MADE IN - VISAGES à 25 Une élection - Nouvelle-Calédonie
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MADE IN M A G A Z I N E D ’ I N F O R M AT I O N É C O N O M I Q U E Une élection à 25 VISAGES N°46 - GRATUIT [ Mai 2019 ]
En 2018, Sarah et la GBNC ont recyclé 43 tonnes de déchets d’emballages CONSOMMATION & SÉCURITÉ RESPONSABLE À la GBNC, le carton, le papier, le verre et le plastique issus des emballages ne finissent jamais à la poubelle, mais sont soigneusement triés en vue de leur recyclage par des filières spécialisées. En 2018, 43 tonnes de ces matériaux ont ainsi pu être récupérées ! Une façon pour la GBNC d’agir positivement sur notre environnement et d’offrir le meilleur à EMPREINTE TION LOCALE ENVIRONNEMENTALE la Nouvelle-Calédonie. GBNC Responsable Brasser un monde meilleur
SOMMAIRE EDITO n À la une Un concept store aux couleurs locales…………………… 48 Les biscuits apéritifs aux saveurs locales……………… 49 Prendre du recul… La FINC, une histoire d’hommes de conviction………… 4 Ija Bwëti……………………………………………………………………… 6 Actus Mines……………………………………………………………… 50 oui, mais pas trop ! n Économie n L’industrie vous ouvre son cœur « Il serait illusoire d’imaginer qu’il existe dans la structure de la Casse-tête autour des retraites complémentaires…… 32 Retraites : La politique s’invite dans le débat………… 34 GDélices mise sur le savoir-faire artisanal……………… 52 croissance moderne, ou dans les lois de l’économie de marché, 3 questions à ... Baptiste Faure……………………………… 35 des forces de convergence menant naturellement à une réduction Régulation des marchés ………………………………………… 36 des inégalités patrimoniales ou à une harmonieuse stabilisation ». 3 questions à ... Alain Marc……………………………………… 39 n Presse Thomas Piketty illustre ainsi le modèle libéral régulé défendu par Marée haute / Marée basse …………………………………… 54 EGI : les projets avancent………………………………………… 40 la FINC. Il rappelle aussi que « les chercheurs en sciences sociales, Un moteur de recherche 100 % local……………………… 41 L’industrie, un remède aux maux de la société ……… 54 comme d’ailleurs tous les intellectuels et surtout tous les citoyens, Quand les politiques parlent d’économie ……………… 54 doivent s’engager sans le débat public ». n Avenir Export Alors oui, nous tous industriels, nous devons nous engager dans Sommet économique Nouvelle-Calédonie-Vanuatu…… 27 la campagne des provinciales. C’est l’occasion de porter ces idées NCT&I au Salon International de l’Agriculture………… 28 qui nous tiennent à cœur, pour le développement d’un modèle Des produits calédoniens à Paris…………………………… 28 économique et social plus endogène, où l’industrie est un pilier Colloque parisien autour des femmes…………………… 28 structurel et porteur d’innovation, avec une intégration par l’em- RDV parisien……………………………………………………………… 29 ploi et une répartition équitable de la richesse produite associée Un chef de projet pour la Papouasie……………………… 29 à la valorisation des compétences. Si nous ne portons pas ces Mission préparatoire pour Fidji………………………………… 30 Rencontre avec Business France…………………………… 30 idées lors du débat des provinciales et lors de la constitution de la NCTI officialise son partenariat avec les CCEF……… 30 prochaine majorité du Congrès et du gouvernement, notre voix ne sera pas entendue. n Développement durable n Dossier 10 Pour cela il faut faire abstraction de tous ceux qui nous annoncent Zéro plastique ?………………………………………………………… 42 Une élection que « Demain on rase gratis ! »… et ils sont encore nombreux. À à 25 visages peu près aussi nombreux que ceux qui n’ont que peu d’idées sur La première centrale solaire avec stockage…………… 44 Christopher Gyges............................... 12 Leïla Boufeneche.................................. 20 le modèle économique et social qu’ils proposent aux Calédoniens. Edouard Léoni.......................................... 13 Martine Lagneau................................... 20 Où est la place de l’entreprise, celle des entrepreneurs et celle des n Hommes & Savoir-faire Milakulo Tukumuli................................. 14 Paul Néaoutyine..................................... 22 salariés, dans le débat des provinciales ? Où sont l’envie et l’inci- Maryline Sakilia...................................... 16 Daniel Goa................................................... 23 Biobox NC………………………………………………………………… 45 Martine Cornaille................................... 17 Simon Loueckhote............................... 24 tation, plutôt que l’angoisse et la répression dans les mesures pro- Industrie calédonienne de bois………………………………… 45 Joël Kazharérou..................................... 18 Omayra Naisseline............................... 26 posées ? C’est plus compliqué que les raisonnements simplistes, Veggies……………………………………………………………………… 46 mais bien plus efficace ! Alors oui, l’objectif du dossier de ce Made In est de donner au lecteur des clés pour identifier ceux qui porteront au mieux et de Made In - numéro 46 manière pragmatique, les attentes des entrepreneurs et des sala- Made In est une publication gratuite de la Fédération des Industries de Nouvelle-Calédonie riés de l’industrie calédonienne. À chacun de nous, individuelle- Numéro ISSN : 1773-4198 ment ou collectivement, de porter nos attentes. Et méfions-nous Directeur de la publication : Xavier Benoist - Rédactrice en chef : Charlotte Antoine - Rédaction : Rectiligne - des sirènes qui nous caressent dans le sens du poil. Correction : Point Virgule - Traduction : Gilles Kaboha - Régie publicitaire : FINC - 281 291 - Maquette et réalisation : PAO Production - Flashage et impression : IRN - Distribution : Totem - Crédits photos : Rectiligne, FINC - Tirage : 20 000 ex. Lisez, engagez-vous, et vive l’industrie calédonienne ! Tél. : 281 291 - Mail : madein@finc.nc Xavier Benoist, président de la FINC Toute l’actualité économique sur : https://madein.nc [ Nouvelle-Calédonie ] Mai 2019 - Made In 46 - 3
