Les énergies vertes bâtiront la nouvelle Afrique - #1 Dossier : ces grands barrages qui vont transformer le continent - R20 ...
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Dossier : ces grands barrages qui vont transformer le continent Février 2015 1# Les énergies vertes bâtiront la nouvelle Afrique L’UEMOA vise 82% d’énergies Entretien avec Christophe renouvelables en 2030 Nuttall, DG du R20
EDITORIAL Par Thierno Bocar TALL, PDG de La Société Africaine de Biocarburants et des Énergies Renouvelables (SABER) L’Afrique n’a besoin que de soleil, d’eau et de vent Le soleil, l’eau et le vent sont les des affaires efficaces et parfaitement trois éléments sur lesquels l’Afrique sécurisés. peut aujourd’hui bâtir son émergence Il lui faudra également apprendre à économique. Trois éléments capables parler d’une seule voix face aux pays de lui fournir toute l’énergie néces- industrialisés qui ont amené le monde saire pour transformer, construire, au bord de la catastrophe climatique. transporter, éclairer, connecter ou Il lui faudra se battre pour que les climatiser. On parle là d’une énergie pays nantis contribuent suffisamment bon marché et inépuisable qui lui ga- pour lui permettre de se développer rantira une réelle compétitivité inter- aussi proprement que possible, sans nationale et qui préservera son envi- aggraver l’état d’une planète déjà mal ronnement naturel. en point. Mais pour atteindre cet objectif, A la veille de COP21 à Paris, cette l’Afrique va devoir se battre car les fin 2015, l’Afrique doit plus que ja- énergies vertes nécessitent au pré- mais affirmer sa détermination en alable des investissements considé- faveur des énergies renouvelables. Ce rables et sur de longues durées. Il lui nouveau magazine aura pour ambi- faudra se battre tout d’abord contre tion et pour ligne éditoriale de reflé- elle-même pour garantir aux capi- ter au mieux la forte détermination de taux, locaux et internationaux, un tous les acteurs et partisans des éner- cadre législatif et un environnement gies vertes en Afrique. Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 3
SOMMAIRE 03 L’Afrique n’a besoin que de 39 En Afrique du Sud, MagneGas soleil, d’eau et de vent recyclera des déchets liquides en combustible Energies Africaines 09 Le Maroc lève 1,5 milliard € Numéro 01 Février 2015 pour le parc solaire de 40 Le bilan mitigé du biocarburant Ouarzazate en Afrique 11 L’Algérie mise davantage 44 La géothermie offre un potentiel sur l’énergie éolienne considérable, essentiellement Editeur en Afrique de l’Est ENERGIES AFRICAINES 12 Pour le R20, l’Afrique doit faire est co-édité par la Société Africaine des Bio- carburants et des Energies Renouvelables un saut technologique en passant 46 « L’Afrique doit moderniser (SABER) et Media Management & Participations Ltd directement aux énergies sa gestion du transport Opérateur renouvelables d’électricité pour entrer dans une logique de marché » Séquence Media SA 36b, rue de Carouge 17 L’Uemoa fait le pari des énergies 1205 GENEVE www.sequencemedia.com renouvelables 52 Faire des énergies renouvelables le principal Fax : +41 22 301 96 10 Tél : +41 22 328 75 80 20 Inga, le plus grand chantier moteur de la croissance Directeur de la publication d’infrastructure de l’histoire africaine Jérémie FLAUX africaine Rédaction 26 La RDC, le château d’eau de 54 L’initiative du Co-Development Agence Ecofin & Investment Consortium pour Beaugas Orain Djoyum, Brice Mbodiam, Koffi l’Afrique l’Afrique 27 Le Grand Renaissance Dam, Tovor, Idriss Linge, Walid Khefi, Muriel Edjo, Aaron Akinocho, Assongmo Necdem, Dominique Flaux. Ont également participé à ce numéro : Jean- sauvé des eaux 57 Arborescence Capital : apporter Claude Fontanive (Co-Development & Investment de la valeur aux énergies Consortium pour l’Afrique), Koly Keita (GD Capital), Jaona Ravaloson (Arborescence Capital). 30 Lom Pangar : un barrage de renouvelables en Afrique redaction@agenceecofin.com retenue énergisant 60 Cameroun : le solaire a le vent Publicité Alexandre Roux 33 Angola, la lumière viendra de la en poupe a.roux@sequencemedia.com province de Cuanza Norte 63 Le chercheur canadien Illan Création Jérémie Flaux 34 Les barrages transfrontaliers Kramer prépare une nouvelle révolution dans le solaire Relecture et corrections Xavier Michel 36 Biomasse : Sifca montre le 64 L’Afrique commence à produire chemin à l’Afrique ses propres panneaux solaires Impression Rotimpres,Aiguaviva, Espagne. 38 La Chine veut transformer en 66 Akon fait de l’électrification en énergie les déchets agricoles et © Reproduction interdite sans l’accord écrit de l’éditeur industriels de l’Egypte Afrique son cheval de bataille 4 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 5
BRÈVES BRÈVES Signature Growth Capital Partners vise des projets d’énergies renouvelables Ouganda : Access au Cameroun Power construira une Le gouvernement camerounais et la société Signature Africa Venture Ltd, filiale de la société d’investissement Si- centrale solaire de gnature Growth Capital Partners, basée à Dubaï, ont signé fin décembre un mémorandum d’entente (MoU) pour la ré- 10 MW à Soroti alisation d’études de faisabilité en vue de l’implémentation Sénégal : l’Allemagne veut doter Diamniadio d’une sur le territoire camerounais de projets dans le domaine Terra Sola projette Access Power MEA, compa- gnie de mise en valeur des centrale solaire de 15 MW des énergies renouvelables. Ces projets, qui devraient être réalisés sur le modèle BOT (Built Operate Transfert), la construction de projets électriques focalisée sur le Moyen-Orient et l’Afrique, La République fédérale d’Allemagne réalisera une centrale solaire concerneront le développement de l’électrification rurale, la construction de centrales électriques à biomasse, de cen- 16 installations construira en 2015 la première centrale solaire de l’Ouganda. d’une capacité de 15 MW, pour un coût de 30 milliards de francs CFA, dans la Zone économique intégrée (ZSE) de Diamniadio au Sénégal, trales solaires et de mini-centrales hydroélectriques dans certaines régions du pays. Les études de faisabilité, objets photovoltaïques Sa filiale Access Uganda Solar