Les scores de risque du cancer du sein - Le dossier Cancer du sein : actualités

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réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

          Le dossier
          Cancer du sein : actualités

          Les scores de risque
          du cancer du sein

                                                RÉSUMÉ : L’incidence des cancers du sein augmente en France depuis les années 70.
                                                Mais la survie relative a été améliorée (85 % à 5 ans après le diagnostic). Avec un risque
                                                de cancer du sein cumulé sur la vie de 10 % pour l’ensemble des femmes, le meilleur
                                                facteur pronostique est la précocité du diagnostic.
                                                Les différentes méthodes statistiques disponibles pour calculer des scores de risques de
                                                cancer du sein concernent soit la population générale (Gai-NCI) soit un contexte de risque
                                                génétique (Claus, BRCAPRO, IBIS et IBIS modifié BCPCG, BOADICEA). L’aide éventuelle
                                                d’un tel outil demande une connaissance éclairée de la nature et du sens des données
                                                prises en compte et des limites du modèle par le clinicien lui-même, sous peine d’être
                                                confronté à des situations aberrantes. Qu’il s’agisse d’un contexte général ou
                                                d’agrégation familiale, ces modèles permettent d’estimer un risque, c’est-à-dire une
                                                probabilité d’être atteint d’un cancer du sein au cours de la vie. Cependant, toute
                                                tentative d’interprétation de telles probabilités au niveau individuel semble
                                                inappropriée.
                                                Il semble donc essentiel de réserver les données chiffrées ainsi calculées au secteur
                                                professionnel ; en effet, leur connaissance pourrait influencer le comportement de
                                                l’intéressé(e) et son adhésion au schéma de surveillance préconisé, de façon imprévisible
                                                et éventuellement paradoxale.

                                                       es cancers du sein ont une forte       Avec actuellement un risque de can-

                                                L      incidence en Occident avec en
                                                       France une constante augmen-
                                                tation depuis les années 70. En 2005,
                                                                                              cer du sein cumulé sur la vie de 10 %
                                                                                              pour l’ensemble de la population
                                                                                              générale féminine, le meilleur facteur
                                                près de 50 000 nouveaux cas étaient           pronostique est la précocité du diag-
                                                diagnostiqués, représentant 40 % des          nostic. Ainsi, la question posée est
                                                cancers féminins, c’est-à-dire parmi          d’orienter la mise en place des mesu-
      ➞ O. COHEN-HAGUENAUER ,            1      ceux de l’ovaire, du corps et du col de       res adéquates afin de pouvoir porter le
         M. ESPIE2                              l’utérus, et enfin du sein. Le nombre         diagnostic à un stade où la guérison
         1 Oncogénétique, Centre des            de décès d’environ 11 000 par an s’est        complète est possible, en gagnant du
         Maladies du Sein, Service
         d’Oncologie Médicale, Hôpital Saint-   stabilisé à partir des années 90, puis le     temps sur la progression et l’extension
         Louis, PARIS.                          niveau de mortalité a commencé à              de la maladie. Quels sont les éléments
         et Ecole Normale Supérieure,           diminuer à partir des années 2000. La         susceptibles de contribuer à position-
         CACHAN.
         2 Responsable du Centre
                                                part du cancer du sein dans la morta-         ner le meilleur dépistage afin d’assu-
         des Maladies du Sein,                  lité par cancer chez la femme diminue         rer une surveillance efficace, à un
         Hôpital Saint-Louis, PARIS.            du fait de la forte augmentation de la        diagnostic précoce, à la meilleure des
                                                mortalité féminine par cancer bron-           prises en charge possible et à garantir
                                                cho-pulmonaire. Les progrès consta-           un meilleur pronostic ?
                                                tés en matière de dépistage, de traite-
                                                ment et de prise en charge contribuent        L’idée de mettre à profit des méthodes
                                                à améliorer la survie relative, avec          statistiques afin de calculer des scores
                                                plus de 85 % de survivants 5 ans              de risque de cancer du sein est ainsi
                                                après le diagnostic, mais ne compen-          intervenue avec l’objectif de mieux
                                                sent pas totalement l’augmentation de         cerner les risques individuels, certes
                                                l’incidence [1].                              au cas par cas, mais à partir de carac-

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réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