À LA UNE La FINC, une histoire d’hommes de conviction Février 2010 - KNS découvre les industriels calédoniens. Ici en visite chez Sorocal. Le Made In fête ses 15 ans. Porté depuis sa création Dans les ateliers de Teeprint, 5 carrousels automatiques peuvent imprime r des tee-shirts en 9 couleurs. par la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie. Une fédération née en 1981 de l’ambition de chefs bénéficiaient d’une mesure de commerce L’union fait la force extérieur qui interdisait toute importation d’entreprise qui voulaient croire à une possible place pour hors CEE. Mais ces entreprises n’étaient Pour autant, les élus de l’époque restent pas nombreuses et il nous semblait juste sourds à leur demande. Les trois hommes, l’industrie de transformation locale sur le Territoire… de demander le même dispositif pour nos ralliés par quelques autres industriels, Utopie ? récentes sociétés… » montent une opération coup de poing. « Il « 1980. À la faveur d’une rencontre, Yves fallait montrer que nous étions là. Nous Je suis arrivé en avril 1979 et après Stratégie offensive Frémy, Andréa Benazzo et Jean-Charles sommes allés occuper le conseil du gouver- quelques mois de réflexion, j’ai Eyriés décident de s’unir pour élaborer nement au haut-commissariat, se souvient choisi d’investir en Nouvelle-Calé- À quelques rues de là, Andréa Benazzo, une stratégie offensive. « Nous avons Yves Frémy. Une première action… ce ne donie. » Pour Yves Fremy, créer une unité Italien installé à Nouméa, crée avec Roger embarqué ensemble autour de cette sera pas la dernière. » de fabrication de confiserie sonne comme Kaddour l’entreprise Vega et se lance dans stratégie de combat pour faire valoir les Mai 1981. Les élections présidentielles une évidence. Il achète un bâtiment rue la fabrication de produits ménagers. « Ils mesures de commerce extérieur légales, voient le parti socialiste arriver au pouvoir. Papin à Ducos et commence à produire ont reçu le même accueil que nous… » applicables en Nouvelle-Calédonie, et « À l’époque, le commerce extérieur était ses Confiseries du Cagou. « Cela me sem- Une commercialisation difficile que ren- recommandées, déjà à l’époque, par le une compétence de l’État. Lequel nous a blait évident qu’à partir du moment où nous contre également Jean-Charles Eyriés à la plan Dijoud*. » Secrétaire d’État auprès soutenus dans nos demandes de mesures avions un produit qui n’existait pas, fabriqué tête de la charcuterie La Française. Glo- du ministre de l’Intérieur (départements en faveur de la production locale. » Inter- localement, attendu par une clientèle, nous balement, le constat est clair : ces entre- et territoires d’outre-mer), ce dernier diction d’importer certaines confiseries, n’aurions pas de mal à le vendre… Mais prises de transformation locales viennent recommandait en effet dans son plan de des produits d’entretien... les arrêtés sont c’est tout le contraire qui s’est passé. » gêner un establishement d’importateurs/ développement de l’outre-mer de faire envoyés au délégué du gouvernement en Les débuts de commercialisation sont très grossistes/distributeurs… «À cette profiter des dispositifs douaniers existants Nouvelle-Calédonie. Une fois ces mesures difficiles. « Nous nous faisions jeter par les époque, il y avait quelques entreprises aux pays insulaires afin de favoriser leur de protection instaurées - « cela n’a pas été distributeurs. » protégées, raconte Yves Frémy. Elles développement endogène. sans mal », reconnaît Yves Frémy - les trois 4 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
Sept. 2009 - Thierry Suquet accueilli par la FINC Juillet 2014 - Les représentants du monde socioprofessionnel calédonien ont participé à une (ici chez Vega). réunion de travail avec la Ministre, George Paul-Langevin... Votre solution de gestion des demandes Mars 2013 - Des visites, des découvertes, un Forum… La première édition calédonienne de la Semaine de l’industrie a tenu toutes ses promesses (ici, une visite d’usine chez Bluescope). Août 2011 - Une matinée de visites d’entreprise pour le Haut-Commissaire, Albert Dupuy. de congés chefs d’entreprise comprennent qu’ils alors pu faire valoir nos thèses en l’ascendant sur l’autre, Yves Fremy doivent s’unir pour être plus forts pour matière de protection de marché. » propose de créer la Fédération des > Validez les demandes depuis que le dispositif ne puisse pas être Lorsque Denis Étournaud reprend la industries de Nouvelle-Calédonie votre mobile et internet remis en question par le lobby des présidence du SITNC, les discussions avec une coprésidence. Avec l’am- importateurs/grossistes/distributeurs. reprennent avec la participation de bition de promouvoir la production > Visualisez les plannings Carold Vassilev, gérant d’une indus- locale et de lui offrir une place aux de vos équipes Intérêts communs trie de transformation textile affiliée à côtés des importateurs. « Mon combat > Suivez les compteurs l’UEINC. « Il n’y avait, et il n’y a toujours a toujours été de défendre cet outil de À l’époque, il existe un syndicat, le qu’une sorte d’industries, insiste Yves production pour créer de l’emploi », de jours de congés payés SITNC (Syndicat de l’industrie de Frémy. Nos intérêts étaient communs assure Yves Frémy. Dans l’intérêt du > Gagnez en temps et en fiabilité transformation de Nouvelle-Calédo- même si nous avions des divergences développement endogène de la Nou- nie), piloté par Wolfgang Foster. Le en matière de stratégie du commerce velle-Calédonie. 