Les cancers de la peau - Carcinome basocellulaire Carcinome spinocellulaire Un guide de la Ligue contre le cancer - Krebsliga Shop
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Les cancers de la peau Carcinome basocellulaire Carcinome spinocellulaire Un guide de la Ligue contre le cancer Lire gne en li
Les ligues contre le cancer en Suisse : proximité, soutien individuel, confidentialité et professionnalisme Vous et vos proches pouvez vous appuyer sur les activités de conseil et soutien proposées gratuitement près de chez vous. Près de 100 profession- nels, répartis sur plus de 60 sites en Suisse, offrent un suivi individuel et confidentiel pendant et après la maladie. En parallèle, les ligues cantonales développent des actions de prévention auprès de la population. Objectif : diminuer le risque personnel de déve- lopper la maladie. Impressum Éditrice Prof. Dr Robert Hunger, médecin adjoint, Clinique Ligue suisse contre le cancer universitaire de dermatologie, Hôpital de l’Île, Effingerstrasse 40, case postale, Berne 3001 Berne, tél. 031 389 91 00, Karin Huwiler, Dr med., collaboratrice www.liguecancer.ch scientifique, Ligue suisse contre le cancer, Berne Gabriella Pidoux, conseillère spécialisée, Ligue 3 e édition – direction du projet et rédaction suisse contre le cancer, Berne Nicole Bulliard, spécialiste Publications, Ligue Regula Schär, responsable Publications, Ligue suisse contre le cancer, Berne suisse contre le cancer, Berne Conseils scientifiques Couverture Dr med. Olivier Gaide, médecin chef, Service de Adam et Eve, d’après Albrecht Dürer dermatologie et vénérologie, CHUV, Lausanne Dr med. Sofiya Latifyan, cheffe de clinique, Illustrations Département d’oncologie, CHUV, Lausanne p. 8 : Frank Geisler, dessinateur scientifique, Kathlyn Rodgers et Diana da Cruz Lopes, Berlin infirmières, Service de dermatologie et p. 11 : Essex Pharam GmbH, Munich, remanié par vénérologie, CHUV, Lausanne Willi R. Hess, dessinateur scientifique, Berne Nous remercions la personne touchée pour sa Photos lecture attentive du manuscrit et ses précieux pp. 4, 42 : ImagePoint SA, Zurich commentaires. pp. 15-19 : Clinique de dermatologie, Hôpital universitaire de Zurich Révision p. 24 : Shutterstock Jacques-Olivier Pidoux, spécialiste Révision et p. 28 : Therese Mc Keon, Shutterstock traduction, Ligue suisse contre le cancer, Berne pp. 52, 56 : iStock 2e édition – direction du projet, contenu, conseils Conception graphique scientifiques, texte, rédaction Daniel Förster, Belgern Prof. Dr Lukas Flatz, chef de clinique avec fonction particulière, Clinique de dermatologie, vénérologie et allergologie, Hôpital cantonal de Saint-Gall Cette brochure est également disponible en allemand et en italien. © 2021, 2018, Ligue suisse contre le cancer, Berne I 3 e édition LSC | 11.2021 | 800 F | 021084012111
Table des matières 5 Avant-propos 39 Faites-vous accompagner et conseiller 6 Qu’est-ce que le cancer ? 41 Thérapie dans le cadre d’une étude clinique 9 Les modifications bénignes et les cancers 43 Traitements de la peau 43 Carcinome basocellulaire 9 La peau et ses fonctions 44 Carcinome spinocellulaire 12 Les tumeurs de la peau non 45 Kératose actinique et maladie cancéreuses de Bowen 12 Les cancers de la peau 14 Le carcinome basocellulaire 46 Faire face aux effets 16 Le carcinome spinocellulaire indésirables 17 Les lésions précancéreuses 20 Causes et facteurs de risque 48 Traitements additionnels possibles 48 Traitement de la douleur 22 Symptômes possibles 48 Médecines complémentaires 49 Réadaptation oncologique 24 Examens et diagnostic 50 Soins palliatifs 25 Examens complémentaires 26 Les stades de la maladie 53 Suivi médical 29 Options thérapeutiques 54 Après les traitements 29 Traitements chirurgicaux 54 Retour à la vie quotidienne 31 Traitements physiques 55 Reprise du travail 32 Traitements médicamenteux 57 Conseils et informations 36 Généralités concernant le traitement 36 Planification du traitement 37 Le but du traitement Les cancers de la peau 3
Chère lectrice, cher lecteur, Cette brochure aborde les cancers néral facile. À un stade plus avan- de la peau, les examens réalisés en cé, il est souvent possible d’ob- vue de poser le diagnostic et les tenir une guérison. Lorsque cela traitements. n’est pas possible, les traitements et les mesures de soutien visent à De nombreux types de cancers ralentir la progression de la ma- prennent naissance dans la peau. ladie, atténuer les troubles et pré- Les principaux sont le carcinome server la qualité de vie. basocellulaire et le carcinome spinocellulaire. Des lésions pré- Si vous avez des questions, l’équipe cancéreuses, comme la kératose médicale est là pour y répondre. actinique et la maladie de Bowen, N’hésitez pas non plus à faire ap- sont également fréquentes. pel au soutien de votre entourage. Le mélanome et les lymphomes Vous trouverez des conseils et des cutanés sont aussi des cancers de informations utiles dans de nom- la peau. Leurs caractéristiques breuses autres brochures de la sont différentes et méritent une Ligue contre le cancer. Les pro- description séparée. C’est pour- fessionnels à l’œuvre au sein des quoi ils sont traités dans des bro- ligues cantonales et régionales et chures séparées. à la Ligne InfoCancer connaissent bien les questions qui se posent Des progrès importants ont été dans le cas d’un cancer et pour- réalisés dans le traitement des ront vous épauler. Les coordon- cancers de la peau ces dernières nées nécessaires sont répertoriées années. Les thérapies sont au- à partir de la page 66. jourd’hui plus efficaces et mieux tolérées. Lorsque la maladie est Nos vœux les plus chaleureux décelée à un stade précoce, les vous accompagnent. perspectives de guérison sont très bonnes et le traitement est en gé- Votre Ligue contre le cancer Les cancers de la peau 5