d’après le bureau de la banque de développement allemande KfW à Dakar, rapporte APS. Markus Faschina, directeur du bureau à Dakar, du MoU avec le gouvernement camerounais, a confié Vikas Ltd assurera la construction et Bhatnagar, responsable chez Signature Africa Venture Ltd, au Maroc l’exploitation de cette centrale a dévoilé cette information lors de la signature, mi-décembre 2014, avec le ministre sénégalais de l’Economie, des Finances et du Plan, débuteront dès le mois de janvier 2015. d’une capacité de 10 MW qui Le groupe suisse Terra Sola sera installée à Soroti, dans le Amadou Bâ, d’un contrat de financement sous forme de subvention A ce jour, Signature Growth Capital Partners revendique la d’un montant de 24 milliards FCFA. L’enveloppe est destinée à « la structuration, le co-investissement et la gestion conjointe envisage de développer des nord-est de l’Ouganda. Access projets structurants d’investisse- Power bénéficiera, pour ce promotion de l’efficacité énergétique et l’accès à l’énergie », a expliqué de « plus de 1,5 milliard de dollars (environ 750 milliards M. Faschina. Selon le ministre Amadou Ba, les travaux de construc- FCFA) d’investissements dans des projets avec des institu- ment dans le secteur de l’éner- projet, de la facilité d’appui à gie solaire au Maroc, « l’un des l’énergie photovoltaïque GET tion de la centrale à Diamniadio, à 35 km de Dakar, démarreront d’ici tions du Moyen-Orient ». Sa filiale Signature Africa Venture avril 2015 et les appels d’offres seront bientôt lancés. Ltd, spécialement dédiée aux investissements en Afrique, marchés les plus prometteurs et FiT, gérée par la banque de est active dans les secteurs des mines, de l’énergie, de l’im- à fort potentiel ». Le projet porte développement allemande KfW mobilier et de l’agriculture. sur la construction de « 16 ins- pour le compte de l’Ouganda, tallations photovoltaïques d’une et financée sur le fonds fidu- puissance de 25 mégawatts ciaire de l’Union européenne chacune dans le cadre de contrats dédié aux infrastructures. Elle déjà signés », a précisé David espère boucler ce financement Heimhofer, le patron du groupe. en juin 2015 pour commencer Mais avant, Terra Sola vise un les exploitations commerciales apport de 50 millions d’euros vers décembre et fournir plus de par une prochaine cotation à la 18 millions KWh par an d’éner- Bourse de Berlin afin d’accom- gie renouvelable au prix de 11 $/ pagner son expansion dans la kWh à plus de 40 000 ménages région Afrique et Moyen-Orient, ougandais. « Nous sommes ravis notamment dans le royaume d’avoir l’opportunité d’apporter chérifien. M. Heimhofer au- une contribution sensible à des rait dévoilé le projet et ce plan milliers de ménages en Ou- 15 000 lampadaires solaires pour l’éclairage Beltone Financial crée une filiale dédiée lors d’une récente réunion à ganda », a commenté Reda El Zurich consacrée au bilan et Chaar, président d’Access Power. public sénégalais en 2015 à l’investissement dans le solaire aux perspectives d’action du M. El Chaar estime que la facili- groupe helvétique basé à Zoug. té GET FiT est un « bon exemple Le Sénégal passera à la vulgarisation de l’énergie renouvelable pour Selon Alaa Saba, le président du conseil d’administration de la hol- « Terra Sola croit à l’avenir de pratique » d’additionnalité qui l’éclairage public avec la mise en œuvre en 2015 d’un programme ding d’investissement cotée sur l’Egyptian Exchange, Beltone Finan- l’énergie photovoltaïque malgré encourage l’investissement privé portant sur 15 000 lampadaires solaires. Le programme a été validé cial va se concentrer davantage sur le marché égyptien à la faveur les difficultés actuelles qui ne dans les secteurs à forts impacts par le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall et complètera la phase de la croissance retrouvée par ce pays. Dans un premier temps, la nous découragent pas », a assuré sur le développement. La pro- pilote de 1625 lampadaires solaires, qui est arrivée à son terme. Il holding annonce la création d’une filiale qui sera chargée de déve- M. Heimhofer, tout en souli- position d’Access Power MEA a touchera douze communes de la banlieue de Dakar et les villes de lopper des investissements dans le secteur de l’énergie solaire, afin gnant que le groupe s’engage été retenue sur une short-list de Tambacounda, Kaolack, Fatick, Linguère et Kolda, avec une pre- de tirer profit de la réforme du gouvernement égyptien à l’endroit dans un vaste plan d’expansion sept, au terme d’une procédure mière phase en faveur de 200 localités du bassin arachidier grâce à du secteur. en Afrique. d’appel d’offres concurrentiel. une aide de la coopération hollandaise. 6 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 7
FOCUS Le Maroc lève 1,5 milliard € pour le parc solaire de Ouarzazate Fin décembre 2014, le Maroc a levé 1,5 milliard d’euros auprès de plusieurs bailleurs de fonds multilatéraux en vue de financer la deuxième phase du projet du parc solaire de Ouarzazate, situé dans le sud du Maroc. L’information a été annoncée par ros). La Banque mondiale (400 mil- rer une « trentaine de mois » selon le ministre marocain de l’Économie lions d’euros), la Banque africaine de M. Bakkoury. et des Finances, Mohamed Boussaid, développement (100 millions d’eu- qui s’est félicité de cette opération ros), la Banque européenne d’inves- 2000 mégawatts à l’horizon 2020 dans une déclaration en présence de tissement (150 millions) et l’Agence Masen avait déjà lancé un appel française de développement (50 mil- d’offres auquel sept sociétés, dont lions d’euros) figurent aussi parmi des groupes français, espagnols et les institutions qui financent le pro- saoudiens, avaient été pré-qualifiés. jet. Les fonds serviront à financer la M. Bakhoury a, par ailleurs, indi- construction de la deuxième phase qué que la première phase du projet, du parc solaire de Ouarzazate, qui « Noor 1 », est en cours de construc- sera le plus grand en Afrique. Cette tion et entrera en service « confor- Le président du directoire de l’Agence nouvelle phase du projet, qui béné- marocaine de l’énergie solaire (Masen), ficie aussi de dons de l’Union euro- Mustapha