28 ans plus tard, le trio le rencontre, mais les opinions extérieur. Pourquoi rester divisés alors combat de la FINC perdure. « Le pou- divergent. « Le SITNC contestait nos qu’il faut faire valoir l’existence du voir économique a une responsabilité positions progressistes sur le com- tissu industriel en Calédonie ? » en matière politique. Il faut continuer merce extérieur. Nous avons donc Les trois hommes croient farou- à faire évoluer les mentalités et notre créé un syndicat dissident, l’Union chement à cette industrie locale et modèle. Il reste des points d’équilibre des entreprises industrielles de Nou- trouvent un terrain d’entente. Pour à gagner avec les importateurs. » velle-Calédonie (UEINC). Nous avons éviter qu’un syndicat ne prenne Charlotte Antoine des solutions décisionnelles et logicielles pour votre entreprise *« L’objectif du plan Dijoud était d’accroître la productivité économique en développant surtout les surfaces cultivables, les industries secondaires et en améliorant les infrastructures pour le tourisme » (Médiations politiques en Mélanésie contemporaine de Peter Lindenmann, Laurent Dousset, Émilie Nolet). Pour plus d’informations : adrien.anciot@skazy.nc - (+687) 98 64 63
À LA UNE Ija Bwëti ou comment construire l’alimentation de demain Textes : Charlotte Antoine, Alix Madec - Photos : Éric Deroche / Ija Bwëti partage social et culturel ; assurer une juste de l’alimentation. Pas moins de quinze Les 2 et 3 avril derniers, Ija Bwëti (« Manger bien ») a reconnaissance des rôles et des valeurs projets à forts impacts ont émergé de ces réuni une centaine de participants du monde économique, ajoutées de chaque acteur, du champ à groupes de travail. « Se rencontrer et créer social, syndical, citoyen et politique pour deux jours de l’assiette ; inventer de nouveaux modèles un lien, cela permet de mettre en place des de production, de transformation, de distri- collaborations nécessaires », lance Philippe réflexion autour de l’avenir de l’alimentation en Nouvelle- bution et de consommateurs, respectueux Tissier, membre de Pacific Food Lab. Avec Calédonie. du développement durable ; imaginer des son association, le professionnel relie l’offre politiques publiques soutenantes qui favo- locale aux cantines et propose des menus « risent une alimentation de qualité. 100 % local, au sein d’une trentaine de Entre tradition et innovation, construi- deux jours de réflexion autour de l’avenir de collèges pilotes. Une initiative qui prône sons la filière alimentation dont nous l’alimentation en Nouvelle-Calédonie. « Des collaborations une restauration collective saine, locale et rêvons pour la Nouvelle-Calédonie. » Deux jours durant lesquels une centaine de durable, de circonstance. « Pour nous, c’est nécessaires » L’objectif est ambitieux. La réalité l’est tout participants issus de la société civile, pro- un événement vertueux puisqu’il réunit tous autant. Alors que l’alimentation fait réguliè- fessionnelle et politique, ont planché sur 3 avril 2019, 16 h 5. Alors que l’événement les acteurs du secteur », se réjouit le spé- rement les gros titres des magazines, que cinq axes thématiques : garantir l’acces- Ija Bwëti s’achève sous les applaudisse- cialiste. les politiques de tout bord s’emparent peu sibilité et la qualité sanitaire, nutritionnelle ments chaleureux des participants, certains Pour Charles Vuillod, du cluster à peu du sujet, et que les citoyens prennent et gustative des denrées alimentaires sur la d’entre eux s’attardent autour des affiches Cap Agro NC, « c’est un bon moyen de conscience de son importance, le comité totalité du territoire ; faire d’une alimenta- des projets réalisés pour l’occasion tandis mettre en lien les petites structures calédo- d’organisation d’Ija Bwëti a souhaité mener tion équilibrée et de plaisir, une tradition de que d’autres continuent à échanger autour niennes avec les autres professionnels du 6 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
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À LA UNE Charlotte RICHARD, animatrice IJA BWËTI présente la méthodologie domaine. Et puis cela a permis d’avancer sur des turelle avec l’initiative un jardin dans mon quar- pistes de réflexion que nous avions parfois déjà tier », développé au cours de la rencontre. en interne et que nous avions mises en pause ». 