Qu’est-ce que le cancer ? Le terme de « cancer » recouvre Certaines tumeurs bénignes peuvent un large éventail de maladies diffé- se transformer en tumeurs ma- rentes qui ont pour point commun lignes. C’est notamment le cas pour la multiplication incontrôlée de cel- les grains de beauté. lules de l’organisme et leur modi- fication pathologique, c’est-à-dire Les tumeurs malignes se déve- anormale. loppent de façon incontrôlée et croissent souvent rapidement. Elles On parle souvent de tumeur en compriment le tissu environnant relation avec le cancer. Une tumeur et le détruisent. Un grand nombre est une masse qui se forme à partir d’entre elles envahissent le tissu sain d’un tissu à la suite de la proliféra- et l’endommagent. tion anarchique de cellules. Il faut cependant faire la distinction entre Les cellules qui composent une tu- les tumeurs bénignes et les tumeurs meur maligne sont dites cancé- malignes ; seules ces dernières sont reuses. Elles peuvent se dissémi- des cancers. ner dans l’organisme en passant dans le sang ou le système lym- Les tumeurs bénignes croissent en phatique. Lorsqu’elles s’accumulent général lentement. Elles compriment dans d’autres parties du corps, elles le tissu environnant, mais elles ne le constituent des foyers cancéreux détruisent pas et elles sont clairement secondaires : les métastases. délimitées par rapport à celui-ci. En grandissant, elles peuvent provo- Un cancer est qualifié d’agressif quer des troubles et des dommages, lorsque les cellules cancéreuses se par exemple en écrasant un nerf ou multiplient et forment des métas- en obstruant un vaisseau sanguin. tases rapidement ou lorsqu’il réap- Elles doivent alors être traitées. Des paraît après peu de temps (récidive). exemples de tumeurs bénignes de la L’agressivité d’un cancer désigne peau sont les grains de beauté et les donc la vitesse à laquelle une tumeur lipomes. maligne se développe et se propage. 6
Il existe plus de 200 types de cancers cancer. Ils augmentent simplement différents. En règle générale, un can- le risque de développer la maladie cer porte le nom de l’organe ou du (voir « Causes et facteurs de risque type de cellules à partir duquel il s’est possibles », p. 20). développé. Pourquoi telle personne déve- Comment se forme le loppe-t-elle un cancer et telle autre cancer ? pas ? Dans bien des cas, cela reste un Les tissus et les organes du corps hu- mystère, même pour les médecins. Il main sont composés d’un nombre est inutile de culpabiliser : le cancer incalculable de cellules. Chacune peut frapper n’importe qui. de ces cellules renferme des instruc- tions qui lui indiquent comment fonctionner : le matériel génétique. Ce matériel génétique peut être en- dommagé sous l’influence de divers facteurs. En principe, les cellules concernées détectent et réparent elles-mêmes ces dégâts ou meurent. Lorsque ce n’est pas le cas, les cellules défectueuses peuvent continuer de se multiplier sans contrôle. Avec le temps, elles finissent par former une tumeur maligne. Ce processus peut prendre plusieurs années. Certains facteurs sont connus pour favoriser l’apparition d’un cancer. Cela ne signifie toutefois pas qu’ils conduisent nécessairement à un Les cancers de la peau 7
Comment se forme le cancer ? Exemple : tumeur maligne de la muqueuse 1. La tumeur commence à croître dans le tissu sain. tumeur maligne tissu sain 2. Elle envahit le tissu voisin. Des cellules cancéreuses pénètrent dans les vaisseaux sanguins (en rouge/bleu) et lymphatiques (en vert) et parviennent ainsi dans d’autres organes, où elles forment des métastases. cellules cancéreuses vaisseaux sanguins vaisseaux lymphatiques cellules cancéreuses 8
Les modifications bénignes et les cancers de la peau La peau et ses La peau se compose de plusieurs couches. De l’extérieur vers l’inté- fonctions rieur, ce sont : La peau est le plus grand organe du • l’épiderme ; corps humain. Chez l’adulte, sa sur- • le derme ; face est de 1,5 à 2 m2, son poids est • l’hypoderme. de 10 à 25 kg. Les couches sont de différentes La peau remplit diverses fonctions. épaisseurs. L’épiderme des paupières Elle : mesure par exemple 0,04 mm, celui • protège le corps de la déshydra- de la plante des pieds 1,5 mm. L’épi- tation ; derme est généralement plus mince • régule la température du corps ; que le derme et l’hypoderme. • protège le corps d’influences environnementales comme le L’épiderme froid, la chaleur, les produits L’épiderme se compose de : chimiques, les bactéries ou les • Kératinocytes, qui produisent rayons UV (voir p. 20) ; une substance cornée, la ké- • défend l’organisme et active le ratine. La kératine permet de système immunitaire ; créer une enveloppe étanche • est un organe sensoriel, respon- essentielle à notre survie. Les sable du toucher ; kératinocytes sont organisés en • synthétise, sous l’action des plusieurs couches distinctes. rayons solaires, la vitamine D La couche la plus profonde est essentielle à la santé des os, des appelée couche basale, où se dents et des muscles ; forment de nouvelles cellules • élimine les déchets du corps par cutanées par division cellulaire. la sueur ou le sébum. Elles sont poussées vers la sur- face de la peau par les suivantes. Elles traversent plusieurs stades de développement avant de tom- ber sous forme de squames. Les cancers de la peau 9