téristiques communes à des tranches                      Le premier score de risque                          plus), l’âge à la première grossesse
de population chez lesquelles des                        proposé : modèle de Gail-NCI                        menée à terme (nullipare, < 20 ans, 20 à
mesures spécifiques pourraient être                                                                          24, 25 à 29, 30 ou plus), le nombre de
avantageusement préconisées.                             C’est à partir de facteurs tels que ceux            biopsies mammaires pratiquées (0, 1, 2
                                                         consignés dans le tableau I que Gail a le           ou plus) et les antécédents d’hyperpla-
De longue date, des facteurs de risque                   premier proposé un score de risque [4],             sie atypique (oui, non); enfin, il inclut le
ont été identifiés pour le cancer du                     dont les éléments sont décrits dans le              nombre d’apparentés du premier degré
sein chez la femme et leurs contribu-                    tableau II. Aux Etats-Unis, l’Institut              atteints de cancer du sein (0, 1, 2 ou
tions relatives établies de manière                      National du Cancer américain (NCI) s’est            plus). Le modèle utilisé pour BRCAT
plus ou moins précise selon les études                   associé à cette initiative en proposant             (Gail model 2) inclut, en outre, un para-
(tableau I) [2]. Ainsi, dans la popula-                  aujourd’hui un test “BRCAT” (Gail-NCI)              mètre relatif à l’origine ethnique, avec
tion générale, le facteur de risque le                   directement accessible et disponible                un ajustement selon qu’il s’agisse d’un
plus important reste l’âge (6,5 après                    pour un calcul en ligne à l’adresse :               Afro-Américain, d’un Américain d’ori-
50 ans), puis l’histoire familiale (1,4 à                http://www.cancer.gov/bcrisktool/.                  gine asiatique ou d’un Caucasien. Ce
13,6), hormis dans le cas d’une prédis-                                                                      modèle est d’utilisation très simple et
position héréditaire avérée chez une                     Il a été établi à partir des données d’une          immédiate et sa simplicité en fait tout
femme porteuse d’une mutation iden-                      grande étude cas-témoins, le Breast                 autant l’intérêt que les limites.
tifiée dans un des gènes majeurs de                      Cancer Detection Demonstration Pro-
susceptibilité tel que BRCA1 et                          ject (BCDDP). Il intègre, dans un modèle            On peut ainsi relever que s’il y a concor-
BRCA2 avec un risque relatif supé-                       logistique, l’âge courant, l’âge aux pre-           dance dans les faits entre le nombre de
rieur à 10 [3] ; nous y reviendrons.                     mières règles (< 12 ans, 12, 13, 14 ou              cancers prédits par rapport au nombre

            Facteurs de risque                        Importance du facteur                                       Commentaires
                                                            de risque
  Age ≥ 50 vs < 50                                                   6,5                Le facteur de risque le plus élevé
  Nombre d’apparentés au 1er degré                              1,4-13,6                L’histoire familiale est le second facteur de risque
  avec cancer du sein                                                                   en importance derrière l’âge
  Age de la puberté < 12 vs ≥ 14                                    1,2-1,5             Un âge ménarque à 12-13 ans a un effet mineur sur le risque de
                                                                                        cancer du sein et n’est pas mentionné
  Age de la ménopause (≥ 55 vs < 55)                            1,5-2,0                 Le nombre d’années depuis la puberté rend compte de l’exposi-
                                                                                        tion à long terme aux estrogènes
  Age au 1er accouchement > 30 vs < 20                          1,3-2,2                 Un premier accouchement entre les âges de 20 et 30 ans a un
                                                                                        effet mineur et n’est pas mentionné
  Antécédent de biopsie du sein                                     1,5-1,8
  sans préjuger du résultat
  Carcinome lobulaire in situ                      5,4-11 x population générale         Un facteur de risque et un préalable optionnel
                                                         18 % après 20 ans              pour un carcinome invasif ou intracanalaire
  Au moins une biopsie                                          4,0-4,4
  avec hyperplasie atypique
  Traitement hormonal substitutif                                     1,5               Non confirmé en France
  Irradiation thoracique                          Augmentation jusqu’à 20 fois          Données des survivants à l’exposition à la bombe A (Hiroshima).
                                                      à l’âge de 32 ans                 Risque majoré dans le cas d’une irradiation pour lymphome de
                                                                                        Hodgkin
  Haute densité mammaire                            Risque multiplié par 1,8 à 6        Peut être héréditaire. Un calcul de risque utilisant les modèles
  à la mammographie                                                                     de Claus, BRCAPRO, IBIS ou BOADICEA peut donner une indication.
  Consommation d’alcool à 15 g/jour                             2,5 fois
  Un verre et demi d’alcool par jour                                  1,3
  Indice de masse corporelle (IMC)                Un facteur multiplicatif de 1,19      Pourrait être attribuable à une augmentation contingente
  postménopausique                               pour chaque tranche de 5 kg/m2         en estrogènes, notamment de la biodisponibilité de l’estradiol.
                                                    d’augmentation de l’IMC

TABLEAU 1 : Facteurs de risque avérés pour le cancer du sein [2].

