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HORIZONS Feuilleton Les matériaux pour la transition énergétique, un sujet critique Une analyse des principaux matériaux et métaux nécessaires au déploiement des EnR électriques et des véhicules
Ce document est édité par l’ADEME ADEME 20, avenue du Grésillé BP 90406 | 49004 Angers Cedex 01 Retrouvez les scénarios ADEME en ligne sur www.transitions2050.ademe.fr Crédits photo : Getty Images Conception éditoriale et graphique : bearideas Rédaction : Marie Sauze et Stéphane Barbusse Brochure réf. 011761 ISBN : 979-10-297-1945-5 Dépôt légal : © ADEME Éditions, février 2022 Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L. 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L. 122-10 à L. 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie.
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE SOMMAIRE 1. Transition(s) 2050 : 4. Quelle consommation quels besoins en unitaire des 7. Un travail d’estimation matériaux et métaux technologies ? Les à affiner pour les grandes filières de la transition technologies de la utilisent les matériaux 35 transition énergétique ? différemment 8. Annexe : généralités 4 10 et problématiques des matériaux et 2. Les messages clés 5. Quels besoins à métaux pour certaines l’horizon 2050 ? Les technologies de la TE 6 véhicules utilisent plus de métaux stratégiques 36 3. Une estimation des que les EnR dans tous les besoins en matériaux et scénarios 9. Références métaux contrainte par bibliographiques de nombreuses limites 21 38 8 6. Comparaison avec la situation actuelle 28 3 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 1. Transition(s) 2050 : quels besoins en matériaux et métaux pour les grandes technologies de la transition énergétique ? Afin d’alimenter les débats de l’élection présidentielle Les travaux déjà publiés par l’ADEME ont permis de de 2022 et ceux de la future Stratégie française dimensionner quatre systèmes énergétiques sous- énergie-climat (SFEC), l’ADEME a publié en jacents à ces scénarios, tous atteignant la neutralité novembre 2021 un exercice de prospective inédit, carbone avec des recours assez contrastés aux dif- présentant, via quatre scénarios de société férents vecteurs énergétiques et aux puits de carbone volontairement contrastés, quatre chemins vers une biologiques ou technologiques. Au-delà des enjeux France neutre en carbone en 2050 [1]. Ces scénarios énergétiques et climatiques, déjà bien traités, explorent les aspects sociétaux, énergétiques et l’ADEME va publier dans le courant de l’année 2022 climatiques des grands sous-systèmes impliqués dans une analyse des besoins en matériaux des quatre ces changements : bioéconomie-alimentation- scénarios incluant un calcul d’empreinte. agriculture-forêt-sols ; aménagement du territoire- bâtiments-mobilité ; industrie-matériaux-économie Le présent document vise, en amont de cette publi- circulaire ; systèmes énergétiques décarbonés. cation, à réaliser une analyse spécifique des besoins en métaux et principaux matériaux pour les techno- Chaque scénario est nourri par un récit, assumant la logies à fort potentiel de déploiement que sont les représentation du monde et les dimensions sociétales véhicules, les EnR électriques et le nucléaire. Cette et politiques. Ces quatre scénarios se distinguent, analyse se justifie car certains matériaux et métaux d’un bout à l’autre du spectre par : peuvent s’avérer à enjeu concernant leur disponibi- lité, comme cela est explicité dans l’annexe « Géné- l’appel plus ou moins fort aux leviers de la sobriété ralités et problématiques des matériaux et métaux pour les (S1-S2) et/ou de l’innovation par les technologies énergies renouvelables et les véhicules ». – efficacité (S2-S3) et décarbonation (S3-S4) ; une gouvernance locale (S1 et S2) à une société mondialisée (S4) en passant par une forte présence de l’État (S3) ; des impacts environnementaux plus ou moins maîtrisés (S1 à S4). 4 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Figure 1 Les 4 scénarios en un clin d’œil Leviers Sobriété +++ ++ + Efficacité ++ +++ ++ Gouvernance Local Global Impacts Éviter les impacts Réparer les impacts environnement • Frugalité contrainte • Coopérations entre • Métropoles • Technologies incertaines • Low-tech territoires • Technologies • Consommation de masse • Localisme • Modes de vie soutenables de décarbonation • Captage du CO2 dans l’air • Villes moyennes • Gouvernance ouverte • Consumérisme vert • Étalement urbain et zones rurales • Économie du partage • Biomasse exploitée • Économie mondialisée • Rénovation massive • Mobilité maîtrisée • Hydrogène • Intelligence artificielle • 3x moins de viande • Fiscalité • Régulation minimale • Agriculture intensive • Nouveaux indicateurs environnementale • Déconstruction/ de prospérité • Réindustrialisation ciblée reconstruction 5 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 2. Les messages clés L’ADEME a réalisé dans ce document une évaluation analyse (90 % pour l’aluminium et de 75 % pour le des besoins bruts 1 des principaux matériaux et cuivre), les besoins représentent entre 25 % et 53 % métaux nécessaires au déploiement des technologies de la consommation actuelle française pour de production d’électricité et des véhicules l’aluminium et entre 18 % et 36 % pour le cuivre, électriques dans ses quatre scénarios Transition(s) mais