Ce processus de renouvellement • des vaisseaux lymphatiques permanent de la peau dure trois qui aident à combattre les à quatre semaines. infections ; • Mélanocytes qui produisent • des glandes sudoripares qui fa- la mélanine. Cette substance briquent la sueur ; pigmente la peau, les poils et • des glandes sébacées qui fa- les cheveux et leur donne leurs briquent du liquide qui garde la colorations. Cette coloration peau et les poils lisses ; assure à la peau une certaine • les follicules pileux, où les poils protection contre les rayons UV. prennent naissance. • Cellules de Langerhans et lym- phocytes qui font partie du L’hypoderme système immunitaire. L’hypoderme est constitué de tissu • Cellules de Merkel qui parti- adipeux et de tissu conjonctif élas- cipent à la sensation du toucher tique, sillonnés de vaisseaux san- de la peau. guins et de nerfs. Il est relié aux muscles sous-jacents. Il protège les Le derme organes internes, joue un rôle endo- Le derme est un tissu conjonctif élas- crinien et retient la chaleur corpo- tique et fibreux, contenant notam- relle. ment : • des fibroblastes, cellules Remarque responsables de la souplesse et Toutes ces différentes cellules et de l’élasticité de la peau ; structures peuvent donner naissance • des cellules immunitaires ; à un cancer de la peau. Ceci explique • des fibres nerveuses qui pourquoi les cancers de la peau sont participent au toucher ; un groupe très hétérogène, avec des • des vaisseaux sanguins qui tumeurs bénignes, des cancers peu transportent les éléments agressifs, des cancers très agressifs et nutritifs et l’oxygène vers la des présentations différentes les unes peau ; des autres. Certains cancers sont très 10
rares, d’autres comme les cancers dérivant des kératinocytes sont les cancers les plus fréquents chez l’être humain. La structure de la peau a Épiderme f Mélanocyte (cellule p igmentaire) b Derme g Follicule pileux c Hypoderme (tissu sous-cutané) h Poil d Couche ou membrane basale i Glande sébacée e Couche épineuse (kératinocytes) k Glande sudoripare Les cancers de la peau 11
Les tumeurs de la Les cancers de la peau peau non cancéreuses Les cancers de la peau les plus fré- Les tumeurs de la peau sont en majo- quents en Suisse sont : rité bénignes, soit non cancéreuses. • le carcinome basocellulaire ; Elles ne se propagent pas à d’autres • le carcinome spinocellulaire et parties du corps. Elles se présentent ses lésions précancéreuses : la sous de nombreuses formes, notam- kératose actinique et la maladie ment : de Bowen. • le grain de beauté : tache plate ou en relief à la surface de la peau, Ils vous sont expliqués à partir de la brune ou rose, dont les bords page 14. sont réguliers ; • la kératose séborrhéique : tache Dans le monde médical, on uti- surélevée rose, rouge ou brune lise souvent le terme de « cancers dont la surface est cireuse ou non-mélanome » pour les décrire. parfois rêche ; Mais cette appellation n’a pas de sens • l’hémangiome : prolifération biologique, car les autres cancers de bénigne de vaisseaux sanguins la peau sont très nombreux et très qui produit une masse rouge ou divers. Nous renonçons à l’utiliser violette ; dans cette brochure. • le lipome : masse qui prend naissance dans le tissu graisseux ; • la verrue : masse de peau à la surface rêche causée par une infection à certains types de papillomavirus humains (HPV). 12
Des cancers de la peau moins fré- Les autres cancers cutanés sont quents sont traités dans d’autres nombreux et souvent rares. Ils ne brochures. Ce sont : sont pas traités dans nos brochures. • Le mélanome qui se développe à Il s’agit par exemple : partir des cellules pigmentaires, • du carcinome à cellules de Mer- les mélanocytes. Il a la particula- kel, qui se présente comme une rité d’être souvent pigmenté et de boule rose dans l’épiderme et se faire des métastases à des stades comporte de manière similaire précoces. Il fait l’objet d’une au mélanome ; brochure spécifique, « Le mé- • des sarcomes. Certains prennent lanome » (voir p. 60). naissance dans les vaisseaux • Les lymphomes cutanés qui ont (angiosarcome et sarcome de leur origine dans les cellules in- Kaposi) et donnent des lésions flammatoires et immunitaires de souvent brun violacé. D’autres la peau. Ils ne partagent pas les prennent naissance dans les tis- mêmes facteurs de risque que les sus de soutien et se comportent autres cancers de la peau, dont comme des cicatrices qui gran- la grande majorité est sensible à dissent de manière anarchique ; l’effet des rayons ultraviolets et • des cancers naissant dans les du rayonnement ionisant. Leur différentes glandes de la peau apparence est également très (carcinome sébacé, poro-car- différente, raison pour laquelle cinome, carcinome des glandes ils sont traités dans la brochure sudoripares, maladie de Paget) ; « Les lymphomes à cellules T » • des cancers prenant nais- (voir p. 60). sance dans les nerfs, comme les schwannomes et la tumeur maligne de la gaine nerveuse périphérique ; • d’autres types de cancers, encore plus rares et plus difficiles à ca- ractériser. Les cancers de la peau 13
