Le suivi des traitements immunosuppresseurs : l'essentiel pour le généraliste - Professeur F. Vandergheynst Service de Médecine Interne C.U.B ...
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Le suivi des traitements immunosuppresseurs : l’essentiel pour le généraliste Professeur F. Vandergheynst Service de Médecine Interne C.U.B. Hôpital Erasme
Conflits d’intérêt en rapport avec la présentation • Honoraires de conférence : – néant • Participation à un « Advisory Board » : – ®Roche • Etudes cliniques sponsorisées en cours : – néant • Consultance : – ®Pfizer • Voyages-Congrès : – ®Roche
Plan de l’exposé • Les corticostéroides Mode d’action Principaux effets secondaires / leur prévention • Les immunosuppresseurs « conventionnels » Les anti-métabolites Les inhibiteurs de la calcineurine • Take-home messages Ce dont on ne parlera pas : Schémas thérapeutiques (indications – doses) en particulier des CS Le cyclophosphamide, les biothérapies
Mode d’action des corticostéroides Effets génomiques pour Effets extra- les doses conventionnelles génomiques pour les hautes doses intra- veineuses (« bolus », « pulses »)
Mode d’action des corticostéroides Au-delà de l’action sur la synthèse de protéines de l’inflammation, action sur différents types cellulaires y compris les fibroblastes (cicatrisation). Immunité Immunité innée adaptative Cellules Neutrophiles Lymphocytes Monocytes (T>B) Eosinophiles Cytokines IL-1
Le glucocorticoids toxicity index : une « check-list » des effets secondaires en 9 domaines Chiffrés : Non-chiffrés • Gain pondéral (BMI) • Infections • Hypertension artérielle • Myopathie cortisonique • Intolérance glucidique - • Toxicité neurologique diabète cortico-induit (« troubles de l’humeur ») • Ostéoporose / pénie • Toxicité cutanée (DEXA) (atrophie, acné) • Dyslipidémie Miloslavsky E. Ann Rheum Dis 2017, 543-6
L’hypertension artérielle • Jusqu’à 20% des patients • 2 mécanismes : Activation du récepteur aux minéralocorticoïdes explique l’hypoK+ et l’indication du régime désodé Augmentation de la résistance vasculaire • Un traitement de choix : bloqueurs du S(ystème) R(énine) Angiotensine A(ldostérone)
Effets secondaires métaboliques augmentant le risque CV Elévation de la glycémie Dyslipidémie • Résistance à l’insuline • Mieux établi pour diabète cortico- l’hypertriglycéridémie induit • Données contradictoires • Peut persister à l’arrêt pour le cholestérol avec • Justifie mesures même une étude diététiques (> 15 000 patients) • Glycémie à jeûn montrant une élévation éventuellement du HDL1 normale 1ChoiHK, Seeger JD. J Rheumatol. 2005;32(12):2311-6.
L’ostéoporose cortisonique (Glucorticoid-Induced Osteoporosis) • Relevant pour des doses supérieures ou égales à 7,5 mg de prednisone/jour (équivalent à méthylPDN 6 mg/jour) pendant une durée d’au moins 3 mois • Justifie au minimum une supplémentation par Ca 2+ (pour un apport quotidien de 1,2 g/j au minimum) et vitamine D (800 U/j au minimum) • Indication de traitement préventif par biphosphonate par voie orale variable selon les recommandations, qui ont pour la plupart recours au score FRAX (fracture risk assessment tool) • Exemple caricatural : femme de 72 ans n’ayant pas reçu de T.H.S. sous Medrol 8 mg/j au long cours pour une arthrite rhumatoïde / ostéopénie à la DEXA
Exemple de calcul avec FRAX U.K.
Même patiente avec prise de corticostéroides
Le traitement en pratique Pour qui ? Comment ? • Différentes guidelines, les Biphosponates oraux en 1e plus récentes (2017) étant ligne : les américaines et • Alendronate 70 mg/sem. britanniques • Risedronate 35 mg/sem. • Dénominateurs communs • Ibandronate 150 mg/mois des indications : Ostéoporose avérée > 70 ans > 7,5 mg/j PDN pdt 3 mois FRAX ajusté (pour la prise de GCC) : risque de fracture ostéoporotique majeur à 10 ans > 10% (USA) ou 20% (UK)
N’oublions pas l’ostéoblaste ! • Bénéfice du teriparatide (®Forsteo) démontré supérieur à l’alendronate en termes de densité osseuse mais également de fracture vertébrale1 • Facteurs limitants : Critères de remboursement très contraignants (chapitre IV § 6140000 / médecin spécialiste !) Nausées – vomissements Bilan calcique négatif 1Saag et al. N Engl J Med 2007 : 2028-39.
