Les cancers de la peau - Carcinome basocellulaire Carcinome spinocellulaire Un guide de la Ligue contre le cancer - Krebsliga Shop

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Les cancers de la peau
Carcinome basocellulaire
Carcinome spinocellulaire

Un guide de la Ligue
contre le cancer

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Les ligues contre le cancer en Suisse :
proximité, soutien individuel,
confidentialité et professionnalisme
Vous et vos proches pouvez vous appuyer sur les activités de conseil et
soutien proposées gratuitement près de chez vous. Près de 100 profession-
nels, répartis sur plus de 60 sites en Suisse, offrent un suivi individuel et
confidentiel pendant et après la maladie.
En parallèle, les ligues cantonales développent des actions de prévention
auprès de la population. Objectif : diminuer le risque personnel de déve-
lopper la maladie.

Impressum
Éditrice                                               Prof. Dr Robert Hunger, médecin adjoint, Clinique
Ligue suisse contre le cancer                          universitaire de dermatologie, Hôpital de l’Île,
Effingerstrasse 40, case postale,                      Berne
3001 Berne, tél. 031 389 91 00,                        Karin Huwiler, Dr med., collaboratrice
www.liguecancer.ch                                     scientifique, Ligue suisse contre le cancer, Berne
                                                       Gabriella Pidoux, conseillère spécialisée, Ligue
3 e édition – direction du projet et rédaction         suisse contre le cancer, Berne
Nicole Bulliard, spécialiste Publications, Ligue       Regula Schär, responsable Publications, Ligue
suisse contre le cancer, Berne                         suisse contre le cancer, Berne

Conseils scientifiques                                 Couverture
Dr med. Olivier Gaide, médecin chef, Service de        Adam et Eve, d’après Albrecht Dürer
dermatologie et vénérologie, CHUV, Lausanne
Dr med. Sofiya Latifyan, cheffe de clinique,           Illustrations
Département d’oncologie, CHUV, Lausanne                p. 8 : Frank Geisler, dessinateur scientifique,
Kathlyn Rodgers et Diana da Cruz Lopes,                Berlin
infirmières, Service de dermatologie et                p. 11 : Essex Pharam GmbH, Munich, remanié par
vénérologie, CHUV, Lausanne                            Willi R. Hess, dessinateur scientifique, Berne

Nous remercions la personne touchée pour sa            Photos
lecture attentive du manuscrit et ses précieux         pp. 4, 42 : ImagePoint SA, Zurich
commentaires.                                          pp. 15-19 : Clinique de dermatologie, Hôpital
                                                       universitaire de Zurich
Révision                                               p. 24 : Shutterstock
Jacques-Olivier Pidoux, spécialiste Révision et        p. 28 : Therese Mc Keon, Shutterstock
traduction, Ligue suisse contre le cancer, Berne       pp. 52, 56 : iStock

2e édition – direction du projet, contenu, conseils    Conception graphique
scientifiques, texte, rédaction                        Daniel Förster, Belgern
Prof. Dr Lukas Flatz, chef de clinique avec
fonction particulière, Clinique de dermatologie,
vénérologie et allergologie, Hôpital cantonal de
Saint-Gall

Cette brochure est également disponible en allemand et en italien.

© 2021, 2018, Ligue suisse contre le cancer, Berne I 3 e édition

LSC | 11.2021 | 800 F | 021084012111
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Table des matières

5 Avant-propos                    39 Faites-vous accompagner et
                                     conseiller
6 Qu’est-ce que le cancer ?       41 Thérapie dans le cadre d’une
                                     étude clinique
9 Les modifications
   bénignes et les cancers        43   Traitements
   de la peau                     43   Carcinome basocellulaire
9 La peau et ses fonctions        44   Carcinome spinocellulaire
12 Les tumeurs de la peau non     45   Kératose actinique et maladie
   cancéreuses                         de Bowen
12 Les cancers de la peau
14 Le carcinome basocellulaire    46 Faire face aux effets
16 Le carcinome spinocellulaire      indésirables
17 Les lésions précancéreuses
20 Causes et facteurs de risque   48   Traitements additionnels
   possibles                      48   Traitement de la douleur
22 Symptômes possibles            48   Médecines complémentaires
                                  49   Réadaptation oncologique
24 Examens et diagnostic          50   Soins palliatifs
25 Examens complémentaires
26 Les stades de la maladie       53 Suivi médical

29   Options thérapeutiques       54 Après les traitements
29   Traitements chirurgicaux     54 Retour à la vie quotidienne
31   Traitements physiques        55 Reprise du travail
32   Traitements médicamenteux
                                  57 Conseils et informations
36 Généralités concernant
   le traitement
36 Planification du traitement
37 Le but du traitement

                                                 Les cancers de la peau   3
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Chère lectrice, cher lecteur,

Cette brochure aborde les cancers     néral facile. À un stade plus avan-
de la peau, les examens réalisés en   cé, il est souvent possible d’ob-
vue de poser le diagnostic et les     tenir une guérison. Lorsque cela
traitements.                          n’est pas possible, les traitements
                                      et les mesures de soutien visent à
De nombreux types de cancers          ralentir la progression de la ma-
prennent naissance dans la peau.      ladie, atténuer les troubles et pré-
Les principaux sont le carcinome      server la qualité de vie.
basocellulaire et le carcinome
spinocellulaire. Des lésions pré-     Si vous avez des questions, l’équipe
cancéreuses, comme la kératose        médicale est là pour y répondre.
actinique et la maladie de Bowen,     N’hésitez pas non plus à faire ap-
sont également fréquentes.            pel au soutien de votre entourage.

Le mélanome et les lymphomes          Vous trouverez des conseils et des
cutanés sont aussi des cancers de     informations utiles dans de nom-
la peau. Leurs caractéristiques       breuses autres brochures de la
sont différentes et méritent une      Ligue contre le cancer. Les pro-
description séparée. C’est pour-      fessionnels à l’œuvre au sein des
quoi ils sont traités dans des bro-   ligues cantonales et régionales et
chures séparées.                      à la Ligne InfoCancer connaissent
                                      bien les questions qui se posent
Des progrès importants ont été        dans le cas d’un cancer et pour-
réalisés dans le traitement des       ront vous épauler. Les coordon-
cancers de la peau ces dernières      nées nécessaires sont répertoriées
années. Les thérapies sont au-        à partir de la page 66.
jourd’hui plus efficaces et mieux
tolérées. Lorsque la maladie est      Nos vœux les plus chaleureux
décelée à un stade précoce, les       vous accompagnent.
perspectives de guérison sont très
bonnes et le traitement est en gé-           Votre Ligue contre le cancer

                                                   Les cancers de la peau   5
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Qu’est-ce que le cancer ?

