Le temps du repas REPÈRES ALZHEIMER - DomusVi
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Comment ACCOMPAGNER UN PROCHE ATTEINT DE LA MALADIE D’ALZHEIMER OU D’UNE AUTRE DÉMENCE TOUT AU LONG DU REPAS ? Le repas est l’un des temps forts de la vie d’une personne âgée, a fortiori si elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer ou d’un trouble apparenté. Pour autant, elle ne vivra pas le repas de la même manière qu’une personne non démente : elle peut mélanger les mets, mal utiliser ses couverts ou ne pas les utiliser, déambuler pendant le repas... En tant qu’aidant, pour accompagner cette personne lors du “temps repas”, il vous faudra être inventif (mélanger les aliments, le sucré et le salé, proposer de petites portions dans de petites assiettes), patient (représenter un plat refusé, accompagner et proposer à manger tout en marchant avec la personne), tolérant (en ne lui faisant pas de remarque désobligeante). Rappelez-vous que les comportements de la personne démente ne sont ni volontaires ni conscients. Essayez de connaître vos propres possibilités et vos limites, ne vous sentez pas coupable ou honteux de ne pas y arriver, ne vous découragez pas. Osez demander de l’aide et sachez passer le relais. Ce guide a pour objectif de vous aider à vous poser les bonnes questions devant les difficultés que vous pouvez rencontrer et à vous apporter des réponses pratiques et concrètes. Sommaire Page 3 Accueillir, proposer un environnement de qualité et un lieu adapté Page 4 Tenir compte des choix et des contraintes (textures, régimes, diététique) Page 5 Accompagner la personne pendant le repas Page 7 Savoir gérer les troubles du comportement alimentaire Page 10 Faire face aux troubles de la déglutition et aux fausses-routes Page 11 Manger, tout un symbole, au-delà de l’acte biologique...
Accueillir, proposer un environnement de qualité et un lieu adapté L’installation : aidez la personne à s’avancer vers la table et à s’installer. Veillez à son périmètre de marche. Si possible, installez-la sur une “vraie” chaise de table. La lumière : elle doit être suffisante pour bien voir, mais non agressive. L’environnement : évitez la musique et la télévision de manière à limiter les distractions. Supprimez toute source de mauvaise odeur. Le menu : expliquez verbalement ce que la personne va manger. La table : même pour les personnes présentant des troubles du comporte- ment, le fait de prendre un repas sur une jolie table est important : soignez le nappage, la vaisselle (qu’elle soit normale ou adaptée). Les plats : présentez-les à l’assiette, de manière appétissante, quelle que soit la texture, et les uns après les autres (même le fromage et le dessert). Les rituels : respectez des horaires réguliers, de même que les rituels (religieux) et les habitudes : café sucré ou non, vin ou non, poisson le vendredi, apéritif le dimanche... Le lieu du repas : salle à manger, cuisine, chambre ? A vous de choisir l’endroit le plus approprié. 3
Tenir compte des choix et des contraintes (textures, régimes, diététique) Les souhaits et choix Essayez de varier les apports alimentaires. Voyez s’il faut adapter les horaires (garder les trois repas), prévoyez des collations, notamment pour le goûter ou pendant la nuit pour les personnes qui bougent beaucoup ou qui présentent une dénutrition dépistée. Soyez conscient que l’alimentation évolue lors de l’accompagnement de fin de vie ou dans une démarche d’accompagnement et de soins de confort. L’alimentation “plaisir” remplace l’alimentation qui “nourrit”. Un carré de chocolat, quelques cuillerées de compote ou de glace... pourront composer un “repas”. Les contraintes Les indications médicales (à réévaluer régulièrement) : quels sont les régimes prescrits ? On note une quasi-disparition des régimes restrictifs stricts, alors que des régimes enrichis de types hypercalorique et hyperprotidique sont de plus en plus fréquemment nécessaires. Quelles textures faut-il appliquer ? Une viande hachée, voire des aliments mixés, seront plus facilement mastiqués par certaines personnes mais privi- légiez une texture normale autant que possible. Quelles boissons ? Au goût sucré ou non, pétillantes ou non, épaissies ou non... ? Quel fractionnement ? Par exemple, proposez à manger régulièrement à une personne ayant un petit appétit. Quels suppléments : enrichissements protéiques ? 4