viennent se substituer en partie à des 2050. Les besoins ont été évalués en valeur absolue consommations actuelles dans le secteur de sous forme d’une moyenne annuelle des besoins de l’automobile. Les quantités annuelles nécessaires la période 2020-2050, puis rapportés à la production croissent de S1 à S4 en lien avec les ventes de française actuelle et enfin comparés à la production véhicules neufs et les évolutions de leurs mondiale afin de les mettre au regard de la part de caractéristiques (gabarit et technologie de traction). la France dans le PIB mondial (1 % actuellement), ce Il en résulte une évolution contrastée en fonction qui permet en première approche de qualifier le des scénarios : pour l’aluminium, les consommations caractère plus ou moins critique de leur utilisation. totales baissent dans S1 et S2, mais les besoins pour Dans cette synthèse, l'ADEME distingue les matériaux les véhicules contribuent majoritairement à utilisés en grande quantité (plus de 50 kt/an) soit le l’augmentation de la consommation, de 55 % béton, le cuivre, l’aluminium et le verre que nous dans S3 et 88 % dans S4. Le développement du appellerons « grands matériaux et métaux », ceux recyclage de ces métaux peut cependant permettre utilisés dans de petites quantités (moins de 50 kt/an) une nette diminution de ces besoins. que nous appellerons « petits matériaux et métaux ». Il ressort de l’analyse les principales conclusions Pour les « petits matériaux et métaux » : des suivantes : approvisionnements à sécuriser en terres rares pour les éoliennes en mer et en matières pour les batteries Pour les « grands matériaux et métaux » : des des véhicules (lithium, cobalt, nickel et graphite) consommations négligeables pour le béton, l’acier (Graphique 2). et le verre mais qui peuvent, pour l’aluminium et le cuivre des véhicules, contribuer de façon prédomi- Pour l’ensemble des scénarios, les véhicules nante à l’augmentation des besoins français en 2050 consomment davantage de nouveaux matériaux (Graphique 1). spécifiques à la transition énergétique (lithium, cobalt , graphite) que le déploiement du La consommation moyenne annuelle sur les 30 ans photovoltaïque, de l’éolien ou du nucléaire. Ceci de béton, principalement liée aux fondations des reste à mettre au regard des technologies et des centrales photovoltaïques et de l’éolien, reste faible capacités de recyclage existantes et à développer. comparée à la production française, et, du fait de la baisse des consommations dans les autres Concernant le silicium, l’argent et le titane, les secteurs de l’économie, la consommation totale consommations pour la transition énergétique évolue globalement à la baisse. restent inférieures à la part de la France dans le PIB mondial. De même, la consommation moyenne annuelle d’acier pour la transition énergétique, qui provient Concernant les terres rares, certains éléments à 60 % des besoins de véhicules, est largement intervenants dans la fabrication des aimants compensée par la baisse de consommation d’acier permanents peuvent être plus critiques. En effet, dans tous les secteurs de l’économie, si bien que la sans même prendre en compte les besoins éventuels consommation globale baisse dans tous les pour les moteurs de traction des véhicules, le besoin scénarios, sauf dans S4. français pour les éléments néodyme, praséodyme et dysprosium en 2050 (pour 47 GW d’éolien en Pour le verre, la consommation moyenne annuelle mer) pourrait représenter à lui seul 1,7 % de la pour la transition énergétique représente entre 2 % production actuelle mondiale de ces éléments, ce et 6 % de la consommation actuelle française. Sa qui s’avère supérieur à la part de la France dans le consommation étant liée à 70 % au développement PIB mondial. Il est donc important que les fabricants du photovoltaïque, elle croît de S1 à S4 dans la poursuivent leurs efforts de substitution de ces mesure où le parc installé augmente. éléments dans les génératrices d’éoliennes en mer et les moteurs des véhicules. Pour l’aluminium et le cuivre, dont l’utilisation est essentiellement le fait des véhicules dans cette 1 Sans prise en compte du recyclage. 6 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Les besoins annuels en métaux (lithium, cobalt, d’une relocalisation de certaines productions et du nickel) et graphite des batteries des véhicules, développement du recyclage. augmentent également au-delà de notre part dans le PIB mondial : jusqu’à environ 3 % pour cobalt, Pour le nucléaire, le manque de disponibilité de nickel et graphite et jusqu’à 10 % pour le lithium. données publiques sur les intensités matières ne Pour faire face à cette criticité potentielle, le soutien permettent pas de conclure sur la disponibilité de à la recherche pour favoriser le recyclage des l’offre des différents matériaux requis, ni de comparer batteries en fin de vie est indispensable2. les besoins annuels avec ceux des autres filières. Dans la logique d’une industrialisation en France des Ces résultats ne tiennent pas compte des évolutions composants qui utilisent le cobalt, le lithium, le technologiques qui permettraient de diminuer la graphite, le cuivre et les terres rares pour la filière des demande pour tel ou tel matériau ou métal ou à véhicules, il serait important de mettre en place des l’inverse, faire apparaître des besoins nouveaux pour stratégies