps de tout animal, y compris par tournage à partir de cylindres de l’homme, est majoritairement composé d’eau, la propagation et les dé- cuivre. Une petite rainure permet gâts provoqués par l’onde de choc sont d’autant plus importants que la de contrôler l’expansion et la pé- vitesse est élevée. nétration de la balle. La lecture du
8 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 11,9 grammes soit 184 grains. Mâle ou femelle, le mouflon porte très bien la balle. Comme pour le fabricant précé- dent, la tension de trajectoire est là puisque la DRO se situe à 177 mètres. Pour l’universel calibre 30.06, l’Evo green de chez RWS ne pèse que 8,8 grammes soit 136 grains. Quel calibre? La baisse tendancielle du poids des balles va sans doute conduire à une plus grande universalité des «gros» calibres. Il est en effet indé- niable qu’avec des DRO situées à deux cents mètres voire davantage, le 9.3x62, calibre initialement dédié à la battue, peut être utilisé égale- ment pour la chasse en montagne, notamment pour un animal comme le mouflon qui se montre particuliè- rement résistant à la balle. Du point de vue balistique, les balles plus Jeune cerf tué avec une balle de cent grains en 7x64. légères entraînent inévitablement quelques précautions à prendre pour les réglages. Il est tout d’abord impératif de procéder à des tirs d’es- sais car le pas des rayures des ca- nons est généralement conçu pour le poids moyen typique de chaque calibre soit 150 grains pour le 7x64 et 280 grains pour le 9.3x62. Des cor- rections sont également inévitables pour les lunettes. Les trajectoires plus rasantes des balles légères im- pliquent forcément quelques clics modificatifs des réticules. D’un point de vue général, couplée à la mise sur le marché de lunettes aux champs de focales étendus de type 1x8, la mise à disposition de balles légères peut permettre d’utiliser la même arme, la même lunette et la même munition que ce soit en battue ou en pour le premier et 194 mètres pour mille joules et celle de calibre 9.3x62 tir à longue distance comme cela se le second. Les vitesses à la bouche atteint quant à elle trois mille sept pratique relativement couramment du canon atteignent respectivement cents joules. Cette volonté d’abais- en montagne. 1050 et 976 mètres par seconde ser le poids des balles se retrouve Les contraintes à venir quant à pour le 7x64 et le 9.3x62. Quant également chez RWS dont la dé- l’interdiction des balles conçues aux énergies, à cent mètres la muni- sormais célèbre balle «verte» Evo en partie ou en totalité à base de tion de calibre 7x64 développe trois green de calibre 9.3x62 ne pèse que plomb vont conduire à l’émergence
9 QUANTUM XD/S Découvrez de jour comme de nuit ... de munitions dont le poids va être à calibre égal plus avec la caméra haute définition ! faible. En effet, les densités des nouveaux métaux qui entrent dans la constitution des nouvelles munitions Modèles performants... sont plus faibles que celle du plomb. Ce n’est pas for- cément un inconvénient car l’allègement des balles semble leur donner une plus grande universalité. 1. Avec une densité de 11,35, le plomb est loin derrière le platine et l’or! Mais il est néanmoins largement de- vant le cuivre qui affiche quant à lui une densité de seu- lement 8,96. Le plus proche du plomb serait… l’argent, densité 10,5! 2. Sax munitions www.sax-munition.de 77317 Quantum XD50S Ø 42 mm, grossissement 2.8x, CHF 3‘800.00 77316 Quantum XD38S Ø 32 mm, grossissement 2.1x, CHF 3‘400.00 Caractéristiques spécifiques ... Sans plomb, Taux de rafraîchissage en 50 Hz pour une image calme à l‘observation dynamique (par ex. objets c’est plus léger! en mouvement) Ecran OLED QUANTUM XDS Image naturelle sans distorsions et résistance au froid HOHE BILDFREQUENZ FARBPALETTEN EXTERNE STROMVERSORGUNG Dans un communiqué de presse daté du 24 dé- Affichage des objets dans 6 couleurs cembre 2013, le Comité Guillaume Tell écrivait: «Il 50HZ EPS Différentes visibilités des degrés de chaleur n’y a pas un mois sans qu’une réunion ait lieu àDank der hohen Bildfrequenz (50hz) ist das dyna- Réticule de télémétrie Quantum XD bietet 7 verschiedene Farbpaletten Die Einsatzdauer des Gerätes kann wesentlich fournit des informations précieuses sur la distance de l‘objet mische Beobachten äusserst komfortabel, in Situ- für die Bilddarstellung, Graustufen verlängert werden, wenn ein externer Akku (z.b. Bruxelles ou à Strasbourg pour faire le point sur les ationen also, wo sich der Beobachter oder das ("weiss/heiss" - "schwarz/heiss") und Farbpal- Pulsar EPS3/EPS5) zusammen mit der Einheit beobachtete Objekt in Bewegung befindet. etten, welche die verschiedenen Wärmegrade eingesetzt wird. Zudem kann der Akku bei farblich differenziert darstellen. frostigen Temperaturen unter der Bekleidung