10 élèves du lycée Escoffier ont participé à l’événement Des feuilles de route concrètes Une dynamique positive Outre les questions éducatives et sociocultu- et participative relles, les considérations législatives portées Du côté des acteurs économiques et de la société sur la qualité des produits ont également été de civile, même constat. « Avec les sensibilités diffé- mise. Un rendez-vous productif qui a permis de rentes de chacun, c’est la précision d’un modèle « mobiliser l’intelligence collective afin de réali- qui a été réalisée. Toutes ces visions transver- ser des propositions positives pour apporter des sales convergent vers un seul axe : la qualité », solutions pérennes en matière d’alimentation assure Marine Brancaleoni, responsable qualité à calédonienne », révèle Philippe Duvocelle, inter- l’Ocef. Un mot d’ordre que chérissent également venu en sa qualité de conseil en développement Maryka et Annie, représentantes de l’Union du et d’expert en stratégies de développement et en groupement des parents d’élèves. « C’est l’occa- négociations commerciales à forts enjeux. « Nous sion d’impulser des projets. Nous nous battons avons réussi à établir de vraies feuilles de route pour que la nourriture proposée à nos enfants soit pour lesquelles les participants se sont inscrits, saine et que les petites structures locales soient et pour lesquelles le travail continue. Il y a eu une prises en compte dans le secteur. Le plus impor- véritable dynamique positive et participative, qui tant, c’est que la qualité alimentaire soit intégrée s’est exprimée à travers une participation mas- dans l’enseignement donné à nos enfants. » sive, qui n’a pas faibli sur les deux journées. » Un volet éducatif sur lequel se sont penchés les Reste désormais à poursuivre cette mobilisation groupes de travail, avec la réalisation d’un pro- en constituant un comité de pilotage qui sera jet « du champ à l’assiette, mis en pratique à chargé d’accompagner les chefs de projets de l’école ». Pour Vincent Bigotte, membre de l’as- ces propositions pour les mettre en œuvre. sociation Male’va et la Coop’ à nous, c’est aussi « dès le plus jeune âge qu’il faut sensibiliser sur MADEIN le web ces questions. Afin de ramener les considérations Cet article possède un complément d’information. Scannez le QR code ou saisissez cette URL pour y accéder : à la terre le plus tôt possible ». Autre volet cher http://bit.ly/2ICG4lt Atelier de travail par deux. à ce volontaire engagé : « la question sociocul- 8 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
À LA UNE ENTRETIEN « Dis-moi ce que tu manges, Atelier de travail en groupes d’une vingtaine de personnes. je te dirais ce que tu es » La vivacité et la rencontre des cultures, dans tous les sens du terme, la problématique éthique de l’alimentation, la nécessité de nous réin- terroger dans notre rapport à notre corps, dans notre rapport à la nature, dans notre rapport à la terre, à notre rythme, à la parole qui nous construit, à la vie dans sa globalité… Dans un entretien mené en amont de l’événe- et des femmes se rencontrent. Dans cette ren- ment, Olivier Abel, professeur de philosophie contre, il y a la notion de “Kamo”, l’humain. Il est éthique, auteur et conférencier et Billy Wapotro, l’élément central. » enseignant et anthropologue ont livré leurs Pour le philosophe et l’anthropologue, « nous réflexions et leur vision humaniste partagée, de confondons aujourd’hui la civilisation et la la place de l’alimentation dans la cosmologie du mondialisation, qui est l’accélération massive vivant, dont les êtres humains font partie. des échanges à l’échelle planétaire et qui nous « Manger est une notion incroyablement cen- fait oublier l’importance des cultures. Or, les trale, reconnaît Olivier Abel. L’expression "dis- manières de manger, d’être, de vivre, d’habiter le moi ce que tu manges, je te dirais ce que tu monde ensemble, sont le cœur de nos cultures. » es", le prouve. Manger c’est à la fois intime et Une culture d’omnivores qui nous oblige à une nous relie au cosmos, aux autres, à travers le certaine diversité alimentaire, assure Olivier partage. » Abel. « Ce besoin constitutivement a obligé les Une notion partagée par Billy Wapotro qui va humains à tester, à innover, à goûter de nouvelles même plus loin. « Le Kanak que je suis dira "dis- choses. Et donc, à s’adapter et à se diversifier. Et moi ton nom et je dirais qui tu es". Quand on parce que nous sommes des omnivores, nous partage le repas sur la natte, c’est d’abord une aimons le nouveau. » Et c’est bien là tout l’enjeu invitation à créer un espace où des hommes d’Ija Bwëti. Bâtir l’alimentation de demain… [ Nouvelle-Calédonie ] Mai 2019 - Made In 46 - 9
DOSSIER Une élection à 25 VISAGES Dossier préparé par Anne-Claire Lévêque Photos : Rectiligne & D. R. Quel regard et quel projet ont les candidats pour l’industrie de transformation dans le pays ? Made In a demandé leur avis à l’ensemble des partis engagés. 10 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
Que ferez-vous dans l’isoloir....? À quelques jours de l’échéance provinciale, on peut L’enjeu est de taille et aisément imaginer que de nombreux électeurs se posent la question. devrait appeler sobriété et bon sens dans l’intérêt du Loin du clivage binaire entre indépendance ou non, qui manquait déjà parfois plus grand nombre. Mais d’une réponse évidente, les prochaines élections provinciales appellent le doute, avec 25 listes sur l’ensemble l’hésitation, voire l’incompréhension… de l’archipel, où se situe l’intérêt général ? V oilà le jeu démocratique devenu un terrain d’expression devant laquelle les politiques mettent les électeurs, on peut leur privilégié pour les dissensions, divergences et autres reconnaître le courage de se soumettre au choix populaire, de se inimitiés. Un pays est-il tout bonnement gouvernable préparer à assumer un cuisant échec autant qu’une confiance lorsque s’alignent 25 concurrents sur la même ligne de départ ? publiquement confiée. Au citoyen de prendre, lui aussi, sa part Certes, le total se