                                                                                                                                                     9
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

               Le dossier
               Cancer du sein : actualités

                                                  devraient au mieux être standardisées                       de plus de 20 % le risque de cancer du
 1. ATCD personnel cancer du sein ou
    in situ                                       au moyen de mammographies digita-                           sein invasif à 5 ans pour le groupe des
                                                  lisées plein-champ (FFDM) pour trou-                        femmes postménopausiques avec can-
 2. Age de la femme (non pertinent si
    < 35 ans)                                     ver toute leur pertinence.                                  cer du sein négatif pour les récepteurs
                                                                                                              aux estrogènes (RE), tandis que l’éva-
 3. Age ménarque
                                                  Le groupe de recherche collaborative                        luation s’avère satisfaisante dans le
 4. Age de la première maternité (non per-
                                                  pour la prévention du cancer du sein                        groupe positif pour les RE [10]. La
    tinent chez les femmes mutées BRCA)
                                                  (BCPCG) [8] fait valoir un avis consen-                     seconde étude met en évidence l’im-
 5. Nombre d’apparentées au premier
                                                  suel quant à l’intérêt d’une analyse                        portance de la densité osseuse de la
    degré* avec cancer du sein (*mère, filles,
    sœurs)                                        multivariée qui prend en compte la                          hanche comme un facteur de risque
                                                  mesure quantitative de la densité                           important pour le cancer du sein et
 6. ATCD personnel de biopsie mammaire ?
   – combien au total ?                           mammaire, l’évaluation des taux cir-                        indépendant du score de Gail [11].
   – y en a-t-il eu au moins une avec             culants d’estrogènes et d’androgènes
   hyperplasie atypique ?                         selon des méthodes standardisées, un
 7. Origine de la femme : race/ethnie             antécédent de fracture, la diminution                       Panorama actuel du risque
                                                  de la taille, l’indice de masse corpo-                      génétique de cancer du sein
TABLEAU II : Score de risque : modèle Gail-NCI.   relle et le rapport entre le tour de taille                 (fig. 1 et 2)
                                                  et le tour de hanche. Les auteurs pro-
de cancers incidents réellement obser-            posent l’addition de ces paramètres au                      Depuis maintenant une quinzaine
vés, cette adéquation reste d’ordre sta-          modèle IBIS de Tyrer-Cuzick [9] qui                         d’années, les analyses de familles
tistique et ne se traduit pas par une per-        englobe les facteurs pris en compte à la                    avec agrégation au cancer du sein ont
tinence au niveau individuel. En outre,           fois par le modèle de Claus et celui de                     conduit à distinguer trois catégories
il n’est pas destiné à prendre en compte          Gail, et qui est décrit plus loin.                          de risque d’origine génétique, selon
les situations familiales ne considérant                                                                      les gènes en cause :
que des éléments schématiques qui                 Dans la même ligne d’investigation, le
concernent exclusivement les apparen-             Women’s Health Initiative a publié                          >>> des mutations dites “inactivatri-
tés au premier degré. Ces aspects sont            deux études. L’une réalisée sur une                         ces” rares (environ 1/1 000) dans la
repris et comparés plus bas.                      cohorte de 147 916 femmes éligibles                         population générale, de gènes qui sont
                                                  parmi lesquelles 3 236 ont été diagnos-                     responsables d’une augmentation
Plus récemment, l’équipe de la Mayo               tiquées pour un cancer du sein invasif                      majeure du risque relatif (entre 10 et
Clinic a réalisé une large revue faisant          met en évidence les faiblesses du score                     20) de cancer du sein, tels que les
valoir l’importance de la densité                 de Gail. En effet, celui-ci sous-estimait                   gènes BRCA1 et BRCA2, voire TP53 ;
mammaire telle qu’évaluée par la
mammographie, comme un élément
de risque notable dont la prise en
compte leur paraît indispensable [5].                                Père                                         Mère
                                                                                            Mutation
En effet, dans leur étude, cet élément                                                      = trait
est indépendant des autres facteurs de                                                      héréditaire
risque et n’est pas le reflet d’un biais
de masquage ; ce facteur doit être pon-                       50% des enfants                                                   50% des enfants
déré par l’âge et l’indice de masse cor-                      = RAS                                                             = mutation présente
porelle qui nécessitent un ajustement
                                                        1. Pas d’augmentation du risque                   1. Augmentation du risque de cancer
et, selon les auteurs, doit au mieux                    de développer un cancer                              Gène      Risque sein         Risque ovaire
être incorporé dans une évaluation du                                                                        BRCA1      ≥ 60-80%               ≥ 40 %
                                                        2. Pas de transmission à la descendance              BRCA2      ≥ 40-60% 5-40% selon topographie
risque. Certains modèles de calcul de                                                                     20-40 % des porteurs de mutation indemnes de cancer :
score décrits par Tice [6] et Barlow [7]                3. Risque de cancer : identique                   espoir pour la recherche d’un traitement préventif
ont récemment inclus cette donnée                       à celui de la population générale
                                                                                                          2. Mesures de prise en charge spécifiques et de
dans leur calcul avec des améliora-                                                                       dépistage indispensables chez personnes à risque
tions modestes, mais aucune n’a                                                                           d’avoir hérité de la mutation : recommandations +++
encore pris en compte des mesures                                                                         3. Transmission à un enfant sur deux
quantitatives calibrées qui, toujours
d’après les auteurs de la Mayo Clinic,            FIG. 1 : Hérédité au cancer du sein/ovaire : autosomie dominante.

  10
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

                                         BRCA1      ATM, PTEN, BRIP1, STK11, CHEK2, P   l’ovaire. Ces deux gènes sont impli-         que qui intègre le principe des probabi-
                               100
Risque de cancer du sein (%)