getragen werden, um die Betriebsdauer weiter initiatives communautaires ou nationales, à la fois zu erhöhen. Zoom digital jusqu‘à 4x sur la directive armes, mais aussi sur les menaces OptiLink AG Poststrasse 10, 2504 Biel/Bienne (Schweiz) Tel: 032 323 56 66 Fax: 032 323 56 64 4x info@optilink.ch permet de déceler des détails http://www.optilink.ch concernant l’interdiction du plomb dans les muni- Display Standby tions pour des raisons de santé publique.» L’évolution économise l‘énergie afin de permettre un emploi immédiat de vers les balles vertes semble donc bien engagée. l‘appareil Sortie vidéo L‘image peut être enregistrée ou affichée sur un écran externe Ce qui attire l‘œil ... ... fascine le regard. Rapport de test disponible sur demande ! Sax munitions développe des munitions à base de cuivre et, pour chaque calibre, les balles sont d’un poids le plus faible possible. OptiLink SA rue de la poste 10 2504 Bienne Fon 032 323 56 66 info@optilink.ch www.optilink.ch
10 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 LE COIN DU PÊCHEUR De la pêche à la mouche | Texte et photos Michel Bréganti MÊME SI TOUTES LES MOUCHES SONT DES LEURRES, IL CONVIENT DE FAIRE QUELQUES DISTINCTIONS. E n effet, une mouche sèche l’eau. Dès lors, toutes les variantes les mêmes que nous. Par exemple si à ailes peut être une proche sont possibles et les spécialistes en nous regardons un champ de fleurs imitation d’un insecte exis- inventent tous les jours. jaunes, les abeilles, elles, les per- tant et vivant en milieu aquatique Les poissons, dont les truites, dis- çoivent violet foncé (proche de l’ul- d’espèce connue ou alors une tinguent les couleurs car ils ont des traviolet). Il en va ainsi pour tous les mouche fantaisie qui ne doit ses yeux tout comme les nôtres mais par animaux; à l’évidence pour la truite prises qu’à la surprise et à l’allure sur contre ils ne voient sans doute pas aussi. Trois cous de coq qui permettront la fabrication de plus de trois cents mouches araignées tout comme des mouches à ailes.
11 de sa dernière mue déployant ses Deux hackles, écorchés, c'est-à-dire bien exposés où l'on voit que ces plumettes avec ailes avant l’accouplement, leurs poils sans barbe ni barbule peuvent bien reproduire l'effet d'une mouche sèche à la surface. - les spents, les mortes après ac- couplement et ponte. - les streamers, imitations fantaisie de tout ce qui ressemble plus ou moins à une proie et même sans relation avec la réalité. Nous aborderons ces six genres de mouche au gré des prochains articles (alternés avec d’autres su- jets) avec description, fabrication et montage, expérimentation. Tout s’allume... Pêcher à la mouche dans ces pe- tits ruisseaux et canaux de plaine constitue déjà un exploit qui peut parfois se comparer à de la haute voltige. Le lieu, la météo, l’heure, la végétation aquatique et terrestre alentours, la couleur de l’eau, etc., sont autant de facteurs définissant les conditions de pêche comme des contraintes souvent. Un soir, largement après le cou- cher du soleil, ce canal laisse fuir son jus au travers de tous les ro- seaux de la création, des grandes lances vertes des iris d’eau, des ty- phas et tout ce que l’on peut trouver comme fouillis aux abords d’un jus. Quant à la végétation aquatique, elle Que voit la truite à la surface? Pro- même: c’est un miroir. Un seul doute est énorme et l’on peut vraiment bablement la même image que nous, subsiste c’est le phénomène de la lu- dire que dans cette flotte, il y a plus c’est-à-dire pas grand-chose car la mière polarisée (polaroid) qui filtre à manger qu’à boire. surface de l’eau depuis dessous est les rayons lumineux atténuant l’effet A la nuit, dans les derniers restes un vrai miroir (phénomène phy- miroir. Les pêcheurs utilisant des lu- de pâleur du vieux jour, la lune sique de la réflexion totale). J’en ai nettes polaroid connaissent bien ce dore les crêtes des minces remous fait l’expérience en me mettant sous phénomène. et les bords humides des plantes. l’eau et faisant défiler une mouche à Accroupi auprès du pont, je scrute la surface; je n’ai vu que les poils du Les genres de mouches cette flotte qui se fraye un chemin hackle* repoussant ce miroir comme Il existe, sauf exception, six genres tortueux au travers de la végétation de très petits entonnoirs (ordre du de mouches: alors que le canal est «beau droit». millimètre), sans le traverser. Evi- - les sèches, qui flottent à la surface, Par-dessus la flûte de quelques demment, je n’ai pas vu la mouche - les noyées, sous la surface, rainettes, des sons bizarres me par- encore moins ses couleurs. Or le - les nymphes, imitant la larve ou viennent, comme si un animal bras- phénomène de réflexion est stric- l’insecte montant vers la surface, sait l’eau: «Vouarf! Vouarf...» en se tement physique et quel que soit - les émergentes (subimago), in- répétant régulièrement. J’avise alors l’œil, le résultat ne peut être que le secte à la surface, à peine sorti un reflet platiné, qui se déplace de