Le carcinome Le carcinome basocellulaire appa- raît généralement aux endroits du basocellulaire corps fortement exposés au soleil : Le carcinome basocellulaire est le le nez, le front, les lèvres, les oreilles, cancer de la peau le plus fréquent le dos des mains ou le cuir chevelu, chez la femme et l’homme. Parce plus rarement le tronc, les bras ou les qu’il n’est que très rarement capable jambes. de faire des métastases, il n’est pas répertorié dans les statistiques offi- Aspect cielles du cancer. Le carcinome basocellulaire se dé- veloppe lentement, sur des mois ou Le carcinome basocellulaire se dé- des années. La maladie se manifeste veloppe à partir de la couche basale généralement en premier lieu sous de l’épiderme, ce qui lui vaut aussi le la forme d’une zone de peau épais- nom de cancer des cellules basales. sie, rouge ou brune. La peau de- vient fragile et se blesse facilement, Il existe de nombreux types de car- laissant une croûte qui peut guérir cinomes basocellulaires. L’Organi- avant de réapparaître. Ce carcinome sation mondiale de la santé (OMS) peut aussi prendre la forme d’un no- les classe en quatorze sous-groupes dule d’aspect laiteux ou ressemblant sur la base de l’analyse des tissus. Ils à une perle, parcouru de petits vais- sont ensuite classés en trois groupes seaux sanguins. Il présente souvent selon le risque de récidive faible, en son centre une dépression avec moyen ou élevé. La majorité des car- un suintement ou une croûte. cinomes basocellulaires est de type superficiel pigmenté ou nodulaire et présente un risque de récidive faible. 14
Différentes formes de carcinome basocellulaire Les cancers de la peau 15
Évolution Le carcinome Le carcinome basocellulaire décou- spinocellulaire vert et traité au stade débutant offre d’excellentes chances de guérison Le carcinome spinocellulaire est le (>95 %). Ce type de cancer cutané deuxième cancer le plus fréquent ne s’étend pour ainsi dire jamais aux chez la femme et l’homme. Il peut autres organes. Il a cependant ten- faire des métastases. Il n’est pas ré- dance à récidiver et peut réappa- pertorié systématiquement dans les raître après un traitement, même statistiques officielles du cancer. bien conduit. Il est un marqueur d’une exposition solaire trop im- Le carcinome spinocellulaire (ou portante et d’un risque de dévelop- carcinome épidermoïde) se déve- per d’autres cancers de la peau sen- loppe à partir des kératinocytes. Ce sibles aux UV, comme le carcinome sont les cellules situées dans la partie spinocellulaire ou le mélanome. Il superficielle de l’épiderme. est donc important, après le traite- ment du carcinome basocellulaire, de faire des contrôles réguliers de la peau. À un stade avancé, le carcinome basocellulaire s’étend en largeur et en profondeur. Il peut alors détruire les tissus, le cartilage et les os et en- traîner des préjudices esthétiques et fonctionnels très importants, comme la perte d’un œil, d’une oreille ou du nez. Dans de très rares Carcinome spinocellulaire à la lèvre cas, il peut faire des métastases. inférieure 16
Le carcinome spinocellulaire af- exemple dans les poumons, le foie fecte en général les parties du corps ou les os. les plus exposées au soleil : le visage (arête du nez, front, bord des oreilles, lèvres), le cou, les avant-bras, le Les lésions cou-de-pied et le dos des mains. Il précancéreuses se présente parfois sur des cicatrices, des lésions ou des ulcères. Il peut se La kératose actinique et la mala- développer sur la peau du pénis, de die de Bowen sont des stades pré- la vulve et de l’anus. curseurs des carcinomes spinocel- lulaires. Les spécialistes parlent de Aspect stades précurseurs ou de lésions Le carcinome spinocellulaire se dé- précancéreuses pour qualifier des veloppe lentement. Il se présente modifications tissulaires et cellu- sous la forme d’un nodule ou d’une laires qui pourraient se transformer petite masse dure. Avec le temps, en carcinome spinocellulaire. Ils es- la lésion forme de la corne et une timent qu’une lésion précancéreuse croûte. Celle-ci peut se fendre et sur dix va donner naissance à un saigner ou suinter. carcinome débutant. Évolution La kératose actinique Le carcinome spinocellulaire dé- La kératose actinique, aussi appelée couvert et traité à un stade débu- kératose sénile ou solaire, se déve- tant offre de très bonnes chances de loppe à partir des kératinocytes de guérison. l’épiderme. À un stade avancé, le carcinome Elle affecte fréquemment les parties spinocellulaire peut s’étendre aux du corps les plus exposées au soleil : muscles ou aux nerfs ou envahir le visage, les oreilles, le décolleté, le les ganglions lymphatiques voi- dos des mains ou les zones dégarnies sins et former des foyers cancé- du cuir chevelu. reux secondaires (métastases), par Les cancers de la peau 17
Aspect ratose actinique peut aussi prendre La kératose actinique peut prendre la forme de taches ou de papules des formes très différentes. La plus squameuses ou cornées. Sa couleur classique est celle d’une petite zone varie : couleur chair, jaunâtre, rou- rugueuse de la peau, qui forme une geâtre ou brunâtre dans sa forme squame qu’on peut enlever, qui pigmentée, difficile à différencier s’améliore avant de revenir. La ké- du mélanome. Kératose actinique 18
Évolution leil, comme la région anale ou géni- En soi, la kératose actinique est tale. Dans ce cas, elle est souvent liée une lésion cutanée bénigne. On la à une infection aux papillomavirus considère toutefois comme une lé- humains (HPV). sion précancéreuse, car en l’absence de traitement, elle peut dégénérer Aspect en carcinome spinocellulaire (voir La maladie de Bowen se présente p. 16). C’est le cas chez 5 à 20 % des sous la forme de plaques rugueuses personnes concernées. Chez les per- irrégulières, mais clairement délimi- sonnes dont le système immunitaire tées, de couleur rougeâtre à brunâtre. est affaibli, ce risque s’élève à 30 % Elle ressemble souvent à une érup- environ. tion cutanée, comme un eczéma ou un psoriasis. Il arrive que la kératose actinique ré- gresse spontanément, en particulier Évolution lorsque la personne touchée veille à En l’absence de traitement, la mala- protéger systématiquement sa peau die de Bowen se transforme en car- du soleil. cinome spinocellulaire invasif dans 5 % des cas environ. Le risque est La maladie de Bowen majoré chez les personnes dont le La maladie de Bowen est un stade système immunitaire est affaibli. précurseur du carcinome spinocel- lulaire. Elle se développe aussi à par- tir des kératinocytes de l’épiderme. Elle se situe entre la kératose acti- nique et le carcinome spinocellu- laire invasif. Elle touche essentiellement le vi- sage, le torse, les mains ou le bas des jambes. Elle peut également affecter des zones très peu exposées au so- Maladie de Bowen Les cancers de la peau 19