                                         BRCA2      FGFR2, 2q, 8q : SNPs                qués pour une proportion marginale           lités conditionnelles (résumé par le
                                         Population générale
                               80                                                       des cancers du sein, probablement            théorème de Bayes) permet de calculer
                                                                                        moins de 5 %, mais trouvent toute leur       un risque tumoral pour une situation
                               60
                                                                                        importance dans le fait que les sujets à     familiale donnée.
                               40                                                       risque sont particulièrement jeunes et
                               20                                                       de ce fait ne bénéficieraient pas d’une      L’utilisation de ces modèles est plus
                                                                                        surveillance adaptée sans la connais-        complexe et plus longue: elle nécessite
                                0
                                     0    20       40          60    80        100      sance du risque génétique.                   la reconstitution la plus complète possi-
                                                                                                                                     ble de l’histoire familiale avec en prati-
FIG. 2 : Risque de cancer du sein chez les porteurs                                     L’identification d’une mutation dans         que la mise en place d’un arbre généalo-
de mutations des gènes de prédisposition.                                               une famille est importante, car elle per-    gique. Dans le tableau III sont résumés
                                                                                        met aux apparentés de connaître leur         les différents facteurs de risque indivi-
>>> des mutations “inactivatrices”                                                      statut mutationnel et ainsi d’adapter au     duels et familiaux pris en compte par
rares de gènes induisant une augmen-                                                    mieux leur prise en charge médicale          les modèles de Gail, de Claus, BRCA-
tation modérée du risque relatif (entre                                                 [14], qui se résume à la surveillance pré-   PRO, BOADICEA, IBIS et IBIS modifié
2 et 3) telles que les gènes ATM,                                                       conisée dans la population générale          selon Santen et le BCPCG [8].
PTEN, BRIP1, CHEK2, STK11 ;                                                             dans le cas où le sujet n’est pas porteur.
                                                                                        Les mutations constitutionnelles délétè-     1. Modèle de Claus
>>> des mutations, potentiellement                                                      res de ces gènes augmentent également
activatrices, banales en termes de fré-                                                 le risque de cancer de l’ovaire. Les ris-    Ce premier modèle génétique a été
quence dans la population générale                                                      ques de cancer du sein et de l’ovaire à      développé au début des années 1990,
(entre 1/10 et 8/10), SNPs* identifiés                                                  l’âge de 70 ans sont respectivement pour     avant même l’identification des gènes
par des études d’association sur le                                                     BRCA1 de l’ordre de 65 et 40 % et, en cas    BRCA1 et BRCA2, par Claus et al. [15].
génome entier (GWAS) avec une aug-                                                      de mutation du gène BRCA2, de l’ordre        Les paramètres en ont été définis à par-
mentation tout à fait modeste du risque                                                 de 45 et 10 % (mais avec une grande          tir de l’analyse de ségrégation réalisée
d’un facteur 1,2 en moyenne, par rap-                                                   variation du risque selon la localisation    sur les mères et les sœurs dans l’étude
port à celui de la population générale                                                  de la mutation sur le gène) [3]. Les muta-   cas-témoins CASH, conduite par le
[12] et sans que cela ne concerne en                                                    tions du gène BRCA2 pourraient, dans         CDC (Centers for Disease Control). Dans
priorité une population à risque particu-                                               une moindre mesure, augmenter le ris-        ces familles nucléaires, le modèle qui
lièrement jeune, à l’opposé de BRCA1/2                                                  que de cancer de la prostate, du pan-        explique le mieux la répartition des
[13]. La connaissance de ces SNPs pour-                                                 créas, voire de mélanome cutané.             cancers du sein observés correspond à
rait venir s’intégrer à terme dans la prise                                                                                          une transmission autosomique domi-
en compte du risque génétique dans des                                                                                               nante d’un gène avec une forte péné-
familles avec mutation de BRCA1 ou de                                                   Modèles prenant en compte                    trance, dont les mutations dans la
BRCA2, s’il devait en résulter une modi-                                                la transmission de facteurs                  population générale sont rares
fication significative du risque absolu.                                                génétiques                                   (q = 0,33 %). Les paramètres pris en
                                                                                                                                     compte pour calculer les risques de
Des tests génétiques destinés à l’iden-                                                 Les modèles les plus récemment déve-         cancer selon le modèle de Claus1 sont
tification de mutations des gènes                                                       loppés intègrent les connaissances sur       restreints et simples (tableau III).
BRCA1 et BRCA2 sont proposés aux                                                        la transmission des facteurs génétiques
patientes avec une histoire person-                                                     et demandent de déterminer au préala-
                                                                                                                                     1 Le modèle de Claus est à la disposition des uti-
nelle et/ou familiale évocatrice d’une                                                  ble : un mode de transmission généti-        lisateurs via le logiciel Cyrillic 2 à l’adresse sui-
prédisposition génétique majeure :                                                      que (autosomique, dominant ou réces-         vante http://www.cyrillicsoftware.com/ pro-
précocité de l’âge au diagnostic, attein-                                               sif, polygénique) ; puis l’estimation de     ducts/cy2bcanc. htm. Ce modèle est également
tes bilatérales et/ou multifocales, anté-                                               paramètres-clés (tant la fréquence des       disponible sur l’interface Cancer-Gene dévelop-
cédents familiaux multiples de cancer                                                   individus porteurs que la pénétrance,        pée par l’université du Texas (UT southwestern
du sein, notamment associés à ceux de                                                   c’est-à-dire l’expression phénotypique       medical center at Dallas) et disponible sur le site
                                                                                                                                     web http://www4.utsouthwestern.edu/breas-
                                                                                        du trait héréditaire, ici, la fréquence du
                                                                                                                                     thealth/cagene/.Cette interface propose de cal-
* FGFR2, CASP8, TNRC9 (actuellement identi-                                             développement effectif de tumeurs            culer, entre autres, les risques de cancer du sein
fié comme TOX3), MAP3K1, LSP1, et les régions                                           chez les individus porteurs). Dans un        selon le modèle de Claus et également selon le
chromosomiques : 2q35, et 8q.                                                           deuxième temps, un outil mathémati-          modèle BRCAPRO.

