Les vaccins Point COVID 19 - mercredi 9 juin 2020 - URPS Pharmaciens
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Les vaccins contre le SARS-CoV 2 : des raisons pour être optimiste. Quelques rappels Connaître la biologie du virus facilite la construction de stratégies préventives (vaccins). Nous savons que la clé d’entrée du virus dans nos cellules est la protéine S (Spike), et que sa fixation passe par le récepteur ACE2. Cette protéine S se présente sous deux conformations principales : pré-fusion et post-fusion Cette protéine S est le motif antigénique de choix pour une stratégie vaccinale Même si le virus est à risque élevé de mutation (car possédant un ARN simple brin particulièrement long) les glissements génétiques constatés n’ont pas montré de modification majeure de la protéine S, nous permettant d’être optimiste. Les vaccins en cours d’études pourraient être efficaces contre les épidémies futures de l’hiver prochain voire de l’année prochaine… De plus contrairement à d’autres virus qui persiste dans l’organisme comme le VIH, le SARS-CoV-2 est éliminé de notre organisme une fois guéri, et nous avons la capacité de développer naturellement des anticorps neutralisants. Il est donc possible de reproduire ce phénomène grâce à un vaccin.
Les vaccins pour lutter contre l’épidémie Deux stratégies : Les vaccins à base de gènes : Ils apportent le gène codant pour une protéine virale à nos cellules. Pour cela on utilise des virus vivants non pathogènes, des vecteurs recombinants, ou directement des acides nucléiques. Les vaccins à base de protéines incluant des virus entiers inactivés, des protéines virales seules ou assemblées en particules. Les projets en cours au 2 juin 2020: 10 candidats-vaccins en évaluation clinique 123 candidats-vaccins en évaluation pré-clinique
Quelques pistes de recherche en détail : en phase clinique 1/5 Vaccin recombinant employant comme vecteur un l’adénovirus du chimpanzé Oxford (ChAdOx1-S) AZD1222 SARS-CoV-2 (University of Oxford/AstraZeneca) Ce vecteur non replicatif est lui aussi capable de transporter gène codant pour un antigène du coronavirus. En l’occurrence, l’adénovirus recombinant contient le gène de la glycoprotéine S du SARS-CoV-2. Il a été testé sur des volontaires avec des modèles pour le MERS, la grippe, le chikungunya et d’autres agents pathogènes tels que le paludisme et la tuberculose. Des essais de phase II/III sont bien avancés avec notamment plus de 10 000 personnes ayant reçu une dose au Royaume-Uni. Ce vaccin nommé AZD1222 SARS-CoV-2 s’il s’avère être sûr et efficace peut être fabriqué à grande échelle dans des lignées cellulaires d’embryons de volailles.
Quelques pistes de recherche en détail : en phase clinique 2/5 Vaccin à base de protéines recombinantes obtenu par nanotechnologie NVX-CoV2373 (Novavax) Cette entreprise dispose déjà de vaccins en essai clinique de phase III contre d’autres infections respiratoires telles que la grippe adulte (Nano-Flu) et le virus respiratoire syncytial (RSV-F). Elle a aussi fabriqué des vaccins contre le SARS-CoV et le MERS-CoV. Sa technologie est fondée sur la production de protéines recombinantes qui sont assemblées en nanoparticules et sont administrées avec un adjuvant breveté, Matrix-M. Ce composé (un mélange de saponines végétales, de cholestérol et de phospholipides) est un immunogène bien toléré capable de stimuler une réponse immunitaire non spécifique puissante et durable. La phase I/II de l’essai clinique randomisé en double aveugle contre placebo du NVX-CoV2373 vise à évaluer l’immunogénicité et la sécurité du vaccin et concerne pour le moment 130 patients sains australiens entre 18 et 59 ans. L’essais de phase II/III se fera aux USA avec un accord financier avec U.S. Department of Defense (DoD) portant sur la production sur le sol américain de 10 millions de doses si la U.S FDA donne son accord pour une Emergency Use Authorization (EUA).