Quid du denosumab (®Prolia) ? • Agit également sur la résorption osseuse • La G.I.O. est une indication reconnue mais NON remboursée • Récemment démontré supérieur au risedronate en termes de densité osseuse
Les ulcères gastro-duodénaux : « fake news » ? • L’induction d’ulcères gastroduodénaux est surestimée, ne justifiant pas la prescription systématique d’IPP. Cf.méta-analyse portant sur > 6 000 patients : pas d’association significative entre la corticothérapie et la survenue d’ulcères ou leur risque de complication hémorragique1. • Cas particuliers requérant des IPP : Association - à éviter (!)- de corticoïdes et d’AINS Certains patients avec antécédent d’ulcère hémorragique : traités endoscopiquement / uniquement pour des patients traités par des doses de PDN supérieures à 20 mg/jour Odds Ratio d’un nouvel ulcère hémorragique = 10,6 2. • Autres complications digestives : pancréatites diverticulites avec majoration du risque de perforation 1Conn H. J Chronic Dis. 1994:619-32 . 2Kondo Y. Dig Dig Sci 2018;63(11):3033-40
L’inhibition de l’axe corticotrope • Non relevante pour des traitements de courte durée (ex. exacerbation de BPCO - sinusite, …) • Pour les traitements plus prolongés, sevrage progressif • Parfois, insuffisance surrénalienne très prolongée R/ hydrocortisone P.O. (petites doses) • Concept de l’insuffisance surrénalienne « relative » (sepsis, chirurgie) R/ hydrocortisone I.V. (hautes doses)
Retour à la pharmacologie Par rapport à l’hydrocortisone : Diminution de l’activité minéralocorticoïde Augmentation de la liphophilie
Les immunosuppresseurs « Conventionnels » : Ce dont on ne parlera pas : 1. Les inhibiteurs de synthèse des • Cyclophosphamide bases = anti-métabolites (quasi-exclusivement (inhibition enzymatique) intra-hospitaliers) 1.1. Puriques et pyrimidiques : • Thérapies ciblées : Le méthotrexate Anticorps monoclonaux 1.2. Puriques : (… mab) L’azathioprine et le mycophenolate Récepteurs solubles (etanercept – ®Embrel) 2. Les inhibiteurs de la calcineurine : Inhibiteurs de J.A.Kinases La ciclosporine et le tacrolimus Action ciblée sur le lymphocyte T
Les immunosuppresseurs conventionnels : exemple d’indications Epargnant cortisonique Indication « incontournable » • Sarcoidose (MTX >AZA) • Prévention de rejet • Artérite à cellules d’organes (MMF, CNI) géantes (Horton)(MTX) • Arthrite rhumatoïde (MTX • Myopathies comme Tt initial) inflammatoires • Néphropathie lupique en idiopathiques maintenance (MMF, AZA) (MTX > AZA, MMF) • Myasthénie
Quelques mots sur les biothérapies et l’épargne cortisonique • Parmi les dix médicaments qui génèrent les plus gros chiffres d’affaires au monde, on trouve huit biothérapies • un produit en développement sur deux est un « biologique ». • Espoir à court terme de traiter sans stéroides P.O. une poussée de néphropathie lupique, vascularite à ANCA, artérite à C.G. - Horton
Le methotrexate (®Ledertrexate , ®Metoject) • Compétition avec les folates au niveau de la dihydrofolate réductase inhibition de la synthèse des bases puriques et pyrimidiques • Explique l’association à la prise hebdomadaire d’acide folique (4 à 10 mg/semaine), 48h. après la prise hebdomadaire de MTX • Quelques recettes pour diminuer les effets secondaires « mineurs », notamment le principal : les nausées Diminuer la dose de MTX Fractionner la prise sur les 24 heures (matin et soir) Augmenter la dose de folates
10 red-flags du méthotrexate • Grossesse (attention particulière femmes jeunes et PR) • Ethylisme • Hépathopathie fibrosante - apparition d’une altération des tests hépatiques – à surveiller après 4 semaines après instauration au augmentation des doses – impose rarement l’arrêt thérapeutique : 3 % seulement dans une série suédoise (N>200) 1 • Insuffisance rénale (ct’indication absolue si DFG < 30 ml/min.) • Hypoalbuminémie : attention à l’augmentation de la fraction libre • Prise de cotrimoxazole à dose thérapeutique (débattu pour doses prophylactiques) • Association aux AINS : attention à la diminution de l’élimination • Au cours de la PR, association avec leflunomide ou tocilizumab • Dyspnée – toux (+/- pyrexie) envisager pneumopathie interstitielle • Erreur d’administration : prise quotidienne plutôt qu’hebdomadaire 1 Karlsson J et al. Int J Rheum Dis. 2019