Bakkoury. péenne, consiste à construire deux La première centrales solaires baptisées « Noor 2 » représentants des bailleurs de fonds, et « Noor 3 », selon le président du phase du projet, dont la banque publique allemande KfW, qui fournit une grande partie directoire de l’Agence marocaine de l’énergie solaire (Masen), Mustapha « Noor 1 », est de l’enveloppe (654 millions d’eu- Bakkoury. Les travaux devraient du- en cours de construction LUTTER CONTRE LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE et entrera en « Le projet fait partie des opérations innovantes que la banque soutient dans le secteur de l’éner- service en gie, compte tenu de la technologie utilisée et de son montage financier qui recourt aux FIC octobre 2015. (fonds d’investissement climatiques, ndlr) et du fait qu’il s’agit d’un partenariat public-privé mément aux prévisions en octobre soutenu par plusieurs bailleurs de fonds. La 2015 ». Lors d’une troisième phase, participation de la banque à cette deuxième phase confortera ainsi sa position en tant que « Noor 4 » sera également construite partenaire majeur dans le développement du à Ouarzazate. Le parc solaire devrait Maroc et renforcera son rôle prépondérant dans produire 2000 mégawatts à l’horizon la lutte contre les effets du changement clima- 2020. Le projet s’inscrit dans le cadre tique », a souligné Alex Rugamba, directeur d’un plan visant à couvrir 42% des du Département de l’énergie, de l’environne- besoins énergétiques du Maroc grâce Alex Rugamba. ment et du changement climatique de la BAD. aux énergies renouvelables. AE Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 9
BRÈVES FOCUS 6500 lampadaires solaires pour L’Algérie mise davantage Cotonou et sa périphérie La Société Africaine des Biocarburants et des En- sur l’énergie éolienne ergies Renouvelables (SABER) et le gouvernement L’Algérie, pays à fort potentiel d’hydrocarbures, s’est de la République du Bénin œuvrent en commun pour assurer la mobilisation de ressources finan- engagée dans la diversification énergétique avec cières, la réalisation des études d’exécution, la su- l’éolienne, qui représente le deuxième axe, derrière pervision de la fourniture et l’installation de 6500 le solaire, dans son plan de développement des lampadaires solaires photovoltaïques autonomes qui équiperont les principales artères et rues de énergies renouvelables. la ville de Cotonou et ses périphéries. L’opération s’inscrit dans le cadre du Programme régional de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique (PRODERE) au Bénin, financé par la Commission de l’Uemoa, dont la SABER assure la maîtrise d’ouvrage déléguée. D’après le Centre de développe- ment des énergies renouvelables, l’Al- gérie prévoit d’atteindre à l’horizon Des panneaux solaires blancs pour 2030 près de 40% de la production La production de nationale d’électricité de sources re- l’énergie éolienne une révolution dans le photovoltaïque nouvelables en s’appuyant en priorité en Algérie atteindra sur l’énergie éolienne. Quelque 21 400 MW avant La course à l’énergie solaire, un des axes de fin 2015, selon zones ont été identifiées récemment à la transition énergétique les plus proposés en M. Boulakhras, travers l’Algérie et représenteraient un PDG de la SKTM. Afrique, se fera aussi avec une innovation de fort potentiel pour le développement CSEM, un institut privé de recherche suisse qui a mis au point des panneaux solaires de couleur de l’énergie éolienne, selon Chahar blanche. Cet institut, spécialisé dans les micro- Boulakhras, président directeur gé- néral de la SKTM, filiale du groupe velables, avec une production de 600 que 23 sites photovoltaïques, dont Le solaire doit devenir la première technologies, les nanotechnologies, la microé- lectronique, l’ingénierie des systèmes et le pho- Sonelgaz. « Ces zones pourront disposer MW. La production de l’énergie éo- l’inauguration est prévue avant 2017, d’une centaine de sites répartis sur les lienne en Algérie atteindrait, estime- sont en cours d’installation à travers source d’énergie au monde avant tovoltaïque, a présenté mardi à Neuchâtel son différentes régions du pays, pour le dé- t-il, 400 MW avant fin 2015, alors le pays. nouveau produit en première mondiale. Il s’agit 2050, selon l’AIE d’une réponse enfin apportée aux professionnels veloppement de cette filière prometteuse inscrite dans le cadre du programme des bâtiments qui mettent en avant une préoccu- L’Agence internationale de l’énergie estime que pation purement esthétique et architecturale, par du gouvernement visant à atteindre un UNE NOUVELLE CARTE DES VENTS le solaire devrait fournir 26% de la production rapport aux modules solaires actuels bleu-noirs. taux de 40% de production de l’élec- Le CDER vient de publier une nouvelle carte du gisement éolien national et électrique mondiale d’ici 2050. A cette date, le Ces panneaux révolutionnaires comprennent une tricité sur la base des énergies propres à une application web de calcul du rayonnement solaire en Algérie, à l’oc- solaire thermique et le photovoltaïque devraient cellule solaire sensible à la lumière infrarouge qui l’horizon 2030 », a expliqué à l’APS casion du solstice d’hiver, après des années de recherches sur l’élaboration passer devant toutes les autres technologies. « Le est convertie en électricité, et un film nanotech- M. Boulakhras. des cartes éoliennes. Une première étude, réalisée par le chercheur Sidi soleil pourrait dépasser les énergies fossiles, le vent, nologique ayant la propriété de laisser passer la Mohammed Boudia, a permis de réactualiser la carte des vents à 10m, par l’hydroélectrique et le nucléaire d’ici le milieu du lumière infrarouge et de réfléchir toute la surface. Agence spaciale des données météorologiques plus récentes et un plus grand nombre de siècle », a déclaré Maria van der Hoeven, direc- Seul bémol, ils produiraient un peu moins d’éner- La société SKTM a bénéficié, dans points de mesure par rapport aux précédents travaux. En 2011, le chercheur trice exécutive de l’AIE. « La réduction rapide des gie que les panneaux traditionnels. Mais à leur l’identification de ces zones, de l’ap- Farouk