Le terme de « cancer » recouvre           Certaines tumeurs bénignes peuvent
un large éventail de maladies diffé-      se transformer en tumeurs ma-
rentes qui ont pour point commun          lignes. C’est notamment le cas pour
la multiplication incontrôlée de cel-     les grains de beauté.
lules de l’organisme et leur modi-
fication pathologique, c’est-à-dire       Les tumeurs malignes se déve-
anormale.                                 loppent de façon incontrôlée et
                                          croissent souvent rapidement. Elles
On parle souvent de tumeur en             compriment le tissu environnant
­relation avec le cancer. Une tumeur      et le détruisent. Un grand nombre
 est une masse qui se forme à partir      d’entre elles envahissent le tissu sain
 d’un tissu à la suite de la proliféra-   et l’endommagent.
 tion anarchique de cellules. Il faut
 cependant faire la distinction entre     Les cellules qui composent une tu-
 les tumeurs bénignes et les tumeurs      meur maligne sont dites cancé-
 malignes ; seules ces dernières sont     reuses. Elles peuvent se dissémi-
 des cancers.                             ner dans l’organisme en passant
                                          dans le sang ou le système lym-
Les tumeurs bénignes croissent en         phatique. Lorsqu’elles s’accumulent
général lentement. Elles compriment       dans d’autres parties du corps, elles
le tissu environnant, mais elles ne le    constituent des foyers cancéreux
détruisent pas et elles sont clairement   ­secondaires : les métastases.
délimitées par rapport à ­celui-ci. En
grandissant, elles peuvent provo-         Un cancer est qualifié d’agressif
quer des troubles et des dommages,        lorsque les cellules cancéreuses se
par exemple en écrasant un nerf ou        multiplient et forment des métas-
en obstruant un vaisseau sanguin.         tases rapidement ou lorsqu’il réap-
Elles doivent alors être traitées. Des    paraît après peu de temps (récidive).
exemples de tumeurs bénignes de la        L’agressivité d’un cancer désigne
peau sont les grains de beauté et les     donc la vitesse à laquelle une tumeur
lipomes.                                  maligne se développe et se propage.

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Il existe plus de 200 types de cancers      cancer. Ils augmentent simplement
différents. En règle générale, un can-      le risque de développer la maladie
cer porte le nom de l’organe ou du          (voir « Causes et facteurs de risque
type de cellules à partir duquel il s’est   possibles », p. 20).
développé.
                                            Pourquoi telle personne déve-
Comment se forme le                         loppe-t-elle un cancer et telle autre
cancer ?                                    pas ? Dans bien des cas, cela reste un
Les tissus et les organes du corps hu-      mystère, même pour les médecins. Il
main sont composés d’un nombre              est inutile de culpabiliser : le cancer
incalculable de cellules. Chacune           peut frapper n’importe qui.
de ces cellules renferme des instruc-
tions qui lui indiquent comment
fonctionner : le matériel génétique.

Ce matériel génétique peut être en-
dommagé sous l’influence de divers
facteurs. En principe, les cellules
concernées détectent et réparent
elles-mêmes ces dégâts ou meurent.
Lorsque ce n’est pas le cas, les cellules
défectueuses peuvent continuer de
se multiplier sans contrôle. Avec le
temps, elles finissent par former une
tumeur maligne. Ce processus peut
prendre plusieurs années.

Certains facteurs sont connus pour
favoriser l’apparition d’un cancer.
Cela ne signifie toutefois pas qu’ils
conduisent nécessairement à un

                                                            Les cancers de la peau   7
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Comment se forme le cancer ?
Exemple : tumeur maligne de la muqueuse

    1. La tumeur commence à croître dans le tissu sain.

            tumeur maligne                             tissu sain

    2. Elle envahit le tissu voisin. Des cellules cancéreuses pénètrent dans
       les vaisseaux sanguins (en rouge/bleu) et lymphatiques (en vert)
       et parviennent ainsi dans d’autres organes, où elles forment des
       ­métastases.

        cellules
        cancéreuses                                          vaisseaux
                                                             sanguins
          vaisseaux lymphatiques            cellules cancéreuses

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Les modifications bénignes et les
cancers de la peau

La peau et ses                           La peau se compose de plusieurs
                                         couches. De l’extérieur vers l’inté-
fonctions                                rieur, ce sont :
La peau est le plus grand organe du      • l’épiderme ;
corps humain. Chez l’adulte, sa sur-     • le derme ;
face est de 1,5 à 2 m2, son poids est    • l’hypoderme.
de 10 à 25 kg.
                                         Les couches sont de différentes
La peau remplit diverses fonctions.      épaisseurs. L’épiderme des paupières
Elle :                                   mesure par exemple 0,04 mm, celui
• protège le corps de la déshydra-       de la plante des pieds 1,5 mm. L’épi-
   tation ;                              derme est généralement plus mince
• régule la température du corps ;       que le derme et l’hypoderme.
• protège le corps d’influences
   environnementales comme le            L’épiderme
   froid, la chaleur, les produits       L’épiderme se compose de :
   chimiques, les bactéries ou les       • Kératinocytes, qui produisent
   rayons UV (voir p. 20) ;                 une substance cornée, la ké-
• défend l’organisme et active le           ratine. La kératine permet de
   système immunitaire ;                    créer une enveloppe étanche
• est un organe sensoriel, respon-          ­essentielle à notre survie. Les
   sable du toucher ;                        ­kératinocytes sont organisés en
• synthétise, sous l’action des               plusieurs couches distinctes.
   rayons solaires, la vitamine D             La couche la plus profonde est
   ­essentielle à la santé des os, des        appelée couche basale, où se
    dents et des muscles ;                    forment de nouvelles cellules
• élimine les déchets du corps par            ­cutanées par division cellulaire.
    la sueur ou le sébum.                      Elles sont poussées vers la sur-
                                               face de la peau par les suivantes.
                                               Elles traversent plusieurs stades
                                               de développement avant de tom-
                                               ber sous forme de squames.