Les inhibiteurs des bases puriques : l’azathioprine (®Imuran) le MPA (®Cellcept – ®Myfortic) • Exemples d’indications communes : anti-rejet en transplantation (MPA>AZA), néphropathie lupique (MPA>AZA) hépatites auto-I (AZA>MPA) • Effets secondaires communs : Cytopénies - en particulier, leucopénie Digestifs : nausées – vomissements, également diarrhées pour le MPA (®Cellcept > ®Myfortic)
Les inhibiteurs des bases puriques : l’azathioprine (®Imuran) le MPA (®Cellcept – ®Myfortic) AZA MPA Adaptation au poids oui : 2 (à 3 mg/kg/j) non Dosage en routine non établi en Tt anti-rejet (therapeutic drug monitoring) Risque particulier de - Polymorphisme de la Non (leucopénie moins cytopénie - leucopénie T.P.M.T. fréquente qu’avec l’AZA) - Réaction idiosyncrasique - Interaction avec les inh. de la xanthine oxydase (febuxostat – allopurinol) ! E.sec. gastro-entérologiques hépatotoxicité diarrhées particuliers pancréatites Ct’indication pdt grossesse – non oui allaitement Risque oncogénique ++ (en particulier cutanés + « non-mélanome ») T.P.M.T. = thiopurine méthyl-transférase
Anti-métabolites : vue d’ensemble des effets secondaires MTX AZA MPA Hématoxicité ++ ++ ++ Leucopénie + +++ ++ Anémie + ++ + Thrombopénie ++ + + Hépatotoxicité ++ ++ 0 Effets gastro-intestinaux ++ + +++ Infections opportunistes ++ + ++ CMV + + ++ BK virus ? + ++ Autres Mucite, aphtes Pancréatites Aphtes Hypersensibilité
Inhibiteurs de la calcineurine : Ciclosporine (®Neoral) et Tacrolimus (®Prograft ®Advagraf) Diminution de la synthèse d’IL-2 inhibition de l’activation des lymphocytes T Indications : - 1er choix : transplantation d’organe solide (association avec MPA) - 2e ou 3e choix : immunosuppression, la plus E.B.M. : néphropathie lupique Toxicité principale = rénale - Précoce – fonctionnelle (vasoconstriction) - A plus long terme - lésionnelle
Inhibiteurs de la calcineurine : Ciclosporine (®Neoral) et Tacrolimus (®Prograft ®Advagraf) Diminution de la synthèse d’IL-2 inhibition de l’activation des lymphocytes T Indication : - 1er choix : transplantation d’organe solide (association avec MPA) - 2e ou 3e choix : immunosuppression, la plus E.B.M. : néphropathie lupique Toxicité principale = rénale - Précoce – fonctionnelle (vasoconstriction) - A plus long terme - lésionnelle
Interactions des inhibiteurs de calcineurine via le cytochrome P3A4 et la glycoprotéine P (chiffres donnés pour la ciclosporine) Augmentation des taux de Diminution des taux de ciclosporine : ciclosporine : Télaprévir (4,5 x taux) Rifampicine Vérapamil (2 à 3x taux) Anti-E : phénytoïne, Clarithromycine (2x) carbamazépine, Azolés : fluco, itraco, oxcarbazépine vorico (2x) Dilitiazem (x 1,5) Azithromycine (x1,2) Non chiffré : AMIODARONE Jus de pamplemousse
Take home messages (1) • Les corticostéroides (CS) = médication anti-inflammatoire / immunosuppressive particulièrement rapide aux modes d’actions multiples • > 7,5 mg/j PDN soit > 6 mg/j Medrol = doses aux toxicités multiples sur le long terme « the lower, the better » / recours aux épargnants cortisoniques • Prévention des e.sec. des cortico : plus de biphosphonates et surtout moins d’I.P.P. • Place du généraliste évidente dans la surveillance et « l’éducation » aux e.sec. des CS mais aussi des immunosuppresseurs conventionnels / exemples principaux : Connaissance de la toxicité digestive fréquente des anti- métabolites Surveillance de l’hémogramme sous anti-métabolites (MTX, AZA, MMF), des tests hépatiques sous MTX / AZA Interactions importantes avec des molécules d’usage courant – Ex : AZA et allopurinol – febuxostat / inh. de calcineurine et azolés - clarithromycine
Take home messages (2) Les thérapies ciblées (anticorps monoclonaux) vont continuer de faire avancer - révolutionner les Tt immunosuppresseurs et contribuer à l’épargne cortisonique
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