12 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 faire voler en direction de la belle. Sapristi! La ligne se prend dans les roseaux, juste à côté. Il faut casser pour ne pas apeurer la bête. On re- commence... Bing! Croché dans une branche de bouleau juste dans mon dos. Et re! Au troisième lancer la mouche tombe dans le cercle d’at- taque du monstre et le voilà au bout qui fout le camp à tout berzingue en dévalant le courant. «Ouerde à la pécleu» et je lui cours après... Seulement, la bête va passer sous pont plus bas et casser. Une canne fine et somme toute fragile, un fil de quatorze centième qui ne rend pas grand chose à un cheveu, il n’y a pas à hésiter, je dépasse cette truite et dans la lancée, je la tire hors de l’eau Mouche «parachute», copie d’une mouche de mai hélas disparue depuis des décennies de en corrigeant sa trajectoire pour la nos contrées qui me servait à pêcher la nuit. poser sur la berge. Cette baleine d’eau douce faisait huit cents grammes; une merveille au dos argenté constellé de points noirs et de points rouges et au ventre jaunâtre, caractéristique des hôtes du lieu. Mais allez donc savoir pourquoi, le lendemain, dès le gros du soleil apaisé, au même endroit, j’ai pris sa sœur, en tous points pareille avec une mouche araignée, grosse et touffue: la Marie-Jeanne. Belle époque! * Le hackle est une plume fine de cou de coq qui ne comporte pas de barbules et qui, enroulé autour de la tige de l’hameçon, forme une couronne de «poils» simulant les pattes de mouche (voir photo La Marie-Jeanne, mouche araignée passe-partout. Normalement son corps page 11). est plus épais, plus lourd. droite et de gauche: «une maîtresse Je me fraye un chemin dans cette truite» attablée, qui, le dos émer- forêt quasi vierge, bravant la nuée geant de la surface, zigzague au gré de moustiques qui m’assaillent, des mouches qui dérivent en les go- je monte une grosse mouche pa- bant toutes bruyamment. rachute blanche et tente de la
13 PRINCE DES SOMMETS Mon tir de régulation du bouquetin | Texte Maxime Rey | Photos Louis Dasselborne L’ESPÈCE CAPRA IBEX EST PROTÉGÉE SUR LE PLAN FÉDÉRAL, ELLE FAIT L’OBJET D’UNE RÉGULATION DES COLONIES TRÈS STRICTE, BASÉE SUR L’ÉQUILIBRE DES POPULATIONS ET L’ÉCOLOGIE DE L’ESPÈCE. E n Valais sa régulation est très les Dianas (sociétés de chasse) valai- chasse. Les tirs s’effectuent sur deux restreinte et se limite à deux sannes. Celles-ci procèdent ensuite à périodes entre septembre et octobre. cents individus par an. Les un tirage au sort des chasseurs ins- Lors de l’assemblée de la Diana sexes et les âges des animaux à pré- crits pour les tirs. Ceux-ci doivent d’Hérens 2014, c’est avec joie que lever dans les colonies sont étudiés alors suivre un cours afin d’effectuer le j’ai eu le privilège d’obtenir le tir chaque année et sont répartis entre tir sans être accompagnés d’un garde- d’un jeune mâle de 3 à 4 ans. «Mon jeune mâle de 3 ans, un prince des sommets…»
14 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 Le territoire des chamois et des bouquetins. Repérages fortes chaleurs. Ils se trouvent dans et qu’avec un peu de chance la neige Dès la mi-août je m’affaire donc des terrains bien trop escarpés où viendra les pousser à descendre de aux premiers repérages. Plusieurs nous passons en tant qu’alpinistes leurs perchoirs. sorties en haute montagne m’ont mais où être chasseur devient trop Octobre, la neige blanchit légère- déjà permis de repérer quelques aventureux. Je décide donc d’at- ment nos sommets, pas de quoi pré- groupes auparavant, la plupart en- tendre la période de tir d’octobre, cipiter les bouquetins à descendre core en haute altitude en raison des sachant que la température tombera mais au moins à les encourager. Je
15 pourrait probablement se promener parfait, nous avançons donc lente- un groupe de mâles. ment, nous arrêtant régulièrement pour jumeler et tenter de les dé- Le grand jour busquer. Il est 11h30 quand nous Matin du 16 octobre, 5h. Le réveil apercevons enfin les premiers in- sonne, l’excitation m’envahit im- dividus. Malheureusement il n’y a médiatement et c’est sans aucune que des étagnes. Je décide de me peine que je m’extirpe des draps. Le rapprocher pour vérifier si un mâle rendez-vous est à Ferpècle et c’est ne se cache pas dans les alentours. avec joie que j’y retrouve mes amis Je pars seul, abandonnant mes amis Louis et Nicolas, l’un photographe qui en profitent pour se restaurer et et l’autre cameraman. Ils vont se prélasser au soleil. m’accompagner dans cette journée Les étagnes sont dans une mo- d’aventure et tenter