Chellali a apporté de nouvelles données au terme de ses recherches, coûts de ces technologies au cours des dernières avantage, ils intègrent parfaitement le design des pui de l’Agence spatiale algérienne qui ont permis d’étudier le phénomène cyclique du vent et ont contribué années a ouvert de nouvelles perspectives en vue bâtiments. (ASAL) et de l’Office national de à l’actualisation de la carte des vents en Algérie en introduisant le site de d’utiliser l’énergie solaire comme une source impor- Ces panneaux pourraient devenir des produits de météorologie (ONM). A en croire Hassi-Rmel, qui avait été « sous-estimé dans les précédents travaux ». Le tante d’électricité dans les années à venir », a-t-elle choix en Afrique où le secteur du bâtiment, qui M. Boulakhras, l’apport de l’éolien CDER rappelle, par ailleurs, l’existence d’une nouvelle application du calcul ajouté. Selon Mme van der Hoeven, les gouverne- est en plein essor, doit répondre à une demande atteindra à l’horizon 2024, selon les du rayonnement solaire en Algérie qui permettra de « modéliser l’ensemble ments doivent dès à présent « mettre en place un d’indépendance énergétique vis-à-vis des réseaux prévisions du groupe Sonelgaz, un du rayonnement solaire incident à des fins d’optimisation des systèmes utilisant cadre plus propice aux investissements importants d’électricité nationaux encore en peine à fournir taux de 20% dans la production éner- l’énergie solaire ». que ce développement technologique suppose ». régulièrement les usagers. gétique de sources propres et renou- 10 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 11
ENTRETIEN ENTRETIEN Pour le R20, l’Afrique doit la demande de régions qui expriment déjà une volonté politique, qui ont en- vie d’agir concrètement. Nous évaluons Burkina Faso, au Sénégal ou encore au Burundi. socie les politiques, des entreprises qui maîtrisent les aspects techniques, et des investisseurs, publics et privés. faire un saut technologique si leur projet est viable et si nous avons n AE : Qu’attendez-vous de l’accord Cette méthode a permis d’arriver, au les moyens d’y contribuer, auquel cas, de coopération que vous avez signé final, à un projet de contrat d’achat nous nous engageons. Nous tenons récemment avec la SABER ? signé entre l’autorité nationale, qui également à diversifier nos interven- CN : Beaucoup. La SABER est une a le monopole de l’électricité, et la en passant directement aux tions sur le plan géographique. Nous travaillons aussi bien en Amérique du Sud qu’en Afrique subsaharienne, en agence qui a la caractéristique d’être à la fois publique et privée. Elle a été initiée pour développer les énergies compagnie productrice Akuo Energy. C’est la maîtrise de cette chaîne de valeur dont a besoin SABER pour ré- énergies renouvelables Méditerranée, en Europe ou en Asie… renouvelables en Afrique de l’Ouest. Il aliser son objectif de 200 MW. Nous y en a plusieurs de ce type en Afrique, mettons donc notre expérience à sa n AE : Donc une région africaine mais c’est celle qui nous a semblé la disposition. D’ailleurs, maintenant, peut aujourd’hui vous contacter en plus intéressante. Elle a pour mission nous envisageons de lancer ensemble direct pour proposer de travailler avec de mettre en place 200 MW d’éner- un programme sur tout le continent, Comme elle l’a fait avec succès pour vous ? gie solaire, ce qui est déjà ambitieux. avec en ligne de mire 1 GW. CN : Exactement. Nous travaillons De notre côté, nous avons réussi à les télécoms en passant directement au déjà avec des régions de différents développer un projet de 50 MW au n AE : Quel soutien pouvez-vous mobile sans développer de grands réseaux pays africains au Nigeria, au Mali, au Mali avec une méthodologie qui as- apporter concrètement dans le dé- filaires, l’Afrique doit réaliser un autre saut technologique en passant directement aux énergies renouvelables. C’est la position que « Nous conseillons à l’Afrique de le R20 recommande aux pays africains de défendre dans le cadre des négociations à se présenter comme le futur de venir à Paris, cette fin d’année, lors de COP 21. l’économie verte. Elle part d’une Entretien avec Christophe Nuttall, directeur situation presque vierge et n’est exécutif du R20. pas handicapée par des structures n Agence Ecofin : Pourquoi le R20 vise-t-il prioritaire- ment les régions, plutôt que les organisations étatiques ou existantes qui restent très sous-régionales ? Christophe Nuttall : D’une part, l’approche du haut vers difficiles à remettre en cause. » le bas qui amène les Nations Unies à essayer de négocier un accord global du type Kyoto 1, Kyoto 2, etc. est un processus long et fastidieux. En revanche, les collectivités territoriales ont un fort pouvoir décisionnaire sur tout ce qui concerne les infrastructures publiques qui, elles, ont un fort impact sur les émissions de CO2, le développement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique des bâ- timents, les transports publics, le traitement des déchets, etc. On peut estimer que l’ensemble des collectivités ter- ritoriales a un pouvoir d’influence sur cet environnement à hauteur de 70%, et même de 80 à 90% pour ce qui concerne les habitations. Il nous paraît donc plus efficace de travailler avec les autorités locales, a l’instar de ce qui s’est fait en Californie, par exemple. n AE : Comment procédez-vous pour identifier et sélec- tionner les régions qui bénéficieront de votre soutien ? CN : De ce point de vue, nous sommes à la fois pragma- tiques et opportunistes. C’est-à-dire que nous répondons à 12 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 13