                                                          Les cancers de la peau   9
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Ce processus de renouvellement         • des vaisseaux lymphatiques
  permanent de la peau dure trois          qui aident à combattre les
  à quatre semaines.                       infections ;
• Mélanocytes qui produisent             • des glandes sudoripares qui fa-
  la mélanine. Cette substance             briquent la sueur ;
  ­pigmente la peau, les poils et        • des glandes sébacées qui fa-
   les cheveux et leur donne leurs         briquent du liquide qui garde la
   ­colorations. Cette coloration          peau et les poils lisses ;
    assure à la peau une certaine        • les follicules pileux, où les poils
    protection contre les rayons UV.       prennent naissance.
• Cellules de Langerhans et lym-
    phocytes qui font partie du          L’hypoderme
    système immunitaire.                 L’hypoderme est constitué de tissu
• Cellules de Merkel qui parti-          adipeux et de tissu conjonctif élas-
    cipent à la sensation du toucher     tique, sillonnés de vaisseaux san-
    de la peau.                          guins et de nerfs. Il est relié aux
                                         muscles sous-jacents. Il protège les
Le derme                                 organes internes, joue un rôle endo-
Le derme est un tissu conjonctif élas-   crinien et retient la chaleur corpo-
tique et fibreux, contenant notam-       relle.
ment :
• des fibroblastes, cellules             Remarque
   responsables de la souplesse et       Toutes ces différentes cellules et
   de l’élasticité de la peau ;          structures peuvent donner naissance
• des cellules immunitaires ;            à un cancer de la peau. Ceci explique
• des fibres nerveuses qui               pourquoi les cancers de la peau sont
   participent au toucher ;              un groupe très hétérogène, avec des
• des vaisseaux sanguins qui             tumeurs bénignes, des cancers peu
   transportent les éléments             agressifs, des cancers très agressifs et
   nutritifs et l’oxygène vers la        des présentations différentes les unes
   peau ;                                des autres. Certains cancers sont très

10
rares, d’autres comme les cancers
dérivant des kératinocytes sont les
cancers les plus fréquents chez l’être
­humain.

La structure de la peau
a Épiderme                               f   Mélanocyte (cellule p
                                                                 ­ igmentaire)
b Derme                                  g   Follicule pileux
c Hypoderme (tissu sous-cutané)          h   Poil
d Couche ou membrane basale              i   Glande sébacée
e Couche épineuse (kératinocytes)        k   Glande sudoripare

                                                         Les cancers de la peau   11
Les tumeurs de la                          Les cancers de la peau
peau non cancéreuses                       Les cancers de la peau les plus fré-
Les tumeurs de la peau sont en majo-       quents en Suisse sont :
rité bénignes, soit non cancéreuses.       • le carcinome basocellulaire ;
Elles ne se propagent pas à d’autres       • le carcinome spinocellulaire et
parties du corps. Elles se présentent        ses lésions précancéreuses : la
sous de nombreuses formes, notam-            ­kératose actinique et la maladie
ment :                                        de Bowen.
• le grain de beauté : tache plate ou
   en relief à la surface de la peau,      Ils vous sont expliqués à partir de la
   brune ou rose, dont les bords           page 14.
   sont réguliers ;
• la kératose séborrhéique : tache         Dans le monde médical, on uti-
   surélevée rose, rouge ou brune          lise souvent le terme de « cancers
   dont la surface est cireuse ou          non-mélanome » pour les décrire.
   parfois rêche ;                         Mais cette appellation n’a pas de sens
• l’hémangiome : prolifération             biologique, car les autres cancers de
   bénigne de vaisseaux sanguins           la peau sont très nombreux et très
   qui produit une masse rouge ou          divers. Nous renonçons à l’utiliser
   ­violette ;                             dans cette brochure.
• le lipome : masse qui prend
    ­naissance dans le tissu graisseux ;
• la verrue : masse de peau à la
     surface rêche causée par une
     infection à certains types de
     ­papillomavirus humains (HPV).

12
Des cancers de la peau moins fré-       Les autres cancers cutanés sont
quents sont traités dans d’autres       nombreux et souvent rares. Ils ne
brochures. Ce sont :                    sont pas traités dans nos brochures.
• Le mélanome qui se développe à        Il s’agit par exemple :
  partir des cellules pigmentaires,     • du carcinome à cellules de Mer-
  les mélanocytes. Il a la particula-       kel, qui se présente comme une
  rité d’être souvent pigmenté et de        boule rose dans l’épiderme et se
  faire des métastases à des stades         comporte de manière similaire
  précoces. Il fait l’objet d’une           au mélanome ;
  brochure spécifique, « Le mé-         • des sarcomes. Certains prennent
  lanome » (voir p. 60).                    naissance dans les vaisseaux
• Les lymphomes cutanés qui ont             (angiosarcome et sarcome de
  leur origine dans les cellules in-        Kaposi) et donnent des lésions
  flammatoires et immunitaires de           souvent brun violacé. D’autres
  la peau. Ils ne partagent pas les         prennent naissance dans les tis-
  mêmes facteurs de risque que les          sus de soutien et se comportent
  autres cancers de la peau, dont           comme des cicatrices qui gran-
  la grande majorité est sensible à         dissent de manière anarchique ;
  l’effet des rayons ultraviolets et    • des cancers naissant dans les
  du rayonnement ionisant. Leur             différentes glandes de la peau
  apparence est ­également très             (carcinome sébacé, poro-car-
  différente, raison pour laquelle          cinome, carcinome des glandes
  ils sont traités dans la brochure         sudoripares, maladie de Paget) ;
  « Les lymphomes à cellules T »        • des cancers prenant nais-
  (voir p. 60).                             sance dans les nerfs, comme
                                            les schwannomes et la tumeur
                                            maligne de la gaine nerveuse
                                            ­périphérique ;
                                        • d’autres types de cancers, encore
                                             plus rares et plus difficiles à ca-
                                             ractériser.