d’immortaliser raine, couchées sur le bord d’un ces instants privilégiés. Le temps grand replat qui m’est invisible de- est magnifique, nous espérons que puis le bas. Je décide d’y grimper la chance va nous sourire. afin de jeter un œil. Je ne me trouve Nous préparons nos affaires en qu’à 100 mètres des femelles quand attendant le lever du jour, le che- je distingue enfin l’ensemble du min étant peu marqué et encombré plat, toujours pas de mâles en vue. de végétation, cela nous évitera de Ces dames accompagnées de leurs nous perdre trop longtemps. L’as- petits s’en vont tranquillement sur cension débute par un étroit chemin une arête des plus effilées, le soleil sinueux qui nous emmène dans un est rasant et je n’aperçois que leurs labyrinthe de petits feuillus. Nous silhouettes entourées d’un halo de nous égarons parfois, confondant lumière. Une image magnifique et celui-ci avec les passages des cerfs presque irréelle qui restera gravée tout aussi marqués. Nous atteignons dans ma mémoire. les cordes fixes qui permettent de C’est donc après deux heures d’ef- franchir une barre rocheuse, encore forts solitaires que je rejoins les col- un petit effort et nous voilà à la li- lègues, bredouille mais la tête pleine mite supérieure de la forêt. de belles images. Ils me disent avoir La vue s’éclaircit enfin, nous dé- aperçu deux bouquetins monter voilant des pentes herbeuses par- au-dessus d’eux mais n’ont pas pu semées de rocher sous la mena- les identifier précisément. Nous çante Grande Dent de Veisivi. Nous partons à leur recherche. Le terrain sommes sur le territoire des cha- devient de plus en plus abrupt et mois et des bouquetins. Nous pre- la prudence est de rigueur, mieux nons le temps de nous arrêter pour vaut avoir le pied alpin. Nico nous fouiller les pentes et nous ravitailler impressionne, il grimpe sans sour- un peu. Nous scrutons minutieuse- ciller, lourdement chargé de ses ca- ment chaque vire et chaque recoin méras et de son trépied sur l’épaule. herbeux. Rien à l’horizon! Nous dé- Sa carrière de freerideur profession- téléphone au garde-chasse pour an- cidons de suivre les derniers pâtu- nel semble avoir fait de lui un solide noncer ma journée de tir. Celui-ci rages dans la direction de la Blanche montagnard. m’indique la zone se situant sur la de Perroc. rive gauche de Ferpècle, en des- Bingo! sous de l’imposante Grande Dent de Que des étagnes… Soudain j’aperçois un bouquetin Veisivi et la Blanche de Perroc. Un Le pelage beige des bouquetins surgir et se dresser sur une arête terrain abrupt et difficile d’accès où leur confère un mimétisme quasi lointaine. En un éclair, je sors la
16 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 En dessus des feuillus et sous les rochers… Les cordes fixes pour franchir la barre rocheuse. longue-vue afin d’identifier l’impru- 175 mètres. Nous sommes à bonne corde dans la voiture. La fatigue est dent, c’est un jeune mâle de 2 ans. distance pour garantir un tir précis, bien présente et nous allons devoir Trop petit pour notre tir mais trop j’ôte mon sac le dépose devant moi être attentifs et prudents, un acci- jeune pour être seul, nous fouillons et m’allonge pour le tir. Le bouque- dent gâcherait tristement la journée. les alentours, bingo! Nous l’avons tin s’arrête juste avant l’horizon, Nico va devant afin de trouver un trouvé! Un mâle de 3 ans est en train c’est le moment ou jamais. J’expire chemin et nous indiquer les vires où de brouter discrètement en contre- longuement, bloque mon souffle et passer. Louis et moi désescaladons bas. presse la détente en douceur. L’ani- lentement, chargés de notre prince, Il est déjà 14h, s’ils basculent de mal est traversé par un frisson, il fait l’expérience est périlleuse et éprou- l’autre côté la journée sera finie. quelques pas et disparaît. vante. Après onze heures de marche Le terrain est trop escarpé pour Mon tir a été rapide mais je sais nous voici enfin aux voitures. prendre le risque de se faire sur- que j’ai bien lâché mon coup. Nous Nous nous serrons la main et ren- prendre par l’obscurité et aucun faisons signe à Louis de nous re- dons un dernier hommage à notre d’entre nous ne souhaiterait bivoua- joindre. Malgré l’excitation et la tré- splendide bouquetin. Nous sommes quer dans ces pierriers instables. pidante envie d’aller trouver notre éprouvés mais heureux, remplis de C’est notre dernière chance, il faut bouquetin, nous attendons Louis cette joie indescriptible que seule y aller! tranquillement. Il est toujours préfé- une si belle journée en montagne D’un pas rapide mais silencieux, rable de laisser un moment s’écouler peut offrir, cette joie que seuls Nico et moi attaquons l’approche. avant d’aller lever le gibier. ceux qui l’ont vécue peuvent com- Il est très difficile de ne pas faire Il est là, couché