ENTRETIEN ENTRETIEN Afrique de l’Ouest, les choses ne sont exemple l’installation de biodiges- pas aussi avancées. Nous en sommes teurs (petites unités de production de LE R20, UNE INITIATIVE D’ARNOLD SCHWARZENEGGER encore au niveau de la conception. biogaz à partir de déchets organiques, Pour l’instant, avec SABER, nous ndlr), la pose de panneaux solaires sur travaillons sur des projets ponctuels, les toits d’écoles, ou encore l’équipe- très concrets, comme par exemple ment de fours solaires pour les bou- l’équipement en LED d’une collec- langeries… Ce sont de petites actions tivité locale. En réalisant ces projets, qui présentent une grande efficacité, nous espérons faire naître une dyna- un retour sur investissement rapide mique entre les différents acteurs, et qui restent assez faciles à mettre qui ont tout intérêt à travailler en- en œuvre avec les collectivités terri- semble et, peut-être, dans un second toriales. temps, à développer un univers com- mun sous forme de technoparc. n AE : Quelles seront, selon vous, les conséquences de la chute des prix n AE : Parmi les différentes techno- du pétrole sur le développement des logies d’énergies renouvelables, les- énergies renouvelables ? quelles, selon vous, servent le mieux CN : Selon moi, les conséquences votre lutte pour le climat ? sont double : d’une part, dramatiques CN : Nous travaillons sur trois tech- puisque l’énergie renouvelable devient Christophe Nuttall (ici avec Thierno Bocar Tall, président de la SABER) : « La SABER nologies lourdes. Tout d’abord, il y a moins compétitive. Mais seulement à a été initiée pour développer les énergies renouvelables en Afrique de l’Ouest. les LED, parce que dans les pays en court terme, car il pourrait y avoir un Il y en a plusieurs de ce type en Afrique, mais c’est celle qui nous a semblé la plus intéressante. » développement, la facture énergétique retour du boomerang d’ici 24 mois, est une charge qui grève lourdement selon les experts qui considèrent que veloppement des parcs industriels de la recherche. Trop souvent, les pro- les budgets municipaux, entre 30 et les prix devront inévitablement re- African Eco-Techno Park, destinés moteurs de technoparcs pensent qu’il 50% suivant les cas. Lorsqu’on par- monter. Il faut donc profiter de cette à développer un tissu d’entreprises suffit de mettre des infrastructures à vient à équiper une commune de période pour créer un environnement africaines dans le secteur des énergies disposition pour que les acteurs éco- lampes LED pour l’éclairage public, favorable aux investissements dans les renouvelables ? nomiques accourent spontanément. on réduit sa facture énergétique de énergies renouvelables. CN : Dans ce domaine, nous avons C’est rarement le cas. Donc, nous 60%. Dans ce domaine nous sommes deux dossiers en cours. Le premier avons mis en relation les promoteurs surtout actifs au Brésil et nous fina- n AE : Mais à ce prix du baril, cer- concerne l’Algérie. Le gouvernement de ce technoparc avec des partenaires lisons une négociation au Sénégal. taines technologies de forage ne se- algérien a mis en place une politique tels que l’Office de la promotion de Nous intervenons également sur la ront plus rentables… de développement de technoparcs l’industrie de Genève, qui dispose production d’électricité à partir du CN : En effet. Cette conséquence dans ses grandes villes, dont la ville déjà d’une grande expérience dans le photovoltaïque. Sur ce volet, nous n’est pas encore beaucoup évoquée, d’Oran. Nous travaillons dans ce management de technoparcs, Nice travaillons principalement au Mali, mais si les prix bas se maintiennent, cadre avec la wilaya d’Oran. Au dé- Team Côte d’Azur et le parc Sophia en Gambie et au Tchad, pour l’ins- certains projets d’investissements R20 (R20 Regions of Climate Action) est une organisation non but, il s’agissait d’un projet destiné Antipolis, ou encore l’Association tant. Nous laissons de côté l’éolien ou importants pourraient être remis en gouvernementale fondée en 2010 par Arnold Schwarzenegger, avec le aux télécoms, qui a finalement été internationale des technoparcs dont l’hydro, qui demandent des capacités question. Cela pourrait se transfor- soutien des Nations Unies. Le R20 est une coalition de gouvernements réorienté sur les énergies renouve- le siège est à Copenhague, au Da- plus importantes et qui sont souvent mer finalement en aubaine pour les subnationaux, compagnies privées, organisations internationales, ONG lables et le waste management. Nous nemark. Nous avons organisé les gérés au niveau national. Notre troi- énergies renouvelables. et institutions académiques et financières. Sa mission est d’aider les avons participé à la conception de échanges et réuni les conditions du sième volet d’intervention touche la gouvernements subnationaux à mettre en œuvre des projets à faibles ce parc en insistant sur la nécessaire transfert de savoir. gestion raisonnée des déchets. Nous n AE : Etes-vous encore loin de votre émissions de carbone, ainsi que de communiquer les meilleures pratiques et convergence entre les responsables En ce qui concerne le projet Afri- accompagnons les collectivités locales objectif de 1000 régions, villes et politiques dans le domaine des énergies renouvelables, afin de promouvoir politiques, les entreprises et le monde can Eco-Techno Park de SABER, en qui, plutôt que d’incinérer ou d’en- gouvernements locaux qui s’engagent une économie verte. La particularité de l’ONG est d’intervenir au niveau des fouir leurs déchets, souhaitent mettre pour le climat lors de la COP 21 à régions. en place un processus de triage et de Paris en 2015 ? Le R20 travaille – sur demande des régions – afin de réunir trois acteurs : « Lorsqu’on parvient à équiper recyclage. Dans ce secteur, notre expé- CN : Je pense que cet objectif est les gouvernements subnationaux, les détenteurs de technologies et les rience est essentiellement algérienne déjà dépassé ! Nous avons eu notre une commune de lampes LED pour et nigériane dans le Delta State. A Sommet des Régions, à Paris, au mois investisseurs. Le fondateur de l’organisation est Arnold Schwarzenegger. Le directeur exécutif est le Dr Christophe Nuttall, ancien directeur du Hub for côté de ces trois approches princi- d’octobre 2014, où le Gouverneur l’éclairage public, on réduit la pales, nous gérons également de petits Schwarzenegger a rencontré le pré- Innovative Partnerships au PNUD. Le siège du R20 est basé à Genève, en Suisse. L’organisation possède également des bureaux aux USA, en Algérie, projets communautaires, notamment sident Hollande, le ministre Fabius facture énergétique de 60%. » au Nigeria et au Burundi, comme par et l’envoyé spécial Hulot à qui a été au Brésil et en Chine. 14 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 15