Causes et facteurs de • une exposition à des substances cancérigènes comme le goudron risque possibles (fumée de cigarette) et l’arsenic ; Différents facteurs peuvent aug- • des inflammations chroniques de menter le risque de développer une la peau, par exemple des fistules lésion précancéreuse ou un cancer ou un ulcère de la jambe ; de la peau : • un risque familial, c’est-à-dire • des antécédents personnels de des antécédents de cancer de la cancer de la peau ; peau chez les parents proches. • un système immunitaire affaibli, par exemple à la suite d’une ma- Le rayonnement ultraviolet ladie du sang ou de la prise de Le rayonnement solaire se compose médicaments immunosuppres- de lumière visible, de rayons in- seurs après une greffe d’organe ; frarouges et de rayons ultraviolets • l’âge, le risque augmentant avec (UV). La première, perceptible par les années ; l’œil, apporte couleur et clarté. Les • des expositions répétées au soleil deuxièmes sont eux aussi percep- pendant de nombreuses années tibles, car ils entraînent une sensa- ou des coups de soleil fréquents tion de chaleur sur la peau. pendant l’enfance, de même que des séances régulières de sola- Les rayons UV sont invisibles. La rium, les lésions étant causées couche d’ozone en absorbe une par les rayons ultraviolets ; grande partie. Le reste parvient • un type de peau clair avec bron- jusqu’à la Terre et peut endom- zage inexistant ou très lent en mager la peau. Contrairement à la raison d’une faible pigmentation croyance populaire, les coups de so- de la peau ; leil ne sont pas une façon de sen- • une maladie génétique rare, tir les UV. Ils sont le reflet d’une comme le xeroderma pigmen inflammation de la peau liée à des tosum (XP) ; dégâts majeurs occasionnés par ces • une radiothérapie ; rayons. 20
Il existe trois types de rayons UV : stérilisation et la détection de l’ADN. les UVA, les UVB et les UVC. Ils sont également générés lors de la soudure à l’arc. L’être humain peut UVA donc y être exposé lorsque les me- Les UVA entraînent un hâle superfi- sures de sécurité ne sont pas respec- ciel. Ils parviennent jusqu’au derme tées. Les UVC occasionnent des dé- et provoquent le vieillissement pré- gâts à l’ADN et augmentent le risque maturé de la peau. Ils peuvent en- de cancer de la peau. dommager indirectement le maté- riel génétique (ADN) et augmenter Solarium le risque de cancer de la peau. Les rayons UV artificiels des sola- riums représentent une agression UVB supplémentaire pour la peau. Ils Les UVB sont plus agressifs que les augmentent le risque de cancer de UVA. Ils ne pénètrent que jusqu’à la peau. Ils accélèrent le vieillisse- l’épiderme, mais ils provoquent des ment de la peau. Leur utilisation est dégâts au matériel génétique (ADN) interdite aux personnes de moins de de ces cellules. Lorsque ces dégâts 18 ans (interdiction en vigueur dans sont trop importants, la peau s’en- toute la Suisse dès janvier 2022, dé- flamme et fait un « coup de soleil ». jà en place antérieurement dans cer- Sous l’action des UVB, l’épiderme tains cantons). s’épaissit (hyperkératose) et bronze, ce qui le protège jusqu’à un cer- Fréquence des cancers tain point. Les UVB augmentent le de la peau risque de cancer de la peau. En Suisse, à l’exception du mé- lanome, les cancers de la peau ne UVC font pas partie des maladies dont la Les UVC sont absorbés par la couche déclaration est obligatoire. Les nou- d’ozone et ne parviennent pas de fa- veaux cas ne sont pas recensés de fa- çon naturelle jusqu’à la surface de la çon systématique, de sorte qu’on ne Terre. Ils sont cependant utilisés pour connaît pas le nombre exact de per- des emplois spécifiques comme la sonnes touchées chaque année. On Les cancers de la peau 21
estime qu’il se situe entre 20 000 et Symptômes possibles 25 000. Le carcinome basocellulaire est plus fréquent que le carcinome Les cancers de la peau ne causent spinocellulaire. pas de symptômes majeurs avant d’avoir atteint une certaine taille. Ils Modifications cutanées : peuvent alors démanger, saigner ou quand consulter ? faire mal. Ils sont cependant le plus Un examen attentif de la peau per- souvent visibles longtemps avant met de déceler précocement d’éven- d’avoir atteint ce stade. Si vous re- tuelles modifications de la peau. En marquez un changement durable de cas d’altération suspecte, un rendez- votre peau, il faut le montrer à votre vous chez votre médecin de famille médecin. ou un dermatologue s’impose. Il déterminera s’il s’agit d’une lésion Carcinome basocellulaire bénigne ou d’un cancer de la peau. Le carcinome basocellulaire appa- raît le plus souvent sur les parties En savoir plus de peau exposées au soleil, comme Vous trouverez de plus amples in- le visage, la tête, le cou et le dos des formations sur les risques de cancer mains. Il peut aussi se développer de la peau, la prévention et l’auto- sur le reste du corps, notamment examen de la peau dans la brochure sur le tronc. « Protection solaire » (voir p. 60). Il se caractérise par : • des plaques rouges qui peuvent démanger ; • des zones plates qui ressemblent à des cicatrices, de couleur pâle ou jaune ; • de petites bosses roses ou rouges, transparentes ou brillantes, qui peuvent comporter des zones bleues, brunes ou noires ; 22