adéquates soit en fiabilisant les un autre métal. De même, les performances du importations soit en développant une diplomatie recyclage peuvent également diminuer la demande des métaux en lien avec des partenaires européens en matières premières vierges au profit des matières au travers de contrats sécurisés d’approvisionnement premières de récupération. Les principales limites ou de prise de participation dans des industries aux conclusions sont exprimées dans la section minières. Cette stratégie pourrait se faire en parallèle suivante. Graphique 1 Besoins annuels en grands matériaux et métaux en tonnes pour les différents scénarios 3 500 000 3 000 000 2 500 000 2 000 000 1 500 000 1 000 000 500 000 0 S1 S2 S3EnR-offshore S3Nuc S4 Béton Acier Cuivre Aluminium Verre Graphique 2 Besoins annuels en petits matériaux et métaux en tonnes pour les différents scénarios 80 000 1 500 60 000 1 000 40 000 500 20 000 0 0 S1 S2 S3Nuc S3EnR S4 S1 S2 S3Nuc S3EnR S4 Silicium Lithium Cobalt Nickel Graphite Titane Terres rares Argent 2 Voir Lettre ADEME recherche de janvier 2022 : https://infos.ademe.fr/article-recherche/lademe-soutient-linnovation-pour- ameliorer-le-recyclage-et-la-reincorporation-des-materiaux/. 7 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 3. Une estimation des besoins en matériaux et métaux contrainte par de nombreuses limites L’exercice d’estimation permet d’avoir des ordres de les besoins matières considérés sont uniquement grandeurs des besoins moyens annuels pour certaines les besoins directs, c’est-à-dire les matières immo- infrastructures énergétiques, avec cependant bilisées dans la structure et non les matières néces- quelques limites importantes : saires sur l’ensemble du cycle de vie. Les besoins matières liés aux procédés d’extraction/purification, la disponibilité des données et leur représentativi- transport, fabrication, démantèlement et gestion té. En effet, l’étude SURFER [2] a montré une grande des matières ultimes ne sont pas estimés. Pour le hétérogénéité dans la disponibilité des données de nucléaire, l’uranium en tant que combustible est base, dans la qualité des références utilisables et cependant ajouté à ces besoins directs ; dans le nombre de références très variables suivant les technologies. Cette hétérogénéité diminue la les besoins en matières ou matériaux pour les tech- fiabilité des comparaisons réalisées ; nologies de production d’EnR thermiques, des combustibles liquides et des gaz renouvelables l’état actuel des connaissances. Les technologies (hydrogène4, méthane5), ou d’autres capacités de évoluent et l’innovation dans les procédés de fa- production d’électricité (hydroélectrique, turbine brication modifie les besoins matières avec à la clé à gaz, biomasse…) n’ont pas été évalués, bien qu’en des besoins qui souvent diminuent en particulier 2050 ces technologies couvrent généralement plus dans les technologies des EnR3 ; de 50 % de la demande finale énergétique dans tous les scénarios ; le fait que les matières sont généralement mobili- sées et pas consommées, c’est le cas des minéraux les besoins en matières ou matériaux liés à la nu- et des métaux notamment. Pour la plupart des mérisation des réseaux d’énergies (électricité, gaz, technologies des filières EnR, les matières mobilisées chaleur/froid, carburants/combustibles liquides) restent majoritairement accessibles pour être réu- n’ont pas été évalués, bien qu’en 2050 ces techno- tilisées ou recyclées et permettent d’envisager un logies soient essentielles pour les gérer ; usage à long terme pour reconstituer, rénover et pérenniser les mêmes infrastructures énergétiques les besoins en matières ou matériaux liés aux in- ou d’autres. C’est le cas également pour des maté- frastructures réseaux (câbles, postes de raccorde- riaux comme l’acier ou l’aluminium pour les véhi- ment pour les EnR, aux réseaux routier, tubes et cules. Or, les bénéfices du recyclage, qui ne sont sous stations des réseaux de chaleur, etc.), aux pas égaux pour toutes les matières et dans l’en- batteries stationnaires6 ou aux infrastructures de semble des filières, ne sont pas mesurés ; recharge des véhicules électriques n’ont pas été évalués ; le fait que l’estimation des besoins en matières n’apporte pas une vision complète des impacts les matières nécessaires pour la maintenance (ré- environnementaux, notamment sur la biodiversité, paration d’équipements…) ne sont pas comptabi- les sols et les paysages. Les résultats de ce travail ne lisées ; permettent donc pas d’évaluer directement l’en- semble des impacts environnementaux des diffé- la part des besoins matières liés à l’approvisionne- rents systèmes de production énergétique sur leur ment, la préparation du combustible, le traitement cycle de vie, bien qu’un lien fort existe entre extrac- et l’enfouissement des déchets nécessaires dans la tions des matières premières et impacts environ- filière nucléaire, n’a pas pu être prise en compte nementaux ; par manque de données ; 3 La consommation du polysilicium dans les panneaux photovoltaïques a diminué du fait de l’affinement de la tranche et de l’amélioration des procédés de découpage. En 20 ans cela représente une division par 5 du besoin en silicium par kWc [3]. 4 Dans ce cas, le platine, le nickel, l’iridium et le titane pourraient être considérés comme des matières à enjeux. 5 Biogaz, méthane de synthèse. 