Accompagner la personne pendant le repas Respectez l’intimité du repas La bonne installation La personne à table Veillez à ce que la personne ait les mains propres. Elle doit être assise près de la table, les pieds au sol. Sa tête doit être légèrement penchée en avant (menton en direction du sternum), le dossier de son fauteuil redressé. Elle doit avoir une serviette de taille, voire de matière, adaptée. Selon son degré de dépendance, essayez de lui donner un matériel adapté : tapis antidérapant sur le siège de son fauteuil, couverts ergonomiques, assiette avec contour, assiette chauffante, verre à découpe nasale. La personne au lit Son buste doit être relevé (jusqu’à 1 heure après la fin du repas), avec un coussin derrière la tête. Ses bras doivent être posés sur sa tablette, angle à 90°. L’aidant Vous devez bien sûr avoir les mains propres. Si vous aidez la personne pendant tout le repas, asseyez-vous de face ou de 3/4 par rapport à elle. Si vous devez seulement la stimuler ou apporter une aide ponctuelle, placez-vous à côté. Dans tous les cas, asseyez-vous un peu plus bas qu’elle. Utilisez de préférence une petite cuillère, en mettant de petites quantités en bouche et en amenant la cuillère du bas vers le haut. Verbalisez, expliquez ce que vous donnez à manger, formulez clairement vos demandes (ouvrez la bouche, mâchez, avalez...), vérifiez que la bouche soit vide avant de donner une autre bouchée, encouragez, stimulez. Si possible, respectez le rythme de la personne. 5
Les difficultés gestuelles Troubles praxiques (difficultés gestuelles) et/ou gnosiques (difficultés de reconnaissance)... Les couverts sont inutilisés ou utilisés de façon inadaptée : il vous faudra alors réessayer, tester un seul couvert (une cuillère plutôt qu’une fourchette, un cou- vert petit, léger, en matière plastique, de couleur métal pour ressembler aux autres). Acceptez le “manger main” ; adaptez la texture (en la gardant la plus normale possible) ; surveillez l’état des mains ; utilisez une vaisselle adaptée. La personne reste amorphe devant son assiette ou ne mange que la moitié de son assiette : stimulez-la verbalement, cherchez les causes (a-t-elle une mycose dans la bouche ? une protection souillée... ?), montrez, initiez et accompagnez le mouvement ; tournez l’assiette en cas d’hémi-négligence (défaut de prise en compte des informations du côté gauche ou droit) ou d’hémianopsie (perte de la vision dans un hémichamp visuel) ; proposez un autre plat. Attention au dégoût possible en cas de répétition des mets. La personne joue avec la nourriture, remue les aliments mais sans manger : stoppez le “mauvais” mouvement (ne laissez pas la personne recommencer) refaites faire le bon mouvement en accompagnant et en orientant ; détournez son attention en parlant d’autre chose ou en la touchant tout en lui présentant la cuillère. Au besoin, changez de couvert et revenez à la fourchette. Si la personne commence puis s’arrête : réamorcez le geste. Troubles masticatoires ou de la déglutition (praxies bucco faciales) Si la personne “rumine” ou stocke les aliments dans la bouche : dites-lui de vider sa bouche, modifiez la texture, vérifiez qu’elle n’ait plus rien dans la bouche avant de lui redonner une petite quantité, vérifiez la prothèse dentaire, redemandez-lui d’avaler. 6
Savoir gérer les troubles du comportement alimentaire Les troubles possibles varient selon le niveau de dépendance de la personne et même la personnalité (est-elle solitaire ou affable ?). Perd-elle le sens des convenances (bave-t-elle ?, crache-t-elle ? mange-t-elle avec les mains ?). Est-elle agitée, agressive verbalement ou physiquement ? A-t-elle tendance à déambuler ? A boire ou manger compulsivement ? Le refus Le refus est un acte volontaire de ne pas répondre à une sollicitation. C’est une attitude bien humaine et naturelle, légitime face à une situation vécue comme déplaisante. Cela permet parfois de s’affirmer. Il faut alors se poser les bonnes questions : pourquoi la personne refuse-t-elle d’aller à table ou de s’alimenter? Est-ce fréquent ? Déterminer les causes Les raisons sont-elles liées à la personne elle-même ? Causes médicales, physiques, organiques : bucco-dentaires, iatrogénie (effets indésirables d’un médicament), douleur... Causes psychologiques : dépression, désir de mort, état anxieux... Causes socio-environnementales : temps consacré au repas jugé insuffisant, plan de table inadapté, bruit environnant... Refus de certains aliments ou textures ou régimes proposés. 7