• des excroissances roses aux bords surélevés et au centre en- foncé ; • des zones sensibles qui suintent ou des croûtes qui ne guérissent pas ou qui ressurgissent après avoir guéri. Carcinome spinocellulaire Le carcinome spinocellulaire se forme en général sur les zones ex- posées au soleil, comme le visage, les oreilles, le cou, les lèvres et le dos des mains. Il peut aussi apparaître dans la région de l’anus et autour des organes génitaux ou sur la peau des cicatrices. Il se caractérise par : • des zones rouges rugueuses qui forment des croûtes ou qui saignent ; • des zones surélevées dont le centre est enfoncé ; • des zones sensibles qui suintent ou des croûtes qui ne guérissent pas ou qui ressurgissent après avoir guéri ; • des excroissances ressemblant à des verrues. Les cancers de la peau 23
Examens et diagnostic En présence d’une modification santes et un système d’éclairage suspecte de la peau ou dans le cadre effaçant les reflets de la peau). d’un contrôle des grains de beauté, • En cas de doute, il prélève un le dermatologue procède à différents échantillon de tissu (biopsie) examens : sous anesthésie locale. Parfois, il • Examen visuel et palpation de la suffit de racler une fine couche lésion cutanée. superficielle de peau (curetage • Examen au moyen d’un derma- ou shave, voir p. 30). toscope (appareil comprenant • Examen du prélèvement au une ou plusieurs lentilles grossis- microscope en laboratoire. Examen de la peau 24
Le résultat permettra, après Carcinome basocellulaire quelques jours, de dire s’il s’agit Lorsqu’un carcinome basocellulaire d’une modification cutanée a pénétré les tissus sous-jacents, bénigne ou d’un cancer de la comme les nerfs ou les os, il est pos- peau. sible de déterminer son étendue et • Parfois, le dermatologue retire sa localisation générale au moyen directement toute la lésion sus- d’un scanner ou d’une IRM. pecte pour l’analyser ensuite au microscope en laboratoire. Carcinome spinocellulaire Un carcinome spinocellulaire est considéré à haut risque notamment Examens lorsqu’il a pénétré des tissus à une pro- fondeur de plus de 4 mm. Le médecin complémentaires procède alors à une échographie pour Pour déterminer l’emplacement exact vérifier si les ganglions lymphatiques de la tumeur et son étendue, diffé- avoisinants sont atteints. rentes techniques d’imagerie médi- cale peuvent être utilisées, comme : Lorsque le médecin suspecte que la • la microscopie non invasive tumeur a formé des foyers cancé- (confocal ou optical coherence reux secondaires dans d’autres or- tomography) ; ganes (métastases), il peut clarifier • la radiographie ; la situation à l’aide de radiographies, • l’échographie ; d’un PET scanner ou d’une IRM. • la tomodensitométrie (scanner) ; • le PET scanner ; • l’imagerie par résonance magné- tique (IRM). Les cancers de la peau 25
Les stades de la Les lésions précancéreuses sont qua- lifiées de tumeurs in situ (Tis), ce qui maladie signifie que le cancer reste confiné à Les résultats des différents examens la zone immédiate où il a commen- permettent de déterminer le stade de cé. Les stades précurseurs des car- la maladie, c’est-à-dire d’évaluer son cinomes spinocellulaires (kératose extension. Les spécialistes parlent actinique et Bowen) entrent dans de stadification. Cette classification cette catégorie (voir p. 17). est importante pour pouvoir plani- fier le meilleur traitement possible. N = ganglions lymphatiques Les systèmes utilisés varient selon le La lettre N (node, en anglais) sui- type de cancer. vie d’un chiffre de 0 à 3, exprime le nombre de ganglions lympha- Carcinome spinocellulaire tiques touchés et leur emplacement. Pour le carcinome spinocellulaire, N0 signifie qu’il n’y a pas d’atteinte les spécialistes ont recours à la clas- ganglionnaire. sification TNM de l’Union inter nationale contre le cancer (UICC). M = métastases Celle-ci utilise un système combi- La lettre M se réfère aux métastases, nant des lettres et des chiffres pour c’est-à-dire aux foyers cancéreux définir la taille de la tumeur, l’enva- formés par la tumeur dans d’autres hissement des ganglions lympha- organes. tiques et la présence de métastases. M0 indique qu’il n’y pas de métas- T = tumeur tases, M1 qu’il y en a. La lettre T, suivie d’un chiffre de 1 à 4, exprime la taille de la tumeur (pri- Exemple maire) et son extension dans l’orga- Un carcinome spinocellulaire classé nisme. Plus le chiffre est élevé, plus T1N0M0 signifie : la tumeur est grande ou s’est étendue • que la tumeur a un diamètre in- aux tissus voisins. férieur à 2 cm et une profondeur 26
d’invasion en dessous de 4 mm • Quelles sont ses caractéristiques (T1) ; histologiques ? Est-ce qu’elle • que les ganglions lymphatiques appartient à un sous-groupe à ne sont pas touchés (N0) ; risque de récidive ? • qu’il n’y a pas de métastases • Quelle est la marge de sécuri- (M0). té envisageable en chirurgie et radiothérapie, en particulier par Votre médecin vous expliquera à rapport aux zones anatomiques quoi correspond le résultat de votre importantes comme l’œil, le nez, classification TNM. les nerfs (voir p. 29 et suiv.) ? • Des tissus, cartilages ou os voi- Carcinome basocellulaire sins sont-ils touchés ? Théoriquement, la classification • Est-ce qu’il s’agit d’une récidive ? des carcinomes basocellulaires se • Est-ce que la tumeur est apparue fonde également sur le système à un emplacement précédem- TNM. Dans la pratique, toutefois, ment traité par radiothérapie ? cette classification n’est que très ra- rement utilisée, étant donné que le carcinome basocellulaire ne touche pratiquement jamais les ganglions lymphatiques (N) et qu’il ne forme pour ainsi dire jamais de métastases (M). Le traitement est donc choisi sur la base des éléments ci-après : • Où la tumeur est-elle localisée ? • Quelle est son extension ? • À quelle profondeur a-t-elle pé- nétré dans la peau ? Les cancers de la peau 27