6 Dans les 4 scénarios modélisés, le stockage stationnaire pour le mix électrique représente en 2050 un maximum de 12 % des consommations électriques du parc de batteries dans les véhicules électriques. 8 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE les qualités de produits finis sont souvent spéci- les chiffres de consommation française ou de pro- fiques (par exemple, le verre pour le PV n’est pas le duction mondiale des matières comprennent tous même que pour les vitrages de véhicules) et il n’a les niveaux de qualité des produits finis alors qu’en pas été possible de quantifier les consommations réalité, certains usages comme le silicium des pan- ou productions pour chacun des produits spéci- neaux solaires, le lithium des batteries ou le béton fiques ; des centrales nucléaires par exemple sont des pro- duits spécifiques. 9 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 4. Quelle consommation unitaire des technologies ? Les filières de la transition utilisent les matériaux différemment L’utilisation de toutes les énergies (fossiles, fissiles et sités matières (IM) permettent d’estimer les flux et renouvelables) nécessite des matériaux et des métaux stocks de matières mobilisées selon différents scé- soit pour construire les infrastructures (puits de pé- narios, mais aussi d’analyser les risques d’approvi- trole, pipelines, réseaux, tankers, mâts d’éoliennes, sionnement associés. Une recherche bibliographique socles des modules photovoltaïques en centrale…), a été effectuée pour identifier des données originales soit pour les équipements (numérique, batteries, de type « composition matière » pour les technolo- aimants permanents, chaudière…), soit pour les com- gies de la transition énergétique mais également bustibles (notamment mines d’uranium, infrastruc- pour des filières énergétiques conventionnelles (gaz, tures d’enrichissement et d’enfouissement…), sans pétrole, charbon, nucléaire). Ce rapport est dispo- compter le béton et l’eau. Les académies des sciences nible dans la Librairie ADEME [2]. Ces IM qui sont et des technologies détaillent les éléments néces- détaillées pour plusieurs sous-technologies sont en- saires à la transition énergétique [4]. suite moyennées pour obtenir une valeur par maté- riaux et par filière avec un souci de représentativité Les besoins en matières ou matériaux dans la transi- des installations en France, dans la mesure du pos- tion énergétique méritent d’être précisément évalués sible. Les choix et les valeurs obtenues sont détaillés pour les technologies susceptibles de connaître une dans une note qui sera publiée en 2022 [5]. Elles sont croissance importante dans les quatre scénarios : ensuite appliquées sur les chroniques de déploie- soit pour l’éolien terrestre, l’éolien posé en mer, l’éo- ment des différentes filières énergétiques dans lien flottant, le PV sur bâti, le PV au sol, le nouveau les quatre scénarios de l’ADEME (cf. feuilleton Mix nucléaire (EPR2) et les véhicules particuliers et utili- électrique). taires. Ces IM pour les filières électriques sont complétées Pour les énergies renouvelables (EnR) électriques et par les besoins en matière des véhicules particuliers la mobilité, les principaux métaux utilisés sont le fer, et utilitaires légers, toutes motorisations confondues, le cuivre, l’aluminium, le nickel, le lithium, le cobalt, à partir d’hypothèses de composition proposées par le plomb, le manganèse, le zinc, le titane, les plati- l’ADEME et s’appuyant sur des travaux antérieurs et noïdes, les métaux des terres rares (néodyme (Nd), sur le travail de dimensionnement des parcs de vé- dysprosium (Dy) ou praséodyme (Pr) principalement hicules, leur structuration en taille, en masse et les pour l’éolien en mer), le molybdène, l’indium et capacités de stockage d’énergie pour les véhicules l’argent, auxquels il faut ajouter le graphite. En ce qui électriques et hybrides rechargeables (cf. [1] chapitre concerne les matériaux, le béton et le verre sont les 2.1.3. Mobilité des voyageurs et transport de marchandises). plus massivement utilisés dans le déploiement de ces filières. Les 14 matières et métaux considérés dans le présent chapitre sont le béton, l’acier, le cuivre, l’aluminium, Pour les technologies associées, les besoins ont été les terres rares, le silicium, l’argent, le verre, le titane, évalués à partir des intensités matières calculées le lithium, le graphite, le nickel, le cobalt et l’ura- dans le cadre du projet SURFER. Il visait à fournir des nium. Ce chapitre présente les principales hypo- éléments de réponse sur la faisabilité de la transition thèses d’intensité matière utilisées pour la sélection énergétique française au regard des besoins en ma- des technologies considérées. Dans les travaux de tières minérales, en matières énergétiques, en eau scénarios prospectifs, il n’y a pas de précisions sur et en sols. À cette fin, le travail a porté sur la carac- le type de fondation ou parfois sur la technologie térisation des « intensités matières » de certaines de la filière (renouvelable ou nucléaire) qui seront technologies du système énergétique (principale- privilégiés. Il est donc nécessaire d’estimer des ment électrique), c’est-à-dire la quantité de matière moyennes de besoins directs en matières par filière mobilisée pour une performance donnée. Ces inten- de production. 