                                                        Les cancers de la peau   13
Le carcinome                               Le carcinome basocellulaire appa-
                                           raît généralement aux endroits du
basocellulaire                             corps fortement exposés au soleil :
Le carcinome basocellulaire est le         le nez, le front, les lèvres, les oreilles,
cancer de la peau le plus fréquent         le dos des mains ou le cuir chevelu,
chez la femme et l’homme. Parce            plus rarement le tronc, les bras ou les
qu’il n’est que très rarement capable      jambes.
de faire des métastases, il n’est pas
répertorié dans les statistiques offi-     Aspect
cielles du cancer.                         Le carcinome basocellulaire se dé-
                                           veloppe lentement, sur des mois ou
Le carcinome basocellulaire se dé-         des années. La maladie se manifeste
veloppe à partir de la couche basale       généralement en premier lieu sous
de l’épiderme, ce qui lui vaut aussi le    la forme d’une zone de peau épais-
nom de cancer des cellules basales.        sie, rouge ou brune. La peau de-
                                           vient fragile et se blesse facilement,
Il existe de nombreux types de car-        laissant une croûte qui peut guérir
cinomes basocellulaires. L’Organi-         avant de réapparaître. Ce carcinome
sation mondiale de la santé (OMS)          peut aussi prendre la forme d’un no-
les classe en quatorze sous-groupes        dule d’aspect laiteux ou ressemblant
sur la base de l’analyse des tissus. Ils   à une perle, parcouru de petits vais-
sont ensuite classés en trois groupes      seaux sanguins. Il présente souvent
selon le risque de récidive faible,        en son centre une dépression avec
moyen ou élevé. La majorité des car-       un suintement ou une croûte.
cinomes basocellulaires est de type
superficiel pigmenté ou nodulaire et
présente un risque de récidive faible.

14
Différentes formes de carcinome basocellulaire

                                                 Les cancers de la peau   15
Évolution                                    Le carcinome
Le carcinome basocellulaire décou-
                                             spinocellulaire
vert et traité au stade débutant offre
d’excellentes chances de guérison            Le carcinome spinocellulaire est le
(>95 %). Ce type de cancer cutané            deuxième cancer le plus fréquent
ne s’étend pour ainsi dire jamais aux        chez la femme et l’homme. Il peut
autres organes. Il a cependant ten-          faire des métastases. Il n’est pas ré-
dance à récidiver et peut réappa-            pertorié systématiquement dans les
raître après un traitement, même             statistiques officielles du cancer.
bien conduit. Il est un marqueur
d’une exposition solaire trop im-            Le carcinome spinocellulaire (ou
portante et d’un risque de dévelop-          carcinome épidermoïde) se déve-
per d’autres cancers de la peau sen-         loppe à partir des kératinocytes. Ce
sibles aux UV, comme le carcinome            sont les cellules situées dans la partie
spinocellulaire ou le mélanome. Il           superficielle de l’épiderme.
est donc important, après le traite-
ment du carcinome basocellulaire,
de faire des contrôles réguliers de la
peau.

À un stade avancé, le carcinome
­basocellulaire s’étend en largeur et
 en profondeur. Il peut alors détruire
 les tissus, le cartilage et les os et en-
 traîner des préjudices esthétiques
 et fonctionnels très importants,
 comme la perte d’un œil, d’une
 oreille ou du nez. Dans de très rares       Carcinome spinocellulaire à la lèvre
 cas, il peut faire des métastases.          inférieure

16
Le carcinome spinocellulaire af-           exemple dans les poumons, le foie
fecte en général les parties du corps      ou les os.
les plus exposées au soleil : le visage
(arête du nez, front, bord des oreilles,
lèvres), le cou, les avant-bras, le        Les lésions
­cou-de-­pied et le dos des mains. Il
                                           précancéreuses
 se présente parfois sur des cicatrices,
 des lésions ou des ulcères. Il peut se    La kératose actinique et la mala-
 développer sur la peau du pénis, de       die de Bowen sont des stades pré-
 la vulve et de l’anus.                    curseurs des carcinomes spinocel-
                                           lulaires. Les spécialistes parlent de
Aspect                                     stades précurseurs ou de lésions
Le carcinome spinocellulaire se dé-        précancéreuses pour qualifier des
veloppe lentement. Il se présente          modifications tissulaires et cellu-
sous la forme d’un nodule ou d’une         laires qui pourraient se transformer
petite masse dure. Avec le temps,          en carcinome spinocellulaire. Ils es-
la lésion forme de la corne et une         timent qu’une lésion précancéreuse
croûte. Celle-ci peut se fendre et         sur dix va donner naissance à un
­saigner ou suinter.                       carcinome débutant.

Évolution                                  La kératose actinique
Le carcinome spinocellulaire dé-           La kératose actinique, aussi appelée
couvert et traité à un stade débu-         kératose sénile ou solaire, se déve-
tant offre de très bonnes chances de       loppe à partir des kératinocytes de
­guérison.                                 l’épiderme.

À un stade avancé, le carcinome            Elle affecte fréquemment les parties
spinocellulaire peut s’étendre aux         du corps les plus exposées au soleil :
muscles ou aux nerfs ou envahir            le visage, les oreilles, le décolleté, le
les ganglions lymphatiques voi-            dos des mains ou les zones dégarnies
sins et former des foyers cancé-           du cuir chevelu.
reux secondaires (métastases), par

                                                            Les cancers de la peau   17
Aspect                                  ratose actinique peut aussi prendre
La kératose actinique peut prendre      la forme de taches ou de papules
des formes très différentes. La plus    squameuses ou cornées. Sa couleur
classique est celle d’une petite zone   varie : couleur chair, jaunâtre, rou-
rugueuse de la peau, qui forme une      geâtre ou brunâtre dans sa forme
squame qu’on peut enlever, qui          pigmentée, difficile à différencier
s’améliore avant de revenir. La ké-     du mélanome.

Kératose actinique

18
Évolution                                 leil, comme la région anale ou géni-
En soi, la kératose actinique est         tale. Dans ce cas, elle est souvent liée
une lésion cutanée bénigne. On la         à une infection aux papillomavirus
considère toutefois comme une lé-         humains (HPV).
sion précancéreuse, car en l’absence
de traitement, elle peut dégénérer        Aspect
en carcinome spinocellulaire (voir        La maladie de Bowen se présente
p. 16). C’est le cas chez 5 à 20 % des    sous la forme de plaques rugueuses
personnes concernées. Chez les per-       irrégulières, mais clairement délimi-
sonnes dont le système immunitaire        tées, de couleur rougeâtre à brunâtre.
est affaibli, ce risque s’élève à 30 %    Elle ressemble souvent à une érup-
environ.                                  tion cutanée, comme un eczéma ou
                                          un psoriasis.
Il arrive que la kératose actinique ré-
gresse spontanément, en particulier       Évolution
lorsque la personne touchée veille à      En l’absence de traitement, la mala-
protéger systématiquement sa peau         die de Bowen se transforme en car-
du soleil.                                cinome spinocellulaire invasif dans
                                          5 % des cas environ. Le risque est
La maladie de Bowen                       majoré chez les personnes dont le
La maladie de Bowen est un stade          système immunitaire est affaibli.
précurseur du carcinome spinocel-
lulaire. Elle se développe aussi à par-
tir des kératinocytes de l’épiderme.
Elle se situe entre la kératose acti-
nique et le carcinome spinocellu-
laire invasif.