juste à 3 mètres prendre. rouler de pierres dans ces éboulis. du lieu du tir. Quel magnifique ani- Nous voilà à 300 mètres, il s’est cou- mal! C’est un jeune mâle de 3 ans, un Témoignages, ché. Nous ne pouvons plus avancer prince des sommets. Nous remer- Nicolas Falquet (cameraman) à couvert mais le vent est favorable. cions l’animal comme une offrande Quelle est la différence entre un Nous continuons notre approche de qui nous est donnée. L’émotion est bon et un mauvais chasseur? rochers en rochers, nous arrêtant grande et une certaine ivresse enva- Quand mon «pote» Max me pro- pour observer son attitude. Soudain hit la troupe mais il nous faut rapi- posa de l’accompagner durant une un magnifique mâle de 6 ans surgit dement redescendre de notre petit journée de chasse en montagne, je au-dessus de lui, il se balade un peu nuage et repartir. Il est déjà 15h30 n’avais ni la réponse à cette ques- et s’en va. Notre jeune mâle menace et nous avons presque 1000 mètres tion, ni aucun préjugé (ou presque), de le suivre. Nous accélérons le pas, de descente à travers un dédale de concernant cette activité automnale il n’est plus qu’à quelques mètres de falaises. A cet instant je remarque si souvent décriée. L’opportunité l’arête. Je prends mon télémètre, avoir malheureusement oublié ma était assez unique, Max avait eu
17 la chance d’avoir été tiré au sort afin de prendre part aux «tirs annuels de régulation du bouquetin». Pour moi, peu importe la «cible», l’idée de passer quelques heures en montagne avec un pote passionné, suffisait à me convaincre et représentait pourquoi pas, un sujet à filmer. Je partais donc, ce matin d’octobre, le cœur lé- ger et le sac à dos bien chargé, à la chasse d’images de chasse… Je ne vais pas décrire ce que j’ai vu, vécu et fil- mé durant cette longue journée en montagne (les images tournées ce jour-là résument tout), mais j’aimerais juste partager un sentiment; ce sentiment de respect que Max avait pour ce bouquetin qu’il allait tuer après de longues heures d’observation et de «traque». Mérité ou pas (ce n’est pas le sujet), ce bovidé semblait être pour Max un précieux cadeau offert par Dame Nature, et non pas une simple autorisation délivrée par le service cantonal de la chasse. Bref, ce jour-là, j’ai passé la journée avec un «bon» chasseur, je n’ai toujours pas la réponse à cette question universelle, mais je suis aujourd’hui convaincu qu’il existe des bons chasseurs. NOUVEAU Louis Dasselborne (photographe) Que la chasse soit une passion, une parenthèse au quotidien ou une pratique décriée, aucune appréhen- sion ne peut dénaturer cette journée. D’une randonnée sauvage en passant par un affût lumineux jusqu’à une conclusion empreinte de respect, les images ne sau- raient mentir. Nous avons vécu une parallèle empreinte 1-4x24 2-8x42 PVC PVC CHF CHF 1‘026.00 1‘080.00 de grandeur sur les traces des rois de la montagne. 3-12x56 PVC CHF 1‘134.00 4-16x56 PVC CHF 1‘242.00 Vous pouvez visionner la vidéo de Nicolas Falquet sur www.chassenature.ch. LE COM PAGNON ID É A L COMPACTE, ROBUSTE ET LÉGÈRE, LA NOUVELLE GAMME DE LUNETTES DE VISÉE RANGER GA- RANTIT UNE PERFORMANCE FIABLE QUELLE QUE SOIT VOTRE ARME DE PRÉDILECTION. ELLE COMBINE UNE LONGUEUR TRÈS RÉDUITE À UN EXCELLENT CHAMP DE VISION. AVEC LEUR OPTIQUE „HIGH-CONTRAST“ ET UNE TRANSMIS- SION LUMINEUSE DÉPASSANT 90%, LES LU- NETTES DE VISÉE RANGER OFFRENT DES RÉSUL- TATS OPTIMAUX, QUE CE SOIT, DE NUIT, DE JOURS AINSI QUE DANS DES CONDITIONS DE LUMINOSITÉ EXTRÊME. PERF ORM A NCE L’émotion est grande… ASSURÉ Generalimporteur für die Schweiz: OUTDOOR ENTERPRISE SA 6616 Losone | Tel. 091 7912718 WWW.STEINER.DE info@outdoor-enterprise.ch
18 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 FORÊT ET GIBIER Chasseurs et forestiers: vers un dialogue ouvert | Texte et photos Collectif de SFS ABROUTISSEMENT: LES FORESTIERS PRÉSENTENT UNE VUE D’ENSEMBLE DE LA SITUATION ET SOUHAITENT UN DIALOGUE OUVERT AVEC LES CHASSEURS. L a discussion des «dégâts du gibier» échauffe depuis long- La Société forestière suisse (SFS) a effectué des relevés dans 25 cantons. temps les esprits de chasseurs et de forestiers. La recolonisation du cerf dans plusieurs parties de la Suisse actualise encore plus le sujet. Quelle influence exercent chevreuils, chamois et cerfs sur la forêt suisse? Le groupe de travail Forêt et faune sauvage de la Société forestière suisse a établi une vue d’ensemble nationale en se basant sur les relevés effectués dans 25 cantons ainsi que sur les données du quatrième inven- taire forestier national (IFN 4). Les jeunes pousses et les bourgeons des petits arbres figurent depuis tou- jours dans le régime alimentaire des chevreuils, des chamois et des cerfs. Ces animaux sont dépendants de ces sources de nourriture et peuvent ain- si influencer négativement le rajeu- nissement naturel des forêts. Avec la vue d’ensemble nationale, le groupe de travail Forêt et faune sauvage veut apporter une base de discussion objective sur la théma- tique forêt-gibier à l’échelon national. La méthode L’influence de l’abroutissement a été évaluée de manière très diverse