10 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 4.1. L’éolien en mer Les données d’intensités matières de l’étude SURFER Les valeurs moyennes de besoins matières présentées pour l’éolien en mer donnent les résultats suivants dans le Graphique 4 seront utilisées pour estimer les (Graphique 3). besoins matières de l’éolien en mer posé dans les scénarios de déploiements. Les besoins en terres Les besoins matières présentés dans le graphique ne rares (néodyme, praséodyme et dysprosium) sont tiennent pas compte des gravats nécessaires pour estimés à 0,2 t/MW. certaines fondations en complément du béton. Les besoins varient du simple au triple en fonction des Pour les besoins matières de la filière éolien en mer fondations mises en œuvre. Les fondations gravitaires flottant, les besoins matières des flotteurs ont été sont déjà très peu répandues dans le monde et leur estimés en dehors du projet SURFER. À dire d’expert, utilisation tend à diminuer. Par conséquent, nous les flotteurs acier devraient représenter 75 % du proposons pour représenter la filière éolienne en déploiement par rapport aux flotteurs béton. Le mer et estimer les besoins matières de cette filière, Graphique 5 représente les besoins des éoliennes en de prendre la moyenne entre les fondations jacket mer flottantes en pondérant avec les deux types et monopieu. de flotteurs. Graphique 3 Besoins matières des éoliennes en mer selon leur fondation en tonnes/MW Jacket Gravitaires Monopieu 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Béton Acier Cuivre Aluminium N.B. : cette présentation et les suivantes selon les technologies considérées ne comportent pas toutes les 14 matières mentionnées précédemment. Par exemple le silicium, l’uranium ou le verre ne sont pas dans les besoins directs des filières éoliennes. Graphique 4 Besoins matières moyens des éoliennes en mer posées en tonnes/MW (hors gravats) ZOOM 0 40 80 120 160 200 240 280 320 0 0,05 0,10 0,15 0,20 Béton Acier Cuivre Aluminium Néodyme Praséodyme Dysprosium 11 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Graphique 5 Besoins matières moyens des éoliennes en mer flottantes (tonnes/MW) ZOOM 0 100 200 300 400 500 600 0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 Béton Acier Cuivre Aluminium Néodyme Praséodyme Dysprosium Les deux graphiques précédents peuvent laisser 4.2. L’éolien terrestre penser que les éoliennes flottantes ont des besoins en matières nettement supérieurs aux éoliennes en Les données d’intensités matières de l’étude SURFER mer posées, or ce n’est pas le cas car les gravats ne pour l’éolien terrestre donnent les résultats suivants sont pas comptabilisés pour ces dernières. (Graphique 6). Graphique 6 Besoins matières des éoliennes terrestres selon les technologies et le modèle de tour en tonnes/MW Tour béton – asynchrone Tour béton – synchrone rotor Tour béton – synchrone aimant Tour acier – asynchrone Tour acier – synchrone rotor Tour acier – synchrone aimant 0 200 400 600 800 1000 Béton Acier Cuivre Aluminium Néodyme Praséodyme Dysprosium 12 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Les variations sont faibles entre technologies mais Les éoliennes à aimant permanent représentent la composition de la tour fait varier de manière seulement 6 % des éoliennes terrestres installées en importante (d’un facteur 1,3) l’intensité matière. France et tendent à disparaitre [6]. Ainsi, pour estimer les besoins matières de la filière éolienne terrestre Les éoliennes avec une tour en béton sont rares et en France, nous proposons de faire la moyenne entre ne sont plus installées actuellement. Nous proposons les besoins matières des éoliennes à rotors synchrones donc de sélectionner uniquement les tours en acier et asynchrones qui sont très proches. pour modéliser les besoins matières de la filière. Graphique 7 Besoins matières moyens de la filière éolienne terrestre en tonnes/MW ZOOM 0 100 200 300 400 500 600 0 2 4 6 8 10 12 Béton Acier Cuivre Aluminium 4.3. Photovoltaïque Les données d’intensités matières du livrable SURFER N’ayant pas d’information sur le modèle de fondation pour le photovoltaïque en centrale au sol fournissent le plus répandu, une moyenne des deux besoins en trois technologies de support et deux possibilités de matières a été prise en compte par la suite. fondations. En effet, il en existe deux types qui ont des consommations en béton très différentes : Ceci permet d’obtenir les estimations des besoins longrines 1 150 kg/kWc et pieux vissés 5 kg/kWc. en matières du photovoltaïque au sol (Graphique 8). Graphique 8 Besoins matières du photovoltaïque au sol Avec ou Sans Onduleurs (AO et SO respectivement) et selon leur mode de fixation (tonnes/MWc) SO-support fixe SO-tracker 1 axe SO-tracker 2 axes AO-support fixe AO-tracker 1 axe AO-tracker 2 axes 0 300 600 900 1 200 1 500 Béton Acier Cuivre Aluminium Silicium Argent Verre 13 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE L’hypothèse prise pour l’intensité matière des Les données d’IM pour les fixations des panneaux onduleurs a été de considérer 80 onduleurs de 10 kWc sur bâtiments ou ombrières ne sont pas disponibles. pour un parc de 1 MWc (soit 80 % de la puissance Nous proposons donc de retirer les besoins en acier crête installée) afin d’être représentatif des règles de et en béton estimés pour les centrales au sol, de dimensionnement des onduleurs