Options thérapeutiques Votre médecin vous explique : Ablation • quels sont le ou les traitements Le médecin retire la tumeur en en- les plus adaptés dans votre cas ; tier avec un peu de tissu sain tout • quelles sont les conséquences autour (marge de sécurité). sur votre mode de vie ; • quels sont les effets indésirables • Si la plaie est petite, le médecin possibles ; la recoud généralement immé- • quels sont les risques à ne pas diatement. entreprendre le traitement. • Si elle est plus grande, le méde- cin la referme en déplaçant un Les méthodes de traitement décrites lambeau de peau voisin (plastie ci-après ne s’appliquent pas toutes par lambeau) ou en greffant une pour chaque cas. Vous trouvez la bande de peau prélevée dans une planification détaillée du traitement autre partie du corps. dès la page 43. • Si la marge de sécurité contient des traces de cancer, une nou- velle chirurgie ou un autre Traitements traitement est envisagé. • L’intervention laisse une cica- chirurgicaux trice. Différentes méthodes chirurgicales permettent d’éliminer un cancer de Le dermatologue pratique les pe- la peau ou une lésion précancéreuse. tites interventions chirurgicales. Les opérations plus importantes re- Le médecin retire toujours la tu- quièrent souvent le concours d’un meur avec un fragment de tissu sain dermatologue spécialisé dans la autour. L’intervention se fait généra- chirurgie, d’un chirurgien plasticien lement sous anesthésie locale. Une ou d’autres spécialistes, par exemple anesthésie générale est rarement né- un oto-rhino-laryngologue. cessaire. Les cancers de la peau 29
Dans certains cas, la tumeur n’est • Si des cellules cancéreuses sont pas opérée, mais traitée au moyen visibles au bord du tissu excisé, de rayons ou de médicaments. Cette le médecin procède à une nou- solution est utilisée : velle ablation. • chez les personnes âgées ; • Le tissu prélevé lors de cette • lorsque la tumeur est difficile nouvelle intervention est ana- ment opérable en raison de lysé à son tour. S’il ne présente son emplacement (coin de l’œil, aucune cellule cancéreuse, par ex.) ; le médecin referme définitive- • en cas de cancer localement ment la plaie. avancé ou de métastases. Le risque de réapparition du can- Chirurgie micrographique cer diminue lorsque toutes les cel- (selon Mohs) lules cancéreuses ont été enlevées. Il arrive parfois que les carcinomes La chirurgie micrographique vise spinocellulaires ou basocellulaires par conséquent à éliminer si pos- engendrent des extensions tumo- sible toutes les cellules cancéreuses rales indécelables à l’œil nu dans les en préservant un maximum de tissu tissus voisins. Si le médecin suspecte sain. Ceci augmente l’efficacité et la que c’est le cas, il peut proposer une sécurité du geste chirurgical, tout en approche dite « à bordure contrô- permettant de faire des cicatrices les lée », appelée chirurgie de Mohs plus petites possible. ou Slow-Mohs. Il procède alors par ablations répétées comme suit : Autres procédés • Il excise la tumeur avec une marge « chirurgicaux » de sécurité. Il ne suture pas la • Curetage : grattage superficiel plaie immédiatement, mais la re- effectué à l’aide d’un instrument couvre d’un pansement provisoire à bords tranchants (curette). (1 heure en Mohs, une semaine à • Shave : grattage superficiel à dix jours pour la slow-Mohs). l’aide d’une lame de rasoir que • Le tissu excisé est coloré, puis le médecin glisse parallèlement à analysé au microscope. la peau. 30
• Dermabrasion : rabotage su- Traitements physiques perficiel à l’aide d’une meule spéciale. Les traitements physiques détruisent • Traitement par laser : abrasion la tumeur. superficielle au moyen d’un faisceau lumineux concentré Thérapie par le froid (bistouri « optique »). (cryothérapie) Cette technique est utilisée pour le Suivant la surface traitée, ces tech- traitement de petites tumeurs, en niques peuvent provoquer une rou- particulier les kératoses actiniques geur marquée. Elle disparaîtra au ou les carcinomes débutants. Elle bout de quelques semaines. consiste à geler le tissu en appliquant de l’air liquide, ce qui détruit les Curage ganglionnaire cellules cancéreuses. Une croûte se Rarement nécessaire, le curage gangli forme au bout de quelques jours et onnaire consiste à chercher puis à tombera par la suite. Ce traitement retirer un ou plusieurs ganglions nécessite un suivi régulier pour vé- lymphatiques auxquels le cancer rifier son efficacité. s’est propagé. L’intervention a lieu à l’hôpital sous narcose complète. Traitement à l’électricité Cette technique détruit la tumeur La suppression de plusieurs gangli à l’aide d’impulsions électriques ons lymphatiques augmente le (électrodessication). Ce traitement risque de développer un œdème nécessite un suivi régulier pour vé- lymphatique, soit un cumul de li- rifier son efficacité. quide dans les bras ou les jambes. Demandez à votre médecin quel est Radiothérapie votre risque et quels sont les signes Cette technique est surtout utilisée de l’œdème lymphatique. Pour en dans les cliniques dermatologiques savoir plus, vous pouvez consulter d’une certaine importance ou les la brochure « L’œdème lymphatique hôpitaux ou cliniques spécialisés en en cas de cancer » (voir p. 61). radio-oncologie. Les cancers de la peau 31