19 selon les cantons. Quelques cantons quemment un abroutissement ex- La prochaine étape basent leur évaluation sur des rele- cessif (sapin, chêne, érable, sorbier Une évaluation largement admise vés du taux d’abroutissement dans des oiseleurs) font partie de la bio- de l’influence de l’abroutissement des surfaces indicatrices ou sur un diversité forestière au même titre sur le rajeunissement est une base réseau systématique de placettes que les ongulés sauvages, le loup et de discussion importante. La pré- d’échantillonnage, comme le fait le lynx. Elles jouent un rôle parti- sente vue d’ensemble comble un aussi le quatrième inventaire fores- culièrement important pour la sta- vide au niveau national. Il s’avère tier national (IFN 4). Dans 17 can- bilité de la forêt et pour son adapta- que des relevés systématiques du tons représentant 65% de la surface tion au changement climatique. taux d’abroutissement constituent forestière suisse, l’évaluation repose sur une taxation d’expert effectuée par les gardes forestiers. La qualité de cette taxation est variable, de- Taxation d’expert de l’influence du puis une évaluation purement esti- mative par les forestiers jusqu’à une gibier pour 65% de la forêt suisse taxation systématique selon des di- répartis dans 17 cantons. rectives claires, parfois en combinai- son avec des placettes d’inventaire et des expérimentations basées sur En gris: pas de taxation d’expert (autre méthode des enclos témoins. d’évaluation). En vert: classe 1, influence de l’abroutissement faible. Les principaux résultats En jaune: classe 2, influence critique/peu claire, voire disparition d’une essence. Selon la mise en valeur des rele- En rouge: classe 3, influence élevée. vés des taux d’abroutissement par essence de l’IFN 4, les effets les plus négatifs de l’abroutissement excessif sont observés sur le chêne à l’étage Canton Année Surface forestière Surface collinéen, sur le sapin à l’étage mon- de taxation en % selon les forestière tagnard et sur l’érable et le sorbier classes d‘influence taxée des oiseleurs à l’étage subalpin. Sur 1 2 3 [ha] 68% de la surface forestière suisse AG 2013 25 68 7 48 956 avec taxation d’expert, l’influence BE 2013 53 36 11 166 592 de l’abroutissement du gibier sur le BS/BL 2012 55 44 1 20 883 rajeunissement peut être jugée insi- GE 2013 0 70 30 3 005 gnifiante (voir tableau). GL 2011 59 41 - 10 331 Ce constat peut paraître positif, GR 2003-2013 82 17 1 187 590 mais attention: JU 2013 100 0 0 39 130 − Sur un tiers de la surface fores- LU 2013 79 18 3 41 013 tière avec taxation d’expert (env. NW 2013 90 10 0 7 758 250 000 ha) l’influence de la faune OW 2011 91 9 - 19 547 sauvage sur le rajeunissement est SH 2012 62 29 9 28 122 un thème important. SO 2013 57 31 12 31 486 − Les situations problématiques sur SZ 2012 80 20 - 27 112 de petites surfaces ne sont pas vi- UR 2011 71 29 0 16 066 sibles dans une vue d’ensemble, VS 2013 85 15 - 109 009 mais peuvent néanmoins avoir ZG 2009 69 30 1 6 424 une grande importance à l’échelle ZH 2014 49 38 13 49 700 régionale (p. ex. en zone de forêt protectrice). Total 68 27 5 812 724 − Les essences présentant le plus fré-
20 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 une base précieuse, mais qu’ils ne division du territoire forestier en − des objectifs communs pour le dé- sauraient remplacer la taxation de unités de taxation, telles que des veloppement de la forêt et de l’ha- l’influence de la faune sauvage faite zones de gestion du gibier, basée sur bitat de la faune sauvage soient par les forestiers. Ils sont plutôt un des critères homogènes. définis, complément important et sont à in- − des formes appropriées de colla- terpréter à la lumière des connais- Conditions du succès borations soient mises en place sances locales des forestiers. La Pour les forestiers, même les meil- afin de permettre aux acteurs diversité actuelle des méthodes leurs relevés resteront insuffisants à concernés de résoudre les pro- complique une comparaison entre eux seuls. Les problèmes d’abroutis- blèmes à l’échelle régionale. cantons ou entre régions. Comme le sement ne pourront être résolus en gibier se déplace indépendamment forêt qu’à condition que: des limites politiques, il serait im- − forestiers et chasseurs dialoguent portant d’avoir un relevé d’expert dans un esprit d’ouverture et qui soit unifié et largement reconnu soient prêts à explorer ensemble au niveau suisse, ainsi qu’une sub- des chemins nouveaux, Questions