pratiquées en celles relatives à une implantation du photovoltaïque France. Il y a très peu de différences entre les systèmes sur bâti ou ombrières. Ce choix arbitraire peut avec et sans onduleurs car les 80 onduleurs de 10 kWc conduire à sous-estimer les besoins en béton et acier représentent un besoin matières de 1,6 tonne ce qui d’une part et d’autre part à surestimer les besoins est trop faible pour faire une différence entre AO et en cuivre du fait de besoins en câblage moins SO dans le graphique. important sur toiture qu’au sol. Ainsi, nous pouvons aboutir à des besoins matières pour le photovoltaïque Le Graphique 8 montre que les variations des besoins sur bâti ou ombrières tel que décrit en Graphique 10. matières sont également très importantes selon le De l’acier est toujours présent du fait de sa nécessité choix de la fixation pour les centrales au sol. Pour les dans les onduleurs. scénarios prospectifs, les besoins matières pour les centrales photovoltaïque au sol seront pris avec onduleurs et sur supports fixes (Graphique 9). Graphique 9 Besoins matières moyens de la filière photovoltaïque au sol en tonnes par MWc (l’argent représente 0,02 t/MWc) ZOOM 0 100 200 300 400 500 600 700 800 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Béton Acier Cuivre Aluminium Silicium Argent Verre Graphique 10 Besoins matières du photovoltaïque sur bâti en toiture et sur ombrières (avec onduleurs) en tonnes/MWc ZOOM 0 10 20 30 40 50 60 0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 Acier Cuivre Aluminium Silicium Argent Verre 14 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 4.4. Nucléaire La filière nucléaire présente des besoins matières Un autre extrait de l’étude SURFER montre qu’il n’y directs et indirects dont SURFER [2] a tenté de pré- a pas de données dans la littérature pour toutes les ciser le périmètre en termes de besoins directs de la infrastructures dans les périmètres des encadrés en centrale et de besoins indirects liés à l’approvision- pointillés violets de la Figure 2 : « Ainsi, dans les faits, nement en combustible et à la gestion des déchets. la recherche de données pour caractériser les besoins en matière n’a pas abouti pour l’approvisionnement « La Figure 2 schématise les frontières théoriques ain- en combustible ni pour la gestion des déchets. » si définies pour l’inventaire des besoins de la filière électronucléaire. Néanmoins, il convient de garder Ces deux points rendent la comparaison des filières en tête qu’il s’agit d’un périmètre théorique, que les énergétiques avec la filière nucléaire quasiment im- données collectées ne permettent pas nécessaire- possible, mais il s’agit des seules données disponibles ment de couvrir en termes de quantités de matières publiquement à ce jour et sur lesquelles nous pou- mobilisées. » vons nous appuyer pour faire des comparaisons avec les autres filières. Figure 2 Extrait du livrable intensités matières du projet SURFER pour la filière nucléaire Construction Matières Besoins directs Énergie Eau Sols premières Opération Besoins directs de Fin vie l’approvisionnement Génie civil Génie civil, conventionnel en combustible et nucléaire Bâtiments Centrale Installations ou sites ordinaires nucléaire Bâtiments ordinaires Équipement Turbines et alternateurs : Centrales composants électromécaniques nucléaires (EDI) Mine et installation Équipement électrique et de concentration électronique d’une centrale Branchement au réseau transport Transport Yellowcake Mines uranium Bateau et train (monde) Déchets maintenance Usines conversion Production électricité Chargement par la filière et enrichissement combustible électronucléaire uranium t or sp ble française (EDF) Transport Orano an sti X Combustible UF6 (installations FR) Tr bu MO m co uf et irradié Usine fabrication ne Mise à disposition de 384 TWh (2016) combustible d’énergie électrique Tra Orano (FR) ou plu nspo ort Westinghouse ton rt nsp Fusion ium Tra Déchets incinération Installations démantèlement Transport déchets CENTRACO retraitement Orano Filière traitement Installations déchets BTP classique entreposage déchets Plateformes, carrières EDF, Orano Stockage définitif : CIRES, CSA et CIGEO ANDRA N. B. : les pointillés violets représentent les besoins indirects liés à l’approvisionnement en combustible, les pointillés rouges représentent les besoins directs de la centrale. 15 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Par ailleurs, les intensités matières du livrable SURFER concernant notamment les périmètres violets et pour la filière nucléaire concernent uniquement le rouges de la Figure 2. nucléaire historique, sur la base essentiellement de données recueillies dans la littérature internationale La filière nucléaire utilise un combustible, l’uranium. accessible. De plus, il faut aussi noter que le déploie- Il s’agit d’un besoin matière qu’il faut prendre en ment d’EPR dans le cadre de la transition énergétique, compte comme pour toutes les filières non renou- devrait éventuellement se faire sur la base d’EPR2 velables, car cette matière est consommée. La don- pour lesquels aucune donnée matières n’est dispo- née utilisée sera de 19,2 tonnes/TWh8. Dans le cadre nible à ce jour. Compte tenu de ces limites fortes, de Transition(s) 2050, les besoins matières évalués les besoins matières retenus sont présentés dans le concernent uniquement