ENTRETIEN GESTION PUBLIQUE remis une déclaration signée par les plus grandes associations de villes et de régions. Il y a également eu une « Ce serait une erreur, selon nous, de commencer par des L’Uemoa fait le pari des énergies renouvelables réunion à Lima, suivie d’une autre à Lyon, pour préparer la COP 21. Vu le nombre d’associations de régions investissements lourds pour qui s’impliquent et qui constatent une interconnecter toute l’Afrique. » grande réactivité de leurs membres, on atteint déjà plus que 1000. Cette L’ensemble du continent africain, en émergence, implication des régions est un élément pas le cas de tous les gouvernements. par exemple en France avec le nu- fait face à une demande croissante d’énergie, très positif. Je pense que nous aurons, Nous savons, par ailleurs, que le Ga- cléaire ou en Allemagne avec les gros sur ce point, une très belle surprise à bon s’engage très fortement égale- réseaux de lignes à haute tension. autant de la part des ménages que des acteurs Paris en décembre prochain. ment et c’est tant mieux. économiques. En Afrique de l’Ouest, l’Uemoa a Nous attendons de l’Afrique une n AE : Comment considérez-vous pris le problème à bras le corps en déroulant une AE : Qu’attendez-vous plus par- parole forte. Pas forcément pour dire : sous cet angle les grands projets hy- n ticulièrement de l’Afrique lors de la « On accepte de signer, mais vous payez droélectriques africains comme Inga stratégie de résolution durable de cette crise qui se COP 21 à Paris ? en échange », mais au contraire, pour ou Grand Renaissance, qui fourniront décline en une Initiative régionale pour l’énergie CN : Nous sommes justement en affirmer : « Nous sommes un continent également de l’énergie renouvelable ? durable (IRED), une stratégie qui fait la part belle train d’essayer d’organiser un sommet d’opportunités et, de la même manière CN : Cela reste quand même mar- africain sur ce sujet. Il pourrait être que nous avons réalisé un saut techno- ginal. En Afrique, l’hydroélectrique aux énergies renouvelables. organisé à Malabo, en Guinée équa- logique dans le secteur des télécoms en représente environ 15%, et je ne toriale, car il y a sur place toutes les passant directement au mobile sans vrai- pense pas qu’on arrivera un jour à La stratégie énergétique de l’Ue- facilités sur le plan de la logistique ment passer par le filiaire, nous pouvons 40%, comme en Suisse, par exemple. moa consiste en trois objectifs prio- et des capacités d’accueil. C’est éga- passer directement aux énergies renouve- D’autant que les chiffres annoncés ritaires pour 2030 : atteindre un taux lement un pays pétrolier qui, par lables sans multiplier les infrastructures en termes de capacités de produc- d’électrification de 100%, faire baisser conséquent, a des moyens. Il semble lourdes comme celles dont disposent au- tion des barrages hydroélectriques le prix moyen du KWh à 30 FCFA et disposé à mettre l’argent sur la table jourd’hui les pays développés. » Donc, sont souvent surévalués. C’est le cas atteindre une part de 82% en énergies pour organiser cette rencontre, mais nous conseillons à l’Afrique de se pré- du barrage de Manantali au Mali, qui renouvelables et durables. Pour réali- aussi de créer un centre de formation senter comme le futur de l’économie n’atteint pas le niveau de production ser ce dernier objectif, la commission intégré sur la croissance verte, les verte. Elle part d’une situation presque annoncé, ce qui fait que le pays se a fait de la SABER son partenaire énergies renouvelables et l’efficience vierge et n’est pas handicapée par des retrouve avec une infrastructure de stratégique. En mai 2013, un Pro- énergétique. Il accepte d’inviter tout structures existantes qui restent très lignes à haute tension surdimension- gramme régional de développement le monde sans exclusion, ce qui n’est difficiles à remettre en cause, comme née. C’est justement cette surcapacité des énergies renouvelables et d’effi- que nous allons utiliser pour injecter cacité énergétique (PRODERE) a été le courant produit par la centrale so- validé et la maîtrise d’ouvrage délé- laire de 50 MW à Kita. Selon nous, guée en a été confiée à la SABER. l’Afrique peut très bien faire l’im- passe sur le smart grid et plutôt en- Un développement en deux phases visager des « mini-grids » en milieu La première phase du PRODERE, rural, qui seraient considérés comme qui représente un budget de 18 mil- des systèmes insulaires. Nous avons liards FCFA (environ 25 millions €), beaucoup appris sur ce sujet suite à est actuellement en cours de réali- des expériences positives en milieu sation. Elle comprend la mise en insulaire dans les Caraïbes et dans place de lampadaires solaires pho- l’océan Indien. Elles nous semblent tovoltaïques, de kits solaires photo- reproductibles en Afrique, même si voltaïques, de lampes basse consom- dans un second temps, il sera possible mation, de systèmes d’adduction de relier ces « îles » entre elles. Mais ce d’eau potable et de mini-centrales serait une erreur, selon nous, de com- solaires. Le Bénin, le Togo et le Sé- mencer par des investissements lourds négal avaient été retenus comme pour interconnecter toute l’Afrique. pays pilotes, mais le programme est également bien avancé au Burkina Christophe Nuttall : « L’ensemble des collectivités territoriales a un pouvoir d’influence sur cet PROPOS RECUEILLIS PAR Faso, en Guinée-Bissau, au Mali et Sous la présidence de Hadjibou Soumaré, l’Uemoa a adopté une stratégie ambitieuse, environnement à hauteur de 70%, et même de 80 à 90% pour ce qui concerne les habitations. » DOMINIQUE FLAUX au Niger, comme en témoigne le ta- résolument tournée vers les solutions d’avenir. 16 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 17