                                                                                                                                                                                   11
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

               Le dossier
               Cancer du sein : actualités

                                                                              Gail           Claus        BRCAPRO          BOADICEA       IBIS       IBIS mod
                                                                                                                                                     BCPCG [8]
  Facteurs de risque individuels
  Age de la patiente                                                            X              X               X              X            X             X
  Age aux premières règles                                                      X                                                          X             X
  Age à la ménopause                                                                                                                       X             X
  Parité                                                                        X                                                          X             X
  Age à la première naissance                                                   X                                                          X             X
  Indice de masse corporelle                                                                                                               X             X
  Biopsie mammaire                                                              X
  Antécédent d’hyperplasie atypique                                             X                                                          X             X
  Antécédent de carcinome lobulaire in situ                                     X                                                          X             X
  Densité mammaire à la mammographie                                                                                                                     X
  Taux circulants d’estrogènes et d’androgènes                                                                                                           X
  Antécédent de fracture                                                                                                                                 X
  Diminution de la taille                                                                                                                                X
  Rapport entre le tour de taille et le tour de hanche                                                                                                   X
  Densité de l’os de hanche [11]
  Facteurs de risque familiaux
  Cancer du sein, âge au diagnostic                                                            X               X              X            X             X
  Nombre d’apparentés atteints de cancer du sein                                X              X               X              X            X             X
  Premiers degrés atteints, âge au diagnostic                                                  X               X              X            X             X
  Deuxièmes degrés atteints, âge au diagnostic                                                 X               X              X            X             X
  Troisièmes degrés atteints, âge au diagnostic                                                                               X            X             X
  Ages des apparentés indemnes                                                                                 X              X            X             X
  Cancer de l’ovaire, âge au diagnostic                                                                        X              X            X             X
  Cancer du sein chez l’homme, âge au diagnostic                                X                              X              X
  Bilatéralité du cancer du sein, âge au diagnostic                                                            X              X            X             X
  Cancers multiples (sein et ovaire chez même cas index)                                                       X              X            X             X
  Cancer de la prostate, âge au diagnostic                                                                                    X
  Cancer du pancréas, âge au diagnostic                                                                                       X
  Effet cohorte (année de naissance)                                                                                          X
  Origine ashkénaze                                                                                            X              X            X             X
  Présence/absence d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2                                                                        X            X             X

TABLEAU III : Facteurs de risque individuels et familiaux pris en compte dans les différents modèles étudiés [2, 8, 18].

2. Modèle BRCAPRO                                        res familiales de cancer du sein et/ou                    Les mises à jour récentes du logiciel
                                                         de l’ovaire,                                              BRCAPRO2 portent sur :
BRCAPRO est un modèle statistique                        – cas particulier de l’histoire fami-                     – la possibilité d’inclure des pedigrees
qui a été initialement développé par                     liale, incluant le cancer du sein chez                    de taille quelconque, avec mention
Berry et Parmigiani entre 1995 et 1998                   l’homme,                                                  d’apparentés de tous degrés,
et a récemment bénéficié d’ajuste-                       – diagnostics bilatéraux synchrones et
ments [16]. Le logiciel associé est des-                 asynchrones,
tiné à déterminer la probabilité qu’un                   – mode héréditaire supposé : mendé-                       2 Le logiciel du modèle BRCAPRO est distribué
                                                                                                                   gratuitement par le package Cancer-Gene
individu soit porteur d’une mutation                     lien autosomique dominant,
                                                                                                                   développé par l’université du Texas (UT south-
constitutionnelle délétère des gènes                     – pénétrances et prévalences dépen-                       western medical center at Dallas), ainsi que
BRCA1 ou 2, sur les bases suivantes :                    dantes de l’âge : données intégrées sur                   d’autres interfaces comme R Package Bayes-
– la connaissance générale des histoi-                   la base de la littérature.                                Mendel, Cyrillic.