les nouvelles centrales nu- Graphique 11. cléaires à construire (EPR2 ; en supposant que les besoins matières de ces centrales sont les mêmes Il faut comparer les données du Graphique 11 avec que ceux du nucléaire historique). Les consomma- précaution aux données pour les autres filières à tions matières liées au prolongement de la durée de cause du manque de données dans la littérature, vie du parc historique ne sont pas évaluées car il n’y tout particulièrement en ce qui concerne les don- a pas de données disponibles dans la littérature, que nées relatives à la France7 et en lien avec l’incerti- ce soit pour la France ou à l’international. tude entourant les données dans les publications Graphique 11 Besoins matières de la centrale nucléaire en tonnes/MW 0 100 200 300 400 500 ZOOM : sans acier et béton pour les métaux ZOOM : pour les métaux dont les besoins dont les besoins sont supérieurs à 10 kg/MW sont inférieurs à 10 kg/MW 0 1 2 3 4 5 6 0 0,003 0,006 0,009 0,012 0,015 Béton Acier Aluminium Cuivre Zinc Plomb Argent Magnésium Cadmium Zirconium Titane Étain Hafnium Indium Niobium Vanadium Yttrium Tungstène N. B. : ces besoins ne sont pas directement comparables avec ceux des autres filières dans ces graphiques car les périmètres considérés pour définir les intensités matières ne sont pas les mêmes. 7 Il n’a pas été possible de trouver une analyse du cycle de vie complet du parc nucléaire français réalisée selon la norme ISO 14040 qui seule permet d’assurer que l’ensemble du cycle de vie est bien pris en compte. 8 Voir https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-actualites/donnes_nucleaire_2016.pdf. En 2015, la France a consommé 8 000 tonnes d’uranium pour une production d’électricité d’origine nucléaire de 415 TWh. 16 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 4.5. Véhicules particuliers et utilitaires légers Les besoins en matières des véhicules pour un scé- vie des véhicules mais uniquement les besoins directs. nario prospectif donné ont été déterminés d’une Ainsi, les besoins matières concernant l’entretien et part par la composition en matériaux du véhicule et les réparations ne sont pas comptabilisés. d’autre part par la composition de la batterie pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables. Par ailleurs, comme évoqué dans la section 2, les es- Nous nous limitons aux véhicules particuliers (VP) et timations portent sur la matière mobilisée et ne utilitaires légers (VUL) qui représentent la majorité considèrent pas la forte recyclabilité et le réemploi des besoins en matériaux (fort volume de vente, re- d’ores et déjà effectifs des matériaux les plus présents nouvellement plus rapide que les matériels lourds comme les métaux ferreux (dont l’acier), les métaux comme le ferroviaire ou le fluvial). Lors de ces esti- non ferreux hors et avec faisceau électrique (dont mations, la prise en compte d’évolutions technolo- l’aluminium et le cuivre) ou le verre. Pour ces derniers, giques a été réalisée pour la variation de masse des des filières sont existantes en réponse à la directive véhicules (allégement plus ou moins marqué pour européenne 2000/53/CE sur le Véhicule hors d’usage les scénarios S1 et S2, poursuite ou renforcement de (VHU) qui stipule un taux minimal de réutilisation et la tendance à l’alourdissement pour les scénarios S3 de recyclage de 85 % en masse du VHU et même de et S4). De même, ont été considérés les évolutions 95 % en réutilisation et valorisation. Les taux réalisés de la composition matière des automobiles ainsi que effectifs de réutilisation et recyclage [7] pour les ma- celles des densités énergétiques et teneur en maté- tériaux cités ci-avant se situent aujourd’hui entre riaux des batteries. Toutefois, les besoins matières 38 % et 99 % comme présenté dans le Tableau 1 ci- ne prennent pas en compte l’ensemble du cycle de après (cf. les deux premières colonnes) : Tableau 1 Répartition par type de traitement de quelques matériaux d’un VHU Valorisation Réutilisation (%) Recyclage (%) Stockage/décharge (%) énergétique (%) Métaux ferreux 8,9 91,1 - 0,02 Métaux non ferreux 8,9 91,1 - 0,03 Faisceaux électriques 6,8 74,6 7,1 11,5 Verre 6,8 31,8 27 34,3 Il doit être également noté que les matériaux à forte et compte tenu des enjeux, de nombreux projets valeur/criticité font également l’objet d’une attention technologiques (prototypes) et des validations tech- particulière : c’est le cas pour les platinoïdes (platine, nico-économiques (démonstrateurs) sont lancés par palladium, rhodium) des systèmes de post-traitement plusieurs acteurs en matière de réutilisation et de catalytiques des émissions à l’échappement des au- recyclage. Nous pouvons citer la création d’un tomobiles pour lesquels la réutilisation et le recyclage consortium ouvert porté par Renault avec Véolia et (respectivement 20 % et 80 %) sont désormais qua- Solvay ; le projet « RelieVe » porté par Eramet en si-totaux. La refonte de la directive Batteries en dis- partenariat avec Suez et BASF ; le projet « Recyvabat » cussion dans les instances européennes [8] prévoit porté par Orano en partenariat avec Paprec, MTB des ambitions élevées de recyclage et de récupéra- Manufacturing, la Saft et le CEA, et plus généralement tion des matériaux des batteries Li-ion avec, dans un la démarche initiée par le Conseil National de l’In- premier temps au 01/01/2027, une obligation d’incor- dustrie dans le cadre du Comité Stratégique de Fi- poration minimum de matière recyclée pour le Co, lières Mines et Métallurgie en vue de l’élaboration Li, Ni respectivement de 12 %, 4 %, 4 %. Puis à comp- d’une filière intégrée de recyclage des batteries ter du 01/01/2030, ce taux d’incorporation passerait lithium [9]. à 20 %, 10 % et 12 % au 01/01/2035. Dans cette optique 17 Transition(s) 2050