Les rayons endommagent les cel- peut pas exciser la tumeur complè- lules cancéreuses qui, ne pouvant tement ou si le cancer se propage le plus se diviser ni proliférer, finissent long des nerfs. par mourir. Une région ne peut en principe être Administrés en petites doses indivi- traitée qu’une seule fois par radio- duelles, les rayons sont dirigés sur la thérapie. La radiothérapie augmente lésion depuis l’extérieur, à travers la à long terme le risque de cancer de peau (radiothérapie externe ou per- la peau sur la surface traitée. Pour cutanée). Ils ne pénètrent pas trop cette raison, les personnes jeunes ne profondément dans le tissu et dé- reçoivent en général pas de radio truisent ainsi la tumeur sans que le thérapie. tissu environnant ou sous-jacent su- bisse des dommages importants. Traitements Bien que planifié et réalisé de ma- nière à ménager le plus possible les médicamenteux tissus sains, le traitement peut engen- Traitements médicamenteux drer des effets secondaires locaux, locaux par exemple des rougeurs ou une Les traitements médicamenteux lo- sécheresse cutanée. Ce phénomène caux, ou topiques, consistent à ap- est dû au fait que les rayons endom- pliquer des crèmes ou des onguents magent également les cellules saines à l’emplacement de la lésion cuta- à croissance rapide. Mais contraire- née. Ces produits déclenchent une ment aux cellules cancéreuses, celles- réaction inflammatoire qui permet ci ont la capacité de se régénérer. de détruire les tumeurs cutanées superficielles. Une radiothérapie peut remplacer la chirurgie, en particulier chez la Immunothérapie locale : personne âgée. Elle intervient aus- imiquimod si en complément à une opération, L’imiquimod est un immunomo- par exemple lorsque le médecin ne dulateur, c’est-à-dire une substance 32
qui stimule le système immunitaire sibles, soit sensibles à la lumière, sur pour qu’il lutte contre les cellules la lésion cutanée. cancéreuses et les détruise. On laisse d’abord la crème agir Il se présente sous la forme d’une quelques heures. Les cellules cancé- crème à étaler sur la lésion cuta- reuses absorbent davantage les subs- née. Après quelques applications, tances photosensibles que les cellules une forte réaction inflammatoire se saines. La peau est ensuite exposée à développe à l’endroit de la lésion. une lumière spéciale. Les rayons lu- Cette inflammation est indolore et mineux déclenchent des réactions guérit généralement sans laisser de dites phototoxiques dans les cellules cicatrices. cancéreuses, ce qui entraîne leur destruction. Le traitement ne laisse L’imiquimod doit être manié avec que très rarement des cicatrices. Il prudence sur les peaux fines comme ne fait pas appel aux UV. la lèvre, car l’inflammation peut être rapide et très importante. En cas de Cette thérapie peut entraîner des doute, n’hésitez pas à contacter votre douleurs locales chez certaines per- médecin. sonnes. Dans ce cas, un traitement contre la douleur est appliqué. Chimiothérapie et immuno- thérapie : 5-fluorouracil Traitements médicamenteux Ce médicament est un traitement systémiques chimiothérapeutique local. Il est ap- Contrairement aux crèmes ou pliqué sur la lésion sous forme de onguents, qui sont des thérapies lo- crème. La substance active détruit cales, les traitements systémiques les cellules cancéreuses. agissent dans tout le corps en pas- sant dans le sang. Les traitements Thérapie photodynamique ciblés et la chimiothérapie entrent La thérapie photodynamique (PDT) dans cette catégorie. Ils sont admi- consiste à appliquer une crème nistrés par voie intraveineuse ou contenant des substances photosen- sous forme de comprimés. Les cancers de la peau 33
Traitements ciblés cancéreuses de se diviser et de proli- Des molécules spécifiques, par férer ou en bloquent la croissance. La exemple des protéines, sont pré- chimiothérapie a aussi un effet sur sentes à la surface ou dans les cel- les cellules saines, dont elle freine la lules cancéreuses. Elles leur donnent division. Elle est administrée en cas le signal de croître ou de se diviser. de carcinome avancé. Les traitements ciblés bloquent ces molécules et empêchent ainsi la pro- Les traitements comme l’immuno- gression des cellules cancéreuses. thérapie sont actuellement plus effi- Ils ne s’attaquent pas aux cellules caces, ce qui fait que la chimiothé- saines. Pour cette raison, ils sont ap- rapie devient relativement rare dans pelés « traitements ciblés ». le traitement des cancers de la peau. Par conséquent, ses effets secon- Au stade avancé, lorsqu’une opéra- daires classiques (fatigue, nausées, tion ou une radiothérapie ne sont pas diarrhées) peuvent souvent être possibles ou en cas de métastases, le évités. carcinome basocellulaire et, parfois, le carcinome spinocellulaire peuvent Immunothérapie être traités au moyen de différents mé- L’immunothérapie consiste à stimu- dicaments ciblés. Ces médicaments ler le système immunitaire pour ren- contiennent une substance active forcer ses propres défenses contre qui ralentit ou bloque la progression les cellules cancéreuses. Elle per- de la maladie. Ils sont généralement met une amélioration spectaculaire très bien tolérés, laissant la possibi- des taux de guérison, avec le béné- lité d’une vie active sans effets se- fice d’être bien tolérée, même à un condaires comme ceux de la chimio âge avancé. thérapie classique (voir ci-dessous). Les inhibiteurs de points de Chimiothérapie contrôle immunitaire La chimiothérapie repose sur l’em- Les inhibiteurs de points de contrôle ploi de cytostatiques, des médica- immunitaire sont utilisés pour trai- ments qui empêchent les cellules ter le carcinome spinocellulaire (et 34
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