Elle touche essentiellement le vi-
sage, le torse, les mains ou le bas des
jambes. Elle peut également affecter
des zones très peu exposées au so-        Maladie de Bowen

                                                          Les cancers de la peau   19
Causes et facteurs de                  • une exposition à des substances
                                         cancérigènes comme le goudron
risque possibles                         (fumée de cigarette) et l’arsenic ;
Différents facteurs peuvent aug-       • des inflammations chroniques de
menter le risque de développer une       la peau, par exemple des fistules
lésion précancéreuse ou un cancer        ou un ulcère de la jambe ;
de la peau :                           • un risque familial, c’est-à-dire
• des antécédents personnels de          des antécédents de cancer de la
   cancer de la peau ;                   peau chez les parents proches.
• un système immunitaire affaibli,
   par exemple à la suite d’une ma-    Le rayonnement ultraviolet
   ladie du sang ou de la prise de     Le rayonnement solaire se compose
   médicaments immunosuppres-          de lumière visible, de rayons in-
   seurs après une greffe d’organe ;   frarouges et de rayons ultraviolets
• l’âge, le risque augmentant avec     (UV). La première, perceptible par
   les années ;                        l’œil, apporte couleur et clarté. Les
• des expositions répétées au soleil   deuxièmes sont eux aussi percep-
   pendant de nombreuses années        tibles, car ils entraînent une sensa-
   ou des coups de soleil fréquents    tion de chaleur sur la peau.
   pendant l’enfance, de même que
   des séances régulières de sola-     Les rayons UV sont invisibles. La
   rium, les lésions étant causées     couche d’ozone en absorbe une
   par les rayons ultraviolets ;       grande partie. Le reste parvient
• un type de peau clair avec bron-     jusqu’à la Terre et peut endom-
   zage inexistant ou très lent en     mager la peau. Contrairement à la
   raison d’une faible pigmentation    croyance populaire, les coups de so-
   de la peau ;                        leil ne sont pas une façon de sen-
• une maladie génétique rare,          tir les UV. Ils sont le reflet d’une
   comme le xeroderma pigmen­          inflammation de la peau liée à des
   tosum (XP) ;                        dégâts majeurs occasionnés par ces
• une radiothérapie ;                  rayons.

20
Il existe trois types de rayons UV :      stérilisation et la détection de l’ADN.
les UVA, les UVB et les UVC.              Ils sont également générés lors de la
                                          soudure à l’arc. L’être humain peut
UVA                                       donc y être exposé lorsque les me-
Les UVA entraînent un hâle superfi-       sures de sécurité ne sont pas respec-
ciel. Ils parviennent jusqu’au derme      tées. Les UVC occasionnent des dé-
et provoquent le vieillissement pré-      gâts à l’ADN et augmentent le risque
maturé de la peau. Ils peuvent en-        de cancer de la peau.
dommager indirectement le maté-
riel génétique (ADN) et augmenter         Solarium
le risque de cancer de la peau.           Les rayons UV artificiels des sola-
                                          riums représentent une agression
UVB                                       supplémentaire pour la peau. Ils
Les UVB sont plus agressifs que les       augmentent le risque de cancer de
UVA. Ils ne pénètrent que jusqu’à         la peau. Ils accélèrent le vieillisse-
l’épiderme, mais ils provoquent des       ment de la peau. Leur utilisation est
dégâts au matériel génétique (ADN)        interdite aux personnes de moins de
de ces cellules. Lorsque ces dégâts       18 ans (interdiction en vigueur dans
sont trop importants, la peau s’en-       toute la Suisse dès janvier 2022, dé-
flamme et fait un « coup de soleil ».     jà en place antérieurement dans cer-
Sous l’action des UVB, l’épiderme         tains cantons).
s’épaissit (hyperkératose) et bronze,
ce qui le protège jusqu’à un cer-         Fréquence des cancers
tain point. Les UVB augmentent le         de la peau
risque de cancer de la peau.              En Suisse, à l’exception du mé-
                                          lanome, les cancers de la peau ne
UVC                                       font pas partie des maladies dont la
Les UVC sont absorbés par la couche       déclaration est obligatoire. Les nou-
d’ozone et ne parviennent pas de fa-      veaux cas ne sont pas recensés de fa-
çon naturelle jusqu’à la surface de la    çon systématique, de sorte qu’on ne
Terre. Ils sont cependant utilisés pour   connaît pas le nombre exact de per-
des emplois spécifiques comme la          sonnes touchées chaque année. On

                                                          Les cancers de la peau   21
estime qu’il se situe entre 20 000 et    Symptômes possibles
25 000. Le carcinome basocellulaire
est plus fréquent que le carcinome       Les cancers de la peau ne causent
spinocellulaire.                         pas de symptômes majeurs avant
                                         d’avoir atteint une certaine taille. Ils
Modifications cutanées :                 peuvent alors démanger, saigner ou
quand consulter ?                        faire mal. Ils sont cependant le plus
Un examen attentif de la peau per-       souvent visibles longtemps avant
met de déceler précocement d’éven-       d’avoir atteint ce stade. Si vous re-
tuelles modifications de la peau. En     marquez un changement durable de
cas d’altération suspecte, un rendez-­   votre peau, il faut le montrer à votre
vous chez votre médecin de famille       médecin.
ou un dermatologue s’impose. Il
­déterminera s’il s’agit d’une lésion Carcinome basocellulaire
 bénigne ou d’un cancer de la peau.   Le carcinome basocellulaire appa-
                                      raît le plus souvent sur les parties
En savoir plus                        de peau exposées au soleil, comme
Vous trouverez de plus amples in- le visage, la tête, le cou et le dos des
formations sur les risques de cancer mains. Il peut aussi se développer
de la peau, la prévention et l’auto-­ sur le reste du corps, notamment
examen de la peau dans la brochure sur le tronc.
« Protection solaire » (voir p. 60).
                                      Il se caractérise par :
                                      • des plaques rouges qui peuvent
                                          démanger ;
                                      • des zones plates qui ressemblent
                                          à des cicatrices, de couleur pâle
                                          ou jaune ;
                                      • de petites bosses roses ou rouges,
                                          transparentes ou brillantes, qui
                                          peuvent comporter des zones
                                          bleues, brunes ou noires ;

22
• des excroissances roses aux
  bords surélevés et au centre en-
  foncé ;
• des zones sensibles qui suintent
  ou des croûtes qui ne guérissent
  pas ou qui ressurgissent après
  avoir guéri.