  12
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

– l’inclusion des risques de dévelop-              premier locus comprend les gènes                     Interprétation des résultats
per des cancers autres que sein et                 BRCA1 (fréquence des mutations                       rapportés dans la littérature
ovaire dans le calcul de probabilité               dans la population générale de                       et discussion
d’être porteur,                                    0,11 %) et BRCA2 (fréquence des
– estimation de pénétrance des can-                mutations dans la population géné-                   Dans un article pertinent publié en
cers du sein et de l’ovaire,                       rale de 0,12 %) ; le second locus                    2004, Friedensen [2] prend deux
– un antécédent éventuel d’oophorec-               représente un troisième gène putatif                 exemples de mise en situation de cal-
tomie peut être introduit dans le                  susceptible d’intervenir selon un                    cul de risque, en utilisant séquentiel-
modèle,                                            mode de transmission autosomique                     lement le score de Gail-NCI et celui de
– l’inclusion de l’information relative            dominante dont la fréquence de                       Claus et en confrontant les données
aux marqueurs moléculaires.                        mutations serait très élevée (11 %),                 par tranche de 10 ans d’âge à celles
                                                   mais avec une faible pénétrance                      obtenues pour une femme au risque
Le modèle génétique sous-jacent cor-               (24 % à 70 ans). L’ensemble des élé-                 “moyen” calculé selon la méthode de
respond à la transmission autosomi-                ments pris en compte sur le plan                     Gail-NCI.
que dominante de deux gènes, BRCA1                 génétique est consigné dans le
et BRCA2, qui sont ainsi supposés                  tableau III.                                         Le premier exemple est celui de
expliquer en totalité les histoires fami-                                                               “Lucy”, âgée de 34 ans avec une
liales de cancer du sein et de l’ovaire.           4. Modèle BOADICEA                                   apparentée au premier degré atteinte
Il s’agit donc d’une limite importante                                                                  de cancer du sein. Dans la tranche
de ce modèle puisque tout cancer du                Le modèle BOADICEA4 a été déve-                      d’âge de 30-39 ans, les risques selon
sein d’origine génétique ne relevant               loppé à Cambridge [3] selon un                       Gail-NCI sont inférieurs à 0,5 % et
pas de ces deux gènes n’est pas pris en            modèle génétique qui inclut les                      selon Claus de 1 %. Les résultats évo-
considération en tant que tel.                     effets de BRCA1 et de BRCA2 tandis                   luent de façon comparable dans les
                                                   que les effets d’une composante                      autres tranches d’âge, aussi nous ne
3. Modèle IBIS                                     polygénique rend compte de fac-                      détaillerons que celles de 40-49 ans et
                                                   teurs non expliqués par les muta-                    50-59 ans respectivement, avec des
Le modèle IBIS3 a été développé par                tions de BRCA1/2. Ce modèle per-                     scores comparés à la moyenne (ici
Tyrer et al. [9] pour les études d’hor-            met de calculer le risque de second                  2 % et 4 %) légèrement plus élevés
monoprévention, en particulier pour                cancer, du sein ou de l’ovaire, après                pour Lucy dont le score de Gail-NCI
l’étude éponyme. Il a l’avantage d’une             un premier cancer du sein et prend                   (ici 2,5 % et 6 %) est toujours plus
relative exhaustivité puisqu’il tient              en compte la sévérité de l’histoire                  important que celui de Claus (ici
compte, d’une part, des données géné-              familiale avec le nombre de cas de                   2,2 % et 5 %).
tiques de manière originale non res-               cancers du sein et leur bilatéralité
trictive, et d’autre part des facteurs de          éventuelle, les cancers de l’ovaire,                 Le second exemple est celui de
risque individuels qui confèrent un                d’autres localisations telles que la                 “Jane”, âgée de 36 ans avec deux
risque en population générale tel que              prostate, ou le pancréas, leur répar-                apparentées au premier degré attein-
ceux mentionnés plus haut. Il s’agit de            tition sur les deux branches parenta-                tes de cancer du sein. Ici, les données
l’indice de masse corporelle, de l’ex-             les, les âges au diagnostic, les âges                obtenues sont spectaculairement dif-
position aux estrogènes endogènes                  aux dernières nouvelles des femmes                   férentes. Dans la tranche d’âge de 30-
(âge des premières règles et âge de la             indemnes, l’effet cohorte. Cepen-                    39 ans, les risques selon Gail-NCI sont
ménopause), du risque histologique                 dant, et il s’agit d’une limitation évi-             inférieurs à 0,2 % et selon Claus de
(hyperplasie atypique, CLIS), de la                dente, il ne prend pas en compte les                 5 %. Dans les autres tranches d’âge de
parité versus la nulliparité et de l’âge           facteurs de risque individuels, au                   40-49 ans et 50-59 ans respective-
à la première grossesse.                           contraire de IBIS.                                   ment, avec des scores comparés à la
                                                                                                        moyenne (ici < 2 % et 4 %), les scores
Le modèle génétique sous-jacent sup-                                                                    de Jane sont beaucoup plus élevés que
pose l’effet de deux loci distincts : le           4 Le modèle BOADICEA est accessible après            la moyenne et en particulier le score
                                                   un enregistrement auprès de l’université             de Claus (ici 12 % et 22 %) pour un
                                                   de Cambridge http://www.srl.cam.ac.uk/
                                                                                                        score de Gail-NCI augmenté mais de
3 Un programme interactif est disponible en        genepi/boadicea/boadicea_home.html. Les
contactant l’équipe d’IBIS (ibis@cancer.org.uk).   arbres généalogiques sont saisis en ligne et         façon moindre (ici 5 % et 12,5 %). On
Un fichier exécutable peut alors être télé-        les calculs sont réalisés sur le serveur de l’uni-   observe donc que si les scores calculés
chargé.                                            versité.                                             évoluent effectivement avec le risque