à Olivier Schneider (membre du comité de la Société forestière suisse) Comment qualifieriez-vous l’état actuel des relations entre forestiers et chasseurs concernant la question de l’incidence du gibier sur la forêt? Le dialogue entre forestiers et chasseurs, que ce soit sur le terrain ou au niveau des instances cantonales en charge de la forêt et de la faune sauvage, s’est intensifié ces dernières années. La prise de conscience de la nécessité d’une gestion intégrée du gibier et de son habitat, et l’élaboration de stratégies forêt-gibier dans ce but par les cantons, ont favorisé les rapprochements. La prochaine étape? Une évaluation objective de la situation du rajeunissement forestier, reconnue par tous les interlocuteurs, consti- tue la base indispensable pour la mise en place des mesures intégrées. Une uniformisation des relevés, sur des bases méthodologiques solides, est la prémisse d’un renforcement de la concertation. Pas de résultats pour les cantons de Vaud, Fribourg et Neuchâtel. Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de problèmes dans ces cantons? Les cantons de FR et NE ne procèdent pas à une taxation d’expert mais évaluent l’influence du gibier sur le rajeunissement au moyen d’inventaires du taux d’abroutissement. Ces relevés ont mis l’abroutissement excessif du sapin particulièrement en exergue. Pour le canton de VD, seuls les résultats de l’IFN sont disponibles. Avez-vous une explication sur les mauvais résultats constatés à Genève? Genève, canton sans chasse jouant un rôle de refuge entouré de territoires chassés, se caractérise par un prélè- vement extrêmement restreint d’ongulés sauvages par les gardes-faune, alors que le chevreuil et le cerf en parti- culier sont très présents. La très forte incidence de l’abroutissement sur la régénération forestière est à interpréter à la lumière de cette situation particulière.
21 PRÉDATEURS Des loups partout! | Texte et photos Alain Rossier CE N’EST PLUS UN SCOOP, LES LOUPS SONT PARTOUT, ILS PÉNÈTRENT JUSQUE DANS LES ENCLOS DES- TINÉS À PROTÉGER LES TROUPEAUX ET COMMENCENT À FAIRE DES INCURSIONS DANS LES MILIEUX OCCUPÉS PAR LES HUMAINS. L eur statut d’animaux protégés surgent contre les abattages autori- Casals). Elle préconise un accom- leur permet de faire presque sés par l’Etat. pagnement humain des bergers. tout et n’importe quoi et dans Elle a participé aux premières ob- la recherche absolue de la biodiver- La presse en parle... servations du retour du loup dans sité des espèces, prônée par une Le journal «Nice matin» a consa- les Alpes-Maritimes, en 1993 et a partie du grand public, sa présence cré plusieurs pages à ce dossier loup accompagné l’ouverture du «Centre est souhaitée sur l’ensemble des pendant le mois de janvier, en voici Alpha» dans le Boréon. Devant les territoires. Censé être issu de la po- quelques extraits qui en disent long confrontations qui mettent en scène pulation des loups italiens, le grand sur la situation. les éleveurs de moutons et les pro- prédateur a prospéré rapidement «L’abattage des loups c’est l’action tecteurs des loups, Geneviève Car- dans les régions alpines françaises, avant la réflexion!» Mme Geneviève bone répond sans langue de bois! dans celle du Parc du Mercantour en Carbone, spécialiste du loup en Treize meutes sont recensées dans particulier. Mais en moins de seize France, dénonce la politique natio- les Alpes-Maritimes, pourquoi ans, il a colonisé plusieurs secteurs nale (propos recueillis par Sophie cette concentration? C’est leur favorables et malheureusement dans des milieux où l’on pratique l’éle- vage des animaux de rente, tels les ovins et les bovins. Cette situation a fait que de nombreux éleveurs ont renoncé à leur profession, alors que d’autres rencontrent de grandes dif- ficultés lors de l’estivage des trou- peaux, qui subissent régulièrement des attaques de loups. Je viens de recevoir plusieurs témoignages d’un ami, Jean-Louis Brémond, ancien collaborateur à la Fédération des chasseurs des Alpes-Maritimes, qui suit cette saga des loups depuis de nombreuses années. D’un côté, cet état de fait met les éleveurs à cran, ils réclament plus d’aide pour la pro- © Philippe Bogey tection de leurs animaux et des tirs de régulation contre les loups, et de Un loup passe sur un point d’agrainage. l’autre, les milieux pro-loups s’in-