Les raisons sont-elles liées à vous-même, qui avez vos propres critères ? Le désir de bien faire (alimenter, prendre soin) peut mener à la malfaisance, voire à la maltraitance. Le souhait d’appliquer à la personne un régime que vous suivez vous-même. Que faire ? Stimulez sans forcer, proposez sans gaver. Proposez d’autres aliments ou d’autres textures ; ajoutez du sucre, du sel... Fractionnez le repas ou proposez de plus petites quantités. Vérifiez la bonne chaleur des aliments. Acceptez d’avoir besoin d’aide et demandez-la (services de soins à domicile, accueil de jour, plate-forme de répit pour les aidants familiaux). Signalez et transmettez les difficultés ; assurez-vous d’un avis médical. L’opposition L’opposition est un acte adressé à autrui qui engendre un rapport de force entre deux individus : chantage, appel au secours. Déterminer les causes S’agit-il d’une forme de “chantage” ? S’agit-il d’un moyen d’attirer l’attention ? Pourquoi ? Existe-t-il des causes d‘inconfort (douleur, change saturé... ?), des délires (la personne croit que l’on veut l’empoisonner...) ? La personne s’oppose-t-elle à votre aide ? Refuse-t-elle l’aliment ou le moment du repas ? Que faire ? En premier lieu, assurez-vous que les autres points (installation à table, souhaits et contraintes alimentaires) sont pris en compte. Par exemple, prenez le temps de préparer la personne au temps du repas, dans une ambiance agréable... Evitez d’affronter la personne, de chercher à négocier ou d’utiliser un dérivatif. Si besoin, passez le relais, par exemple en demandant à un autre aidant d’accompagner la personne pendant le repas. Proposez des aliments sucrés : menu tout sucré ou cuisine sucrée / salée, sucrez les mets salés dans certains cas. 8
La compulsion La compulsion alimentaire se traduit par une impulsion soudaine à absorber un aliment en dehors des heures habituelles des repas, sans besoin métabolique et sensation de faim. La compulsion peut concerner aussi les boissons. Ces com- pulsions peuvent être un symptôme d’atteintes neurologiques et de démences. Que faire ? Assurez-vous de la propreté des mains de la personne. Ne la réprimandez pas et respectez sa dignité. Limitez l’attente entre les plats. Déconditionnez les aliments (pour éviter l’absorption de contenants en plastique). Découpez et préparez les aliments en petits volumes. Servez les boissons au verre, plutôt que de laisser une carafe sur la table. Dans certains cas : occupez les deux mains (notamment des personnes déambulantes) avec des aliments (sauf si la personne présente des risques de fausse-route) ou des objets. La déambulation pendant le repas Il s’agit d’un symptôme de démence qui peut conduire à un risque de dénutri- tion et de déshydratation, car la personne dépense beaucoup d’énergie sans consommer toute sa ration alimentaire. Il faut donc privilégier les apports caloriques et hydriques. Que faire ? Assurez-vous de la propreté des mains de la personne. Asseyez-vous, restez calme pour “contenir” et rassurer. Limitez l’espace de déambulation, pourquoi pas dans un petit espace. N’installez la personne à table que lorsque le repas est servi. En cas d’échec : marchez à ses côtés en lui proposant à manger et à boire régulièrement. Adaptez l’alimentation à la déambulation : petits sandwiches, banane épluchée, “manger main”... Privilégiez l’apport protéique et calorique : servez le plat principal en premier, avant l’entrée. 9