divise entre les trois entités, mais la multi- de responsabilité voire de courage, en se rendant aux urnes, plication des listes laisse tout de même songeur… Pourtant, pour donner, ou pas, de nouvelles orientations à la vie politique. l’échéance du 12 mai 2019 ne manque pas d’importance voire Trop facile de seulement critiquer. La démocratie, pour avoir du de solennité. La Nouvelle-Calédonie se dotera de nouveaux élus sens, a besoin que ses composants s’expriment… Et s’inter- qui donneront leur couleur aux provinces, au gouvernement et rogent ! Coût de la vie, école, environnement, relance de l’écono- au Congrès. Ce n’est pas rien ! mie… Tous les candidats abordent ces thématiques, essentielles Tous les cinq ans, ce choix démocratique influe sur le quotidien pour l’avenir de la société calédonienne, avec leur sensibilité et Tous les cinq ans, ce choix du pays et sur son avenir. Voilà qui est plus vrai encore cette leur vision à plus ou moins long terme. Mais quel regard et quel année, en 2019, alors que va s’ouvrir la dernière mandature projet ont-ils pour l’industrie de transformation dans le pays ? démocratique influe sur le de l’accord de Nouméa. L’enjeu est de taille et devrait appe- Made In a demandé leur avis à l’ensemble des partis engagés. quotidien du pays et sur ler sobriété et bon sens dans l’intérêt du plus grand nombre. Certains d’entre eux ont accepté de répondre, d’autres son avenir. Voilà qui est plus Mais avec 25 listes sur l’ensemble de l’archipel, où se situe ont, sans doute, manqué de temps, et un dernier enfin a vrai encore cette année, en l’intérêt général ? Dans les mouvements historiques, piliers des refusé de manière virulente. 2019, alors que va s’ouvrir décennies passées et rassurants par leur constante présence Les photos en Une du magazine et en illustration de ce dans le paysage politique ? Dans les dissidents, reflets d’une dossier sont celles des candidats qui ont répondu. la dernière mandature de société complexe et d’un besoin d’émancipation ? Ou dans les l’accord de Nouméa. nouveaux mouvements, ces listes qui portent aujourd’hui au rang d’enjeux d’avenir des questions de société transversales NB : les réponses sont présentées par province et dans l’ordre des panneaux d’affichage des listes transmises par le haut-commissariat. et mondiales ? Bon sens Le bon sens voudrait que l’on n’ait pas à se poser ces ques- Les dates à retenir tions-là. Le bon sens voudrait que l’on parvienne à des com- promis. N’est-ce pas de cela qu’est faite une société…? Le bon 12 mai Élections provinciales. sens voudrait que l’intérêt général demeure le principal moteur, 17 mai Réunion des assemblées de province (1er vendredi qui suit l’élection de ses membres, article bien avant un rang sur une liste. Mais telles ne sont pas les 160 de la loi organique) et élection des présidents et des bureaux. lois de la politique, cet art où les affaires de la cité, au lieu de rapprocher, divisent. 24 mai Réunion du Congrès (2ème vendredi qui suit l’élection des assemblées de province, article 65 Pour autant, nul doute qu’il faut se rendre aux urnes et qu’il de la loi organique) et élection du président et du bureau. s’agit bel et bien d’un devoir pour les quelque 165 000 per- Avant le 14 juin Élection des membres du gouvernement (dans les 21 jours qui suivent l’ouverture de la pre- sonnes inscrites sur les listes électorales. Nul doute qu’il est plus mière séance du Congrès article 109 de la loi organique). Election du président et du bureau que jamais nécessaire de faire entendre sa voix de citoyen, quel au plus tard dans les 5 jours qui suivent l’élection des membres du gouvernement (article 115 que soit son choix, son engagement, ses convictions. Car si l’on de la loi organique). peut critiquer l’éparpillement des listes et la difficulté de choix [ Nouvelle-Calédonie ] Mai 2019 - Made In 46 - 11
DOSSIER PROVINCE SUD Christopher Gyges 8e sur la liste Avenir en Confiance menée par Sonia Backès Quel regard portez-vous sur l’industrie de transformation calédonienne ? Liste Avenir en Christopher Gyges : Nous sommes fiers de l’industrie de trans- menée par Son confiance ia Backès formation locale, nous avons un vrai savoir-faire, un vrai tissu économique, contrairement à d’autres pays insulaires. Tout cela nous permet d’être fiers de ce que l’on produit. En revanche, ce que l’on souhaite mettre en place, c’est d’abord une vraie loi de soutien à l’industrie qui ne se limite pas uniquement aux pro- tections de marché. Nous avons besoin d’une véritable politique de soutien à l’industrie qui va de la défiscalisation à la baisse des charges sociales en passant par les protections de marché. La question est de savoir dans quel cadre l’industrie locale peut se développer. On ignore quelles filières la Nouvelle-Calédonie souhaite réellement développer. Un véritable échange avec les industriels est nécessaire pour savoir ce que l’on doit faire, ce On ignore quelles filières la que l’on peut faire. Nous sommes une île, nous devons importer. Nouvelle-Calédonie souhaite Mais lorsque l’on peut avoir un réel avantage comparatif à créer Christopher Gyges, 8e sur la liste Avenir en Confiance menée par Sonia Backès réellement développer. Un localement, il faut accompagner la démarche ! Cela passe par véritable échange avec les de l’aide à l’investissement, de l’aide aux charges sociales, mais également parfois une protection de marché qui ne doit pas être Quelles ambitions