Quelques pistes de recherche en détail : en phase clinique 3/5 Vaccin mRNA-1273 (Moderna/NIAID) Il s’agit d’un vaccin constitué d’un petit fragment d’ARN messager contenant les instructions nécessaires pour synthétiser une partie de la protéine S du SARS-Cov-2. L’idée est qu’une fois introduit dans nos cellules, ces dernières fabriquent la protéine virale, laquelle agirait comme un antigène et stimulerait la production d’anticorps par l’organisme. L’essai clinique de Phase I mené par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), qui fait partie du National Institutes of Health (NIH) (USA), a testé une dose à 25 μg et à 100 μg et montre des taux d’anticorps neutralisants supérieurs aux personnes ayant développé la COVID-19 et semble généralement bien toléré (article en cours de révision avant publication). La phase 2 randomisée en double aveugle contre placebo est en cours, incluant 600 patients sains dans deux cohortes (18- 55 ans et 55ans et plus), testant la réactivité et l’immunogénicité des deux doses à 28 jours d’intervalle avec un suivi à 12 mois. Les vaccins à ARN sont produits par une réaction biochimique qui ne prend que quelques heures dans un tube à essai. L’étude de phase III est prévue pour juillet 2020…
Quelques pistes de recherche en détail : en phase clinique 4/5 Vaccin DNA INO-4800 (Inovio Pharmaceuticals) L’idée est ici d’introduire le gène codant pour une protéine virale dans nos cellules en espérant que cette petite portion d’ADN atteigne notre noyau, transcrivant le gène en ARN qui serait alors traduit en protéine. Cette protéine intégrée à notre membrane plasmatique serait détectée comme protéine anormale par notre système immunitaire. Cette plateforme fabrique des vaccins synthétiques basés sur l’ADN du gène de la protéine S de surface du coronavirus à l’aide de bactéries poussant en 12 heures. Cette société avait déjà développé un prototype dirigé contre le MERS-CoV (vaccin INO-4700), actuellement en essai clinique de phase II. Récemment, Inovio Pharmaceuticals a publié les résultats de la phase I du vaccin INO-4700 : ceux-ci prouvent qu’il est bien toléré et entraîne une bonne réponse immunitaire (laquelle se traduit par de hauts niveaux d’anticorps et bonne réponse des cellules T, qui se maintiennent pendant au moins 6 semaines après la vaccination).
Quelques pistes de recherche en détail : en phase clinique 5/5 Vaccin BCG (Texas A&M, Baylor, MD Anderson ) et dérivé VPM1002 Actuellement en étude de phase IV sur 1800 soignants de 1re ligne et phase III sur 6000 patients à très haut risque en Inde et dans de nombreux hôpitaux en Allemagne.
Quelques pistes de recherche en détail : en phase pré-clinique 1/3 Vaccin recombinant utilisant le virus de la rougeole comme vecteur (Institut Pasteur, Themis Bioscience et Université de Pittsburgh/Merck) Il s’agit d’un vaccin basé sur un virus de la rougeole atténué. Celui-ci est utilisé comme un véhicule à l’intérieur duquel se trouve un gène codant pour une protéine du virus SARS-CoV-2. Le virus vecteur délivre l’antigène du SARS-CoV-2 au système immunitaire, pour induire une réponse protectrice. Ce consortium a déjà fait preuve de son expérience dans le développement de tels vaccins, dirigés contre le MERS, le VIH, la fièvre jaune, le virus du Nil occidental, la dengue et d’autres maladies émergentes.
Quelques pistes de recherche en détail : en phase pré-clinique 2/3 Vaccin recombinant basé sur le virus de la grippe (Université de Hong Kong) Il s’agit également d’un vaccin vivant qui utilise comme vecteur un virus de la grippe atténué, auquel on a retiré le gène de virulence NS1 pour le rendre non virulent et ajouté un gène du virus SARS-Cov-2. Cette approche présente quelques avantages : elle pourrait être combinée à n’importe quelle souche de la grippe saisonnière, et servir ainsi en même temps de vaccin antigrippal. Celui-ci pourrait être fabriqué rapidement dans les mêmes chaînes de production que les vaccins contre la grippe, et pourrait être administré comme vaccin à pulvérisation intranasale.
Quelques pistes de recherche en détail : en phase pré-clinique 3/3 Vaccin à base de protéines recombinantes UQ COVID-19 (Université de Queensland/GSK/Dynavax) Cette approche consiste à créer des molécules chimériques capables de maintenir la structure tridimensionnelle originale de l’antigène viral. Ils utilisent une technique dénommée « pince moléculaire » (molecular clamp), qui permet de produire des vaccins utilisant le génome du virus en un temps record. Il sera utilisé avec l’adjuvant MF59® utilisant le squalène permettant d’augmenter la réponse immunitaire, réduire la dose d’antigène dans le vaccin et donc d’en fabriquer plus de doses plus rapidement.