Faire face aux troubles de la déglutition et aux fausses-routes Les troubles de la déglutition, souvent méconnus, peuvent toucher de 8 à 50 % des personnes âgées. Comment se manifestent-ils ? Fausse-route : passage de liquides ou aliments dans les voies aériennes supérieures, avant, pendant ou après la déglutition. Toux, pendant le repas ou la nuit. Gêne pour avaler, voire suffocation (qui devient alors une urgence). Nécessité de déglutir plusieurs fois la même bouchée. Présence de restes alimentaires après déglutition. Difficultés à avaler des comprimés. Autres signes d’alerte : infections pulmonaires répétées, perte de poids, fièvre persistante, refus de s’alimenter ou de boire, bavage (salive non déglutie)... Les maladies neurologiques, ORL, oesophagiennes, certains médicaments, la déshydratation et la “fin de vie” peuvent en être la cause. L’examen par le médecin généraliste ou un ORL, complété par un bilan orthophonique, suffisent au diagnostic. Les objectifs nutritionnels et de confort seront alors étudiés et établis. Que faire ? Servez les repas dans une ambiance calme : ni télévision ni musique forte. Installez la personne assise ou demi-assise, tête redressée mais avec une flexion antérieure. Positionnez-vous à la même hauteur ou un peu plus bas. Evitez de parler avec la personne tant que la bouchée n’a pas été déglutie. Ne proposez une autre bouchée que si la précédente a été avalée. La texture des aliments et des boissons doit être homogène, facile à mastiquer et ne pas “s’éparpiller” en bouche (privilégiez le mixé lisse, le haché, le tendre). Le goût doit être franc et prononcé. Préférez les boissons froides, aromati- sées ou pétillantes, en faisant boire par petites gorgées espacées. Essayez les liquides gélifiés. Donnez de petites quantités à la fois. 10
Manger, tout un symbole, au-delà de l’acte biologique... 1 Vitalité 5 Culture Manger est synonyme L’alimentation est représen- de vitalité. N’entend-on pas dire tative d’une filiation socioculturelle “c’est un bon vivant”, “il a soif de et affective, avec ses rituels, ses vivre”, on “alimente son esprit ?” habitudes culinaires... Plaisir Acte intime 2 Manger est la plupart du 6 En tant qu’acte de temps une source de plaisir (les “pénétration”, manger est un acte “plaisirs” de la bouche), qui fait appel intime, tout comme respirer, sentir, à la mémoire affective et à tous les avoir un rapport sexuel. sens : le goût bien sûr (la première tétée), l’odorat, le toucher, la vue (des Risque couleurs attractives ou non). Manger peut aussi être source de déplaisir. 7 C’est aussi un “jeu” avec la mort car manger est une prise de risque (le “risque” alimentaire) Convivialité 3 Symbole de partage, parfois fatal dont on peut ne pas réchapper (poisons, plantes et mets de convivialité. En France, le repas non comestibles, fausses-routes...). est un acte social. On “alimente” les échanges autour d’un bon repas, avec une présentation agréable, un “service à la française”. Evolution de l’alimentation Apparence en France 4 La manière de manger, • Jusqu’au Moyen Âge, manger est un acte les choix de plats contribuent de survie, très en lien avec la religion. à l’image que l’on veut donner de soi. Il y a donc également • Peu après, l’alimentation revêt aussi une du “paraître”, de l’apparence. fonction médicale : nourriture = condition sociale, prévention = diététique, thérapie = diète. • Au XVIIIe siècle, l’alimentation acquiert une fonction médicale et sociale. • Aujourd’hui : on confère à l’alimentation des rôles médicaux (diététique, santé) et de plaisir.
DomusVi en bref DomusVi est le 3e groupe privé d’accueil et de services aux personnes âgées en France et en Espagne. Il propose une offre complète de services, avec 227 résidences médicalisées, 15 résidences non médicalisées, 4 cliniques psychiatriques et 46 agences d’aide à domicile (dont 20 agences polyvalentes d’aide et soins à domicile) en France et en Espagne. DomusVi emploie plus de 16 000 personnes. Le projet de DomusVi s’inscrit dans... L’accueil des personnes les plus désorientées et les plus dépendantes - notamment les personnes souffrant de troubles Alzheimer ou apparentés – ainsi que dans l’accompagnement de la fin de vie. Crédits photos : Fotolia, DR / Direction de la Communication : Maud Junguené / Avec le concours de : Paule Melon (Expertise & Soins), Le développement d’alternatives à l’hébergement classique : Florence Barthélémy (Expertise & Soins), Ariane Floriot (Expertise & Soins), Cécile Botton Gomez (Expertise & Soins) / Juillet 2016 accompagnement à domicile, maintien à domicile, accueil de jour, accueil de nuit, séjours temporaires et courts séjours pour adapter le service aux besoins réels. 0 800 145 819 www.domusvi.com
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