avez-vous à 5 ans (et plus) pour ce industriels est nécessaire donnée ad vitam aeternam. Si une industrie n’est pas en capa- secteur important de l’économie calédonienne ? pour savoir ce que l’on doit cité d’être pérenne au bout de 10, 15 ou 20 ans, c’est qu’il ne C. G. : L’objectif serait de retrouver une industrie aimée par les faire, ce que l’on peut faire. fallait peut-être pas s’engager dans cette voie… Calédoniens. Nous souhaitons revaloriser l’industriel, dépolitiser le sujet de l’industrie locale et avoir une industrie qui permette Que pensez-vous des mesures de régulation de marché aux industriels d’investir dans un cadre stable, visible et qui per- et que deviendront-elles si vous arrivez aux affaires ? mette d’assurer un développement de long terme. Au-delà des C. G. : Nous reviendrons sur la loi pour l’inclure dans une loi de protections de marché, nous avons proposé un contrat social soutien et de développement de l’industrie locale avec un vrai calédonien qui permettrait à la fois de redonner de la compétiti- plan d’identification de filières pour favoriser la diversification vité aux entreprises avec la baisse des charges sociales patro- de l’économie. Elle permettra également d’identifier les aides nales et de redonner de la consommation aux salariés à travers possibles à l’industrie locale. Nous reviendrons également sur une baisse de charges salariales, un contrat gagnant-gagnant la procédure et sa transparence en réintégrant les chambres entre les salariés et l’entreprise. consulaires. Nous considérons que cette loi donne trop de pou- Par ailleurs, nous croyons au développement de l’export sur voir au politique et notamment au gouvernement et ce n’est certaines filières. Nous avons déjà abordé la question avec les pas une bonne chose ! Il est indispensable d’avoir davantage Australiens qui sont d’accord pour prendre des produits calé- Nous ne sommes pas contre de contre-pouvoir. Nous avons toujours dit que nous étions doniens. Mais ils veulent aussi une réciprocité. Nous devrons favorables aux protections de marché, sauf dans le cas d’abus. avoir une vraie discussion sur des accords commerciaux. Il y les protections de marchés, Quand l’autorité de la concurrence se prononce contre une pro- a également des choses à faire sur le Vanuatu ou la Papoua- mais nous sommes contre tection, il faut savoir écouter ses arguments. Nous ne sommes sie, mais l’avenir est partagé entre ces zones. On ne peut pas la limitation du choix du pas contre les protections de marchés, mais nous sommes avoir des voisins de plusieurs millions d’habitants et dire que ces consommateur. contre la limitation du choix du consommateur. marchés-là n’existent pas. 12 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
PROVINCE SUD Édouard Léoni Tête de liste Calédonie Nouvelle et Réunie Quel regard portez-vous sur l’industrie de pour objectif la création d’un fonds industriel. Un fonds dont la L’objectif est l’amélioration transformation calédonienne ? réserve financière serait confiée à une agence de l’industrie, de la balance commerciale Édouard Léoni : Nous avons un regard intéressé dans le sens voire à un secteur du gouvernement à créer. Nous sommes en structurellement déficitaire où il s’agit là de la véritable réponse pour changer le modèle de accord avec ces propositions. développement fondé à ce jour sur l’industrie du nickel et les avec un objectif de services (administration et tourisme) avec pour résultat un défi- Que pensez-vous des mesures de régulation de marché couverture de plus de 75 % cit structurel de la balance commerciale. Le poids de l’industrie et que deviendront-elles si vous arrivez aux affaires ? des importations par les dans l’économie est estimé à 15 % du PIB dont 50% hors indus- E. L. : Les mesures de régulation ont le mérite d’apporter une exportations sur 10 ans. trie du nickel, et plus de 20 % de l’emploi salarié du privé. Déjà première réponse à l’obligation de changer de modèle. Par ail- les 29 et 30 novembre 2017, la FINC avait réuni une centaine leurs, la mise en place de l’autorité de la concurrence a l’avan- d’industriels lors d’états généraux dont l’objectif premier était tage d’apporter de la technicité aux mesures de régulation de de débattre sur le futur de l’industrie du territoire. Et 6 axes de marché, mais parfois avec pour effet des décalages avec les travail avaient semble-t-il été retenus à savoir : développer une pratiques actuelles du gouvernement. Si nous arrivons aux duits alimentaires industriels ; le numé- industrie locale reconnue et appréciée par les consommateurs; affaires, nous maintiendrons en partie ces mesures de régu- rique à l’export par un plan pluriannuel de pérenniser l’expansion d’une industrie performante grâce à des lation de marché. La compétitivité reste la question de fonds. coordination des start-up et des services outils et des infrastructures dédiés ; créer les conditions d’une informatiques publics et privés dans le révolution industrielle moderne, créative et innovante ; concevoir Quelles ambitions avez-vous à 5 ans (et plus) pour ce cadre d’une technopole ; les productions et faire vivre un modèle industriel calédonien éco-socio-respon- secteur important de l’économie ? de produits marchands (matériaux de BTP, sable ; savoir anticiper les compétences industrielles de demain E. L. : Nous avons pour ambition d’engager un nouveau modèle panneaux solaires, produits alimentaires, et inscrire l’industrie