Vaccins contre le SARS-CoV 2 : ne pas se louper… La sécurité des vaccins est primordiale. Il y a un risque, si le vaccin n’est pas suffisamment testé, qu’il puisse aggraver les infections à SARS-CoV-2. Ces syndromes de maladies aggravées par la vaccination ont déjà été décrits pour des vaccins à virus entier inactivés avec adjuvant à l’aluminium contre un coronavirus responsable de la péritonite infectieuse féline (PIF) induisant une vascularite, mais également pour un vaccin pédiatrique à virus entier inactivé rougeole/VRS dans les années 60 provoquant des syndromes inflammatoires sévères des voies respiratoires. Cette aggravation de l’infection peut être dû à la production d’anticorps inefficace pour combattre le virus, mais qui en plus facilite son entrée dans les cellules, ou qui en grande quantité vont activer de manière trop importante les voies du complément avec libération massive de cytokines pro- inflammatoires…
Financement de la recherche Par des fondations CEPI : Coalition for Epidemic Preparedness Innovations, fondation créée à l’occasion du forum mondial de DAVOS en 2017. C’est une fondation qui existe grâce à des dons provenant d'États (L’UE, le Japon, le Royaume-Uni), d'organisations philanthropiques (Fondation Bill et Melinda Gates) et d'organisations de la société civile. Elle a été constituée en vue du financement de projets de recherche indépendant en vue de mettre au point des vaccins contre les épidémies dues à des agents infectieux émergents. Dans ses statuts le CEPI prévoit que ses investissements conduisent un accès juste et équitable au vaccin nécessaire au contrôle de l'explosion d'une pandémie. Cette clause a conduit les entreprises multinationales de la pharmacie à refuser de participer à la coalition CEPI a acordé des fonds pour des candidats-vaccin COVID-19 à Curevac, Inc., Inovio Pharmaceuticals, Inc., Moderna, Inc., Novavax, Inc., The University of Queensland, The University of Hong Kong, The University of Oxford, un consortium dirigé par l’Institut Pasteur et Clover Biopharmaceuticals. Des organisations internationales GAVI Alliance (GAVI pour «Global Alliance for Vaccines and Immunization» ou, en français, « l’Alliance Globale pour les Vaccins et l’Immunisation ») est une organisation internationale créée en 2001 prenant la forme d'un partenariat des secteurs public et privé sur les questions d’immunisation qui a pour but d’accélérer les progrès des pays pauvres dans les possibilités d'accès des enfants à la vaccination et dans la palette de vaccins disponibles. L’Alliance rassemble, entre autres, l’expertise technique de l’OMS, la puissance d’achat en matière de vaccins de l’UNICEF et le savoir-faire financier de la Banque mondiale. Elle intègre également les connaissances en matière de recherche et de développement des fabricants de vaccins, les voix des pays en développement et de grands donateurs étatiques et privés tels que la Fondation Bill-et-Melinda-Gates. Les états U.S. Department of Defense (DoD)
Un vaccin pour quand ??? Selon TRUMP : Fin de l’année 2020 Pour les autres : d’ici 12-18 mois Grâce aux financements du CEPI et du GAVI et à l’Accelerator Act de l’OMS Début de projection réaliste : Si confirmation de son innocuité et de son efficacité, le début de production massif de AZD1222 SARS-CoV-2 pourrait commencer au tout début de l’année 2021 permettant de mettre à disposition 300 millions de doses dès juillet 2021.
Un vaccin accessible à tous ??? Accelerateur Act le 24 avril 2020 Vaccin, diagnostic et traitement 2 objectifs : accélérer la mise au point d’un produit – veille à un accès et distribution équitable Travail à grande échelle et rapidement – « Emmanuel MACRON/Ursula VAN DER LEYEN présidente de la Commission européenne/FONDATION GATES » écraser le temps et l’espace… Commission européenne promesse de don 8 Milliards de dollars (rien des USA !!!) Engagement politique de la part des dirigeants Nord et Sud cruciaux pour veiller que le Vaccin soit un bien public mondial !!! Pour aller vite, il est indispensable de créer des partenariats public-privé basés sur des essais cliniques différents, mais harmonisés, sur un travail en réseau, sur un partage des données, sur l’efficacité et la sécurité et sur une analyse statistique indépendante pour déterminer l’effet protecteur des vaccins. Grâce à l’alliance GAVI, nous avons déjà l’expérience d’une structure qui maintient des stocks mondiaux de vaccin (fièvre jaune par exemple), et qui a une architecture permettant une distribution équitable en fonction des besoins des populations. Mais quid de la Chine et des USA ???
Vous pouvez aussi lire