                                                                                                                                          13
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

           Le dossier
           Cancer du sein : actualités

perceptible intuitivement, les chiffres     ment supérieures à celles de BOADI-        l’est probablement pas non plus pour
peuvent être très différents et la ques-    CEA, elles-mêmes supérieures à celles      les familles à risque très élevé, proche
tion posée est celle de leur traduction     de BRCAPRO, alors que le modèle de         des risques des familles dans lesquel-
pratique.                                   Claus se démarque des 3 autres dans        les ségréguent des mutations de
                                            certaines situations.                      BRCA1 ou de BRCA2.
Qu’en est-il des modèles plus centrés
sur le risque familial ou héréditaire ?     Enfin, la prise en compte des facteurs     Quelle que soit la situation, l’aide
Dans leur étude basée sur une               de risque individuels par le modèle        éventuelle d’un outil mathématique
cohorte de 232 femmes avec des can-         IBIS (âge précoce des premières            demande une connaissance éclairée
cers du sein diagnostiqués avant            règles, indice de masse corporelle         de la nature et du sens des données
l’âge de 46 ans, Bonnadona et al. [17]      relativement élevé et nulliparité) per-    prises en compte et des limites du
rapportent 21 mutations retrouvées          met une évaluation différente du ris-      modèle par le clinicien lui-même,
pour les gènes BRCA1 et BRCA2,              que de cancer du sein qui est éven-        sous peine d’être confronté à des
selon l’état de l’art de la technique. Si   tuellement majoré. Comparés aux            situations aberrantes, par exemple
l’on prend en considération le critère      facteurs de risque familiaux, les fac-     lorsqu’une généalogie comporte plu-
de seuil de score supérieur à 10 %          teurs de risque individuels ont cepen-     sieurs générations de naissances
pour prescrire un test génétique            dant un faible impact sur le score         exclusivement masculines, masquant
selon le modèle BRCAPRO, les                final. Les auteurs constatent que seu-     ainsi l’expression phénotypique
auteurs communiquent des données            les les anomalies histologiques de         majeure du trait héréditaire pourtant
troublantes puisque, selon ce critère,      type hyperplasique atypique ou CLIS        transmis sans discontinuité.
12 mutations sur 21 n’auraient pas          semblent augmenter le risque de façon
même été recherchées et seules 9            significative.                             Dans un contexte plus général, ces
d’entre elles auraient été trouvées,                                                   modèles permettent d’estimer un ris-
c’est-à-dire chez les femmes avec un                                                   que, c’est-à-dire une probabilité d’être
score de risque supérieur à 10 %. Les       De l’évaluation statistique                atteint d’un cancer du sein au cours
probabilités estimées avec BRCAPRO          au cas individuel                          de la vie. Cependant, toute tentative
se trouvaient entre 1,0 % et 97,4 %                                                    d’interprétation de telles probabilités
(moyenne 25,3 %) chez les porteuses         Ces modèles conçus par des mathé-          au niveau individuel semble inappro-
de mutation pour des données entre          maticiens et des médecins experts de       priée.
0,1 % et 91,7 % (moyenne 5,9 %)             leur domaine aboutissent à des cal-
chez les non-porteuses de mutation,         culs qui reflètent sans aucun doute
mettant en évidence le manque de            l’incidence des cancers effective-         Qui est le destinataire
pouvoir de discrimination du modèle.        ment observée dans les études épidé-       de telles évaluations
Les améliorations proposées par Berry       miologiques. A ce titre, chacun a          et que faire d’une donnée
et al. en 2002 [16] tiennent compte         pour ambition de contribuer à mieux        chiffrée face au patient ?
d’une pénétrance plus faible que celle      définir des classes de risque pour
initialement introduite dans les cal-       lesquelles des stratégies de prise en      Il est en effet important devant une
culs, susceptibles d’améliorer la perti-    charge spécifiques sont ou pour-           recherche compliquée et une insis-
nence du modèle.                            raient être susceptible d’être mieux       tance persévérante de la part des spé-
                                            définies : âge de début du dépistage,      cialistes des calculs de score d’identi-
Dans une épreuve de mise en situa-          type d’examen d’imagerie : échogra-        fier quels sont les enjeux de tels
tion centrée sur les situations d’agré-     phie, mammographie et/ou IRM               calculs et évaluations. S’agit-il d’une
gations familiales de cancer du sein,       mammaire, leur fréquence, voire la         estimation des coûts de Santé publi-
De Paw et al. [18] ont très récemment       possibilité d’actes chirurgicaux pro-      que ? Dans ce cas, le patient est hors
testé les 4 modèles Claus, BRCAPRO,         phylactiques.                              du champ de l’intérêt potentiel, à
BOADICEA et IBIS, avant toute étude                                                    l’exception de la décision de rem-
moléculaire, en choisissant 4 cas de        Dans un contexte d’agrégation fami-        boursement, ou pas susceptible d’in-
figures intuitivement de gravité crois-     liale, l’utilisation des modèles de cal-   tervenir lors de la pratique d’examens
sante. Les 3 modèles les plus récents       cul de risque pour des familles à ris-     préconisés au cas par cas.
donnent les estimations les plus            que faible, légèrement supérieur à
concordantes entre elles, les estima-       celui de la population générale, n’est     Si la question posée devait être celle
tions données par IBIS étant légère-        probablement pas nécessaire. Elle ne       de communiquer un chiffre de ris-