au cœur des politiques publiques. Il en est de développement avec la création de milliers d’emplois avec autres…) en zone franche à l’export à ressorti 17 projets retenus par les participants pour modeler diverses qualifications dans : la sylviculture, sur les terres doma- créer. L’objectif est l’amélioration de la le développement de l’industrie de demain avec, entre autres, niales et coutumières avec la plantation de millions d’arbres balance commerciale structurellement la gouvernance du développement de l’industrie, l’économie fruitiers et de bois marchand pour la production de bois d’œuvre déficitaire avec un objectif de couverture verte qui se concrétiserait par un dispositif fiscal pour encou- (BTP) et de bois de feu ; la pisciculture, avec l’élevage marchand de plus de 75 % des importations par les rager les investissements écologiques ou encore un projet avec de millions de poissons, crevettes… pour la production de pro- exportations sur 10 ans. DÉCOREZ, RÉNOVEZ, AGENCEZ AVEC BATICAL PROTÉGER SON ENVIRONNEMENT, PRENDRE SOIN DE SA MAISON ET DE SES OCCUPANTS… MENUISERIE ALU ET PVC CLOTURE ET GARDE CORPS VOLET ROULANT ET RIDEAU MÉTALLIQUE STORE INTÉRIEUR ET EXTÉRIEUR 243 243 475 275 744 777 baticalnc www.batical.nc contact@batical.nc DUCOS KONÉ KOUMAC
DOSSIER PROVINCE SUD Milakulo Tukumuli Tête de liste l’Éveil Océanien Quel regard portez-vous sur l’industrie de transformation calédonienne ? Milakulo Tukumuli : Malgré une conjoncture plutôt morose du secteur métallurgique qui tend à structurer l’économie calédo- nienne, et par conséquent, du secteur de l’industrie de trans- formation, cette dernière a su réagir et progresser. En effet, quelque 2 628 entreprises ont été recensées en 2018 contre 1 837 entreprises en 2007 (+ 43 %). Malgré cette croissance, le nombre d’emplois (hors mine et métallurgie) se stabilise autour de 7 500 en dépit de la mise en place des mesures de régulation de marché. Au vu de l’étroitesse du marché et de la faible inté- Milakulo Tukumuli, tête de liste de l’Eveil Océanien gration régionale, l’industrie de transformation tend aujourd’hui à se réinventer en continuant d’évoluer vers une économie Quelles ambitions avez-vous à 5 ans (et plus) pour ce moderne et diversifiée. Le secteur a su remettre le consomma- secteur important de l’économie calédonienne ? teur au centre du dispositif. C’est bien lui qui influera sur les M. T. : Ce secteur important de l’économie calédonienne Au vu de la maturité du quantités à produire et donc sur les commandes. Par ailleurs, nécessite un changement de mentalité. La consommation des marché calédonien et dans par l’intermédiaire d’une politique publique volontariste, le gou- produits manufacturés locaux doit se faire naturellement, sans l’objectif d’une croissance vernement en place a privilégié la production locale en encadrant obliger le consommateur à le faire. La perception des produits durable du secteur, l’action des acteurs économiques via des avantages concurren- locaux doit être plus valorisante en mettant en place, entre tiels, mais aussi en développant le commerce extérieur. Ceci offre autres, des normes. les mesures de régulation de nouvelles perspectives à l’industrie de transformation calédo- Les assises de la simplification administrative du 21 mars der- doivent être limitées dans le nienne, mais pas seulement. Il faut absolument soutenir le déve- nier ont eu pour objectif principal d’alléger les contraintes admi- temps. loppement des PME/TPE calédoniennes pour créer de la valeur. nistratives et d’instaurer un cadre juridique propice à l’initiative économique et cette démarche doit être poursuivie. Que pensez-vous des mesures de régulation de marché Dans notre programme, nous privilégions la mise en place de et que deviendront-elles si vous arrivez aux affaires ? structures d’accompagnement des travailleurs indépendants M. T. : Les mesures de régulation de marché permettent de car il n’est pas concevable que 9 procédures de sauvegarde, mettre en valeur la capacité des entreprises de créer localement redressement ou liquidation sur 10 concernent ces acteurs éco- L’industrie de la des produits habituellement importés, mais aussi de privilégier nomiques et dans la plupart des cas, par manque de formation. transformation est l’un l’achat par le consommateur de ce qui est local. De plus, il est indispensable que les marchés publics puissent Cependant, les objectifs de création d’emploi ou d’amélioration être attribués localement. Une cartographie des entreprises des moyens de stimuler de la productivité ne sont pas au rendez-vous. L’emploi salarié existantes et de leurs domaines de compétences est nécessaire l’économie locale et durable, dans ce secteur reste stable et l’absence de concurrence par afin de découper les « gros » marchés en différents lots sur de créer des emplois directs les produits importés n’incite pas les entreprises à être plus pro- lesquels ces dernières pourront se positionner. en ouvrant des alternatives ductives. Cela a eu pour effet d’accentuer l’effet « vie chère » et L’industrie de transformation est l’un des moyens de stimuler au tout nickel. Il faut voir ce de réduire le choix des produits, mais aussi d’augmenter le prix l’économie locale et durable, de créer des emplois directs en de certains produits importés étant donné les mesures quantita- ouvrant des alternatives au tout nickel. Il faut voir ce secteur secteur comme un élément tives dont ils font l’objet. comme un élément du système qu’il faut revoir en profondeur du système qu’il faut revoir Au vu de la maturité du marché calédonien et dans l’objectif dans les 10 prochaines années. Il faut agir sur plusieurs leviers en profondeur dans les d’une croissance durable du secteur, les mesures de régulation et l’industrie de transformation est un des leviers qui permettra à 10 prochaines années. doivent être limitées dans le temps. la Nouvelle-Calédonie de satisfaire les besoins du marché local. 14 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