Carcinome spinocellulaire
Le carcinome spinocellulaire se
forme en général sur les zones ex-
posées au soleil, comme le visage,
les oreilles, le cou, les lèvres et le dos
des mains. Il peut aussi apparaître
dans la région de l’anus et autour des
­organes génitaux ou sur la peau des
 ­cicatrices.

Il se caractérise par :
• des zones rouges rugueuses
    qui forment des croûtes ou qui
    saignent ;
• des zones surélevées dont le
    centre est enfoncé ;
• des zones sensibles qui suintent
    ou des croûtes qui ne guérissent
    pas ou qui ressurgissent après
    avoir guéri ;
• des excroissances ressemblant à
    des verrues.

                                             Les cancers de la peau   23
Examens et diagnostic

En présence d’une modification             santes et un système d’éclairage
suspecte de la peau ou dans le cadre       effaçant les reflets de la peau).
d’un contrôle des grains de beauté,      • En cas de doute, il prélève un
le dermatologue procède à différents       échantillon de tissu (biopsie)
examens :                                  sous anesthésie locale. Parfois, il
• Examen visuel et palpation de la         suffit de racler une fine couche
   lésion cutanée.                         superficielle de peau (curetage
• Examen au moyen d’un derma-              ou shave, voir p. 30).
   toscope (appareil comprenant          • Examen du prélèvement au
   une ou plusieurs lentilles grossis-     microscope en laboratoire.

Examen de la peau

24
Le ­résultat permettra, après         Carcinome basocellulaire
  quelques jours, de dire s’il s’agit   Lorsqu’un carcinome basocellulaire
  d’une modification cutanée            a pénétré les tissus sous-jacents,
  ­bénigne ou d’un cancer de la         comme les nerfs ou les os, il est pos-
   peau.                                sible de déterminer son étendue et
• Parfois, le dermatologue retire       sa localisation générale au moyen
   directement toute la lésion sus-     d’un scanner ou d’une IRM.
   pecte pour l’analyser ensuite au
   microscope en laboratoire.           Carcinome spinocellulaire
                                        Un carcinome spinocellulaire est
                                        considéré à haut risque notamment
Examens                                 lorsqu’il a pénétré des tissus à une pro-
                                        fondeur de plus de 4 mm. Le médecin
complémentaires                         procède alors à une échographie pour
Pour déterminer l’emplacement exact     vérifier si les ganglions lymphatiques
de la tumeur et son étendue, diffé-     avoisinants sont ­atteints.
rentes techniques d’imagerie médi-
cale peuvent être utilisées, comme :    Lorsque le médecin suspecte que la
• la microscopie non invasive           tumeur a formé des foyers cancé-
   (confocal ou optical coherence       reux secondaires dans d’autres or-
   tomography) ;                        ganes (métastases), il peut clarifier
• la radiographie ;                     la situation à l’aide de radiographies,
• l’échographie ;                       d’un PET scanner ou d’une IRM.
• la tomodensitométrie (scanner) ;
• le PET scanner ;
• l’imagerie par résonance magné-
   tique (IRM).

                                                         Les cancers de la peau   25
Les stades de la                          Les lésions précancéreuses sont qua-
                                          lifiées de tumeurs in situ (Tis), ce qui
maladie                                   signifie que le cancer reste confiné à
Les résultats des différents examens      la zone immédiate où il a commen-
permettent de déterminer le stade de      cé. Les stades précurseurs des car-
la maladie, c’est-à-dire d’évaluer son    cinomes spinocellulaires (kératose
extension. Les spécialistes parlent       actinique et Bowen) entrent dans
de stadification. Cette classification    cette catégorie (voir p. 17).
est importante pour pouvoir plani-
fier le meilleur traitement possible.     N = ganglions lymphatiques
Les systèmes utilisés varient selon le    La lettre N (node, en anglais) sui-
type de cancer.                           vie d’un chiffre de 0 à 3, exprime
                                          le nombre de ganglions lympha-
Carcinome spinocellulaire                 tiques touchés et leur emplacement.
Pour le carcinome spinocellulaire,        N0 signifie qu’il n’y a pas d’atteinte
les spécialistes ont recours à la clas-   ganglionnaire.
sification TNM de l’Union inter­
nationale contre le cancer (UICC).        M = métastases
Celle-ci utilise un système combi-        La lettre M se réfère aux métastases,
nant des lettres et des chiffres pour     c’est-à-dire aux foyers cancéreux
définir la taille de la tumeur, l’enva-   formés par la tumeur dans d’autres
hissement des ganglions lympha-           organes.
tiques et la présence de métastases.
                                          M0 indique qu’il n’y pas de métas-
T = tumeur                                tases, M1 qu’il y en a.
La lettre T, suivie d’un chiffre de 1 à
4, exprime la taille de la tumeur (pri-   Exemple
maire) et son extension dans l’orga-      Un carcinome spinocellulaire classé
nisme. Plus le chiffre est élevé, plus    T1N0M0 signifie :
la tumeur est grande ou s’est étendue     • que la tumeur a un diamètre in-
aux tissus voisins.                         férieur à 2 cm et une profondeur

26
d’invasion en dessous de 4 mm           • Quelles sont ses caractéristiques
  (T1) ;                                    histologiques ? Est-ce qu’elle
• que les ganglions lymphatiques            ­appartient à un sous-groupe à
  ne sont pas touchés (N0) ;                 risque de récidive ?
• qu’il n’y a pas de métastases           • Quelle est la marge de sécuri-
  (M0).                                      té envisageable en chirurgie et
                                             ­radiothérapie, en particulier par
Votre médecin vous expliquera à               rapport aux zones anatomiques
quoi correspond le résultat de votre          importantes comme l’œil, le nez,
classification TNM.                           les nerfs (voir p. 29 et suiv.) ?
                                          • Des tissus, cartilages ou os voi-
Carcinome basocellulaire                      sins sont-ils touchés ?
Théoriquement, la classification          • Est-ce qu’il s’agit d’une récidive ?
des carcinomes basocellulaires se         • Est-ce que la tumeur est apparue
fonde également sur le système                à un emplacement précédem-
TNM. Dans la pratique, toutefois,             ment traité par radiothérapie ?
cette classification n’est que très ra-
rement utilisée, étant donné que le
carcinome basocellulaire ne touche
pratiquement jamais les ganglions
lymphatiques (N) et qu’il ne forme
pour ainsi dire jamais de métastases
(M).