 14
réalités en gynécologie-obstétrique # 141_Novembre/Décembre 2009

que à un patient et de s’en servir            place de mesures de dépistage et de                 07. BARLOW WE, WHITE E, BALLARD-BARBASH R
                                                                                                      et al. Prospective breat cancer risk predic-
comme justification pour décider s’il         prévention. La population concernée
                                                                                                      tion model for women undergoing scree-
ou elle relève ou pas de tel ou tel           où ce score prend sa valeur est après                   ning mammography. J Natl Cancer Inst,
schéma de dépistage, surveillance             35 ans.                                                 2006 ; 98 : 1 204-14.
ou prise en charge, alors il est urgent                                                           08. SANTEN RJ, BOYD NF, CHLEBOWSKI RT et al.
                                                                                                      Breast Cancer Prevention Collaborative
de réfléchir à la portée et aux consé-        Dans un contexte familial/hérédi-                       Group. Critical assessment of new risk
quences d’une telle utilisation pour          taire, un résultat de test négatif pour                 factors for breast cancer : considerations
un non professionnel. En effet et par         la recherche de mutations sur les                       for development of an improved risk pre-
                                                                                                      diction model. Endocr Relat Cancer,
exemple, un chiffre tel que 15 % qui          gènes BRCA1 et BRCA2 peut être
                                                                                                      2007 ; 14 : 169-87.
est sans nul doute élevé selon le             perçu comme faussement rassurant,                   09. TYRER J, DUFFY SW, CUZICK J. A breast can-
corps médical est-il susceptible de           alors que l’agrégation familiale sug-                   cer prediction model incorporating fami-
mobiliser l’attention de l’intéressé(e)       gère vivement une prédisposition                        lial and personal risk factors. Stat Med,
                                                                                                      2004 ; 23 : 1 111-30.
ou au contraire de le (la) démotiver          héréditaire. Dans ce cas, un modèle tel             10. CHLEBOWSKI RT, ANDERSON GL, LANE DS et
devant le canevas de surveillance             qu’IBIS peut aider le médecin averti à                  al. Women’s Health initiative investiga-
préconisé qui risque de lui paraître          mettre en place les mesures les mieux                   tors : Predicting risk of breast cancer in
bien lourd au regard d’un chiffre             adaptées.                                               postmenopausal women by hormone
                                                                                                      receptor status. J Natl Cancer Inst, 2007 ;
modeste en apparence ?                                                                                99 : 1 695-705.
                                              En ce qui concerne la communica-                    11. CHEN Z, ARENDELL L, AICKIN M et al. Hip
En outre, on peut relever une nou-            tion éventuelle du résultat du calcul                   bone density predicts breast cancer risk
                                                                                                      independently of Gail score. Cancer,
velle fois le cas de “Jane” pour              à l’intéressé(e), la plus grande pru-
                                                                                                      2008 ; 113 : 907-15.
laquelle le changement de modèle              dence s’impose : à titre individuel, le             12. EASTON DF, POOLEY KA, DUNNING AM et al.
fait passer l’évaluation de son risque        calcul n’a pas de valeur booléenne                      Genome-wide association study identifies
de 12,5 % (Gail-NCI) à 22 % (Claus) ;         “oui/non” et les chiffres peuvent être                  novel breast cancer susceptibility loci.
                                                                                                      Nature, 2007 ; 447 : 1 087-93.
dans ce cas, la connaissance des ces          perçus de façon paradoxale. Quoi                    13. GAIL MH. Discriminatory accuracy from
données est-elle de nature à influen-         qu’il en soit, aucun calcul théorique                   single-nucleotide polymorphisms in
cer le comportement de l’intéressée           ne remplace un praticien chevronné                      models to predict breast cancer risk. J Natl
                                                                                                      Cancer Inst, 2008 ; 100 : 1 037-41.
et son adhésion au schéma de sur-             et à l’écoute.
                                                                                                  14. EISINGER F, BRESSAC B, CASTAIGNE D et al.
veillance préconisé ?                                                                                 Identification and management of heredi-
                                              Bibliographie                                           tary predisposition to cancer of the breast
                                              01. Atlas de la mortalité par cancer en France          and the ovary (update 2004). Bull Cancer,
                                                                                                      2004 ; 91 : 219-37.
Conclusion                                        métropolitaine (Evolution 1970-2004),
                                                                                                  15. CLAUS EB, RISCH N, THOMPSON WD. Auto-
                                                  Observation des cancers. Collection Rap-
                                                  ports et Synthèses, INCa, Dec 2008.                 somal dominant inheritance of early-
En revenant sur les données commu-            02. FRIEDENSON B. Assessing and managing                onset breast cancer. Implications for risk
niquées par Bonnadona et al.5, il est             breast cancer risk : clinical tools for advi-       prediction. Cancer, 1994 ; 73 : 643-51.
                                                  sing patients. Med Gen Med, 2004 ; 6 : 8.       16. BERRY DA, IVERSEN ES, GUDBJARTSSON DF et
aisé de réaliser l’amplitude des varia-                                                               al. BRCAPRO validation, sensitivity of
                                                  Published online 2004 January 15.
tions et donc de l’incertitude et le          03. ANTONIOU AC, PHAROAH PD, NAROD S et al.             genetic testing of BRCA1/BRCA2, and
manque de pouvoir de discrimination               Average risks of breast and ovarian cancer          prevalence of other breast cancer suscep-
                                                                                                      tibility genes. J Clin Oncol, 2002 ; 20 :
des modèles au niveau individuel.                 associated with BRCA1 or BRCA2 muta-
                                                  tions detected in case series unselected            2 701-12.
                                                  for family history : a combined analysis of     17. BONNADONA V, SINILNIKOVA OM, LENOIR GM
Dans un contexte sporadique, l’inté-              22 studies. Am J Hum Genet, 2003 ; 72 :             et al. Re : pretest prediction of BRCA1 or
rêt du calcul de score type BRCAT-                1 117-30.                                           BRCA2 mutation by risk counselors and
                                              04. GAIL MH, BRINTON LA, BYAR DP et al. Pro-            the computer model BRCAPRO. J Natl
Gail NCI peut prendre de la valeur                                                                    Cancer Inst, 2002 ; 20 : 1 582-83.
                                                  jecting individualized probabilities of
pour le médecin avisé, conscient des                                                              18. DE PAW A, STOPPA-LYONNET D, ANDRIEU N et
                                                  developing breast cancer for white fema-
limitations et de la nature qualitative           les who are being examined annually.                al. Estimation du risque individuel de
                                                                                                      cancer du sein : intérêt et limites des
des données prises en compte, pour                J Natl Cancer Inst, 1989 ; 81 : 1 879-86.
                                              05. VACHON C, VAN GIS CH, SELLERS TA et al.             modèles de calcul de risque. Bull Cancer,
une aide à la décision de mise en                                                                     2009 ; 96 : 1-10.
                                                  Mammographic density, breast cancer
                                                  risk and risk prediction. Breast Cancer         Les auteurs remercient Mireille Bartalou
                                                  Research, 2007 ; 9 : 217.                       pour son assistance à la préparation du
5 Les probabilités estimées avec BRCAPRO se   06. TICE JA, CUMMINGS SR, ZIV E et al. Mammo-       texte de cet article et des tableaux.
trouvaient entre 1,0 % et 97,4 % (moyenne         graphic breast density and the Gail model
25,3 %) chez les porteuses de mutation pour       for breast cancer risk prediction in a scree-   L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflit d’in-
des données entre 0,1 % et 91,7 % (moyenne        ning population. Breast Cancer Res Treat,       térêt concernant les données publiées dans
5,9 %) chez les non-porteuses de mutation.        2005 ; 94 : 115-22.                             cet article.

                                                                                                                                            15
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