DOSSIER PROVINCE SUD Maryline Sakilia 4e sur la liste UC-FLNKS Sud menée par Liste UC-FLNK S Sud menée par Roc k Wamytan Rock Wamytan Quel regard portez-vous sur l’industrie de transformation calédonienne ? Maryline Sakilia : Elle devrait être un atout, mais ces trente dernières années n’ont pas permis de nous engager véritable- ment dans le développement de l’industrie de transformation. Prenons l’exemple des produits vivriers. C’est une ressource qui n’est conditionnée que depuis moins de trois ans en congélation et surgélation sur le territoire. On pourrait aller beaucoup plus On a manqué d’ambition loin : elle pourrait être transformée pour remplacer des gâteaux sur certains secteurs apéritifs par exemple. Aujourd’hui on importe de Chine du tarot transformé, de la banane, de la patate transformée… On a man- d’activité notamment sur la qué d’ambition sur certains secteurs d’activité notamment sur la Maryline Sakilia, 4e sur la liste UC-FLNKS Sud menée par Rock Wamytan transformation des produits transformation des produits agricoles et vivriers. C’est pourtant agricoles et vivriers. un secteur primordial dans lequel nous montrons notre capacité Quelles ambitions avez-vous à 5 ans (et plus) pour ce C’est pourtant un secteur à apporter une valeur à la matière première, nous démontrons secteur important de l’économie calédonienne ? primordial dans lequel nous un savoir-faire. Nous pouvons être assez fiers aujourd’hui parce M. S. : Les secteurs de la pêche, des produits agricoles et de qu’il y a des produits qui s’exportent, mais ce n’est pas encore l’agroalimentaire sont à explorer. Nous avons toute la technicité montrons notre capacité nécessaire. Les facteurs bloquant sont avant tout la capacité suffisant. Nous pourrions par exemple arriver à des plats cuisi- à apporter une valeur à nés sur la base de la matière première pélagique aujourd’hui de notre système à faire confiance aux porteurs de projet. Tout la matière première, nous exportée à l’état brut ou mise à la vente directement pour la cela nécessite des investissements importants et aujourd’hui le démontrons un savoir-faire. consommation. secteur bancaire est frileux et nous avons besoin dans le même temps de l’engagement des élus à accompagner les projets et à Que pensez-vous des mesures de régulation de marché inciter le monde financier à les accompagner aussi. et que deviendront-elles si vous arrivez aux affaires ? L’export également est la principale richesse d’un pays. C’est M. S. : Tout dépend du secteur. La ressource pélagique par sa capacité à démontrer qu’il est compétitif sur la scène inter- exemple dont nous parlions n’a pas besoin de ces protections. nationale et qu’il crée de la qualité. Si l’on exporte, cela veut Celles-ci sont bonnes à condition de les limiter dans le temps. dire que, dans le monde, il n’y a pas meilleur que nous puisque La production locale doit pouvoir démontrer sa capacité à pro- nous avons trouvé un client, un acheteur. L’export pourrait être duire à un prix qui reste à la portée du consommateur. Peut- nettement amélioré pour redresser notre balance commer- L’export amène une grosse être que des amendements devront être apportés à la loi sur la ciale qui penche plus vers l’import que vers l’export. Il nous régulation des marchés pour la faire évoluer, mais cela néces- faut créer de la richesse en interne et l’export permet en partie valeur ajoutée en interne, site aussi au niveau industriel de revoir les coûts et de faire en de créer cette richesse, il a des répercussions en créant de l’argent généré reste dans le sorte que les produits restent à la portée du consommateur. Si la richesse à l’intérieur du pays. L’export amène une grosse pays et permet de financer un produit ne cesse d’augmenter sur dix ans, c’est bien qu’il y valeur ajoutée en interne, l’argent généré reste dans le pays et les infrastructures publiques a un problème. Il est indispensable de travailler le projet pour permet de financer les infrastructures publiques et d’éviter de et d’éviter de dépendre de parvenir à lever la barrière de la protection de marché et don- dépendre de l’État français. La Chine est demandeuse de thon, ner aux consommateurs le choix de ce qu’il va payer et de ce l’Inde consomme des holothuries… ces marchés permettraient l’État français. La Chine qu’il va mettre dans son assiette. Les arguments de l’emploi et de structurer une filière sur tout le bord de mer de la Nou- est demandeuse de thon, de la richesse créés sont importants, mais pas suffisants pour velle-Calédonie pour développer la bêche de mer par exemple. l’Inde consomme des justifier le coût à supporter par le consommateur quand il ne Il faut avoir confiance en soi, confiance en son pays pour regar- holothuries… cesse de croître. der vers l’avenir ! 16 - Made In 46 - Mai 2019 [ Nouvelle-Calédonie ]
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