Le traitement est donc choisi sur la
base des éléments ci-après :
• Où la tumeur est-elle localisée ?
• Quelle est son extension ?
• À quelle profondeur a-t-elle pé-
  nétré dans la peau ?

                                                          Les cancers de la peau   27
Options thérapeutiques

Votre médecin vous explique :            Ablation
• quels sont le ou les traitements       Le médecin retire la tumeur en en-
  les plus adaptés dans votre cas ;      tier avec un peu de tissu sain tout
• quelles sont les conséquences          ­autour (marge de sécurité).
  sur votre mode de vie ;
• quels sont les effets indésirables     • Si la plaie est petite, le médecin
  possibles ;                              la recoud généralement immé-
• quels sont les risques à ne pas          diatement.
  entreprendre le traitement.            • Si elle est plus grande, le méde-
                                           cin la referme en déplaçant un
Les méthodes de traitement décrites        lambeau de peau voisin (plastie
ci-après ne s’appliquent pas toutes        par lambeau) ou en greffant une
pour chaque cas. Vous trouvez la           bande de peau prélevée dans une
planification détaillée du traitement      autre partie du corps.
dès la page 43.                          • Si la marge de sécurité contient
                                           des traces de cancer, une nou-
                                           velle chirurgie ou un autre
Traitements                                traitement est envisagé.
                                         • L’intervention laisse une cica-
chirurgicaux                               trice.
Différentes méthodes chirurgicales
permettent d’éliminer un cancer de       Le dermatologue pratique les pe-
la peau ou une lésion précancéreuse.     tites interventions chirurgicales.
                                         Les opérations plus importantes re-
Le médecin retire toujours la tu-        quièrent souvent le concours d’un
meur avec un fragment de tissu sain      dermatologue spécialisé dans la
autour. L’intervention se fait généra-   chirurgie, d’un chirurgien plasticien
lement sous anesthésie locale. Une       ou d’autres spécialistes, par exemple
anesthésie générale est rarement né-     un oto-rhino-laryngologue.
cessaire.

                                                        Les cancers de la peau   29
Dans certains cas, la tumeur n’est       • Si des cellules cancéreuses sont
pas opérée, mais traitée au moyen          visibles au bord du tissu excisé,
de rayons ou de médicaments. Cette         le médecin procède à une nou-
solution est utilisée :                    velle ablation.
• chez les personnes âgées ;             • Le tissu prélevé lors de ­cette
• lorsque la tumeur est difficile­         nouvelle intervention est ana-
   ment opérable en raison de              lysé à son tour. S’il ne présente
   son emplacement (coin de l’œil,         aucune cellule cancéreuse,
   par ex.) ;                              le médecin referme définitive-
• en cas de cancer localement              ment la plaie.
   avancé ou de métastases.
                                         Le risque de réapparition du can-
Chirurgie micrographique                 cer diminue lorsque toutes les cel-
(selon Mohs)                             lules cancéreuses ont été enlevées.
Il arrive parfois que les carcinomes     La chirurgie micrographique vise
spinocellulaires ou basocellulaires      par conséquent à éliminer si pos-
engendrent des extensions tumo-          sible toutes les cellules cancéreuses
rales indécelables à l’œil nu dans les   en préservant un maximum de tissu
tissus voisins. Si le médecin suspecte   sain. Ceci augmente l’efficacité et la
que c’est le cas, il peut proposer une   sécurité du geste chirurgical, tout en
approche dite « à bordure contrô-        permettant de faire des cicatrices les
lée », appelée chirurgie de Mohs         plus petites possible.
ou Slow-Mohs. Il procède alors par
ablations répétées comme suit :          Autres procédés
• Il excise la tumeur avec une marge     « chirurgicaux »
   de sécurité. Il ne suture pas la      • Curetage : grattage superficiel
   plaie immédiatement, mais la re-        ­effectué à l’aide d’un instrument
   couvre d’un pansement provisoire         à bords tranchants (curette).
   (1 heure en Mohs, une semaine à       • Shave : grattage superficiel à
   dix jours pour la slow-Mohs).            l’aide d’une lame de rasoir que
• Le tissu excisé est coloré, puis          le médecin glisse parallèlement à
   analysé au microscope.                   la peau.

30
• Dermabrasion : rabotage su-             Traitements physiques
  perficiel à l’aide d’une meule
  spéciale.                               Les traitements physiques détruisent
• Traitement par laser : abrasion         la tumeur.
  superficielle au moyen d’un
  ­faisceau lumineux concentré            Thérapie par le froid
   (­bistouri « optique »).               (cryothérapie)
                                          Cette technique est utilisée pour le
Suivant la surface traitée, ces tech-     traitement de petites tumeurs, en
niques peuvent provoquer une rou-         particulier les kératoses actiniques
geur marquée. Elle disparaîtra au         ou les carcinomes débutants. Elle
bout de quelques semaines.                consiste à geler le tissu en appliquant
                                          de l’air liquide, ce qui détruit les
Curage ganglionnaire                      cellules cancéreuses. Une croûte se
Rarement nécessaire, le curage gangli­­   forme au bout de quelques jours et
onnaire consiste à ­chercher puis à       tombera par la suite. Ce traitement
retirer un ou plusieurs ganglions         nécessite un suivi régulier pour vé-
lymphatiques auxquels le cancer           rifier son efficacité.
s’est propagé. L’intervention a lieu à
l’hôpital sous narcose complète.          Traitement à l’électricité
                                          Cette technique détruit la tumeur
La suppression de plusieurs gangli­       à l’aide d’impulsions électriques
ons lymphatiques augmente le              (électrodessication). Ce traitement
risque de développer un œdème             nécessite un suivi régulier pour vé-
lymphatique, soit un cumul de li-         rifier son efficacité.
quide dans les bras ou les jambes.
Demandez à votre médecin quel est         Radiothérapie
votre risque et quels sont les signes     Cette technique est surtout utilisée
de l’œdème lymphatique. Pour en           dans les cliniques dermatologiques
savoir plus, vous pouvez consulter        d’une certaine importance ou les
la brochure « L’œdème lymphatique         hôpitaux ou cliniques spécialisés en
en cas de cancer » (voir p. 61).          radio-oncologie.