GESTION PUBLIQUE GESTION PUBLIQUE bleau ci-joint qui répertorie les ac- 6 000 000 habitants qui bénéficie- Objectif 200 MW Fin 2015, 600 000 tions abouties (à l’exception de celles ront d’un éclairage public, d’un accès La phase 2 du PRODERE consiste de la Côte d’Ivoire, encore en cours à une énergie durable et des oppor- en l’installation de centrales solaires habitants auront d’identification par son Ministère du tunités de développement qu’induit d’une puissance totale de 200 MW, à bénéficié d’un pétrole et de l’énergie.) automatiquement ce progrès, grâce raison de 25 MW par Etat membre, Il est prévu que cette première à l’intervention des institutions de pour un coût global de 350 mil- éclairage public, phase du PRODERE s’achève en fin microfinance, au développement des liards FCFA (533 millions €). Ces d’un accès à une d’année 2015. Auront alors été ins- TIC, etc. 120 000 personnes y ga- centrales seront installées dans les tallés 2,15 MW de production so- gneront également un accès facilité à zones urbaines et périurbaines. En énergie durable et laire dans près de 200 localités. En l’eau potable pour un volume quoti- vue de mobiliser ce financement des opportunités plus des 1000 emplois créés, ce sont dien de 1200 m3. conséquent dans les meilleurs délais de développement qu’induit AVEC SABER, L’UEMOA SE MET AU VERT SABER est une organisation internationale ayant son La société ABREC Capital, basée à Londres, est la automatiquement siège à Lomé. Son capital est détenu par quinze Etats société de gestion du fonds d’investissement African ce progrès. actionnaires (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte Green Development Fund (AGDF). Elle se positionne d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, sur un marché porteur des PME et PMI dans le domaine et du fait de la rareté des ressources Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Tchad et Togo) des énergies renouvelables. Elle vise le financement par concessionnelles, la commission de et six institutions financières (BIDC, BOAD, Ecobank, des prises de participation dans les projets d’énergies l’Uemoa a choisi d’impliquer le sec- Fagace, IEI et Nexim Bank). Elle vise spécifiquement renouvelables dont le coût est compris entre 500 000 et teur privé dans la mise en œuvre des à promouvoir et financer des projets 2 000 000 $ à travers l’AGDF. Elle projets sous forme de production in- Guy Ajanohoun, commissaire chargé du Département du développement de l’entreprise, d’énergie renouvelable et d’efficacité facilite le transfert de technologies des télécommunications et de l’énergie à la Commission de l’Uemoa, vise trois objectifs dépendante de l’électricité (IPP) ou prioritaires pour 2030 : atteindre un taux d’électrification de 100%, faire baisser le prix moyen énergétique dans les secteurs public et en contribuant au financement des de partenariat public-privé (PPP). Il du KWh à 30 FCFA et atteindre une part de 82% en énergies renouvelables et durables. privé, à appuyer le transfert de nou- projets de parc industriel. Enfin, elle est nécessaire, pour cela, d’assurer aux velles technologies vertes pour le déve- assiste le secteur privé dans l’élabora- partenaires privés un retour sur inves- dénommée Facilité régionale d’accès tamment européennes. En plus des loppement des industries des énergies tion des plans d’affaires, la mobilisa- tissement attractif, tout en fixant un à l’énergie durable. Ce mécanisme, nombreux avantages que peut tirer la renouvelables, ainsi qu’à renforcer les tion de ressources et le renforcement prix moyen de l’électricité suffisam- doté d’une mise initiale de 50 mil- Commission de l’Uemoa avec la mise capacités et fournir des conseils aux des capacités. ment abordable pour en permettre liards FCFA, pourra, par effet de levier, en place d’un tel mécanisme PPP, c’est gouvernements et au secteur privé La Société Africaine de Gestion des l’accès aux populations vivant dans faciliter la mobilisation de ressources toute la planète qui y gagne puisque pour tirer le maximum d’avantages des Eco-techno Parcs (SAGEcoP) a été une situation de précarité. auprès du secteur privé. D’autant que l’initiative permet l’évitement des marchés d’énergies propres et du car- mise en place par la SABER pour C’est pour faire face à ce défi que la mise initiale, à laquelle la Commis- émissions de gaz à effet de serre d’en- bone. La SABER intervient par le biais aménager et gérer des éco-tech- la Commission de l’Uemoa a envisagé sion de l’Uemoa contribue à hauteur viron 211 000 t CO2 chaque année, de trois organes subsidiaires : le Fonds noparcs en Afrique de l’Ouest. la création d’un nouveau mécanisme de 10 milliards FCFA, sera également soit environ 4 431 000 t CO2 sur la africain des énergies renouvelables, L’éco-technoparc est un parc techno- de financement, « mécanisme de garantie par des institutions inter- période de vie du projet. ABREC Capital et la Société Africaine logique industriel, conçu et géré selon pooling », une première en Afrique, nationales de développement, no- AGENCE ECOFN Thierno Bocar Tall, président de SABER. des Eco-techno Parcs (SAGEcoP). des principes écologiques. Il est dédié Le Fonds africain des énergies renou- aux entreprises travaillant dans les Kits Lampadaires Adduction Lampes basse Mini-Centrales velables (FAER), géré par la société Berkeley Energy secteurs innovants des énergies propres et renouvelables. Pays PV PV d’eau potable consommation PV LLP, est un fonds de capital-investissement qui investit Au niveau étatique, la SABER assiste des pays action- dans les projets d’énergie renouvelable de petite et naires dans la mise en œuvre des projets spécifiques Benin 164 415 8 1303 6 moyenne envergure en Afrique subsaharienne, notam- d’énergies renouvelables. Le positionnement stratégique Togo 1365 242 19 0 0 ment les sources d’énergie renouvelables telles que les de la SABER sur les énergies renouvelables en Afrique énergies solaire et éolienne, la biomasse, l’hydroélectricité fait d’elle un partenaire privilégié pour les mécanismes Sénégal 0 1625 0 0 0 et des projets de réduction du torchage du gaz. Le fonds de financement des AME (accords multilatéraux sur vise une prise de participation majoritaire dans huit à l’environnement), notamment le Fonds pour l’environ- Burkina Faso 115 1646 0 0 0 douze nouveaux projets d’un montant de 10 à 80 millions nement mondial et le Fonds vert pour le climat auprès Guinée Bissau 126 1363 0 0 0 de dollars et d’une capacité de 5 à 50 MW. Il bénéficie duquel elle est accréditée comme observateur. Elle d’une facilité d’appui au projet qui fournit les ressources travaille également en étroite collaboration avec le R20 Mali 2636 344 10 0 0 nécessaires pour structurer les opérations bancables. (voir, dans ce numéro, l’interview de Christophe Nuttall, Niger 169 1403 0 0 0 Le montant total de la capitalisation envisagée est de directeur exécutif du R20). 200 millions de dollars. Total 4575 7038 37 1303 6 18 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 19