FEUILLETON MATÉRIAUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE Dans le cadre de l’analyse des consommations éner- CUIVRE POUR LES VP ET VUL gétiques pour l’usage des véhicules abordées dans le chapitre 2.1.3. Mobilité des voyageurs et transport de L’estimation de la composition en cuivre du véhicule marchandises du rapport de novembre 2021 [1] les moyen (hors batterie) est estimée pour sa part, selon diffusions des différentes technologies et des hypo- une donnée (kg Cu hors batteries) dépendante de thèses (non détaillées dans le présent feuilleton) ont la taille des véhicules et de leurs technologies de été prises pour les véhicules en différentes tailles et traction, que nous conservons sur la période pour masses. tenir compte des deux évolutions antagonistes sui- vantes : progrès sur matériaux et optimisation des Pour la composition du véhicule, le cumul des im- quantités employées versus augmentation des com- matriculations des véhicules particuliers et utilitaires posants électriques/électroniques et de la puissance légers a été réalisé pour chaque scénario entre 2020 des machines électriques installées. et 2050. La masse du véhicule moyen de chaque scénario a été estimée en prenant en considération Pour mémoire, on notera que la première génération la ventilation des ventes par gabarit (trois classes de de Nissan Leaf disposait par exemple de motorisation tailles : small, medium, large) et l’appartenance à une de 80 kW pour des capacités de stockage batteries des quatre familles technologiques suivantes : véhi- de 24 puis 30 kWh, tandis que la génération actuelle cules thermiques (VTh) dont hybrides non rechar- se voit proposer avec les spécifications suivantes geables (VHnR), véhicules hybrides rechargeables 110 kW/40 kWh et 160 kW/62 kWh. (VHR), véhicules électriques (VE) et véhicules à hy- drogène (VH2) sur la période 2020-2050. Des hypo- Les valeurs retenues ont été fixées à partir des élé- thèses spécifiques de masse hors batteries de stoc- ments proposés dans le modèle GREET2 d’Argonne kage pour les VE et VHR et hors système Pile à National Lab pour le cuivre hors batteries pour les Combustible pour les VH2 pour chacune des caté- véhicules conventionnels et les SUV hors Pick-Up, gories (3 tailles x 4 technologies) et leurs évolutions ainsi qu’une extrapolation pour le cas des véhicules envisagées dans le temps ont été retenues. Par ail- de petite taille [13] et des écarts de contenu en cuivre leurs, pour les véhicules utilitaires légers, les données selon les organes et type de chaîne de traction (VTh/ précédentes ont été réutilisées de manière simplifiée VHnR/VHR/VE) présentés par la Copper Alliance [14] avec un facteur 1,3 pour majorer les masses et repré- Les quantités de cuivre hors batteries pour les véhi- senter l’écart observé avec les véhicules particuliers cules particuliers et utilitaires sur la période sont sur la dernière décennie (analyse ADEME sur les don- alors obtenus avec les volumes de VP et VUL neufs nées de ventes). considérés dans les différents scénarios et sont ra- menés en besoins annuels comme pour l’aluminium, En pondérant avec les ventes par technologie et l’acier et le verre. gabarit sur toute la période, nous obtenons un besoin matières moyen annuel entre 2020 et 2050 pour MATÉRIAUX POUR LES BATTERIES : chaque scénario. LITHIUM, COBALT, NICKEL, GRAPHITE, ALUMINIUM ET CUIVRE ACIER, ALUMINIUM ET VERRE POUR LES VP ET VUL Dans un deuxième temps, la composition des bat- teries a été estimée pour les véhicules électriques et À partir de ces données et de la composition hybrides rechargeables. Les véhicules à piles à com- moyenne des véhicules en matériaux selon un ratio bustibles ne sont pas pris en compte dans cet exer- retenu par constituant au regard des travaux sur les cice, au regard de leur faible diffusion parmi les vé- analyses de cycle de vie des véhicules électriques, hicules légers et des tailles limitées des batteries thermiques [10] et hydrogène [11] que l’ADEME a pu tampons pour ces véhicules. suivre récemment, ainsi que d’éléments prospectifs envisagés par la Plateforme automobile (PFA) [12] Le besoin matière pour les batteries peut être évalué nous pouvons estimer les besoins en matières pour à partir des capacités énergétiques installées dans l’acier, l’aluminium et le verre de la totalité des véhi- les véhicules prévus dans les différents scénarios en cules particuliers et utilitaires légers vendus entre utilisant des facteurs kg/kWh pour les matériaux des 2020 et 2050 pour chaque scénario. Ces besoins batteries selon la référence Transport et Environne- pourront alors être comparés à ceux nécessaires à la ment 2021 [15] en prenant les valeurs en 2035 (mi-che- production actuelle de véhicules comme cela est min entre 2020 et 2050) pour la composition des présentée au 6.2. cellules, complétés dans le cas de l’aluminium et du 18 Transition(s) 2050
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