                                                          Les cancers de la peau   31
Les rayons endommagent les cel-            peut pas exciser la tumeur complè-
lules cancéreuses qui, ne pouvant          tement ou si le cancer se propage le
plus se diviser ni proliférer, finissent   long des nerfs.
par mourir.
                                           Une région ne peut en principe être
Administrés en petites doses indivi-       traitée qu’une seule fois par radio-
duelles, les rayons sont dirigés sur la    thérapie. La radiothérapie augmente
lésion depuis l’extérieur, à travers la    à long terme le risque de cancer de
peau (radiothérapie externe ou per-        la peau sur la surface traitée. Pour
cutanée). Ils ne pénètrent pas trop        cette raison, les personnes jeunes ne
profondément dans le tissu et dé-          reçoivent en général pas de radio­
truisent ainsi la tumeur sans que le       thérapie.
tissu environnant ou sous-jacent su-
bisse des dommages importants.
                                           Traitements
Bien que planifié et réalisé de ma-
nière à ménager le plus possible les
                                           médicamenteux
tissus sains, le traitement peut engen-    Traitements médicamenteux
drer des effets secondaires locaux,        locaux
par exemple des rougeurs ou une            Les traitements médicamenteux lo-
sécheresse cutanée. Ce phénomène           caux, ou topiques, consistent à ap-
est dû au fait que les rayons endom-       pliquer des crèmes ou des onguents
magent également les cellules saines       à l’emplacement de la lésion cuta-
à croissance rapide. Mais contraire-       née. Ces produits déclenchent une
ment aux cellules cancéreuses, celles-     réaction inflammatoire qui permet
ci ont la capacité de se régénérer.        de détruire les tumeurs cutanées
                                           ­superficielles.
Une radiothérapie peut remplacer
la chirurgie, en particulier chez la       Immunothérapie locale :
personne âgée. Elle intervient aus-        imiquimod
si en complément à une opération,          L’imiquimod est un immunomo-
par exemple lorsque le médecin ne          dulateur, c’est-à-dire une substance

32
qui stimule le système immunitaire       sibles, soit sensibles à la lumière, sur
pour qu’il lutte contre les cellules     la lésion cutanée.
cancéreuses et les détruise.
                                         On laisse d’abord la crème agir
Il se présente sous la forme d’une       quelques heures. Les cellules cancé-
crème à étaler sur la lésion cuta-       reuses absorbent davantage les subs-
née. Après quelques applications,        tances photosensibles que les cellules
une forte réaction inflammatoire se      saines. La peau est ensuite exposée à
développe à l’endroit de la lésion.      une lumière spéciale. Les rayons lu-
Cette inflammation est indolore et       mineux déclenchent des réactions
guérit généralement sans laisser de      dites phototoxiques dans les cellules
­cicatrices.                             cancéreuses, ce qui entraîne leur
                                         destruction. Le traitement ne laisse
L’imiquimod doit être manié avec         que très rarement des cicatrices. Il
prudence sur les peaux fines comme       ne fait pas appel aux UV.
la lèvre, car l’inflammation peut être
rapide et très importante. En cas de     Cette thérapie peut entraîner des
doute, n’hésitez pas à contacter votre   douleurs locales chez certaines per-
médecin.                                 sonnes. Dans ce cas, un traitement
                                         contre la douleur est appliqué.
Chimiothérapie et immuno-
thérapie : 5-fluorouracil                Traitements médicamenteux
Ce médicament est un traitement          systémiques
chimiothérapeutique local. Il est ap-    Contrairement aux crèmes ou
pliqué sur la lésion sous forme de       onguents, qui sont des thérapies lo-
crème. La substance active détruit       cales, les traitements systémiques
les cellules cancéreuses.                agissent dans tout le corps en pas-
                                         sant dans le sang. Les traitements
Thérapie photodynamique                  ciblés et la chimiothérapie entrent
La thérapie photodynamique (PDT)         dans cette catégorie. Ils sont admi-
consiste à appliquer une crème           nistrés par voie intraveineuse ou
contenant des substances photosen-       sous forme de comprimés.

                                                         Les cancers de la peau   33
Traitements ciblés                        cancéreuses de se diviser et de proli-
Des molécules spécifiques, par            férer ou en bloquent la croissance. La
exemple des protéines, sont pré-          chimiothérapie a aussi un ­effet sur
sentes à la surface ou dans les cel-      les cellules saines, dont elle freine la
lules cancéreuses. Elles leur donnent     division. Elle est administrée en cas
le signal de croître ou de se diviser.    de carcinome avancé.
Les traitements ciblés bloquent ces
molécules et empêchent ainsi la pro-      Les traitements comme l’immuno-
gression des cellules cancéreuses.        thérapie sont actuellement plus effi-
Ils ne s’attaquent pas aux cellules       caces, ce qui fait que la chimiothé-
saines. Pour cette raison, ils sont ap-   rapie devient relativement rare dans
pelés « traitements ciblés ».             le traitement des cancers de la peau.
                                          Par conséquent, ses effets secon-
Au stade avancé, lorsqu’une opéra-        daires classiques (fatigue, nausées,
tion ou une radiothérapie ne sont pas     diarrhées) peuvent souvent être
possibles ou en cas de ­métastases, le    ­évités.
carcinome basocellulaire et, parfois,
le carcinome spinocellulaire peuvent      Immunothérapie
être traités au moyen de différents mé-   L’immunothérapie consiste à stimu-
dicaments ciblés. Ces ­médicaments        ler le système immunitaire pour ren-
contiennent une substance active          forcer ses propres défenses contre
qui ralentit ou bloque la progression     les cellules cancéreuses. Elle per-
de la maladie. Ils sont généralement      met une amélioration spectaculaire
très bien tolérés, laissant la possibi-   des taux de guérison, avec le béné-
lité d’une vie active sans effets se-     fice d’être bien tolérée, même à un
condaires comme ceux de la chimio­        âge avancé.
thérapie classique (voir ci-dessous).
                                          Les inhibiteurs de points de
Chimiothérapie                            contrôle immunitaire
La chimiothérapie repose sur l’em-        Les inhibiteurs de points de contrôle
ploi de cytostatiques, des médica-        immunitaire sont utilisés pour trai-
ments qui empêchent les cellules          ter le carcinome spinocellulaire (et

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