RUBRIQUE RUBRIQUE Inga, le plus grand chantier d’infrastructure de l’histoire africaine Lancé il y a 40 ans, sous Mobutu, Inga, le plus grand projet hydroélectrique du monde, est enfin sur les rails. C’est en novembre 2011 que le G20 a inclus ce L’ouvrage pourrait ainsi projet pharaonique parmi les onze grands chantiers structurants que la communauté internationale, générer des revenus publique et privée, entend soutenir dans le monde, annuels de plus au même titre que la production d’énergie solaire au Maghreb ou le réseau ferroviaire de la Jordanie d’1 milliard de dollars. vers les grandes capitales du Moyen Orient. DOSSIER RÉALISÉ PAR L’AGENCE ECOFIN 20 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 21
LES GRANDS BARRAGES LES GRANDS BARRAGES Le projet sera déployé en trois et 2 alimentent aujourd’hui les capi- ter ces deux unités et à développer les étapes. Tout d’abord, la réhabilitation tales des deux Congo, ainsi qu’une lignes électriques pour acheminer les d’Inga 1 et Inga 2, déjà en service, partie des industries minières du Ka- puissances ainsi gagnées. Pour cela, mais bien en dessous de leurs capa- tanga. La centrale Inga 1 a été mise en des fonds ont été mobilisés, ces deux cités. Puis la réalisation d’Inga 3, qui service en 1972. Sa puissance instal- dernières années, auprès de grandes permettra de fournir 4800 MW de lée est de 351 MW, avec une hau- institutions telles que la Banque eu- plus. Et enfin, le Grand Inga qui, avec teur de chute de 50 mètres. Tandis ropéenne d’investissement (640 mil- lions € pour une seconde ligne élec- Lorsqu’en octobre 2012 des trique entre Inga et Kinshasa) ou la Banque mondiale (1 milliard de machines d’Inga 2 sont tombées en dollars dans la réhabilitation d’Inga 1 pour une production améliorée de panne, c’est Kinshasa et une grande 95 MW). Les grandes compagnies mi- nières sont également mises à contri- partie de Brazzaville qui se sont bution : Glencore et Fleurette libèrent 360 millions $ pour remplacer les retrouvées dans l’obscurité. deux turbines défectueuses d’Inga 2 et ... Les 52 groupes de 750 MW chacun ne seront installés qu’au fur et à mesure de l’évolution de la demande. ses 40 000 MW, permettra à lui seul, qu’Inga 2 est opérationnelle depuis DES AUTOROUTES DE d’augmenter la capacité énergétique 1982 avec une puissance installée de du continent de plus de 40%. 1429 MW sur une hauteur de chute L’ÉNERGIE de 58 mètres. Le réseau de transport est tout Réhabiliter Inga 1 et 2 Hélas, ces infrastructures de pro- aussi impressionnant que l’ouvrage Lorsqu’en octobre 2012 des ma- duction d’énergie ont souffert d’un lui-même : il est prévu la construc- chines d’Inga 2 sont tombées en grand déficit de maintenance et ne tion de près de 15 000 km de panne, c’est Kinshasa et une grande fonctionnent pas au niveau de leurs lignes de transport d’énergie à très partie de Brazzaville qui se sont re- capacités réelles. La première étape du haute tension (THT), dénommées trouvées dans l’obscurité. Car Inga 1 projet Inga consiste donc à réhabili- également autoroutes, pour alimen- ter les pays clients. Selon les étude menées par la Banque africaine de LES TROIS ATOUTS MAJEURS DU GRAND INGA développement, la liaison THT RD Un prix de revient très compétitif : le principal atout du projet, selon les Congo-Egypte, longue de 5300 km experts, c’est qu’il produira de l’énergie propre et bon marché. Pour ses avec une tension de 800 kV en cou- concepteurs, ce projet est une aubaine, tant pour le pays hôte que pour les rant continu, coûterait 5,7 milliards potentiels clients. Par exemple, le prix de revient de l’électricité produite de dollars, permettant au passage serait inférieur à 0,015 $/kWh, ce qui rend sa commercialisation compétitive d’alimenter le Soudan, la Répu- sur des longues distances, donc en Afrique du Sud, au Nigeria et même en blique Centrafricaine et le Tchad. Egypte. Quant à la liaison THT de 1400 km entre la RD Congo et le Nigeria, via Une production constante : une fois mis en place, le projet Inga aura une le Congo, le Gabon et le Cameroun, production électrique régulière, car quel qu’il soit, le débit du fleuve, qui elle fait l’objet d’un accord entre varie de quelque 25 000 à 75 000 m3/s, permettra aux turbines de tourner à Lagos et Kinshasa avant même la un régime constant. construction du barrage. La liaison RD Congo-Zambie-Zimbabwe- Des investissements progressifs : l’autre avantage est que l’équipement du Afrique du Sud, longue de 3676 km, site, ainsi que les investissements, peuvent se faire progressivement : « Les fera simplement l’objet d’un renfor- ouvrages de génie civil y sont relativement modestes. En effet, pour retirer une cement, car des lignes de transport production annuelle de 1 million kWh, on ne devrait mobiliser que 52 m3 de existent déjà, tout comme pour béton (ou équivalent), alors que sur les meilleurs sites mondiaux on atteint la liaison RD Congo-Angola-Na- 250 à 1000 m3. Il en résulte un coût d’investissement très bas, de 340 à 700 $/ mibie-Afrique du Sud, longue de kW selon le stade d’équipement », analyse le Bureau d’études industrielles 2734 km de ligne à 800 kV avec une « La superficie de terres inondées par Il est question, pour le Grand Inga, de détourner le débit vers la vallée de Bundi, qui servira mégawatt (MW) produit sera l’une des plus énergies renouvelables et environnement. capacité de transit de 3500 MW. de réservoir de mise en charge de la grande centrale. faibles au monde. » 22 x ENERGIES AFRICAINES4Février 2015 Février 20153ENERGIES AFRICAINES x 23
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