22 | CHASSE ET NATURE | n° 4 avril 2016 Le Jura, la plaine et les Alpes, un immense terrain de jeu pour la faune! zone d’origine, mais c’est aussi par là la cohabitation reste un casse-tête, sence de prédateur, l’estive c’était qu’ils sont passés pour venir d’Italie. pourquoi? Il faut un vrai projet por- le repos du berger, aujourd’hui ce Sur la France entière, 42 zones de té par les politiques et qu’on arrête n’est plus possible. Il faut faire des présence permanente en 2015, soit d’instrumentaliser le loup. Le choix choix (ndl. autrement dit, c’est aux environ 300 individus. Elle estime n’est pas entre le prédateur ou le bergers de s’adapter à la situation). que cette croissance n’est pas gigan- pastoralisme, l’écologie c’est une Quels choix par exemple? Si on tesque depuis son retour, sachant conscience globale du tout. L’en- veut préserver la biodiversité, soit que la femelle peut avoir de 2 à 8 pe- jeu est de maintenir une économie on accepte les dommages et on fi- tits, mais que la moitié meurt avant en montagne et l’une des activités nance les pertes, soit on décide de la première année. L’espérance de traditionnelles c’est l’élevage. Mais renoncer à un secteur d’alpage où vie en milieu naturel est de huit ans. il a changé, les troupeaux ont gros- la protection des troupeaux est trop Plus de vingt ans après son retour, si, car c’est plus rentable. En l’ab- compliquée. Ces choix ne sont pas
23 Les opposants aux tirs des loups Alpes-Maritimes, soit une popula- descendent dans la rue! tion estimée à environ une centaine Toujours sous la plume de S. Ca- de loups. Dans le Var, deux meutes, sals: «Ils ont hurlé pour le loup»! A dont une en formation, ont été iden- Nice 350 personnes ont défilé de la tifiées au nord du département et Place Masséna au palais de justice, la présence du prédateur est égale- pour dire «stop» aux tirs de loups ment signalée dans la Sainte-Baume autorisés par le gouvernement. et à Rians. En 2015, les attaques ont Coiffés de masques, chapka ou en- atteint des sommets: elles ont pro- core vêtus de pulls griffés canis lu- gressé de plus de 22%. Un lourd bi- pus, ils ont martelé leur message. lan pour les éleveurs ovins azuréens, Devant le palais de justice, ils ont qui s’élève à 3989 bêtes tuées! C’est plaidé la cause du loup. On veut pour cela que l’Etat a donné son que Ségolène Royal nous entende. feu vert pour le prélèvement de 36 On demande à être reçus depuis loups sur une année. A fin décembre un an et demi par la ministre, 2015, le chiffre de 34 bêtes tuées a sans succès. Alors que nous avons été atteint et l’autorisation suspen- des solutions alternatives à pro- due. Seuls les tirs de défense sont poser (?). encore autorisés pour les bergers en «Nice-Matin», 17 janvier 2016, cas d’attaque sur leurs troupeaux. Caroline Ansart, Guillaume Auber- tin: «La tension monte autour du Témoignages tir de loups». A Nice aujourd’hui Les deux journalistes, Mme C. An- et à Lyon hier, les pro-loup des- sart et M. G. Aubertin recueillent en- cendent dans la rue pour dire core le témoignage de Jacques Cour- «non» à l’abattage. De leur côté, ron, éleveur ovin à Gourdon, qui est les éleveurs défendent les tirs désemparé. Mon troupeau paît pour limiter les pertes de leurs d’octobre à juin sur les hauteurs troupeaux. Juste avant Noël, une de Grasse et à Entraunes l’été. louve est abattue par un chasseur. Comme tous les jours, l’éleveur en- Depuis le 1er juillet, c’est le quator- lève quelques piquets de la clôture zième animal tué dans les Alpes-Ma- mobile et laisse ses 450 moutons ritimes. La brigade loup, mise en gambader alentour pour la jour- place par Ségolène Royal, est no- née. Il a encore subi deux attaques tamment intervenue à Isola, où la semaine précédant le repor- trois bêtes ont été prélevées. La tage, portant à une trentaine pour situation était devenue intenable, 2015. En ce moment c’est un peu commente Véronique Laurent-Albe- chaud, alors je passe quasiment simples et cela conduit à une seule sa, la sous-préfète Nice-montagne, 24 heures sur 24 avec mes bêtes. issue: c’est l’espèce sauvage qui et d’ajouter: Le but, c’est conser- Hier soir, je suis resté jusqu’à mi- trinque parce qu’elle ne vote pas et ver une espèce protégée tout en nuit et demie dans ma voiture. Ce ne se manifeste pas». permettant aux éleveurs ovins matin, je suis venu à 5h15. Les Certes, si l’espèce prédatrice ne d’exercer leur activité profession- chiens, le parcage de nuit et le s’attaquait pas à la survie de l’éle- nelle. Si 36 loups sont prélevés gardiennage renforcé, on a tout. vage traditionnel, on pourrait peut- en France, l’espèce n’est pas en C’est complètement illusoire de être l’admettre, mais lorsque l’on danger. Les opposants ne veulent croire qu’on peut cohabiter avec sait que la génétique de ces loups rien entendre et, regroupés sous le le loup, parce qu’il s’adapte à n’est pas toujours «naturelle», on est collectif «CAP loup», ils manifestent toutes les mesures de protection, en droit de prétendre que son retour malgré le constat inquiétant. Treize explique celui qui est aussi le pré- n’est pas forcément acceptable! meutes sont recensées dans les sident de la Fédération ovine du 06.
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